Manuel du petit ami Japonais : chapitre 1

Après vous avoir briefés sur la survie contre les cafards géants et immortels, puis vous avoir donné les clés de l’humour pour briller en société nippone, voilà que j’abandonne une nouvelle fois les racontages de vie pour voler à votre secours et vous apprendre la vie, bleus que vous êtes.
Ma bonté me perdra.

En effet, aujourd’hui je vais aborder un sujet Ô combien nébuleux : la chasse du mâle Japonais.
Oh, ne faites pas vos innocentes, petites délurées que vous êtes, je vois clair dans vos noirs desseins faussement dissimulés sous quelques gloussements troublés !
Ce n’est évidemment pas le cas de tout le monde, mais combien de jeunes étrangères bavent devant leurs dramas et/ou mangas sur un mystérieux pimponais le regard caché sous ses mèches grasses rebelles ? Combien rêvent d’apprivoiser ces petites gueules d’amour articulant rarement plus de trois mots d’affilée lorsqu’il s’agit de sentiments ? Combien arrivent au Japon la bouche en cœur et les yeux pleins d’étoiles fermement décidées à dompter l’animal et trouver son âme sœur ?
Un paquet. Pas toutes, mais en tout cas j’en ai vu défiler un sacré nombre, moi y compris dans mes jeunes années je l’avoue.

Bon, étant donné que les articles (voire blogs plus ou moins heureux…) sur la drague de la femme japonaise pullulent sur la toile et surtout que je me tamponne royalement des nanas – a fortiori quand elles parlent avec le nez -, je n’aborderai que l’approche de l’homme japonais.
A vrai dire, je tenais à faire cet article depuis au moins deux trois ans, mais le temps manquant je me suis faite devancée par une amie et comme ce qu’on a à dire sur le sujet est plus ou moins similaire, je me suis abstenue sur le moment, remettant à plus tard.
Comme j’ai bien fait ! L’article n’aurait certainement pas acquis la maturité actuelle et risquait d’être bien trop gentil alors qu’il ne méritait aucune pitié, c’eût été dommage.
Toutefois, le sujet étant une source inépuisable de médisance réflexion, je me permettrai de couper ce tutoriel de la drague en plusieurs chapitres pour faire comme dans Twilight et découper indéfiniment mes épisodes pour continuer à faire mon beurre sur le dos des lecteurs avec un seul et même sujet.
Je suis diabolique.

Alors si toi aussi, comme « Misstoutesimple »,  tu rêves maladivement d’un petit ami japonais au point que t’en dors plus la nuit, ces pages sont pour toi et ta réussite ( ? ) amoureuse.
Et si tu n’en as rien à cirer, reste quand même, ne serait-ce que pour la science.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de vous présenter le mâle nippon et la  chiantise complexité de ses différentes facettes. En effet, on ne part pas en guerre sans avoir longuement étudié le profil de l’adversaire.
Si vous croyiez que le jeu de l’amour et de la séduction était difficile, sachez qu’au Japon on est à l’équivalent du boss de fin.
Avec une seule vie et sans sauvegarde.

Aussi, laissez-moi d’abord vous présenter les différents types d’énergumènes que vous serez amenées à rencontrer, afin de préparer au mieux votre stratégie d’attaque (ou votre plan B en Corée du Sud ou à Taïwan pour celles qui renonceront…).
Je n’ai évidemment pas expérimenté toutes les couillonnades que je vais vous décrire ci-dessous, mais entre mes mésaventures et le nombre incalculable de celles que j’ai pu entendre de mon entourage au bout de presque 5 ans de Japon et de 9 ans dans le monde des japonisants, je pense avoir la matière suffisante pour arriver à ces accablantes conclusions.

Allez, trêve d’interminable introduction, c’est parti mon kiki ! (Oui, je sais aussi être ringarde.)

 

1) L’Ore-sama (俺様): le mec qui s’aime.

En japonais, « Ore » est une des façons de dire « je » pour un garçon, et le suffixe honorifique « -sama » s’ajoute après le nom de toute personne ayant une grande importance : client, patron, Dieu ou moi. Vous l’aurez donc compris, le type « Ore-sama » a haute estime de lui-même et s’apprécie beaucoup. Le temps qu’il passe dans la salle de bain à lisser, laquer, relisser et relaquer ses mèches de cheveux, vous aurez déjà eu le temps de lui faire sa lessive, son ménage, sa bouffe, mater les huit saisons de Desperate Housewives  et taper une sieste avant qu’il ait décidé de se séparer de son reflet.
Il plisse toujours les yeux pour paraître mystérieux et les cache sous quelques mèches rebelles (mais organisées), il reste la bouche subtilement ouverte façon poisson-Bella-Swan et répond par onomatopées grognons quand on lui adresse la parole : oui mesdames, être énigmatique, c’est un art.
Il prend soin de lui et a l’habitude que les demoiselles fassent de l’hyperventilation sur son passage (il faut bien qu’il tire la confiance infinie qu’il a en lui de quelque part). Il n’aime pas qu’on le contredise, qu’on lui colle trop aux basques, qu’on lui impose autre chose que sa propre loi, qu’on ne s’extasie pas au moindre de ses gestes : « Wouah, mais d’où te vient cette grâce quand tu te pilles le nez ? ».
Il fait généralement une activité qui fait glousser les jouvencelles et dont il se sert pour les attirer dans ses filets et entretenir son narcissisme : musicien, modèle, barman, host, dentiste.
En cas de musicien ou de host, il finira fatalement par vous dire « mais tu comprends, si on sait que j’ai une copine je risquerais de perdre en popularité, rater ma vie et entraîner un vortex aspirant la Terre dans monde infernal… on doit donc garder notre relation secrète, pour le bien de l’humanité ». Il pourra ainsi se permettre de vous ignorer superbement en toute impunité en public, bien joué coco.
Mais comme vous serez flattée de cette relation cachée privilégiée,  vous accepterez d’être présentée comme la femme de ménage avec le sourire.
Il croit en son talent, et n’hésitera pas à écouter le son de sa propre voix pour vous raconter en long en large et en travers ses passionnantes journées : « L’autre jour, j’ai réussi un nouvel accord à la guitare. Et après j’ai mangé une pomme, au nattô ».  Fantastique.
Il ne s’intéressera à vos propres journées que si vos récits ne durent pas plus de trois phrases ; au-delà, il se peut qu’il regarde son portable en douce pour vérifier les nouveaux commentaires reçus sur la dernière photo de lui en train de bouffer un ramen qu’il a mise en ligne.
Il aime être aimé, avoir des femmes autour de lui et être le centre de l’attention, ainsi n’espérez pas trop question fidélité. Mais même s’il y a de grande chance que vous ne soyez jamais qu’un trophée de plus à son actif, si vous savez l’aduler et lui passer ses caprices et sautes d’humeur comme il faut, a priori il vous gardera un petit moment sous son aile. Sachez vous montrer admirative mais pas trop envahissante,  Sa Majesté est complexe (elle est Japonaise, CQFD) et aura tantôt le loisir de se plaindre que vous n’êtes pas assez dévouée, tantôt celui de vous dégager car vous lui pompez l’air, c’est un homme occupé, LUI. Mais parfois, il aura des moments de faiblesse (calculés ?) où il vous annoncera le cœur à nu que dans le fond vous êtes la seule à le comprendre et l’accepter comme il est. Snif.
Du coup, lui qui vous avait fatiguée avec ses extravagances, regagnera tous ses points smiles perdus lors du dernier caprice.
Malgré son caractère de merde, ce type de chieur est particulièrement apprécié chez la gente féminine dans la mesure où on nous bourre nos crânes de midinettes dans les mangas et compagnie avec des personnages ore-sama au cœur tendre qui finissent par s’ouvrir et se révéler l’amoureux parfait.
CHIMERES.
Aussi, armez-vous de patience et d’une ou deux boites de prozac.

Bogossitude : Niveau expert
Lieu de chasse : Internet, salles de concert, communauté de quelconque loisir (où il est ben entendu la coqueluche), quartiers jeunes et branchés
Mot tendre préféré : « Ca me gonfle » (面倒くさい, mendôkusai)
Probabilité de cocufiage : 90%
Durée de la relation : Jusqu’à ce que vous vous fatiguiez.

 

2) Le Chara-Otoko(チャラ男) : le fashionista fêtard et séducteur.

« Charai » en japonais désigne quelqu’un de léger, facile, pas sérieux. Et dans la tranche des 18-25 ans des grandes villes, ils grouillent. Et comme les jeunes étrangères venant tester la vie japonaise s’installent rarement dans le trou du cul de Beppu (avouez que vous ne connaissiez même pas cette ville), elles auront très certainement à faire avec ce type de guignol. D’autant que, faciles comme ils sont, il est très aisé de créer le contact avec eux comparés à d’autres.
À celles qui croient encore que la drague n’existe pas au Japon (attendez, je m’étouffe en ricanant), asseyez-vous près du célèbre chien Hachiko à Shibuya et a priori ça ne prendra pas cinq minutes avant qu’on vienne vous demander : « Tu es de quel pays ? Tu viens souvent à Shibuya . Ah tu viens de France ! À cote des États-Unis ? Si si je connais, j’adore Louis Vuitton ! Zidane ! ».

Oui certes, il n’a pas inventé l’eau chaude mais il a le mérite d’être sociable et d’avoir la tchatche, donc peut-être vous fera-t-il au moins rire.
Habile, il aura obtenu votre numéro de téléphone avant même de savoir votre prénom, dont il se fout souvent royalement d’ailleurs.

L’image du chara-otoko de base est celle d’un jeune homme décoloré, bronzé, looké à la dernière mode (et qui ne lésine pas sur les accessoires léopards . Derrière ses lentilles de contact et son centimètre d’épaisseur de fond de teint, gare aux surprises une fois démaquillé. Vous croyiez avoir pêché Yamapi et vous vous retrouvez avec Godzilla.
Sa rengaine préférée étant « Ce n’est pas parce que j’ai l’air charai que je le suis ! Arrêtez de juger les apparences, j’aime ce look mais je ne suis pas comme ça ! », ce qui permet à ce pauvre Calimero rôti aux U.V d’attendrir et rouler dans la farine toutes les gourgandines désireuses de le rassurer car elles, bien entendu, elles ne jugent pas seulement au look et savent que dans le fond c’est un mec pur et fragile. Vous m’en direz tant.

Il aime s’amuser en boites de nuit, karaoke et prendre des purikura avec ses autres amis (ou clônes ?) gyaru-O.
Il aime aussi généralement les nanas qui lui ressemblent : gyaru décolorées, maigres, sexy, qui parlent dans les aigus et gloussent pour rien.
Comme vous êtes étrangère, il vous pardonnera certainement vos rondeurs de non japonaise au début et ne tarira pas de compliments sur votre physique : « Tu es si belle », les yeux rivés sur votre décolleté.
Mais si jamais il vous garde, ce n’est qu’après vous avoir connue bibliquement qu’il se permettra les commentaires du style « tu devrais faire un régime », « tu vas quand même ne pas sortir sans maquillage ? » ou encore « lave-toi les cheveux » (spéciale dédicace à Loli si tu me lis).
N’hésitez donc pas à dévaliser Sephora et emporter votre méthode Dukan comme livre de chevet si vous convoitez ce genre de gibier.

Le chara-otoko ne s’emmerde pas en rupture déchirante, de discours construits et de pleurs désolés, non il se contente juste de disparaitre du jour au lendemain et sans raison.
Et parfois, il se permet aussi de revenir comme une fleur six mois plus tard : oui, la jeunesse japonaise est aussi adepte du Booty Call.

Bogossitude : Niveau fake.
Lieu de chasse : Internet, boîtes de nuit, magasin de fringues, quartiers jeunes et branchés comme Shibuya à Tokyo ou Namba à Osaka.
Mot tendre préféré : « Tu es jolie » (綺麗だね, kirei da ne)
Probabilité de cocufiage : 99%
Durée de la relation : Jusqu’à ce qu’il en repère une autre… soit environ 2 heures, juste après le love hôtel.

 

3) Le Sabishigariya (寂しがり屋)  : le lunatique qu’aime pas être tout seul.

ALERTE ROUGE : ne vous faites pas avoir, sous ses airs de lapinou adorable, ce mec est un brigand de la pire espèce ! Il volera votre petit coeur de jeune oie blanche et le brisera avec un sourire aux lèvres tellement adorable que vous le supplierez de recommencer.

Non vraiment, si vous êtes adeptes des mecs mignons qui aiment se faire dorloter : fuyez.

« Sabishii » en japonais, désigne un sentiment de tristesse dû à la solitude ou un manque d’affection. D’ailleurs, il n’y a pas d’expression pour dire « tu me manques », on utilise « sabishii » pour exprimer, non pas  le manque de la personne en la désignant directement, mais juste qu’on se sent seul. Ce qui prouve bien que quand il s’agit de sentiment, on ne pense qu’à sa gueule jusque dans la sémantique.

Le sabishigariya est un jeune garçon au lourd passé sombre et traumatisant : il a perdu son père ou vit seul depuis l’âge de 15 ans ou a perdu son nounours de Doraemon quand il avait 5 ans ou encore sa mère a oublié de lui préparer la bouffe un soir en rentrant de l’école.
Bref un truc bouleversant qui a fait de lui cette petite chose fragile qui a tant besoin d’affection.

Mon cul.

On peut trouver cet excellent comédien en soirée, mais je crois que son terrain de chasse favori reste le net, avec des réseaux sociaux japonais du style mixi, ameba et compagnie. Il participe à 15000 communautés du style « Je me sens seul », « J’ai envie d’aimer », « Je rêve d’un amour éternel » et autres foutaises.
Gobe-mouche que vous êtes, vous trouverez ça chou.
Contrairement à la plupart des autres japonais – et c’est aussi ce qui fait son succès – il n’est pas avare en messages et vous pourrira de mails niais toute la journée ce qui fera bondir votre petit kokoro. Toutefois ce que vous ne savez pas, c’est que quand vous ne répondez pas, il fait la même chose avec une autre.

Il aime regarder dans les yeux avec des prunelles scintillantes de merlan frit, il aime les bisous et les câlins, il aime qu’on le chouchoute, qu’on lui passe ses caprices et ses faiblesses et qu’on le bichonne.
Mais le bougre est lunatique et se lasse vite, et vous qui aviez des messages du matin au soir les deux /trois premières semaines, bizarrement ça se raréfie, il devient plus distant. Lui qui n’en branlait pas une et vous attendait toute la journée devient soudainement un peu plus occupé. Pourtant, les updates sur ses différents blog/statuts/communautés ne tarissent pas.
Ne cherchez pas, il a changé de favorite et va pleurer son manque de tendresse dans d’autres bras naïfs.
Mais il reviendra, quand il se sera lassé de toute sa liste d’amiEs, bouclé la boucle et que ce sera de nouveau votre tour.

Bogossitude : Niveau choupissime
Lieu de chasse : Internet, boîtes de nuit
Mot tendre préféré : «Je me sens seul donc j’ai envie de te voir » (寂しくて会いたい, sabishikute aitai)
Probabilité de cocufiage : 99,9% (Les 0,1 restant sont pour le bénéfice du doute)
Durée de la relation : Indéfinie mais en pointillés, selon son humeur et les disponibilités de son carnet d’adresse.

 

4) Le Niito (ニート) : le branleur

Souvent associés aux Otaku (fans de mangas et/ou de jeux vidéo) ou aux Hikikomori (ceux qui ne sortent pas de chez eux) car faut bien admettre qu’ils cumulent la plupart du temps, les niito (à l’origine NEET : Not in Education, Employment or Training), c’est un peu le phénomène de cette nouvelle jeunesse qui refuse les pressions de la société japonaise.  Ils n’ont pas envie de vivre pour l’entreprise, pas envie de suivre comme des moutons mais pas envie non plus de faire quelque chose pour que ça change, donc bah… ils ne font rien.

Certains admettrons qu’ils n’ont juste rien envie de foutre, mais la plupart trouveront une excuse super émouvante qui réveillera votre syndrome de mère Theresa et l’envie de le soutenir dans son éprouvant combat pour la glande.
Lui aussi il a un passé sombre : son père jouait au pachinko et a perdu l’argent pour lui payer ses études, il ne trouve pas de travail (sûr qu’avec toutes les propositions de baito qu’on trouve tous les deux mètres…), il ne veut pas de cette vie et préfère réaliser son rêve de devenir rock star/mangaka/caissier de combini (mais n’en fout pas une pour le réaliser…), a été déclaré maniaco-dépressif  et inapte a travailler suite à la perte – lui aussi – de son nounours doraemon quand il avait 5 ans… Bref, si un jour vous lui posez des questions, il aura son petit discours tout prêt pour justifier sa non-activité (mais certainement pas pour expliquer pourquoi son appartement ressemble étrangement à la décharge du quartier alors qu’il aurait tout le temps de ranger tout ça pour ne pas finir avec une infection pulmonaire).

Au début il vous farcira la tête de ses projets d’avenir et vous sortirez pompoms et banderoles pour l’encourager… jusqu’à ce que vous vous rendiez compte qu’à part trainer toute la nuit sur le net regarder des vidéos du vocaloïd Miku, se coucher à 9h le matin pour se lever à 18 h, ben il ne fait pas grand-chose.
Encore un que l’on trouve évidemment facilement sur Internet… lieu me direz-vous qui revient très souvent dans les « lieux de chasse » mais nous y reviendrons en détail dans un autre chapitre.
Le niito pique des colères et sait se montrer odieux si vous osez suggérer un autre mode de vie, aussi je vous conseille de vous abstenir, ou mieux, de foutre votre camp bien loin et le laisser s’enliser dans sa fainéantise avant que vous ne finissiez par lui payer son loyer et sa bouffe.
Parce que si, au mieux, il finira par trouver un petit boulot, le fond du problème – qu’il soit un glandu assisté – ne changera pas, il sera seulement encore plus grincheux de devoir se lever pour aller bosser comme tout le monde en bon Superman incompris. Pauvre petite chose.

Bogossitude : Niveau aléatoire
Lieu de chasse : Internet.
Mot tendre préféré : «Je suis fatigué » (疲れた, tsukareta)
Probabilité de cocufiage : 40%
Durée de la relation : Jusqu’à votre pétage de plomb.

5) Le Shitto-bukai (嫉妬深い) : le jaloux possessif et psychotique.

Qui a dit que les Japonais étaient plats et insensibles à la passion ? Bon, pas moi mais c’est vrai que ce serait bien mon style.
Ceci dit, c’est faux mes chers amis. En effet il existe une engeance de Japonais pas très stables – pour ne pas dire psychopathes – avec un degré de jalousie et possessivité particulièrement exacerbé.
En fait au Japon comme on fait rarement dans la demi-mesure, vous aurez une moitié de la population masculine « occupée » et indifférente à  vos activités en dehors des deux rendez-vous que vous aurez par mois, et l’autre moitié à qui vous devez faire un rapport en temps et en heure de vos allées et venue.
36 appels en absence : « Pardon chéri, j’ai pas répondu car je faisais caca », voila ce qui vous attend !

Enfin pas au début. Souvent les premières semaines il ressemble à cet amoureux parfait dont vous rêviez tant. Il vous contacte régulièrement, accepte de vous voir sans besoin de prendre un rendez-vous un mois et demi à l’ avance et  pourrait – sur un relâchement d’attention – se montrer affectif.
Il vous racontera à quel point ses ex–copines étaient mauvaises et mystificatrices, comment elles l’ont toutes trahi à coup de tromperies, job douteux en cachette ou encore en vendant leur corps avec des vieux dégueulasses dans le love hôtel du coin pour s’acheter le dernier Chanel.
Il vous racontera à quel point il hait les femmes, mais que vous, vous êtes différente et qu’il peut enfin y croire de nouveau. Et comme vous aimez bien sauver la veuve, l’orphelin et le névrosé, vous vous emploierez corps et âme à lui montrer à quel point vous lui êtes dévouée et fidèle.
Mais bizarrement, il arrive un stade dans la relation (un mois, deux mois ?) où il commence à être suspicieux. Il vous  pose des questions sur vos relations précédentes et perd confiance, s’imagine des choses. « Mmmm, elle est sorti avec son premier garçon à 17 ans… Et si elle était en vérité une espionne envoyée par le FBI dans le but de me soutirer des informations sur mon pays . À moins qu’elle ne soit la tenancière d’un bordel russe à Moscou venue récolter les fonds pour agrandir son établissement en me plumant. ».

Bref, Sherlock a l’imagination débordante, et plus vous passerez du temps avec lui et lui raconterez des bribes de votre vie, et plus son esprit fumeux imaginera le pire à votre sujet. Les suspicions commencent, la traque aussi. On se met à checker votre présence sur le net, faire vos poches, renifler votre odeur, vous faire des interrogatoires poussés sur plusieurs jours pour être sûr que la version se tient, passer vos messages reçus de vos amis français sur Google Traduction et comprendre de travers un pur et innocent « dans ton cul » pour faire un drame vous accusant de pratiques sodomites avec un autre… bref, la foire au n’importe quoi.

Petit à petit, vous devrez absolument tout justifier vos faits et gestes et plus vous angoisserez à l’idée qu’il se fasse un film sur du rien – il est très doué dans le domaine- et plus vous paraîtrez suspecte.
Arrivent  les pétages de plombs où il vous insultera puisque de toute façon vous n’êtes qu’une « petite p*te étrangère et qu’elles sont toutes faciles et venues pour tromper le pauvre et innocent japonais», viles diablesses que nous sommes. Puis une fois la crise passée, il viendra pleurer et dire qu’il ne recommencera plus, qu’il ne sait pas ce qu’il lui a pris et qu’il sait que vous n’êtes pas comme ça.
Jusqu’à la prochaine fois.

N’hésitez pas à passer un master psychologie avant de tenter l’aventure avec ce profil-ci.

Je ne m’étendrai pas sur ce que j’ai oui ou non vécu personnellement dans les  portraits que je vous dresse, mais à titre d’exemple concret je peux vous dire que début 2011 j’ai eu la joie de partager ma vie avec ce type d’allumés terminés au saké.
Après m’avoir soupçonnée d’être venue au Japon pour plumer le pays et envoyer tout leur argent en France quand j’ai trouve un vrai travail (…), il m’a ensuite, après le 11 mars,  fait des crises de nerfs m’accusant de chercher des hommes sur le net pour vendre mon corps car je passais plus de temps sur Skype qu’avant…
PARDON DE PRENDRE LE TEMPS DE RASSURER MA FAMILLE APRES LA TRIPLE CATASTROPHE LA PLUS CELEBRE DE CE 21EME SIECLE, PAUVRE ABRUTI !
Bref, je vous autorise à en rire, c’est tellement surréaliste.
Malgré tout, certains psychotiques s’avèrent aussi parfois être doublés de sabishigariya ou d’oresama, et ne se privent donc pas d’aller avoir ailleurs de leur côté… Ils sont loin vos dramas à l’eau de rose hein ?

Bogossitude : Niveau acceptable.
Lieu de chasse : Un peu partout.
Mot tendre préféré : «T’es où ? Avec qui ? Pourquoi tu reponds pas ?! » (今どこ?誰と?なんで返事来ないの!Ima doko ? dare to ? nande henji konai no !)
Probabilité de cocufiage : 30%
Durée de la relation : Les femmes étant faibles et promptes à pardonner, généralement longtemps.

 

6) Le majime (真面目) : le sérieux premier de la classe

L’image clichée la plus répandue de l’homme japonais à travers le monde, certainement bien plus que celles que je vous ai dressées plus haut que seules les filles venues sur place découvrir l’Autochtone connaissent. Non généralement la seule image ayant dépassé nos frontières est celle de ce mec sérieux – voire froid – qui passe son temps à bosser que ce soit l’adulte enfermé dans la spirale infernale de l’entreprise et n’a pas de vie, au jeune cumulant université, club de loisirs quelconque et job étudiant. Ce mec timide, répondant par monosyllabe le regard fuyant et les mains moites. Si vous n’êtes pas très branchée sorties dans les quartiers jeunes où réseaux sociaux japonais, vous serez peut-être passé à côté des grigous cités plus haut, mais lui a priori, que ce soit au boulot ou en cours, vous ne pourrez pas le rater.

Souvent c’est un mec bien, mais son problème (car il y en a toujours un) c’est qu’il est brute de décoffrage. Impossible de savoir ce qu’il pense, si vous lui plaisez ou l’embarrassez (et c’est souvent les deux à la fois). Il sera agréable un jour, puis vous évitera le lendemain. Deux pas en arrière pour chaque pas en avant, partir à la poursuite d’un mec comme ça, c’est comme aller chercher le laissez-passer A38 dans la maison qui rend fou des 12 travaux d’Astérix. (D’ailleurs s’ils avaient eu l’idée de sortir un Astérix et Obélix draguent au Japon, vous pouvez être sûrs que même Panoramix aurait bien été emmerdé avec ses potions devant de tels cas d’école).
Il répondra à vos emails ou questions, mais toujours par monosyllabes et avec des mots qui ne nécessitent pas de réponse : « Je vois », « C’est vrai », « En effet », « D’accord »… Vous vous sentirez alors désemparée, vous disant que vous le gonflez sûrement alors que de son côté, il brûle peut-être de cette conversation passionnante dont vous le gratifiez. Ou il réfléchit à quel bento il achètera au combini en rentrant, qui sait…

Evidemment, il est plus aisé de redresser la courbe du chômage que d’obtenir un rendez-vous galant avec le loustic qui fait partie de la secte des isogashii dont je vous ai déjà parlé : ces gens mystérieusement occupés.

Ainsi, si vous avez envie de faire un cinéma avec lui, vérifiez ce qui vous intéresse dans les sorties prévues dans trois mois, car si vous l’invitez pour dans la semaine vous le prendrez au dépourvu et avez 90% de chances de vous faire remballer avec un « isogashii » en bonne et due forme.
Encore une fois, difficile de savoir si vous avez vos chances ou non, car d’un côté c’est vrai qu’il a l’air surbooké, d’un autre, les excuses données sont toujours fumeuses et évasives concernant la raison pour laquelle il ne peut pas vous voir. Ceci dit, le problème étant culturel, à peu près tout le monde vous fera bouffer du « isogashii » pour tout et n’importe quoi.
Si vous la jouez fine, vous arriverez peut-être à obtenir un « date », ou un rapprochement lors d’une nomikai et que tout se passe bien… Jusqu’au lendemain où, une fois revenu à la vie normale, il semblera comme avoir oublié cet épisode…
Sauf occasion permettant un déblocage miraculeux, vous abandonnerez au bout de quelques mois de prises de tête à essayer de décoder son comportement, histoire de ne pas finir par vous la taper contre les murs. Si par chance votre intérêt était réciproque et qu’il se décide à se déclarer, il le fait très généralement une fois que c’est trop tard, soit quand vous vous êtes trouvée quelqu’un d’autre ou soit quand vous devez rentrer en France : « Au fait je t’aimais ».
Ben nous voilà bien avancés.

S’il peut être encore plus intimidé par le fait que vous soyez étrangère, je vous rassurerai peut-être (ou non) en vous précisant qu’il se conduit pareil avec les Japonaises. Une de mes meilleures amies a fréquenté son mari actuel pendant 1 an et demi avant d’oser se déclarer car elle n’était pas sûre de ses sentiments à lui malgré leurs rendez-vous successifs tant il était froid en dehors. Ensuite les deux premières années de leur relation, il n’osait ni la regarder dans les yeux, ni lui prendre la main et continuait de l’appeler par son nom de famille trop intimidé pour l’appeler par son prénom… Bref, du niveau de compétition.
Un jour j’avoue avoir osé lui demander si quand même ils avaient déjà passé la nuit ensemble, au bout de deux ans à se vouvoyer.
Réponse : « Ah oui, il m’a emmenée au love hôtel dès la première semaine par contre ! »
Conclusion: un homme timide reste un homme…

Bogossitude : Niveau passe partout, de Fort Boyard… (voilà ma blague est nulle et j’ai la chanson dans la tête maintenant)
Lieu de chasse : Ecole/Lieu de travail, club de loisir ou de sport quelconque
Mot tendre préféré : «Je vois » (なるほど, naru hodo)
Probabilité de cocufiage : 1% (Il reste Japonais, donc dans le doute…)
Durée de la relation : Encore faudrait-il qu’elle arrive à démarrer..

 

7) Le Host (ホスト) : le gigolo manipulateur qui te plume

Rah le host… Je vais essayer de faire court car ce type de malandrin mérite bien un billet complet. D’ailleurs j’avais tenté l’expérience d’aller dans un club à host une fois, et y’a franchement matière à bloguer… Je reviendrai donc sur le sujet en profondeur dans un billet futur et vais essayer (je dis bien essayer vu la longueur que prend ce post…) de résumer le type de personne absolument fantastique qu’est le host.
Bon comme toujours, une explication est nécessaire pour famille et amis qui ne connaissent pas le Japon (ou oublient au fur et à mesure ce que je leur raconte), un host c’est un gigolo. Un mec qui bosse dans un bar ou club où il n’a pour autre travail que de discuter avec des nanas, faire en sorte qu’elles tombent amoureuses pour qu’elles reviennent au club louer leur présence et les faire consommer à outrance pour les plumer. Aussi me direz-vous, pour éviter ce genre de parasite, il suffit de ne pas aller dans ce genre de club.
Oui mais non. Car même en dehors de leur service, ils s’habituent à ce que les filles les entretiennent et leur payent tout. Ils entretiennent aussi parfois l’espoir d’augmenter leur clientèle et donc draguent en dehors du boulot pour espérer vous faire venir au club. Facile à reconnaître notamment grâce à son épique coupe de cheveux (cheveux longs, décolorés et laqués en forme de palmier ou de super guerrier Dragon Ball à 10 cm au-dessus du crâne…parfois avec la variante bouclettes, AU SECOURS), son job étant d’écouter les nanas et les faire se sentir à l’aise, c’est bien l’un des rares qui écoutera vos états d’âme et fera mine de s’y intéresser. Mais bon, c’est un professionnel…
Mais à la limite je vais vous dire ce ne sont pas forcément les hosts les plus dangereux, si on n’est pas trop naïve. Parce qu’ils se font déjà un fric monstre et n’ont pas forcément besoin de plus et parce que souvent après le boulot ils ont bien envie de décompresser et pas toujours envie de continuer à être faux.

Non ceux dont il faut se méfier, ce sont les ANCIENS hosts.

Les faux repentis. Et je sais pas si c’est qu’une impression, mais à Tokyo ils sont légions !
Ceux qui ont arrêté parce qu’ils ne suivaient plus psychologiquement ou soi-disant parce qu’ils voulaient revenir dans le droit chemin.  Ils vous avoueront au début de la relation leur lourd passé de gigolo, vous roulant des billes coupables et suppliantes en vous jurant que tout ça c’est fini pour que vous puissiez pardonner plus vite.
Seulement voilà, une chose à savoir. Tout mec qui a fait host plus de quelques mois finit névrosé. Plus de respect ni de confiance aux femmes (il développe alors le profil jaloux psychopathe), habitué à ce qu’on l’aime et lui court après (profil de l’ore-sama), besoin d’être toujours entouré de prétendantes (profil du sabishigariya), un tantinet alcoolique ou sous médocs (restes des nuits de beuveries tous les soirs) et surtout il est habitué à être entretenu et obtenir que des produits de luxe. Et cette dernière habitude a bien du mal à partir. Donc très souvent, il oublie que vous êtes sa copine et non sa cliente, et vous manipule autant qu’il peut pour que vous lui achetiez si ou ça. Mais je vous assure, c’est vraiment très bien orchestré, bien souvent il ne vous le demande même pas directement. Des phrases savamment dosées, quelques insinuations subliminales et hop, vous partez lui offrir l’objet de son désir croyant que l’idée vient de vous et que c’est une surprise. Le stratagème est assez fantastique, nous y reviendrons un jour peut-être. Et si vous tombez dans ce premier piège subtil – pire, à plusieurs reprises – il n’hésitera pas à formuler les choses plus directement par la suite comme si c’était une évidence, se mettre en colère et tourner au chantage si vous refusez.
Et là, vous vous rendez compte que ce que vous preniez pour de la gentillesse de votre part pour lui faire plaisir n’était juste qu’une bonne pigeonnade réussie.
Note : Ceci dit, l’argent ayant souvent son importance dans la vision du couple japonais, vous pouvez fort bien tomber sur ce genre crapule n’ayant jamais été host.

Bogossitude : Niveau cosplay d’ananas.
Lieu de chasse : Host club, Ikemen bar (bar à « beaux gosses ») , quartiers branchés
Mot tendre préféré : «J’ai bien envie de ça mais j’ai pas d’argent… » (これが欲しいけどお金ない, kore ga hoshii kedo o kane nai)
Probabilité de cocufiage : 200%
Durée de la relation : Jusqu’à ce que vous n’ayez plus rien à donner

8) Le Dasai-Otoko (ダサい男 ) :  le ringard désespéré

La société japonaise n’est tendre ni pour ses étrangers, ni pour les Japonais eux-mêmes. Et des hommes seuls désespérés on en trouve un paquet aussi… (Sinon comment expliquer tous les établissements farfelus comme des hôtels où on paye pour que quelqu’un dorme –et seulement dormir- dans le même lit que vous pour ne pas se sentir seul ?)
Le mec timide et pas très beau qui après s’être donné à fond dans ses études se réveille à 25 ans sans aucune expérience amoureuse, le vieux salary man divorcé/abandonné/jamais réussi à se marier et j’en passe.
C’est peut-être quelqu’un de très bien, mais sa solitude le rendent 1) particulièrement collant, il vous connaît à peine qu’il vous aime déjà de toute son âme à-la-vie-à-la-mort-pour-toujours-sans-divorce-croix-de-bois-croix-de-fer-machin-chouette.  2) Souvent trop stressé à l’idée de vous plaire, il ne vous raconte que banalité sur banalité, ou des phrases de merde équivalente à nos ringardes « Je crois que tes parents sont des voleurs car ils ont pris toutes les étoiles du ciel pour les mettre dans tes yeux ».
Bref, en gros c’est un peu le looser qui s’empressera de tout payer et vous traiter en princesse jusqu’à l’étouffement pour vous prouver ses bonnes intentions.
Sauf pour les sans scrupules, malheureusement pour lui généralement il  agace ou dépite tant ses déclarations prématurées puent le désespoir.
Mais bon, sur un malentendu il peut peut-être conclure.

Bogossitude : Niveau Jean-Claude Dusse
Lieu de chasse : Au boulot, celui qui fait toutes les heures sup’, dans les agences matrimoniales et sites de rencontres
Mot tendre préféré : «Je t’aime » (好きだ , suki da), qui vient généralement 3 secondes après le « Ravi de vous rencontrer ».
Probabilité de cocufiage : 50%… mais de votre part.
Durée de la relation : Jusqu’à ce que vous décidiez d’y mettre un terme.

 

8) Le Gaijin Hunter (外人ハンター) :  le chasseur d’étrangères

Attention, une sale race qui se développe de plus en plus dans nos grandes villes ! Pire depuis que Facebook se popularise au Japon… Le nouveau fléau ! Grrr !
Que ce soit parce qu’ils nous prennent pour des filles faciles avec qui il est toujours de bon ton de se pavaner ou juste une monomanie cheloue, de plus en plus on trouve des Japonais qui courent les étrangères partout où ils le peuvent. Bon après je ne compte pas non plus les Français(e) venus au Japon réaliser leur fantasme de l’Asiatique mais comme ce billet ne leur est pas consacré, passons et revenons à nos lourdingues.
Donc oui, depuis quelques années j’ai constaté un développement du fana de la femme étrangère. Le mec bien lourd qui t’aborde dans son anglais approximatif (mais dont il ne démord pas car il veut montrer qu’il sait voyez-vous), se vantant d’avoir plein d’amis étrangers et qui te demande si tu connais untel et untel, comme si n’étant pas Japonaise tu devais connaître par cœur la liste des ressortissants étrangers du pays.
Et comme justement il a plein d’amis, il veut vous prouver à quel point il a bien bûché le sujet et qu’il connaît bien les étrangers en nous sortant tous les clichés possibles.  Aussi, il vous comparera à toutes ses précédentes connaissances (conquêtes ?) et quand vous l’enverrez chier parce qu’il  vous court un chouïa sur le haricot, il fera l’étonné « Heeeeeee, t’es pas comme les autres étrangères ! »…
Par contre, dans la plupart des cas il n’a jamais foutu les pieds en dehors du Japon.

Parfois ce qu’il veut c’est juste avoir une copine étrangère et se contentera de vous, parfois il sera sans pitié et tentera aussi votre copine en même temps que vous, ajoutera toutes vos amies sur Facebook et se contentera de copier coller les mots doux pour la drague.
Exemple pour la forme : en 2010 je m’étais inscrite dans une agence qui présentait des étudiants étrangers aux entreprises pour qu’ils trouvent un travail et participais à divers séminaires pour entrer en contact avec des compagnies. Là mon « conseiller » se trouve être un Gaijin Hunter de la pire espèce. Il me prend en charge ainsi qu’une Allemande, prend l’activité comme excuse pour prendre nos mails et nos Facebook.
Et ensuite, tous les jours je reçois des invitations à des soirées de merde, des propositions douteuses, des mails en pv, en anglais approximatif avec un peu de français google traduction en prime histoire de me faire pleurer un peu plus de sang. Le manège dure des semaines où je refuse ses invitations cheloues et hors de propos, jusqu’au jour où, à un autre séminaire, je revois ma copine de galère Allemande et lui explique que j’en ai ras-le-bol de ce conseiller aux hormones en folie.
Elle ouvre de grand yeux et me montre son téléphone : elle recevait les mêmes messages, et parfois recevait les mêmes invitations à sortir deux minutes après que j’ai refusé de mon côté…
Au moins, il avait un sens des relations humaines bien pragmatique lui aussi.

Bogossitude : Niveau décevant.
Lieu de chasse : Facebook,  quartier où les étrangers sont nombreux (Roppongi et compagnie)
Mot tendre préféré : «Hé ! Mais j’adore XXX… » (XXX大好き!!XXX daisuki !),  remplacez « XXX » par le nom de votre pays.
Probabilité de cocufiage : 50%, quitte ou double.
Durée de la relation : Plusieurs mois si un minimum sincère.

9) Le mec bien 

Il existe oui, mais ne cherchez pas il est déjà pris.

 

Voilà, vous savez presque tout… Heureusement que je voulais découper ce mode d’emploi en plusieurs chapitres pour faire plus court… 12 pages de médisance intensive sur ces pauvres petits japoniais, je me suis auto-épuisée avec mon pavé.
La subtilité étant qu’ils cumulent souvent les profils. L’Ore-sama peut être Sabishigariya, le Sabishigariya peut être gigolo, le gigolo peut être jaloux psychotique, et j’en passe.

Ajoutez à cela, qu’ils sont généralement menteurs, parfois même pas consciemment, ils ont des phrases toutes faites par la société pour communiquer et vous les balancent sans même y penser, machos –la société japonaise est définitivement phallocratique – (donc attention si vous avez l’intention d’être indépendante et qu’en plus vous ne savez pas cuisiner), et souvent peu enclin à s’adapter aux différences de culture (souvent, pas tout le temps on est d’accord).
Bref, très souvent, c’est la fille étrangère qui doit prendre sur elle pour s’adapter aux différences de culture et pas l’inverse. Comme m’a dit une connaissance il y a quelques mois « Je suis sortie avec une Coréenne pendant trois ans, et à vrai dire je préfère les étrangères que les Japonaises. Mais je lui avais dit dès le début , si elle sort avec moi, ici on est au Japon donc elle doit se comporter comme une Japonaise et devenir Japonaise »…
A la place de sa copine, je lui aurais bien répondu d’aller se faire cuire un tamago-yaki et de sortir directement avec une Japonaise mais je dois être un peu trop volcanique.

Bref, s’adapter oui, se laisser bouffer non.

Enfin, ils ne sont pas forcément tous comme ça bien entendu, il en existe aussi des sympas et équilibrés… Après tout, tous les Américains ne sont pas obèses, tous les Italiens ne sont pas infidèles, tous les Russes ne se mettent pas des mines à la vodka.
Le problème étant que trouver la perle rare au milieu de 127 millions d’inaptes sociaux, c’est difficile. Personnellement j’ai abandonné avant, mon esprit critique, ma grande gueule et mon besoin affectif n’étaient pas compatibles. Et franchement je m’en sors pas plus mal car au Japon je suis un vrai aimant à cas sociaux c’est impressionnant.
Pis ça en fait plus pour vous comme ça, quand je vous dis que je suis trop généreuse.

Pour ceux à qui cet article a fait peur ou désillusionné, ne pleurez pas. Une nana qui, passé 25 ans, s’habille en chat rose dans la rue n’est pas très crédible de toute façon.
Pour mes détracteurs (c’est rare mais j’en ai parfois un ou deux en privé) qui trouvent que j’exagère et en rajoute… la mauvaise foi étant un peu ma raison de vivre, je leur suggère de taper « second degré » sur Google.
Enfin, pour les irréductibles gauloises qui sont toujours motivées (et il en faut !), je vous dis à très bientôt pour le chapitre deux de ce mode d’emploi : la prise de contact avec la victime !

Hokkaido, ça caille…do.

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Un billet que j’ai promis à de nombreux proches à l’occasion de mon voyage à Hokkaido au mois de février. Oui bon, trois mois plus tard c’est un peu un billet hors saison, mais j’aime être originale et à contre-courant. Sans oublier que j’étais fort occupée à dormir ou lire Game of Thrones.
Bref, je vous dois encore de nombreux posts sur ma vie Tokyoïte, mais une fois n’est pas coutume, aujourd’hui on va faire un peu de tourisme.
Si à l’époque de mon année universitaire à Osaka, bourses et temps libre aidant je me suis permis le luxe de nombreux voyages à travers le Japon, depuis bientôt quatre ans à Tokyo je ne suis allée… nulle part.

Pas le temps, pas l’argent et tout plein d’autres excuses valables qui riment en « en » (je vous laisse réfléchir là-dessus et ramasse les copies dans une heure).
Après c’est bien beau de travailler tout le temps, mais se laisser happer par le métro-boulot-nattô sans profiter du reste, il arrive un moment où ça n’a plus beaucoup d’intérêt et où même la vie à Tokyo devient fade et sans couleur.
J’ai donc décidé que malgré toutes les raisons valables possibles, 2013 serait l’année où j’arrête de remettre ce que j’ai envie de faire à l’année prochaine faute de deniers dans ma besace.
L’argent va et vient, les souvenirs restent.
C’est beau ce que je dis.

J’ai donc commencé par réaliser un rêve que je remettais à plus tard depuis des années : m’envoler pour Hokkaido pour aller voir le Yuki Matsuri, le célèbre festival de la neige qui a lieu une petite semaine pendant le mois de février.
Donc pour les nuls en géographie, Hokkaido, c’est l’île la plus au nord de l’archipel avoisinant la Russie, peuplée de Japonais évolués résistants au froid, de vaches et d’Aïnous. Mais aussi équipée de maisons chaudes et bien isolées, ce qui prouve bien que les Japonais en sont capables et qu’ils se foutent de notre gueule dans le reste du pays.
C’est aussi un milieu hostile et démoniaque de novembre à mars, où le froid tenace et vicelard tentera de vous faire paraitre 100 kilos de plus avec vos douze couches de vêtements ou vous donnera un air de joyeux pochtron avec votre nez rouge qui claire dans la nuit.

Mais cher lecteur, si tu as du sang de super héro dans les veines et n’a pas peur de finir transformé en Mr Freeze oublié au fin fond du congel, je ne peux que te conseiller de braver les degrés pour découvrir le plus beau festival qu’il m’ait été donné de voir au Japon. (Ceci dit, je n’ai pas encore vu le célèbre festival du Pénis, mon classement en est donc très certainement biaisé…).

1er Jour :

Histoire de profiter un maximum de ces trois jours à Narnia et obtenir un billet d’avion un peu moins cher (ouais j’ai pas la chance d’avoir un placard qui ouvre sur Hokkaido moi), on part à la première heure le vendredi matin.
2h de sommeil au compteur, on traverse Tokyo avec nos valises à 4h du matin, déjà fagotés de quinze couches de vêtements, de bonnets et de gants… Il fait 10 degrés, on a l’air fin.

Passé un embarquement rapide et une heure et demi d’avion, on atterri dans une infinité de blanc… Et on ricane. A Tokyo les trains de la JR sont en retard pour trois gouttes de pluie et un courant d’air, ici on atterri sur une piste de glace sous la neige finger in the nose.
Respect. Quand je vous disais que les Japonais d’Hokkaido étaient évolués.

Bon avant qu’on se tape 15 pages de blablas et de photos, je vais répondre à la question qu’à peu près tout le monde m’a posé  depuis mon retour : Alors il faisait froid ?
…La réponse en image :

Entre -5°C et -7°C la journée pour du -13°C ~ -17°C la nuit, mais surtout DU VENT qui rend l’épreuve particulièrement redoutable.


Bref, premier challenge de ce Pékin Express de l’Extrême, c’est arriver jusqu’à notre hôtel. Hôtel qu’on a été obligé de prendre en dehors de Sapporo même d’ailleurs, vu qu’on ne s’y est pris que trois semaines à l’avance pour prévoir ce voyage et donc que tout ce qui était abordable financièrement (moins de 200 euros la nuit) était complet. Ce festival étant très populaire, autant vous y prendre à l’avance.
Du coup, on a pris un petit hôtel à Chitose, tout près de l’aéroport, bon marché pour des chambres assez grandes et bien équipées. Quoiqu’un chouya éloigné de la gare… Donc avec des valises et entourés de tranchées de neige de 2 mètres de haut, les dix minutes de marche annoncées se transforment rapidement en trek de 5 heures niveau vétéran. Et sans Stéphane Rotenberg à l’arrivée, je me sens flouée.

Une vie de souffrance plus tard, on arrive enfin déposer nos affaires et on repart aussi sec direction Sapporo.
Bizarrement, quand on tire pas des valises dont les roues s’enfoncent détestablement dans la poudreuse pour vous faire biceps, triceps et autres muscles qui n’existent pas, la neige c’est beau et c’est rigolo.
On sautille, on casse la belle neige, on essaie de grimper les gros talus.
Première découverte, la neige 2.0 d’Hokkaido est tellement poudreuse qu’elle ne durcit pas. Impossible de faire une boule de neige acceptable pour éclater la gueule de son voisin gratuitement, et impossible de grimper le moindre tas de neige sans s’enfoncer comme une misérable bouse jusqu’au nombril.
C’est à se demander comment ils arrivent à construire leurs énormes statues pour le festival… ? Le secret est bien gardé.

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Bon on vient d’arriver, on a tout à voir mais d’abord… il fait faim. Pas question d’entamer la traversée du Pôle Nord le ventre vide.
Et comme il fut décidé que notre tourisme serait aussi gastronomique, on décide de tester les spécialités réputées de la région.

Tout d’abord, le ramen de Sapporo :

L’avis du critique : Une tuerie. On s’explose l’estomac pour pas cher, c’est bon, ça tient chaud, y’a du monde mais c’est rapidement notre tour. De loin les meilleurs ramen que j’ai mangé. D’ailleurs… j’ai pas osé en remanger depuis tant c’était bon.
Note : 18/20, avec mention très bien de la Commission des Grosses-Bouffes Anti-Dukan666.

Nos bourrelets entretenus, on peut donc enfin commencer ce voyage pour de vrai. Car attention nous on rigole pas : pas de train, de bus, de métro ou de Batmobile ! On fait tout à pieds, s’il vous plaît !
Bon les distances sont gérables mais sous une tempête de neige, tout devient relatif. Surtout quand vos bottes décident de mourir au bout de 20 minutes de marche – ces lopettes – et qu’on se retrouve en plein shopping forcé. Je vous passe les détails sur le fait que je chausse du 39-40 et ne trouve jamais ma taille…
Vous devez vous dire qu’on était pas bien pressés de commencer notre journée, mais on préférait voir les animations de nuit avec les lumières, donc on a prit notre temps pour tout…

On arrive enfin à Odori Koên, un immense parc tout en longueur qui couvre quasi toute la largeur de Sapporo, où se déroule la majorité des animations du festival.

On part d’abord sur la gauche où a été installé une très haute piste. On arrive en pleine démonstration où des dizaines d’amateurs de snowboard font une descente accompagné d’un petit saut.
C’est sympa, c’est impressionnant (surtout au milieu de la ville), mais en bonne ingrate qui n’y connait rien, au bout de dix minutes je serais bien emmerdée d’expliquer les différences techniques et dire qui fait des prouesses ou qui fait des sauts moisis… donc on continue notre chemin.
On arrive sur une scène de glace où a lieu un concert, des enfants qui jouent du piano , nos premières statues de glaces illuminées, des chapiteaux pour se réchauffer, des stands de nourriture et boissons (la première passion des Japonais dans la vie étant de bouffer) etc. Il neige tellement que les plats proposés ont quasiment disparu sous une couche de neige… Au moins on est sûrs que la chaîne du froid est respectée.
Tout au fond, une piste de glace pour faire du patins (mais comme je suis nulle je m’abstiens), des animations et jeux et enfin la TV Tower, tour de Sapporo, d’où on peut admirer tout le festival et les montagnes enneigées alentours depuis l’observatoire. Magnifique .

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On redescend, on fait des pauses toutes les cinq minutes dans les chapiteaux où je m’impose devant les radiateurs pour ne pas mourir, on repasse devant les pistes de descente et on traverse de l’autre côté du parc qu’on a pas encore vu.
Et là, tous les grands édifices de neige… C’est immense, c’est beau, c’est magique.
On a même droit à un petit spectacle de lumière sur une construction de neige, façon Fête des Lumières. Ca me rappelle mon bon vieux Lyon, me rend un peu nostalgique au passage.
On passe au milieu des créations de neige (somptueuses pour certaines, plus ou moins réussies pour d’autres…), certains sponsors se permettent même leur publicité sous cette forme.
Des dizaines et des dizaines de statues, partout, de toutes formes, allant d’Hello Kitty et Pokémon à des statues de sauterelles (oui…).
On en prend plein les yeux, on en oublierait presque notre hypothermie.

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Après des heures de marches dans le parc, on en profite pour rebouffer (tu penses) une spécialité du festival : les coquilles St Jacques au beurre salé…

L’avis du critique : Un cadeau des Dieux pour le palais. C’est fin, ça fond dans la bouche, c’est digne d’une finale de Top Chef. On est au firmament de la coquille St Jacques comme dirait Norbert.
Juste, ça se mange trop vite.
Note : 19/20, avec mention « Jean-François Piège » de la Commission des Grosses-Bouffes Anti-Dukan666.

On assiste à d’autres concert aussi, dont une performance ridicule d’un groupe de visualeux qui, tout pour le style, font leur show torse nu… C’était très mauvais, le chanteur -en plus de n’avoir aucun talent que ce soit au niveau de la voix ou de l’art de choisir sa coupe de cheveux- se caillait tellement les miches qu’il en a lâché son micro, les mains tétanisées par le froid. Tout ça pour courir se rouler dans une couverture à la fin de la dernière chanson sans même attendre un applaudissement.

Cette première journée s’achève, et comme on est pas sur Sapporo, on décide de rentrer à l’hôtel vers 22h, bien crevés quand même.
La vue de l’hôtel sur la ville enneigée est aussi fort appréciable.

2ème jour

Check-out à dix heures, on reprend nos valises et de nouveau retour à Sapporo où cette fois on pu trouver où dormir pour cette nuit-là.
Du train la vue est splendide, je regrette de ne pas avoir pu prendre de photos à cause de la buée, les paysages avec les bois, les champs, la montagne et les points d’eau sous la neige vendaient franchement du rêve.

Rebelotte, hôtel, dépôt de bagages etc.
On fait quelques magasins, un peu de shopping. Et encore une fois, on couronne notre journée par un peu de tourisme gastronomique.
Autre restaurant réputé et recommandé sur de nombreux blog dans la mesure où ils sont les seuls à proposer ce plat, un établissement spécialisé dans la soupe au curry japonais, Soup Curry Lavi.
Comme tout restaurant un minimum connu, il y a des mètres de queue devant… Mais dehors il s’est remis à venter et neiger fort, là on est au chaud alors on se démonte pas. Pragmatiques, on s’assoit et on regarde des épisodes de série sur tablette en attendant notre tour.

Et après 1h30 d’attente et deux épisodes de Supernatural plus tard (son of a bitch !), c’est ENFIN notre tour.

L’avis du critique : Bon j’avoue que ça valait le coup. Moi qui ne suis pas fan de curry à la base, le fait qu’on puisse choisir le degré de piquant et ajouter librement des aliments au plat initial pour adapter à nos goûts et créer sa recette est vraiment appréciable. Pareil, à la portée de toutes les bourses.
Note : 17/20, avec mention « Vive Le Fromage Fondu Dans La Soupe » de la Commission des Grosses-Bouffes Anti-Dukan666. J’avoue avoir enlevé un point pour l’attente, parce que même quand il fait super froid et qu’on s’occupe devant une série, 1h30 d’attente c’est LONG. Si je n’avais pas été accompagnée de quelqu’un qui ne pense qu’avec son estomac, j’aurais même sûrement laissé tomber mais au final, je ne regrette pas.

Une fois le ventre plein, on repart (toujours à pieds) vers le deuxième site du festival, Susukino.
Pour les connaisseurs, Susukino m’a un peu fait l’effet d’un Shinjuku de Sapporo, j’ai trouvé l’ambiance très similaire.
Ici, encore des statues, mais pas de neige, de glace cette fois. Comme la nuit commence à tomber vers 16h30, assez rapidement on a la chance de voir l’exposition de nuit avec ses lumières.
Des statues pour tous les goûts, dont certaines assez surprenantes, gelant de véritables poissons et crabes. Je regarde de plus près quels sont les auteurs de cette drôle de création… Un magasin de sushi à cinq minutes de là, vive la publicité !
A Susukino, on ne rigole pas, tout est en glace, même les bars, les aires de jeux pour les enfants et les bancs pour s’asseoir.

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A quelques arrondissemants au sud de Susukino a lieu un autre événement dans un parc dès la nuit tombée. On continue donc notre petit randonnée, on en profite pour se moquer de ceux qui glissent dans la neige et glisser à notre tour pour se gaufrer comme il faut la tête la première (…et casser le seul appareil photo qu’on avait…).
On arrive quand même entier au parc Nakajima Koen où est proposé aux visiteurs de créer avec des gobelets en carton des petits lampions où on doit écrire un vœu. Ensuite on nous offre une bougie qu’on place à l’intérieur du gobelet et on nous donne une petite truelle pour se creuser une place dans les allées de neige et y placer son vœu-lampion.
Donc autant vous le dire, quand on arrive de nuit dans le parc avec des allées de neiges ornées de centaines de lampions décorés, c’est juste magnifique.

On se balade, on saute dans la neige, on se réchauffe, puis on décide de faire notre vœu-lampion nous aussi donc on s’incruste sous la tente à côté du chauffage et on pique les feutres aux gosses pour faire nos œuvres d’art.

Contrairement aux statues de neige et de glace, c’est tout simple, juste des luminaires déposés dans la neige un peu partout, mais je trouve le parc féérique.

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Après cette FRAÎCHE ballade nocture, on remonte du côté de Susukino afin de se remplir la panse à base d’une autre spécialité de Sapporo vivement recommandée : Le barbecue Genghis Khan du restaurant Daruma, un barbecue à base de viande de mouton ! La viande de mouton étant relativement rare au Japon, ça se souligne voyez… Ici même les Kebab sont au porc ou au bœuf !
C’est un petit boui-boui qui ne paye pas de mine, où tout le monde est attablé le long d’un comptoir circulaire entourant une petite cuisine où trois pauvres japonaise en sueur s’affairent à servir tout le monde.
Encore une fois, on doit faire la queue une bonne vingtaine de minute mais bon, tout ce qui est bon se mérite !
Arrive notre tour, on nous dépose une pierre chauffante en forme de pyramide, des lamelles de moutons et des légumes dessus et on dépose un cube de graisse au dessus de la pyramide, qui en fondant viendra graisser toute la pyramide chauffante. Oui, c’est diététique.
Au final, tout n’est que très peu cuisiné, les serveuses se contentent de couper la viande et les légumes, préparer les plaques chauffantes, servir les boissons et expliquer aux clients comment cuire leur plat. Mais sinon, on fait soi-même, et y’a rien qu’à tremper sa viande dans une sauce –excellente soit dit en passant – et accompagner le tout comme il se doit par un bol de riz et d’une bière, de Sapporo bien entendu.

Le barbecue Genghis Khan :

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L’avis du critique : Quand on y réfléchit, c’est relativement peu cuisiné, juste une bonne combinaison de quelques légumes goutus et croquants pour accompagner le mouton, le tout déposé sur un barbecue et qu’il convient de cuire à point. Mais c’est redoutablement efficace, c’était vraiment succulent. D’ailleurs j’ai remarqué que ce genre de boui-boui où on mange des choses simples que l’on cuisine à moitié soi-même sont souvent très appréciés et recommandés au Japon. Quand on pense que nos étoilés rivalisent de techniques et de combinaisons d’ingrédients… Mais vu comme c’était bon, je comprends pourquoi c’est si populaire. Je recommande vivement aussi.
Note : 19/20 avec mention « Mouton I missed you » de la Commission des Grosses-Bouffes Anti-Dukan666.
A vrai dire, ça frisait la perfection. J’enlève juste un point car on a eu les places devant l’entrée et qu’on se tapait un rafraichissement à -10 degrés à chaque fois que la porte s’ouvrait (soit tout le temps), et aussi pour le côté « enfumé » de tout ces barbecues dans un petit espace confiné. Mais franchement, je chipote.

Il est déjà bien tard, un autre journée bien remplie nous attends le lendemain, on décide donc de rentrer à l’hôtel où on profitera d’un jacuzzi et spa pierres chauffantes avant de dormir.
Oui, on ne se refuse rien.

3ème jour

Contre toute attente, on a décidé de ne pas passer la dernière journée à Sapporo. Il nous restait encore un site à voir au Tsudome où sont installés d’immenses toboggans et autres pour s’amuser. C’est vrai que ça nous aurait bien dit de faire des glissades et se casser un bras, mais on avait envie de continuer dans la beauté et la découverte.
On a donc décidé de se rendre à Otaru, une petite ville portuaire située à 30km au nord de Sapporo.

Et comme vous l’aurez remarqué, on ne pense qu’à bouffer, donc on ne part pas sans goûter une dernière curiosité réputée de la ville, les dessert « Bonnet C », les C Cup… qui comme leur nom l’indique, ont la taille d’un bonnet de soutien-gorge taille C.  Même que grâce au succès de ces desserts – pourquoi ça ne m’étonne pas ? – on a même d’autres goût en bonnet D voire même F… ! Comme s’il existait de telles tailles au Japon, les menteurs !
On prend donc nos nichons de taille moyenne pour déjeuner dans le train… C’est très léger et délicieux aussi, comme tout ce qu’on mange ici en fait.

 

On est pas encore arrivés que je m’extasie déjà, la face écrasée contre la vitre du train donnant sur un type de paysage que je vois pour la première fois. Une ville côtière entourée de montagnes… entièrement sous la neige.
La mer, la ville, la montagne et le blanc de la neige en même temps… franchement ça vaut son pesant d’or.
La ville est relativement petite, franchement pas besoin de s’embêter avec les transports en commun, tout est accessible à pied et rapidement pour peu qu’on sache lire un plan.
Le temps qu’on arrive à Otaru, qu’on trouve où déposer nos bagages, qu’on fasse un petit tour et qu’on se repère… il est déjà midi.
Cool, on va encore se casser le bide !
Encore une fois, c’est le ventre sur patte qui m’accompagne qui a tout prévu. Et à Otaru qu’est-ce qui est célèbre ?
LES SUSHIS !!!
La ville où on peut manger les meilleurs sushis du Japon paraît-il.
Et quitte à faire les choses, on décide de les faire bien en allant dans le restaurant de sushi le plus célèbre : Otaru Masazushi.
Et autant vous dire que dans le coin, la concurrence doit être rude car dans la rue de l’établissement, il n’y a QUE des restaurants de sushis. On se fait même harponner par un monsieur qui tente désespérément de nous faire rentrer dans le sien, offrant moult réductions et services de bienvenue.
Mais on est borné, on veut aller au réputé Masazushi. Hors de ma vue manant, avec tes sushis moisis !

Déjà que les sushis sont relativement chers en général (du moins quand ils sont de qualités), autant vous dire que dans un établissement comme celui-là, certains menus sont pas à la portée de tous les portefeuilles.
Comme plusieurs systèmes solaires séparent mon compte en banque et celui de Liliane de Béthencourt, je devrai me montrer un minimum raisonnable, mais quand même, on est là pour profiter ! On aura tout le temps de faire le régime du pauvre sur Tokyo.

On a une place au centre du comptoir, en face de véritables spécialistes du sushi. En plus de préparer les sushis sous nos yeux, ils nous racontent plein d’histoires sur la ville, sur l’histoire de ce restaurant et la véritable manière de manger des sushis.
Je suis bien trop flemmarde pour me casser la minette à tout vous décrire comment manger vos sushis selon les règles (y’a toute une facon de tenir, et à l’endroit ou l’envers selon le sushi), mais notez que normalement on le mange avec les doigts, et on le mange, côté poisson contre la langue pour pouvoir sentir d’abord le goût du poisson, puis en un deuxième temps, celui du riz et de la sauce soja venir se mélanger.
Le deuxième effet KissCool quoi.

L’avis du critique : Que vous dire sur ces sushis ? La langue française a beau être riche, je crois qu’il n’y a aucun mot pour décrire la finesse, la fraîcheur, l’excellence, la douceur, la PERFECTION de ces sushis. Ils étaient tous à se taper le cul parterre dans la neige et rouler jusqu’au port. Même les célèbres sushis du Tsukiji (marché aux poissons de Tokyo) ne les valaient pas. Même moi qui ne suis franchement pas fan d’oursin, j’en aurais bien repris un ou deux ou dix…
Note : 20/20 avec mention «Chouchou ADOOOOOOOORE les sushis» de la Commission des Grosses-Bouffes Anti-Dukan666.
Rien à redire. Accueil parfait, staff souriant, chaleureux et intéressant, sushis excellents même ceux qu’on aime pas d’habitude… Un peu inoubliable dans son genre.

Après cette escapade gustative céleste, on reprend notre périple pour aller découvrir la ville. Que j’ai adoré. C’est pourtant petit, mais j’ai trouvé la ville belle et habitée. Habitée dans le sens où pour la première fois depuis longtemps, j’ai eu l’impression de découvrir une ville avec son identité, une âme, une atmosphère. Je ne sais pas si ça fait trop longtemps que je vis au milieu des buildings démesurés, mais je pense qu’à part quelques quartiers perdus, Tokyo bien qu’impressionnante n’a pas vraiment d’âme ou de personnalité.
Ici que ce soit l’architecture des maisons, les produits en magasins etc., tout était charmant. Je sais pas, je deviens niaise mais j’ai trouvé cette ville inspirante, limite poétique.
…Et je referme cette parenthèse guimauve pour redevenir blasée et acerbe, j’ai quand même une réputation à tenir.

La ville semble vivre essentiellement du tourisme, et la plupart des magasins proposent les produits artisanaux de la région, dont beaucoup de créations en verres, manifestement une des spécialités de la ville.
On visite, on rentre dans un ou deux musées, on se promène, on fait les magasins, on achète nos souvenirs.

En fin d’après-midi, on décide de goûter une autre spécialité vivement recommandée d’Otaru : les cheese cake LeTao, qui – avec la prononciation japonaise – n’est autre que « Otaru » en verlan.
Wesh gros.
Zy va.

On s’enfile donc nos cheese cake chocolat et double fromage et encore une fois… c’est à se rouler parterre. Assez diffèrent des cheese cake lambda, très fins et pas écoeurants. Non vraiment rien à redire sur la bouffe à Hokkaido, tout ce qu’on a pu manger était absolument divin. Encore une fois, ça mérite bien un bon 19/20 avec une mention spéciale « Rest in Peace Diet ».

Ensuite, direction le Canal où a lieu un petit festival de la neige, qui se tient généralement pendant dix jours en même temps que le Yuki Matsuri de Sapporo pour que les touristes puissent faire d’une pierre deux coups.
À l’échelle de la ville, c’est évidemment beaucoup plus petit, mais réellement charmant. On suit un chemin au bord du canal, décorés de lampions et de statues de neige. Cette fois, les statues de neige ont même un côté ludique pour faire des photos rigolotes. On en profite donc pour faire une photo assis dans la bouche d’un lion de neige. Ça tombe bien, j’avais toujours rêvé de faire du tourisme dans la gueule de Mufasa.

À Otaru, est-ce les lampions ou le canal, mais l’ambiance est nettement plus romantique qu’à Sapporo. D’ailleurs de nombreux couples profitent du festival.
Au retour, on visite ce que je crois être l’office du tourisme de la ville où les gens se réchauffent autour d’un café, achètent les spécialités locales, admirent les créations artisanales exposées.
Il y a même des activités gratuites comme des ateliers de création de bijoux ou encore pour apprendre à souffler le verre et créer sa propre oeuvre d’art.
Les enfants et les touristes s’en donnent à coeur joie.

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On fait un dernier petit tour, le cœur un peu lourd à l’idée de rentrer à Tokyo après ces trois jours hors du temps, mais on a encore pas mal de train jusqu’à l’aéroport donc il est temps de dire au revoir à tous ces beaux paysages enneigés.
Bilan de ce voyage : absolument magique. Moi qui n’avais plus voyagé depuis bientôt quatre ans, ce fut une véritable bouffée d’air frais (sans mauvais jeu de mots…).
Vraiment, à tous ceux qui me lisent et qui ont la chance d’habiter au Japon ou d’y venir en vacances en février : c’est à faire au moins une fois dans sa vie.

Notre seul regret s’il devait y en avoir un, c’est que pour diverses raisons on a pu se décider à y aller seulement peu de temps avant le festival donc tout était complet ou hors de prix. Et comme on ne pouvait se permettre que du Low Cost, ça nous a promis quelques plans galères comme le premier hôtel a 40 bornes de Sapporo.
Et ce que l’histoire ne raconte pas, c’est que comme tout était complet, pour trouver un retour Low Cost, on a pris le dernier avion, celui qui arrivait sur Tokyo APRES les derniers bus et trains. On a donc dû passer la nuit à l’aéroport. Bon ce qui nous a permis de taper la discute avec un fils à papa en route pour sa résidence secondaire à Okinawa nous racontant tout ses périples à travers le monde et une vieille dame complètement bourrée en route pour Séoul pour aller faire du sauna et des massages…
Marrant, mais dur d’enchainer le taf dans la foulée à 8h le matin.
Mais bon on était en mode c’est l’aventure c’est la jeunesse, donc au final même le côté plan galère était rigolo.
Aussi sans appareil photo valide, nos clichés sont assez peu représentatifs de la beauté des paysages qu’on a pu voir. 

Ca m’a fait du bien de redécouvrir le Japon en mode touriste, car c’est dans ces moments là qu’on l’apprécie le plus. Fait du bien de voir de nouvelles choses, goûter pleins de trucs sympas et de qualité – prendre un kilo par jour -, oublier le stress de la vie quotidienne.
Je n’ai donc qu’une hâte, continuer sur cette voie ! Ainsi j’espère réaliser cette année un autre rêve : Okinawa !
Après le froid et la neige, le soleil et la mer (et très certainement les typhons et les cafards mais c’est une autre histoire).

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le Yuki Matsuri, je vous invite à aller lire les pages ci-dessous sur le sujet.
Wikipedia sur le Yuki Matsuri, Blog de Bulles de Japon, Blog d’Endareyn
Enfin pour ceux qui, comme nous, ne peuvent voyager qu’à petit budget, je vous conseille les sites suivants pour l’avion et l’hôtel.
Hôtels pas chers : www.jalan.net
Billets d’avions Low Cost : Skygate , Travel LCC , Fly Peach
Si vous vous y prenez tôt, je suis sûre que vous pourrez à moindre coût vous offrir ce beau voyage et dans des conditions un peu plus pratiques que les nôtres.

Voilà, désolée de vous avoir fait attendre et merci de me lire/commenter/partager malgré tout.
A très vite !

Perles, Acte I : Les Japonais et le reste du monde

Le temps passe et l’air de rien, cela fait déjà depuis le mois de septembre que je n’ai pas montré le bout de mon nez pixel. Et pour être honnête, vous commencez à me manquer !
Le souci étant que j’ai bien du mal à trouver quelques heures pour vous pavifier un billet de mauvaise foi gratuite, donc en attendant que je puisse prendre le temps de médire à souhait sur l’autochtone ou vous raconter le superbe voyage que je viens de faire à Hokkaido, j’ai décidé de vous faire patienter avec quelques perles de mes conversations avec nos étranges amis les Pimponais.
J’ai remarqué qu’à chaque fois que je postais une perle qu’on m’avait sorti sur Twitter ou Facebook, ca faisait marrer mes fidèles compères autant que moi, donc je me suis dis que ce serait bête de laisser  partir ces bribes de conversations en or aux oubliettes et ai préféré les immortaliser ici !

Allez en voiture Simone ! Et on fait comme dans les enfants de la télé : on rit mais on ne se moque pas !

Spécial Linguistes (paroles de francophones, donc en français dans le texte):

« Les garcons Japonais s’épilent souvent les sorcières ».
Une pratique mystique digne des Sourcils de Salem.

« Tu veux qu’on regarde ensemble  le Château Ambulance ? C’est Miyazaki… »
…Celui-là ? 

« Ce garcon est vraiment fiche »
– Hein ?
-Oui il est trop fiche.
– Fish… ? Comme le poisson en anglais ? Il a une tête de poisson ? C’est un thon ?
– Mais non !! Il est fou quoi…
– Mais pourquoi tu dis « fiche » ?
– Ben c’est toi, tout a l’heure tu m’as dit que « je m’en fou » et « je m’en fiche » c’est la même chose !
Que veux-tu, le français des fois c’est vraiment mal fichu/foutu.

(Je rencontre une amie quelques jours après que je me sois blessée à la jambe.)
 » Bonjour Sonia ! Ca va mieux tes jambons ?! »

« En la galette des Rois, on met une fève et une couronne. C’est la fête Epiphanie où on présente les Roi Mangent à Jésus ».
1) Je suis curieuse de voir la tronche de la galette avec une couronne entière dedans… 2) Avec un nom pareil, ils lui ont fait quoi à Jésus les Roi Mangent ? Perso, j’aurais pas confiance.

« Le matin, je bois du café et un jus d’orage ».
Toi aussi t’es du genre à gronder et envoyer des éclairs quand on te parle le matin ?

(J’essaie de faire deviner le mot « part » à un de mes élèves pour un exercice à trou).
« Bon, imaginez que vous faites une soirée avec des amis et vous mangez une pizza, donc vous mangez chacun un morceau. Ce morceau c’est votre… ?
– Manger.
– Oui d’accord… Mais par exemple, au moment de réclamer votre morceau, qu’est-ce que vous pouvez dire à la place de morceau ?
– Donne-moi la pizza.
– Mais si on utilise un synonyme de morceau ? Que vous ne voulez pas la pizza entière ?
– Saucisse. »
Kamoulox. 

Spécial Histoire-Géographie

« Sonia, tu connais Louis Quatorze ?
– Oui, c’était un roi de France.
– Nan c’est la marque de mon porte-feuille. »
…Ah, au temps pour moi alors.

« L’Allemagne ? Aaah oui, la capitale de Londres ! »
Presque. 

« Ton père est Tunisien ? Oh mais alors il est Afghan !? »
Non non, Tunisien du coup.

Spécial Coiffeurs (les deux dernières ont été racontées par des amis):

« Dites, ça a dû être super dur d’apprendre le Japonais, avec tous nos kanji, y’en a des milliers !
– Bah au début on est obligé de faire des lignes d’écriture pour s’entraîner mais après quand on en connait quelques uns ça devient plus facile de les retenir.
– Ohh je vois. Et en français, il y a combien de caractères ?
– Pardon ?
– En Français, vous avez combien de signes pour écrire ?
– Ben c’est l’alphabet…
– Ah bon ? Vous utilisez l’alphabet ?!! »
……………NAN ON ECRIT EN HIÉROGLYPHE SOMBRE INDOCTE !

« Ah vous êtes Français? J’ai habité 6 mois à Paris, c’est à côté, non? »

« Moi ma passion c’est le cyclisme !
– Ah bon ? Vous regardez le Tour de France en ce moment alors ?
– Le quoi ?
– Ben le Tuulu du Furansu, vous savez.
– Ah non je connais pas qu’est ce que c’est ?
– L’évènement cycliste le plus important du monde. Tous les ans des gens qui font le tour de la France en vélo pendant un mois.
– Eeeeeeeh ! Incroyable ! Ça a l’air intéressant !
– … »
C’est beau les gens qui vivent leur passion avec flamme.

Spécial cinéma :
(Après avoir vu Intouchables)
« Dis Sonia, mais c’est pas vrai hein, ça existe pas en France les quartiers cités comme où il habite Driss ? »
Non, je crois que notre ami Sarkozy voulait foutre un coup de karsher dans le 16ème.

(Après avoir vu Les Misérables)
« Ca se passe comme ça vos manifestations en France aujourd’hui aussi ? Vous faites ce genre de barricades aussi ? »
Oui, pis on tue des gamins qui s’appellent Gavroche aussi. En chantant.

Et pour terminer un petit bonus…

Inclassable :

Collègue de bureau : Sonia… désolé ça fait des mois que j’ai envie de te poser une question et que je n’ose pas… est-ce que je peux ?
Moi : Oui bien sûr, quoi donc ?
Lui : Ben tu t’appelles Sonia… Comme Sonia Rykiel. Elle… elle est de ta famille ?
…Je… J’abandonne.

Cette parenthèse de choc vous a été présenté par le Ministère de la Culture japonais. Ça vous a plu ?
Si oui, je prends des notes de mes conversations du troisième type pour un futur Acte II ! En attendant, n’hésitez pas à poster vos propres perles du genre si vous en avez en commentaires !

A tout vite !

Bonjour, je suis une groupie.

      26 commentaires sur Bonjour, je suis une groupie.

Bienvenue à tous.
Maintenant que nous sommes tous réunis en cercle pour cette petite séance du soir, je vais me permettre de prendre la parole en premier pour ouvrir le bal.

Bonjour, je m’appelle Sonia, j’ai 2X ans et je suis fan de miyavi. Cela fait maintenant plus de 8 ans que je suis dépendante. J’ai pas trop essayé de m’en sortir mais rien à faire.
Outre la somme absolument astronomique qui m’aurait très certainement permis de sauver la Grèce que j’ai dû foutre en l’air cette dernière décennie pour obtenir ma dose, je dois avouer que je perds parfois le contrôle de moi-même pendant que j’assouvis mon vilain péché. Je crie, je pleure, je glousse, je niaise,  je mal au ventre. (Oui, il n’y a pas de verbe).

On m’avait pourtant prévenue quand j’étais plus jeune que c’était dangereux, sans parler des reportages absolument terrifiants sur TF1 montrant des fans de 2be3, Rock Voisine ou encore David Charvet. On a eu beau me montrer au 20h ces filles au visage déformé par le fanatisme dont la voix semblait tragiquement coincée dans les aigus et préciser que l’abus d’idole pouvait nuire à la santé, j’ai fini par tomber dedans.
Oui, malgré toute cette prévention et avoir moi-même déclaré « je tomberai jamais aussi bas », je suis la preuve vivante qu’il ne faut jamais dire jamais et se croire au-dessus de tout le monde.

Comme pour beaucoup de victimes de cette maladie, ça m’est arrivé à une période noire de ma vie, une période où j’étais mal dans ma peau et dans ma tête, donc faible.
J’avais d’ailleurs déjà fait un premier pas vers le côté obscur de la force puisque je m’étais découvert une passion douteuse pour le visual kei. (Veuillez reposer vos tomates s’il vous plaît, on a tous nos faiblesses)
Oui, ces groupes de rock avec des mecs ayant un IMC d’anorexique, habillés de costumes en vinyle près du corps achetés dans un sex shop place Pigalle et au visage plus maquillé que celui de Ronald Mc Donald lui-même. Et je n’avoue pas sans peine que même si aujourd’hui je suis mathématiquement plus proche des 30 ans (raaaah pouaaah chuuuut) que des 20, j’aime toujours ça.
Personne n’est parfait, même moi que voulez-vous. Oui, il m’arrive d’être comme vous.

J’avais découvert le visu en tapant «japanese music » sur Internet quelques années plus tôt pour voir ce que c’était et j’étais tombée sur X Japan.
Et X Japan, on peut en dire ce qu’on veut, ils avaient ptet une coupe de cheveux plus proche de la brosse à chiotte que d’autre chose,  ça poutrait quand même sa maman.
Et d’amatrice de X Japan, je suis passée à grande amatrice de leur guitariste hide, et de sa carrière solo.
Sauf que bon, malheureusement hide est un petit peu mort donc au bout de quelques années, mon poste en avait ras les enceintes de se taper les mêmes CDs en boucle.
Et alors que, désemparée par le silence musical forcé de hide-sama, je désespérais de retrouver un coup de foudre musical bien vivant et apte à me fournir de nouveaux sons régulièrement (je vous avais dit que j’étais à une période sombre de ma vie), je trouve au détour d’Internet un article ayant pour titre « 雅-miyavi-, le nouveau hide ? ».
Que, quoi ?
Je lis donc l’article, car si je connais son nom je ne me suis jamais vraiment intéressée à lui donc ne connaît pas du tout.
A la fin, je me dis qu’il faut quand même que je teste, que ça vaudra très certainement pas hide car personne ne sera jamais le nouveau hide. D’ailleurs –petit coup de gueule au passage au cas où Public, Closer et compagnie feraient partie de mes lecteurs- ça me gonfle cette façon des médias de toujours dire « le nouveau gna gna ». Vous pouvez pas laisser les gens être eux-même tout simplement ?

Nous sommes au début des années 2000, libres et insouciants, peu menacés par la Loi-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom  (Hadopi, pour les plus téméraires, n’ayons pas peur de l’oppresseur), ça télécharge à tout va et mon premier réflexe est donc de prendre le dernier album du jeune homme en question.
Je mets le tout sur ma nouvelle clé USB qui Ô miracle de la technologie de l’époque, fait aussi lecteur de mp3 dites donc !!
C’est l’hiver, je vais à la fac à pied dans la neige, je glisse sur le verglas et ça m’énerve, j’ai froid, j’ai sommeil, j’en ai marre de la vie et je brûlerais bien une vieille, comme ça, pour le fun.
Et c’est à ce moment-là que j’appuie sur play et que le « nouveau hide » me HURLE sa rage dans les oreilles. C’est con mais je crois que je me souviendrai de ces secondes toute ma vie.
C’était tellement… approprié à mon humeur massacrante. Ce que j’avais envie d’entendre, un truc bien rageux et énervé qui te donne envie de crier et taper un mioche pour te détendre.

Et voilà, j’étais perdue.
Je croyais que ce serait qu’une fois, pour essayer. (C’est ce qu’on croit tous).
Mais ça fait du bien, alors on en redemande, on recommence. Et sans s’en rendre compte, on sait plus s’en passer et arrivent les symptômes qui font qu’on est définitivement perdu : on glousse et on couine.
On est… une… (déglutit difficilement) une groupie.

*musique tragique de révélation Vis ma vie*

A partir de ce jour, je l’ai écouté absolument tous les jours non-stop. J’ai téléchargé acheté tous ses cds, et je me suis fais une orgie de lui tous les jours.
J’étais miyaviholic.
En plus, quelques mois plus tard j’ai eu la bêtise de me dire « au fait, je sais même pas la tronche qu’il a le coco » et d’appeler mon meilleur ami (Google Image) à la rescousse pour remédier à cela.
Et là : le bonus.
Le mec correspond juste parfaitement à tous mes critères douteux de beauté et représente en tout point ma vision de – Giiileetttteee – la perfection au masculin.

Je dirai pour la petite histoire que miyavi n’a au final de hide que son parcours. Il était guitariste dans un groupe de visual kei et absolument pas chanteur, mais quand le groupe s’est séparé il a décidé de se lancer dans une carrière solo. Pour le reste, même si je les trouve talentueux tous les deux, ils ont quand même un style bien distinct.
D’ailleurs, j’avoue volontiers que miyavi ne savait absolument pas chanter quand il a commencé. Sa voix nasillarde nous a offert quand même de SUPERBES canards les deux trois premières années de sa carrière solo, soyons honnêtes.
Mais bon, il a du charisme, il gratte bien, et quand il chante faux il le fait avec classe et panache donc  comme on est faible, on le pardonne.
Et puis cette époque est révolue, il a quand même beaucoup travaillé sa voix et sait aujourd’hui s’en servir. Ouf.

 

La suite, la plupart des gens qui me lisent la connaissent : après des années à attendre ce moment, en 2006 quand j’arrive à Osaka pour mon année d’étude, la première chose que j’ai faite a été de prendre le train pour Tokyo pour aller le voir en concert.
Et après une chose en entraînant une autre… j’ai fais tout ces trucs de groupies qu’on voit à la télé : claquer toute ma thune et le suivre pendant des tournées entières.
Il m’est arrivé de faire plus de 14 dates en trois semaines, dans tout le Japon et plusieurs pays d’Europe.
J’économise toute l’année, et venu l’été et l’heure de ses tournées, je pars avec mon sac à dos faire le tour du Japon en m’arrêtant dans les villes où il passe pour le voir en concert.
Ce qu’il y a de merveilleux quand même, c’est que même pas une seule fois je me suis lassée où je me suis dit « Bon, ça suffit les conneries, je me tape le même live depuis des semaines, j’en ai peut-être un peu marre qu’il me crache l’eau de sa bouteille à la gueule pendant la même chanson ».
Franchement, jamais ça m’a gonflée et non seulement je ne regrette pas mais en plus ça me manque en fait. Déjà parce que je vivais mon petit Pékin Express fait maison à partir en sac à dos, souvent sans savoir où j’allais dormir le soir (volontairement, pour l’aventure) et qu’outre ses concerts, ça m’a fait beaucoup voyager et rencontrer énormément de personnes avec qui je suis toujours en contact.
Je me contentais quand même pas d’aller aux concerts et basta, je prenais toujours soin de rester deux trois jours dans la ville de passage pour visiter, goûter les spécialités etc. Le tout en Seishun 18 kippu (un ticket spécial au Japon où pour 1500 yens – 15 euros – on peut prendre le train à volonté pendant 24h pour peu que ce ne soit pas un rapide) ce qui fait que j’ai mis 3 jours pour faire Osaka –Sapporo, mais c’était mon délire, comme je le dis, mon Miyavi Express et je me suis éclatée.
Une fois de retour en France en été 2007, pour pas trop mal vivre le blues de ne plus être au Japon et ne plus profiter de ses shows, j’ai donc fait mon site sur lui où je traduisais toutes les infos, paroles, blogs etc. pour les fans francophones, jusqu’à organiser des fanprojects, des soirées entre fans et autres.

Ca me prenait tout mon temps (tout mon fric aussi), mais au final c’était les rares moments où je déprimais pas et étais tellement à fond dans ce que je faisais que je peux même dire j’étais super bien dans mes pompes.
Sans parler de toutes les rencontres que ça m’a apportée, les trois quarts des gens merveilleux qui m’entourent aujourd’hui ont été rencontrés via mes activités miyavesques.

J’avoue que c’était à un point où qu’en France ou au Japon, la plupart des fans savaient qui j’étais. Miyavi lui-même savait qui j’étais, et son danseur et son DJ de l’époque m’avaient ajoutée sur mixi et envoyé des messages, parfois même pour me demander « tu seras là au concert de telle ville ? ».
Dur de calmer sa folie fanatique quand ça prend de l’ampleur et que l’artiste lui-même sait parfaitement qui vous êtes et ce que vous faites pour lui en France, qu’il vous adresse la parole en Français pendant ses live au Japon, que vous obtenez une fois un accès en backstage, que des radios vous proposent de tenir une chronique J-Music pour eux le mercredi après-midi ou qu’on commence à parler de partenariat avec des maisons de production qui produisent les artistes Japonais (choses qui au final n’ont pas pu se faire pour certaines, faute de compatibilité géographique et autres mais bon).

Je dirai donc pour ma défense que je suis une groupie, certes, mais une groupie qui se veut productive.

Mais bon ça c’était avant, ça fait bientôt trois ans que je ne suis plus très active dans la miyasphère.
Je suis arrivée au Japon et le fait est que faire sa promo, la traduction de ses news et tout ce qui s’en suit me prenait un temps assez ENORME (imaginez, à l’époque je postais régulièrement, incroyable…) et que j’ai dû prendre la décision d’arrêter pour pouvoir me concentrer sur mes propres rêves un temps. C’est aussi le moment où miyavi lui-même a décidé de lâcher sa boîte de production pour s’autoproduire et qu’il a ENFIN ouvert un fanclub disponible pour les étrangers et traduit toutes ses news en anglais. Le timing était plutôt bon, les fans français n’avaient plus « besoin » de mes traductions pour le suivre.
Donc comme je suis une groupie qui n’oublie pas sa propre vie pour autant, fin 2009 j’ai mis entre parenthèse mes activités fanesques pour me concentrer sur l’école, sur ma recherche de travail… qui quelque part le rejoignait un peu car je prenais tellement de plaisir à m’occuper de sa promo en France et organiser mes petits trucs, j’étais partie dans l’idée de travailler dans l’événementiel / le monde du spectacle. Et j’avais quelque part réussi puisque j’ai travaillé dans l’événementiel presque un an… mais j’ai dû démissionner avant de me jeter sur un rail pour harcèlement moral et autre, expérience édifiante que je raconterai ici en temps et en heure.
En plus fini la rigolade, fini les bourses scolaire, bonjour prêt étudiant et baito où on casse des iPhone pour survivre, plus trop le temps ni la marge financière pour parcourir le Japon et pleurer devant sa magnificence.
D’une quinzaine de concerts par an, je passe à 2 ou 3, tous décidés au dernier moment faute de savoir si je pouvais y aller ou non, toujours avec des places trouvées miraculeusement à la dernière seconde et où je suis au fond de la salle.
En 2011, je n’ai pas de vie à cause de ma boite de fou (dans l’événementiel donc), je ne peux faire aucun de ses concerts solo, et me débrouille pour aller à le voir juste deux fois pour des event annexes.
 La première fois à un Guitar Festival où il participe et où une fois arrivée, on m’indique que j’ai acheté seulement le ticket pour le festival de guitare mais que je n’ai pas le pass pour le petit concert privé qu’il y donne. Tellement désespérée à l’idée de le rater pour un truc aussi con alors que ça fait une plombe que je l’ai pas vu, le gars du staff a eu pitié et une fois que tous les fans étaient rentrés dans la salle, il m’a fait passer en douce après tout le monde pour que je puisse y assister quand même…  Merci Mr Gentil, je l’oublierai pas.
Et la deuxième fois, j’ai réussi à aller le voir lorsqu’il a fait la première partie de 30 seconds to mars. C’est trop court, c’est pas son public mais c’est toujours ça.

Mais ce jour-là, il s’est passé un truc que je n’imaginais pas vraiment de lui et qui m’a franchement déçue.  (Je dirai pas quoi car ça concerne un truc privé, donc pas la peine de me demander, je vous vois venir !)
Alors  même si je l’aimais toujours un peu d’amour fou, j’avais besoin de lui faire la gueule quelques mois pour m’en remettre, ce que j’ai fais consciencieusement pendant 6 mois (en continuant de fanatiser de temps en temps quand même pour la forme, parce qu’on ne renie par son Dieu comme ça).

J’ai démissionné de mon job de psychopathe, j’ai retrouvé une vie, je lui ai fais la gueule dans mon cœur tranquillement en le trompant allègrement en allant à des concerts de Mejibray à la place des siens. Puis le printemps et ses envies de renouveau son venus et je me suis dit ça y est, c’est bon on s’en fout de ce qu’il a fait, il peut pas toujours être le Grand Frère de TF1 et a le droit de faire des trucs complètement cons lui aussi, c’est un humain. Peut être même qu’il pète et qu’il fait caca. (Mais j’en doute).

Pis la vie sans lui comme guide spirituel, c’est quand même super triste.
Parce que plus que faire mouiller ma culotte comme diraient les plus poètes, miyavi il a plutôt le don de me remonter le moral, de me dire de me tirer les doigts du cul si je veux faire quelque chose de ma vie, de me faire avancer en disant merde au monde avec le sourire et tout plein d’autres trucs positifs qui te donnent envie d’être créatif, battant et de conquérir la planète au lieu de te laisser marcher dessus.
Et je crois que c’est le cas pour tous les vrais fans de lui, ceux qui écoutent ce qu’il dit et ce qu’il veut transmettre au lieu de regarder sa belle gueule.

Et alors que j’étais abstinente depuis quelques mois, j’ai décidé que finalement une vie sans vice, c’est quand même plutôt fade et pas bien savoureux, donc je claque la porte des Miyaholic Anonymes pour crier au monde que je suis de retour chez les MiyAddicts.

En effet, depuis cet été, je fais mon come back petit à petit dans le monde des concerts et du fangirlisme organisé.
Fin juillet j’arrive miraculeusement à me procurer une place pour son concert (dont les places avaient été mises en vente en mai quand j’étais de retour en France et sold out de suite, j’étais verte) et  retourne à mon premier one man depuis presque deux ans.
Son public a quand même complètement changé (en tous cas au Japon), soyons honnête, peu de fans ont survécus au ras de marée de son mariage et de ses deux adorables gamines (qui étaient dans la salle, elles sont encore plus adorables que le père).
La moyenne d’âge est nettement plus élevée et il y a autant d’hommes que de femmes.
Mais je reconnais quand même quelques anciens, ceux de la première heure, ceux qui cosplay, ceux qui connaissent les vieilles chansons, ceux qui m’ont aidée lors de mon premier concert en 2006 à me procurer une place (aventures de mes deux tout premiers live de miyavi, sur mon vieux blog niais de l’époque) , ceux avec qui j’ai des souvenirs partout dans le Japon…  ceux qui maintenant n’ont plus aucune idée de qui je suis.
A part Maura, une américaine qui fait partie des fans incontournables de miyavi (oui, c’est une drôle de culture mais il faut savoir que parmi les fans, on compte les fans célèbres avec qui tous les fans lambda veulent se faire prendre en photo…) qui se souvient bien de moi parce qu’il y a 6 ans on était les seules étrangères de la salle, plus personne ne me reconnaît.
Entre mes retours en France qui m’ont fait louper pas mal de concerts au Japon et ces trois dernières années où j’ai été peu présente et toujours de dernière minute en fond de salle, on m’a un peu oubliée.
Et puis aussi entre temps j’ai cédé à l’appel du succès du régime Dukan et perdu la moitié de moi-même, donc soyons réalistes, je suis méconnaissable.

Moi à l’époque de mon premier concert en 2006


Moi récemment, à un de mes derniers concerts

 

Je pense que ça se passe de commentaire. Ou alors juste pour constater que je me suis pouffisée dans la prise de pose photo entre temps.
Si j’aurais pu me vanter à un moment d’être connue comme le Loup Blanc parmi les fans Japonais et miyavi lui-même, aujourd’hui autant l’un que l’autre n’ont plus la moindre idée de qui je peux être et ne me reconnaissent pas.
C’est triste sans l’être vraiment, j’y vais pour mon plaisir personnel et pas pour qu’on me reconnaisse et me dise « mais tu es Sonia ! ». Mais c’est vrai que je regrette un peu ce sentiment d’être « privilégiée » quand il me voyait dans la salle et m’accordait un signe de reconnaissance. Et le fait que plus personne ne me saute au cou quand j’arrive avec des « hisashiburiiiiiii » (« ca fait longteeeemps ! ») et que je passe mon live toute seule est un peu triste. Parce que finalement les fans avec qui j’étais le plus proche et avec qui j’ai gardé contact pendant ma phase de repli et de transformation physique ont arrêté de le suivre après son mariage (tss tss…) donc si j’ai fais pas mal de concert et même pris une ou deux cuites post concert avec d’autres qui sont toujours là, c’était un peu plus ponctuel et elles n’ont plus trop idée de qui je suis.

Donc j’ai fais mon come back aux concerts en solitaire.
Enfin solitaire, je suis quand même pas con au point de rester dans mon coin non plus hein.

Je me suis bien entendu mise à côté des anciennes pendant le live qui m’ont prévenue gentiment « Ici c’est zone dangereuse, ça va partir dans tous les sens donc si tu crains c’est mieux que tu te mettes un peu plus loin et ce sera plus calme ».
T’inquiète ma biche, j’ai fais assez de concert avec vous pour savoir qu’on en ressort pas sans être complètement cassée le lendemain.

[MODE GROUPIE SUBJECTIVE : ON ]


Et voilà, Dieu entre en scène et comme avant, il est parfait.
OK il a arrêté le visu, il s’est assagi (enfin sauf sur les tatouages où il a complètement craqué son slip on est bien d’accord), il a plus de piercing, plus de maquillage, plus de costumes plus bariolés les uns que les autres, plus de look déjantés… juste lui, son batteur et sa guitare.
Et en fait, c’est pas plus mal. Il a pas besoin de ça pour être spécial.
Même si j’aime toujours le visual kei (bien que j’ai de plus en plus de mal à trouver des groupes qui ne me donnent pas envie de me tirer une balle tant c’est mauvais), arrêter est une des meilleures choses qu’il ait fait je trouve.
Parce qu’avant ce qu’il faisait c’était pas mal.
Maintenant, c’est abouti.
Le style a changé (bien que quoi qu’on en dise, on reconnaît toujours sa patte quoi qu’il fasse), mais musicalement parlant, c’est quand même d’un tout autre niveau.
Je me suis toujours fais cette réflexion, mais aujourd’hui elle est plus vraie que jamais : il est en train d’inventer un nouveau style. Un style qui n’a pas n’a pas de frontière, qui mélange tout, qui ne s’enferme dans aucune catégorie, qui ne ferme aucune porte aux différents genres de musique et qui est reconnaissable seulement au son de sa guitare.
Pour moi aujourd’hui, toute la couleur qu’il avait avant sur la gueule et sur ses fringues, il la met dans ses sons.

Ca m’a fait du bien de le retrouver, ce bon vieux miyou. Parce que quand même, ce qu’il me fait ressentir quand ses doigts courent sur sa gratte, ça n’a pas vraiment de prix. A part les Grands genre Slash et compagnie, y’en a pas beaucoup qui me font ressentir ça.
Ce jour-là j’ai un peu retrouvé de ma vie d’avant, quand j’étais cette jeune fofolle qui parcourait des km en sac à dos pour ce petit moment hors du temps, dans un autre monde où tu es toi-même et où tu décroches un peu de ta vie quotidienne.
Ce groupe d’anciennes m’ont vite repris dans leur troupes même en ne se souvenant que vaguement de moi grâce à mon prénom, en m’adoptant dans leur cercle, en me prenant la main dans les chansons qui foutent les boules (genre Gravity), ou pour s’accrocher à moi et sauter dans tous les sens quand ça pulse.
Et je tiens à préciser que ça, tu le vois qu’à un concert de miyavi.

Parce que je vais vous le dire franchement, en général les fans de visu c’est quand même de sacrées garces.
Des nana qui croient encore que l’artiste leur appartient, qu’un jour elles l’auront dans leur lit et qu’on est toutes rivales. A un concert de Mejibray, c’est la folie, on se fait insulter et frapper au moindre pet de travers (oui une fois j’ai eu le malheur d’avoir le ticket numéro 3 donc être au premier rang et troubler le premier rang habituel, ça a déclenché une guerre contre moi et ma copine sans précédent, c’est aussi stupide qu’incompréhensible). Résultat, je n’y vais plus et si j’y vais je reste au fond pour les laisser s’entretuer parce que franchement, ce comportement ça me dépasse.
A un concert de miyavi je n’ai jamais vu ça. Par contre, qu’on me prenne la main, me saute dans les bras où même qu’on me propose d’aller au premier rang car je suis venue de France pour le voir ou parce que ça fait longtemps que je l’ai pas vu, je ne l’ai jamais vécu ailleurs qu’à ses concerts.
C’est vraiment une ambiance particulière.
Ce qui fait aussi que c’est  impossible de renoncer à ces moments.

Après ce live, j’ai parlé avec pas mal d’anciennes, on a pris des photos et une fille est venue m’aborder pour faire connaissance.
On a parlé, sympathisé, finalement on est parties manger ensemble, on s’est raconté nos vies comme si on se connaissait depuis dix ans et on est rentrées à 1h du matin.
Le lendemain, les places pour l’event spécial anniversaire de miyavi étaient en vente pour les gens inscrits au fanclub. Et j’avoue que si je l’ai longtemps été, faute d’argent ca fait deux trois ans que je ne suis plus inscrite.
Alors que je crève d’envie de faire cet event spécial anniversaire car j’en ai jamais fait – même les années où j’étais inscrite car ça tombait tout le temps quand j’étais en France – je me résigne et me dis  tant pis, une année de plus sans participer à l’anniversaire.
Sauf que ma nouvelle copine rencontrée la veille me téléphone à ma pause de midi pour me dire « J’ai réussi à avoir des places pour son anniversaire, pour les deux concerts ! Et comme t’es pas inscrite au Fanclub, j’ai pris tes places ».
Je suis stupéfaction…
Nan mais…
 QUELLE NANA VA VOUS PRENDRE DEUX PLACES A SON NOM ALORS QU’ELLE VOUS CONNAIT DEPUIS MOINS DE 24H ?????
Et que j’ai rien demandé en plus !

Bienvenue dans le monde bisounours des fans de miyavi, ces gens qui vous trouvent des places sans vous connaître, vous laisse leur place au premier rang car vous habitez plus au Japon, qui vous prennent dans leur bras sans même savoir votre prénom (et qui envoient des cartes postales à des inconnus pour l’anniversaire de leur blog…).
C’est valable pour certains fans français aussi, je me souviens que quand j’organisais des fanprojects et recevaient chez moi les lettres/cadeaux de fans pour les réunir et lui transmettre, un fan sur deux avait écrit une lettre pour moi au passage, m’avait fait un dessin ou un cadeau… C’est fou quand j’y repense.
Ko-miyavi, je vous aime.

Et voilà, hier c’était le Jour Saint.
14 septembre, Dieu fêtait ses 31 ans.

Pour l’occasion, double concert : un à 19h et l’autre à 21h30.
Je travaille jusqu’à 17h30… alors que l’ouverture des portes est justement à 17h30. Je suis donc des plus stressée, car le temps que j’arrive jusqu’à la salle il sera facile 18h15-20, et même en ayant un bon numéro je vais me retrouver au fond. Stress de pas retrouver ma copine, de pas récupérer ma place, de finir tout au fond et rien voir…

 En fait je sais pas ce que j’avais hier, j’étais hystérique.
En plus je comprenais rien à ce que me disait ma copine « Non mais y’a pas de ticket, c’est bizarre… faut que tu dises mon nom à la réception » et tu rentres.
… ? C’est quoi ce système ?
Comme les directives étaient des plus nébuleuses, j’étais d’autant plus stressée.
Pas le temps de me changer entre le travail et le concert, et comme le ridicule ne tue pas, je décide donc d’aller au bureau en habits de lumière.
Mon patron : « Oooh Soniaaaa, tu as un rendez-vous galant ce soir ? ».
Presque.

J’esquive la question pour ne pas le décevoir avec une réalité un peu moins conforme mais lui annonce qu’à 17h30 tapantes je dois partir. Pas d’heure, ou même de minute, sup’ ce soir. Que c’est une question de vie ou de mort, qu’il en va du sort de l’humanité.
10h00, encore 7h30 avant d’aller au concert.
10h01, encore 7h29 avant d’aller au concert.
10h02, CETTE JOURNEE NE FINIRA T’ELLE DONC JAMAIS ???

J’ai du mal à me concentrer, j’arrête pas de me demander ce qu’il a prévu comme live pour son anniversaire.
17h28, je regarde désespérément l’horloge en bas à droite de mon écran.
17h29, j’appuie discrètement sur démarrer >> arrêter.
17h30, je décolle dans un nuage de fumée en criant «Ciao les nullos !  Hasta la vista, bye bye ! »

Bon, à un ou deux détails près.

Je prends le métro en poussant sur la voie quiconque ose se trouver sur mon chemin, fine angoissée. Franchement je me fais rire moi-même, je ne sais vraiment pas pourquoi je m’étais mise dans cet état là. Le fanatisme a ses raisons que la raison ne connaît pas.
J’arrive en un temps record à Roppongi et me dit que l’amour vous fait vraiment faire des choses exceptionnelles.
Roppongi quoi.
Vaste repère du Malin et de tous les vices que j’exècre au plus haut point. Me voir traîner à Roppongi c’est comme croiser Benoît XVI dans une boite branchée d’Ibiza.
Rare, mais pas complètement impossible donc.
Nous sommes en 2012.

Déjà que j’aime pas ce quartier (nan mais quelle idée, un quartier avec une ARAIGNEE GEANTE ! C’est pour la Coupe du Monde de l’Infecte ou quoi ?), en plus de ça je suis bêtement hystérico-euphorique et me perds comme une grognasse histoire de perdre encore plus de temps.
Pourtant je connais bien l’endroit, Tokyo Midtown, puisque c’est un des quartiers les plus chicos de Tokyo avec des magasins de fringues qui vendent des vestes immondes bariolées à 4000 euros et que j’y ai organisé pas mal d’événements l’année passée avec mon travail. Mais comme c’est un sombre passage de ma vie, mon cerveau a décidé de ne plus se souvenir du tout et je me perds bien gentiment.
Heureusement que twitter est là pour partager (ou non) mon désarroi dans ces moments de solitude de la plus haute importance.

J’arrive finalement au Tokyo Billboard où ma copine m’attend à l’entrée. Elle me dit qu’elle a déjà reservé nos places et que sa copine nous y attend. Elle dit juste nos noms et le vigile de l’entrée nous laisse entrer sans rien demander de plus. Hé, et mon ticket ?
Je ne connais pas la salle et ne connait pas le système de l’endroit.
Donc ma surprise est à son comble quand je découvre que la salle de concert est en fait un restaurant des plus guindés et que le « ticket » est juste une réservation au nom de ma copine avec son numéro de membre du Fan Club.
En bas, 5 rangées d’une dizaine de tables chacune devant la scène pour les places les plus chères, puis une arène de petites tables comptoir face à la scène pour les moins chères.

Evidemment, elle a eu les places premium, soit celles en bas et en plus un très bon numéro.
On est donc à la deuxième rangée de table, en plein milieu… sous le micro.
Je regarde « Heu… il va être là ? A même pas deux mètres ? »
– Oui…je pensais pas que ce serait aussi près.

Nan mais c’est pas que c’est près à ce niveau, c’est que la table de la première rangée aura ses genoux dans la tête pendant tout le concert et que nous on aura qu’à tendre la main pour lui foutre une baffe si jamais ça ne nous plaît pas.

On nous donne le menu, évidemment tout ce qu’on consomme est compté en plus de la place et ça coûte plutôt bonbon, mais c’est quand même rare d’avoir la chance de pouvoir siroter un petit quelque chose tout en se repaissant de son idole à deux pas de vous.
On se prend donc des choppes de bières pour trinquer aux 31 ans de Dieu, c’est pas tous les jours.
Comme me dit ma copine, « Bah on se fout sur la paille, mais c’est son anniversaire c’est fait pour ça ».
Et elle a bien raison. On est jamais plus heureux que quand on dépense notre fric à tout va comme si on était riche.
Limite on profite mieux que si on l’était, car on se dit « bon je vais bouffer un onigiri par jour pendant 6 mois après ça, donc autant kiffer ma race de sa mère la ouf sur son flex, hein wesh gros ».
(Oui, quand on vide son porte-feuille et qu’on se cherche des excuses pour l’assumer, on parle tout à coup en français des banlieues)

Les équipes de télévision sont là, je ne savais pas mais le concert est retransmit en direct sur la Fuji TV.
C’est bien, comme ça si mon boss s’emmerde devant  Fuji TV ce soir, il saura où j’étais finalement.

A 19h tapante, les lumières se tamisent et… miyavi débarque d’entre les tables dans les gradins ! Les fans en peuvent plus, tu penses, elles croyaient avoir une place pourrie et elles se retrouvent à 50cm de son doux visage.
Il chauffe la salle par un solo de guitare dont il a le secret, descend les escaliers tout en jouant et c’est là que je l’ai admiré le plus fort dans ma vie : perso si je regarde pas mes pieds quand je descends des escaliers, je tombe. Trop fort ce miyou !

Il arrive sur scène et stoppe direct pour avoir la même réaction que nous quelques minutes plus tôt : « Putain c’est PRES ! ».

Tu m’étonnes.

Il a un peu abusé sur le choix du costard bleu électrique, d’autant plus qu’il a retroussé le bas du pantalon à pince jusqu’aux genoux pour en faire un bermuda, mais comme ça faisait longtemps que j’avais pas trouvé sa tenue moche, je suis contente de retrouver mes vieilles habitudes.

Je ne suis plus la groupie d’autrefois à la mémoire (et la silhouette) d’éléphant donc je serais incapable de vous écrire la setlist, mais il a fait pas mal de chansons récentes (Universe, Day 1, Moon etc…), deux trois inédites (dont une qui s’appelle Hanabi, les autres j’ai pas retenu le titre ou il ne l’a pas dit), et deux trois très anciennes comme Jibun Kakumei.

Mais surtout j’aimerais souligner une version qu’il a fait de Joushou Gaidou à sa sauce actuelle. Une version tellement EXCELLENTE que je dois avouer qu’avec cet arrangement frisant le génie, je n’ai absolument pas reconnu la chanson.
Et j’étais même plutôt vexée, « comment ça une chanson que je connais pas !? ». Honnêtement, je tuerais pour l’avoir en CD cette version, elle était magique.
Et c’est là qu’on réalise à quel point il a évolué en dix ans.
Il est bien loin le miyou qui s’égosillait tel Simba tentant vainement de rugir et qui tapait dans des murs en cartons pour faire le rebelle. Même si j’aimais déjà bien ce miyou là parce que j’étais jeune et impressionnable et que je l’aime toujours aujourd’hui parce que c’est nostalgique et tout simplement lui, je suis heureuse de constater qu’il a énormément évolué et mûrit petit à petit.

Chaque année je me disais qu’il avait progressé, que ce qu’il faisait était mieux, plus travaillé, plus contrôlé.
Il est devenu au fil des années un véritable artiste.
En fait au début j’aimais bien ce qu’il faisait. Maintenant ça me laisse sans voix.
Hier ce qu’il a fait avec sa guitare, franchement y’a pas de mot pour le décrire. Je sais pas combien d’heures par jour il passe à travailler sa technique, mais si il a toujours été bon, maintenant les Dieux le transportent voilà tout.
On sait depuis des années que le slapping et autre n’ont plus de secret pour lui, personne n’est resté indifférent à son intro de Selfish Love :

Mais maintenant je crois vraiment qu’il est passé à un niveau supérieur. Ca s’entend pas forcément dans ses singles ou clips avec des arrangements un peu plus soft, mais sur scène, quand il se permet des solos de la mort pendant de longues minutes, et ben on s’en prend plein la gueule et plein les oreilles.

Et encore, je vous dis ça alors qu’il a magistralement foiré son premier concert.
Déjà l’air de rien il avait l’air quand même impressionné qu’on soit aussi près de lui et aussi la présence de Fuji TV. Comme toute émission retransmise en direct, il y a les problèmes de temps, des blabla chronométrés tout ça… Et bon, il a pas l’air bien doué pour ça quand même et cette histoire de temps avait l’air de le chagriner au point que, adieu discrétion, il en venait a demander directement aux cadreurs « Ca va là le timing, me reste combien de minutes ? Je cause trop ou bien ? ». Quant à sa version parfaite de Joushou Gaidou, il s’est arrêté une première fois au bout de 30 secondes pour dire « Raaah, je me suis planté, faut que je recommence. Attendez je me refais les paroles… nin nin nin… Ouais… Ah bah non je m’étais pas planté en fait ! Putain et je suis en direct là hein ? Pas moyen de couper donc… Ok ok, j’assume. Mais j’aurai plus qu’à écumer le site de Fuji TV et Youtube pour faire effacer toutes les vidéos et que ca reste entre nous hein… » et recommencer sa chanson pour rien. Ha ha

Bon à part des petits couacs dus au stress, le concert était quand même très bien et lui et son batteur Bobo font quand même un superbe combo artistique.
D’ailleurs Bobo… Fou rire général à son arrivée. Car comme le savent sûrement les fans qui me lisent, Bobo le batteur joue toujours en petit short de camping.
Et là il arrive dans la salle de cet endroit guindé en chemise, cravate, veste noire… On entend un grand « Oooh ! » étonné de le voir si élégant dans la salle… jusqu’à ce qu’il monte sur scène et qu’on constate qu’il porte en dessous qu’un mini short beige, qui fait que de loin, on jurerait qu’il ne porte rien.
Effet de surprise des plus réussis, tout le monde jusqu’aux cadreurs est mort de rire.

Ma seule frustratrion sera que même si c’était super sympa de profiter de lui sur scène en buvant un coup dans un endroit sympa, c’est qu’on pouvait pas exploser avec lui.
Heureusement au bout d’un moment il nous a dit « Vous allez quand même pas rester assis tout le long non ? » et on s’est levés et a pu bouger un peu.

Fin du concert, on l’appelle pour un rappel, il ne se fait pas prier (à cause du direct qui tourne toujours) et revient quasi tout de suite.
Il s’énerve que son guest au clavier ne monte pas tout de suite sur scène alors qu’ils sont pressés par le temps « tu fais quoi, mooonnnte !! » pour réaliser que celui-ci reste dans la salle pour allumer les bougies de son gateau secret.
Happy Birthday to youuuuuu, de rigueur dans la salle et il se trouve tout con, il souffle ses bougies tout content.
Dieu est décidément très chou.
Il commence sa chanson, et au moment où le son monte, qu’il explose… les rideaux derrière lui s’ouvrent sur une grande baie vitrée qui donne sur la ville illuminée.
Superbe.
Comme je suis une chouineuse née, j’ai évidemment ma larme à l’œil.

Après deux trois chansons, le premier live (qui a duré1h40) est terminé et on sort de la salle.
On fait une petite pause, puis un quart d’heure après a lieu l’ouverture des portes.
Cette fois on a le numéro 8, donc 7 groupes sont déjà passés avant nous et 5 tables seulement sont déjà prises.
Cette fois, on décide de prendre une table au premier rang, sur le côté gauche car c’est le côté où il y a les coulisses et qu’il passe.
On ne se refuse rien en reprenant une boisson (bon finalement c’est pendant un an que je me nourrirai d’un onigiri par jour) et à 21h30, le deuxième live commence.

A deux trois chansons près, le concert est le même… sauf qu’il est cent fois meilleur.
Il n’est plus surpris par la proximité, la Fuji TV n’est plus là, il est à l’aise et pas contraint par des histoires de temps ou quoi.
Résultat il met le feu.
 Il l’avoue lui-même « Heu… c’est quand même vachement mieux qu’au premier concert là non… ? Fuji TV, revenezzzz !!! ».
Ha ha, dommage.

A l’arrivée de Bobo et son coordinate costard/mini short beige, on est cette fois aux premières loges et on se tape un fou rire monumental en se moquant des petits motifs qu’il y a dessus.
Mais Dieu est omniscient et veille, alors on se tape l’affiche quand on l’entend derrière nous au micro « Regardez les deux perverses là-bas ! Vous êtes un peu trop excitées par la vue de Bobo et son mini-short mesdemoiselles ! ».
Je me raidis direct. Raaaaah le gredin, alors que j’étais enfin relax !
Me revoilà de nouveau tendue comme un string.

Libre de mener son live librement, il s’est fait plaisir (et à nous aussi par la même occasion) avec impro et solo plus savoureux les uns que les autres, et franchement, je me suis demandé comment j’ai fais pour arriver à vivre sans l’écouter pendant six mois de faisage de tronche.
Il a de l’or au bout des doigts.

A la fin, il est parti dans un de ses speechs sur la vie dont il a le secret, vous savez, ceux qui vous donnent envie de dire merde à tout et de faire ce que vous avez envie.
Et ensuite, il a dit quelque chose en me regardant dans les yeux et qui m’a d’abord rendu mal à l’aise, parce que quand Dieu speech en vous regardant dans les yeux pendant d’interminables minutes, ça donne un peu envie de mourir, mais aussi qui m’a rendue un peu triste. Je sais parfaitement que s’il s’est adressé à moi à ce moment là, c’était absolument pas contre moi mais plutôt parce que j’étais la seule étrangère dans la salle et qu’il avait l’air de vouloir dire « tu vois ce que je veux dire ? » mais j’aurais trop voulu pouvoir lui répondre.
Il a dit un truc du genre « Vous voyez, j’aimerais trop que les gens me trouvent classe. En tant que Japonais vous voyez, pour ce que je fais, pour ma musique, pour mon style. J’aimerais vraiment qu’on pense du bien de moi, qu’on se dise que j’assure, qu’on m’admire. Perso moi je respecte les gens, et je vous admire vous mes fans et je trouve aussi que vous avez la classe. Et je suis content quand je vois que vous m’aimez aussi. Mais quand même, j’aimerais plus. J’aimerais vraiment être aimé partout, même à l’étranger. Mais franchement c’est difficile vous savez. D’accord, j’ai fais pas mal de tournées mondiales, je suis allé dans beaucoup de pays et c’était souvent sold out, ça s’est bien passé. Mais c’était mes fans, ils me connaissent. Dernièrement vous avez peut être remarqué, j’ai participé à beaucoup de festival de rock un peu partout dans le monde, pour voir ce qu’on penserait de moi, pour me faire connaître. Et bon, ça s’est bien passé mais on s’est bien foutu de ma gueule aussi. Nan c’est vrai, c’est pas pour dire mais on se fout pas mal de la gueule des Japonais quand même. A New York, au Maroc, ou même en France. On me voit avec Bobo avec ses cheveux longs et son short, et moi avec mon maquillage, mes fringues et mes tatouages partout. Et au lieu d’écouter ce qu’on fait sérieusement, on nous regarde et on dit qu’on est un couple gay,on se fout de notre gueule. Alors que vous savez en France, j’ai fait salle comble à l’Olympia ou à l’Elysée Montmartre qui sont des salles de légendes, beaucoup de grands artistes ont performé là bas. Mais ceux qui nous connaissent pas nous prennent pour des gays et se marrent. Bref, j’ai de très bons souvenirs et ça s’est bien passé, mais quand on essaie de se faire reconnaître à l’étranger, ou même au Japon d’ailleurs, c’est toujours difficile».
Et quand Dieu raconte ça en s’adressant à vous, ben c’est super troublant.

Surtout que je vois parfaitement ce qu’il veut dire puisque ça fait des années qu’on me demande « T’aimes toujours ta tantouze ? » quand on me parle de lui, et que je dois avouer que malgré mon ouverture d’esprit et ma capacité à me moquer de tout, y’a quand même des fois où ça me gonfle royalement.
Déjà parce que tout le monde y va de sa petite blague homophobe se croyant sûrement très original et très drôle alors que ça va faire 10 ans que j’entends les mêmes vannes (un peu comme l’éternel « T’as bouffé du chien au Japon ? ching chong !»…. ), et aussi parce que s’il était pas catégorisé visu et avait pas ressemblé à ça à ses débuts :

 

Ben certainement que certains le prendraient un peu plus au sérieux et écouteraient ce qu’il fait avant de me dire que c’est de la merde pour pisseuse.
Après qu’on aime ou qu’on aime pas ça reste encore qu’une histoire de goût, perso j’aime pas le Jazz alors que beaucoup admirent des saxophonistes renommés dans le domaine quand moi ça me laisse de glace.
Mais je dois avouer que mon second degré est parfois mis à rude épreuve quand on me sort encore aujourd’hui que miyavi c’est un chanteur à minette habillé en dragqueen.
Autant je suis fan de Mejibray et ça me fait rien du tout quand on se fout de ma gueule, autant miyavi c’est quand même un niveau au dessus et je pense pas vraiment qu’il mérite qu’on se paye sa tête.
(Coup de gueule de la groupie de minuit cinquante et un).

D’ailleurs après son speech, il a vu que la table du premier rang à ses pieds était composée d’hommes, dont un plus âgés que les autres.
« Evidemment je suis content de mes fans, mais ça me fait super plaisir de voir que de plus en plus d’hommes m’écoutent et viennent me voir. Toi par exemple – il se tourne vers l’homme mur de la table du premier rang – dis moi ton nom, ton âge, ce que tu fais dans la vie, je veux tout savoir ! »
– Je suis XXXXX, j’ai 45 ans et je suis musicien de profession. J’aime beaucoup votre travail.
– Vraiment ??? Waouw, ça me touche !!! Nan mais tous mes fans me touchent hein, mais qu’un homme musicien de profession et ayant encore plus d’expérience que moi vienne me voir, ça me fait vraiment quelque chose ! »
Et il s’est penché et ils se sont serrés la main.

J’avoue que j’ai bien aimé ce moment.
Déjà au Guitar Festival où on m’a fait passer en douce, ils avaient fait une sorte de tombola de guitariste, et ceux qui avaient été tirés au sort venaient jouer de la guitare sur scène avec lui et j’avais trouvé ce moment vraiment magique.

Il a terminé son concert, refait un rappel et… encore eu un gâteau apporté par son guest au clavier. « Quoi, encore ? On se refait la même jusqu’au gâteau ? C’est un peu abuser non ?».
J’avoue qu’on repassera pour la spontanéité.

Et voilà, concert terminé, les adieux, je fais des signes comme tout le monde la main tendue, il me prend la main au passage quand il descend les escaliers.
Je me meurs.  Ma main brûle.
Le fourbe a bien calculé son coup, mon addiction a repris la flamme de mes 20 ans, je suis perdue.

C’était magique. Je retrouve un de mes petits plaisirs oublié après deux ans à galérer ici et ne pas faire grand-chose à part travailler.
Résultat on est pas sortis de l’auberge car je retourne le voir mercredi soir, deux fois à Osaka en octobre, plus un autre show à la fin du mois d’octobre en duo avec un grand joueur de shamisen (me tarde vraiment de voir ça soit dit en passant) sans parler de la tournée de fin d’année……..
Bon, maintenant faut que j’écrive une lettre à mon banquier pour le préparer psychologiquement.

Voilà, j’ai retrouvé mes copines de live, mes habitudes, miyavi et sa guitare.
Il ne me reste plus qu’à demander une augmentation à mon boss pour pouvoir assumer tout ça.

Et comme je ne saurais terminer ce billet autrement, je vous laisse en charmante compagnie avec une vidéo de ses prouesses à la guitare…


Et une vidéo de l’anniversaire de Dieu de l’an dernier, où pour ses 30 ans il avait fait un concert en studio, diffusé en direct sur le net pour ses fans du mon entier :


Et pour les gens de bon goût qui en redemandent :

[MODE GROUPIE SUBJECTIVE : OFF ]

PS : Vivi, j’ai tenu le pari. Tu m’avais dit au moins 3000 mots sur miyavi et son double concert d’hier, j’en ai écrit 8000. Maintenant je veux mon colis de friandises. Ah,et un commentaire aussi 😉

Baito, pas baille tôt

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Chers fidèles, l’heure est venue de vous pavifier.

Et comble de chance, pour un billet que je vous promets depuis facile un an : sur mon expérience en tant que baito.
Et comme vous l’avez attendu l’équivalent d’une vie, vous en aurez pour votre argent car il va être inutilement LONG.

Il me semble avoir expliqué un million de fois ce qu’était un baito, mais comme y’a toujours deux trois nullos dans mon entourage qui se foutent royalement du Japon et oublient au fur et à mesure ce que je leur dis – moi qui suis pourtant passionnante – je me sens obligée d’en remettre une petite couche.
Donc un « baito » c’est un petit boulot, de type job étudiant ou job alimentaire. Ca vient du mot travail en allemand soit « arbeit », prononcé « arubaito » car les Japonais sont nuls en prononciation et contracté en « baito » parce qu’en plus de ça ils sont flemmards.
Ne parlant pas un mot d’allemand à part le tristement célèbre « arbeit macht frei », j’ai failli intituler cet article « Le baito rend libre » mais je me suis souvenue de mon billet précédent sur l’humour et me suis faite à juste titre la remarque que s’il y a encore un sujet d’humour noir qui fait grincer en France, c’est bien celui-là.
Et comme je n’ai pas encore renoncé à une carrière faite de célébrité, de Rolls Royce, de soirées branchées chez Paris Hilton, de foie gras dans mes raviolis et de caviar dans mon champagne ( ?), je préfère ne pas me mettre les médias à dos avec un titre douteux et avorter ma future carrière de Jet Setteuse.
Donc sachez qu’à l’heure qu’il est, je ne sais toujours pas comment je vais intituler ce pavé et que je suis en plein désarroi. Ma vie est décidément trop dure.

Bon, comme j’aime vous embrouiller et raconter ma vie dans le désordre, on retourne cette fois fin juin 2010.
Rappel de la situation pour les futurs Alzheimer : à l’époque j’étais étudiante et donnais des cours de français dans des cafés à une bande de sociopathes ahuris (cf. Carrière Ephèmere) pour survivre.
Seulement voilà, au bout de quelques mois et pour diverses raisons, il n’était plus envisageable de continuer à vivoter de ces petites leçons hebdomadaires.
Déjà pour la très bonne et très simple raison que j’avais envie de jouer à Kill Bill avec 80% de mes élèves et les embrocher au bout d’un katana en trophée sur mon mur, mais aussi parce que la Golden Week (première semaine de mai où se suit une série de jours fériés) avait eu sur eux le même effet qu’une raclette party en plein régime draconien ou qu’une pause assise le cul parterre en pleine montée du Mont Fuji : ils avaient été coupés dans leur élan.
Après une pause d’une semaine, même les plus assidus avaient du mal à s’y remettre et enchaînaient les annulations de dernières minutes.
Pire, au mois de juin une de mes meilleures amies d’enfance avait prévu de venir me voir deux semaines. Imaginez les conséquences qu’ont deux semaines de blanc sur leur motivation quand on voit que y’avait déjà plus personnes après cinq pauvres jours fériés en mai.

Début juillet, juste après le départ de mon amie, j’ai pris quelques jours pour moi pour enchaîner les examens de Japonais : JLPT niveau 1, STBJ et BJT (ces deux derniers étant des examens de japonais mais de « Business Japanese »). J’avais pensé vous faire un billet sur le sujet un jour mais… j’y ai renoncé car pas de quoi en écrire des tartines. Par contre s’il y a quelques brebis égarées qui ont des questions, n’hésitez pas à me contacter en privé.
Tout ce qu’on retiendra de ces examens, c’est que venant de passer deux semaines à faire la touriste et la fête avec ma copine, je n’avais pas ouvert un seul bouquin en y allant, que j’étais persuadée de tous les rater mais que finalement, par un merveilleux miracle (ou serait-ce le génie ?) je les ai eus au niveau un.
Donc au début de l’été, me voilà débarrassée. J’ai passé tous les diplômes que je voulais avoir, je n’ai quasiment plus d’élèves, je suis devenue allergique aux leçons de français et n’ai aucune motivation pour en chercher de nouveau donc il est temps de trouver un vrai baito.
Et cela au plus vite si je ne veux pas me retrouver sous un pont.

La Quête du St Baito

1- Postuler – 応募

Et là, c’est le blanc total. Où chercher ?
Si aujourd’hui je saurais conseiller n’importe qui selon le profil – en tout cas sur Tokyo – il y a deux ans je ne connaissais personne, n’avais aucune expérience et n’avais surtout aucune idée.
Pendant mon année à Osaka, j’avais fait quelques petits boulots ponctuels pour faire un peu d’argent de poche comme des corrections de rapports en français d’étudiants Japonais, un ou deux cours de soutien par-ci par-là ou encore l’enregistrement en studio de dialogues pour un manuel scolaire de Français (expérience bien sympa soit dit en passant, même si mon ami – et collègue pour l’occasion – aura retenu qu’il ne faut pas boire un coca pendant sa pause, car quand on rote dans le micro du studio ça passe aussi inaperçu qu’un sumo se faisant dorer la pillule sur la plage.

Mais le fait est qu’à l’époque je recevais trois bourses scolaires différentes donc n’avais pas forcément besoin de travailler à côté de l’université, d’autant plus que c’était les beaux jours où l’euro valait un peu plus qu’un billet de monopoly (1 euros = 165 yens à l’ époque) donc je dois bien l’avouer, cette année-là j’en ai bien profité sans en glander une.
En arrivant à Tôkyô je ne connaissais personne, je n’avais aucune connaissance française à part mon amie Claire, aucune idée de l’expérience des autres ni même où chercher.

Vaccinée contre les cours de français pour un moment, je ne vois rien d’autre que serveuse dans un restaurant/café.
Un peu à contrecœur je dois le dire, puisque je suis un concentré de Mr Bean et Pierre Richard et que j’ai la tremblote rien que de m’imaginer porter un plateau dans une salle bondée.
Mon amie Claire ayant elle-même été exploitée jusqu’à l’os pour trois sous travaillé pendant deux mois dans un restaurant français et ayant gardé un souvenir peu flatteur de son patron, c’est tout naturellement qu’elle me propose de postuler chez la concurrence dont elle me donne les coordonnées.
Je prends contact avec eux, mais malheureusement ils viennent tout juste d’embaucher un nouveau staff et ne recrutent pas pour le moment. Ils me proposent de leur envoyer mon cv quand même pour me contacter par la suite s’ils ont besoin.
J’obtempère et pars à la recherche d’autres restaurants français ou européens acceptant bien généreusement de me payer pour casser des verres et faire tomber des assiettes brulantes sur la tête des clients.
Je ne sais pas si ce n’était pas la bonne saison, la bonne période ou si je pue les deux bras gauches à dix kilomètres mais le fait est que j’ai enchaîné les refus, les « on ne recrute pas pour l’instant » et autres.

Lassée de postuler pour rien, je décide d’arpenter les rues près de l’école et de mon domicile et noter les établissements proposant une gastronomie européenne et arborant à l’entrée les mots magiques « アルバイト募集中 » (arubaito boshû-chû) soit « Nous recherchons un arubaito ».
Sauf que comme dans ma vie rien n’est rose – à part peut-être mon blog et la décoration de ma chambre, je vous l’accorde – ça ne s’est pas forcément mieux passé.

Là j’ai eu droit à un autre type d’excuses : celle de « on ne recrute pas pour l’instant » n’étant pas un joker jouable, j’ai eu la joie de goûter les plaisirs de réponses un peu plus cash comme « mais vous comprenez, vous êtes Blanche, nos clients pourraient être choqués ou mal à l’aise car ils ne sont pas habitués ».
Bien.
En attendant, c’est quand même la gastronomie du pays de la Blanche qui ravit les papilles de tes pétochards de clients, connard.

Je postule chez un boulanger près de chez moi, un peu moins frileux, mais qui refuse quand même de me mettre en caisse en un premier temps : il préfère me proposer un baito d’assistante, derrière aux fourneaux. Seulement avec des horaires de 3h du matin à 12h, même si c’est payé double, ce n’est pas compatible avec l’école donc j’abandonne.
Dommage, mon grand-père ayant été boulanger (et même – attention, minute fierté – sacré meilleur boulanger de France en 1952), j’aurais bien aimé faire ça pour suivre ses traces quelque temps.

Dans les autres refus notables dont je me souviens encore deux ans après, il y a aussi eu un café français (tenu par des Japonais) pas très loin de mon école qui proposait lui aussi un poste de baito. Quand je passe le matin et remarque l’annonce, le café est encore fermé. Je décide alors de relever le numéro de téléphone et d’appeler plus tard.
Lorsque j’appelle, on me passe le manager qui me répond cordialement jusqu’à ce que je lui dise que je suis française, flattée de me rendre compte qu’il ne s’en était pas aperçu jusque-là. L’autosatisfaction ne dure qu’une seconde puisque très vite il change complètement d’attitude, manifestement embêté. Il me demande si j’appelle selon la recommandation de quelqu’un et bêtement je lui réponds que non, que j’ai juste vu l’affiche en passant. Il saute sur l’occasion en se débarrassant de moi d’un « désolé, en fait nous venons juste d’embaucher le staff que nous recherchions, nous ne recrutons plus pour l’instant ».
Suspicieuse de ce revirement de situation, je demande à mon amie Sumaï (qui elle, étant asiatique, a trouvé deux baito en moins d’une semaine…) d’aller les voir pour demander si elle peut postuler.
Comme je m’en doutais, ils lui proposent de déposer son cv et de la rappeler plus tard.

Sumaï me propose d’essayer des sites de petites annonces comme baitoru.com ou jobsense car c’est là qu’elle a trouvé ses baito.
Le soir même je m’inscris et fais des recherches sur Tôkyô avec des mots clés comme « France », « Français », « Langues » etc.
Je tombe sur une entreprise qui organise des mariages à l’européenne avec des menus, décorations et animations qui se veulent « typiquement français ». Je me dis qu’une Française dans le décor ne devrait pas faire tache, après tout quoi de plus typiquement français qu’une Française ?
Je téléphone une nouvelle fois. Et je peux vous dire que même si je raconte ça vite fait, en vérité il m’en coûte. J’appelle, mais après 10 minutes de préparation psychologique et à coup de mal de bide et de palpitations. Déjà que je ne transpire pas la confiance en moi, après tous ces refus enchaînés je commence à franchement être négative.
Encore une fois, on est très cordial avec moi, on me demande si j’ai de l’expérience dans le service et je réponds que malheureusement non, à part du service en salle dans des foyers de personnes âgées en France.
En France ? Ah oui, au fait je suis française.
Encore une fois, je sens le ton changer. « Ah oui, en fait vous êtes française… Écoutez je ne pense pas que cela va être possible… »
– A cause du manque d’expérience ?
– Non, mais vous comprenez nous organisons des mariages coûteux et notre service doit être irréprochable et surtout très poli. Vous êtes étrangère donc vous ne savez pas manier les formules de politesse.
– Je suis actuellement une formation de japonais des affaires dont une partie des cours essentiellement portée sur le Keigo (formules de politesse), je pense être tout à fait capable de servir les clients en utilisant ces formules.
– Je ne pense pas que vous ayez le niveau. Vous ne devez pas connaître les formules comme « gozaimasu », « itashimasu » etc.
– Je les utilise avec vous en ce moment même.

Blanc au téléphone, un point pour moi.

« Oui mais vous avez un accent. Et comprenez qu’un accent, dans un établissement comme le nôtre est dérangeant pour nos clients. Nous exigeons un japonais parfait. Je suis désolée mais ce sera non. »
Et là, sur ces belles paroles, je me fais superbement raccrocher au nez.
Sympa la boite polie au service irréprochable.

Si les refus précédents m’avaient déçue sans m’atteindre réellement, j’avoue que celui-là m’a été relativement dur à encaisser.
D’autant plus dur à accepter qu’après ces quelques semaines, ma situation financière est des plus précaires.
Non seulement je n’ai plus vraiment de revenu, mais en plus j’ai des problèmes dentaires dont le devis s’élève à plus de 1000 euros. Déjà que je ne sais pas trop comment bouffer je ne vois pas comment payer 1000 euros de dentiste.
Le prêt étudiant que j’ai fait, censé couvrir mes frais de scolarité, part donc en partie remplir les fouilles de mon enfoiré de dentiste.
Je ne sors quasiment plus car les Japonais ayant une toute autre perception du concept de pauvreté, mes amis ne me proposent que des soirées à 50 euros en moyenne.

Bon, on repart de zéro, il est évident que je m’y prends comme un manche.
Au lieu de penser proximité, il convient de viser des quartiers où il y a beaucoup d’étrangers donc des établissements susceptibles de vouloir un staff bilingue ou trilingue et où les yeux king-size ne choquent pas le client. Roppongi, Ginza, Shinjuku etc.
Ensuite, ne plus cibler les établissements qui se disent français, mais les établissements ayant dans leurs critères d’embauche un mot sur le staff étranger.
Je recommence donc mes recherches sur les sites d’offres de baito, mais cette fois avec les mots-clés « 外国人OK » ou « 外国人歓迎 » (soit « Gaijin – étranger – OK », ou « Gaijin bienvenu »).
En France je n’ai jamais vu d’offre d’emploi ayant la petite astérisque « on accepte les étrangers », mais que voulez-vous, au Japon parfois on en est encore là.
S’il y a des milliers de petites annonces sur Tokyo, avec ces mots-clés tout de suite le résultat se trouve réduit à quelques dizaines.
Et dans ces quelques dizaines, 80% visent Chinois, Coréens ou anglophones natifs.
Mais quand même, on trouve.
Je repostule à plusieurs entreprises et cette fois ça s’enchaîne plutôt vite en fait.
En moins de 24h, je décroche un baito pour un magasin de vêtements. Super enthousiaste je suis ! … Jusqu’à ce que je découvre qu’on ne me propose pas un poste en magasin, mais dehors dans le cagnard pour distribuer des prospectus en hurlant des slogans sur les diverses campagnes en cours, au milieu d’une foule qui s’en tamponne le coquillard et ce, pendant 8h d’affilée.
J’hésite entre ma situation de Cosette et ma fierté.
Est-ce que j’ai envie de faire ça ? Franchement non, je pense que je vaux un chouya mieux.
D’un autre côté, je n’ai vraiment pas le choix.

Heureusement, très vite on me contacte pour un entretien dans une entreprise que j’ai décidé de renommer Matsukage pour ce billet.
C’est une entreprise qui est dans la réparation d’ordinateurs portables et d’iPhones. Ce n’est pas le rêve de ma vie, ni même très féminin, mais dans son annonce l’entreprise avait l’air demandeuse d’étrangers (et après des refus à faire pleurer SOS Racisme, ça me paraissait important), les horaires étaient libres et puis surtout, c’était une entreprise.
Je m’étais dit en postulant que travailler dans une entreprise pouvait m’apporter un peu plus sur mon CV qu’un baito de serveuse en restaurant pour ma recherche d’un véritable travail, car même si je ne cherche pas à faire carrière dans la réparation d’ordinateur ça pouvait montrer que j’étais capable de m’adapter dans une compagnie japonaise.

En un premier temps, on m’envoie un questionnaire à remplir par email (ce qu’ils appellent « entry shit » (エントリーシート) qui sert de présélection.
Quelques questions sur les motivations, sur son parcours, sur ses compétences, mais aussi des questions de personnalité du genre :
« Vous êtes dans une pièce où la fenêtre est ouverte. Un insecte volant entre dans la pièce, vous avez sur une table un spray insecticide et une tapette, que faîtes-vous ? »
Ce à quoi j’ai répondu par un truc bidon du style : « Je n’aime pas les insectes mais me refuse à les tuer. Je l’aurais donc guidé jusqu’à la fenêtre avec la tapette, puis l’aurais refermée dès qu’il serait retourné dehors ».
…Ce qui est évidemment un mensonge éhonté puisqu’en vérité il est évidement que je serais devenue hystérique et me serait enfuie en pleurant dans une danse de la panique des plus pathétiques.
Quelques jours après leur avoir renvoyé leur entry shit, je suis convoquée pour un entretien.

Le stress.
Je n’ai encore jamais passé d’entretien au Japon et malgré avoir postulé à des dizaines d’offres en quelques semaines poussée par la menace d’une banqueroute imminente, quelque part je n’étais pas trop pressée d’en avoir un.

2 – Le CV – 履歴書

Je commence par me débarrasser du plus chiant, soit l’écriture du cv. Car sachez qu’au Japon, si on peut postuler en un premier temps par Internet en envoyant une version électronique, pour l’entretien la coutume veut qu’on apporte un autre CV, écrit à la main.
Bon, profitant de notre visage pâle on peut tenter le Gaijin Smash du « je savais pas » et en apporter un imprimé qui aujourd’hui est excusé plus facilement qu’il y a quelques années, mais venir à l’ancienne avec son cv écrit à la main peut évidemment faire preuve de véritable motivation et vous apporter quelques points en plus.

Car si en France, on peut profiter de son cv pour montrer sa personnalité et ses compétences en informatique en faisant péter le design, au Japon comme d’habitude, moins on exprime qui ont est et mieux c’est.
Pas de mise en page originale, pas de couleur, pas de cv personnalisés. Donc en apporter un imprimé n’est gage que de votre flemme, puisque son apparence ne divergera pas d’un cv écrit à la main.
Bref, la version officielle étant qu’un cv à la main montre à la fois votre motivation et votre personnalité (écriture soignée signe de sérieux, bla bla), mais je crois qu’en fait c’est juste pour vous faire chier à coup d’heures perdues à écrire des dizaines de cv au lieu de regarder Dr House, de tendinite au poignet et autres arrachages de cheveux quand, à l’avant-dernière ligne de votre cv, vous ratez votre kanji et devez tout recommencer dès le début. Car il va sans dire que les ratures et le blanc sont proscrits, évidemment.

Les cv vierges s’achètent en magasin un peu partout (vous en trouverez généralement dans tous les combini), je ne me souviens plus exactement mais ça doit être entre 300 et 500 yens (soit environ 3 et 5 euros) pour les dix cv. Il existe plusieurs modèles, sensiblement différents selon le type poste pour lequel vous postulez, donc vérifiez bien que vous achetez un CV pour arubaito et pas pour un vrai poste d’employé ou autres.

On va prendre une belle photo de soi constipé en habits de pingouin au photomaton du coin et en voiture Simone.
Pour vous donner un exemple de ce que donne un CV écrit, ça donne à peu près ça niveau allure et contenu.

 

1) Nom, prénom, date de naissance, adresse, sexe, mail, etc.
2) Parcours scolaire. On écrit d’abord l’année, puis le mois, et ensuite le nom de l’établissement. Le parcours s’écrit du plus ancien au plus récent (sens inverse que nous donc) et on doit écrire deux lignes pour chaque formation. Une ligne pour l’année du début de formation et une nouvelle ligne pour préciser l’obtention du diplôme.
3) Expériences professionnelles, baito ou non.
4) Précision du type de travail qu’on souhaite faire
5) Les jours où vous êtes disponibles dans la semaine ainsi que les horaires. Enfin, sur quelle durée vous prévoyez de faire ce baito.
6) Vos permis, diplômes supplémentaires etc. (Par exemple, c’est là qu’on écrira les diplômes annexes tels que le JLPT, TOEIC, permis de conduire etc.)
7) Votre ligne de transport ainsi que le temps de trajet entre votre domicile et l’entreprise pour laquelle vous candidatez (et comme l’entreprise rembourse généralement les transports, ça lui permet aussi d’évaluer combien elle doit vous dédommager par mois), et si vous avez des personnes à charge (l’entreprise peut prévoir un petit plus sur votre salaire pour y pourvoir).
8 ) Le salaire que vous aimeriez ou autre (pas obligé d’écrire quelque chose).
Je voulais vous faire un topo plus détaillé de l’écriture du cv et les différences avec les autres mais comme ce pavé est déjà bien assez long, j’y reviendrai quand je parlerai de la recherche d’un vrai emploi. 

Voilà, vous avez des crampes au poignet et des kanji plein la tête, c’est que votre cv est prêt.
Maintenant, il faut assurer l’entretien.

3 – L’entretien – 面接

Bon pour ce qui concerne un petit boulot comme un baito, un entretien est plus ou moins pareil qu’en France je pense, beaucoup moins de pression ou d’enjeu que pour un vrai travail.
Je ne pense pas que ce soit obligatoire pour tout type de baito mais la plupart du temps il vaut quand même mieux se présenter en costume/tailleur. Pour le baito en boulangerie je m’étais juste présentée soignée, mais là pour une entreprise j’ai préféré y aller en costume (pas de jupe pour moi car tatouage… qui ne sont pas les bienvenus au Japon. Donc si vous en avez un, CACHEZ-LE espèce de petit voyou !).
J’ai mis les petits plats dans les grands, j’ai défrisé mes cheveux de moitié de couscous que je suis, me suis bien maquillée, ait enfilé mon masque de fille sérieuse et compétente.
Comme les adresses japonaises sont incompréhensibles, j’ai bien entendu googlé l’adresse et imprimé le plan pour savoir comment trouver l’entreprise depuis la gare et m’y suis rendue juste après les cours.
Je suis accueillie avec le sourire et on m’emmène dans une salle isolée, avec une table de réunion entièrement faite en lego. (… ?)
Pour un simple petit boulot, j’ai trouvé l’entretien quand même bien long et poussé.
Après 20 minutes d’entretien avec le gars des RH, le patron de la boite s’est invité dans la pièce où il m’a questionnée pendant encore presque une demi-heure, puis on m’a donné un test de personnalité à remplir en moins de 15 minutes. Le tout entièrement en japonais bien sur.
Pour les questions, j’ai eu droit du tout au tout, comme par exemple un classique « Pourquoi avoir postulé chez nous ? » auquel j’aurais bien répondu par « Pour pouvoir bouffer et faire du shopping » si j’avais été honnête ; aux questions les plus saugrenues du genre « Vos parents vous ont-ils suivi pour vivre au Japon avec vous ? ».
Mais oui bien sur, ma mère a démissionné sur le champs et mon père a arrêté son business exprès pour venir me suivre dans un petit 20m² perdu dans la jungle Tokyoïte où, ne parlant ni japonais ni anglais, ils se font profondément chier chaque jour que Dieu fait en attendant que je ramène le riz quotidien.

J’ai l’impression que l’entretien se passe plutôt bien mais bon, je ne veux pas vendre la peau du tanuki avant de l’avoir tué et reste sur mes gardes. Le poste ne requiert pas vraiment de besoin linguistique et en plus je n’ai strictement aucune expérience dans le domaine.
Pourtant, la réponse vient très rapidement et oui, je suis prise !

OUF !!! Enfin je peux respirer !

Je serai donc réparatrice d’ordinateur et d’iPhone ! C’est inattendu et pas franchement féminin mais soit !
C’est assez mal payé pendant la période d’essai (800 yens de l’heure) mais peu importe, j’ai enfin un revenu fixe et vais pouvoir sortir la tête de l’eau.

En vérité, cette période de recherche de baito m’a paru une éternité car je postulais partout tous les jours en sortant de l’école et que j’ai essuyé un nombre impressionnant de refus en un temps record.
Mais dès que j’ai compris que je ne m’adressais pas aux bonnes portes et adapté ma façon de rechercher, c’est allé plutôt vite
Au final, j’ai mis « seulement » quatre semaines à trouver. C’est à la fois long et court. Court parce que si on compare à la France, trouver un job étudiant en quatre semaines tient limite du record. Long parce qu’au Japon contrairement à la France les offres de petits boulots c’est quand même pas ça qui manque, mais aussi parce que quand on ne sait pas si on pourra manger le mois prochain chaque jour paraît une vie.

Je dirai au passage qu’en deux ans, je connais déjà un peu mieux les « bons plans » mais surtout les choses ont aussi également pas mal évolué car de nombreuses grandes enseignes comme Softbank, Apple, Uniqlo, H&M ou encore Muji se sont mises à embaucher des étrangers pour servir leurs clients étrangers dans les quartiers très fréquentés. Enseigner le français reste, je pense, la voie la plus « facile » pour trouver un gagne-pain, mais je pense aussi que petit à petit, d’autres opportunités s’offrent aux Occidentaux.

Sonia sur le terrain

1 – 1er Jour

Ayant eu la réponse positive à l’entretien quelques jours avant que le mois d’août, je décide de commencer dès le premier du mois. En plus, avec les congés d’Obon (la fête des morts) qui arrivent, je serai en vacances. Comme je n’aurai pas cours pendant deux semaines et que j’ai vraiment besoin d’argent au plus vite, je demande à travailler à temps plein pendant toute ma période de vacances.
Je commence à 8h et me rend compte que pour être à l’heure, je dois prendre le train de 7h12, donc me lever vers 6h-6h15… C’est beaucoup demander à une marmotte en vacances et évidemment, dès le premier jour je me loupe en me réveillant en sursaut à 6h55.
Sachant que j’habitais à un peu plus de dix minutes de la gare…pour le train de 7h12… je vous laisse faire le calcul.
Le visage dans le fessier, pas le temps de me laver, de me coiffer ou même de choisir mes habits, je prends le premier truc qui me tombe sous la main soit mes habits de la veille… dont j’avais complètement oublié que je les avais justement tachés (tant qu’à faire, autant y aller franchement dans le misérable). Je me prépare aux Jeux Olympiques 2012 en tapant le sprint de l’année jusqu’à la gare, histoire d’être bien en sueur pour compléter ma panoplie de crasseuse.
Il n’est pas encore 7h15 que je rêve déjà de rentrer me doucher.

J’arrive à l’heure mais mon soulagement est de courte durée : je n’ai pas ramené de chaussons…
Apparemment le manager me l’avait écrit en PS de son dernier mail mais comme je suis coquine, j’ai espièglement sauté cette ligne dans ma lecture pour me jouer un tour.
On me propose d’en prendre qui trainent (évidemment trop petits avec le talon qui dépasse piteusement, sinon c’est moins drôle) et je me dis que l’image que je donne doit être à un système solaire de celle de mon entretien la semaine passée où j’étais en costume, coiffée, maquillée…digne.

Malgré ce départ en fanfare, la journée ne se passe pas trop mal même si au final je trouve que chaque premier jour d’un nouveau boulot est relativement détestable.
On ne sait pas trop ce qu’on doit faire, si on doit attendre que quelqu’un vous assigne une tâche ou prendre des initiatives soi-même. Impression de trainer dans les pattes des autres.
Et là-dessus les Japonais, ou en tout cas cette entreprise, n’était pas du genre à venir vous prendre par la main en vous disant « on fait ça, ça et ça ». Chacun faisait ce qu’il avait à faire en vous laissant un peu de côté comme un con, jusqu’à ce que le boss vienne vous dire « bon aujourd’hui tu vas faire ça », et au lieu d’expliquer en quoi ça consiste, il vous remet un classeur pesant une tonne entre les mains : le fameux MANUEL.

Ah la la, le manuel. La bible de tout travailleur Japonais.
Le manuel répertorie toutes les situations auxquelles vous êtes susceptible de faire face et est censé y répondre, imaginez donc un peu son importance capitale !
Diable, cet ordinateur portable a l’écran cassé ? La partie A du chapitre II vous donnera tous les secrets d’un changement d’écran et des branchements nécessaires.
Diantre, ce Mac Book a besoin d’un nouveau clavier ? Le manuel ne vous prévient pas que les ingénieurs d’Apple sont les Marquis de Sade de l’informatique et que vous allez souffrir, mais il vous expliquera quand même comment démonter ce casse-tête américain qui n’a rien à envier à ses compères chinois.
Horreur, vous vous retrouvez face à une situation qui n’est pas décrite dans le manuel ? Et bien c’est que le manuel vous propose implicitement d’aller vous faire foutre.

Et encore, dans la réparation de produits high-tech, même si c’est galère à lire en Japonais quand on est française et qu’on n’y connaît rien, ça reste pratique. Mais il existe des manuels pour toutes sortes de job, comme par exemple caissier en combini.
« Si le client dit ça, répondez ça. Si le client achète ça, proposez ça ». Tout un ensemble de situations et de phrases préconçues qui vont avec, que la jeune recrue se fera un plaisir d’apprendre par cœur à l’arrivée et de vous débiter tel un robot bien programmé.
A tel point, que le jour où, d’humeur taquine, vous allez poser une question qui sort un peu de l’ordinaire à un caissier, il se retrouvera blanc comme un linge, le front trempé de sueur et la lèvre tremblante, les mots « MON DIEU, QUE FAIRE ? LE SAINT MANUEL N’AVAIT PAS PREVU CETTE QUESTION !!! » clignotant en rouge vermeil dans son petit cerveau lobotomisé.
Bref, le manuel, parfait petit guide de la perte de spontanéité et de pensée par soi-même.

Mais passons mes remarques acerbes, comme je le disais pour de la réparation ça reste utile, changer un clavier ne demande pas beaucoup d’improvisation et je doute fortement que la touche B du Mac Book ne me pose une question inopinée au cours de mon intervention.

Bref, je passe environ deux heures à feuilleter la Bible de Matsukage puis décide que quand même ça me gonfle un petit peu cette histoire de manuel, que j’y comprends pas grand-chose car c’est rempli de nom de pièces en japonais et de mots spécifiques que je dois chercher dans mon dictionnaire (et que j’ai sommeil). Au final, je me dis que ça irait plus vite si on me montrait et que je ferais mieux de demander à mes aînés quand je sais pas faire plutôt que de m’entêter et réparer n’importe comment.
Je referme la chose, et je dois dire qu’au grand désarroi du manager je ne l’ai quasiment plus jamais rouvert par la suite.
Heureusement pour moi, j’apprends vite.

L’entreprise compte une quarantaine de personnes dont bien une trentaine de baito. Soit relativement peu de staff stable.
Le boss n’avait pas menti quant à son envie de créer une ambiance internationale et conviviale : la moyenne d’âge est relativement basse (environ 25 ans) et en plus des Japonais, on compte aussi des Chinois, des Coréens, un Mongole, un Thaïlandais, un Malaisien, un Vietnamien et même un Marocain !
Heureuse de trouver quelqu’un qui parle français, je me dis qu’il pourra peut-être m’expliquer un peu comment tourne la boite sans finir avec le manuel comme livre de chevet mais je déchante assez vite puisqu’il n’est là que depuis une semaine, au Japon depuis seulement 6 mois, parle peu la langue et ne comprend pas tout de ce qui se passe autour de lui.
Ah.
Tant pis pour la formation solidaire francophone.

L’ambiance est plutôt sympa, et même si je suis une rebelle du manuel, tout le monde m’accueille gentiment et m’explique patiemment de quoi il en retourne.

La première journée passe assez vite mais je suis crevée et une petite chose m’accable particulièrement : il n’y a pas de chaises.
Dans la salle, il y a environ 6 ou 7 rangées de tables hautes où chacun travaille debout à son poste, sans bouger pendant plus de 9h d’affilée.
Il paraît que c’est pour être plus libre de ses mouvements (oui je veux bien) et rester plus éveillé que sur une chaise où on a tendance à s’endormir (bullshit).
Cette dernière raison est d’autant plus hypocrite qu’un Japonais, quand il veut dormir, être debout est bien la dernière chose qui l’en empêchera, même si il est dehors, en plein Shibuya sur un des endroits les plus fréquentés au monde.
La preuve en image :

(Oui, le dormeur fou de Tokyo, il adore se poser en plein Shibuya ou Shinjuku pour taper sa sieste…)

Donc ça a l’air con comme ça, mais rester debout sans bouger de 8h le matin jusqu’au soir, ça m’a complètement mise à plat.
Les jambes engourdies et douloureuses, je rentre en traînant la patte, ayant à peine la force de faire un crochet dans un magasin pour m’acheter pour l’occasion une paire de chaussons « spécial massage voute plantaire »…

2 – 1ère semaine

Assez rapidement, je prends mes marques au travail. Etre debout toute la journée me tue à petit feu, d’autant plus qu’ayant réellement besoin d’argent pour me sortir des abysses, je décide de faire les plus grosses journées possibles pendant que je n’ai pas école. En effet, l’entreprise n’est pas très regardante sur les horaires et les lois, et j’avoue faire un léger pied-de-nez à mes 28h de travail par semaine autorisées par mon visa étudiant.

Je m’habitue petit à petit aux habitudes japonaises, notamment celle du « chôrei » (朝礼 que l’on peut traduire par « assemblée du matin ») , terme que je n’avais jamais entendu avant de travailler à vrai dire.
Le chôrei, c’est une réunion à la première heure le matin avec tous les employés pour se saluer, faire un point, communiquer les dernières informations concernant l’entreprise, faire la gym au-dessus du toit ou que sais-je encore. Son déroulement diffère selon les entreprises et il existe aussi de nombreuses compagnies qui ont abandonné cette tradition.
A Matsukage, ils la pratiquent encore et tous les jours. Et chaque jour, un des employés doit faire le maître de cérémonie du chôrei. Il appelle les employés le matin pour la réunion, fait les salutations etc. Il répète toute une série de phrases gentiment retenues dans la Bible, verset « Chorei »

Elle consiste à se répartir les tâches ménagères avant de commencer la journée. Il existe une vingtaine de fiches numérotées décrivant chacune une tâche : passer l’aspirateur, compter les stocks de disques durs, vérifier le niveau d’encre des cartouches d’imprimante et le papier etc.
Tout le monde se tient en cercle, le maître de cérémonie vers le milieu tenant un dé en mousse multicolore dans les mains avec des petites girafes dessinées dessus.
Oui, c’est inopiné.
Après les courbettes en cercle de rigueur, le maître de cérémonie balance son dé couleur télétubbies qui déterminera qui se retrouve avec quelle tâche.
Mettons que le dé fasse 4, le maître de cérémonie compte quatre personnes sur sa gauche et commence l’attribution des tâches à partir de cette personne.
S’en suit tout un rituel où il fait des courbettes, appelle le nom de la personne qui doit s’avancer, courbettes, lui donne le numéro de sa tâche, courbettes, le remercie, courbettes, lumbago.
Jusqu’à ce que toutes les tâches soient distribuées et chacun part de son côté avec la fiche qu’il a reçu où il doit noter son prénom et cocher une à une toutes les étapes de la tâche qui lui est attribuée.
Enfin, le maître de cérémonie doit récupérer toutes les fiches complétées et vérifier le travail fait. Si une tâche est mal exécutée, c’est lui le responsable.

Et attention, pas de jaloux. Tout le monde devient maître de cérémonie du chôrei chacun son tour.
Ainsi, mon pauvre ami Marocain s’est vu contraint d’endosser ce rôle dès sa deuxième semaine (soit mon deuxième ou troisième jour) alors qu’il ne parlait que très peu japonais.
Pas d’excuses, pas de « je sais pas parler alors je ne fais pas », même pas de délai. C’est son tour, c’est son tour. Et tant pis s’il y a des silences gênés quand il ne sait plus ce qu’il faut dire exactement.
Le manager (que je vais renommer Bruce) le reprend – pas toujours gentiment – et on se ressaisit, pas de quartier.
Moi qui déteste parler en public et encore plus répéter des phrases pompeuses toutes faites apprises par cœur, j’angoisse dès le premier jour de quand viendra mon tour.

Une fois le chôrei et les tâches terminées, chacun à son poste.
Au début – comme à chaque nouveau – on m’apprend seulement à nettoyer les ordinateurs portables déjà réparés : on se doit de les rendre au client comme s’ils étaient neufs après réparation et donc leur faire un coup de jeune. Je passe donc mes journées à astiquer des portables dégueulasses et essayer de deviner ce que mon client a mangé ses cinq dernières années en passant le pistolet à air sous les touches de son clavier pour virer les miettes.
Mon pote marocain – avec qui je m’entends très bien -, ça fait deux semaines qu’il ne fait que ça, nettoyer des ordinateurs et il en a marre. Bruce semble juger que comme son niveau de japonais n’est pas suffisant pour lire le manuel, alors autant le laisser dans son coin à nettoyer des claviers à la brosse à dents. Ce qui est un peu con, car il s’y connaît en réparation et manuel ou pas, est parfaitement capable de changer un ventilo ou ajouter des barres de RAM. Mais non, on le laisse le chiffon à la main toute la journée.
Tous les ordinateurs sont nettoyés et flambants de neuf, prêts à être envoyés ?
Qu’à cela ne tienne, Bruce lui montre une série d’ordinateurs qu’il vient tout juste de nettoyer et l’assomme d’un «ben recommence».

Bruce a la cinquantaine bien sonnée. Il se teint les cheveux en marron foncé (mais on voit les racines blanches) et se les crêpe à 5 centimètres au-dessus du crâne vers l’arrière. Il arrive tous les jours sur sa grosse moto, casque à la main, habillé de son éternel jean beige et sa veste marron.
 J’ai travaillé 9 mois à Matsukage en tout, je ne l’ai JAMAIS vu habillé autrement.
Il est évident que s’il avait été français, il aurait été un grand fan de Johnny.

Et Bruce, il est juste en dessous du Big Boss, c’est lui qui gère, qui vérifie… qui gueule. Parce que pour gueuler, il s’en donne à cœur joie, on entend que lui du matin au soir.
Honnêtement, il me terrifie.
Je le trouve même parfois vicieux, comme sa façon de faire recommencer éternellement le même nettoyage pour ne pas avoir à donner d’autres tâches.
Mon pote ne tarde pas à le renommer « la Vieille Pute » – en français dans le texte – ce qui, comme je suis puérile, me fait ricaner sous cape bêtement.

Dès le deuxième jour, on pense que je peux faire autre chose que du simple nettoyage et on m’attribue le traitement des nouvelles arrivées en réparation.
Ouvrir le colis reçu (les demandes de réparation se font en majorité sur Internet donc peu de clients viennent déposer leur ordinateur directement), vérifier le matériel envoyé, l’étiqueter pour ne pas mélanger les pièces d’une commande à l’autre, brancher l’ordinateur et vérifier si la panne correspond à ce que le client déclare ne pas marcher… et remplir la fiche de nouvelle arrivée.
Fiche qui consiste à tout répertorier : nom et adresse du client, date d’arrivée, lister le matériel envoyé (ordinateur, chargeur, souris etc.), faire une série de tests et cocher ce qui marche et ne marche pas puis à la fin une case vierge où on doit rédiger un diagnostic et ce qu’il convient de faire pour la réparation.

Au début je pense mieux m’en tirer que mon compère en validant l’étape du nettoyage… mais encore une fois je déchante très vite.
Déjà, je mets 50 ans à remplir ma fiche, à force d’écrire sur ordinateur je me rends compte que je ne suis plus capable d’écrire en japonais de tête, je n’arrive plus à visualiser les kanji nettement dans ma tête et les écrire alors que je les connais très bien. Problème de société typiquement japonais soit-dit en passant, la nouvelle génération écrivant principalement sur ordinateur et téléphone aurait de plus en plus de mal à écrire à la main.
Je perds donc un temps fou à vérifier l’écriture des mots sur mon dictionnaire pour me souvenir de l’ordre des traits.
En plus je ne connais pas le vocabulaire informatique japonais, je n’ai aucune idée de comment faire mon diagnostic, ni de quelle façon je dois décrire la réparation à faire…
En un mot : HELP.
(J’empale le premier qui me dit « ben fallait lire le manuel », espèce de premier de la classe !)

Résultat, les premiers temps, je suis une véritable chieuse, appelant mes sempaï (aînés) qui ont l’air sympa en cachette pour leur demander ce que je dois faire exactement.
Je suis lente mais me pardonne – après tout je débute – et dépose à la fin de la journée la pile de mes fiches de nouvelles arrivées dans le casier de Bruce la Vieille Pute.

Le lendemain, dès la fin du chôrei, Bruce m’appelle pourtant de sa voix la moins aimable.
J’ai droit à mon premier savon.
« Nan mais qu’est-ce que c’est que ces fiches ? Il y a des ratures, c’est illisible. Tes diagnostics sont mal rédigés, pas clairs, on ne comprend rien. Oui l’écran ne marche pas, et alors ? Qu’est-ce qui ne marche pas ? Oui Windows démarre normalement, mais jusqu’où ? Jusqu’au logo ? Jusqu’au bureau ?? Il nous faut des détails ! Comment veux-tu qu’on puisse passer en réparation directement avec un torchon pareil ? Tes fiches ne servent strictement à rien et il faut tout recommencer. Tu recommences – et rapidement parce qu’on a perdu une journée là – et tu me les apportes directement pour que je vérifie. Applique-toi cette fois. ».

Déconfiture totale.
Et le manuel qui n’explique pas comment étrangler Bruce et se débarrasser du corps en toute impunité ! Raaah.
Je suis dépit et tourmente

Je recommence donc à l’aide de mes sempaï Japonais qui me dictent quasiment chaque phrase et le jargon à employer. Je compare avec leurs propres fiches, reprends leurs phrases pour les mêmes pannes.
Ce pisse-froid de Bruce en aura les poils collés au slip de mes super fiches trop parfaites !
Je m’avance fièrement (ce n’est évidemment que fanfaronnade, je suis une couille molle et j’y vais à reculons) et lui tend mes fiches, tremblotante conquérante.
Bruce lit et trouve encore quelque chose à redire, me fait récrire quelques passages. Je le trouve de mauvaise foi et suis persuadée que si c’était un ancien qui avait rendu ces fiches, il n’aurait rien dit.

Dépitée je retourne à mon poste.
Toute cette semaine-là, le vil faquin me collera aux basques en vociférant des reproches sur mes fiches.

Le soir, avant de partir, on se doit de nettoyer notre espace de travail. A chaque rangée de table, il y a environ 6 à 7 personnes qui travaillent, et chaque rangée possède sa couleur.
A la table rouge, tout le matériel est étiqueté de gommettes rouges, à la bleue de gommettes bleues et ainsi de suite.
Avant de partir, on doit donc tout nettoyer, ranger et vérifier qu’on n’a pas volé la paire de ciseau des Jaunes pour la mettre chez les Rouges (pour un peu on verrait presque Denis Brogniart venir commenter du haut de son hélico).
Et on doit aussi vider la poubelle qui est au milieu de la table.

Une fois son espace nettoyé, on met son nom sur la fiche de départ et on attend que Bruce vienne checker qu’on a bien rangé, qu’il signe et enfin on peut rentrer chez soi.
Je nettoie mon espace de travail, vais inscrire mon nom et attend – anxieuse, comme à chaque fois qu’il est à moins d’un mètre – qu’il ait fini de vérifier l’espace des autres.
Mais pendant ce temps, les gens de ma rangée continuent de travailler et rejettent des déchets dans la poubelle. Evidemment quand Bruce La Terreur arrive, la seule chose qu’il voit c’est que la poubelle n’est pas vide.
Deuxième savon que je me prends en seulement quelques jours.
Je me fais fustiger comme si j’avais volé le sac de riz d’un crève-la-faim pour mon manque de savoir-vivre, non-respect des règles et j’en passe.
Il prend la poubelle, la met à ma hauteur et la vide parterre sous mes yeux.
Il me montre les déchets tombés au sol : « Nettoie. » et s’en va.

Ce frelampier de Bruce.
Je fulmine.
Je me sens tellement humiliée, j’en ai les larmes aux yeux.

Mon copain de galère Marocain en a ras le bol lui aussi, il ne le supporte plus.
Il me dit qu’il songe à arrêter.
Moi non, quand même, je viens juste de trouver. Et abandonner au bout de quelques jours c’est pas trop mon style. Mais j’avoue que ça me fout un coup, car à part ce vieux schnock tout le monde est plutôt gentil.

A la fin de la semaine, le responsable des RH va voir mon ami pour lui dire qu’ils ont décidé de mettre fin à sa période d’essai et de le remercier.
Lassé d’être mis à l’écart à nettoyer inlassablement les mêmes ordinateurs, c’est limite soulagé qu’il quitte l’entreprise.

Je me retrouve toute seule face à mes démons Bruce.

3 – Neuf mois à Matsukage

Malgré ce départ en demi-teinte et mon incertitude quant au fait de rester longtemps chez eux, il s’avère qu’en fait ça s’est parfaitement bien passé par la suite.
Bruce a continué de me faire la misère pendant environ deux semaines où je le fuyais comme la peste en longeant les murs. Puis un jour il est venu vers moi, m’a dit que j’avais beaucoup progressé, qu’il avait vu que je m’étais accrochée et qu’il était content de moi.
Par la suite, il ne m’a plus jamais fait aucun reproche (même si je continuais de l’entendre vociférer sur d’autres) et je dois même dire que je pense qu’il m’appréciait beaucoup.
Et bizarrement… C’est devenu réciproque.
Sous Bruce La Terreur se cachait en fait Bruce au Grand Cœur…
Mon Dieu c’est tellement beau, on se croirait dans un épisode de la petite maison dans la prairie. J’entends déjà Charles Ingalls préparer son violon pour fêter cette émouvante réconciliation au coin du feu.

La période d’essai était censée durer 1 à 2 mois mais au bout d’à peine trois semaines ils ont décidé d’y mettre fin pour moi et de m’augmenter.
J’ai été de nouveau augmentée un mois et demi après donc même si la paye de départ s’avérait plutôt basse, très vite j’ai été payée normalement pour un baito.

Après un premier mois à faire le maximum d’heures pour pouvoir payer tout ce que j’avais à payer, j’ai décidé d’arrêter de travailler tous les jours pour ne plus dépasser les 28h par semaines autorisées par mon visa et me laisser du temps pour me consacrer à la recherche d’un vrai travail qui me donnerait un visa après l’école.

Petit à petit on m’a appris à faire les réparations, mettre à jour la base de données, gérer les stocks puis au bout de deux mois je suis passée dans l’équipe de réparation d’iPhone, que j’espérais intégrer depuis le début.
Dans la salle de pause, il y avait une pyramide des compétences avec plein d’aimants et le nom de chaque employé écrit dessus. C’était sympa – et encourageant – de voir son nom grimper la pyramide petit à petit.
Pendant ces neufs mois, j’ai vraiment pas eu à me plaindre, tout le monde a été gentil et même si le domaine n’avait rien à voir avec ce que je voulais faire ensuite, je n’ai jamais regretté d’avoir fait ça plutôt que serveuse ou quoi.
Déjà parce qu’à force de rédiger des diagnostics et remplir les fiches, mon japonais écrit est devenu beaucoup plus fluide et qu’aujourd’hui j’ai beaucoup moins de problèmes pour écrire de tête. Ils m’ont énormément fait progresser.
Au final je sais même dire des mots de pièces en japonais que je ne sais pas dire en français et, certes, ça ne me sert pas forcément au quotidien mais je sais bien qu’un jour je sauverai la planète d’une destruction certaine grâce à cela.

J’ai adoré l’ambiance éclectique de la boite, pas seulement au niveau des nationalités mais aussi des horizons.
La plupart faisait ça en tant que job alimentaire pour pouvoir rester libre quand ça leur chantait et s’adonner à leur passion.
Ainsi, j’avais avec moi un Japonais qui avait parcouru les USA et avait appris au pays de la country à fabriquer des guitares.
Un autre était mannequin et acteur à côté et venait travailler hors tournage/shooting. Travailler et déconner avec un tel éphèbe était un plaisir des yeux, je ne vous le cache pas (en espérant qu’il ne lise jamais ses lignes puisqu’il parle français…).
Il a finalement arrêté environ 5 mois après mon arrivée car sa carrière démarrait en Chine.
Il y avait aussi bien entendu des musiciens et je comptais dans mes amis et collègues le sempai de Girugamesh. Je suis pas spécialement fan du groupe, mais comme il savait que j’aimais le rock et le visu, il me parlait souvent d’eux entre autres et me montrait les photos de leurs soirées entre groupes.
Il y avait aussi Yoshikoshi-san, un jeune joueur de Daiko (percussion japonaise) et très connu dans son domaine. Personnage haut en couleur, toujours habillé en tenue de fête traditionnelle et chaussé de sandales de pailles tressées. Il a aujourd’hui sa propre troupe et fait des spectacles et des représentations lors des matsuri dans tout le Japon.
Un autre, professeur de guitare et guitariste lui-même dans un groupe, est devenu comme un grand frère. Il m’écoutait et me donnait plein de conseil pour ma recherche d’emploi tout en réparant nos iPhones et même quand j’ai quitté le baito, il continuait à me donner des conseils par messages.
Chacun avait sa propre vie et ses rêves en dehors de Matsukage, et on se les partageait les quelques jours par semaine où on se voyait.
Honnêtement je n’ai que de bons souvenirs des moments avec eux.

Et alors pour les dubitatifs qui se demandent « Elle se dit maladroite et pas foutue de servir un verre mais elle sait réparer un iPhone ? ».
Soyez lucides enfin.
J’ai évidemment cassé environ autant de pièces que j’en ai réparé.
Il était régulier de me voir ramper à quatre pattes entre les tables, l’œil paniqué et les frisettes hirsutes aux aguets à la recherche d’une vis, d’un boulon ou autres que j’avais fait tomber sur le sol – EVIDEMMENT GRIS – pour finalement abandonner au bout de 20 minutes et aller piocher en cachette dans la pochette à vis de secours pour tenter de trouver la même.
J’ai cassé bien deux trois cadres aussi quand je devais démonter un portable pour changer l’écran… Et contre toute attente, Bruce devenu Bruce Le Clément me gratifiait d’un chaleureux « Si tu fais des erreurs, c’est seulement la preuve que tu travailles. Ceux qui ne font rien ne cassent rien ».
Oui, certes.
En tout cas, il est bien loin le gougnafier qui me vidait ma poubelle sur les pieds.

Pareil pour les iPhone, une fois sur deux où je changeais un écran ou le panel tactile, je défonçais le bouton Home au passage… Heureusement que Big Boss n’était pas très regardant sur ses stocks de bouton Home et que mes conneries faisaient tellement rire mes compères qu’ils ont jamais rien dit. Ca les fait encore rire plus d’un an après… Je suis concentrée, toute à mon opération, puis d’un coup je lâche un « Putain » horrifié, relève mon visage déconfit et annonce sombrement « J’ai encore bousillé le bouton Home…pourtant j’ai fait attention cette fois ! », la larme à l’oeil.
Un classique.
Big Boss était malheureusement persuadé que j’étais une de ses meilleures recrues… Je me sens coupable.
Je dirai pour ma défense que c’est vraiment de la merde ces petits trucs, surtout pour les versions 3G ! Les ingénieurs d’Apple sont définitivement des suppôts de Satan, cela va sans dire.
Que ces baudets soient châtiés avec du nattô dans les narines !

Mais bon, pour certains types de réparations j’étais pas trop mauvaise et pour tout ce qui était du reste (diagnostics, rédactions, mise à jour de la base de donnée, accueil des clients etc), je faisais tout bien donc ça me rattrape.
Oui, je me cherche des excuses là, mais c’est mon blog donc je fais ce que je veux.

Franchement j’ai encore un million d’anecdotes à vous raconter qui me font rire quand j’y repense. Mes bourdes comme la fois où j’ai vexé Big Boss quand j’ai cru qu’il m’avait offert une merde au 100 yens shop du coin alors que c’était un cadeau souvenir ramené d’Italie (oui mais j’avais vu les mêmes au 100 yens shop j’y peux rien !) … Ou encore la passion pour les animaux de Big Boss qui transformait au fil de ses lubies la salle de pause en aquarium, quartier général de tortues, villa de hamster et autres…(jusqu’au jour où ils se sont barrés dans la boite et bouffé les fils)…

A Matsukage c’était pas toujours tout rose et le management pas terrible, pas mal des employés étaient exploités et privés de vie privée… mais j’ai décidé de ne pas aborder le sujet parce que finalement ça ne me concernait pas moi, qui en tant que baito était relativement libre et qui ait toujours été bien traitée.
Et pis j’aurai bien assez à dire sur ma propre expérience l’année suivante dans une autre entreprise donc restons sur du positif.
Finalement, Bruce n’était là que pour tester et pinailler pour voir si on était résistant mais pas méchant du tout.

Aujourd’hui, j’ai gardé contact avec tout ce beau monde, notamment grâce à la magie Facebook.
On s’est revu deux fois, la première fois quand j’ai arrêté au mois de février pour commencer mon vrai travail, et une autre fois quelques mois après le 11 mars pour savoir où tout le monde en était.
On parle actuellement de se revoir encore une fois incessamment sous peu, ça me ferait plaisir.

En juin de cette année, Yoshikoshi-san m’a invitée à aller voir un de ses spectacles de Daiko. Même si je savais tout ce qu’il faisait et le voyait toujours habillé en tenue traditionnelle, c’était la première fois que je le voyais sur scène.
J’ai énormément apprécié ce moment et le fait qu’il m’invite alors que ça fait un an et demi qu’on ne travaille plus ensemble.
Je trouve que c’est tellement rare de pouvoir entrer dans la vie des Japonais et créer des liens au point de pouvoir voir leur « vrai visage » et non le masque qu’ils portent au travail.
Je terminerai donc ce billet bien trop long sur une petite vidéo que j’ai prise de son spectacle. Vidéo pas très bien prise et pas au moment le plus acrobatique ou impressionnant, mais comme j’étais la seule à sortir mon téléphone, j’osais pas trop.
Et pis arrêtez d’être chiants avec vos réclamations hein ! C’est qui le chef ici ?
Regardez et en silence !

PS : Quelques liens utiles pour ceux qui seraient amenés à chercher un baito au Japon :

Sites exclusivement pour les étrangers (qui ne proposent pas que des baito mais aussi des vrais jobs) :
Gaijin Pot
Daijob

Sites japonais mais proposant aussi des baito pour les étrangers (Ciblez bien vos mots-clés) :
CCFJ (Centre Culturel Franco-Japonais)
Baitoru 
JobSense
Arubaito Ex 
Career Jet

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