Carrière éphémère

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J’ai mis le temps mais me revoilà enfin.
Je remercie d’ailleurs au passage tous les gentils qui me suivent via la page FB, Twitter ou commentaires, ça fait plaisir (et flatte mon égo surdimenssionné).

Voici donc enfin l’article concernant ma carrière avortée de professeur de français.

Toutefois, avant de commencer je tiens à préciser que toute ressemblance avec des personnes ayant réellement exis…
Ah non mince attendez, ces boulets existent tous réellement en fait.
Zut, je me plante de discours, attendez je fouille dans mes notes.
Aaah, voilà.
Je reprends.

Oui donc, je tiens à préciser que ce post va relater un bon nombre de mésaventures qui risquent de faire peur à certains d’entre vous et en indigner d’autres pensant que j’exagère.
Alors 1) Pas besoin d’avoir peur, toi qui espères un jour venir enseigner le français au Japon, car la façon dont je m’y suis prise ne m’a pas aidée à faire les bonnes rencontres. En plus je suis une fille et en plus de plus je suis pas très douée pour me faire respecter, donc ce n’est pas parce qu’on m’a largement prise pour une poire que ce sera votre cas. De toute façon vous savez depuis que vous avez lu le post sur mon fameux 14 Juin  que je ne suis autre que la fille cachée de Pierre Richard et que plus poissarde, tu meurs.
2) Non j’exagère pas. Jamais. Nan mais. è_é

Donc ne tirez pas des généralités de ce que je vais vous dire plus bas, ce n’est que mon expérience personnelle…même s’il est clair que je vais prendre un pied d’enfer à vous détruire le mythe honteux du Japonais poli, respectueux et honnête. (attendez je m’étouffe en ricanant).

Alors après avoir brouillé les pistes en vous racontant Disney Sea en Juillet 2010, puis une anecdote (qui vous a manifestement fait beaucoup réagir… ! ) datant de 2008, je vous paume en revenant en mars 2010 ! Si vous arrivez quand même à suivre sans être perdu vous gagnez… absolument rien, bien entendu.

Donc mars 2010. Après avoir passé janvier et février à m’installer et prendre le pli de mon nouveau quotidien tokyoïte, il commence à se faire pauvre et être temps de chercher de quoi gagner mon pain. Ou riz.
Ou même chocolat pour être un peu plus proche de ma réalité.

Ayant passé la formation de FLE (Français Langue Etrangère) et enseigner le français au Japon étant le « job facile » je décide de commencer par ça, sans toutefois réellement espérer faire carrière dans le domaine, mes ambitions étant ailleurs.
Mais puisque j’ai fais cette formation et qu’enseigner peut s’avérer intéressant, je décide de me lancer sur cette voie.
Aussi parce que le deuxième job étudiant facile reste serveur dans un établissement français et qu’en toute honnêteté c’est la dernière chose que j’ai envie de faire.
Pour la très bonne et simple raison que quiconque me connaît un minimum sait que je suis Miss Catastrophe, et que j’aurais ruiné le restaurant casse-cou ayant pris le risque de m’embaucher en foutant en l’air à peu près toutes leurs commandes.
Je ne suis définitivement pas quelqu’un faite pour ce genre de job.

Le Japon pullule d’écoles de langues privées proposant des cours particuliers ou en petites classes. Paradoxe, puisque ils ont beaux avoir des écoles de langues tous les dix mètres, les Japonais ne sont pas très réputés pour leurs compétences linguistiques…
Il est donc relativement facile de trouver des écoles où postuler pour peu qu’on se soit tout de même bien renseigné avant et qu’on ne toque pas à n’importe quelle porte.
Car évidemment certaines écoles ne brillent pas par leur honnêteté, les magouilles sont fréquentes (du moins j’en ai entendu pas mal dans mon entourage qui avait choisi cette voie) quand ca ne va pas jusqu’au scandale national comme pour l’affaire NOVA.
Tout n’est pas noir evidemment, mais renseignez-vous quand même savoir où vous mettez les pieds.

Sur une petite annonce postée sur Internet je trouve d’ailleurs une école qui recrute un français disponible pour donner des cours.
Je postule et très rapidement je passe l’entretien suivi d’une simulation de cours qui se passe plutôt bien.

On me dit qu’on me donnera la réponse sous 20 jours ; à peine rentrée chez moi j’avais déjà la réponse, c’était OK.
Au début j’étais plutôt contente, jusqu’à ce que je lise les conditions en détails (expliquées de manière évasive auparavant).
Ils n’avaient pas de classe, je devais choisir le lieu où dispenser mes cours, même à mon domicile si ça me chantait (ben voyons).
Les frais de transport n’étant pas remboursés, je devais prendre en compte ce petit détail pour choisir le lieu.
Ensuite ils me demandaient de m’inscrire sur leur site internet où je devais créer mon compte, mon profil et mon propre blog.
Pas mal d’écoles font tenir un blog à leurs enseignants donc jusque là la démarche ne m’étonnait pas spécialement, mais ils me demandaient aussi de prendre des « jolies » photos de moi et d’en poster régulièrement pour « donner envie ». Si possible des photos « féminines ».
Mouais.
Une photo professionnelle de moi sur un profil, oui je veux bien, mais tenir un blog sur ma pomme, je vois pas trop l’intérêt. Surtout si ce n’est pas en rose.
Ensuite si ils m’avaient dit que je serais payée 2000 yens de l’heure (soit environs 18 euros selon le cours du jour), voilà qu’ils me précisaient maintenant que « dans un premier temps » ils ne me confieraient que les « première expériences gratuites » pour les futurs élèves potentiels et que seulement après leur avoir ramené un certain nombre d’élèves seulement ils me donneraient des « vrais » cours véritablement payé.
Comme c’est commode ça, m’envoyer faire des heures à mes frais pour une durée indéterminée.
Quitte à me prendre en photo régulièrement pour donner envie au premier pervers venu d’apprendre le français autant travailler dans un club à hôtesses, au moins je suis sure que ça rapporte.
Ajoutons à cela que dans leurs inscriptions et règles à deux balles, pas une seule fois ils ne me demandaient mes coordonnées bancaires pour pouvoir me payer mon salaire. L’envie de travailler avec eux est redescendu comme un soufflé…

N’ayant pas le temps (ni l’envie je dois l’avouer) de courir les écoles pour en trouver des fiables, passer des entretiens etc, je décide d’être une dingue dans ma tête et de faire les choses toute seule.
Entreprise qui a ses avantages tout comme ses inconvénients, comme vous le verrez par la suite.
Je commence donc à poster des petites annonces sur les communautés maudites des amoureux de la France sur le net, vais proposer mes coordonnées dans les facultés proposant un cursus de français au cas où certains élèves aimeraient un soutien, dépose mes annonces dans certains restaurants français. Bref je vais déposer mon annonce partout où je suis susceptible de trouver des intéressés.
Je mets une photo de moi correcte, habillée sobre, maquillée mais pas trop, une petite présentation de moi et ma formation,une explication de ma façon de procéder, mon système, et mon mail pour plus d’info.

Au niveau du système :
– Les cours auront lieu dans des lieux publics et fréquentés : cafés ou bibliothèques, l’option de mon domicile ou celui de l’élève étant proscrite d’office. Love hotel ? A considérer selon photo de l’élève…
– La première séance est gratuite.
– A partir de la deuxième séance 3000 yens (27 euros) de l’heure, les frais de transport et la boisson en cas de café à mes frais. Les tarifs école frisant le 6000 yens par heure pour un cours particulier, ce tarif était largement avantageux.
– Réduction pour des cours donné en groupe s’ils voulaient apprendre entre amis ou pour plusieurs heures d’affilées.

L’avantage de procéder comme cela étant que je pouvais gérer mon emploi du temps un peu comme ça m’arrangeait et gagner un peu plus à l’heure qu’en école. Pour peu que je case plusieurs élèves à la suite dans un même café, ça ne me reviendrait pas cher en transport ou consommation.

Très rapidement je reçois une vingtaine de réponses de gens intéressés. Au milieu de ces futurs élèves quelques parasites du même acabi que mon allumée du post précédant « J’ai vu ta petite annonce. Je cherche des amis français, veux tu être mon amie ? ».
Non Simplet je veux pas être ton amie, je veux du fric pour bouffer et me bourrer la gueule le samedi soir, donc bouge de là avant que je te lapide à coup de miettes de pain de campagne.

Je fais le tri parmi les gens intéressés, genre le vieux qui souhaite qu’on fasse cours à son domicile car « il n’aime pas trop les cafés » peut se brosser.
Celle qui veut que j’aille à 50km lui faire le cours gratuit dans un karaoke ( ?? elle a pas trouvé plus bruyant ?) pour l’aider à écrire une déclaration d’amour en français pour son chanteur préféré aussi.
Ils rejoignent directement la corbeille de ma boîte email avec les quémandeurs d’amitié dorée après une réponse leur indiquant avec diplomatie que j’avais trouvé suffisament d’élèves et d’amis pour survivre.

J’arrive à caser une dizaine de leçons gratuites sur quelques jours d’affilés après les cours et est plutôt contente de moi.
Je procède toujours de la même manère pour ces « leçons ». Tout d’abord je propose à l’élève de se présenter, me dire pourquoi il veut apprendre le français, si il en a déjà fait, si oui son niveau, ce qui l’intéresse.
Ensuite suivant ses réponses, je me présente. Si la personne est grande débutante, je me présente en Japonais.
Si elle a un peu de français derrière elle, je dis mon nom, mon age, et la region d’où je viens en français, le reste en japonais.
Si la personne a déjà un bon niveau, je me présente entièrement en français pour tâter le terrain et voir jusqu’où elle peut comprendre et si une discussion en français s’installe.

Pour les grands débutants, j’enchaine ensuite sur une présentation du français en général, une petite leçon démo que j’avais mise au point et qui je dois l’avouer faisait mouche à chaque fois, ils en ressortaient tous ravis.
Pour les autres parlant déjà un peu ou beaucoup, je leur demandais quels étaient leurs hobbies et improvisais sur le sujet.
Toutes mes leçons gratuites se sont bien passées, et quasiment 100% ont désiré poursuivre les leçons.

Heureuse, je me dis que c’est bien parti.
Je suis même motivée, positive, j’y crois.

Quelle gourde je fais.

Le fait est que si j’ai réussi à faire assez de cours pendant quelques semaines pour en vivoter, ça s’est très rapidement dégradé.
Je vous propose un rapide (long en fait) tour de table de mes élèves qui m’ont le plus « marquée » pour vous donner un aperçu de comment s’est déroulé mes 4-5 mois en temps que professeur.

Brigitte :

J’ai décidé de l’appeler Brigitte car je n’ai plus aucun souvenir de son intitulé et qu’elle méritait au moins un prénom moche (pardon à toutes les Brigitte… mais aussi dure que soit la vérité, ouvrez les yeux mesdames).
Elle devait avoir environ 35 ans et venait d’arrêter son travail. Elle avait vécu un peu en France pour ses études et parlait un français impeccable. J’avoue que j’en étais impressionnée. Elle désirait travailler dans une entreprise qui importait du vin français, préparait le plus haut niveau du DELF (examen de français), et voulait donc que je l’aide à le préparer.
Mais elle avait déjà un niveau quasiment parfait et n’avait pas besoin de moi. D’ailleurs très autoritaire, elle me le faisait clairement savoir en refusant que je prépare quel cours que ce soit pour elle ou que je cherche à lui enseigner quoi que ce soit.
Nos heures de cours se passaient toujours sur le même schéma, elle choisissait un texte qu’elle avait déjà travaillé chez elle, me le lisait plusieurs fois et me demandait de corriger sa prononciation. Je lui expliquais les quelques mots ou expressions qu’elle ne comprenait pas, lui relisais le texte pour qu’elle puisse enregistrer la prononciation et le rythme d’un natif… Bref c’était plus un travail de lectrice que de professeur, mais ma foi être payée presque 30 euros de l’heure pour se contenter de lire, on ne va pas s’en plaindre.
Une fois, elle devait préparer un devoir sur l’éducation en France et m’a demandé de lui préparer un cours sur un support vidéo traitant des écoles à problème.
Directement j’ai pensé au film « Entre les murs » que je me suis procurée, et que j’ai regardé tout en préparant un cours et des exercices sur le sujet.
J’ai passé plusieurs heures dessus, en espérant qu’elle serait satisfaite du premier cours qu’elle me laissait préparer, en essayant de proposer quelque chose de complet et susceptible de l’intéresser.
Bien m’en a prit, le jour du dit-cours, elle n’est jamais venue, n’a jamais répondu à mes appels ou emails.
Elle était toujours vivante, car je connaissais son compte mixi où elle se connectait toujours, mais sans me répondre.
Ma première disparue dans la nature. La première d’une longue série.

Charline :

(Finalement j’ai décidé d’attribuer un nom français à tous nos francophiles, suivant ce qu’ils m’inspirent).
Charline c’était une jeune étudiante d’une vingtaine d’années, élève du conservatoire, joueuse de flûte traversière. Manifestement une fille de bonne famille. Nos cours avaient parfois lieu après une représentation où elle était habillée en robe de gala avec un châle de satin sur les épaules… moi et mon jean complexions grandement.
Délicate mais pas précieuse, bourgeoise mais pas pédante.
Elle était très douce, souriante, riait de bon cœur à mes blagues (pourtant aussi vaseuses en japonais qu’en français) et c’était une de mes rares élèves qui soit appliquée.
Elle apprenait le français depuis quelques mois à l’université mais au rythme de deux heures par semaine. Trop lent à son goût, elle qui avait pour projet d’entrer dans un conservatoire en France, et voulait donc avoir un niveau assez convenable pour pouvoir se débrouiller une fois arrivée au pays des fromages.
Je l’aimais bien et j’avais réellement envie de me donner du mal pour elle et lui faire des cours sympas. Je passais parfois des soirées à lui confectionner des cours un minimum ludiques (qui me servaient de nouveau pour les autres) selon le thème qu’elle avait choisi.
Je me souviens par exemple que pour notre leçon sur les repères spaciaux (devant, derrière, à gauche, dans ton cul etc.), j’avais passé une soirée à dessiner une ville à l’identique sur deux feuilles blanches cartonnées, avec son parc, sa station de train etc.
J’avais dessiné des rectangles blancs en guise de bâtiments.
Je lui donnais son plan de la ville vierge, et moi le mien, puis tout en lui cachant ma version, j’écrivais dans les rectangles blancs « Boulangerie », « Ecole », « Poste » etc. jusqu’à remplir tous les espaces vides.
Une fois fini, toujours en lui cachant mon plan, je lui décrivais ma ville et en écoutant ma description, elle devait réécrire sur son propre plan où était placé quoi. A la fin, on se montrait nos deux plans pour comparer et voir si elle avait tout bien placé au bon endroit. Puis on recommençait dans l’autre sens pour qu’elle travaille son expression aussi et c’était à moi de deviner où elle avait placé quoi.
Bref, j’aimais bien lui inventer ce genre d’exercice et lui insérer des blagues dedans.
Elle de son côté semblait apprécier que je prenne la peine d’inventer des jeux et de ne pas me contenter seulement de grammaire et exercices standards.
C’est d’ailleurs pour elle que j’étais le plus heureuse de donner des cours. Il était pas rare qu’on débordait de l’heure de cours pour raconter nos vies comme de vieilles copines. Elle avait même quelques attentions pour moi, genre me ramener des gateaux ou souvenirs de voyage si elle partait en week-end. Bref, de toutes les élèves que j’ai eu, c’est une des rares que j’allais voir avec grand plaisir.
Puis elle a eu les examens de fin de semestre vers le mois de Juin, elle semblait très stressée. Elle a donc espacé nos leçons à une semaine sur deux le temps de finir cette période.
Mais un jour… elle n’a jamais rappelé.
Je lui ai envoyé un message, savoir si elle comptait reprendre nos cours, pas de réponse.
Disparue, elle aussi.
Pour le coup je l’ai mal pris, car elle je l’appréciais vraiment et je la pensais moins légère. Elle n’était pas la seule à jouer au magicien et disparaître d’un seul coup sans prendre la peine de m’avertir mais venant d’elle c’était tellement décevant…
Un an plus tard (soit il y’a à peine deux mois), elle m’a envoyé un message pour me dire qu’elle partait d’ici peu en France, si on pouvait reprendre nos leçons intensivement avant son départ.
La rancœur aidant j’ai répondu un peu sèchement que depuis le temps je n’étais plus étudiante, travaillais à temps plein et donc ne donnais plus de cours depuis un moment ni n’avait envie d’y consacrer le peu temps libre dont je disposais.
Elle m’a répondu en s’excusant platement. Qu’elle avait cédé au stress de son école très stricte et la pression énorme de ses parents et qu’elle était tombée en grave dépression, n’était plus sortie de chez elle pendant des mois et avait même été hospitalisée…
Qu’elle aurait dû me répondre, me dire au moins qu’elle cessait nos cours un temps.
Je me suis sentie mal.
C’est vrai qu’en y repensant les dernières fois que je l’avais vue elle avait l’air pas mal amaigrie et moins bien dans ses baskets.
Je m’en suis voulue de lui avoir répondu sèchement, d’autant plus qu’elle je savais qu’elle n’était pas comme les autres glandus venus me parasiter. De plus, moi aussi j’avais passé de longs mois à déprimer et comprenais parfaitement l’envie de se retirer du circuit.
Pour me rattraper, je lui ai présenté un ami français donnant des cours pour qu’il prenne ma place et qu’elle puisse avoir ses cours intensifs.
Je n’ai pas pris de ses nouvelles depuis mais j’espère qu’elle va bien, c’est la seule dont je me soucie encore un peu.

Jean-David :

Jean David n’a pas grand rôle dans l’histoire, il est venu à 3-4 cours puis est reparti dans sa spirale de mec ocuppé et je ne l’ai jamais revu lui non plus.
Il mérite juste ces quelques lignes pour un point : sa coiffure.
Le genre de coiffure magique qui pique les yeux, qui vous titille les zygomatiques, qui vous fait glousser bêtement secouant subrepticement les épaules de votre corps, que vous essayez pourtant de maintenir raide pour ne pas qu’on remarque que vous vous foutez irrésistiblement de sa gueule.
Déjà il avait transgressé une des lois principales de la Fashion Police : il était permanenté.
Et un Japonais permanenté comme un mouton, ça devrait être interdit. Si ils sont nés les cheveux raides, c’est bien parce que Dieu savait qu’ils ne ressemblaient à rien une fois bouclés.
D’ailleurs dès que les Japonais auront épuisé toute leur population au poste de 1er ministre et que ce sera mon tour faute de choix, c’est une des premières réformes que je ferai. Le premier Japonais qui fini déguisé en Nelson Monfort finira au cachot.

 

Nelson Noda

J’ai entendu dire que l’actuel 1er ministre était très fan de Nelson en secret…

 

Outre sa permanente immonde sur des cheveux décolorés marron chiasse douteux, il a transgressé une AUTRE loi fondamentale de la coiffure.
Il avait la coupe au bol.
Et la coupe au bol permanentée… ça ne pardonne pas.
Quand je l’ai vu arriver pour notre première leçon gratuite, une larme a coulé au coin de mon œil droit. Comment allais-je faire pour ne pas lui exploser de rire au visage ?
Dieu étant cruel, il a poussé le vice plus loin.
Lors des présentations je demande à Jean David son métier.
« Je suis coiffeur ».
Ah.

Charlot :

J’ai hésité longtemps avant de me décider sur le prénom à atribuer à cette fouine mais je crois avoir trouvé ce qu’il fallait. Il avait vraiment l’air du petit rigolo de service. Et quand je dis petit, ce n’est pas qu’au sens figuré… Si les Japonais ont déjà la réputation d’ étre petit, lui était minuscule. Le genre de Yorkshire humain qui restent invisibles du haut de mon mètre soixante quinze.
Relativement jeune il devait avoir à peine la trentaine et travaillait dans un restaurant.

Italien, pas francais.
Il ne s’intéressait d’ailleurs pas spécialement à la France. N’y était jamais allé. N’avait pas l’intention d’y voyager non plus.
Vous vous posez donc sûrement la même question que j’ai fini par lui poser : mais pourquoi apprendre le français alors ?

La réponse est sans appel et synonyme d’emmerdes : eh bien j’ai vu ta photo sur l’annonce alors je me suis dis pourquoi pas.
…Et merde.

J’avais pourtant réussi à éviter par email ceux qui semblaient plus intéressés par se trouver une femme qu’apprendre à conjuguer des verbes à l’imparfait du subjonctif, mais lui il était passé entre les mailles du filet.
Et comme tout petit rigolo de service – en mode drague qui plus est – il était bien lourd. Pas concentré pour un sous (même pas pour 3000 yens de l’heure), il finissait toujours par me parler d’autre chose, me demander de parler avec l’accent d’Osaka (bonjour, je suis un phénomène de foire) car c’était drôle et me disait que c’était ennuyant si on revenait au cours…
Oui mais t’es venu pour ça banane !

Malheureusement, comme il était un des rares élèves assidus et ajoutait 30 euros à mon budget de la semaine, j’acceptais de sacrifier une heure de mon temps pour lui, quoi qu’il m’en coûte nerveusement.
J’esquivais ses questions dérangeantes sur ma vie privée et revenais tant bien que mal à nos adjectifs qualificatifs. Résultat : au bout de 4 mois et demi, il n’était toujours pas fichu de conjuguer le verbe être au présent de l’indicatif et ne comprenait toujours pas la différence entre article défini et indéfini.

Joli.
Je l’ai donc inscrit sans scrupule au guiness de mes cancres.

Il faisait toujours mine de vouloir me raccompagner après nos leçons, j’avais donc pris le pli de toujours caser au moins un cours après lui pourqu’il n’ai plus qu’à se casser bien docilement. Au début il restait jusqu’à ce que le prochain élève arrive, même si ça devait prendre une heure et même si je lui disais que j’avais des devoirs à faire pour l’école. « Non mais je vous regarde seulement, vous pouvez travailler je derangerai pas ! » qu’il me disait d’un sourire niais et beat.
Bougre de nain jaune.
Je finissais donc par toujours caser un cours 5 min après le sien, ce qui semblait le contrarier mais qu’on s’entende bien : il pouvait toujours aller se faire foutre.
Malheureusement une fois le cours d’après fut annulé et je me retrouve libre comme l’air. Ça tombait bien, j’avais des courses à faire. Le cours se termine, je ramasse mes affaires et m’apprête à m’en aller.
« Vous n’avez pas de cours après cette fois ? »
– Non.
– Vous allez faire quoi ?
– J’ai des courses à faire.
– Super ! Je vous accompagne !

Bêtasse que je suis j’en reste comme deux ronds de flan et ne proteste pas malgré le cri « NOOOOOOOOOOOOON » désespéré qui resonne dans ma tête.
Je pars acheter des livres, il me suit partout comme un petit chien, heureux comme un pape, et surtout semble interpréter ce shopping forcé comme un rendez-vous galant.
No way.
D’autant plus que du haut de son mètre quarante les bras levés, on dirait plutôt que je promène le chiard de la voisine. Dès qu’on sort de la librairie je lui dis que je vais devoir le laisser car maintenant j’attends quelqu’un qui va me rejoindre et me dirige donc vers la gare.

Il me colle aux basques en aboyant et remuant la queue, me disant qu’il attendra avec moi.
Heu… C’est a dire que mon rendez-vous il est fictif coco, donc si t’attends le vent avec moi on ne va pas aller bien loin.
Il me regarde avec ses yeux de merlan frit, je décide de l’achever d’un nouveau mensonge : j’attends un homme et je n’ai pas envie qu’il me voit en compagnie d’un autre.
Ma mythomanie porte ses fruits, son visage se décompose littéralement. Il est parti comme si il avait été trahi ou je ne sais quelle autre connerie. On croit rêver.
La semaine d’après, il m’a demandé sur un ton de reproche si je m’étais bien amusée à mon rendez-vous galant.
Comment te dire, grand (enfin petit) dadais, que ma vie est tellement PLATE que je m’invente un prince pour que tu me lâches et que je suis en fait rentrée tranquillement chez moi après ?
Après ce cours-là, j’ai décidé de mettre fin à nos cours. Je commençais à fatiguer de lui et des autres guère mieux et commençais à envisager un autre moyen d’avoir un revenu.
Si on en vient à même plus pouvoir aller acheter des livres tranquilles…

Carla :

Carla c’était un peu le prototype de la Japonaise capricieuse accro à la France pour des marques comme je vous ai présenté gentiment dans le post précédent. À part qu’elle était beaucoup plus jeune et beaucoup plus riche.
Je vous épargnerai donc ses commentaires débiles sur la France ou l’image parfois erronée qu’elle en avait.
Elle devait aller en France au début du mois de Juillet pour accompagner sa mère à la Japan Expo qui y était invitée pour une exposition de kimono. Elle désirait donc des cours intensifs, 8h par semaine pendant tout le mois de juin.
Waouw, le jackpot ! 8h par semaine pendant un mois avec UNE personne !

Bon le truc, c’est qu’il faut pouvoir les caser, je décide de bousculer un petit peu mes autres élèves en leur demandant de changer leurs horaires habituels temporairement, voire d’en annuler un ou deux. Eux me font toujours le coup alors hein.
Elle voulait apprendre à faire du shopping, je passais donc les heures à lui parler de jupes, de prix, de chaussures a talons…
La première semaine de 8 h, elle a juste annulé 2h car elle avait un rhume. Au téléphone elle avait l’air réellement malade, soit. Et commençant à connaitre mes élèves, j’aurais trouvé bizarre qu’elle n’annule pas au moins un cours.
On repart le lundi suivant avec nos deux heures, elle semblait allait mieux, tout va bien dans le meilleur des mondes, on se quitte en se disant à demain.
Sauf que le lendemain, elle n’est pas venue.

Sans coup de fil, sans message et sans répondre aux miens bien entendu. Elle aussi, entrée dans le cercle des poè… élèves disparus.
On devait faire 5 semaines de 8 h, elle a tenu 8 jours avant de me mettre un vent magistral, alors que j’avais bousculé mon emploi du temps et annulé d’autres choses pour elle.
Les premiers jours de juillet, un email me réveille à 3h du matin. C’était elle.
« Je suis en France là ! C’est super et si élégant ! (…) Pour la Japan Expo on m’a proposé de m’interviewer mais je ne sais pas m’exprimer ! Pouvez-vous me traduire le texte ci-dessous ? » Suivi d’un texte à traduire.
Pas de bonjour, pas de desolée pour la dernière fois, pas de prise en compte du décalage horaire et qu’elle me réveille en pleine nuit pas de merci, rien.
Pour une raison absolument stupide (j’ai de la ressource dans le domaine) je lui ai envoyé sa traduction. Elle n’a pas dit merci ni même répondu.
Trois jours plus tard, de nouveau en pleine nuit, elle m’envoie « J’ai besoin de cette traduction la aussi ! » suivi d’un nouveau texte.
J’aurais dû crier à cette infame boucanière d’aller se faire mettre, mais vous me connaissez, je suis un bisounours.
Je me suis contentée de ne pas répondre et de la maudire sur neuf générations.

Kevin :

Le cas Kevin… Car oui c’était un cas.

J’appréhendais déjà un peu de le rencontrer car ses mails se résumaient toujours à des monosyllabes énigmatiques reflétant bien son caractère autiste mais… Il restait correct et si je me mettais à refuser tout le monde de bizarre j’allais pas aller bien loin.
Surprise quand il est arrive pour sa leçon gratuite ; c’était un ado ! À peine 16 ans.
Il portait d’énormes lunettes de soleil qui lui cachaient la moitié du visage et ne les enlevait quasiment jamais. Même dans le café et même pendant que je lui donnais nos cours.
Ce qui, je ne vous le cache pas, me déplaisait complètement et me mettais plutôt mal a l’aise. Une fois je lui ai demandé d’enlever ses lunettes, il les a enlevé en soupirant lourdement et les a remis environ deux minutes plus tard. J’ai laissé tomber.
Fumer et me recracher la fumee de cigarette en plein nez semblait aussi une de ses attractions favorites. Quand il ne jouait pas avec son portable sous mon nez…

Le gredin.

Et quand je parle de gredin, je parle de la pire espèce qui soit. Le bougre était… un grand fan des AKB48 ! ARRRGGRHH ! LUI AUSSI AU CACHOOOT !

Donc pour les ignares en nippologie (genre ma mère, ma soeur, mes cousines… on ne choisit pas sa famille que voulez-vous, même si pour le coup elles ne loupent rien), les AKB48 c’est un groupe de « musique » composé de 48 dindes de dix-sept piges, habillées en uniforme de lycéenne à ras la salle de jeu, chantant de leur voix nasillarde tout en tachant de montrer leur culotte dans des chorégraphies de bas étage.
En gros ça donne, ça :

Outre le côté moyen de voir des gamines à moitié à poil se faire des câlins et des bisous sur la bouche dans un décor qui se veut innocent, le producteur a fait un gros coup de business avec ses 48 nanas dans un seul et même groupe puisqu’elles sont juste partout. 48 idoles, imaginez combien de pub ça peut couvrir ça ! Cinq AKB pour la pub des ordinateurs portables HP, quatre sur votre jus de légumes, une dizaine sur vos bonbons, encore quatre autres sur mon repas à emporter… J’attends avec effroi le jour ou je verrai leur gueule me sourire niaisement sur mon PQ, et croyez-moi ce n’est pas impossible.

Si elles me laissaient indifférentes avant d’être au Japon et que je m’en moquais juste par principe, aujourd’hui je ne peux plus les encadrer. Je ne fais pas un pas dans la rue sans voir leurs tronches de poney ou leur soutien-gorge.
Et lui était fan donc. Mais le fan qui fait peur. Celui qui a des photos de sa préférée partout, met son nom partout, la traque.
Un jour après son cours il part dans la même direction que moi et on se trouve donc forcés de discuter quelques minutes. On voit un bus publicitaire des AKB48 passer et nous polluer auditivement de leur dernier single à fond.
Lui : Dans ce single, il y a un ticket pour pouvoir aller à la dédicace, je pourrai toucher la main de celle que j’aime et tout.
– Ah je savais pas qu’elles faisaient une dédicace (fait semblant de s’intéresser).
– Vous connaissez les AKB48, vous aimez bien ?

J’avale de travers et m’étouffe.
– Heu moi je connais pas trop… Par contre je connais une Nullos (qui n’est absolument pas mon amie !) qui aime bien.
– Ah ouais ???? *yeux avides flippants* Je pourrais lui donner un CD si vous voulez.
– Oh, garde tes CDs ils sont à toi. En plus elle en a surement plein.
– Ouais mais j’en ai 12 en tout.
– Bah comme tu veux mais en tant que fan ça te fait pas chier de donner tes CDs ?
– Bah je m’en fous, 12 fois le même ça me sert à rien.
– 12 fois le même ?
– Bah ouais, je veux le ticket pour rencontrer ma chérie dedans. Comme ça le jour de la dédicace, je peux repasser 12 fois et lui serrer 12 fois la main.

Ah…

Au-delà de son côté fan psychotique, lui il apprenait le français pour… entrer dans l’armée française. Ah… Il ne s’intéressait pas pour un sous à la France ni au français. D’ailleurs même l’armée de l’intéressait pas, juste il ne voulait pas travailler, pas devenir salaryman mais avoir de l’argent, voulait être à la retraite tôt et surtout… il aimait bien les jeux vidéo de guerre.

Ah bah oui, si t’aimes tuer du soldat sur ta télé un paquet de chips entre les jambes, ça me parait tout indiqué comme carrière…
Pourquoi l’armée française ? Parce que c’est « la plus bidon à rentrer ». Vu les motivations du minot, je me doutais bien que nos cours allaient rapidement titiller mon système nerveux mais j’ai tenté le coup quand même. Ne serait-ce que pour avoir quelque chose à vous raconter ensuite.
Il n’allait pas au lycée, mais ses parents – manifestement très riches – avaient payé l’établissement de sorte qu’il en sortirait forcément diplômé. D’ailleurs ses parents réclamaient un cv, une explication de mes tarifs et une sorte de lettre de motivation pour qu’ils acceptent de me prêter leur freluquet de fils 2h par semaine pour 5000 yens.
Pourtant, le jour de la première leçon payante, il m’annonce qu’en fait il ne pourra pas rester 2h (Et pourquoi ? Tu glandes rien d’autre de tes journées…) mais qu’on fera 1h30 pour seulement 4000 yens. Bien.

Seulement bizarrement, à chaque fois la somme préparée par ses parents était un billet de 5000 comme prévu initialement pour les 2h et je devais lui rendre la monnaie… Je l’ai donc fortement soupçonné de dire à ses parents qu’il faisait 2h de cours pour s’octroyer 30 min de libre et empocher tranquillement la différence de 1000 yens…

Je me trompais peut-être mais j’en doute. Après personnellement même si j’aurais préféré faire la demi-heure pour empocher mon billet, qu’il arnaque ses parents n’était pas mon problème et je n’ai donc pas cherché plus loin.
Il faisait aussi partie des rares réguliers à être là chaque semaine et c’était toujours ça.

Après deux mois et demi à lui donner des cours derrière ses lunettes de soleil tout en esquivant ses volutes de fumée, il arrive un jour ou à la fin du cours il m’annonce qu’en fait il a oublié son portefeuille et n’a pas les 4000 yens, mais qu’il me les préparera la semaine prochaine.
Je trouve ça moyen de sa part de me le dire après le cours mais comme de toute façon je le vois chaque semaine, je passe l’éponge.
Évidemment, je ne l’ai plus jamais revu. J’ai tenté de le faire payer mais au bout d’un moment il m’a bloqué de son téléphone pour que je ne puisse plus le joindre.

J’avais le numéro de fax de ses parents puisque j’y avais envoyé mon cv et la lettre qu’ils demandaient alors ma mère voulait je les contacte ne serait ce que pour leur dire que leur fils était malhonnête. Mais comme je suis stupide, je me suis contentée d’être une fois de plus déçue du genre humain et de tourner la page.

Norbert :

Un de ceux qui m’a le plus traumatisée je ne vous le cache pas.
Ca a été un de mes tout premiers élèves. Je n’aime pas juger sur le physique (quoique… ) mais lui m’a mise très mal à l’aise dès la seconde où je l’ai vu. Pour une raison obscure, même physiquement il avait quelque chose qui m’inspirait… rien qui vaille. Du dégout aussi un peu.
Déjà il sentait très mauvais. Mélange de transpiration et… d’un je ne sais quoi de dérangeant. De transpiration et de sale.
Il n’était pas vieux, à peine la trentaine mais avait déjà les cheveux pas mal clairsemés et le crâne toujours luisant de transpiration. On était pourtant en mars et ses 10 degrés…
Il était cuisinier dans un restaurant français. Bizarrement il avait toujours les mains sales. Abîmées aussi. Le métier de cuisinier étant ce qu’il est, pas étonnant qu’il ait des blessures aux mains mais lui elles étaient vraiment sales aussi… les ongles noirs, les mains… comme si elles étaient tâchées de terre… C’était vraiment étrange.
Un cuisinier n’est pas plutôt censé avoir les mains propres ? Bref, manifestement l’hygiène n’était pas son point fort (ni le français d’ailleurs).
Quand il m’a appris qu’il était spécialisé dans la confection de pâté et que c’était sa passion, je n’ai pas pu m’empêcher d’imaginer une histoire sordide d’homme cherchant à apprendre le français pour impressionner ses victimes et les assomer d’un coup de pelle au détour d’une ruelle sombre. Il prélèverait les chairs pour en faire du pâté d’humain qui ferait un carton dans son restaurant et enterrerait le reste de ses victimes dans son jardin, d’où traces de terres sur ses mains et les ongles noircis (mélange de sang et de boue).
Une vie bien stressante qui ferait perdre ses cheveux à n’importe qui et transpirer du crâne…
Tout se tient, on a notre homme.

Attendez, je vais proposer mon scénario pour Saw 28, je reviens.

Voila (il sera en salle l’an prochain).
En plus de tout ce que je vous ai dit plus haut, il avait un problème de diction qui rendait incompréhensible tout ce qu’il disait que ce soit en français ou en japonais. Pratique, me direz vous.
Lié à ce problème de diction ou non, il avait toujours de la salive qui s’accumulait en mousse blanche au coin des lèvres et évidemment je bloquais dessus sans parvenir à me concentrer sur autre chose…
Outre ce charmant portrait, je n’étais pas tout à fait sure qu’il venait exclusivement dans un souci d’apprendre la langue de Molière. Il prenait toujours soin de me poser plein de questions personnelles dont –environs toutes les deux semaines pour vérifier – si j’avais un petit ami, si j’aimais les Japonais, et j’en passe.
J’évitais de venir maquillée ou apprêtée, sinon il passait 10min de son cours à me dire combien j’étais belle, et que je devais avoir beaucoup de prétendants au Japon (« et d’ailleurs vous avez toujours pas de petit ami ? »).
Il lui arrivait parfois de me préparer des déclarations d’amour en français qu’il me récitait à la fin du cours.
La première fois m’a surprise, je rangeais mes affaires et je le voyais qui me fixait et me sors sourire (et mousse de salive) aux lèvres : « Je t’aime passionément, mon chérie ».
Feignant la professeur tatillonne j’ai juste corrigé son « mon » en « ma » , en soulignant toutefois que si il avait une préférance pour les « mon », les Japonais étaient très appréciés dans la communauté gay en France… Ca l’a calmé pour ce jour là mais ne l’a pas empêché de recommencer les semaines suivantes.
Par la suite, je ne répondais pas trop ou lui demandait si il apprenait tout ça pour draguer en France.
Sa réponse : oui, il faut bien que je me marie si je veux un visa.
C’était donc cela…
Allez viens coco, je t’inscris à l’Amour est dans le pré si tu veux, tu feras des pâtés dans une ferme avec des morts plein ton jardin et on te trouvera une Guilaine qui te donnera ton visa.
Mais moi tu m’oublies, OK ?

Si on passe toutes les choses déplaisantes qu’il m’inspirait, il valait guère mieux en tant qu’élève.
On ressassait quasiment toujours les mêmes leçons, ça rentrait par une oreille et ça ressortait pas l’autre, j’aurais pissé dans un violon que j’aurais pas obtenu mieux.
Il étudiait pourtant depuis 4 ans plusieurs heures par semaine dans des écoles privées en plus des cours que je lui donnais.

Mais plus que tout ce qui m’exaspérait, était qu’il était quasiment toujours en retard. Les premières fois de 10min, puis 15, puis 30… Il arrivait parfois avec des traces sur le visage.
« Je faisais une sieste ! »
Ah ben tu m’étonnes, avec le tampon de l’oreiller sur ton front autant avouer et ne pas me sortir que t’avais piscine hein.
Je sais que le métier de la restauration est fatiguant, d’autant plus au Japon. Ils n’ont qu’un jour de congé par semaine, et des horaires de fous à côté. Je peux comprendre qu’il était fatigué… mais parfois je pense honnêtement que j’aurais préféré qu’il annule complètement plutôt que de me faire perdre mon temps régulièrement en arrivant en retard et… très souvent pour finir sa nuit pendant notre cours.

Oui, régulièrement il s’endormait pendant notre cours.
Autant piquer du nez dans un amphi de 200 personnes pendant un cours de linguistique me parait inévitable, autant sur un petit cours d’une heure en cours particulier je trouve ça fortiche. Voire inadmissible.
Surtout quand vous êtes en plein dialogue et que vous voyez les yeux de votre interlocuteur rouler, loucher, se fermer et sa tête aller cogner directement en plein dans le mur pour qu’il se redresse l’air de rien devant mon air blasé.
Le pire dans cette affaire étant qu’il refusait d’admettre qu’il s’endormait.
« Attendez, je ferme les yeux pour mieux réfléchir ».
Et moi je suis la reine d’Angleterre.
Ce qui donnait parfois de grands moments de n’importe quoi tellement il était dans le cirage, comme par exemple l’inoubliable cours sur l’heure.
Je lui demande l’heure qu’il est : rouli bouli d’œil vitreux, balancement dangereux de tête, paupières qui se ferment et filet de bave au coin de la bouche.
Moi qui m’impatiente « Vous m’écoutez Norbert ?! Je vous ai demandé l’heure ! Quelle heure est il ? »
– L’année prochaine.

Ok Doc, cesse de faire le malin avec ta DeLorean volante et reviens en 2010 sur le champs.

Une fois j’ai fini par le laisser dormir en sirotant mon lait, après tout c’est lui qui paie, pas moi tant pis si le compteur tourne. Marre de me battre avec la Belle aux Bois Dormants moi.
D’autant plus qu’il refusait d’admettre qu’il dormait, je suis naïve, certes, mais faut quand même pas trop me prendre pour une buse.

Vous devez vous demander pourquoi je n’ai jamais cessé les leçons avec lui malgré tout ce qu’il m’inspirait et le déroulement moyen des leçons.
Tout simplement car les Japonais sont très sujets aux annulations de rendez vous et qu’il était le seul, malgré ses retards et ses roupillons, à être là chaque semaine et m’assurer mes 3000 yens.

Mais est venu l’apothéose où il m’a sorti tous ses vices sur une heure.
Déjà il était en retard et ne répondait pas au téléphone.
Il a fini par m’appeler au bout de 15min pour me dire qu’il avait oublié son porte-feuille à la maison et avait du aller le rechercher.
Bizarrement il me disait ça avec la voix pâteuse de quelqu’un qui venait de se réveiller…
Putain mais ça t’arrive de dormir la nuit ? Arrête de tuer des gens pour faire du pâté en croûte, tu verras ça repose !
Arrivé avec 50min de retard, la coupe est pleine je lui dis que cette fois je ne lui ferai pas 1h entière car il prend trop sur mon temps à chaque fois et que de toute façon un autre cours est prévu un peu plus tard. Je lui ferai donc sa leçon jusqu’à ce que la personne suivante arrive.
Il accepte mais semble contrarié (Oh, c’est qui qui poireaute toutes les semaines ?).
En seulement 20min de leçon, il arrive quand même à s’endormir.
Putain il est victime de la mouche Tsé Tsé ou quoi ? C’est quoi son problème ?
Excédée, je tape des mains devant son visage pour le réveiller et lui dit sèchement d’aller se passer de l’eau sur le visage pour émerger ou de rentrer chez lui mais qu’il va falloir qu’il arrête de me faire perdre mon temps.
Docile, il va se rincer le visage à l’eau froide et revient avec un sourire gêné « Je suis fatigué dernièrement.. » . Oui ben alors arrête d’enterrer des gens la nuit, dors fais quelque chose.
Ou annule nos cours, tout simplement.
« Mais je veux vous voir ! »
Il part en semi-déclaration. Alors que j’hésite à m’ouvrir les veines avec ma cuillère à café pour me sortir de là, mon élève suivant débarque, je décide donc d’honorer cette diversion en saluant mon élève plutôt que de répondre à ses déclarations gênantes.
Il comprend qu’il est temps qu’il foute son camp.
Il prend le ticket de caisse pour régler sa propre consommation, me laisse le nouveau ticket édité pour que je règle ma consommation quand je m’en vais.
Ce n’est qu’une fois qu’il était bien loin que j’ai vu que cette sale vermine s’était vengé en réglant mon lait chaud à 250 yens et en me laissant à payer sa coupe glacée de saison à 750 yens.
Arnaque de 5€, j’ai eu pire quelques lignes plus haut mais la technique est fourbe et lâche.
Evidemment, il n’a plus jamais redonné de nouvelles après ce coup bas et décidé de disparaître à son tour.
Grand bien lui fasse.
Au moins, je n’ai pas fini en pâté.

Voilà en gros pour les meilleurs profils de mes élèves. J’aurais aussi pu vous parler de Catherine qui apprenait le français car elle vouait un amour sans borne au champagne (on appelle ça en d’autre termes l’alcoolisme mais restons naïfs). Elle avait arrêté son travail pour être serveuse dans un bar à champagne et pouvoir en boire tous les soirs. Elle se payait aussi un voyage en France tous les ans pour faire la tournée des caves et boire comme un trou. Elle le disait elle-même dans ces termes. Difficile d’ailleurs de faire une phrase sans parler de champagne.

J’aurais aussi pu vous parler en détail de Stanislas qui se décrivait comme un coach de vie mais qui semblait surtout être gourou d’une secte qu’il avait créée où il s’en mettait plein les fouilles (mais il était réglo avec moi, et ne cherchait pas à m’endoctriner dans son truc chelou alors…). Il m’a payée une heure par semaine pendant des mois pour que je lui apprenne à bien saluer. Non, pas pour apprendre le Français, juste pour connaître toutes les expressions de politesse et pouvoir se montrer extrêmement poli durant son voyage de vacances prévu quelques mois plus tard. L’important était juste d’impressionner le réceptionniste de l’hôtel et la caissière d’Auchan quand il leur dirait « Bonne journée ».
Faire répéter « au revoir » en boucle à quelqu’un pendant une heure peut avoir des effets sur votre mental proche de certaines substances illicites, sachez-le.

Il avait prévu un coup d’éclat en allant au Château de Versailles en véritable kimono pour qu’on lui adresse la parole et se faire des amis.
J’aurais réellement voulu écouter le récit de cette épique péripétie mais malheureusement j’ai décidé d’arrêter de donner des cours avant…

J’aurais enfin pu vous parler de Jean, que j’ai évoqué brièvement dans le post sur les sorties étudiantes de mon école, lui étudiant de la célèbre université de Keio. Lui était une sorte de mélange de Charlot et Norbert, manifestement largement motivée par l’envie de se dégoter une Européenne pour frimer devant les copains. Il m’a manqué de respect d’ailleurs plusieurs fois en me disant par exemple que j’étais quelqu’un de radin et près de mes sous pour facturer 3000 yens de l’heure (alors que je lui faisais un prix à 2000….). Et lui aussi m’a arnaqué sur le prix lors du dernier cours que je lui ai donné.
J’en ai encore eu pas mal d’autres qui, s’ils ne méritent pas un prénom en français et leur anecdote ici, étaient plus ou moins de la même trempe. Souvent en retard, souvent sujet à annuler les cours juste avant l’heure voire à ne pas venir.
Les annulations étaient réellement récurrentes, plusieurs fois par semaine. Mais il arrivait aussi qu’on me demande des cours a la dernière minute, voire qu’on oublie de respecter ma vie privée en m’envoyant des messages à 2h du matin (merci Charlot).

Donc voila, j’en ai eu ma claque.

Au bout de 4-5 mois j’en ai eu marre de vivoter et m’adapter aux humeurs de tous ces sociopathes ingrats, et j’ai donc décidé d’arrêter pour chercher un véritable baito (petit travail).

Pour conclure cet article qui est déjà bien assez long (vos yeux piquent, je sais), je conseillerai à ceux qui veulent enseigner le français : déjà d’être moins con que moi, mais ça ce n’est pas bien difficile.
De bien choisir si vous préférez le faire à votre compte ou pour une école, de peser les pours et les contre. Personnellement je savais que je ferais ça juste temporairement donc je me suis permis de faire les choses à ma guise, mais il est évident que c’est un minimum plus stable dans une école. Déjà comme les élèves payent, ils annulent moins à la dernière minute et ne se permettent pas de disparaitre du jour au lendemain. Après renseignez-vous pour connaitre de bonnes écoles qui ne vous arnaqueront pas à leur tour.
Enfin pour ceux qui veulent faire ça pour eux-mêmes comme moi, établissez bien vos règles dès le départ concernant les retards et les annulations quittent à faire payer quand même, soyez plus fermes et vous laissez pas marcher dessus. Essayez aussi peut être de trouver des élèves dans votre entourage, des amis d’amis ou autres, ils seront certainement moins irrespectueux.

De toute façon, quand je vois les superbes cours de français dispensés à la télé nippone, je me dis qu’ils n’avaient pas vraiment besoin de moi…

Fléau.

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Bonjour à tous !!

Oui me voilà enfin ! (genre vous attendiez…).

Moi qui espérais tenir le rythme d’un post par semaine, vla ti pas que je me suis transformée en Amélie Nothomb pour le boulot et que je n’avais plus de vie dis donc ! D’ailleurs je ne sais pas quand on en sera à ce stade là de l’histoire, mais je vous jure que je pourrai vous écrire un Stupeur et Tremblement le retour de la revanche, 🙂

Mais nous n’en sommes pas là et je vais donc me mettre en condition (musique et portable sur les genoux) pour notre petite séance de racontage de life.
Donc tout d’abord… petit retour en arrière !

Je vous avais promis de vous parler cette fois de mes péripéties en tant que professeur de français mais j’ai décidé de commencer par une anecdote et un peu de méchanceté et mauvaise foi d’abord, en guise d’introduction.

Car je critique très souvent les gens qui m’apprécient pour ma nationalité et j’avais envie de vous faire un topo de pourquoi ça m’horripilait via une anecdote (choisie parmi d’autres).

Il existe donc un bon nombre de Japonais fort sympathiques et amoureux de notre beau pays. Nous les en remercions bien entendu et leur rendons la pareille en allant manger des sushi hors de prix de temps en temps au restau du coin, voire pour les plus téméraires, ceux pourris de carrefour à la provençale avec des herbes et des tomates confites dedans (on aura tout vu… mais les Japonais font des glaces au camembert donc je conclurai par un partout).

Mais il existe un autre type d’amoureux de la France, sorte d’équivalent de nos otakus du Japon qui ne savent pas exprimer leur passion pour le Pays du Soleil levant autrement qu’en plaçant le manga Naruto toutes les deux phrases et présenter leur collection des 50 exemplaires du même DVD de Princesse Mononoké en croyant que cela fait d’eux des japonisant accomplis.
Et si l’otaku français amoureux du Japon est parfois très agaçant (voire désolant), il en va de même dans l’autre sens.

Certains Japonais autoproclamés amoureux de la France méritent juste des claques. Remplacez Naruto par Vin, Samurai par Marie Antoinette et la mode gothique lolita par Louis Vuitton et vous obtenez le parfait maniaque de la France.

L’Otaku de la France ne parle pas français. Ça fait 10 ans qu’il apprend et ne sait toujours pas conjuguer le verbe être. Il adore la cuisine française tout en ignorant que de nos jours notre plus grande spécialité reste le Kebab. Trouve les français bien habillés et élégants mais ne sait pas qu’ici ont met les chaussettes par-dessus le jogging et la casquette à l’envers. Trouve la musique française si distinguée, mais s’est arrêté à Edith Piaf (ah bon elle est morte ? Mais vous écoutez qui maintenant ?).
Bref, il aime les clichés.
La France c’est les Champs Elysées (sans les mendiants bien entendu), le pain, le fromage, le vin, les grandes marques, le luxe et le raffinement. L’argent.
Etre en France et savoir parler français, c’est classe, c’est Versailles, sortez l’argenterie.

Allez dire à ce genre de fanatique que vous n’avez jamais porté de robe Chanel et son monde s’écroulera. Quoi ? Genre la pauvreté ça existe en France ? Vous êtes pas tous plein aux As à jouer de l’accordéon à des parties branchées avec Yves Montand ? (Non, il n’est pas mort lui non plus)
Bref ils aiment la France sans la connaître, juste parce que la France c’est in, et que c’est la destination préférée des bourgeois.
Oui on a une image de luxe, de richesse, finesse, élégance… et c’est ça qu’ils aiment.

Alors je dénigre pas mon pays, je pense qu’on a une belle culture, un beau patrimoine, une belle histoire… Alors justement la France, ce n’est pas QUE ça et qu’on me réduise à un sac à main en cuir me fatigue un peu.
Et je dois avouer que ça me gonfle d’autant plus quand ils en reviennent un peu déçus « C’est sale et le métro fait peur :O ».
Bref, comme les Japonais sont souvent gavés quand on leur dit « J’adore le Japon, j’adore les mangas ! » et bien moi je suis saoulée qu’on me dise « J’adore la France, j’adore Louis Vuitton ! », c’est comme ça.

De ce fait, et pour les raisons que j’ai déjà évoqué avec Mandy dans le billet précédent, j’évite ce genre d’hurluberlu. Ils se font une image de moi qui ne me correspond pas et qui me titille le système nerveux, comme un acharnement à me mettre dans une case élégance-fille distinguée au lieu de chercher à me connaitre. (Sonia en crise de reconnaissance 😉 )

J’illustrerai mon énervement par une expérience vécue. Ça reporte du coup mon post sur mes expériences de prof mais ça fait longtemps que je ne vous ai pas écrit alors savourez mes pavés quel que soit le sujet OK ? 

En septembre 2006 j’ai donc déménagé à Osaka pour un échange universitaire d’un an. Ayant un niveau peu élevé et n’apprenant pas grand-chose à l’université (niveau pas du tout adapté), je me suis inscrite pour pratiquer sur mixi. Mixi c’est en gros le Facebook des Japonais, avec la possibilité de tenir un blog en plus.
Je me suis donc inscrite, invitée par mes amies de fac, et commencé à lire à mon rythme leurs blogs pour retenir des expressions et me forcer à écrire moi-même.
Au bout de quelques mois, comme j’avais précisé que j’étais française sur mon profil, une femme originaire de l’île de Shikoku m’envoie un message.
Elle adooooooore la France et aimerait vraiiiiiiiment avoir des amis français car elle n’en a pas et ne peut jamais parler français. Snif, dis donc dur ta vie quand même.
Je consulte son profil… elle a la trentaine bien sonnée et ses contacts sont… que des français piochés sur mixi.
En effet, vraiment aucune occasion de parler français dit.

J’ai déjà remarqué plusieurs personnes de ce genre. Ils ajoutent systématiquement en amis tous les Français qu’ils trouvent, quitte à fouiller tes amis pour en dénicher de nouveaux pour leurs collection et les ajouter.
Peut être même qu’ils se les échangent tiens :
« Echange jeune étudiante blonde de 22 ans, signe particulier : yeux bleus rares ! »
– Ok je prends, je te file un jeune expatrié de 35 ans à la place, pas marié. Bonus : il bosse pour LVMH et peut avoir des parfums gratos.
– Putain je fais une affaire là mec !
– Oh les gars, sinon je brade un fan d’Evangelion, qui c’est qui n’en veut ?

…Pardon je m’égare.

Bref, 99% du temps, j’ignore. Déjà parce que que ce soit Facebook ou Mixi, je n’ajoute que TRÈS rarement les gens que je ne connais pas IRL.
Mais bon c’était une femme (les hommes je gicle direct) et elle m’avait abordé gentiment… j’ai pas eu la force de refuser même si je sentais le plan foireux à 10km.

Et ça n’a pas loupé, un magnifique exemple de tout ce que je vous ai cité plus haut.
Elle a commencé par m’écrire systématiquement en Français partout. Bon elle a le droit hein… mais comme je suis pas sympa et que je m’étais inscrite pour enfin pratiquer mon japonais, j’avais pas envie qu’on vienne me polluer tous mes blogs par des commentaires écrits en français incompréhensible.
Surtout quand la personne a tendance à pencher vers le côté obscure de la force : le lolilol.
Trop fière de pouvoir montrer qu’elle connaissait notre langage internet, voila mon mur pollué de « lol » et « mdr » à tout va, même quand je n’écris rien de drôle.
Oui j’ai le coup de sang facile, mais rien que ça… ça mérite la peine de mort.
Je ne m’amuse pas à éviter les kikoulol en France pour me taper les sous versions japinoises. 
Exemple, j’écris un blog déprimé (oui je déprime aussi en japonais, :D) où j’exprime ma lassitude et mon désespoir d’âme torturée, pour recevoir en commentaire en français dans le texte : « Oh, ce n’est pas très Sonia-chan ça ! lol ptdr ! »

Donc déjà, je ne vois pas en quoi elle sait ce qui est digne de ma personnalité ou non quand elle me connait depuis 2 semaines par blog interposé (d’ailleurs qui me connait bien sait que justement il n’y a pas plus « Sonia-chan » que de déprimer à mort) et puis je sais pas, les lol à côté hors contexte… Il n’en faut guère plus pour me navrer.

Vous devez me trouver méchante ; certes, mais j’ai du flair pour repérer les boulets et là j’en avais un de compet.
Doutez vous bien que si c’en était resté à des lol sur un blog, elle ne mériterait pas d’être critiquée ici.
Bref je ne vous copierai pas tous ces commentaires pour vous prouver mes dires mais en gros elle comparait tout ce que je disais à ses expériences en France même quand finalement ça n’avait aucun rapport et passait son temps à me dire à quel point j’étais française (oui c’est ma nationalité en effet) et raffinée… Oui madame, je file mes collants carrefour tous les jours, parlons en à John Galliano je suis sure de l’inspirer et devenir sa nouvelle muse… ah oui mais merde, il a été arrêté et licencié c’est vrai… tout fout le camps ma bonne dame.

J’avais beau parler de rock, de punk ou autre, elle avait toujours l’air de m’imaginer en robe de soirée satinée et talons aiguilles.
Soit.
D’ailleurs j’ai une anecdote pour argumenter mais… elle est longue donc tant pis je laisse tomber.

J’avoue que ça me gonflait mais bonne ambassadrice que je suis, je lui répondais (essayons d’être un tantinet juste : elle ne m’avait rien dit de méchant) de manière courtoise, sans toutefois chercher plus loin.
Elle proposait régulièrement de se voir mais… je m’esquivais toujours avec brio.

Puis en août 2007 retour en France. Pensez vous, la belle n’en était que plus ardue dans ses commentaires, de vrais blogs écrits directement de France dis ! Ça, c’est dépaysant !

En 2008, elle obtient un entretien dans une école Lyonnaise pour donner des cours de japonais. Elle qui rêve tant de pouvoir venir en France, la belle aubaine, elle fait le déplacement (pour rien elle n’a pas eu la place 😀 ).
Evidemment elle ne connait pas Lyon et moi j’y habite… L’occasion est trop belle, elle m’écrit.
J’aurais trouvé vache de refuser de l’aider, on est toujours bien content quand quelqu’un vous aide à vous organiser et vous guide lorsque vous arrivez dans un pays étranger.
Donc je l’aide à organiser son voyage, trouver son école et accepte de jouer les guides Lyonnais une journée.
Après un an de commentaires lolilol, je la rencontre donc enfin.

Rien de spécial à dire sur cette journée.
Je ne suis pas intolérante au point de m’énerver sur le fait de s’extasier sur tout ce qui est Français lorsqu’on est en voyage en France. Au contraire, tant mieux si son voyage lui plait ma foi.
Elle trouvait tout romantique et charmant (tout en sachant ignorer superbement ce qui aurait pu l’être moins, 🙂 ) et j’ai fais tout ce qui aurait pu correspondre à ses goûts : Tête d’Or, Fourvière, Bellecour, Vieux Lyon, Traboules, Bouchon Lyonnais… bref, classique mais toujours plaisant je dois l’admettre.
J’ai encore eu du mal a comprendre cette capacité qu’ont les femmes japonaises à commander un menu à 35€ pour en laisser la moitié car « oh non quand même, je ne peux pas tout manger j’ai un petit estomac » mais rien de bien méchant.
On avait certes pas la même façon de penser, pas les mêmes hobby ni rien mais malgré mes commentaires acides ici, si le débat reste intelligent je sais me montrer ouverte è_é

Bref une journée normale pour quelqu’un qui fait visiter à un touriste. Elle ne m’avait pas passionnée mais pas forcément saoulée non plus, je m’en serais presque voulu de l’image peu flatteuse que j’en avais. (Mais non :D).

L’été suivant, je suis de retour au Japon. A peine un mois, ce qui est peu quand on a une tournée de miyavi à faire et un an de connaissances à revoir, un an d’habitudes a reprendre pour en profiter avant le retour au bercail.
Elle saute sur l’occasion pour me demander de se revoir.
Je vous avoue que n’étant là que pour un mois, ayant une tournée à faire, et mes connaissances sur Osaka et Tokyo a revoir, je n’avais pas forcément envie de lui consacrer une journée : mes amis de fac et de concerts d’abord. D’autant plus que lui faire découvrir la France en France, oui c’est logique, mais là je revenais pour la première fois depuis la fin de mon année à Osaka et j’avais réellement envie de profiter de mon séjour japonais.
Je lui dis donc que j’ai prévu de nombreuses choses plus une tournée dans tout le Japon qui fait que je serai peu sur Osaka et Tokyo et beaucoup de gens à revoir. Et même, je n’en avais pas envie point.
Elle insiste, me demande quand je suis à Osaka et sans me demander mon avis prépare un aller retour à Osaka depuis Shikoku en collant sur mes dates.

Merci de respecter mon choix…

Les choses de la vie étant ce qu’elles sont, une amie annule notre sortie 2 jours avant mon retour en France ce qui me fait pile une journée de libre, quand l’autre a préparé son voyage exprès.
Je me résigne donc à la voir, tant pis.

Je sentais les choses très très mal, n’en avais aucune envie mais… comme j’ai un côté un peu abruti moi aussi et bien je n’ai pas su trouver d’autres excuses pour y réchapper et ai donc accepté.
La seule chose positive de cette journée avec elle a été qu’elle m’a prouvé que j’avais raison depuis le départ à son égard, que mon radars à boulet était plus que compétent et que oui… avoir un QI dans le négatif c’est possible.

Elle me demande de lui faire visiter Osaka comme je lui ai fait visiter Lyon. Bien.

Je lui demande ce qu’elle veut visiter à Osaka, quel quartier.
Et là elle me répond, je vous le donne en mille, qu’elle veut aller au restaurant français.

Non mais non.
Je suis là seulement pour un mois, je bouffe français tous les jours depuis ma naissance, je rentre dans deux jours, aller au restau français à Osaka, là tout de suite je m’en fiche.
Surtout quand on voit comme c’est cher pour ce que c’est.
Résultat des courses, au lieu de profiter de mes derniers jours au Japon à en profiter et manger ce qui allait me manquer, voilà que j’ai ruiné mon budget pour des petits pois pas cuits immangeables, de la viande caoutchouc, du pain congelé qui partait en miette, et un mille feuille qui n’avait du mille feuille que le nom (strictement rien à voir) avec une crème pâtissière qui était pour être honnête tout bonnement INFECTE et que je n’ai pas pu manger non plus (ça fait cher pour repartir le ventre vide, je vous le dis).
Et moi qui adore le sucré, que je ne puisse pas manger une crème pâtissière en dit long sur la qualité du mets, je ne suis pourtant pas particulièrement fine bouche.
Le tout écrit dans un menu en français blindé de fautes (des kikou lol l’auraient écrit ?), que quand tu commandes le serveur comprends même pas ce que tu dis.

J’ai trouvé ce restau abominable, évidemment elle l’a adoré car c’était « très français ».

Elle n’a pas arrêté d’agrémenter cette journée horrible par des commentaires plus stupides les uns que les autres et tous portés sur la France.
Exemple :
Elle: « Dis Sonia, je pense que Namba ne ressemble pas beaucoup à Fourvière de Lyon… qu’en penses-tu ? »
…..Heu oui, comparer un quartier jeune stylé troisième millénaire avec des néons partout avec une église (basilique pour les tatillons) située au sommet d’une montagne je trouve ça tout à fait approprié.

Arrêt sur image :

Alors vous en pensez quoi vous ? Ca ressemble ou pas ?

Autre exemple :

Elle a voulu faire une croisière a Dotombori, « oh on se croirait sur la Seine, ça me rappelle la France ! »
Rien à voir… Dotombori c’est un canal qui passe au milieu des magasins, des usines et devant des bières de 30mètres lumineuses…
Arrêt sur image :

En effet, on s’y croirait… Je veux dire, y’a de l’eau quoi !

On passe devant la tour d’Osaka, « oh je prends une photo ! On dirait la Tour Eiffel ! »

Arrêt sur image :

Je crois qu’on va s’arreter là hein…

Evidemment j’ai eu droit au shopping dans les magasins de mode français, aux robes à 400 euros dont la taille maximale est le 36 (je rappelle qu’à l’époque je faisais 110kg…), et proposant des habits classiques et chiants à mourir digne d’un buffet chez les sarkozy.
Elle s’étonne finalement : « Tu n’achètes rien ? C’est l’occasion enfin, un magasin français ! »

… C’est l’occasion de QUOI au juste ? Je suis en France dans 48h bouffone.

Bref la cruche par excellence, elle m’a sorti tous les clichés possibles. D’ailleurs pas une seule fois elle ne s’est intéressée réellement à moi ou ce que je peux aimer dans la vie, quand elle posait des questions et voyait que les réponses ne correspondaient pas à son idéal de la France, elle changeait de sujet.
Par contre j’ai vu ses yeux scintiller quand elle a entendu que j’avais un frère de 35 ans passés, non marié.
Oui mais non.
Je refuse. Touche pas à ma famille, malheureuse.

En plus un peu stalker sur les bords quand même, elle décide tout à coup de dormir à Osaka et aller dans le même hôtel que moi…!
J’ai réussi à y réchapper en acceptant une invitation à dîner d’autres amis et lui conseillant de rentrer sur Shikoku comme prévu.
Avant d’aller dîner, je lui dis que j’aimerais aller à l’hôtel déposer mes affaires mais malheureusement au lieu de dégager elle tient à venir.
Elle : j’aimerais vraiment voir comment est ta chambre !
Moi : Bah c’est une chambre d’hôtel… Un lit, un bureau, une valise.
Elle : Non, je suis sure qu’elle est mignonne ! C’est ta chambre !

… Ah oui c’est vrai, la chambre d’hôtel de la Française a plus d’étoiles que la chambre d’à côté où dors une pauvre Chinoise en guenilles, j’avais oublié que j’avais mon passeport Very Important People.

On arrive à l’hôtel, elle entre et ne cache pas sa déception.
« Ah oui tu as raison, c’est normal… »
Ah… ben oui dis donc. Bordel mais qu’est ce qu’elle croyait ? Que comme c’était ma chambre y’allait avoir du pain frais et du café au lait ? Une tour Eiffel ? Un artiste au pied de mon lit dessinant Montmartre sur un air d’Amélie Poulain ? Un poster de Charles Aznavour chantant La Bohème comme réveil matin ? Que j’avais une cave à vin à côté des chiottes ?
Ou alors elle croyait que je séjournais au Ritz avec mes potes Alain Delon et Brigitte Bardot et espérait être invitée à notre partie de criquet je sais pas…

Bref comme ça toute la journée, insupportable.
Elle a tenu à ce que je l’emmène dans un endroit qui me tenait à cœur.
Elle devait s’attendre à un truc super chic et élégant venant de ma part… Pensez vous.
Or, moi pour son premier voyage à Osaka j’ai pensé l’emmener dans un endroit typique que j’apprécie beaucoup. Un bâtiment où tous les étages ont été reconstitués comme l’Osaka de la fin des années 1800 début 1900. On y retrouve toutes les rues à l’ancienne, des reconstitutions des monuments à l’époque, des diseurs de bonnes aventures à l’ancienne, des bars et stands de nourriture à l’ancienne, des jeux de toutes sortes : le tout dans une ambiance excellente et possibilité de déguster des spécialités de l’époque aussi.
Bref, je trouvais cet endroit original et tout indiqué pour du tourisme à Osaka.
Elle n’a pas caché sa déception « Ça ne fait pas très français… ».

Non mais parce que je t’explique connasse, là on est pas en France, on est AU JAPON. Y’a quoi que que tu comprends pas dans l’énoncé ?
Je crois qu’elle a cru que par ma simple nationalité, j’allais transformer le Kansaï en Champs de Mars. Malheureusement je ne m’appelle pas Mary Poppins. Bientôt on allait me reprocher qu’il y’avait des Japonais dans les rues !

Bref, elle parcourait les rues d’un air ennuyé, sans chercher à tester les divertissements ou manger quelque chose, ce n’était pas assez franchouillard tout ça.
Je me sens démoralisée.
On regarde une vidéo où est expliqué la fabrication de la tour d’Osaka, une allusion à la tour Eiffel y est faite : elle retrouve le sourire.
Il lui en faut peu à la dinde.

Si j’avais su j’aurais collé des cartes postales de Paname sur les murs, elle se serait intéressée.

Et là, le clou de la journée pour moi.
Et je ne vous le raconte pas de gaieté de cœur car je l’ai vécu comme une humiliation totale.
Dans certaines attractions, il y’avait possibilité de se déguiser en costume d’époque et se faire prendre en photo dans le décor.
Et malheureusement pour moi, ça a été la seule chose qui l’a un peu enthousiasmée : elle pouvait prendre une photo souvenir avec moi !

Pour le coup c’était moi qui n’allait pas être marrante mais je n’en avais aucune envie, car je savais que ça allait mal se passer pour moi.

Je vous remets dans le contexte de l’époque : j’étais obèse.
Et au Japon on est limite considéré obèse quand on fait une taille 40, alors une taille 52… D’ailleurs à l’époque où j’habitais à Osaka,ça m’avait posé problème plusieurs fois.
Dans les humiliations diverses et variées, à Kyoto j’avais voulu aller me faire déguiser en Geisha avec séance photo. Les kimono étant très grands, ils sont tailles uniques.
J’en avais essayé 4 avant d’en trouver un qui passe quand même et elles avaient du se mettre à trois pour tirer et le fermer. Et mon ancienne coloc japonaise de l’époque (celle de la valise du 14 juin v_v) qui s’excusait auprès des habilleuses comme si j’étais un fardeau, croyant surement que je ne comprenais pas, belle humiliation.
Autre exemple : se déguiser pour prendre des purikura. Dans les game centers ils proposent parfois des déguisements gratuits qu’on peut enfiler le temps de prendre nos photos. Mes amies avaient voulu le faire : rien à ma taille. Résultats, elles étaient en infirmières sexy, robes chinoises fendues, diablotines… et moi j’ai du me contenter d’une cape noire -_-

Autre exemple encore plus humiliant, dans un manège fait aux tailles japonaises impossible de fermer la ceinture, la sécurité a du tout arrêter et retarder la mise en route du manège pour me faire sortir car j’étais trop grosse pour monter sur leurs sièges…

Je ne raconte pas ça de gaieté de cœur, même maintenant que j’ai maigri et n’ai plus tous ces problèmes mais juste pour vous dire que c’était un énorme complexe doublé de nombreuses humiliations au Japon et que je n’avais pas envie de réitérer DU TOUT.
Donc quand elle a voulu faire le truc déguisé en habit d’époque, la première chose que j’ai pensé c’est « laisse tomber, y’a pas ma taille ».
Et voulant éviter les désagréments déjà vécu auparavant, je refuse. J’accepte de l’accompagner si elle veut le faire bien entendu mais je l’attends, moi je refuse de le faire.
Evidemment, cette cruche ne comprends pas.
Je prends donc la peine de lui expliquer franchement, même si ça me coûte.

Elle : mais mais… tu es si jolie !
Oui et bien ça n’a pas grand-chose à voir avec ma taille de vêtement petite, et si je te dis que ça va poser problème c’est que ça va poser problème.
Je lui dis donc que c’est formel, je ne le ferai pas.

Elle dit d’accord, je l’accompagne. Et cette grosse pute (oui je deviens vulgaire, mais elle mérite) va dire en douce au mec que je veux le faire aussi, qu’il me trouve quelque chose.

Je me suis énervée disant que non.
Elle a insisté.
Je regarde le mec de l’attraction « laisse tomber, t’as pas ma taille ».
Elle : mais si je suis sure !!!!
Elle insiste encore, pourrie d’enfant gâtée qui, à presque 40 piges n’est même pas capable de faire un peu preuve de compréhension, tout à son délire de « on est mignonnes et tout va bien<3 »
Résultat des courses, ils se mettent à deux pour me faire essayer de nombreux vêtements qui ne me vont pas, et la queue enfle derrière…
Je commence à me mettre à pleurer.
Leur dit que je veux laisser tomber, que de toute façon je ne voulais pas le faire.

Et là coup de grâce : « Mais je veux ma photo avec Sonia-chan !! Tu n’as qu’à essayer les habits pour homme ! »

Le mec va chercher l’habit le plus grand qu’il ait, pour homme. Je ne le ferme même pas mais on me dit de mettre mes mains devant pour cacher.
Je rumine ma rage, me retiens de ne pas exploser sa tête de petite bourgeoise de mon cul sur le décor et alors que je pleure encore à moitié le mec prends sa maudite photo.

Elle l’achète, moi non.
Oh, tu ne l’achètes pas ? Mais pourquoi, c’est un très bon souvenir !
Non morue, c’est pas un bon souvenir, tu viens d’ajouter une humiliation de plus à mon compteur, je tiens pas à prendre ta putain de photo.
Et je lui ai dit quasiment tel quel. Que je trouvais inadmissible qu’elle ne m’ait pas écouté alors que c’était pas forcément facile à vivre et qu’elle m’ait forcé.
Elle : Mais tu étais parfaite !!! Comme tu es française tu es forcément jolie !!


Rien à faire pour ce cas social, j’abandonne.

Je lui dis que bon la journée est finie et que je vais aller me préparer voir mes autres amis.
Elle sent le malaise et décide de me sortir un cadeau qu’elle m’avait acheté pour l’occasion.
« J’ai voulu t’acheter un cadeau en souvenir du Japon, exprès pour toi !!! Je ne le trouvais pas alors je l’ai même commandé sur Internet !!! ».

… Je me demande bien quel souvenir du japon elle a pu aller jusqu’à commander sur Internet.

Je prends le cadeau. L’ouvre.
Croyez moi ou pas mais c’était… un CD de Carla Bruni.
Son idole.

Cette demeurée avait fait importer l’album de France pour me l’offrir à moi en SOUVENIR DU JAPON.
Alors le geste est louable, un cadeau reste bien entendu un geste de générosité… mais faudra m’expliquer la logique.
J’ai pas pour habitude d’offrir un CD d’Arashi en souvenir de la France à un Japonais voyez…

Bref sur ces entrefaites je me suis pressée de lui dire au revoir et de ne plus jamais la revoir.

Le soir quand je suis rentrée, elle avait écrit son blog.
Alors qu’elle savait ce que j’avais pensé de l’épisode de la photo en habits d’époque, elle l’avait posté pour se vanter d’avoir passé la journée avec une française, d’avoir mangé français avec elle à Osaka et fait les magasins français, fait une croisière comme sur la Seine, vu une tour comme la Tour Eiffel et j’en passe.
Sur la photo, moi mal à l’aise et malheureuse dans ma tenue d’homme trop juste pendant qu’elle faisait sa coquette à côté, savourant sa photo cocasse avec une visage pale.
En commentaires : les « Laa chaaance, une frannnçaise !!! Que j’aimerais être a ta place !!! » de débilos de son acabit.

Voilà.
Voilà un aperçu de pourquoi j’exècre une partie des gens qui aiment la France (sont pas tous comme ça heureusement, mais y’en a…).
Car malheureusement cette histoire n’est pas la seule que j’ai eu, j’ai rencontré un paquet de ce genre de tête vide. Des gens superficiels et qui copinent seulement pour pouvoir briller et m’exhiber comme leur nouveau sac à main.

Et voilà que je décidais d’enseigner le français, car c’était la facilité, pour commencer.
J’allais donc… affronter une flopée d’amoureux de la France.
Vu mes expériences précédentes je me demandais sur quoi j’allais tomber…

Et même s’ils n’avaient pas tous le même profil que la demoiselle plus haut… je n’ai pas été déçue.

Suite… au prochain épisode.

Pour terminer, je tiens quand même dans ma grande générosité à dédicacer à cette francophile hors pair un monument de la chanson française :

Pays de la Guimauve et Chamallows

      25 commentaires sur Pays de la Guimauve et Chamallows
Dieu qu’il est dur de trouver le temps et l’énergie de bloguer !
Je sais que mes plus grands fans sont restés des jours sans boire ni manger, scotchés sur cette page rose guimauve enchanteresse en attendant un signe de vie de ma part, mais ma foi, j’étais occupée…
Isogashii, pour ceux qui se souviennent de mon article de l’an dernier sur la secte des Isogashii (la pire de toutes les sectes faisant rage au Japon, pire que Nichiren et tout le tralala.)

Et pour ceux qui oseraient se plaindre du rythme longuet de mes gribouilles, sachez que je vous écris avec seulement la moitié d’un doigt et qu’à chaque coup de clavier je souffre autant que Jesus sur sa croix et que seule ma dévotion envers vous m’oblige à faire face à l’agonie pour vous pondre un texte long et sans intérêt, alors respect.

De quoi vais-je vous parler aujourd’hui ?

Et bien je vais vous parler des sorties qu’on a fait avec l’école et ce sera d’ailleurs mon dernier post concernant ma vie d’étudiante. C’est que mine de rien j’ai un an de vie à vous raconter, en plus de ce qui se passe maintenant, donc si je m’amuse à écrire 4 articles de 10 pages chacun sur rien du tout, on va pas aller bien vite.

Dans un des posts précédants, j’avais bien précisé que ce genre d’école n’étaient pas données (du tout…). En conséquences de quoi, l’école a de l’argent et nous propose régulièrement des sorties, gratuites ou à prix symboliques.

Je vous épargnerai les visites en entreprise avec la Business Class car rien de bien drôle à se mettre sous la dent.
Juste je préciserai pour ceux qui sont au Japon (ou ont l’intention de venir) et que ça pourrait intéresser que j’y ai découvert le principe du kengaku. Soit venir sur place dans une entreprise ou une usine pour voir son fonctionnement.
Un peu comme en colonie de vacances à la ferme où ces fourbes de monos cherchaient à nous asphyxier en ne trouvant rien de mieux à faire que nous déporter dans une usine à fromage où l’odeur vous donne la vague impression d’être transformé en liliputien égaré  fin fond de la vieille charantaise de tonton Bernard.
A part qu’au Japon, ce genre de visite est courant, généralement gratuit, et qu’ils existent de nombreuses entreprises proposant des parcours et activités dans leur locaux pour montrer comment ça marche.
Tapez 見学 sur google est ton ami, et vous aurez même des sites référant toutes les entreprises proposant des kengaku et le contenu du programme, sachant qu’on peut très bien y aller seul et pas forcément dans le cadre d’une classe.
Et il y’en a pour tous les goûts, de la NHK (chaîne de télé), aux usines de chocolat vous proposant de passer d’une taille 38 à 42 en quelques dégustations et cadeaux chocolatés en fin de visite.
Après nombreuses hésitations entre ceux qui voulaient faire le Kengaku de Kirin pour se saouler à la bière, et ceux qui voulaient s’empiffrer de chocolat (bien sur que non j’en faisais pas partie è_é), on a finit par choisir Asahi Shimbun (oui rien à voir…) qui est un des quotidiens japonais les plus célèbres.
Visite très sympa, où – pour l’anecdote – j’ai notamment appris qu’avant l’apparition de l’email et autre bonheurs du monde moderne, le moyen des reporters pour envoyer leurs articles le plus rapidement possible au QG était de les envoyer… par pigeon. \o/
Et vous voulez arrêter le nucléaire hein ? 😀
En plus d’être gratuite et intéressante, le kengaku de l’Asahi Shimbun offre tout plein de cadeaux à la fin, dont une photo de groupe prise de vous qui sera imprimée à la Une d’une « édition spéciale » du journal gracieusement offerte, des stylos, des pins et tout pleins d’autres trucs inutiles mais qu’à partir du moment où c’est gratuit ça fait toujours plaisir. Et enfin votre nom le lendemain dans le journal pour dire que vous êtes venus chez eux. Un moyen de faire de la pub pour leur Kengaku et vous de vous gonfler l’ego en voyant votre nom dans un coin riquiqui du quotidien que personne ne lira.

Outre ce genre de sorties type collégiens, l’école proposait aussi plusieurs fêtes selon la saison comme une Christmas Party à Noël, un barbecue au Printemps, Disneyland en été etc.
Et enfin les sorties culturelles, genre le match de sumo que je suis allée voir et sur lequel je vous ai écrit un magnifique article l’an dernier, ou encore d’autres sorties avec des maîtres de thé pour participer à une vraie cérémonie.
Sortie que je me suis fais une JOIE de refuser, vu mes genoux de vieille sexagénaire bourrée de rhumatisme : passer des heures sur les genoux à pleurer ma misère en regardant un vieux en robe faire mousser du thé vert… non merci, même pas pour les petits gâteaux.
Par contre j’ai participé à d’autres activité moins select où j’ai appris à faire le thé (et donc le faire mousser :D) moi-même, et ce debout sans ruiner mes rotules, ce qui était tout aussi bien.

Enfin, l’école est en partenariat avec l’université de Keio située à deux pas qui, optionnellement, est une des universités les mieux côtées du Japon donc avec tout plein d’étudiants censés être très intelligents ou très riches ou les deux.
Mais pour en avoir côtoyé quelques uns, je dirai que c’est aussi pas mal de bons gros trous du cul, comme dans toutes les universités du monde, côtée ou pas.
Dans cette université il y’avait un « cercle » (soit un club d’étudiant) de rencontres avec des étrangers, et le chef de ce cercle venait donc régulièrement dans notre école pour proposer des sorties.
En un an, une multitude de sorties ont été proposées mais… croyez moi ou non je n’ai pas participé une seule fois.
Soit c’était des choses que j’avais déjà fait 1000 fois (comme le Grand Bouddha de Kamakura et autres), soit des choses que j’aurais vraiment voulu faire mais qui n’étaient pas du tout dans mes moyens (200 à 300 euros la sortie pour un petit voyage d’une journée… quand on s’appelle Cosette c’est pas trop possible, et quand on s’appelle Sonia non plus d’ailleurs), soit c’était un jour où je pouvais pas car j’avais déjà autre chose de prévu.
Donc c’est bien regrettable de ne pas avoir profité une seule fois des moyens que mettait l’école pour nous mettre en contact avec des Japonais, mais comme finalement le chef du cercle en question n’était qu’un fumier (et vous saurez pourquoi dans le prochain post) , ça ne me perturbe pas plus que ça.
Et de toutes façons je ne les avais pas attendu pour visiter le plus important ou copiner avec l’autochtone.

Je vous avais promis des photos et donc je vais tenir parole avec tout d’abord les photos du barbecue de printemps qui a lieu à la fin du mois d’avril de l’an dernier. La rentrée ayant principalement lieu en avril, c’est l’occasion de mieux connaître sa classe et de partager une première journée ensembles et créer des affinités.
Toutes les classes participent en même temps, mais le barbecue à lieu dans un parc où sont disposés une dizaines de foyers où chaque classe possède son propre foyer pour faire son barbec. Evidemment, on est pas OBLIGE de rester avec sa classe et rien ne nous empêche d’aller espionner la classe d’à côté pour leur subtiliser deux ou trois saucisses en sifflotant l’air de rien, mais la plupart des préparations se fait avec notre propre tribue.
L’école se charge d’acheter la viande et des boissons, puis nous donne un budget pour qu’on aille tous faire les courses ensembles et s’acheter ce qu’on veut à côté.
Légumes, gateaux, bonbons etc.
Et ce sont les élèves qui cuisinent…
Oui alors qui me connaît, sait que dans ces moments là je préfère me faire toute petite du haut de mon mètre soixante-quinze, car moi et la cuisine… ha ha ha…

Et c’est là qu’on comprend que l’école en a dans les caisses… car quand on sait qu’un steak coute ici près de 10 euros et quand on voit la tonne de bidoche qu’ils avaient prévus… 
C’est bien simple, sur plus de 200 étudiants, pas mal sont rentrés avec du rab pour chez eux.

Et pareil niveau boisson, on sait qu’on est au Japon : un peu de coca, un peu de thé, un peu d’eau… et des caisses et des caisses de bières.
Ca m’avait déjà étonnée à Osaka, mais le concept de se pignouser avec ses profs me surprendra toujours.

Je ne m’étendrai pas en long et en large sur cette journée comme j’ai l’habitude de le faire, car c’était ma foi une journée bien agréable mais sans rebondissement ou niaiserie titillant mon esprit critique et railleur.
Je retiendrai cependant de cette journée deux choses.
C’est Kim qui a fait la cuisine et nous a fait une spécialité coréenne : le chijimi, une sorte de crêpe aux légumes à tremper dans une sauce à se rouler parterre.
J’ai pu ainsi découvrir que la cuisine coréenne pouvait offrir autre chose que des mets qui vous arrachent la gueule et vous collent sur le trône pour refaire le papier peint des toilettes. (Oui je suis une militante de la cuisine non épicée, et alors ?)
Bref, le chijimi ça rox sa grand-maman et m’a réconciliée avec la cuisine coréenne avec qui j’étais gravement fâchée depuis le jour où on a tenté de m’assassiner au Kimchi, un soir d’hiver 2004.
Donc comme ça, le jour où je prends ce foutu avion pour Séoul, je saurai que je pourrai survivre sans mettre le feu à mon gosier et transformer mon anus en Vesuve.

La deuxième chose que je retiendrai et que je me dois de partager, est que l’Homme Blanc à bien du retard en matière de barbecue.
En effet, nos amis jaunes nous avait caché un secret… ces filous se le gardaient rien que pour eux et j’ai du m’infiltrer jusqu’au Japon à braver tremblements de terre, tsunami et autres radiations pour le découvrir : en dessert, des chamallows en barbecue viendront vous ravir le palais, au point de pouvoir  dégommer le paquet entier en moins de 5minutes à vous tout seul…
Non sérieux, je ne sais pas si vous aviez déjà testé et que j’étais la seule ignorante à n’avoir jamais vu ça (ouais bah j’ai pas de BTS barbecue moi donc ça va hein, j’ai passé toute ma vie en HLM sans jardin donc je suis restée niveau CM2 sur le sujet), mais cette découverte fut aussi merveilleuse que dangereuse. Apparemment au Japon et en Chine c’est normal, il ne se passe pas un barbecue sans finir sur cette touche sucrée.
Moi on m’a toujours arrêtée aux merguez, pauvre enfance que j’ai eu…*musique tragique de blockbuster américain*
Bref, enfilez un ou deux chamallow au bout d’un baton, maintenez près des braises… Vous obtiendrai un contour caramélisé et croustillant, pour un intérieur fondu comme une douce crème…*___*
Pfiou…
Mais ferme donc ta grande gueule Sonia des fois… (oui je suis de nouveau au régime).

Bon voilà pour ces deux découvertes culinaires qui ont changé ma vie, je vous laisse découvrir le reste en photos avec ce petit slideshow.

[slideshow id=2]

Bon ensuite, parlons de la sortie à Disneyland.
DIIIIIIISSSSNEYYYYYYYYYYYYYYYYYY !!!!!!!! \o/
Pas besoin de regarder plus loin que le design du site pour comprendre l’enchantement que je peux ressentir à l’évocation de cette pompe à fric mondiale déguisée en souris.
Disney, vous pourrez m’en dire tout le mal que vous voudrez, c’est sacré et ça changera pas è_é.
Alors Disneyland… <3

Bon alors après je ne suis pas comme les Japonais voyez.
J’ai eu vite fait de repérer les fans de disney Japonais, et de constater qu’on est pas faits du même bois.
Ils n’aiment pas Disney, ils aiment disneyland et Minnie parce qu’elle est mignonne.
Point barre.
En règle générale ils n’ont pas vu les dessins animés, ne connaissent pas les chansons (han les faux fans è_é), et n’aiment les personnages que parce qu’ils les trouvent mignons ou admirent la robe mais n’en savent rarement plus…
Et à chaque fois que je rencontrais quelqu’un qui s’autodéclarait fan invétéré de Disney, c’était pour me raconter avec fierté qu’il avait un pass Disneyland pour y aller tous les week ends.
Et on m’a pas fait le plan qu’une fois, tous les « fans de Disney » que j’ai rencontré étaient juste des fans du parc qui s’abrutissaient à y aller 50 fois par an…
Bref, je suis sure que vous vous en tamponnez complètement, mais en tant qu’admiratrice du monde de Mickey, ça me révolte ! Rien que ça !
Et pire quand on me sort que finalement je suis pas une vraie fan car je vais pas à Disneyland si souvent que ça…

Bref je vois pas trop l’intérêt d’aller se lasser à faire 50000 fois les mêmes attractions sans même connaître les œuvres originales juste pour voir une parade avec deux chars différents selon la saison.
M’enfin.

Pas qu’il faille forcément avoir vu l’intégrale des dessins animés pour apprécier le parc, mais de là à y aller tous les week-end ou même tous les mois, franchement je suis pas sure de voir l’intérêt.
Et je me dis que même moi si j’y allais tout le temps, ça deviendrait normal et la magie s’estomperait.
Bref, voilà pour le petit coup de gueule dont tout le monde se fout mais qui me tenait à cœur è_é

Et donc, voilà plus de trois ans que je n’avais pas mis les pieds au Pays du Rêve (55€ le rêve quand même…).
La dernière fois que j’y étais allée, je m’étais fait la charmante réflexion que, que ce soit à Paris ou Tokyo, j’étais toujours allée à Disneyland entre amis mais jamais en amoureux alors que nos amis japinois eux n’y allaient qu’en couple.
Je m’étais donc fait le challenge que la prochaine fois que j’irais visiter la souris, ce serait en charmante compagnie.

…Chimères !
En y repensant, j’ai quand même une vague tendance à me surrestimer d’un point de vue sentimental… Les Japonais à part pour me proposer un Love Hotel, ils sont rarement enthousiastes.
Autant y aller avec un de ces polochons en forme de torse qu’ils vendent à 2000 yens, ça ira plus vite. 

Et nous voici donc en Juillet, ça fait 7 mois que je suis au Japon, ça fait trois ans et demi que j’ai pas foutu les pieds à Disneyland alors que j’habite à 30min du parc.
Et v’la ti pas que l’école nous propose d’y aller.

Oh ouais mais non c’est la loose d’y aller avec l’école, je suis censée y aller en amoureuse avec miyavi moi ! 
En plus j’ai pas de potes, que des Chinois qui m’ignorent !
Non non non. Pas moyen que je renonce à mon challenge de rendez vous galant à Disneyland pour y aller en loose avec ma classe comme une collégienne ! Je refuse !

L’école propose l’entrée à 8 euros au lieu de 55.

Ah…
Bah si tu me prends par les sentiments alors…

Non sérieux à ce prix là, c’est trop con de refuser.
La sortie est prévue dans le parc Disneyland Sea en plus.
En France on a Disneyland et Disney Studio, au Japon pas de Disney Studio mais Disneyland Sea, qui comme son nom l’indique est sur le thème de la mer.
On y retrouve 7 mondes où on retrouve le thème de l’eau ou de la mer (La petite Sirène, 20000 lieues sous les mers etc) reliés les uns au autres.
On dit ce parc plus « adultes », dû aux décors un peu moins roses bonbons et au fait que c’est le seul parc où ils vendent de l’alcool (un Japonais sans bière n’est plus Japonais).
Et il est particulièrement agréable d’y aller en été dans la mesure où au Japon on crève de chaud et que le parc propose pas mal d’attraction avec de l’eau et courants d’air.
Bref, y aller à mi-juillet quand on sue des litres à ne rien faire me paraissait tout indiqué.

Et puis finalement… peut être que ça me permettrait de créer plus de liens avec les autres élèves puisque ça restait quand même point mort niveau amitiés profondes et sincères.
Encore une fois c’était me surestimer, mais sur le moment, âme pure et naïve, j’y croyais.

On a rendez vous à 9h30 devant l’entrée de Disney Sea pour qu’ils nous distribuent nos tickets, après c’est quartier libre, chacun fait ce qu’il veut.
J’avais déjà perdu le contact avec Sumaï mais elle m’appelle à 9h50 pour me dire qu’elle ne voit toujours personne… En effet, elle s’est plantée et n’est même pas descendue à la gare de Disney… O_o
Son côté à l’ouest m’étonnera toujours, d’autant plus que pour être plus à côté de la plaque que moi-même au quotidien, faut quand même déjà du niveau de compet’.

Aru retrouve ses supers copines des autres classes et disparaît avec elles dans la foule.
Kim est rentré en Corée depuis Juin ainsi que Nen (alias Nattapon :D) en thaïlande, le Gang des Coréennes est inséparable et ne se mélange pas trop pendant les sorties…
Je me demande bien avec qui je vais passer cette journée quand Mandy, une taiwanaise qui avait incorporée la Business Class dix jours plus tôt vient s’accrocher à mon bras pour qu’on prenne des photos ensembles en tant que nouvelles meilleures amies du monde (ah bon ?) et passer la journée en super copines.
OK, c’est vendu.

Mandy je ne vous en ai pas parlé dans le post précédant parce que finalement je n’ai jamais bien compris ce qu’elle me voulait.
Je crois (et je vais pas être très sympa) que c’était le genre de petite fille gâtée qui voulait exhiber sa super copine européenne comme un accessoire de luxe et point final. Elle s’est accrochée à moi pendant trois mois quand l’humeur l’en prenait et sans rien savoir de moi ou de ce que j’aimais. Ni quand elle a commencé à me prendre pour sa moitié, ni quand elle a finit par rentrer à Taiwan quelques mois plus tard.
Ce genre d’amitié éphémère et superficielle que j’ai vécu un million de fois ici, ou on ne cherche pas à savoir qui je suis mais qu’on se doit de côtoyer juste parce que je suis française et donc que j’ai les yeux rond, le nez haut et que je viens du pays de Louis Vuitton et de Chanel.
J’aurais aimer lui préciser que la France est aussi à l’origine de tragédies culturelles comme les comédies musicales de Kamel Ouali ou encore la Tektonik, et que je n’ai même jamais acheté un truc Louis Vuitton de ma vie, mais dans ma grande clémence, j’ai préféré ne pas briser le rêve d’élégance de cette pauvre enfant.
Bref, je vais sombrer dans la méchanceté, mais je crois que je exècre ce genre de fille en vérité.
Sous peine que je suis française, on me case dans la catégorie d’amies à avoir pour briller en société, car la France c’est la mode, c’est Versailles et un bisou d’amoureux sous la Tour Eiffel. Peu importe qui je suis au final, j’ai la nationalité des VIP.
Et le jour où on se rend compte que je n’ai pas un seul vêtement de marque, que je n’écoute que du rock, que j’aime les piercings et les tatouages, pratique l’humour noir, et préfère une soirée à jouer à des jeux merdiques comme action ou vérité bourrée plutôt que faire les dernières boutiques prout prout de Ginza… et bien on se dit que finalement je ne suis pas si amusante que ça et on s’en va.
Et ça me surgave car on m’a déjà fait le coup un nombre incalculable de fois, donc je pense qu’il serait temps de dire à ses fillettes en mal de bourgeoisie que je ne suis pas Marie Antoinette, qui de toute façon était même pas française.

Et donc bref, Mandy faisait partie de ce genre de petites demoiselles modèles et maniérées cherchant à se marier à un riche docteur ou avocat pour faire les boutiques sans en branler une, parlant d’une petite voix douce et mielleuse pour promettre mille et une sorties en meilleure amies alors que vous vous connaissez à peine et qui se termineront en mille et un vents car aucune promesse de sortie ne sera jamais tenue.
Et ce jusqu’à la fin, elle a réussi à me mettre un vent à une promesse de sortie au restaurant pour se dire au revoir avant qu’elle rentre à Taiwan, ce que je trouve fortiche et prouve la profondeur de la relation.

Quel charmant tableau je vous dresse tiens.
Je ne suis pas bien aimable avec la belle, surtout qu’elle ne m’a finalement jamais rien fait de mal si ce n’est ne pas tenir tous les rendez vous qu’on s’était promis et m’accaparer selon son humeur.
Bref si ce n’est une incompatibilité de personnalité, ce n’était pas quelqu’un de méchant en soi. Juste superficielle.
Et moi j’ai un problème avec les relations superficielle, quand je côtoie quelqu’un, j’aime que ce soit sincère. Je m’en fous qu’on se connaisse depuis 5minutes ou 10 ans, tant que la relation est chaleureuse et honnête. Avec elle ce n’était pas le cas.
Donc je la taillade ici, vilaine que je suis.

Mais ce jour là à Disneyland, elle venait d’arriver et m’harponnait tout sourire, alors j’avais bon espoir. Malgré mon côté cynique et critique je pense quand même être quelqu’un d’ouvert et facile à copiner (pour peu que ce soit sincère donc).

On part donc bras dessus bras dessous, s’enfoncent dans le parc et la première chose qu’elle me dit c’est « Je veux faire la Tour de la Terreur !!!! ».

Ah…

La Tour de la Terreur, je l’avais faite la dernière fois que j’étais venue à disneyland, 3 ans et demi plus tôt à l’époque où elle n’existait pas encore à Paris (d’ailleurs je n’ai pas fait celui de Paris mais apparemment l’histoire et le déroulement sont différents).
A savoir que quand j’y étais entrée la première fois, je ne m’étais pas fatiguée à lire les pancartes en Japonais et n’avait aucune idée du genre de manège que c’était, sinon je me serais abstenue. J’ai eu l’angoisse de ma vie et pleuré tout ce que j’ai pu. (han la chochotte)

Non je ne suis pas très manège à sensation, on ne peut rien vous cacher.
Enfin en fait c’est bizarre, car je l’étais. A 17-18 ans on me faisait monter dans n’importe quel manège et j’en ressortais toute fière de ma petite personne comme si j’avais sauvé l’Amérique du 11 septembre. Mais alors maintenant j’en mène pas large du tout…
Outre le fait que j’ai vieilli (dieu que ce verbe est moche), ça vient du fait qu’il y’a quelques années, j’ai fais une montagne russe Japonaise qui m’a foutu la trouille de ma vie qui a frolé le malaise et que j’en garde un très mauvais souvenir.
Et depuis je suis un peu traumatisée et je suis de moins en moins à l’aise avec les manèges à sensations fortes.

Enfin là j’émets un bémol.
A sensations fortes, AU JAPON.
Car il y’a nettement une différence de level entre les parcs d’attractions japonais et français, je sais pas si les Japonais se donnent comme challenge de réussir à exprimer une émotion humaine et donc inventent des manèges de psychopathes pour se lâcher, mais le fait est que nos manèges d’adulte à côté ressemblent étrangement à un petit train pour moins de 6 ans.

Bref je m’égare, tout ça pour dire que je suis une vieille bique qui mouille son froc à la vue d’une descente un peu pentue.
Mais apparemment, elle c’était son trip les manèges à sensation.
*soupir*
Après je suis bonne pâte, je sais que quand on est que deux et que votre binôme n’est pas dans le même délire que vous, c’est frustrant et vous sabote un peu la journée. Et une journée sabotée au Pays des guimauves, c’est interdit par ma religion : à Disneyland on doit s’amuser.
Donc puisque je l’avais déjà fait une fois, même si j’en gardais pas un super souvenir, j’allais bien survivre une deuxième et ne pas lui gacher le plaisir de tester l’ascenseur infernal.

A contre cœur, je m’enfile donc dans la queue et là elle retrouve des amis d’une autre classe. Elle me propose de les rejoindre et de passer le reste de la journée avec eux. Bah si ça peut me donner l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes, oui bien sur pourquoi pas !

Grossière erreur.
Très grossière.

Car toute cette bande d’une dizaine de joyeux lurons n’étaient autre que des Chinois et des Taiwanais.
Et à partir de là, ils ont fait ce qu’ils savaient faire le mieux : ne parler qu’en Chinois et ignorer superbement ma présence.
Mais à ce stade, s’en est une insulte à mon statut d’être humain. Vraiment.
J’aurais été un rouleau de papier peint je dis pas, mais en tant que personne ça dépassait et de loin toutes les limites vers l’impolitesse.
C’est-à-dire que toutes les discussions et décisions se sont faites en Chinois et que quand je demandais ce qui se décidait pour la suite, on me répondait « Oh, laisse tomber » d’un air ennuyé…
Heu non mais si je vous emmerde, vous pouvez le dire aussi ?
Ainsi, après 15min d’attente dans la queue pour la Tour de la Terreur à les écouter tching tchonguer et en regrettant amèrement encore une fois de ne pas avoir pris le chinois plus au sérieux pendant ma licence, je vois tout le monde qui rebrousse chemin, passe les barrières et sort de la queue.
Et moi comme une empotée « Baah, qu’est ce qui se passe ? ».
– T’occupe, viens !

Ok…
Heureusement que j’ai un minimum de jugeote et qu’en les voyant se ruer sur les fast past j’ai compris qu’ils jugeaient seulement que l’attente était trop longue et donc qu’il valait mieux prendre des tickets pour passer prioritaire dans l’après midi plutôt que de tuer la matinée à faire la queue.
Mais passer la journée à déduire ce qui se passe en fonction des actions de vos compagnons parce qu’ils refusent de vous traduire alors qu’à la base, on parle tous japonais couramment, c’est juste aberrant. On aurait été en Chine, je dis pas, mais on reste au Japon l)…

Deuxième chose qui m’a saoulée, c’est qu’être une dizaine dans un parc d’attraction ça peut paraître fun… mais en fait non.
Surtout quand on est avec des asiatiques où la culture veut qu’on n’ose pas forcément s’imposer.
Ainsi, ces jeunes gens ne voulaient pas perdre une heure à faire la queue pour un manège, par contre ça ne les perturbait d’en perdre une entre chaque attraction pour se dire « Alors qu’est ce qu’on fait ensuite ? »
– Bah je sais pas qu’est ce que vous voulez faire ?
– Bah je sais pas, toi tu veux faire quoi ?
– Bah ce que vous voulez…
– Ok, alors on fait quoi ?
– Ben on a qu’à fumer en attendant de décider.
Non sérieux, impressionnant.
D’ailleurs à force que cette scène ahurissante se répète inlassablement (et qu’ils entretiennent leur cancer avec dévotion avec je ne sais combien de pause clope le temps de décider), j’en venais à comprendre le chinois, c’est dire.
Sa Majesté Kan est venu nous rejoindre dans la matinée. Bien lui en a pris, il n’a pas été mieux traité que moi et s’est vu exclu de chaque conversation de groupe. Mais lui se laisse pas abattre et n’a pas arrêté de leur demander de passer en Japonais ; moi je me fatigue plus vite, au bout de dix fois ça ne m’amuse plus de réclamer les sous titres.

Et honnêtement, sortir avec des Français et des Japonais et ne pas s’empêcher de parler un peu en Français avec ses compatriotes, on l’a tous déjà fait. Mais à partir du moment où on a une langue en commun, la moindre des choses est de traduire les apartés, et de ne parler qu’en Japonais pour les conversations en groupe.
Apparemment cette logique est moins évidente pour d’autres, tant pis.

Enfin ce qui est triste c’est que généralement dans les longues demi heure d’attente à Disneyland, le plus cool c’est de raconter des conneries avec ses amis pour passer le temps. Mais là, vu que je n’étais pas digne de conversation, il a fallu patienter à chaque fois en silence, dans un brouillard auditif absolu.
Jusqu’au moment ou en faisant la queue, les voix sont montées, deux filles sont devenues hystériques et sont sorties de la queue en boudant pour s’en aller. Mandy a aussi abandonné la voix fluette et mielleuse pour cracher un peu de venin puis se tourner vers moi pour leur tourner le dos (oui car avant, c’était à moi qu’elle tournait le dos, évidemment).
Silence général.
Moi : Heu… il se passe quoi ?
Elle : Oh ça ne te regarde pas, laisse tomber. J’ai plus envie de parler à qui que ce soit de toute façon.

J’ai hésité une seconde à sortir mon iPod et retrouver un peu de sociabilité avec mes chanteurs préférés. Mais ces empereurs de la mauvaise foi auraient pu me taxer d’associable par-dessus le marché…

Après cet incident, on a pas eu droit à l’éternel débat pour savoir ce qu’on faisait ensuite, ils ont décidé d’apaiser les esprits et d’aller manger. Enfin c’est ce que j’ai conclu puisque on s’est retrouvé dans un endroit où manger.
Les garçons se sont dépêché de commander avant tout le monde (galanterie quand tu nous tiens) et se poser à une table ou personne d’autres ne pourrait s’asseoir (de vrais gentlemen que je vous dis).
Pour ma part je prend du poulet frit avec un peu de riz et une tarte aux pommes.
Je me retourne, la moitié des filles avaient pris une petite coupe de fruit, les autres une salade.
Qu’elles n’ont pas mangé en entier encore en plus.

Ah oui, j’avais oublié qu’en Asie il convient généralement d’être anorexique pour être féminine.
Elles regardent mon assiette « Dis donc, qu’est ce que tu peux manger ! Tu manques pas d’appétit », « Oh oui, dis donc, moi je pourrais pas tu as même pris un dessert… en plus le sucré c’est écoeurant ».
On daigne m’adresser la parole dans une langue que je pratique, mais pour me faire passer pour Pantagruel, super.
– Je suis au régime quasiment toute l’année, je peux bien manger normalement à disneyland non.
– Oui tu as raison, moi je suis bien trop grosse je peux pas me permettre même pour une journée.
Les autres acquiècent, évoquant leurs kilos en trop à perdre à tout prix.
Et là je regarde ces espèces de pétasses pesant 50kgs toutes mouillées s’éplorer sur leurs bourrelets fictifs, et l’ancienne obèse que je suis a bien envie de leur faire bouffer leur assiette, histoire qu’elles la ferment d’une part, et qu’elles ingurgitent quelque chose d’autre part.
Déjà les filles taillées comme un cintre qui se croient grosses, ça me gave, mais en plus m’envoyer des piques gratuits alors que je mange normalement (je veux dire j’aurais pris trois cheeseburger, une pizza et un banana split je dis pas, et encore ce que je mange ne regarde que moi).
Bref, de bonnes grosses baffes qui se perdent si vous voulez mon avis.
Après je ne cache pas que le poids est un sujet sensible qui me mettra très facilement mal à l’aise, mais je pense en toute objectivité qu’elles restent des  poufettes finies.

Puis vint le coup de grâce.
Alors que je prenais sur moi tout en me demandant comment une journée à Disneyland pouvait s’avérer aussi éprouvante, est arrivé ce qui m’a décidé à me tirer de là.
Voilà qu’après avoir mangé (picoré ?) leur repas de midi on en revenait à l’éternel débat de qu’est-ce qu’on fait ensuite tout en fumant à 1599ème clope de la journée.
Et voyez jusque là on s’était fait tous les trucs « adultes », que les manèges qui secouent et qui font peur, rien d’autre. Aucun monde plus fantaisiste, aucune attraction plus simple ou rigolote, aucun show, sans parler de s’acheter des conneries disney car s’acheter des oreilles de Mickey c’est vraiment trop la honte.

Mes pauvres enfants, j’ai déjà porté une tête de cheval dans un restaurant et un bonnet en forme de boulette de riz dans un magasin, alors des oreilles de Mickey à Disneyland pour moi c’est la base hein les cocos…

Et donc outre le fait qu’ils n’étaient absolument pas dans un délire de déconne qui est le mien, voilà qu’ils annoncent qu’ils ne savent pas quoi faire car « on a déjà tout fait » et que Disneyland c’est plus nuls qu’ils pensaient car y’a rien à faire…
Bah non. Loin de là, on a même pas vu la moitié du parc.
Je leur dit qu’on a pas fait le pays de la petite sirène, aladdin et tout plein d’autres attractions avec de l’eau.
Réponse générale : Non mais tu veux quand même pas qu’on y aille ? Y’a aucune sensation et on va finir mouillés. Et pis la petite sirène et compagnie, c’est pour les gamins, trop la honte d’y aller ! Ha ha ! Non nous on veut faire les trucs d’adultes, pas se payer l’affiche dans des trucs pour les mioches…

Et voilà.
Le lien fut rompu.
A cette seconde j’ai su que j’avais déjà assez perdu mon temps et que je ne resterais pas une seconde de plus avec eux.
Je suis pas venue à Disneyland pour faire la poseuse, si ils veulent passer pour des gens cools qui n’ont peur de rien ils ont qu’à aller se faire foutre à Fujikyu (parc d’attraction en dessous du Mt Fuji réputé pour ses manèges de « ouf ») et pas me pourrir ma journée.
D’autant plus, sachez sombres bouses, qu’il s’avère que la Petite Sirène est un de mes dessins animés préférés, qu’en France on a pas la chance d’avoir le château d’Atlantica dans le parc donc que je me dois d’en profiter et que d’abord vous feriez mieux de respecter un peu plus le roi Triton et son royaume car on est pas tous baraqué comme lui à 70 piges.

L’air niais et le fond rose étoile n’éclipse en rien les biceps… Tu ne dupe personne Triton, allez où est la dope ?

Donc je vois pas pourquoi je me casserais le bonbon à renoncer à ce qui m’éclate et me fait rêver pour une bande de blasés pas foutus de m’adresser la parole.

Bref, je leur annonce avec un chouya plus de diplomatie qu’on est manifestement pas dans le même trip, que moi les trucs pour les gamins ça me plaît et que j’ai envie de profiter de ma journée ici… et donc que je vais faire bande à part pour vacquer à mes propres délires.
Et là… c’est l’effroi.

Quoi ? Que ? Hein ?
Mais non enfin tu ne peux quand même pas passer la journée toute seule… ma pauvre !

Non non, pas ma pauvre ! Ma pauvre c’est d’être avec vous les mecs, vous me rendez folles à rester à hésiter trois quart d’heure sur ce qu’on doit faire, faire toujours les mêmes attractions parce qu’elles sont « in » et  me priver de toute communication car j’ai même pas droit à un minimum de traduction.
Pour moi être seule sera une délivrance, je vous assure.

Mandy de sa voix la plus douce :  Mais je vais être triste, c’est pas drôle si t’es pas là… T_T

J’adore ce genre de phrase complètement creuse et hypocrite. La fille ne m’a quasiment pas décroché un mot depuis des heures, limite ne s’assoit pas à côté de moi pendant les attractions et maintenant je suis indispensable ?
Ouais mais non chérie, Polochon et Sebastien ont besoin de moi pour danser la rumba sous l’océan et j’ai promis à Aladdin une virée en tapis volant, donc ça va pas être possible.

Après des adieux déchirants, je prends mon envol.
Enfin libre après un long désert d’ennui, je cours au premier oasis (une boutique), m’abreuver pour reprendre des forces vitales (m’acheter des oreilles de Minnie).
Voilà, j’ai dépensé 10 euros dans le truc le plus inutile qui soit, un serre-tête en fourrure en forme d’oreilles de Minnie avec des guirlandes au bout des oreilles en guise de boucles d’oreille.
Enfin !!!
ENFIN JE SUIS RIDICULE !!!! OUIIIIIIIIIIIIIII !!
Le ridicule ne tue pas et tout ce qui ne tue pas nous rend plus fort, donc oui le ridicule me rend plus forte. CQFD
J’avais vraiment besoin d’une bonne dose bouffonnerie et de je m’en foutisme ! Enfin je me sens chez moi !!
Allez, je m’immortalise enfin libre !

Ridicule certes, mais en harmonie avec mon haut.

Je cours au Palais du Roi Triton (et me demande devant sa statue si son nom complet n’est pas Triton Schwarzenegger, parce que quand même, il est sacrément balèze le vieux) et me dandine sur les musiques du film.
Il y’a un petit espace en décor de fond marin pour les enfants avec des jets d’eaux qui apparaissent et éclaboussent. Moyenne d’âge… 3 à 6 ans. Parfait, voilà quelque chose de mon niveau tiens.

Ecoutez j’ai toujours été très friande de bataille d’eau, et les mioches ont jamais personne pour jouer avec eux, juste des parents blasés prisonniers sur un banc rêvant d’évasion, le plan du parc tatoué sur le cul à la Florence Foresti…
Donc voilà que je m’incruste au milieu de la marmaille pour leur mettre un peu d’eau dans la tronche.
La guerre est déclarée.

Alors que je m’amuse comme une petite folle avec mes nouveaux amis (…), mon téléphone sonne.
C’est Sumaï.
Je décroche, elle me demande où je suis.
Je lui répond le plus honnêtement du monde que je fais une bataille d’eau avec des mini humains qui tiennent à peine sur leur pattes.
Elle : Mais… t’es toute seule ?
Moi : Oui, les autres m’ont un peu saoulée et j’avais envie de profiter. Et toi ?
Elle : Moi aussi je suis toute seule… j’étais avec des gens de ma classe mais ils m’ignoraient et je m’ennuyais alors…

Ah bah tiens.
Elle me demande si elle peut me rejoindre car seule elle ne sait pas trop quoi faire.
Bien sur j’accepte, mais tout en lui disant que je viens de passer 4h de frustration intense donc j’ai envie de m’amuser et profiter, pas me prendre la tronche.
On est bien d’accord et elle me rejoins.
Je dois avouer que son côté excentrique a fait qu’on s’est bien entendu sur ce coup là, elle n’a pas cherché et s’est jetée tout de suite dans la bataille d’eau.

Une fois trempée elle me dit, presque honteuse, « Dis… je ne suis jamais montée sur un carroussel. Je voulais essayer tout à l’heure mais ceux avec qui j’étais avaient honte et se sont foutus de moi…. Tu veux pas essayer ? ».
…T’as frappé à la bonne porte petite.

Bref, on a fait plein d’attraction, à sensation ou juste à divertissement, vu des show en 3D, fait des bataille d’eaux, des attractions qui éclaboussent et en fin de journée on était complètement trempées, pleines de coup de soleil mais HILARES.
Et là on recroise mon groupe de la matiné, qui semble éberlué de la métamorphose.
Ah bah oui, quand on me traite en être humain et pas en animal de compagnie, je sais aussi sourire hein.

Je constate qu’ils ont eu l’air de passer le reste de la journée à se faire plus ou moins chier alors que finalement moi je me suis éclatée.
Ils proposent de passer le reste de la journée ensembles… Je dis que j’aimerais voir le show sur la mer et les feux d’artifices… Eux préfèrent refaire la Tour de la Terreur…
Et bien non les enfants, je vais aller matter ma parade et mon show sur l’eau bien tranquille, retournez dans votre ascenseur si ça vous chante.

Je suis allée voir le spectacle qui était bien sympa et on est parties vers la tombée de la nuit.
Je m’étais transformée en glace Vanille-Fraise et j’ai souffert pendant une semaine de mes coups de soleil. Cette journée m’a aussi fait renoncer définitivement à essayer d’établir un contact avec les autres élèves qui m’ignoraient en classe ce qui est assez triste en soi quand on est là pour faire des échanges interculturels. Mais au bout de 7 mois, il fallait bien admettre que c’était un échec et si j’avais même pas réussi à obtenir un minimum de contact a Disneyland, alors les échanges en classe ne changeraient surement pas.
Mais au final je suis plutôt contente de moi d’avoir pris le pas de les laisser tomber pour faire ma vie, car j’ai passé un excellent moment et ça reste un très bon souvenir, alors qu’il serait certainement resté très mauvais si j’étais restée avec eux.

Merde c’est Disneyland, manquerait plus que ce soit une journée de merde ! è_é
Voilà en règle générale pourquoi j’ai abandonné la copinerie en cours d’année, j’avais des amis hors de l’école, pas besoin de jouer les mendiantes de reconnaissance en classe, qu’ils restent entre eux.

Bon allez, des photos quand même !

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Aujourd’hui j’ai pas mal critiqué et craché sur mon prochain… mais ce n’est que du pipi de chat comparé au billet suivant 😀  Oui je me rebelle.
La prochaine fois je vous parlerai des cours de français que j’ai donné pour me faire de l’argent les premiers mois. Expérience rocambolesque à rendre misanthrope un bisounours…
Je prépare ma plume (clavier ?) la plus acide, et vous retrouve donc au plus vite !

Et rien que pour embêter les gens cools, je vous abandonne sur une séquence nostalgie avec  Anne et la chanson de la Petite Sirène<3

 

En attendant…

      15 commentaires sur En attendant…

 

Je n’ai pas encore eu le temps de vous écrire le prochain post.
En effet, j’étais très occupée.
Tout d’abord très occupée à économiser l’argent que je n’ai pas en achetant que l’utile et strict nécessaire à ma survie…


Soit des écouteurs disney à l’effigie du Chat de Cheshire. 

Et à faire attention à la ligne pour terminer d’éliminer les prises de poids hivernales…

Ah… mon sérieux me perdra !

De directrice Marketing à Chef d’entreprise…

 

Bon, et si je bloguais ?


Tout d’abord je remercie toutes les âmes qui sont revenues bien volontiers se perdre ici, malgrés mes symptômes aigus de David Copperfilie (soit tendances à disparaître, je n’ai pas besoin de vous le traduire…si ?).

Et merci x2 à tous les mega-gentils (sauf la pustule qui ne fait que m’embêter) qui commentent, j’aime bien lire vos bafouilles après mes blablas.

Et crotte à tous les autres car les absents ont toujours tord, et toc. 

D’ailleurs avant de poster j’ai fais un petit état des lieux du blog. Mine de rien ceci est le 51ème post et mes gribouillons ont dépassé les 450 commentaires… Pour quelqu’un qui abandonne toujours ses blogs au bout de 4 billets, c’est pas mal… même si ce n’est pas régulier mais ça on s’en fout, je fais ce que je veux d’abord.
Bref, à la personne qui écrira le 500ème commentaire, j’envoie en guise de cadeau un magnifique paquet d’épinards customisés à l’iode et césium, cultivés à quelques dizaines de kilomètres de chez moi. 
Qui sera l’heureux gagnant, le suspense est à son comble…

 

Un an de vie à rattraper (on verra si j’arrive à tout vous raconter sans redisparaître, je prends les paris), je vais essayer d’aller dans l’ordre et pas vous perdre en route.

Donc aujourd’hui pour commencer j’ai décidé de vous parler de mon école et notamment de la business class dans la mesure ou au tout début de mon séjour je n’avais pas d’autres activités à part l’école.

Comme je vous en avais parlé l’an dernier quand j’écrivais encore régulièrement, j’avais réussi à entrer dans les classes de niveau avancés et donc les cours n’ayant lieu que le matin.
Les cours se terminent à 12h40 et sont divisés en 4h. Les deux premières heures se passent avec notre classe principale, soit les personnes ayant eu un résultat similaire au test de niveau afin que les écarts ne soit pas important entre les personnes de chaque classe et que tout le monde puisse avoir un cours à son niveau et lui permettant de progresser.
Chose qui manquait cruellement à Osaka puisqu’à mon arrivée j’avais a l’époque un japonais plutot basique et me retrouvais en cours avec des allemands dont certains étaient grands débutants et des chinois/coréens complètement bilingues… Je me souviens avoir eu à rédiger dès les premières semaines un rapport de trois pages sur le trafic d’organe alors que j’avais à peine le niveau d’une conversation quotidienne…

Bref.

Ces deux premières heures se basaient généralement sur de la grammaire, lecture et compréhension de texte, débats en groupe, rédactions, exposés divers, travail en binôme, etc.
On sortait enfin des sentiers battus, ces fameux sujets sur le Japon tout trouvés qu’on retrouve dans CHAQUE manuel de Japonais, pour aborder des sujets un peu plus profonds comme la place de la femme dans la société japonaise actuelle, l’écologie et ce que fait (et ne fait pas…) le pays pour protéger notre petite planète, les aménagements pour handicapés etc…
Enfin on sort des temples, du bushido vulgarisé pour « tout public », des japonais polis et autres clichés réchauffés des cours de Japonais que je me tape depuis des années.
Pas que parler de l’amour des Japonais pour les fleurs de cerisiers me gave, j’attends moi-même avec impatience chaque année le mois d’avril pour aller voir les sakura, mais cela reste des clichés archi-connus dont c’est sympa d’en parler AU DÉBUT de son apprentissage, pas après un master de Japonais.
Cette fois on parlait de sujets actuels et sur lesquels on pouvait débattre plus profondément que sur le fait que les Japonais mangent des sushis.
Le seul sujet non abordé étant la Seconde Guerre Mondiale, pour des raisons évidentes et assumées, « pas de tension pendant les cours ».

Il y’a généralement trois profils d’étudiants parmi les personnes entrant dans ce genre d’école.
1) Ceux qui veulent apprendre le Japonais puis retourner dans leur pays pour l’utiliser comme arme afin de trouver un travail plus rapidement, 99% des élèves étant des asiatiques dont l’économie du pays est dépendante de l’échange avec le Japon.
2) Ceux qui sont venus pour tenter leur chance et trouver un travail ici (et les gens qui suivent m’auront reconnue ici).
Mais surtout et en grande majorité, 3) ceux qui veulent intégrer une université japonaise et obtenir des diplômes dans le supérieur au Japon. Sachant qu’au Japon l’entrée à l’université se fait sur examens connus pour être difficiles, si un étrangers veut entrer dans une université Japonaise, à moins qu’il vienne en échange universitaire comme c’était mon cas à Osaka, il sera logé a la même enseigne que les Japonais et devra passer tous ces examens d’entrée.
D’où un contenu de cours un peu plus évolué que ce que j’ai l’habitude de voir, histoire de former les étudiants à être capables de disserter sur des phénomènes de société typiquement Japonais ou avoir plus de répondant lors des entretiens.
Bref, je trouvais ces cours bien menés et efficaces car finalement en 4h par jour seulement j’ai beaucoup appris, bien plus qu’en deux années de master en tous cas (où j’ai plutôt régressé en fait).
La seule chose dérangeante étant les travaux de groupe… Les Chinois restant entre Chinois et Coréens entre Coréens, on avait souvent tendance à faire comme si je n’existais pas et continuer à parler dans sa propre langue. Si les premiers mois j’ai fais des efforts pour établir un échange, après je suis passé à l’indifférence et restais dans mon coin.
J’ai eu quelques amitiés éphémères, des gens venant discuter avec moi quelques fois par curiosité pour ne plus jamais revenir… Mais ça, mes amis aux yeux bridés me l’ont fait tant de fois ces dernières années que ça ne m’atteint plus beaucoup, je les regarde défiler en espérant vaguement une amitié puis hausse les épaules si je ne les revois pas.

Les deux dernières heures de la matinées sont des cours où les classes se mélangent et où on choisit les matières selon nos objectifs et nos goûts. A chaque début de trimestre on a une liste de plusieurs dizaines de cours différents et on est libre de choisir et se créer son petit planning de la semaine.
Il y’en a vraiment pour tous les goûts, lecture de roman à l’eau de rose (j’ai failli le prendre d’ailleurs :D), perfectionnement de l’écrit, histoire japonaise, apprendre à écrire un courrier officiel, entraînement à écrire des cv et passer des entretiens pour obtenir un baito (petit boulot pour se faire de l’argent, retenez ce mots les non japonisants, c’est un ordre !), révisions de kanjis, préparation au 1kyu écrit, 1kyu oral etc… 
Et aussi une liste de cours « loisirs » pour apprendre le Japonais en s’amusant. Et là vous avez apprendre le Japonais en « Séries télé » , « Films » , « Manga », « Animés », « Tourisme » , « Faire la cuisine » et j’en passe.
En tout il y’avait tellement de cours différents et pour tous les goûts (même préparation au TOEIC  pour apprendre l’anglais en même temps que le Japonais) qu’il serait impossible de tous vous les dire, d’autant plus que d’un trimestre à l’autre de nouveaux cours faisaient souvent leur apparition suivant la saison ou l’idée des élèves.
Une seule règle : ne pas prendre plus de trois cours loisirs sur la semaine, soit au moins deux sérieux.

Avant d’entrer dans une école de langue, j’ai regardé des dizaines et des dizaines de sites d’écoles pour comparer les styles d’apprentissages et possibilités et que je sache, mon école est la seule à adopter ce système et tout ce panel d’options ce qui a contribué à en faire mon choix.

Mais la principale raison est aussi que c’est la seule école qui proposait une formation en business class, soit une classe spécialement réservées aux personnes ayant pour but de trouver un travail au Japon.

De tous les sites d’écoles j’ai choisi celle là pour ça et n’ai jamais regretté. Je vous avais dit l’an dernier que les profs étaient bien, qu’ils étaient réellement  à l’écoute des élèves et avaient l’air d’enseigner par plaisir et non pour le salaire à la fin du mois.
Et bien en 15 mois je n’ai jamais changé d’opinion malgré tous les professeurs que j’ai eu (on change à chaque trimestre) et au contraire, je dirai que dans tout mon looooooong parcours scolaire, c’est bien la seule école que j’ai trouvé exemplaire. Une administration plus qu’efficace, à l’écoute, des professeurs qui en plus de vous enseigner réellement quelque chose étaient toujours prêts à aider et soutenir, un suivi régulier et irréprochable…
Non vraiment, j’ai longtemps hésité avant de me lancer dans cette école, car quelque part je trouvais un peu débile de refaire une école de langue japonaise alors que j’avais déjà un master et une année d’échange derrière moi, et aussi parce que la scolarité au Japon coûte un bras (voire les deux) et que ces écoles de langues n’échappent pas à la règle.
Y aller signifiait donc finir mes études vraiment tard et en plus faire un prêt et dire au revoir à mes petites économies.
Choix pas super évident à faire quand tout le monde bosse autour de vous et commence à gagner sa vie, mais que je ne regrette pas au final car je pense que si je ne l’avais pas fait, je ne serais pas où je suis maintenant.
Bon je me retrouve avec mon prêt sur les bras mais… bah je suis une warrior et maintenant que j’ai un travail… encore une année ou deux (ou trois…) de galère et après je deviens Bill Gates.
Quoi que non, je deviens Steve Jobs, Bill Gates c’est has been.

Et donc je tenais tout particulièrement à souligner l’efficacité de cette école et la gentillesse des gens qui y travaillent, car j’adore me plaindre, j’adore critiquer et ENCORE PLUS quand il s’agit d’un établissement scolaire ou d’une administration.
Alors le fait qu’après 15 mois je n’ai absolument rien à y redire tient franchement du miracle (prononcez miracle à l’américaine, ça fait plus sensationnel).

Ah si, y’a un petit truc qui m’a mis la mort mais ce n’était pas tellement la faute de l’école. Moi qui était super motivée pour obtenir une bourse… Pour l’obtenir il fallait soit avoir pour ambition d’entrer dans une université Japonaise après, soit être originaire d’Asie…Et moi, l’université je l’ai assez vue et il me paraissait difficile de me faire passer pour une thaïlandaise donc… pour parler bien, dans le cul la balayette.

Donc voilà, à part ça, c’était vraiment très bien et je remercie vraiment toutes les personnes qui se sont occupées de moi durant ces 15 mois, même sur la fin où j’étais à fond dans ma recherche d’emploi, dormais en cours sous la fatigue et le manque de sommeil, et ne rendais plus mes devoirs, trop occupée avec mes cv. Ils ont continué à m’encourager et au lieu de me faire des remarques sur mes absences, m’ont soutenu de plus belle.
Bref, si quelqu’un est intéressé par une école de langue japonaise, alors je vous la recommande : Tokyo Galaxy Japanese Language School (ou 東京ギャラクシー日本語学校).

Les trois premiers mois je les ai donc passé en classe normale et ils sont passé comme une lettre à la poste, c’est allé très très vite.

Après ces trois premiers mois, j’ai intégré la business class. Il fallait avoir un certain niveau acquis pour pouvoir y entrer et plus de 90%  de taux de présence.
Pour la business class seulement, on ne peut pas choisir ses cours des deux dernières heures, ils nous sont imposés et en rapport avec le monde de l’entreprise ou économie japonaise.
J’ai voulu intégrer cette formation car c’était celle qui sans aucun doute m’aiderait le plus dans ma recherche d’emploi… mais j’appréhendais aussi ce moment.
Les trois premiers mois étaient vraiment super cools, les cours « loisirs » aussi super sympas…
Et là, j’avais peur d’intégrer une classe à part, à l’atmosphère un peu plus rigide.
Que des cours en rapport avec l’entreprise, l’économie, les manières au travail… une rigueur plus affirmée concernant les absences, les rendus de devoirs etc. Bien que je n’ai  pas payé une telle somme pour glander, le fait d’avoir cette petite ambiance « sérieux» me pesait un peu.
De plus il fallait s’acheter un costume pour la venue de visiteurs ou pour quand nous, nous irions en visite quelque part.
Et puis moi qui avait enfin trouvé une amie (vous vous souvenez de Sumaï ?), en entrant dans cette classe spéciale, on aurait plus aucun cours en commun ni rien.

Bref pour tout dire, j’appréhendais un peu d’y entrer car je sentais que mes trois premiers mois étaient une reprise en douceur et qu’à partir de là, ça allait être plus sérieux.
Je me suis mise dans l’ambiance avant la rentrée et donc après plusieurs années de tests de couleurs en tout genre, j’ai dit adieu à regret à mes précieuses mèches rouges pour revenir à des cheveux noirs…
De toute façon, si je voulais un travail dans une entreprise japonaise, le rouge était tôt ou tard voué à disparaître alors…

Et donc, au deuxième trimestre, c’est limite à reculons que je suis entrée dans cette classe avec la peur d’être encore déçue (traumatisée de mes expériences scolaires où j’ai souvent appris que du vent…) et de m’y ennuyer ferme.

Et finalement ces 6 mois ont été les plus formateurs et les plus rapides de ma vie. J’ai même été profondément triste de revenir en classe normale une fois la formation terminée, voire même trouvé que ça ne me servait plus a rien.
Alors il y’a eu un ou deux cours super prises de têtes notamment sur les rédactions de courriers et les formules toutes prêtes à employer selon saisons, climat etc (que d’ailleurs 9 mois plus tard j’ai complètement oublié… mais j’ai toujours mes fiches d’exemples) mais le reste était très bien.

Déjà ça a été la classe la plus mixée que j’ai eu. Corée, Chine, Taiwan, Thailande, Inde, Malaysie et… Allemagne ! Enfin, c’était une coréenne née et élevée en Allemagne donc elle trompait l’ennemi en se fondant dans la masse, mais voir une coréenne parler Japonais avec l’accent allemand valait le détour, véritable représentation humaine du mot « globalisation ».
Bref, le fait que ce soit un peu plus international que d’habitude a un peu décimé les clans habituels Chine/Corée et ont rendu l’ambiance de la classe nettement plus conviviale.

L’entrée en matière a aussi été sympa.
Premier jour, on nous demande de faire  4 groupes.
Puis ils nous proposent 4 types d’entreprises :  Hotels Resort, Agence de Voyage, Restauration et Agence publicitaire.
Chaque groupe choisi le type d’entreprise qu’il veut faire et on tire au sort en cas de choix en commun.

Je voulais être l’agence de voyage, les autres ont accepté de suivre, et mon caprice fut exaucé (que voulez vous, être leader ne s’invente pas… et on devient pas Steve Gates – Bill Jobs ? – en restant en retrait !).

Ensuite on devait choisir nos statuts, une place dans l’entreprise. Le seul garçon du groupe est devenu naturellement le directeur « shachô », une autre voulait être réceptionniste, une autre commerciale… je m’invente directrice marketing (ouais directrice rien que ça, quitte à jouer j’allais pas me faire laveuse de carreaux non plus, aussi noble soit le métier).

Puis notre première tâche fut de trouver un nom pour notre entreprise et lui trouver une spécialité.
Pas trop inspirés, on décide que notre agence sera spécialisé dans les tours Asie-Europe. Et on appelle notre entreprise AYUMI Tour.
Pas pour Ayumi Hamasaki, non…
A pour Asia, YU pour Europe (prononcé à l’anglaise, ça fait yu) et MI pour… mon dieu je ne sais plus !
La sénilité me guette, c’est affligeant…
Pourtant le mi avait aussi sa signification… et bien zut si ça me revient je vous le dirai.
Et donc il fallait aussi inventer un historique de l’entreprise, un profil etc.

Nos premiers devoirs : créer notre carte de visite personnelle et l’envoyer par email à l’adresse de nos professeurs.
(Cette histoire de MI me chiffone, ça ne me revient pas… si l’un de vous trouve ce que c’était en commentaire, je lui offre une brique de lait iodé, pour accompagner les épinards)

On fait donc nos cartes de visites et envoie ça par email.

Le lendemain on continue en douceur. On nous informe qu’à chaque nouvelle recrue dans une entreprise, on se fait sa petite session de jikoshokai (si vous avez oublié ce que c’est, relire ici). Evidemment, le contraire m’aurait étonnée.
Mais dans le monde de l’entreprise, jikoshokailler devient tout un art, y’a certaines phrases à placer, faut se rabaisser un peu en disant qu’on est encore un fruit pas mur dans l’entreprise (traduction littérale merci lol) pis faut parler en courbettes y tout y tout…
On commence donc par retenir ces expressions, on se fait des séances de simulations, ou chacun à notre tour on vient d’entrer dans l’entreprise AYUMI et on se présente à nos collègues.

Et les cours ont commencé comme ça… et sont devenus de plus en plus complexes.
On a appris a répondre au téléphone, les phrases à dire à ne pas dire, puis c’est passé au niveau supérieur, puis supérieur….
Et pour les simulations, et bien comme on était censé avoir quatre entreprises dans la classe, on les faisait interagir.
Jusqu’à créer de véritables histoires. L’hôtel faisait une soirée spéciale et avait besoin d’un restaurateur. Pour les voyages proposés par Ayumi nous avions besoin de trouver des partenaires dans hôtellerie. Le restaurateur avait besoin de publicité et demandait une campagne… L’agence publicitaire voulait organiser un voyage avec le comité de l’entreprise et venait s’adresser à nos services pour qu’on leur propose un truc sur mesure.  Etc.

Autant de petites histoires nous permettant de passer de la simple jikoshokai à d’autres situations réelles comme les échanges d’email au sein de l’entreprise, avec des entreprises extérieures, échange de courrier, prise de rendez vous, présentation power point, rédaction de devis, discutages de prix, signature de contrat etc.
Je pense en toute honnêteté qu’on a tout fait.
On avait des budgets de décidés et on se devait de les respecter pour ne pas tomber dans le surréalisme non plus.
On a même simulé des réunions de bureau ou chaque personne présentait son idée, son projet et où on apprenait à débattre en diplomates, contredire son collègue, reprendre son idée et la critiquer avec toute la politesse du monde…
Des petites choses qui peuvent paraître futiles mais qui finalement, peuvent vous permettre de ne pas terminer dame pipi à la Amélie Nothomb quand vous les connaissez.
Lors de nos simulations, notre professeur nous filmait parfois. Chose Ô combien désagréable mais finalement indispensable.
J’étais la première à râler car je ne voulais pas être filmée mais finalement quand j’ai reçu le dvd et du le regarder pour écrire mon rapport dessus, je me suis CHOQUÉE.
J’étais bourrée de tic genre dire « ano » (« heu » en japonais) toutes les 30 secondes, bref un truc immonde et ce petit moment désagréable de mattage de dvd m’a permis de corriger ce vilain défaut.
Et maintenant ça me fait un souvenir…

A savoir que nos cartes de visites nous on servi tout le temps dans la mesure ou nos professeurs les avaient faite imprimer et que comme au Japon la carte de visite c’est limite plus important que le permis de conduire ou la carte d’identité, on a même eu un cours sur les manières à respecter lors de l’échange et on échappait pas au rituel à chaque simulation avec un client potentiel.

On a eu aussi l’apprentissage d’écrit de cv (sachant qu’au Japon un cv s’écrit A LA MAIN, ce qui est on ne peut plus triste) car la manière d’écrire un cv pour un baito et celle pour un vrai travail est évidemment différente, et puis les choses à ne pas dire en entretiens etc.
La chose a été poussée jusqu’à ce qu’on nous demande quelle entreprise on comptait tenter.
Les professeurs se renseignaient sur l’entreprise en question, histoire, activité, rivaux etc… puis on devait leur envoyer notre cv et ils nous convoquaient pour un entretien des plus sérieux et produit dans les conditions d’un véritable entretien. C’est-à-dire le costume de rigueur et l’entrevue avait lieu dans un vrai bureau et non une salle de classe, avec un professeur qu’on avait jamais eu, pour plus de réalisme. Comme ils étaient renseignés sur l’entreprise qu’on visait ils nous posaient toutes les questions pièges possibles.
Bref, ils se sont réellement cassé l’arrière train pour nous préparer un maximum au monde de l’entreprise japonaise et ne pas se faire avoir.

Ils nous ont aussi organisé des visites dans plusieurs entreprises et de nombreux guests sont venus nous voir pour nous donner des conseils et répondre à nos questions : anciens élèves ayant réussi, sorte de pôle emploi spécialisé pour les étrangers et même un avocat venu nous expliquer les histoires de retraites et taxes à payer selon travail, visa etc (mais ça j’avoue que c’était compliqué et que j’ai pas tout compris…).

Ajoutez à cela, à la place des cours options, une formation intensive au 1kyu, STBJ et BJT (je referai un article sur ces examens pour les intéressés) pour avoir un minimum de bagages, ainsi que des cours où on lisait des articles de journaux sur l’économies ou entreprises célèbres, rédaction de dossiers professionnels, mattage d’émission sur diverses compagnies sur un fond de comédie quand même pour pas qu’on fasse une overdose…

Non vraiment j’ai trouvé ça super du début à la fin. Pendant ces 6 mois mon niveau de Japonais à fait un put*in de bon en avant et j’ai réellement eu l’impression de faire quelque chose d’utile pour une fois.
Car parler japonais c’est une chose… mais le japonais d’entreprise et toute la culture qui va avec, c’est pas du tout la même chose.

Au second semestre on pouvait refaire les groupes et changer de type d’entreprise. Cette fois j’ai voulu être l’agence de pub événementiel et on a du créer des events promotionnels à la demande d’un client dans l’agro-alimentaire…  Et pareil, en respectant les budgets etc, on a même dû se renseigner auprès de véritables entreprises pour se renseigner sur comment ça se passait et les possibilités, 🙂
Et cette fois, le shachô, c’était moi ! Ça y est, j’étais devenu le big boss de ma boite, OH YEAH. Et en seulement trois mois mesdames et messieurs et avec une réorientation professionnelle de tourisme à publicitaire, qui dit mieux !?
D’ailleurs j’ai viré mon designer au moins 3 fois, il faisait que sécher les cours, le saligaud !

Voila mon pavé concernant l’école en elle-même.
Je vous parlerai un peu plus des gens et des sorties organisées la prochaine fois.

…Et à part ça… j’ai toujours pas retrouvé pour le MI d’Ayumi Tour… Ca reste un MIstère…(ok c’est nul, je vais me coucher)

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