4 ans déjà !

      23 commentaires sur 4 ans déjà !

Le blog fête ses 4 ans !

Je crois que c’est la première fois que je lui fête son anniversaire, mais ce blog étant né un 26 juillet 2008, il fête aujourd’hui ses 4 ans !

Yahooooouu !

Qui eut cru que je tiendrais aussi longtemps finalement ?
Bon CERTES, je ne suis pas régulière. Certains d’entre vous ont déjà attendu de longs mois, la toile d’araignée au coin de l’oeil et la tendinite au doigt à force d’appuyer désespérément sur la touche actualiser, avant que je ne daigne vous pondre trois lignes… Mais quand on sait que TOUS mes autres blogs sont morts au bout de 3 billets maximum, on se dit que finalement, ce blog est un rescapé.
Celui qui a survécu.
L’Elu.
L’Harry Potter de la blogosphère.

D’ailleurs il a au final pas mal évolué, n’étant à la base qu’un blog de blabla (mon premier post parle quand même de mon bol de nouilles…) dont seules deux ou trois amies connaissaient l’adresse, puis est passé à un blog normal pour tenir au courant famille et amis de mes (més)aventures et il est enfin aujourd’hui un lieu de mauvaise foi et défouloir où il fait bon commérer sur les Japonais et leur pays incompréhensible.

De deux trois copines en mal de mes nouvelles, je suis passée à une poignée de fidèles, une fanpage, 79 gentils qui l’aiment et bientôt un compte Paypal où vous pourrez faire vos dons généreux pour que je m’achète des fringues et me la coule douce sur la plage toute l’année pendant que vous trimez comme des braves.

Malgré mes glandages intempestifs, j’ai quand même publié 65 articles ! Ca vous la coupe hein !

Et parmi ceux là, le top des plus lus :

1 – Le Japon de vos rêves (3951 visites)

2 – Les Sumo tant attendus (2005 visites)

3 – Fléau (1216 visites)

4 – St Valentin et White Day (824 visites)

5 – Carrière Ephémère (758 visites)

Le plus commenté :

Fléau (43 commentaires)

Le plus partagé :  

Le Japon de vos rêves (128 fois)

Celui dont on me dit souvent qu’il vous a fait pleurer/bouleversé :

Vendredi 11 mars 2011

Celui dont on me dit souvent qu’il est le plus drôle/incroyable :

14 juin 2005

(Qui je dois l’avouer, est mon préféré. Je me remémorerai cette journée jusqu’à ce que je sois vieille et flétrie dans mon lit.)

Comme quoi l’article le plus drôle et le plus triste sont tous les deux titrés d’une date.

En 4 ans j’ai eu plus de 68000 visites (pour seulement 819 commentaires en comptant les miens, bande de radins !), et je suis parfois perplexe sur les mots-clés qui vous ont mené de Google-votre-ami jusqu’à mon petit QG à gribouilles roses.

Florilège :

« vous avez déja rêvez de vous réveillé aux coter de megan fox »

-> Comme je doute que le coquin ait trouvé la réponse sur ces pages et qu’il a dû s’en trouver fort frustré, je prends la peine de répondre : non.
Par contre j’ai déjà rêvé que les Français savaient utiliser un participe passé. Utopiste que je suis.

« grognasse »

-> Ben dites donc. Je ne vous permets pas, on ne se connaît pas !

« marre d’être une grosse »

-> Comme je te comprends, moi aussi. Mais dis-toi que ça pourrait être pire, que tu pourrais vivre dans un pays comme le Japon où toutes les filles font 40 kilos, sont considérées obèses à 60 et flottent dans une taille 34.

« vacance ma grand mere m’oblige a me couper les cheveux »

-> Je compatis. Ma grand-mère me coupait les cheveux courts devant et longs derrière, telle la rockeuse de diamant de Catherine Lara. Dure enfance que la mienne, je suis traumatisée et me réveille encore en hurlant, le corps en sueur pour vérifier ma coupe de cheveux.

« tu me manque ma cruche »

-> Merci. Ca me touche.
Mais qui es-tu ?

« marre d’etre pauvre »

-> En gros, si je comprends bien, tous mes lecteurs sont des loosers qui tombent chez moi parce qu’ils en ont marre d’avoir les mêmes problèmes que moi… Y’en a t’il qui en ont marre de ne pas avoir de chance en amour ?

« sonia insulte carrefour »

-> Je n’aurais jamais osé enfin ! Calomnies ! On n’insulte JAMAIS Carrefour !

Et enfin quelques inclassables :

« jai trop envie de te fourrer », « gradin roulant », « je me suis prostituer en chine pour payerma chembre dhotel », « J’aime me faire humilier sexe », « c’est pas merguez c’est trop baléze » (je l’aime bien celui là tiens…), « sexe dans une machine à laver bulle », « bave blanche au coin des levre »... et j’en passe.

Bref, peu importe les drôles de mots qui vous ont mené jusqu’à moi, merci d’être là, d’avoir lu, d’avoir commenté ou partagé.
Mais, juste au passage, si vous faites partie des gens qui ont tapé les mots clés ci-dessus : consultez. 

Backstage/Making-Off/Coulisses :

Les lecteurs là depuis longtemps me demandent souvent si j’ai emporté Maya au Japon (cf, mon syndrome de Peter Pan).
Non, Maya m’attend sagement en France où je tente, tant bien que mal, d’empêcher mes neveux adorés de se l’approprier.
Les jouets de Tata RESTENT et RESTERONT les jouets de Tata, 10000 bornes ou non. Mais quand je reviens en France, je ne manque jamais de la chevaucher en l’écrasant de mon encombrant derrière pour voir si elle galope toujours aussi bien.

On me demande aussi si j’ai toujours peur à la caisse et si j’entasse mes pièces de 1 yen (Cf, Une histoire de sous).
Bon, j’avoue que j’ai pas mal évolué depuis ce temps-là. Déjà le fait d’être à Tokyo maintenant où il y a beaucoup plus d’étrangers fait qu’on ne me regarde plus tellement comme un phénomène de foire et je me sens moins mal à l’aise.
Et aussi le fait de perdre 45 kg m’a aidée à me sentir un chouya moins misérable et j’arrive à affronter un peu les beaux gosses en caisse.
Même que des fois je les affronte pas coiffée, en pyjama les seins tombants, avec des crocs roses aux pieds à 2h du mat pour acheter une glace à la pastèque.
Alors voyez le progrès dans l’estime de soi.
Par contre, je ne sais pas quel était son état d’esprit pour en arriver là, mais je ne suis pas la seule étrangère emmerdée face aux pièces qui servent à rien puisque mon ancienne colocataire m’a gentiment légué une caisse entière de pièces…

(Ah… et deux piles, aussi).

Notez aussi que dans le top des mots clés des moteurs de recherche, il y avait aussi « que faire de ses pièces de 1 yen ».
Tant d’expatriés désemparés face au fléau.
Créons une association.

Trailer/Flashfoward/Promesses tenues dans 10 ans :

Sinon pour ce qui vous attend pour la suite :
– Encore trois posts sur 2010 : 1) ma recherche de baito et mon expérience 2) mon expérience en stage en entreprise et 3) ma recherche d’un vrai emploi (comprenez : vrai contrait donnant sur visa et pas petit job genre baito donc).
– 2011 et ses péripéties : comment j’ai trouvé mon travail et comment ça s’est merveilleusement passé… en détails pour ceux qui m’ont connu via twitter quand je parlais de mes mésaventures jusqu’à mon épique démission. Ainsi que la vie après le 11 mars.
Et après… la nouvelle vie en 2012, des dossiers, des photos bidons, des anecdotes cheloues, plein de critiques méchantes et de mauvaise langue…
Mais d’ici là, vu les pauses que je fais, on sera déjà en 2025 et vous m’aurez oublié donc tant pis.

Bonus/Cadeaux/Carte Fidélité Complétée

Comme je suis une gentille (et que j’avoue que c’est principalement les échanges avec les gens qui me donnent envie de réapparaître pour bloguer), que ça me ferait grave plaisir car c’est mon délire guimauve mais surtout que je suis sans amie et que j’ai que ça à faire : j’enverrai une petite carte postale avec une petite connerie de mon cru écrite derrière à tous ceux qui le souhaiteront en commentaire de ce billet. (Comme le mail est obligatoire pour commenter et que je peux le voir depuis le pannel d’administration, je vous contacterai en pv pour l’adresse)

Connaissances réelles ou non.
Ca m’amusera <3
Pis je dois aller à la poste poster d’autres trucs que j’ai promis d’envoyer donc ça tombe bien.

Et comme d’ici quelque temps on arrivera à 1000 commentaires, et ben si cette 1000ème personne n’est pas moi, j’enverrai un petit cadeau de rien radioactif au gentil scribouilleur en remerciement.
(Mais c’est moi qui choisit hein, je te vois venir toi, avec tes envies d’appareil photo Reflex ou de PS3, non mais !)

Ouais c’est l’anniversaire du blog, c’est la fête.
Je fais comme ces connards de Carrefour qui respectent rien, c’est même pas le début du mois d’août que je fais les offres de Noël.
(Ah mince, on avait dit qu’on les insultait pas…)

Et sur ces belles paroles, je resouhaite un bon anniversaire à mes gribouilles insignifiantes et vous redis merci d’être là.

Comme dirait l’autre, « c’est pas merguez, c’est trop balèze » !

Humour, Gloire et Beauté

      15 commentaires sur Humour, Gloire et Beauté

Profitez de ce qui ne saurait durer, j’essaie d’être régulière.
Et pour cause ! Que de réactions suite à mon dernier billet, j’ai été plus que surprise de constater de nombreux partages Facebook, de nouveaux fans sur la fanpage (youhou !), des dizaines de commentaires que ce soit sur le blog, via twitter ou par messages privés et l’audience du site boosté à plus de 300 visites par jour pendant toute la semaine…

Devant autant d’enthousiasme, je n’aurai qu’une chose à dire…  BANDE DE MASOCHISTES !!
Si j’avais su qu’il fallait vous raconter des horreurs pour vous combler, j’aurais partagé ma trouille avec vous plus tôt. Et maintenant que je connais les ficelles de la gloire, des fans (et de la drogue et du sexe qui en suivront), j’hésite à faire un article sur le charme des cigales de la taille d’un orteil dont on retrouve les cadavres en dessous de chaque arbre en été, des corbeaux de Shinjuku à s’y méprendre avec une autruche qu’il vaut mieux ne pas croiser après avoir vu Les Oiseaux d’Hitchcock, des méduses qui viendront pimenter vos baignades estivales ou encore des merveilleux scolopendres des campagnes.
Mais comme j’aimerais bien dormir la nuit plutôt que de repenser à la merde que je vous raconte, on va passer à autre chose.

Car mon dernier billet a engendré une autre réaction que je n’avais pas envisagée non plus.

Voyez, il existe un site japonais (très intéressant au demeurant) du nom de Searchina qui a une rubrique destinée à présenter les blogs étrangers de nombreux pays sur le Japon. Les rédacteurs choisissent un billet sur les expériences d’un étranger au Japon et en présentent le contenu (en détail ou partiellement) pour en faire un article.
J’avais déjà eu l’honneur d’être présentée une fois sur leur page avec un article sur mon billet sur la St Valentin, que les japonisants pourront retrouver ici.
Et contre toute attente…  ils ont remis le couvert avec mon article sur les cafards japonais.

Enfin, pas sur TOUT l’article… Juste sur la fameuse partie sur les « Japonais face au Fléau », où je les soupçonne de coopérer avec le monstre.
Le titre Japonais de l’article ? « Aussi un sentiment d’affection ? L’étrange relation des Japonais et des cafards » (親愛の情もある?日本人とゴキブリの不思議な関係 en japonais).
S’ensuivait un article on ne peut plus sérieux sur mon incompréhension des habitudes des Japonais à les appeler « Goki-chan », de déposer ses ordures dans la rue et leur permettre un environnement favorable ainsi que leur amour pour les histoires héroïques face à la Chose.
Avec un premier degré à faire pleurer un moine, l’article se terminait sur une phrase disant que l’auteur (en d’autres termes, moi) ressentait comme une forme d’affection des Japonais à l’égard des cafards.

Après avoir lu l’article, je me dis qu’il existe au moins plusieurs systèmes solaires différents entre le ton complètement décalé de mon article et le leur, écrit le plus sérieusement possible.
Sur le coup je hausse les épaules, je suis ici depuis assez longtemps pour comprendre que la culture du second degré et du sarcasme est on ne peut plus française et que ça ne passe pas forcément au Japon, leur journaliste est passé à côté et a pris au sérieux mes déclarations, tant pis.

Sauf que… L’article Japonais est rapidement tweeté plusieurs fois, devient numéro 1 de leur top pendant deux jours et je me retrouve avec près de 1000 visites japonaises dans la journée (sans oublier que selon mes statistiques, mon site a été passé des dizaines de fois à google traduction… ).
Et les quelques réactions que je trouve sur les réseaux sociaux sont sans appel : de l’incompréhension :  « Mais c’est n’importe quoi, je n’aime pas les cafards ! »,  « Elle n’a pas compris, j’ai aucune affection pour les cafards ! »  aux remises en question angoissées :  « Tiens mais c’est vrai ça… Pourquoi on dit « goki-chan », on est bizarre, que faire ?!!!! » …

Ou comment l’humour acide incompris d’une Française qui dit tout le caca qui lui passe par la tête pour se détendre devient une affaire d’État on ne peut plus sérieuse sur l’histoire d’amour cachée et inconsciente des Japonais avec les blattes.

Sur le coup (et aussi parce que ça fait deux fois qu’ils citent mon blog avec une faute dans le titre et que ça me titille le système nerveux quand on sait qu’on vit pourtant à la grande Ère du Saint Copier-Coller), je leur ai écrit pour leur expliquer que c’était du second degré et que, manifestement, leur traducteur était passé complètement à côté de cette partie du billet qui se voulait humoristique (aussi douteux soit mon humour).
Même si je leur ai dit que, maintenant que c’était fait, ils pouvaient laisser leur article tel quel, ils ont choisi de changer une ligne du texte en disant que je trouvais « rigolo le sens de l’humour des Japonais à les appeler « goki-chan ».
Bon, c’est pas ça non plus que je voulais dire, mais c’est pas grave j’ai vu que le cœur y était les gars, je vous pardonne.

Voilà, comme vous l’aurez compris, les Japonais et les Français n’ont pas le même sens de l’humour. Et si toi aussi tu manques cruellement d’imagination et de second degré, sache que quand je parle des poubelles dehors en tant qu’autel rituel pour faire revenir leurs Dieux maudits des Enfers, en vérité je n’ai jamais vu de Japonais sous cape noire dessiner des pentacles avec du sang de corbeau de Shinjuku sur les bouches d’égout pour faire appel, un soir de pleine lune,  à la divinité incertaine qu’est Seigneur Cafard.
Ne sois pas déçu, après tout ils le font peut-être en cachette.

Donc voilà, un nouveau dossier s’impose les enfants.
Il est temps que je vous dévoile quelques secrets sur cette notion nébuleuse qu’est l’humour japonais. Histoire de pas vous prendre des gros bides quand vous croyez votre vanne excellente et de pas passer pour quelqu’un de pas fréquentable (genre…moi).

DOSSIER :

1. Black Joke Prohibited

Toi qui as été élevé aux Guignols de l’info, vénère Coluche, voire apprécie le décrié Dieudonné, remballe tout de suite ce que tu crois être tes meilleures vannes avant de te faire expulser du territoire pour 5 ans.
Ici, l’humour noir n’est ni usité, ni le bienvenu.

Si chaque mort d’une personnalité, fait divers ou péripéties politiques feront naître des vocations de comiques sur tous les coins de la toile et les pires vannes de 140 caractères retweetées inlassablement sur Twitter (qui n’est pas tombé sur le « iQuit » de Steve Jobs…), au Japon on se contente de relayer l’information, avec des commentaires pour ou contre, mais on s’en tient là.
La passion des Français pour se moquer de nos politiques (faut dire qu’il y a matière…) reste un mystère pour les Japonais qui, quoique généralement mécontents de leur gouvernement, ne s’y frotteraient pas.
Alors toi qui voulais parodier le Premier ministre pour faire rigoler la galerie, souviens-toi que la peine de mort n’est pas encore abolie au Japon avant de finir toi-même en blague sur twitter.
Bref, on ne rit ni de la politique, ni de la mort, ni de la maladie, ni des catastrophes (et pourtant au Japon on aurait de quoi faire plusieurs oneman show…). Jamais il ne viendrait à l’idée d’un Japonais de répondre « Ca va, j’ai pas encore de troisième bras » quand on lui demande comment ça se passe depuis Fukushima, alors qu’un expatrié préfèrera souvent détourner le problème avec un « Il me tarde d’être phosphorescent, je payerai moins cher en électricité <3 »
Donc si en France on vous dira qu’on ne peut pas forcément rire de tout, au Japon autant résumer en disant qu’il vaut mieux ne rire de rien pour ne pas se faire taxer de quelqu’un de tout ce qu’il y a de plus hidoi (traduisez par « horrible »…).
On notera au passage le cas des Guignols de l’info qui se sont fait harponner par l’Ambassade du Japon après le 11 mars… C’est vrai que quand on connaît les Japonais, ce genre de blagues est juste impensable ici.
Alors quand on sait qu’un sketch comme celui-ci-dessous me fait pleurer de rire, on se doute que je ne pars pas sans handicap pour m’intégrer dans le monde obscur de l’humour japonais.

2. Adieu ironie et second degré

Ah, les joies de l’ironie, du sarcasme et de la raillerie… Ca aussi, vous pouvez le ranger bien au fond de votre culotte.  Dire exactement le contraire de ce que vous pensez pour exprimer un délectable persiflage de votre cru tombera à l’eau comme un bloc de pierre dans le misérable plouf de l’incompréhension. Le concept de l’ironie reste relativement flou aux yeux de nos amis nipponais.
Je vous plante le décor :
Vous vous baladez nonchalamment dans les rues animées de Shibuya avec un(e) ami(e)  français(e) lorsque vous croisez un énergumène du troisième type : T-shirt jaune fluo, jupe à pois verts et rouges, chaussettes violettes et crocs oranges aux pieds. Le tout avec un serre-tête orné de poupées teletubbies sur la tête (non je n’ai pas assez d’imagination pour inventer ce genre de serre-têtes, au Japon la réalité dépasse bien souvent la fiction, que voulez-vous).
Vous examinez l’étrange apparition de haut en bas, et déclarez :
« Wouah, j’adore son style, très harmonieux les couleurs… Ca fait pas mal aux yeux en plus, c’est bien. »
Et là, comme votre ami(e) est normalement constitué(e), vous l’entendrez vous répondre d’un naturel : « Clair, son tailleur est mort ou quoi ? Putain mais que fait la fashion police ? Y’a agression visuelle là, j’ai perdu un point à chaque œil ».
Vanne réussie, la confrérie des langues de vipère est au meilleur de sa forme, vous pouvez  donc continuer votre chemin le cœur léger en ricanant.

Bien, maintenant on prend le même énergumène, mais cette fois vous êtes en compagnie japonaise.
Vous :  Wouah, j’adore son style, très harmonieux les couleurs… Ca fait pas mal aux yeux en plus, c’est bien.
– C’est vrai que c’est bien quand c’est coloré, c’est joyeux, ça rappelle le printemps !
(sourire radieux et horriblement innocent de votre interlocuteur)

Tragédie, vous voilà tombé dans un monde parallèle où l’ironie n’existe pas…
Fini les « Mmmm, comme  c’est goutu !<3 » quand vous mangez un truc infâme comme le nattô ou les « Mais quelle est ce doux effluve enchanteur ? » dans les transports en commun blindés, sous l’aisselle de votre voisin.

Et là, comme démuni de votre meilleure arme, vous hésitez entre vous ouvrir les veines avec un couteau à beurre ou vous jeter tragiquement du haut d’un trottoir.

Et je ne parle pas seulement d’ironie, le second degré est aussi aux grands abonnés absents des discussions. Dire quelque chose de complètement invraisemblable pour tenter d’obtenir un gloussement, c’est un peu comme partir à la recherche de la fontaine de Jouvence : une quête chimérique vouée à l’échec (sauf peut-être pour Jack Sparrow,qui sait, on aura peut-être l’occasion d’aller le voir conquérir l’humour japonais dans Pirates des Caraïbes 94).
Et comme les Japonais n’ont pas l’habitude de raconter n’importe quoi pour imager leurs récits ou leur donner un côté comique, ça fait d’eux un peuple remarquablement crédule. C’est regrettable à dire, mais les rouler dans la farine est d’une facilité presque triste.
Joueuse, j’ai donc essayé de tester les limites, voir jusqu’où je pouvais aller dans le n’importe quoi… et mon étude a dépassé mes plus grandes espérances.
Ainsi, j’arrive régulièrement à faire croire que j’ai 17 ans, le fait que je sois diplômée d’un master et employée depuis mars 2011 ne semble perturber personne…
J’ai également fait croire à une amie (qui me connaissait pourtant depuis 2 ans) que j’étais issue d’une grande lignée de royauté en Tunisie et que j’étais donc en réalité une princesse… ayant pour preuve une dague d’argent portant le seau familial (… un couteau de rien certainement dégoté au souk deTunis pour 2 dinars…). Et voilà une Japonaise prête à me faire la révérence.
Tremblez mortels.

Enfin, j’ai aussi réussi à faire croire que j’étais une ancienne Yamamba, et quand on sait qu’une yamamba ça ressemble à ça :

…on se dit que l’ingénuité japonaise est comme un puits sans fond.
Je vous rassure, je ne fais pas durer mes mensonges, c’est juste pour le plaisir pur et simple de flouer mon monde. 

(Je rappelle toutefois à ceux qui ricanent que les Français ne valent parfois pas  beaucoup mieux, quand on pense qu’après toutes les conneries que je raconte j’en trouve encore pour gober mes poissons d’avril et que j’ai reçu environ 80 messages d’anniversaires, plus cadeaux et fête surprise cette année alors que ça fait 2X ans que je suis née au mois d’août !! Et vous, vous n’êtes pas Japonais, donc c’est impardonnable.)

Bref, vous l’aurez compris, basez-vous sur du terre à terre, l’implicite et l’imagé seront autant de raisons pour vous faire comprendre de travers et collectionner les malentendus.
Alors si vous n’avez pas envie qu’on vous offre un serre-tête teletubbies le jour de votre anniversaire, évitez l’ironie quand vous en croisez un.

Notons toutefois au passage que les Japonais peuvent s’essayer à la plaisanterie mythomane, mais il y a un jour précis pour cela. En effet, le 1er avril est aussi le jour du mensonge chez eux et ils n’hésiteront pas à vous faire gober une énormité si l’occasion se présente. Une bonne excuse pour se venger impunément les 364 autres  jours…

Vous trouverez parfois quelques hurluberlus (ayant vécu à l’étranger  ou non), amateurs d’humour noir, de sarcasme et d’énormités. C’est rare, TRES RARE,  mais quand vous en trouverez un, ce sera d’autant plus bon et deviendra très certainement un très bon ami. Entre gens de bons goûts, on se soutient.

3. Au final, l’humour japonais, Késako ?

Bon alors, au Japon on ne rit pas du malheur, on ne se moque pas, on n’est pas dans l’exagération de situation, on ne fait pas de blagues cyniques.
Bah alors de quoi ils rient,me direz-vous ?
Je ne saurais faire un chapitre très argumenté car pour être tout à fait honnête, certaines subtilités m’échappent encore. Mais je peux essayer.
Tout d’abord commençons par ce qui est universel :

–          L’ Oyaji-gag

Ce qu’on appelle les Oyaji gag, ce sont les jeux de mots – souvent pourris – qu’on pourrait comparer à un niveau carambar. Ceux qui font plus rire par dépit et pitié pour son auteur qu’autre chose. D’ailleurs, oyaji en japonais ça veut dire « papa » mais plutôt dans la nuance « mon vieux » que « mon papounet ». Donc en gros, l’oyaji gag, c’est la blague que ferait ton père, et dans le cas du mien, c’est dire si c’est pas drôle (j’ai quand même le seul papa qui appelle le site Le bon coin par « le petit coin »… si c’est pas de l’oyaji gag de compétition ça…)

Et comme j’ai très mauvais goût, J’ADORE les oyaji gag. Et c’est là tout le bonheur d’être bilingue, je peux collectionner les bides de blagues au ras du sol dans les deux langues \o/
Je pratique donc quotidiennement l’oyaji gag, mais même quand c’est nul, on me pardonne volontiers car je suis étrangère. D’ailleurs je crois finalement que le fait que je ne sois pas japonaise aide à mon petit succès.

Donc si toi aussi tu veux briller en société nippone, je suis d’humeur généreuse ce soir et vais te donner les clés de gag pourris faciles à retenir qui te donneront gloire et notoriété au pays du soleil levant.

Tout d’abord, quelques notions de japonais.
Au Japon le mot hito人 veut dire « personne ». Utilisé en tant que suffixe, la prononciation change et le caractère se lit « jin » (oui, le japonais est une langue barbare avec des lectures de caractère qui changent selon leurs humeurs).
Par exemple, pour dire une nationalité, on va utiliser le nom du pays + le suffixe jin.
Donc si France se dit « Furansu » et que personne se dit «jin », alors un Français se dit « Furansu-jin ».
Un Américain, America-jin.  Un Africain, Africa-jin.
Bref, peu importe votre pays ou continent, ça finira forcément par jin.
Donc comme vous êtes étranger, on vous demandera fatalement un jour « nani jin ? » (Tu es quoi/ quelle nationalité ? »
Et c’est là que lire mon blog vous sera utile pour faire votre première blague vaseuse en répondant avec aplomb et tout le sérieux dont vous êtes capables :  « ninjin ».

Je vous la refais.
Japonais souriant désireux de faire votre connaissance: « nani jin ? »
Vous, sûr de vous et on ne peut plus sérieux : ninjin.

Maintenant, traduction :
« Tu es quoi ? »
– Je suis une carotte.

………\o/

A vous de voir si c’est drôle ou non, mais avouez que d’un point de vue carambar, ça dépote ! Si la blague en elle-même est nulle, la réaction de votre nouvel ami vaut son pesant d’or. Et un étranger qui fait des blagues pourries en japonais, fera de vous un petit singe savant très drôle avec qui il fait bon copiner.
Dans le même genre, on pourra vous demander « nani za ? », soit « quelle est ton signe astrologique ? », et  ce signe finira forcément par « za ».
Ainsi, Lion se dira « shishi-za », Cancer « kani-za » ou encore Capricorne « yagi-za »etc.
Alors laissez courir votre imagination au ras des pâquerettes pour répondre un truc débile du genre « yakuza », « pizza » ou même « gyôza » et vous pourrez rentrer dans le rang Ô combien convoité des comiques ringards.

Voilà, vous avez les bases pour faire vos propres jeux de mots foireux et êtes enfin prêts à devenir le nouveau Ruquier japonais.
Non, ne me remerciez pas.

–  Shimo neta

Le shimo neta 下ネタ est ce qu’on pourrait traduire par « en dessous de la ceinture ».  Aaah, bah ça oui, les blagues salaces ça, c’est universel, on ne se refait pas.
J’ajouterai toutefois la nuance qu’on en trouve assez peu dans les médias/films/émissions. Du moins, moins ouvertement que chez nous.
L’humour coquin existe bel et bien, mais plus pour des discussions entre amis ou avec un coup dans le nez (et les Japonais sont rarement les derniers pour boire un petit verre…donc vous devriez découvrir rapidement les  joies  de l’humour libidineux).
Vous connaîtrez également le bonheur des blogs sur les carottes ou encore les navets

Comme la nature a été généreuse avec moi et m’a dotée d’une paire de roberts telle qu’on en voit jamais rarement au Japon,  un jour que je me baignais innocemment à la plage dans mon bikini (on met rarement une combinaison de ski pour aller se baigner…), on m’a gratifiée d’un superbe combo oyaji gag/shimo neta en me balançant un très élégant « Opparadise !! » (oppai voulant dire seins…).
Voyez, ils ne font pas dans l’humour noir mais peuvent exceller dans la finesse…

4 – Dans les médias

Pour ce qui est de l’humour dans les médias, le concept du Oneman-show à la Gad El Maleh est inexistant. Les comiques sont très généralement des duos, et sauf erreur de ma part car ça fait déjà un moment que je n’ai plus la télé, c’est dans la majeure partie des duos masculins. Notez que la ville réputée pour ses nombreux humoristes est Ôsaka, souvent décrite comme la ville de l’humour. Et je les rejoins sur ce point, on se marre beaucoup plus avec les gens d’Ôsaka qu’avec ceux de Tôkyô en général. Ôsaka is love.

L’humour qu’on voit à la télé est relativement simple, terre à terre. On va avoir un duo à la Laurel et Hardy, racontant une scène du quotidien et très souvent l’un passe pour le benêt pendant que l’autre le rabroue à coup de tapes sur la tête.
L’humour Japonais est finalement plutôt clownesque, très gestuel.  Dans le visage, dans les mouvements, dans les vêtements. Beaucoup de déguisements, de personnages créés. J’ai l’impression qu’il y a finalement très peu de comiques naturels, ils jouent tous un rôle poussé.
Parfois j’ai l’impression que l’humour japonais a quasi 100 ans de retard sur l’humour européen, à l’époque de nos Charlots et autres. On n’aborde pas les tabous, on reste sur du quotidien, du pas méchant, de la parodie, du mime. J’ai presque envie de dire de l’humour pour enfants.
Comme je n’ai plus la télé depuis deux ans, je ne connais pas trop les humoristes en vogue mais il y a quelques années, j’aimais bien le personnage Hard Gay (de son nom entier Leather Ramon Hard Gay). Comme la plupart des comiques, il avait son propre personnage et lui eh bien… c’était le cliché du Gay mysogine à la Pédale Douce.
Habillé de cuir et court vêtu, il s’incrustait dans des lieux improbables (restaurants, entreprises, écoles…) pour y foutre son bordel, troller à tout va, faire des avances à tout ce qui bouge de masculin et se mettre les bras en croix pour pousser son fameux cri suraigu : « HOOOOOO !!!! »
Ses blagues, principalement basées sur du shimo neta,  font que pas mal de Japonais le trouvaient de mauvais goût et il est aujourd’hui passé aux oubliettes. Bon j’avoue que c’était loin d’être fin mais son « HOOOO ! » est juste magique.
Et puis, c’est le premier comique dont j’ai compris les vannes quand j’étais en deuxième année de Japonais (esprit mal tourné quand tu nous tiens…) et m’a offert mes premiers rires sans sous titres.
Pour ceux qui maîtrisent le Japonais ou la langue de Shakespeare (il y a les sous-titres anglais), voici une vidéo où il accuse YAHOO ! d’avoir volé son « HOO ! » pour leur titre et s’incruste dans l’entreprise pour exiger une collaboration et devenir la mascotte d’une de leurs publicités. Je ne sais pas si ça vous fera rire car c’est assez spécial, mais moi je ne me lasse pas du final.

Bref, je vous choisis un personnage un peu extrême, mais quoiqu’il en soit les humoristes japonais font rarement dans la finesse et surjouent leur rôle à l’extrême, jouant sur le cocasse et le décalé.
Après, il y a certainement quelques humoristes plus subtiles, mais je n’ai  pas encore le niveau pour y accéder…  Une fois (bon c’était il y a quelques années, je ne sais pas aujourd’hui) j’étais tombée sur un humoriste à texte, assis seul sur scène à faire un monologue, et je n’avais strictement rien compris.
On m’a dit une fois qu’on était parfaitement bilingue qu’une fois qu’on était capable de se disputer dans la langue de l’autre.
Je ne pense pas que ce soit suffisant. On est parfaitement bilingue quand on a accès à toutes les subtilités d’une langue et qu’on est capable de rire avec les natifs de certaines blagues sans passer à côté.

Voilà, maintenant vous avez presque toutes les clés pour rires avec vos amis Japonais tout en évitant de les froisser ou… de créer l’effroi sur le net en déclarant que les Japonais entretiennent leurs cafards avec affection…

Le Japon de vos rêves

      58 commentaires sur Le Japon de vos rêves

Ce soir j’ai décidé de vous emmener loin et de vous vendre du rêve. De vous présenter le Japon comme jamais il n’a été fait parmi tous les sites, magazines ou livres sur le sujet.
Ce soir je vais être underground, et vous parler de ce qu’on ne trouve jamais sur les écrits sur le Japon et qui représente pourtant toute une facette de ce qu’il est.
Nous entrons dans la deuxième partie du moins de juin, les températures sont enfin au-dessus de 25 degrés, malgré la saison des pluies le soleil nous fait l’honneur de sa présence de temps à autre… L’été n’est plus qu’à quelques jours , juillet et août nous offriront leurs joies diverses sous peu.
Et là, amateurs de farniente que vous êtes, vous pensez très certainement vacances, plages, bikini et autre bronzette.

Sauf que vous êtes complètement à côté de la plaque, bande de naïfs.
Certes je vais vous parler d’une particularité estivale japonaise, mais pas de feux d’artifice ni de matsuri. Ne vous ai-je pas dit que j’aborderais une facette peu évoquée ?
Non, aujourd’hui il sera question de cafards.

Oui oui, la bestiole à six pattes dégueulasse avec les antennes là.
Non, l’été japonais ne se passe pas au bord de la rivière Sumida habillé de votre Yukata bon marché déniché à Asakusa ou au sommet du mont Fuji admirant le plus beau lever de soleil jamais vu, ça c’est les sornettes qu’on vous vend pour pas faire chuter le tourisme.
En réalité, l’été japonais se passe  terrorisé au fond de votre chambre, n’osant bouger, face à la Bête.
Car sachez que si vous avez l’insigne honneur de passer sur l’archipel en plein été, il vous sera quasiment impossible de passer au travers.
Ils sont partout.
Partout.
PARTOUT.

Peut-être même là, sous votre chaise au moment même où je vous parle. *musique stridente de film d’angoisse*

…Alors, z’êtes combien à avoir regardé sous votre chaise ?

Si mon entomophobie (phobie des insectes) me rendra peut –être un peu Marseillaise sur les bords avec de LEGERES exagérations, il faut savoir que si ça mérite un poste c’est que je vous parle là de cafards de compétition. Pas de la petite blatte de chochotte qui viendra vous chatouiller les doigts de pieds une fois tous les dix ans dans votre mansarde parisienne délabrée et insalubre pour venir compléter dignement votre panoplie de Cosette.
Non, là je vous parle de cafards d’élevage, du véritable Hulk à six pattes, du vrai visage de Godzilla.
Et pourtant, comme les guides du Japon et les offices du tourisme sont d’incroyables cachotiers et que mon premier voyage s’est déroulé en novembre, je n’aurais jamais imaginé ça avant de venir y vivre.

Voyez, j’ai la chance d’être entomophobe (doublé d’arachnophobie, car oui j’y tiens, l’araignée n’est pas un insecte). Je ne vous parle pas de cette petite peur qui vous fera crier d’une voix fluette en courant vous réfugier dans les bras du premier jeune homme venu, musclé et au sourire ravageur qui pour la peine, trouvera votre réaction tellement mignonne qu’il en demandera votre main sur le champs.
Non non, déjà moi dans mon cas y’a jamais de jeune homme (musclé ou pas) dans les alentours, je vis toujours ma terreur désespérément seule. Et je ne vous parle pas d’une peur, aussi forte soit elle.
Je vous parle d’une phobie au sens maladif du terme. Une angoisse, une obsession.
Il faut savoir que je fais ma vie en fonction des insectes.
Bon déjà je suis con car je les cherche en permanence. Là où vous tomberez dessus par hasard avec effroi, moi je suis toujours à l’affût. Le regard dans les coins de pièces, les branches d’arbres et dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui, les bouches d’égout et les recoins sombres.
Tellement angoissée à l’idée de tomber dessus que je ne peux m’empêcher de regarder chaque endroit où ils seraient susceptibles de se nicher…. Donc forcément je tombe dessus.
Je n’ouvre pas mes fenêtres en été et préfère crever de chaud dans la fournaise, je vide mes poubelles tous les jours même quand y’a rien dans mes sacs et que c’est pas le bon jour (houuu, la mauvaise citoyenne), je me gaze toute seule avec mes insecticides me tuant à moitié avec eux et autres comportements ridicules.

Mon plus grand point faible était jusqu’à ces dernières années l’araignée. Enfant du diable à 8 pattes, tissant vicieusement sa toile dans les moindres recoins.
Quand je suis entrée en fac de Japonais, avide de rencontrer l’autochtone, je mettais le grappin (comme tout autre première année avant et après moi) sur absolument tout Japonais en échange universitaire sur nos terres.
Et lorsque par un détour douteux de conversation j’en venais à dire que les araignées étaient de la pire espèce, me rendaient complètement hystérique, provoquant moult crises d’angoisse et autres crises d’asthme, mes joyeux compères bridés renchérissaient d’une même voix « Oh non !! Les cafards sont bien pires ! ».
S’ensuivait alors un débat enflammé araignée vs cafard, la veine sur le front et le poing sur la table (avouez que vous enviez mes soirées étudiantes…).
De mon point de vue, certes les cafards étaient de la pire espèce, mais pour peu qu’on ait un minimum d’hygiène et un bâtiment pas trop négligé et il y avait peu de chance d’être emmerdé.
Impossible pour moi de comprendre pourquoi les Japonais s’entêtaient à dire haut et fort que les cafards étaient le fléau de ce monde quand moi, j’en avais jamais eu un chez moi.
Je restai donc sur mes convictions arachnéennes, filles du Malin.

Puis il y eut Osaka.
Comme le savent ceux qui me connaissent depuis un moment déjà, ma première année au Japon eu lieu en 2006-2007 lors d’un échange universitaire.
Arrivée au début de l’automne, j’ai donc pu conserver ma douce et enviable innocence jusqu’à l’été suivant.
Et alors que l’été 2007 arrive à grands pas, je décide comme à mon habitude, de sortir à 3h du matin en pyjama pour aller faire mes courses. Normal.
Habitant au rez-de-chaussée, je sors et aperçois sans m’y arrêter une énorme tache noire devant ma porte.
Ovale, flirtant les 10cm.
Naïve idiote que je suis, je me dis « tiens, j’avais jamais remarqué que y’avait une tache là ! » et je continue mon chemin le cœur léger.
…Heureux sont les simples d’esprit.

Je reviens de la supérette, la tache n’est plus là.

*replay de la musique stridente de film d’angoisse*

Je n’ose imaginer l’ignoble vérité. Ce n’est pas possible. Je ne peux y croire.
NON.
Je me dépêche d’ouvrir ma porte dans le noir de la nuit en essayant de vérifier que la « tache » ne traîne pas tapie dans le coin, prête à entrer dans mon doux cocon à mon insu. Il fait 30 degrés mais la sueur qui me coule dans le dos est glacée.
Je suis passée près cette fois, mais j’ouvre un peu les yeux sur cette douce réalité que j’ignorais jusque-là. Oui, il existe des bestioles de cette taille. Evoluant dans le noir en plus…

Au début de l’été je pars en voyage quelques jours et reviens fourbue. Flemme de ranger, je laisse ma valise défaite au sol, les affaires mélangées au sol. Trop crevée, je rangerai demain.
Bien m’en a pris…
A 20h je décide d’aller me coucher pour récupérer, mais ce soir-là miyavi passe à la télé à minuit et demi. Et aucune fatigue ne vaut de laisser miyavi seul et abandonné dans mon écran à tubes cathodiques (oui cet épisode remonte à la préhistoire).
Je mets donc mon réveil à minuit vingt cinq pour admirer le passage de Dieu à l’antenne.
Sauf que je ne le vis jamais (sombre histoire que celle qui vous est contée aujourd’hui).
Car ce soir-là, quand je me suis réveillée les yeux lourds mais le cœur léger afin d’accomplir ma destinée de fangirl, tout ce que j’ai vu en allumant la lumière c’est pas le délicieux et délectable miyavi, mais la « tache » matérialisée sous mon nez.
La Bête.
Le Monstre.
Représentation parfaite de tout ce qu’il y a de plus ignoble sur cette terre (plus effroyable que les sourcils d’Emmanuel Chain, puisque je vous le dis).

Je vous épargnerai la crise, la PANIQUE, qui a suivi par la suite, le coaching de mon meilleur ami pendant 40 minutes au téléphone au beau milieu de la nuit pour que j’ai la force de m’habiller et faire les trois pas qui me séparaient de la porte d’entrée, l’exode à plus d’une heure du matin dans les rues d’Osaka à me demander ce que je vais faire et la nuit passée dans un internet café à la recherche d’une bonne âme acceptant de se rendre chez moi dès l’aube pour une opération à la ghostbusters version cafard.

Mais ce n’était que le début de ce que je n’aurais imaginé et qui me pourrit doucement la vie chaque année de fin mai à début octobre.
Les cafards qui entrent chez vous par effraction quels que soient vos efforts pour l’éviter, ceux qui vous filent entre les jambes quand vous marchez tranquillement dans la rue (vécu), ceux qui vous narguent plantés devant votre porte d’entrée attendant gentiment que vous rentriez pour s’incruster (je ne compte plus le nombre de fois où j’ai attendu dans la rue en pleine crise de larmes qu’un passant arrive et fasse fuir l’innommable furoncle pour que je puisse rentrer chez moi), ceux qui vous attendent patiemment dans votre évier le sourire jusqu’aux antennes (vécu, même dans la baignoire…), ceux que vous apercevez furtivement courir sur le plan de travail de la crêperie à laquelle vous venez justement de commander une douceur (vécu…), ceux qui vous réveillent au beau milieu de la nuit car ils fouillent dans vos affaires et que vous entendez vos sacs chuinter à grand bruit dans votre deux pièces(vécu plusieurs fois…)… et j’en passe.
Ceci deviendra votre quotidien estival mesdames et messieurs.
Et essayer de dédramatiser la chose en leur donnant des prénoms de séries américaines comme Brandon ou Callaghan ne changera rien à votre désarroi (oui, j’ai en effet testé toutes les méthodes possibles pour m’en sortir…).

Et comme il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis, je retourne ma veste sans honte. Même si les araignées sauteuses ou vertes et grosses comme le poing qu’on trouve au Japon sont absolument infâmes et me mettent également dans un sale état, ce n’est que du pipi de chat, du caca de poupon, du cracha de lama à côté de leurs foutus cafards.

DOSSIER :

1. La Bête, sa vie, son œuvre

Tout d’abord, aussi allergique que vous soyez au japonais ou toute autre langue étrangère, je vous somme de retenir le nom de la chose en japonais : gokiburi. Prononcez « gokibouli ».
Déjà rien que la consonance est infâme et vous laisse un arrière goût d’enfer sous le palais.
Et comme les Japonais ont un humour encore plus noir que mon prince Jeremy Ferrari, il leur arrive – sous l’emprise de quelques drogues très certainement – de les appeler « goki-chan ».
Et quand on sait que « -chan » est un suffixe qu’on appose après le nom de quelqu’un pour affirmer une affinité ou lui donner un côté mignon, on comprend à quel point ils ont fumé la moquette.
Que Hello Kitty devienne « Kitty-chan », qu’un bébé devienne « Aka-chan », voire que je devienne « Sonia-chan », je veux bien, MAIS UN CAFARD BORDEL DE MERDE ????
C’est quoi votre problème les gars ?
Même Nadine Morano mérite plus un «-chan » qu’une blatte, on est d’accord ou pas ?

Outre son appellation, revenons au plus important : le CALIBRE.
Comme je vous le disais, je vous parle de cafards entraînés pour les jeux olympiques de l’odieux, pas d’un petit moustique à antennes qu’on défonce d’un coup de talon.
Là on dépasse le stade de l’insecte pour passer limite à la catégorie pachyderme.
Si vous avez de la chance, vous tomberez sur des bébés de 2 à 3cm, mais priez pour ne pas tomber sur maman ou papa qui chatouillent joyeusement les 7 à 8cm, voire plus pour les chanceux habitant le sud.
Vif, il se faufile entre vos meubles la carapace luisante et la patte souple, et vous aurez intérêt à l’avoir du premier coup sinon vous êtes quasiment sûr que vous ne l’aurez jamais. Il aura disparu, comme par enchantement, pour revenir vous horrifier au moindre prétexte une fois que vous l’aurez –difficilement- oublié.
Au grand jeu de la chasse entre l’humain nigaud et le perfide cafard, le gagnant est souvent le second. Donc n’hésitez pas à vous entraîner à dégainer prestement votre Baygon en spray de son fourreau, fièrement accroché à votre taille, pour espérer avoir le dessus. (Mettez the eyes of the tiger en musique de fond pendant vos entraînements intensifs, ça devrait aider).

Mais au Japon, il faut savoir que la créature ne se contente pas de vous rendre fou en slalomant avec agilité entre vos arpions… puisqu’elle vole aussi.
Oui au Japon on n’arrête pas le progrès et leur prototype sont un level au dessus des nôtres et ont gagné grâce aux joies de l’évolution d’ignobles ailes. Ils peuvent donc à tout moment vous voler sur la tronche.
Dans sa grande clémence, Dieu m’a épargné jusqu’à ce jour cette inimaginable expérience. Touchons du bois, les autres sont bien assez traumatisantes, merci.
Enfin, l’animal est aux limites de l’immortalité. L’insecticide vous aura coupé le souffle, rendu rouge de suffocation et perforé un de vos poumons avant que cette merde grosse comme votre doigt ne se décide à crever.
Un coup de balais ou de savate équivaut à une petite tape sur l’épaule pour la chose qui, à peine ébranlée, poursuivra sa course sous votre frigo pour revenir vous titiller quand ça lui chantera.
L’écraser ? Bien, mais ne lésinez pas sur le nettoyage après car vous avez une chance sur deux de tomber sur une femelle qui se fera un plaisir de vous pourrir une dernière fois la vie en pondant sur le coup tous ses œufs dans votre chaleureux home sweet home.
Lui arracher la tête pour ne pas l’écraser ? Sachez qu’un cafard peut même vivre sans tête, il finira juste par mourir de faim au bout d’un moment mais cela peut prendre plus d’une semaine et je ne suis pas sure que cohabiter avec le cavalier sans tête de microcosmos vous réjouira forcément.

Terminons sur cette note positive que si sur un malentendu vous avez triomphé de votre visiteur indésirable, un cafard n’est jamais seul et sa petite famille n’est surement pas bien loin. *sourire contrit*

Bref, soyez avertis. La petite bête ne mange peut-être pas la grosse, mais elle saura vous pourrir la vie comme il faut.

2- Les Japonais face au Fléau

Bon alors déjà entendons-nous sur une chose, les Japonais tendent le bâton pour se faire battre. Comme ils aiment collectionner les catastrophes pour s’entraîner pour la fin du monde, ils cultivent cette plaie avec un soin absolument remarquable.
Certes, ils vous endormiront avec toutes sortes de produits derniers cris pour vous faire croire qu’ils cherchent à s’en débarrasser, mais ce n’est qu’un leurre. Il est évident que l’autochtone est de mèche avec la Bête, qu’il l’entretient en offrandes diverses et variées dans le seul et unique but de vous emmerder.

Outre les restaurants ouverts à n’importe quelle heure du jour et de la nuit sur chaque cm² de la surface japonaise qui n’aident pas, les Japonais ont la FACHEUSE coutumes de déposer leurs poubelles parterre dans les rues.
Certes, les jours de ramassage des poubelles sont censés être fixes et la sortie des poubelles ponctuelle, mais au final on trouvera quand même les poubelles de monsieur et madame tout le monde dans les rues tous les jours.
Et un tas d’ordures, de restes de bouffe en tous genres donnés en pâture à la sortie des bouches d’égout c’est l’équivalent d’un autel rituel garni d’offrandes pour faire revenir son dieu maudit des enfers ou je ne m’y connais pas.
Et quand – comme moi – vous avez un voisin complètement abruti qui s’amuse à attendre le jour des poubelles en déposant les siennes non pas à l’endroit prévu à cet effet dans la rue, mais juste devant sa porte (soit à 2 mètres de la mienne), vous avez des envies de meurtre qui dépassent de loin le génocide de cafards.

Comme si c’était déjà pas assez drôle de les attirer en dehors de leurs souterrains nauséabonds avec des poubelles-buffets-à-volonté, les architectes japonais ont décidé de pimenter la chose en faisant en sorte d’offrir tous les interstices possibles au gêneur. Par exemple votre boîte aux lettres sera très souvent une simple fente dans votre porte d’entrée, donnant directement de l’extérieur et ses dangers à votre douce demeure.
COMME C’EST COMMODE.

N’oublions pas de nombreuses bouches d’aération donnant directement sur le dehors et autres trous en tous genres qui n’ont l’air d’exister que dans le simple but de transformer votre appart en squat à cafards.
Tout pour vous faire sentir impuissant et paranoïaque.
Encore une fois on essaye de vous faire croire que l’on est de votre côté en posant une moustiquaire aux portes coulissantes de votre balcon, mais ce n’est qu’un faible barrage puisqu’elle ne couvre pas toute la largeur de votre balcon et qu’il est donc facile de passer entre la moustiquaire et la porte en passant par les côtés. Ouvrir votre balcon sous prétexte que vous avez une moustiquaire n’est qu’un leurre, si une bestiole est décidée à taper l’incruste, elle viendra et puis c’est tout.

Enfin, qu’ils craignent ou non, les Japonais auront toujours des FABULEUSES histoires de gokiburi à vous raconter afin d’alimenter votre psychose.
La foi où untel s’est réveillé avec un cafard sur le visage (joies du futon…), la foi où il a écrasé la bête et qu’elle a pondu ses mioches en ultime revanche…
Les pires étant très certainement les histoires d’Okinawa (vous savez les îles tropicales vendues comme des plages paradisiaques ?) qui est manifestement un nid de la pire espèce. Des mastodontes de 10cm volant entre vos têtes lors d’une balade romantique sur la plage…
La dernière histoire en date qu’on a raconté à une de mes amies en échange universitaire à Okinawa a été «Méfie toi, à Okinawa les cafards sont tellement horribles que rien que si tu manges un ramen et que tu t’essuies pas le visage après avoir mangé, ils peuvent te voler sur le coin de la bouche attiré par l’odeur ».

Ca vous laisse rêveur n’est-il pas…Bref, le fait est que si je rêve d’aller moi aussi à Okinawa, je n’y foutrai JAMAIS, AU GRAND JAMAIS  les pieds en été.

En gros, les Japonais sont fourbes : ils ont tout organisé pour les attirer dehors, leur donner plein de portes d’entrée chez vous et enfin viendront mettre de l’huile sur le feu de votre névrose.

Voilà, vous êtes seul contre 127 millions de Japonais et des milliards cafards quasi invincibles manifestement tous ligués contre vous, et votre maman est à 10000 bornes et ne peut rien faire pour vous.
Maintenant que vous êtes conscient de la réalité et ses dangers, on va pouvoir parler sérieusement.

3. Survivre.

Alors comment on fait quand on est entomophobe et qu’on se retrouve dans la fosse aux lions cancrelats.
Déjà on pleure. Beaucoup. Et on regrette d’avoir eu un coup de cœur pour ce pays si ingrat.
Ensuite on dort peu. Parfois la lumière allumée car on sait qu’ils n’aiment pas ça. Parfois avec de la musique dans les oreilles, pour ne pas entendre un froissement de sac ou autre bruit suspect.
Vous qui étiez bordélique 8 sur l’échelon d’un candidat de secret story (et tous ceux qui auront regardé l’émission en secret se souviendront dans quel état ils mettent leur maison et comprendront de quoi je parle) deviendrez maniaque. Votre appartement pourra ressembler à une maquette de l’apocalypse en hiver, dès que la température dépassera les 20 degrés il sera irrémédiablement rangé, astiqué et vidé de toutes poubelles à la seconde.
Vous prendrez tous les remèdes de grands-mères au pied de la lettre « les gokiburi n’aiment pas l’odeur de la menthe », « la lavande les repousse »(j’ai d’ailleurs une amie japonaise qui fait pousser de la lavande sur son balcon pour la peine…) et autres.
Vous éviterez malgré vous de manger chez vous pour avoir le moins de choses possibles susceptibles de les attirer. Vous vous direz que vous êtes marteau et que votre phobie va trop loin, puis apprendrez avec effarement qu’un autre expatrié à Tôkyô fait exactement la même chose et que vous n’êtes peut-être pas si tarés (ou alors on est au moins deux…).
Enfin, vous passerez des heures au rayon gokiburi de chaque pharmacie ou supérette (car oui, en France si les crèmes solaires font les devantures de magasins, ici c’est les pièges à cafards) et découvrirez qu’il existe mille et un produits selon votre profil de lutteur anti-cafard.

Vous ne supportez pas l’idée de le ramasser et le sentir, énorme entre vos doigts, après l’avoir tué ? Un spray gélifiant qui l’enveloppera dans une boule de gelée fera l’affaire.
Vous ne vous sentez pas de les affronter en face à face ? Des bouteilles de gaz toxique à mettre en branle dans votre chambre le matin avant de quitter la maison jusqu’au soir feront fuir absolument toute forme de vie.
Vous aimeriez bien essayer de prévenir plutôt que guérir ? Des pièges contenant des sucreries empoisonnées les attireront, les déviant de leur trajet vers votre jolie maison. Poisons qui tuent généralement les œufs avec, et jusqu’aux autres cafards grâce aux selles du cafard contaminé (je vous avais dit que je vous ferais rêver avec cet article).
Vous êtes traditionnel et préférez le bon vieux spray ? Des sprays, tellement forts qu’ils n’hésiteront à vous tuer avec , devraient répondre à vos attentes. Certains font double spray pour agrandir l’angle d’attaque et prévenir la rapidité de mouvement du cafard. D’autres seront équipés d’un spray en forme de petite baguette d’un vingtaine de centimètres pour viser à distance et atteindre le fuyard jusque dans les plus étroits interstices.
Vous n’aimez pas l’idée de faire mal à la pauvre bébête et vos poumons avec ? Il existe des moyens presque naturels avec des sprays de froid, crachant un air à -85°C qui figera la bête à la seconde et vous permettra de vous en débarrasser en toute tranquillité.
Bref, les magasins ne manquent pas de produits et trouvailles en tous genres, et certaines ont l’air un minimum efficaces (à voir quand même sur le long terme…).

Après il est évident que le logement reste un facteur essentiel et que vivre au rez-de-chaussée est synonyme d’invasion. Plus vous habiterez haut et plus vous augmenterez vos chances de vivre un été tranquille.
Malheureusement… Les agents immobiliers ne sont pas fous et savent que les logements en hauteur sont prisés et plus vous habiterez haut, plus vous payerez cher.
Pauvresse que je suis et n’ayant pas compris/su au début que l’étage jouait un rôle principal dans cette quête de la vie sans cafards, mes trois premiers logements Japon étaient situés au rez-de-chaussée. Je n’avais pas compris que si je payais 100 euros moins cher pour exactement le même appartement c’était qu’il y avait anguille sous roche.
Ou baleine sous gravillon.
Ou cafard sous cuisinière.

Aujourd’hui j’ai évolué socialement alors je suis presque au deuxième étage, waouw (le rez-de-chaussée est à moitié en sous-sol donc le premier étage est à peine surélevé…) mais le fait est que ça ne suffit pas, d’autant plus que la montée à mon étage se fait par un escalier extérieur et que rien n’est fermé.

J’ai donc décidé de devenir riche d’ici l’été prochain et de déménager en 2013 au moins au dixième étage d’une tour neuve et dont la porte d’entrée donne sur un couloir intérieur et non extérieur. Quitte à payer le double d’aujourd’hui pour une cage à lapins.
La psychose n’est plus possible, je ne supporte plus ces étés à fleur de peau à angoisser.
Donc si vous craignez les bébêtes et que vous avez la chance de ne pas être à quelques yens près, n’hésitez pas à prendre un logement en hauteur.
Certes, en hauteur les tremblements de terre sont nettement plus intenses, mais je préfère affronter ça qu’ un cafard. Et c’est quelqu’un qui a cru crever le 11 mars qui vous le dit.

Pourquoi un pavé sur les cafards ce soir alors que je vous promets depuis des mois un post sur mon premier baito ?

Parce qu’il commence à faire chaud, que l’heure des cafards est venue.
Et alors que j’ai jusqu’ici été tranquille dans cet appart, là je viens d’en avoir 2 en moins de deux semaines.
Un le soir où je suis revenue de France venu bien aimablement me souhaiter la bienvenue au pays et un ce matin. Bien que j’avoue que celui de ce matin je ne l’ai pas vu, c’est mon amie qui a emménagé avec moi récemment qui lui a fait son compte au réveil, prenant sur elle et en silence pour ne pas que je psychote. Sauf qu’en bonne phobique, je suis aussi paranoïaque et qu’au changement de place de certains objets stratégiques, j’ai compris de suite qu’il y avait eu bataille dans mon dos.
Le fait est qu’on a de la chance jusque là, la saison commence à peine et on a eu droit à des petits ne dépassant pas les 3cm (bon, moi ça me suffit pour faire des crises d’angoisses qui terminent en crises d’asthme, mais je parle de chance dans le sens où c’est un format que ma coloc arrive encore à gérer). Mais le fait est que ça fait deux en pas longtemps, et que j’en ai gazé un autre petit à un mètre de ma porte il y a 3-4 jours.
Ce qui veut donc dire qu’il y a nid pas loin.
Et petits deviendront grands.

Et sur cette horrible réalité qui m’atteint en plein visage comme une bonne grosse baffe de mon imposant papa après bêtise, il s’avère que mon amie rentre en France pour trois semaines pas plus tard qu’après-demain.
Me voilà donc seule et terrorisée à un point que vous n’imaginez même pas.
Et alors que je viens de passer la soirée à mettre du chatertone sur tous les interstices suspectes et dépenser plus de 40 euros de produits en tous genres pour me rassurer, le fait est que je me sens seule comme jamais avec toutes mes munitions.
Puisqu’ il me manque l’arme principale : le mental.
J’envie tout imbécile heureux qui me répondra d’un air dédaigneux « ça fait pas de mal, ça pique même pas, même si tu le chopes dans tes mains ça te fera rien du tout, tu vas pas crever ».
Chanceux est celui qui ne connaît pas la phobie, aussi irrationnelle soit-elle.

Rions mes bons, la saison de la psychose a commencé.

Nostalgie et génèse de ma carrière…

Comme raconté hier sur la fanpage, je reviens d’un petit séjour en France.
Occasion bien entendu de retrouver famille, amis, pain, fromage et kilos superflus, mais aussi en bonne geek que je suis, de fouiller mon vieux PC resté au bercail et retrouver des vieilleries collector à mes yeux.
Dont celles qui vont suivre que j’ai envie de poster ici par nostalgie et aussi parce que finalement elles font partie des choses qui, de fil en aiguille, m’ont amenée à venir en chier comme une morue sur mon île d’Extrême-Orient.

Quelques-unes des personnes qui me lisent ici et qui me « suivent » depuis quelques années, le font depuis mon site sur miyavi, mais il faut savoir qu’avant de me jeter à corps perdu dans ce site de traduction sur lui, un autre site avait volé mes nuits de sommeil pour la rédaction d’articles en tous genres… (à cette époque lointaine où j’étais encore régulière dans mes mises à jour… car si, c’était au siècle dernier CERTES, mais j’ai été un jour régulière).

Et donc je faisais un site… sur Sailor Moon. xD
Mon premier site, mes premiers pas sur la toile.
Non, je ne vais pas jeter ma fierté aux orties en vous montrant mes premières pages web ( j’ai quand même un minimum d’amour-propre…) mais une petite création de mon cru qui m’a fait beaucoup sourire quand je l’ai revu.

Sailor Moon ayant bercé (obnubilé ?) mon enfance, j’ai été nostalgique avant l’heure en me replongeant dans les épisodes vers l’âge de 15 ans, et me suis lancée dans un site sur le sujet quelque temps plus tard pour m’occuper. Oui, il y a des ados qui fument et font le mur pour aller en boîte, d’autres qui essaient d’apprendre le html pour faire des sites sur Sailor Moon… à chacun sa rébellion.
Un site fournissant toutes les infos que je pouvais trouver, faisant des études comparatives entre les versions japonaise, française et américaine (qui si, changent du tout au tout à vrai dire, bonjour censure), expliquant certains aspects de la culture japonaise à travers les thèmes abordés dans les épisodes (Shintoïsme, O-hanami, Tanabata et j’en passe), sujets qui petits à petits m’ont éloignée de Sailor Moon pour me donner de l’intérêt pour le Japon en général qui de fil en aiguille m’a menée en fac de Japonais, jusqu’à tout lâcher pour vivre là-bas.
Evidemment, je ne dirai pas que je suis venue au Japon pour Sailor Moon, ce serait complètement faux et réducteur puisque le monde des animés et manga ne me touche plus beaucoup, mais il est indéniable que ça a largement influencé ma vie et mes centres d’intérêt pour la suite.

Ce site m’occupait pendant des heures, des nuits, des semaines… Je regardais les épisodes en quête d’un nouveau sujet, de la faille, des pépites à pleurer de rire du doublage français… et je ne m’en lassais jamais.
Du pain béni quand la série télé fut tournée quelque temps plus tard, une succession de scènes plus mal jouées les unes que les autres et entraîna mon amour douteux pour les dramas asiatiques.

Parmi les vieux fichiers stockés sur mon ordinateur, je me suis aussi rappelée l’organisation que j’avais faite des  « Bidons d’Or », reprenant justement ces scènes, et j’ai retrouvé dans mes dossiers collectors celle qui avait reçu la palme par mes visiteurs et que je vous reupload pour l’occasion, elle mérite :

Avouez qu’avoir les lunettes fendues quand on se fait pourfendre le DOS, c’est fantastique… \o/

En plus des divers résumés, commentaires et autres, j’aimais bien organiser des concours et jeux sur mon site avec des trucs à gagner. Des marques pages ou calendriers Sailor Moon faits maison, etc.… et des vidéos !

Et j’ai retrouvé l’une de ces vidéos « cadeau » que j’avais faite.
Je m’en souviens comme si c’était hier, j’avais fait un quiz, et si on avait 100% de bonnes réponses on obtenait un mot de passe pour accéder à une page où la vidéo était téléchargeable.
Evidemment, c’est une vidéo que j’ai fais il y a plus de 10 ans, avec mon âme de gamine, utilisant des surnoms qui me font honte  rire aujourd’hui et  la toute première version du logiciel Windows Movie Maker et la qualité est abominable(encore plus sur dailymotion d’ailleurs)…
Donc  ça n’a rien d’un chef- d’œuvre, mais ça m’a rappelé tellement de choses de la retrouver que je la mets, en souvenir de mon enfance Sailor Moon et de nos bonshommes en papier, et aussi pour les quelques personnes qui m’ont connue à l’adolescence via ce site, qui  sont devenues mes amies, mes meilleures amies, ont grandi avec moi et sont toujours là aujourd’hui, 10 ans plus tard.

Et aussi parce que ça fait partie de ma bulle aux merveilles, voici un montage foireux de deux minutes, part essentielle de mon adolescence.


Reportage : Les fringues de Bourdu par Meleika

Intellectuel n’est-ce pas ? ha ha
Mais tellement nostalgique.
J’aimerais tellement retrouver le temps et la passion pour me redonner à 300% dans un site comme celui là ou celui sur miyavi. Ne serait-ce que pour les rencontres et échanges incroyables que ça entraîne. J’ai lancé un nouveau site dernièrement dans l’espoir de recréer ça, mais toujours ces problèmes de temps que je n’ai pas, c’est énervant.
Quand j’y repense, ça me manque vraiment et vivement le jour où je pourrai me redonner à fond dans quelque chose.

Voilà, un post un peu mièvre et personnel ce soir, mais je fais ce que je veux, je suis chez moi ici. Nan mais oh ! è_é
 Je reviendrai un peu plus piquante, moqueuse et française perdue au Japon la prochaine fois.

Ah, et si vous croyiez qu’il était impossible d’allier le grand Gainsbourg à Sailor Moon, sachez que si c’est possible, et je vous le prouve avec une autre vidéo de mon cru de l’époque.

Et pour ceux qui se posent la question… oui, je n’avais vraiment que ça à faire, et NON, on a jamais su où ils avaient pêché le nom BOURDU, raaah !

St Valentin et White Day

      12 commentaires sur St Valentin et White Day

Non vous ne rêvez pas, c’est bien un deuxième post en moins d’une semaine que vous voyez là. Vile créature que je suis, je comptais bien vous abandonner de nouveau pendant trois mois et revenir comme une fleur me faire acclamer dans une foule virtuelle en délire avec un post de 3 lignes… Mais v’la ti pas que je me suis faite harponnée par le syndicat des lecteurs de ce blog, me réclamant avec fougue plus d’articles.

Alors comme vous êtes des gentils (sauf toi là), je me dévoue et sacrifie encore un peu de mon sommeil pour creuser une nouvelle fosse sous mes yeux et vous écrire quelques pages.

 Je reviens avec un sujet complètement différent du billet précédent plutôt sensible. Je reviendrai sur l’année 2011 et ses moult péripéties, la vie au Japon après le tremblement de terre, Fukushima, mon entreprise de tarés et ma vie d’Amélie Nothomb Premium mais pas aujourd’hui.
Respirons les enfants, aujourd’hui parlons de rose, d’amour, de niais, de sucré, de traditions… ou en d’autres termes, de fêtes commerciales.

En effet, cette semaine, le 14 mars, c’était le White Day.

 Bon les fans du Japon ou expatriés échoués sur ces pages sauront très certainement ce que c’est, mais comme ce blog est aussi tenu pour les amis de France et ma famille (en d’autres termes, des nippo-noobs), on va réviser ensemble.

Revenons d’abord au mois précédent, le 14 février.Soit cette exécrable fête qu’est la St Valentin.Comme toute célibataire aigrie qui se respecte, j’ai passé chaque 14 février à maudire tout couple sur au moins trois générations. Soyons honnête, en France la St Valentin quand on est seul, c’est comme Noël au Japon : c’est la fête de la loose.

 Au Japon la tradition est différente et, bien qu’horriblement commerciale, j’avoue avoir appris à apprécier cette fête, voire l’attendre avec impatience.

Au Japon, ce n’est pas vraiment la fête des amoureux (non ces mécréants ne respectent rien et l’ont déplacé à Noël, fête romantique… j’ai donc dû changer mes habitudes et maudire les amoureux un 25 décembre, n’importe quoi ! ) mais plutôt la fête du chocolat.
En effet, la fête a été importée… non pas par les amoureux mais… par les chocolatiers soucieux de vendre leurs petits ruine-ta-taille-38. Donc en gros, dès que Noël est passé (un peu comme carrefour qui essaye de vous vendre des tongs et des maillots de bain en février), les rayons vous assomment de publicités pour acheter des chocolats, de kits du petit chimiste chocolatier et autres cœurs en sucre multicolores.

Le Japon étant une société d’homme (oui, j’ajoute ma petite touche féministe), n’allez pas vous imaginer que les couples s’échangent des chocolats en bonne équité. Non non non, bande de rêveurs ! Non, le public visé est seulement la femme, qui doit offrir des chocolats à l’homme. L’événement ne vise pas forcément les couples à vrai dire, le concept étant de transmettre ses sentiments par ses chocolats.

Donc en gros, la St Valentin sert aussi à beaucoup de célibataire pour se « déclarer » à la personne aimée en lui faisant comprendre par des chocolats.
D’ailleurs, comme bien souvent quand on parle de sentiment, c’est la femme qui porte les couilles et doit faire le premier pas hein. Parce que l’homme japonais, pour lui faire cracher un brouillon de déclaration, faut déjà y aller.

Mais après – et c’est là que ça devient drôle – il y a plusieurs types de chocolats !

Explication :

1)      Les Honmei Choco (les chocolats d’amour).

En gros, ce sont les chocolats démontrant vos véritables sentiments. Dans le meilleur des cas, ils sont faits maisons. Le côté « j’en ai chié comme une morue pendant 4h devant ma casserole » donne un peu plus de profondeur et de valeur à ces chocolats ambassadeurs de votre amour. Et puis aussi, c’est l’occasion de démontrer vos talents de maîtresse de maison. Car soyons honnêtes, l’homme japonais est un peu préhistorique et le top 1 de ses conditions pour vous marier sera que vous soyez bonne cuisinière.

Je n’ai jamais établi le pourcentage exact (mais ça mérite enquête, clairement), mais quasiment à chaque fois que j’ai demandé à un Japonais quel était son genre de fille, la réponse a été « une fille qui sait cuisiner ».

Donc en gros, si vous êtes abonnées aux plats préparés en promo chez Auchan, achetez vite un bouquin de Cyril Lignac pour réviser avant de venir chasser du mâle pimponais sur ses terres.

Si vous êtes vraiment une bille et préférez acheter plutôt que d’empoisonner l’être aimé (avouons que ce serait balo), pour des honmei choco, il va de soi qu’il vaut mieux acheter des chocolats de bonne qualité chez un bon chocolatier plutôt qu’un snikers au combini, on est bien d’accord.

Pour parfaire votre déclaration à 500 calories, n’oubliez pas un emballage soigné (du rouge, des cœurs, des rubans, une rose… n’importe quoi), voire un petit mot si vous voulez réviser vos kanjis.
Approchez-vous de l’être aimé l’air niais et innocent, gloussez bêtement la tête penchée sur le côté et tendez votre boîte dans un battement de faux cils extra-longs procurés à Shibuya pour la modique somme de 300 yens.

Ajoutez un « Happy Valentine’s day » nasillard et n’hésitez pas à rougir et baisser les yeux en minaudant.

Voilà vous y êtes. C’est parfait.

 

2)      Les giri Choco (les chocolats de courtoisies).

Alors moi c’est les chocolats que je trouve les plus fourbes et par conséquent qui me font le plus marrer. En gros, c’est ceux que vous offrez plus par politesse qu’autre chose aux hommes qui forment votre entourage : collègues de bureau et patron en général, mais pourquoi pas aussi frères et amis.

En gros, une fois que vous venez de vous bruler un doigt et bousiller une casserole pour faire vos honmei choco pour l’homme de votre nuit vie, il faut aussi que vous sortiez le portefeuille pour les collègues.

En gros, on pourrait aussi les rebaptiser « les chocolats hypocrites », car souvent, si la demoiselle en question n’a pas envie d’offrir quoi que ce soit à ses collègues mais se sent obligée, elle se contente d’un sachet de chocolats bon marché à un euro prit à la caisse de la supérette du coin.

Bon évidemment, le receveur n’est pas dupe et a bien compris que vous ne lui déclarez pas une flamme passionnée, mais il pourra tout de même s’estimer heureux de pouvoir entretenir ses carries grâce à vous.

Evitez les battements de faux cils et la bouche en cœur pour cette remise, vous auriez cette fois l’air ridicule à jouer les princesses troublées avec vos chocolats du pauvre à la main.

 

3)      Les Sewa-choco (les chocolats de gratitude).

En gros vous les offrez pour un homme envers qui vous ressentez de la reconnaissance. Votre père, quelqu’un qui a pris soin de vous, vous a rendu service. Ca peut être des chocolats faits maison mais de bons chocolats sont tous aussi bienvenus.

Je trouve le concept de ces chocolats sympas.

 

Voilà en gros pour les trois principales catégories de chocolats.

Chaque année au mois de février, le mâle japonais s’apprête à se faire seppuku au cas où il perdrait son honneur de samurai des temps modernes en ne recevant aucun chocolat (à chaque époque son code de l’honneur, que voulez-vous).
Vraiment, ça paraît très important (notamment les étudiants) pour leur petite fierté testostéronnée de recevoir au moins un chocolat et si possible, pas de maman.
Souvent les étudiants écrivent un blog ce jour-là pour se vanter et dire le nombre total de chocolats reçus (et ceux qui n’ont rien eu rasent les murs…).
C’est un peu aussi comme ça qu’ils mesurent leur cote de popularité.

En gros c’est vous avec vos chocolats qui avez le pouvoir de faire de quelqu’un un mec populaire ou un looser, que de responsabilité ! Vous pouvez même être un peu fourbe en offrant des chocos qu’on sait pas trop si ce sont des chocolat d’amour ou de courtoisie et laisser planer le doute…

 
Un mois jour pour jour après la St Valentin, soit le 14 mars, a lieu le White Day.
Le jour où les hommes doivent répondre aux femmes qui leur ont offert des chocolats. Dans le cas des honmei choco, l’enjeu est de taille ! En gros, si l’être aimé ne vous offre rien en retour au White Day, vous vous êtes pris un gros râteau.
S’il vous offre un petit paquet de chocolat en retour, y’a peut être moyen de le négocier…
S’il vous offre un bijou, c’est dans la poche et vous pouvez aller acheter de la lingerie fantasie pour fêter ça au plus vite.
Même si en toute logique, le bijou en retour est plus offert pour des personnes déjà en couple…

Pour des giri-choco ou sewa-choco, généralement l’homme se contente d’acheter un paquet de chocolats ou de biscuits plus ou moins bon marché pour l’occasion.

Une vieille tradition veut que normalement le cadeau du White Day en retour aux chocolats de St Valentin soit d’une valeur trois fois plus élevée que les chocolats reçus. Mais pour ceux qui reçoivent beaucoup de chocolats ou tout simplement parce que c’est relativement injuste, cette tradition n’est plus vraiment respectée.

Notons, même si ça n’a rien à voir avec le Japon, qu’en Corée du Sud ils ont même instauré le Black Day, qui a lieu encore un mois après soit le 14 avril. Le Black Day est lui pour tous les laissés-pour-compte qui n’ont ni reçu de chocolats à la St Valentin, ni offert de cadeau en retour. Ils se retrouvent alors pour manger et boire ensemble (pour oublier ? )

 

J’ai offert mes premiers chocolats lors de mon échange universitaire en 2006-2007 à Osaka.

J’avais dans mon entourage un peu plus qu’un ami mais moins qu’un amour (appelons ça un amimour), et son narcissisme n’ayant d’égal que sa beauté (je suis superficielle et m’entiche rarement de laideron… ) il m’avait réclamé lui-même ses chocolats. Comme j’aimais bien le faire dégringoler de son ego surdimensionné j’ai envoyé bouler sa requête mais en vrai, j’étais trop excitée à l’idée de tester cette tradition pour la première fois pour refuser vraiment.

J’ai vu les choses en grand (toujours avoir de l’ambition dans la vie), en décidant de les faire moi-même alors que je sais à peine cuire un œuf.

Comble de malchance, aucun livre de Cyril Lignac sous la main. J’ai donc acheté un de leurs kits de chocolat pour nullos de ma trempe et traduis la recette.
« Faire fondre au bain-marie ».
Bien. Je ne sais pas ce que c’est qu’un bain-marie (je vous avais dit que j’étais nulle !)
Je m’apprêtais déjà à balancer mon chocolat dans de l’eau chaude hein. A ce stade, je vous autorise à rire et vous moquer.

Comme je me dois de remplir mon rôle de fille ingrate, j’en veux directement à ma mère. Comme d’habitude, tout est de sa faute à cette coquine, si elle me faisait me bouger mon cul au lieu de tout me servir sur un plateau d’argent aussi ! Je lui fais prendre ses responsabilités et la mail expressément pour qu’elle comble mes lacunes culinaires inavouables.

Par un drôle de miracle –sûrement la chance du débutant- j’arrive à un résultat pas trop mal.

Assez pour impressionner l’amimour en question qui m’avoua l’air sincère n’avoir jamais reçu d’aussi beaux chocolats. Malheureusement, les photos sont sur mon ordinateur en France, donc vous n’avez plus qu’à me croire sur parole  (même si je sais que c’est difficile vu l’épisode du bain marie…).
Dommage qu’à l’époque je ne savais pas encore pour les battements de cils, sinon je serais peut être mariée à l’heure qu’il est.
Ou pas.

L’an dernier, sur un malentendu j’avais conclu et avais un Jean-Claude Dusse dans ma vie (ne vous fiez pas au surnom trompeur, il était beau lui aussi). Je me suis donc appliquée à refaire des chocolats et encore une fois je pense avoir contenté le jeune homme.

 

 

Un peu trop d’ailleurs, il avait été tellement emballé par mes chocolats faits maison qu’après il s’est mis à stresser pour le White Day et a semblé plus le ressentir comme un fardeau qu’autre chose. J’ai eu beau lui dire que je ne l’avais absolument pas fait dans l’optique du cadeau de retour le 14 mars, il s’est senti obligé de m’acheter un bijou en or à 250 euros… Ce qui finalement est plutôt dommage je trouve, il m’aurait offert un paquet de gâteaux à la supérette du coin que le simple geste m’aurait fait plaisir. Que là je l’ai senti un peu obligé de faire chauffer la carte bleue pour être « à la hauteur » et ça m’a un peu gênée, je préfère les cadeaux en toute simplicité mais sincères.

Beaucoup de Japonais se sentent le besoin d’exprimer leurs sentiments en faisant claquer les billets et c’est une façon de penser que je ne partage pas vraiment donc même si évidemment le bijou m’a fait plaisir, j’ai trouvé dommage qu’il se mette sur la paille pour ça quand moi, je lui avais justement demandé de ne rien acheter de cher (d’autant plus que je l’ai largué un mois après, Ô monde cruel…)

 

Cette année, j’ai renoncé à faire des honmei choco, et décidé de faire mes premiers sewa-choco et de les offrir à mes collègues de bureau.

Oui pour eux, pas des giri-choco payés 100 yens au supermarcé, mais de vrais chocolats de gratitude. Parce que j’en ai chié comme une voleuse dans une boîte de fou l’an dernier et que j’avais une angoisse terrible de retomber sur le même genre de déglingués en changeant de travail. Mais cette fois je suis tombée sur une super entreprise avec de vrais humains possédant un vrai cœur. Waouw. Je savais plus que ça existait.

Donc même s’ils ne savent certainement pas par quoi je suis passée en 2011, ni la bouffée d’air pur que m’offre ce contraste, j’ai eu envie de faire un peu plus que des chocolats bon marchés.

Des chocolats faits avec soin et amour aurait été un peu déplacé, j’ai donc improvisés des sablés chocolatés en faisant d’abord une tournée de sablés, que j’ai trempé dans du chocolat fondu puis décoré grossièrement.

 

Je l’ai vraiment fait parce que malgré le côté commercial j’aime cette fête. Passer du temps dans sa cuisine (ou sur le bureau de sa chambre car on n’a pas de table ni de plan de travail…) pour s’amuser à concocter un petit plaisir sucré pour transmettre un « je t’aime » ou un « merci », mon côté niais est friand. Donc même si souvent cette fête fait lever les yeux au ciel, moi je l’apprécie. Je veux dire, c’est comme Noël, à partir du moment où c’est fait avec le cœur et pas par obligation, on s’en fout que les commerçants s’en foutent pleins les fouilles non ? Je vais pas priver un proche d’un sourire pour m’amuser à contrecarrer les prévisions de chiffre d’affaires d’un chocolatier.

C’est aussi pour ça que pour l’instant, je n’ai jamais offert de « giri-choco », offrir des chocolats par simple politesse me paraît un peu triste.

Je leur ai donc offert vraiment dans le but de faire plaisir en me faisant plaisir (et en léchant la cuillère de chocolat qui reste une fois fini…) et sans aucune arrièrepensée.

Aussi mardi quand je suis allée au boulot, je n’ai absolument pas tilté qu’on était le 14 mars donc le White Day. Je m’attendais vraiment absolument à rien quand je leur ai offert, aussi j’ai été vraiment surprise quand j’ai vu mon patron et collègues s’approcher un à un avec des paquets et me dire merci. Un autre m’a même invitée au restaurant à la pause de midi.

J’ai trouvé ça vraiment adorable (même si 3 jours après, je n’arrive toujours pas à ouvrir ce putain de confit de vin chardonnay è_é ! Je veux goûter moi ! Offrez-moi des cadeaux ouvrables nom de Dieu ! )

 

Finalement je dois avouer que si je me suis déjà amusée à faire des chocolats d’amour, j’ai fait mes seuls vrais et uniques honmei choco (chocolat-de-l’amour-fou-de-la-destinée-de-je-veux-me-marier-avec-toi-et-te-faire-des-enfants-et-meme-te-faire-la-cuisine-quand-tu-rentres-du-boulot-car-c’est-mon-fils-ma-bataille-fallait-pas-qu’elle-s’en-aille-ouais-rien-que-ça) et les ai offerts non pas un 14 février mais au mois d’août. Vous savez quand ce n’est pas pratique et que ça vous fond entre les doigts sans bain marie. (Surtout quand on tente des choses obscures comme la confection d’un chocolat en forme de basse…)

J’avais renoncé les deux St Valentin précédentes pour diverses raisons mais finalement quand on aime… la St Valentin c’est tous les jours (attendez, je vomis un arc-en-ciel, je reviens). Alors j’ai préféré les offrir en milieu d’année, quand il ne s’y attend pas. Cette année j’ai préféré mettre à l’honneur mes collègues pour les remercier de m’offrir un cadre de vie enfin agréable, mais il y’a de grandes chances que je retrouve mes perles et mes paillettes en sucre dans l’année pour réimproviser une St Valentin surprise.

1 8 9 10 11 12 19