Retour vers le futur

      27 commentaires sur Retour vers le futur

Ces derniers temps, quelques lecteurs m’écrivent pour me dire qu’ils m’ont stalkée (les coquins !) et ont retrouvé de vieux blogs de moi, notamment celui tenu lors de mon année d’échange universitaire à Osaka en 2006.
Je ne l’avais jamais relu… et franchement vu le niveau, je faisais bien ! Bonjour les « lol »et « mdr », je me tuerais. Entre ça et les fautes à tout va, pouah.
Mais bref, que quelques curieux aient lu des écrits qui datent d’il y a sept ans, lorsque j’étais jeune et naïve et découvrais la vie au Japon, m’a fait me demander à quel point c’était niais.
J’ai donc relu quelques écrits de ce blog et autres communautés où je participais à l’époque, lorsque je craquais sur les boysband, collectionnais les produits Sailor Moon (quoique, ça je le fais toujours), trouvais les Japonais irréprochablement polis et croyais que les bentos des combinis étaient le top de la gastronomie japonaise.

Et je me suis beaucoup fait rire, je dois l’avouer. C’est fou comme on change en seulement quelques années, on croit rester les mêmes mais en fait non.
J’ai donc eu l’idée de reprendre quelques passages écrit par cette Sonia du passé pour que celle de 2013, expatriée aguerrie, puisse lui répondre.

Nouvelle petite expérience narcissique : un blog à quatre mains avec moi-même.

C’est parti !

Et comme je me l’étais promis, mon premier repas fut des onigiri…. Un Japonais trouverait ça triste que je rêve de simples onigiris (boulette de riz fourrés de poisson ou autre garniture) mais vraiment j’aime trop ça.

Pour un coup, les Japonais ont raison Sonia. Rêver d’onigiri blindés de conservateurs et autres trucs pas terribles du combini, c’est se manquer de respect à soi-même. Surtout si c’est pour bloquer sur le thon-mayonnaise, franchement tu pourrais le faire toi-même, feignasse. Et arrête donc d’essayer toutes les couleurs d’étiquettes d’onirigi différentes pour faire une « collection » parce que tu n’es pas foutue de comprendre ce que tu lis sur les emballages. Certaines expériences culinaires ne sont pas bonnes à vivre, préserve donc ton palais de quelques traumatismes gustatifs inutiles.

Et encore une fois tout est allé comme sur des roulettes, c’est fou la chance que j’ai ! Autant en France j’enchaîne les catastrophes, autant au Japon j’ai le cul bordé de ramen ! J’adore ce pays !

Oui alors non. Dieu est fourbe, même au Japon. Il te fait juste croire que tout va bien juste pour que tu baisses ta garde et ensuite t’en mettre plein la tronche et ricaner doucement. Le Japon n’a pas des propriétés gri-gri, je suis désolée de te le dire. Ainsi dès que tu chercheras à t’y installer tu enchaîneras les mouises, comme pour commencer en 2006, l’oubli de ton université japonaise de préparer les papiers pour ton visa, ainsi que l’oubli de te prévenir qu’ils n’ont pas de logement de prévu pour toi. Tu devras donc griller un visa Working Holidays en catastrophe pour rien alors que tu aurais dû partir en étudiant et trouver un logement par toi-même à distance en un temps record alors que tu ne maîtrises que peu la langue.
Voilà qui devrait te remettre les idées en place quant à la chance nippone et son administration irréprochable. Reste vigilente.
Shit happens everywhere.

J’aime la climatisation. Le fait que quand je crève de chaud chez moi je puisse allumer la clim et régler la température de ma chambre comme je veux. Mmmm

Malheureuse. La climatisation est une invention du diable de la pire espèce ! En hiver quand tu te cailleras les miches comme une pauvresse dans ton deux-pièces, tu sauras que la climatisation est à l’origine de tous les maux de l’univers : le nez sec et bouché qui te fera ronfler comme un sonneur (la classe) et la gorge en feu.  Double peine puisque à la fin du mois tu découvriras avec horreur que tu dois payer plus de 10 000 boules à TEPCO pour les remercier d’entretenir ton cancer en plus de te plumer pour quelques vagues d’air chaud à défaut d’un vrai chauffage.
Quand enfin tu verras les beaux jours apparaître et te diras que tu peux enfin laisser cette merde éteinte, v’la ti pas que partout où tu iras, on mettra cette foutue climatisation à 20°C, puissance maximale, ce qui fait que tu grelotteras dans chaque train, chaque magasin, chaque salle de classe ou open space pour terminer avec un rhume qui te collera au lit tout le mois de juillet alors que tu avais survécu en hiver. Tu finiras par te balader avec une veste au cas où, et déposer un plaid au bureau, dans lequel tu t’enrouleras en plein mois d’août pour survivre. Triste vie.

PUTAIN MAIS VIREZ MOI TOUS CES VELOS !!!!!! Raaaaah,  j’en peux plus !!!!!!!!!! Déjà les autres années ça m’avait choquée le nombre de vélos, mais bon c’était supportable. Mais à Osaka, ils battent des records sérieux, c’est ingérable !! Alors au Japon, s’ils ont 10 mètres à faire entre leur station de métro et leur domicile, ils achètent un vélo ! Ce qui fait que chaque matin, c’est la guérilla piétons/cyclistes qui recommence pour se frayer un chemin. Ah oui, parce qu’au Japon, quand on est en vélo, c’est un peu la fête du slip… Ça va sur les trottoirs, sur la route, à contre sens… Et voilà, on ne peut pas faire trois pas sans entendre derrière vous un petit « shling shling » qui signifie en clair « Je suis un cycliste et fier de l’être ; si tu te pousses pas dans les 3 secondes qui suivent, je te roule dessus. ». Tous les matins, alors que je me pousse environ 10000 fois d’un côté ou d’un autre du passage pour laisser passer un de ces foutus chieurs, je me prends à rêver de les pousser tout simplement sous la première bagnole qui passe. Je précise d’ailleurs que ces vélos emmerdent tout le monde sauf les Japonais ! Tous les étrangers que je connais enragent contre, et un Japonais quand tu lui dis que ça te fait péter un plomb il a l’air un peu surpris… Je crois c’est une question d’habitude. Raph a décidé de combattre le feu par le feu, il a pris un vélo et se met lui aussi à emmerder le monde du haut de sa selle en faisant tout et n’importe quoi pour passer. Personnellement, je ne peux me résoudre à entrer dans cette secte infâme que celles des cyclistes. Je ne retournerai pas ma veste, je suis définitivement un PIÉTON !!!

Je… je suis désolée Sonia… Tu as viré cycliste en 2011…
Oui je sais, malgré ta verve anti-vélo durant cinq longues années engagées pour la cause piétonne, tu as fini par changer de bord. Le Japon est un pays qui vous change, vous corrompt, accepte-le. Tu finiras même par valider la prune vinaigrée umeboshi que tu trouvais infâme et mettre des crocs roses (chut, ceci doit rester entre nous)… Oui je sais, c’est impensable, mais à force de pas trouver ta taille de godasse car les Japonaises ont des pieds de poupons, tu seras poussée à dépasser quelques limites que tu t’étais fixées en look de merde.
Pour en revenir aux vélos,  à Tokyo les gens sont un peu moins enragés du guidon qu’à Osaka, ce qui a calmé tes ardeurs au fil du temps.
Si ça peut te consoler, le tien est rose et s’appelle Superman. C’est un brave deux roues, ne nous juge pas trop vite.

Les Japonais sont trop timides, parfois même froids et en plus vous êtes étrangers. Le fait que vous soyez occidental ne posera pas réellement un problème d’un point de vue de racisme, c’est juste qu’en général on leur fait peur ou quelque chose comme ça. Si si, je ne mens pas, un Japonais qui n’a pas l’habitude de vivre dans une atmosphère un minimum internationale a peur des Occidentaux. Par exemple certains de nos professeurs. Le directeur de la section de français qui est censé nous accueillir, je ne l’ai pas revu depuis la rentrée ! Il nous évite ! L’autre jour on l’a croisé, on était en plein milieu du chemin, impossible de ne pas nous voir ! Eh bien il a gardé les yeux au sol feignant de ne rien avoir vu et une fois arrivé à notre hauteur, il s’est mis à courir !! À COURIR !!! Et il a couru, tout essoufflé (il doit approcher de la soixantaine), jusqu’à ce qu’il soit hors de notre vue afin d’être sûr de ne pas avoir à nous dire bonjour. On était sciés quand même. Tant d’effort pour ne pas nous parler, c’est remarquable.

Douce et innocente Sonia. Certes un étranger blanc ne souffrira peut-être pas forcément du racisme au quotidien mais enlève-toi bien tes œillères rose bonbon à paillettes quand même. Tu verras quand tu chercheras un appartement à la japonaise et que certaines agences immobilières t’accueilleront avec un chaleureux « NO STRANGERS », ou encore parfois les réflexions désobligeantes au travail sur les capacités d’un étranger dans le monde du travail nippon. Ta foi en l’humain devrait en prendre un coup.
Mais tu as raison, ça reste tout à fait vivable au quotidien, n’exagérons rien. Après tout, on ne nous déporte pas encore.
Pour ce qui est des Japonais qui se mettent à courir pour ne pas te dire bonjour car ils ne savent pas gérer cet échange insurmontable que sont les salutations… eh bien, il va falloir t’y habituer. En effet, sept ans plus tard, rien n’a changé. Pas plus tard que cette semaine, tu croiseras un de tes collègues à la pause du midi en sortant du combini. Au lieu de te faire un signe de tête au moment où ton regard se pose sur lui, il s’empressera de presser le pas, sortir un livre de sa poche arrière et se plonger dans sa lecture l’air le plus imprégné du monde (dès la première ligne !) pour pouvoir passer à cinquante centimètres de toi en t’ignorant superbement.
Après cinq ans de vie au Japon tu ne comprendras toujours pas si c’est de l’impolitesse, de la pure connerie ou la norme locale de trouver un stratagème ridicule et pas discret pour éviter un simple signe de tête.
Ne cherche pas trop et contente-toi de prendre des notes pour te moquer de ces comportements sur ton blog.
Et pour ce en revenir à ce directeur de la section de français en particulier… tu remarqueras lors d’une réunion quelque temps plus tard qu’il arrive à peine à placer deux phrases correctes en français à la suite… et en déduiras que c’est sûrement pour ne pas perdre la face qu’il vous esquivait du mieux qu’il pouvait.

JE VEUX DES POTES !!! Se faire des amis au Japon est un peu plus difficile que je ne croyais en fait. Car ils sont d’une passivité impressionnante. On nous observe à la dérobée, on chuchote sur nous dans un coin mais il ne vient l’idée à personne de venir nous parler… A certains moments désespérés on a envisagé de se poster à un endroit à forte affluence avec une pancarte « Nous cherchons des potes ». Mais finalement on s’est dit qu’avec notre chance, c’était sûrement des vieux qui allaient venir nous aborder. Ah oui, car autant les jeunes sont timides, autant les vieux sont pots de colle. Encore hier on m’a tapé la conversation, invitée au restau etc. Mais heu… c’est trop demander que d’avoir des amis qui NE soient PAS retraités ??? Donc il faut qu’on s’incruste dans un groupe quelconque… Enfin non pas quelconque, on veut des potes qui ont la classe. Donc on commence notre casting et déjà tous ceux qui sont sur un de ces satanés vélos sont exclus de la sélection.
[Je raconte avec moult détails insignifiants que je vous épargne comment on a finit par s’incruster dans un groupe de rock de la fac qui nous observait tout le temps passer et comment on a finit par boire un coup avec eux quelques heures sur le campus entre deux cours]
Vient fatalement l’heure d’aller en chinois, ils nous disent de revenir que de toute façon quand ils ont pas cours ils sont toujours là.  Arrivée en Chinois, mon téléphone vibre, je regarde. J’ai déjà un mail de Mayuka qui me dit qu’elle s’est trop amusée, qu’elle est contente et qu’il faut absolument qu’on revienne là-bas discuter et s’amuser. Le tout décoré de petit cœurs, étoiles et lapins.
Ca y est, enfin !
On a des amis.

Osé-je foutre un gros coup de pied dans le château de cartes de ton enthousiasme ?
Malheureusement je dois te faire grandir et t’apprendre la triste vérité : tu n’as jamais revu Mayuka et sa bande, et ils ne sont jamais devenus tes amis. Tu les as croisés quelque temps plus tard à la fête de la culture de ton université, mais quand tu as fait l’effort de braver ta timidité pour leur parler, ils t’ont à peine répondu avant de disparaître dans la foule en te plantant là. Ils ont aussi mis un effort tout particulier à ne plus vous remarquer quand vous passiez devant leur repère. Tu as bien tenté d’inviter quelques fois Mayuka à force de petits cœurs et lapins toi aussi pour l’amadouer, et au début elle te répondait « Oh oui, il faut absolument qu’on se revoie ! », mais pour ne jamais répondre quand tu donnais une date précise. Tu as fini par abandonner l’âme en peine.
Tu vivras là ta première leçon des relations humaines au Japon. Les rencontres spontanées, même quand elles se passent super bien, ne débouchent pas forcément sur une amitié.
Au Japon dire « Il faut absolument qu’on se revoit ! » est un automatisme, mais pas forcément une volonté. C’est comme une phrase de politesse, mais pas quelque chose qu’on pense réellement. Donc du « Il faut qu’on se revoit » sans suite, tu vas en bouffer en veux-tu en voilà. Ne sois pas aigrie, c’est comme ça.
Je te rassure, après quatre cinq mois à désespérer à force de rencontres sans suite, tu finiras par t’inscrire dans des cercles d’activités et aller à des concerts où, à toujours rencontrer les mêmes personnes, tu finiras par faire partie de leur communauté et te feras des vrais amis qui déchirent leur maman. Amis que tu continues à voir dès que tu le peux même sept ans plus tard et n’habitant plus dans la même ville.
Tu auras juste été longue à la détente pour comprendre qu’il faut que tu fasses partie d’un groupe avec qui tu partages une activité et un quotidien pour arriver à tisser des liens.
Ou alors, tu peux aussi répondre aux invitations d’internautes désespérés se disant amoureux de la France, mais tu risques de vivre des trucs comme ça, donc à toi de voir.

Au premier cours d’anglais, Raphael n’est pas venu et j’étais toute seule. Une fille est arrivée dans la classe et m’a regardée longuement. Elle s’est arrêtée devant ma table, je lui ai fait un sourire pour l’inviter à s’asseoir mais elle a tourné la tête et s’est assise à la table de derrière… Bon…

Donc je ne cherche pas à l’aborder mais pendant le cours, quand elle voit que je n’ai pas compris quelque chose que la prof dit, elle me tapote dans le dos pour m’expliquer. A la fin du cours, elle vient me voir pour faire connaissance. Donc finalement elle avait bien l’intention de m’aborder ! On commence à parler, elle a l’air sympa. Puis la prof m’aborde pour savoir comment s’est passé le cours, si je suis bien etc. J’échange deux phrases avec elle, puis je tourne la tête, la fille a disparu… Elle est partie sans même me dire au revoir. Bon, elle était peut-être pressée.

Donc je sors et je traverse la cour. Il se met à pleuvoir. D’un coup je sens quelqu’un qui met son parapluie au-dessus de ma tête, je me retourne et c’est elle. Toute timide elle se présente. Elle s’appelle Yuka. On traverse la cour en discutant, puis arrivées à l’autre bâtiment, on part chacune de notre côté en se disant à la semaine prochaine. Je me dis cool, j’ai peut-être trouvé une amie !
La semaine d’après, Raphaël décide de suivre ce cours d’anglais et vient avec moi. On arrive à deux étrangers… Ca a dû être trop pour elle, deux étrangers en même temps, tu penses ! Son visage s’est décomposé et elle ne m’a même pas dit bonjour. Elle a plongé la tête dans son cahier : « Non non, je ne t’ai surtout pas vu » en imitation parfaite de mon prof de Chinois du mardi qui fait comme s’il ne nous voyait pas depuis des semaines… A la fin du cours je voulais aller lui parler, mais elle est partie avant. Semaine d’après, idem… On ne se connaît donc plus, tout ça parce que maintenant on est deux Français et que c’est sûrement insurmontable pour elle. Bon bon…

La prof remarque que personne ne nous parle et qu’on est toujours que les deux. Elle fait souvent des jeux en cours en faisant des équipes. Lorsqu’elle compose les équipes elle fait exprès de me mettre dans une équipe différente de Raphael, pour qu’on soit isolés chacun de notre côté et que ce soit plus facile pour les autres de venir à nous. Mais personne ne vient.

En cours, deux semaines de suite, elle dit à toute la classe de profiter du fait qu’il y ait deux Français, qu’on a un niveau d’anglais pas mauvais car nos deux langues se ressemblent et que c’est l’occasion ou jamais de faire un échange linguistique intéressant où on les aiderait en anglais et eux nous aiderait en japonais. Pendant deux semaines, les élèves ont hoché la tête sans nous approcher une seule fois. On restait désespérément seuls chacun de notre côté, Yuka faisant toujours la morte. Mais je vous l’ai  dit, notre prof d’Anglais a l’habitude des relations entre Japonais et étrangers et n’a pas lâché le morceau pour autant. Comme elle a créé un blog sur le net sur notre cours d’anglais pour travailler à la maison, elle nous a demandé nos adresses emails pour les publier sur le blog et que les gens nous écrivent. En cours elle a donc dit que pour les gens intéressés pour nous contacter, elle mettrait nos mails sur internet etc. Puisque ça faisait trois semaines qu’elle insistait là-dessus et que personne ne nous abordait, je me suis dit que c’était même pas la peine d’attendre.
Ben le lendemain j’avais déjà  plusieurs messages. Et de qui dans le tas ? De Yuka…
Qui me disait qu’elle s’intéressait trop à la France, et que depuis le début elle aimerait trop être mon amie.

… …
C’est quand même incroyable ça non ? Il a fallu que le professeur aille jusqu’à publier nos coordonnées sur internet pour qu’elle se décide à me dire qu’elle veut me connaître… Si je ne respectais pas malgré tout leur culture, je dirais qu’à ce stade ce n’est plus de la timidité mais de la connerie profonde… Mais je me retiens, non je ne le dis pas.

Ah mais si si, dis-le. Oui je sais, il y a sept ans tu étais bien trop pure pour reconnaître quand quelqu’un avait une tendance à l’autisme, mais arrête de te montrer si compréhensive et empathique, ça te jouera des tours. Surtout que tu vas en bouffer du « j’aimerais être ton amie !!! », pour être ignorée pendant des semaines par la suite sans raison. Donc ne cherche surtout pas à comprendre, prend ce qui vient, amuse-toi avec untel quand il se décide à reconnaître ton existence ou envoie-le bouler si t’as pas le temps, mais te prends pas la tête à en tartiner un blog de quatre pages parce que tu piges pas pourquoi on veut être ton amis et que tu enchaînes vent sur vent. Ecris plutôt sur les farlelus qui promènent leur potager dans la rue, c’est plus vendeur.

Mais ma coréenne fofolle je l’adore quand même, elle est trop rigolote.[…]
Si on se dit quelque chose en français avec Raph, elle essaie de répéter ce qu’on dit – généralement complètement à côté – et c’est vraiment trop drôle. Elle a voulu me demander comment on disait « mignon » en français et je lui ai répondu, en ajoutant que moi je préférais dire « chou ». Je ne sais pas comment elle a fait mais de « chou » elle est passée à « miou ». Mais comme je suis fourbe, je ne l’ai pas corrigée car je la trouve trop marrante à s’écrier dans les magasins « Ohh miouuuu, miouuuuu !!! » avec un sourire ravi.
Vraiment miou cette petite…
[Quelques semaines plus tard]
Roooh, à propos de l’affaire du  « miou », je ne gère plus du tout !!! Bref, je croyais que petit à petit elle n’allait pu utiliser le mot « miou » pour dire mignon. Bah, je l’ai sous-estimé, car non seulement elle me le dit au moins une fois par jour, mais en plus elle l’a appris à toutes ses copines coréennes. Donc maintenant, j’ai un groupe de coréennes qui me balancent du « miou » dès qu’elles peuvent… Et là où ça devient dangereux, c’est qu’elles m’ont présenté leurs copines (qui sont maintenant mes copines) et deux d’entres elles apprennent le français. Imaginez avec quel bonheur elle leur a dit un mot en français que je lui avais appris… Evidemment, elles n’ont pas compris ce que « miou » voulait dire… Bref, ça fait un mois qu’elle me dit « miou » à toute les sauces donc j’ose pas lui dire qu’en fait ce mot n’existe pas, surtout maintenant qu’elle l’a appris à tout le monde ! Donc je vous en conjuuuuure, dès que vous le pouvez utilisez le mot « miou » et installez-le dans votre région !!! Votre mission si vous l’acceptez est que ce mot soit instauré dans le Larousse avant qu’elle vienne voyager en France. Il en va de ma crédibilité !! Merci.

Autant te dire que tes lecteurs de l’époque, malgré leur bonne volonté, ont MISÉRABLEMENT échoué dans leur mission. Et ce qu’il y a de plus merveilleux dans cette histoire, c’est que les sept années suivantes tu as tout fait pour noyer le poisson en lui apprenant plein d’expressions françaises sympas, expressions qu’elle s’est empressée d’oublier pour continuer d’utiliser « miou » à tire-larigot. Soulignant fièrement « Tu as vu ? Je n’ai jamais oublié le premier mot que tu m’as appris ! ».
Le souci étant que la demoiselle a fait son premier voyage en France il y a quelques temps et il y a fort à parier qu’elle a étalé ses talents francophones en usant du « miou » à tout va… Elle a très certainement découvert le pot aux roses à l’heure qu’il est. Une amitié basée sur un mensonge éhonté, on dirait un scénario de mauvais drama.
Bref, arrête tes expériences linguistes à la con et contente-toi d’apprendre aux gens des mots qui existent.
Ou alors… Oui ça se tient. Je peux peut-être encore te sauver les miches…
Petit aparté pour mes lecteurs actuels : n’hésitez pas à propager le « miou » au plus vite, je peux peut-être encore faire passer les Français qu’elle a rencontrés durant son voyage pour des ignares illettrés.

Enfin bon, le niveau 2 est balaise quand même. En fait, je comprends quasiment 100% de ce qui se dit pendant le cours pour l’instant mais ce qui me terrasse carrément c’est le niveau des gens. Tour à tour, la prof nous a envoyés au tableau, face à tout le monde pour raconter nos vacances. Elle a fait passer la quinzaine de Chinois en premier. Et c’est là que la claque vous atteint bien le visage comme il faut. COMME ILS PARLENT !!! Ô_Ô Mais comme des Japonais sérieux, les mêmes expressions. Il y a plein de mots que je comprends en japonais mais que je ne sais pas utiliser moi-même. Des petites nuances vous savez. Ben je me rends compte qu’ils les utilisent à la perfection, n’hésitent jamais, ne réfléchissent pas. Ils parlent naturellement… […]J’ai conscience que j’ai un niveau ras des pâquerettes.

Ton heure viendra. Et tu auras un meilleur accent qu’eux, nananère.
Donc ne sois pas si impressionnable et arrête de faire la feignasse devant Desperate Housewives (les saisons seront de plus en plus nulles de toute façon), si tu commences à chouiner parce que tu sais pas raconter que t’es allée à Disneyland pendant tes vacances, on n’a pas fini. Donc ouvre un peu plus tes bouquins, morue.
Quand Sonia se réveillera, la Chine tremblera.

J’adore le Japon et depuis que j’y suis allée, cet amour ne fait que s’accroître. J’y vis des choses exceptionnelles et y aller en échange universitaire est vraiment un rêve car la période étudiante au Japon est vraiment la plus cool et la plus fascinante à vivre, je pense. Tous ces clubs, ses voyages étudiants, le peu de cours, la fête de la culture, la fête du sport, la cérémonie pour le passage à la majorité, pour la remise des diplômes, tout ça… C’est unique.
Mais je pense que je devrais peut-être me contenter de cette expérience car le monde du travail ne m’a pas l’air tendre et j’ai peur qu’en m’y installant pour faire carrière je tombe dans une de ces entreprises du Mal et devienne la nouvelle Amélie Nothomb.

Tu vois Sonia, autant je t’ai trouvée super cruche dans la plupart de tes posts et tu m’as parfois saoulée gravement avec tes histoires de concerts visu, ta tendance groupie d’ado attardée, ton bisounoursisme aigu et autres naïvetés, autant je crois que sur ce point tu faisais preuve d’une lucidité à toute épreuve. Malheureusement, tu ne t’es pas écoutée et tu es revenue t’installer. Et avec ta chance, ce qui devait arriver arriva, en 2011 tu nous as fait une belle version épicée de Stupeur et Tremblement qui rendrait presque pâlotte la version originale.
Mais je ne te raconte pas tout de suite, ça enlèverait un peu de piquant et tu ne me croirais peut-être pas.
Alors juste bonne chance, accroche-toi… et arme-toi de patience.

Ton expérience de la vie au Japon, c’est un peu comme ce qu’écrivait Paolo Coelho dans l’Alchimiste.

« Une quête commence toujours par la Chance du Débutant et s’achève toujours par l’Épreuve du Conquérant ».

27 thoughts on “Retour vers le futur

  1. Nolwenn

    J’aime bien ce nouveau concept de blog à quatre mains avec toi même! C’était déjà drôle sur le « premier blog » mais avec les réponses des années plus tard c’est fabuleux. La vérité dévoilée.

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    1. Sonyan Post author

      N’empêche que tu fais partie des gens qui ont fauté en n’arrivant pas à installer le « miou » dans la langue française, quand « bolosse » et « swag » ont réussi !
      C’est impardonnable !

      Reply
  2. Claire

    J’confirme, les vélos à Tokyo ça m’avait déjà valu un article mais c’est rien comparé à Osaka (puis j’sais pas cqui s’est passé entre temps mais ils klaxonnent plus donc je passe mon temps à me faire frôler de part et d’autres jusqu’à me figer complètement parfois tellement j’ai eu peur XD)

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    1. Sonyan Post author

      Oui le Kansai niveau vélo c’est assez violent. Du coup, même si ça reste chiant parfois dans des petits quartiers comme Koenji ou Ogikubo, je m’en suis jamais vraiment plaint à Tokyo.

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  3. Amandine

    C’était vraiment sympa ce post. Je me revois aussi avec mon blog pendant mon échange. Bon j’étais pas bisounours du tout mais je me dis que si je pouvais revenir en arrière, je me botterai le cul puissance 20000 pour faire ce que je voulais faire. Il n’est pas trop tard. Je te remercie 🙂

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    1. Sonyan Post author

      En effet il n’est pas trop tard ! J’espère que pourras faire toutes ces choses, se botter le cul à soi-même c’est souvent le cap le plus difficile !

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  4. Danie

    oh que du bonheur.

    Les vélos, je me rappelle de ma haine des vélos après un an à Kichijoji où j’avais juste envie de tuer tout le monde.

    bref je me vois dans certains passage. ça me fait rire et en même temps je me dis « gosh les japonisants sont vraiment des grands rêveurs XD »

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    1. Sonyan Post author

      Je pense que n’importe qui qui a vécu longuement au Japon se retrouve à des niveaux plus ou moins différent dans ce post, on change tous de perception à la longue 🙂
      Et en effet, beaucoup de rêveurs, ha ha

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  5. Maud

    Hahaha, je me souviens de cette histoire de « miou » ! Aujourd’hui encore, ça m’a bien fait marré ! (Mais ça date vraiment d’il y a 5 ans ? Goth, le temps passe vite !!!)

    Quoi qu’il en soit, je me remercie (et te remercie pour avoir bloggé si tôt !) d’être tombé sur ton blog à l’époque. Même si le style et les intérêts ont changé (bien que ton humour indétrônable était déjà présent), il y avait déjà quelque chose qui me rendait accro à tes pavés ! (En parlant de pavés, ceux sur le visu faisaient parti de mes préférés quand même… :B)

    Je suis bien contente d’être toujours là ! : 3

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    1. Sonyan Post author

      J’ai écris cela il y a 7 ans, et oui je crois que tu l’as vu un peu après mon retour en France, donc ca fait bien 5 ans.
      En effet ça passe très vite !

      Tu sais quand je relis ces pavés de l’époque, je me dis qu’ils étaient tellement lourd que c’est un miracle que des gens comme toi aies continué à me lire.
      Le visu nous a sauvé… xD

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  6. celine

    Ah les vélos….Tu es tombée de leur côté…argh. Déjà qu’en France je tolère moyen (j’adore la période Tour de France où ils sont tous au milieu de la route arborant fièrement leur nouvelle tenue ultra mode qui ne servira que 3 semaines et leurs cuisses fraîchement épilées, moi qui habite dans les Alpes, l’été est une période maudite en voiture) alors au Japon…. C’est des malades. Sérieusement, Je n’y suis pas resté longtemps, mais à Kyoto, c’est l’enfer (beaucoup moins à Fukuoka, où j’ai pu marcher sur les trottoirs sans sueurs froides). Mais les trottoirs, théoriquement, ils sont bien interdits aux vélos non?

    En fait, j’ai honte, j’adore les onigiris des combini…. Et j’ai aussi voulu tous les tester. Heureusement que les étiquettes sont de couleurs différentes. Bon j’ai une circonstance atténuante, je n’habite pas au Japon. Mais mon mari, lui, les adore aussi.

    En lisant la partie sur le niveau de langue, je me suis dis que je devais me secouer un peu. Quand on buche sur les tests du N5, on pert vite la motivation (j’en suis seulement là, comment je vais faire pour arriver au N2??!!!!!! « chiale chiale »). Surtout quand on a acheté du niveau intermédiaire pour se booster et qu’on en chie tellement qu’on se démotive et qu’on rouvre son manuel super débutant pour avoir l’impression de savoir quelque chose……… Quand je vois ton niveau je me dis que c’est que c’est pas impossible, mais faut que je réagisse.

    Reply
    1. Sonyan Post author

      Disons que je suis GENTIMENT passé de leur côté. Une amie qui rentrait en France m’a offert son vélo, donc je l’ai adopté dans la famille.
      Après j’avoue m’en avoir servi que pour aller faire des courses ou faire un petit tour dans le coin, mais pour mes trajet quotidien maison-station, j’ai continué à aller à pieds.
      Et le fait que les gens soient moins chiants à Tokyo avec ça a calmé mes ardeurs 🙂

      Pour le Japonais, rien d’impossible mais c’est vrai qu’il faut travailler, très assidument au moins le temps d’avoir acquis toutes les bases, et tout seul c’est pas forcément évident…
      Courage !

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  7. Molly LaPuce

    Super top moumoute ton article 😀
    Je trouve ça cool que tu es pu te parler à toi-même entre passé et présent xD

    C’est vrai qu’on change beaucoup en 7 ans. Par contre je ne pensais pas que ça faisait aussi longtemps que tu y étais. Je t’envie un peu *.*

    Reply
    1. Sonyan Post author

      Hé si, 10 ans évoluant dans le monde des japonisants et cinq ans sur place, plus de nombreux voyages…
      Ca rajeunit pas !

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  8. Cha'Lumeau

    Si on devait savoir à l’avance toutes les bêtises qu’on va faire, les ferait-on en sachant que ce sont ces erreurs qui nous ont fait devenir le « nous-même » d’aujourd’hui??

    Vous avez quarante minutes… 🙂

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    1. Sonyan Post author

      Hé haut, je ne vous permets pas !!!!
      Tu connais pas mon passé super sombre de fille qui trouve pas sa taille de chaussure d’abord !

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  9. Cracotte

    ah génial, les questions réponses!!! J’adore! Et c’est bien, je me sens moins coupable d’avoir été gaga, au Japon. Tu l’as été aussi. 🙂
    Allez, vite vite, je passe au post suivant. 😀

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    1. Sonyan Post author

      Oui, heureusement que je suis pas tout blasée de naissance quand même… xD
      Difficile de ne pas être gaga dans ses premiers pas en sol nippon <3

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