Vis ma vie : stagiaire au Japon

      37 commentaires sur Vis ma vie : stagiaire au Japon

Par un miracle de Dieu ou simple signe macabre d’une apocalypse proche et inéluctable, je tiens mes promesses. En effet (et tant pis pour ceux qui attendent le chapitre 2 du manuel de la drague, ce sera pour la prochaine fois), aujourd’hui je vais vous parler de mon expérience en tant que stagiaire dans une relativement grande entreprise japonaise.
Ça  s’annonce épique et ce le fut.

J’ai conscience que dernièrement le nombre de lecteurs qui ne me connaissent pas augmente considérablement (et je vous en remercie !) et que la tendance va vers une nette préférence pour les dossiers à la con sur la vie au Japon plutôt que mes TRÈS LONGS racontages de vie. Mais comme ce blog est aussi pour moi et pour me souvenir de ma vie ici, j’espère que vous ne m’en voudrez pas de continuer à écrire comme je l’ai toujours fait.

Je vous prie donc de bien vouloir reprendre vos DeLorean pour remonter une dernière fois avec moi en 2010 (oui on avance petit à petit, mais on arrive encore à boucler nos années).
Je replante le décor pour les retardataires arrivés récemment sur ces magnifiques pages roses :
Sonia, une jeune française belle, intelligente, mince et bien dans sa peau  des fois un peu sympa et avec un humour de merde, est  depuis janvier 2010 dans une école de business japanese à Tokyo, dans l’espoir de trouver un travail d’ici avril 2011 pour obtenir le précieux sésame : un visa travail. Après avoir donné des cours de français à quelques autistes dans des cafés, elle travaille durement depuis juillet dans une entreprise où elle casse répare des iPhones en compagnie de joyeux lurons et de Bruce, le connard mal coiffé au grand cœur.

Donc voilà, cela fait maintenant six mois que je suis revenue vivre au Japon, tous les diplômes que je voulais passer en poche donc l’esprit libre et de quoi assurer mon riz quotidien tout en étudiant, il me reste 9 mois avant l’expiration de mon visa, il est temps de se mettre en quête d’un vrai travail pour l’après école.
Nous y reviendrons dans un prochain billet, mais je vous le dis d’emblée, commencer à chercher un travail de nouveau diplômé à la japonaise seulement neuf mois avant la fin de l’école, c’est déjà trop tard.

Au courant de mes démarches, mon école me présente au mois de septembre GL Navigation, une entreprise spécialisée dans la présentation d’étudiants étrangers aux entreprises japonaises.
Ils organisent de nombreux séminaires et rencontres avec les entreprises pour que les jeunes diplômés étrangers puissent trouver un travail au Japon. Je conseille à tout étudiant étranger cherchant à s’installer au Japon de s’inscrire. Ça ne coûte rien, ils proposent beaucoup de forums et séminaires, des sorties et barbecue entre étudiants et business man japonais, et enfin des stages.
Je m’inscris et très vite, ils me contactent pour me proposer deux stages.
Le premier est plutôt intéressant mais 1) il est non rémunéré et je ne suis pas l’Abbé Pierre, 2) il est à temps plein, ce qui veut dire que je serais obligée d’arrêter mon baito et donc n’avoir une nouvelle fois plus aucun revenu.
Je refuse donc un peu malgré moi pensant à ma survie en ce milieu hostile.
 
Le deuxième aussi à vue de nez a l’air plutôt pas mal. Une entreprise, relativement célèbre pour ses services internet de questions-réponses à la Yahoo Questions, ayant pour projet un nouveau réseau social international et en plusieurs langues.
J’hésite un peu au début, mais on me rassure assez vite en me disant que le stage sera rémunéré et les horaires modulables, donc que je pourrais continuer à travailler à côté si je le souhaite.
Point important : l’entreprise souligne que suivant les capacités de chacun, le stage peut déboucher sur un véritable contrat, synonyme de visa, de beuveries dans les izakayas jusqu’à plus soif et de karaoké tous les week-ends pour le restant de mes jours. C’est fantastique.
Je décide donc d’essayer, au pire même si ça ne marche pas ça me ferait toujours une nouvelle expérience à mettre sur mon cv et m’ouvrir quelques portes dans ma recherche d’emploi.
Je réponds donc favorablement et dépose ma candidature.

Très peu de temps plus tard, je suis convoquée pour participer à la réunion de présentation de l’entreprise (setsumeikai). On m’en dis assez peu sur le sujet, mais comme j’ai déjà commencé la recherche d’un travail, je sais que la setsumeikai débouche très souvent sur des entretiens donc je me méfie. Je prépare mon plus beau cv sans rature, apprend le site de l’entreprise par coeur au cas où et enfile mon superbe costume de croque-mort pour l’occasion.
Arrivée sur place, petite bleue impressionnable que je suis, je me sens toute petite. L’entreprise est située à quelques minutes des quartiers les plus animés, dans un bel immeuble noir de monde avec son petit costume, son attaché-case et écrit « heure sup » sur le front.
Pour des raisons évidentes, je ne vais pas citer le nom de l’entreprise ici, mon cerveau torturé à donc décidé de la renommer PQFlex. Évidemment comme je suis la seule à savoir pourquoi il n’y a que moi que ça fait rire, mais comme ce nom débile vaut bien un échelon 8 sur l’échelle de Philippe Bouvard, vous ne perdez absolument rien rassurez-vous.

Me voici donc à l’entrée de PQFlex, lumineuse, remplie de stylos, carnets et autres objets personnalisés de l’entreprise, exposant les biographies publiées du président de la compagnie ainsi que de nombreux prix reçus pour son design, son logo et autres.

Il ne m’en faut guère plus pour me faire sur les chausses.

On me dirige dans une salle à gauche de l’entrée où déjà de nombreuses personnes attendent. D’autres candidats manifestement. On me remet un badge avec mon nom et le drapeau de mon pays et on m’installe à un groupe de tables avec cinq autres personnes. Il y a environ 5 à 6 groupes de tables de ce type dans la salle, où sont assis d’autres jeunes étrangers avec leur badge. Corée du Sud, Corée du Nord (non je déconne), Chine, Allemagne, Russie, Sri Lanka, etc.
Contre toute attente, il y a trois Français, tous dans un groupe différent. Je suppose qu’ils n’en prendront qu’un s’ils choisissent de représenter la France dans leur équipe donc, en toute logique, je prie pour que ce soit des abrutis et que je brille de mille feux en comparaison.
Au fond de la salle, des dizaines d’adultes sont présents avec des caméras ,  des appareils photo ou des bloc- notes. Certains sont juste des employés de PQFlex, d’autres -je l’apprendrai plus tard- sont des journalistes.

Petit topo de bienvenue, puis un étranger prend place devant toute l’assemblée pour présenter leur projet en cours : AISHITERU, « je t’aime » en japonais (encore une fois le nom a été changé, mais le concept reste sensiblement identique et tout aussi niais).
AISHITERU, est une application dérivée de leur service initial de questions-réponses, accessible via Facebook. L’application se voulant internationale, le concept était que chaque utilisateur puisse poser sa question sur tout et n’importe quoi au monde entier, et que n’importe quel autre utilisateur puisse lui répondre, sans problème de frontière ou de langue. En effet, et c’est là que ça devient intéressant, AISHITERU a pour prétention de pouvoir faire communiquer le monde entier en faisant fi de notre ignorance en Pakistanais ou Néerlandais.
Une fois notre réponse obtenue, on peut appuyer sur la petite icône en forme de coeur « AISHITERU » pour exprimer notre gratitude au contributeur.
L’application pourrait donc devenir un lieu d’échanges culturels illimités, de rencontres impossibles sur toute autre plateforme, un réseau d’amour, de partage et de gens qui se tiennent par la main pour faire une ronde autour du monde.
Attendez, j’essuie ma demi-larme au coin de l’oeil droit.

Notre orateur travaille sur ce projet depuis bientôt deux ans avec les employés de PQFlex. Inutile de vous dire qu’il en est manifestement très fier et est à deux doigts de s’étouffer dans son orgueil tandis qu’il nous regarde comme des petits pets de chèvre malodorants.
Il est relativement jeune (dans la vingtaine), a été élevé au Canada mais est roumain d’origine ce dont il ne manque jamais d’en étaler la fierté.
Comme il est un personnage clé de ce fabuleux article, je me dois donc de le rebaptiser. Originaire de Roumanie, le teint blanc comme un cul d’albinos et aussi cruel qu’un descendant de Vlad Tepes lui-même, j’avais bien envie de le renommer Dracula. Mais lui attribuer un nom de chef-d’oeuvre m’attriste profondément.
Aussi, comme il excècrerait ça, nous l’appellerons Dracul-cul la Praline (comme son application), dit « Dracul-cul ».

Je me moque mais je dois bien reconnaitre une chose, c’est que Dracul-cul a un niveau de Japonais qui frise l’excellence. S’en est même  hypnotisant de voir quelqu’un s’exprimer dans un japonais aussi proche de la perfection avec une attitude aussi occidentalement hautaine et imbue d’elle-meme.
Dracul-cul me fascine autant qu’il me met mal à l’aise.

Après sa petite présentation du concept, je suis plutôt emballée. Fille de mon temps, j’utilise bon nombre de réseaux sociaux et je trouve l’idée vraiment novatrice. Mon côté niais n’est pas en reste non plus avec tous ces coeurs et ces valeurs aishiteresques.
Mon enthousiasme me tombe comme un bout de béton dans l’estomac quand Dracul-cul nous annonce qu’il n’en dira pas plus sur le pourquoi du comment une telle application est possible puisque cela va être le travail que nous devrons effectuer dans les minutes qui suivent.
Le fourbe commence déjà par une traitrise…
En effet, la disposition par groupe n’est pas anodine. On nous donne à présent un temps limité pour imaginer en groupe une application comme AISHITERU, son interface, son fonctionnement, ses atouts.

J’ai beaucoup de défauts et avoir en horreur le travail de groupe en est un de plus sur la liste. Souvent parce que je ne suis pas d’accord avec ce qui se décide alors que tout le monde est emballé et aussi parce que je ne sais pas comment m’y prendre pour ne pas finir membre passif invisible.

Seulement là, pendant que chaque groupe échange dans son coin ses idées pour imaginer un AISHITERU crédible et fonctionnel, les gens du fond s’activent. On nous observe, on nous filme, on nous prend en photo et quelques employés de PQFlex passent dans les groupes pour écouter nos échanges et prendre des notes sur chaque candidat.
Je comprends vite qu’il n’y aura pas d’entretien et que c’est maintenant que ça se joue si je veux être prise pour ce stage. Je lutte contre mes antécédents de 15 ans de bulletins scolaire « Devrait participer davantage en classe » pour ne pas gâcher ma chance.
Mes compères parlent d’une application avec un traducteur automatique. Visionnaire, même si Bing ! ne propose pas encore ses traductions Kamoulox merdiques sous Facebook, je me dis qu’un tel système rendrait l’application difficilement utilisable et pas très crédible. En toute diplomatie, je leur fais comprendre que leur idée sent la vase et qu’il vaut mieux présenter un système où les utilisateurs contribueraient eux-mêmes aux traductions.
Je ne crois pas à la perfection sûrement mais pour devenir un homme phrases qui ont un sens de toute au moins (cette prose vous est offerte gracieusement par Google Traduction, la personne qui retrouvera ma phrase initiale gagnera son poids en takoyaki).

Une fois le temps écoulé, ce que je déteste encore plus que le travail de groupe : la présentation orale devant tout le monde. Je transpire l’équivalent du Nil sous mon costume de pingouin mais pas le choix.
Ainsi chaque groupe présente son petit bout de projet imaginé devant tous les autres candidats, les employés, le Président et les journalistes. Nous ne sommes pas les seuls à avoir choisi la politique de l’utilisateur-traducteur mais tous les systèmes sont différents, certains plus envisageables que d’autres.
On a aussi droit à un tour de table où chacun se présente et doit dire pourquoi il aimerait travailler sur le projet AISHITERU. Chacun y va de son petit mensonge éhonté d’apporter sa pierre à l’édifice d’un monde sans frontières, d’amour et de partage au-delà des cultures et autres valeurs dignes de Dr Quinn femme médecin. Dracul-cul la Praline ne s’émeut pas pour autant et continue de nous regarder comme des attardés ahuris, manifestement malheureux d’avoir à choisir dans ce groupe d’abrutis les petites graines qui feront fleurir son merveilleux projet.

Je rentre chez moi encore toute remuée de cet entretien télé-réalité et ne sais pas trop quoi espérer. Ceci dit, vous vous doutez bien que je ne vous écris pas un roman sur un entretien raté et sans suite (quoique ça puisse être drôle), et c’est donc sans surprise pour vous que l’on m’a annoncé quelques jours plus tard que j’étais prise.

Au début du mois d’octobre, je suis de nouveau appelée à PQFlex pour l’orientation. Je me méfie un peu en me demandant si cette fois ils ne vont pas nous demander de faire un combat de sumos pour Fuji TV mais non. C’est bien dommage, je suis sure que j’aurais été épatante.
On nous fait juste signer un contrat de confidentialité, nous distribue nos badges respectifs et nous explique le topo concernant notre rôle au sein d’AISHITERU.

L’application sera disponible la semaine suivante sur Facebook et notre stage consiste à vérifier si cette application fonctionne, si les utilisateurs l’utilisent correctement et répondre à leurs questions, planifier les améliorations nécessaires, réfléchir à des stratégies pour attirer des utilisateurs de chaque pays et procéder à quelques traductions.
Le job a l’air sympa, les candidats retenus aussi, et comme d’habitude je me fourre le doigt dans l’oeil bien profond en me disant que tout va être super-chouette, intéressant et tout le tralala.
En repartant, on nous offre en souvenir la photocopie d’un article de journal… Où on peut me voir en photo avec les membres de mon équipe en train de présenter notre projet.

journal

Si j’avais su, je me serais fait un brushing.

Bref, et c’est ainsi que la semaine suivante l’aventure AISHITERU commence. Contrairement à mes pronostics fumeux, ils ont finalement pris deux Français. Ainsi je me retrouve avec un de mes compatriotes aperçu lors de l’entretien avec qui je me lie rapidement d’amitié. Nous l’appellerons Étienne. Se joint à notre trio un métisse nippo-péruvien, né et grandit au Pérou, arrivé au Japon quelques années plus tôt. Nous l’appellerons Machu Picchu, parce que de toute façon c’était comme ça que je l’appelais.
Il y a aussi un Coréen, qui se veut sympa et amical au début mais qui s’avère être un gros lourd fou de Dieu, incapable de faire une phrase sans y placer Jésus.
Un Allemand, que pour des raisons que nous évoquerons un peu plus bas notre petit trio n’appréciait que moyennement et sur le dos duquel nous bitchions le cœur vaillant. Lui fut rebaptisé « La Salsicha », soit « La Saucisse » en espagnol. Oui ça vole bas, mais bon je sais pas trop à quoi vous vous attendiez avec moi. En contrepartie je vous autorise à m’appeler « La Camembert » ou tout ce que vous voulez.
Il y aussi une Chinoise très intelligente… mais aussi froide que l’acier. Souriante mais façon Dracul-cul : avec un arrière-gout de « je vous méprise tous ». On va l’appeler Lucy Liu parce que je n’ai pas d’idée.
Bon et d’autres, mais ils n’ont que des rôles de figuration donc comme nous sommes ingrats nous allons nous faire un plaisir de les oublier.

Le premier jour on nous explique notre tâche qui est on ne peut plus simple, nous devons juste utiliser l’application encore en travaux pour qu’elle ait un minimum de contenus  avant que les autres utilisateurs arrivent, qu’on observe son fonctionnement, repère les soucis, propose des versions mieux développées. Comme elle n’est accessible que via Facebook, on nous demande d’y accéder via nos comptes personnels. On ne sent pas le vil piège se refermer sur nos pauvres âmes et nous acceptons.
L’application souffre d’un design des plus pauvres, une véritable interface d’ascète. Du blanc, du blanc et encore du blanc, et un pauvre logo perdu avec son icône AISHITERU en forme de cœur. L’entreprise ayant les moyens et de nombreux services bien présentés, je pensais qu’au bout de deux ans ce serait plus travaillé et suis un peu déçue.
Mais l’application reste amusante. Chacun pose sa petite question du genre « Comment fête-t-on Noël dans votre pays ? », un autre passe derrière pour traduire la question dans la langue de son pays, et on se répond entre nous, chacun faisant la traduction des réponses de l’autre.
Ainsi rapidement on a des topics proposant des questions et leurs réponses en japonais, anglais, coréen, chinois, espagnol, français, russe, allemand etc.
Comme l’application n’est pas encore très développée, ça devient vite des topics à rallonge complètement foutoirs, mais ça reste rigolo.
Enfin, la première journée quoi.

Sauf qu’en fait, on ne nous donne rien d’autre à faire. On doit juste continuer d’utiliser l’application sans fin. Poster pendant des heures durant des questions et traduire les réponses des autres. Le truc c’est qu’on doit être même pas une dizaine de stagiaires et comme les horaires sont libres, pour peu qu’on soit que deux présents quand les autres sont encore en cours, et on se fait chier royalement.
Et très vite, ça tourne un peu en n’importe quoi.
Le gars de l’Outzbékistan pose des questions un peu déplacées sur les armes terroristes et comment s’en procurer. Le Coréen fou de Dieu parle du good Lord qui viendra nous montrer la voie dans la moitié de ses réponses :

« J’aimerais m’installer vivre à l’étranger mais ça me fait mal de devoir quitter ma famille et mes amis. Devrais-je suivre mes envies ou m’occuper de ma famille ?
– En effet c’est un dur choix.  Ferme les yeux et écoute ton cœur, Jésus te montrera le chemin. »

« Bonjour tout le monde ! Je viens de m’installer à Tokyo et j’aimerais savoir où se trouve un bon restaurant de Sushi, il y en a tellement ! »
– En effet il y a beaucoup de choix.  Ferme les yeux et écoute ton cœur, Jésus te montrera le chemin. »

Bref, j’en rajoute mais vous avez compris l’idée. Et encore, je ne vous parle pas de ses « traductions » complètement personnalisées.
Question initiale : « Quel est le plat traditionnel de votre pays ? »
Traduction de notre fou de Dieu : « Bonjour mes Frères.  Je suis si heureux de pouvoir partager avec vous sur cette superbe plateforme qu’est AISHITERU. La nourriture étant elle aussi un élément de partage, j’aimerais savoir quel est le plat traditionnel de votre pays ? Comme ça on pourrait peut-être se voir et manger tous ensemble ces plats. Puis se prendre par la main et faire une ronde autour du monde. Je vous remercie d’avance mes Frères pour vos réponses, AISHITERU !!!! ».

…Et un jour que je pleurais du sang une nouvelle fois devant ses traductions à s’y méprendre avec un script de Charles Ingalls, j’ai fini par lui faire la remarque que dans une traduction il fallait se contenter de traduire le sens et l’esprit de la question initiale, et pas en rajouter des caisses à coup de « Brother I love u » et j’en passe. Il m’a répondu d’un ton innocent qu’il voulait rendre l’application plus chaleureuse et conviviale pour attirer les vrais utilisateurs et en faire une véritable famille…
Bon, OK je suis aigrie, mais moi personnellement je me connecte à un réseau social où tout le monde est Bro’ ou Sis’ et se tient par la main à coup de mercis dégoulinants et de « je t’aime » inappropriés, et bien je me dis que c’est une secte.
Et dire que ce jeune homme est étudiant à la prestigieuse université de Waseda, ça me troue la ligne d’arrivée du système digestif.

Lucy Liu pourtant sérieuse et appliquée finit elle aussi un jour par craquer son slip en posant une question sur le Dalaï Lama auquel elle finira par répondre elle-même « J’espère qu’il mourra et ira en Enfer ».
…Mais bien sur ! Relancer les conflits Chine – Tibet dans le cadre de son  travail en souhaitant la mort d’un chef spirituel et son aller-simple pour les Enfers me parait tout à fait approprié.
Note du rédacteur : cette jeune demoiselle était elle aussi étudiante à Waseda.
Ben dites donc, si c’est ça l’élite, j’ai peur pour le monde et vive les facs de seconde zone !

Très vite Dracul-cul comprend qu’il n’avait pas eu tort de ne voir en nous que de vulgaires crottes de lapin le jour des sélections : on est en train de lui foirer son super projet avec nos contributions d’attardés. On a droit à de nombreux meetings où il se masse les yeux avec le pouce et l’index l’air de dire « qui m’a affublé d’une bande de décérébré pareils ! », nous parle sèchement, nous coupe, lève les yeux au ciel à la moitié des idées proposées pour finalement se vanter des siennes « Vous saviez que l’idée de ne pas utiliser de traducteur automatique mais faire contribuer les utilisateurs était mon idée ? Incroyable non ? Ça a révolutionné le projet ! ».
Je rêve de lui faire remarquer que la moitié des candidats ont eu la même idée en moins de trente minutes quelques semaines plus tôt mais je m’abstiens.
Il nous passe aussi un savon sur les débordements dans les traductions et les propos incitant à la haine, que l’application n’est pas faite pour ça. De mon côté je me dis que si on arrive même pas à cadrer 10 stagiaires de grandes écoles, bonjour le cirque une fois que le monde entier participera…

Dracul-cul nous gourmande aussi sur notre incapacité à trouver des questions intéressantes et des réponses intelligentes à poster et nous somme de proposer des idées d’amélioration.
On remarque qu’il gueule à peu près sur tout le monde, sauf la Salsicha. En effet, l’Allemagne est fourbe et prépare déjà ses alliances avec les pays de l’Est. On ne tarde pas à remarquer qu’il est toujours dans les basques de Dracul-cul pour lui cirer les pompes, lui montrer à quel point il est investi à 100% dans ce projet.
On enchaîne les meetings entre stagiaires (auxquels le fou de Dieu ne fait que s’extasier sur le fait que ce soit trop bien qu’on soit tous potes et une famille unie main dans la main et BORDEL MAIS ACHEVEZ-LE !!!!), et la Salsicha s’improvise maître des idées. Il propose ses idées, réfute la moitié des nôtres ou les prends en note pour les remettre à sa sauce plus tard. Il recueille les idées de tout le monde pour les proposer directement à Dracul-cul plus ou moins comme si c’était les siennes. Après m’être fait « voler » deux trois idées qu’il propose les jours où je suis à mon baito, je décide qu’il a bien mérité son surnom niveau CM2.
Mauvaise ambiance dans l’équipe, très vite les plus compétiteurs commencent à bosser leurs idées dans leur coin sans rien montrer aux autres. La moitié veut le job à la clé pour le visa et pour s’installer au Japon et n’a pas envie de se faire distancer. Cette ambiance me lourde d’autant plus que c’est ridicule puisque PQFlex a besoin de quelqu’un de chaque pays/langue, on est donc pas spécialement en competition les uns contre les autres. Je tente quand même de presenter mes idées moi-même mais Dracul-cul ne m’écoute pas et tout finit dans un coin de la table, puis à la poubelle sans vraiment avoir été étudié.
Je foutrais bien un pieu dans le cœur de ce gougnafier s’il en avait un.

Très vite mon pauvre Machu Picchu en a marre. Ce stage lui prend des heures pour rien, des heures qu’il pourrait utiliser pour chercher autre chose. Etienne aussi, même si on rigole bien entre nous, il a d’autres ouvertures pour un stage plus en phase avec son mémoire. Moi aussi je ne peux que constater qu’on ne fait strictement rien pendant des heures à part poser des questions à la con qui finissent par tourner en rond.
D’un autre côté je me dis qu’abandonner dès le début n’est pas très intelligent non plus, chaque début de projet patauge un peu non ? Si on arrête tout ce qu’on entreprend au bout de quelques jours, sûr qu’on ne va pas aller bien loin.
Notre petite troupe se remotive, on décide de se mettre à fond de notre côté (loin des Salshicha, fous de Dieu et Lucy Liu tueuse de Dalaï Lama qui jouent en solo) pour les jours à venir et proposer un vrai plan d’action pour le développement et la publicité de AISHITERU. On se donne à fond, si ça ne donne rien, alors on arrête. Marre de pisser dans un violon.

Et pendant qu’on commence à rassembler nos idées, de son côté Dracul-cul commence à mettre la pression pour qu’on trouve de nouveaux utilisateurs… parce que force est de constater qu’on est toujours comme dix pauvres cons à se poser des questions et se répondre tous les jours alors qu’on est juste à côté les uns des autres. Il met un peu la pression aux employés de PQFlex pour qu’ils participent, mais originaux comme ils sont, ceux-ci posent des questions typiquement japonaises et pas ouvertes sur le monde pour deux sous telles que « Qu’est-ce qui vous plaît dans le Japon ? », « Quelle est votre manga préféré? », « Comment avez-vous appris le Japonais ? » et inconsciemment, AISHITERU devient une application qui s’adresse essentiellement aux étrangers au Japon ou aimant le Japon ce qui fausse complètement le concept initial, mais surtout réduit largement le public ciblé…
Dracul-cul s’arrache les cheveux pour son concept qui part en testicule et remet un coup de pression pour que nous invitions nos amis Facebook à participer.
À force de racoler comme une crève-la-faim dans mes statuts qui se veulent enjoués, j’arrive à attirer deux trois bonnes âmes le temps d’une question ou d’une réponse mais ça ne change rien au fait que l’application est moche, peu fonctionnelle et au contenu (utilisateurs) limité donc ça va une fois pour me faire plaisir mais ça ne va pas plus loin. Et moi ça me dérange de devoir utiliser mon compte personnel pour toujours parler de l’application et demander aux gens de l’essayer. Ça me gonfle quand on me fait ce genre de chose, ce n’est pas pour polluer mes contacts de la même manière.

Mais rien à faire, le nombre de véritables utilisateurs n’augmente pas… 
Dracul-cul la Praline a une nouvelle idée marketing qui frise le génie par sa nullité : il nous ordonne d’ajouter au moins 200 amis chacun sur notre compte Facebook avant la fin de la semaine suivante pour leur présenter l’application… sinon il nous vire de la boîte.
Y’a pas à dire, les méthodes managériales de la Roumanie sont super convaincantes.
Et Dracul-cul qui nous emmerdait depuis le début alors qu’il n’avait même pas Facebook lui-même, décide de s’inscrire et après avoir ajouté toute sa famille, ses amis et la moitié des employés de PQFlex se retrouve avec plus de 200 amis. Évidemment, quand on a déjà plus de 200 amis soi-même, il devient nettement moins aisé de doubler la mise mais Dracul-cul le Cruel est intraitable : « Si moi j’y suis arrivé, vous le pouvez aussi. Si vous n’êtes même pas foutu d’ajouter 200 personnes sur votre compte en une semaine, c’est que vous n’avez rien à apporter à cette entreprise et n’avez rien à faire dans mon équipe».
Mais par la Sainte culotte de Nikos, il va se calmer le Edward Cullen ? Depuis quand les capacités d’un employé se prouvent AVEC DES AMIS FACEBOOK NOM DE DIEU !

edward

Ce stage vire au n’importe quoi complet. Personnellement, je me dis que si c’est ça la politique de l’entreprise (ou celle de la Chauve Souris), je m’en fous un peu qu’on me vire. Même si je ne respire pas la confiance en moi en général, je ne vais pas remettre en question ma carrière parce que je n’ai pas réussi à retrouver assez de copains de primaire et de voisins à ajouter sur Facebook.
J’ajoute des vieilles connaissances histoire de, et continue de me concentrer avec mes deux acolytes sur le petit dossier qu’on prépare.

Seulement la pression de Dracul-cul fait rage, lui autant que le reste de l’ équipe en oublient le but premier de ce projet et se focalisent sur l’ajout de ces foutus 200 amis. Tout le monde est en stress « Va t’il vraiment nous virer ? Qui ajouter ? » pendant que Dracul-cul sans foi ni loi commence à nous emmerder pour que nous racolions des gens qu’on ne connaît pas sur d’autres applications de jeux et les ajouter.
Comme si j’avais envie d’ajouter sur mon compte personnel un trou du cul que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam pour qu’il puisse admirer les photos de moi en pyjama de Cheshire chevauchant une amie masquée d’une tête de cheval sous les effets néfastes et incontrôlables de la vodka malabar.
(Oui, ces photos existent, mais là n’est pas le sujet, concentrez-vous donc un peu.)

Arrive enfin le jour du meeting avec Dracul-cul. Avec Machu Picchu et Étienne on a tout préparé nos power point, monté une vidéo virale à partager sur Youtube pour un peu de publicité gratuite, et autres petits gadgets marketing selon le public ciblé (étudiants, voyageurs, expatriés etc.). Bref on est au taquet.

Pas pour longtemps.

Si le reste des stagiaires nous écoute poliment, Dracul-cul nous dévisage comme si l’envie de nous cracher à la gueule le démangeait tellement fort qu’il en était tetanisé. Pendant la vidéo, il ne daigne même pas lever la tête, le nez collé sur son portable et pianotant sans retenue.

Pendant la deuxième partie de notre présentation, il se lève finalement avec un « continuez sans moi, je reviens » désinteressé et quitte la salle.

Continuez sans moi ???? Mais c’est à lui qu’on présente notre travail !
On continue alors mais le cœur n’y est plus.
Il revient et nous explique en deux trois phrases que ce qu’on a fait c’est de la merde, qu’on a sous estimé l’application. En effet pour la vidéo virale, on avait tablé sur un clip humoristique. 1) Parce que souvent les entreprises qui ont du second degré attirent la sympathie 2) Parce que pour espérer que les gens aient la curiosité de tester une application inconnue –moche et pas terminée- il fallait bien faire quelque chose qui marque les esprits et divertisse.
C’était sans compter sur le manque d’humour absolu de Dracul-cul qui nous a reproché de prendre les utilisateurs pour des débiles et écorner l’image érudite d’un réseau social d’échange culturel et de pratique linguistique.
Ah bon pardon.  C’est un parti pris, les goûts et les couleurs étant ce qu’ils sont, libre de ne pas trouver ça adapté mais bon, se montrer aimable ne devrait pas être en option car il était évident qu’on y avait passé du temps. Peu importe, ça ne nous enlèvera pas les fous rires aux larmes en la faisant, j’en ris encore quand je la regarde en souvenirs.
Bref fiasco total, il ne prend même pas le temps de regarder les autres échantillons de ce qu’on avait préparé –eux on ne peut plus sérieux -, au diable nos heures de travail.
Machu Picchu décide qu’il a assez perdu son temps et va voir l’adorable Yamada des ressources humaines pour dire qu’il arrête. Quand on lui demande pourquoi, il reste politiquement correct et dit qu’il a juste besoin de plus de temps pour les études et les séminaires.
Ayant perdu  un grand allié dans la bataille contre l’ennui, avec Etienne on hésite aussi à arrêter les frais et mettre le badge sous la porte.
D’un côté je suis consciente que c’est une perte de temps, d’un autre il ne me reste que peu de temps avant l’expiration de mon visa et je n’ai rien de concret à côté donc je n’ose pas jeter cette « opportunité ».

Le lendemain de ce triste épisode, toute l’équipe des stagiaires est bien agitée. En fin de journée, Dracul-cul en mode super furax nous fait demander pour une réunion urgente de la plus haute importance.
Je me demande ce que ce nuisible a encore bien pu trouver pour nous reprocher une nouvelle fois tous les maux de la société et m’installe à côté d’Etienne.
Et là… c’est une déferlante de décibels qui s’abat sur nous. Je ne pensais pas que Dracul-cul pouvait avoir autant de coffre. Il vocifère, il s’époumone, il devient tout rouge de rage. J’oserais, je lui proposerais de faire une petite pause pour respirer.
Pire, pendant qu’il s’énerve il se met à parler en Kansai-ben, qui est le COMBLE DU RIDICULE. Pourquoi un pauvre gringalet roumano-canadien coincé du cul habitant à Tokyo parle en patois d’Osaka quand il fait sa colère ? Je trouve ça d’autant plus risible que j’ai appris le japonais à Osaka et que je considère le kansai-ben  un peu comme mon japonais maternel, et pourtant je ne l’utilise pas à tord et à travers.
Ca m’agace et en même temps, un fou rire pointe le bout de son nez. Il est tellement pitoyable à hurler en patois japonais devant une bande d’étrangers éberlués… Cette scène méritait de passer au zapping, je vous le jure.

Le motif de son courroux ?
Et bien notre suceur de sang pompeur de bonne humeur préféré espionnant  à  loisir les comptes Facebook de ses stagiaires avait remarqué une vague de nouveaux amis des plus suspecte dans notre équipe.
En effet, la moitié des stagiaires avait tout à coup pleins de nouveaux amis, toujours les mêmes et… que des comptes vides.
Manifestement, sous la pression de notre Empaleur de seconde zone, la moitié des stagiaires avait paniqué… et créé une multitude de faux comptes qu’ils s’ajoutaient mutuellement pour atteindre les 200 amis exigés d’ici la fin de la semaine. Résultat, quasiment tout le monde avait des faux comptes, qui plus est des comptes complètement vides.
Pour le coup j’avoue tomber des nues aussi. Des jeunes entre 20 et 25 ans qui se veulent prometteurs et dynamiques, fréquentant les meilleures universités du pays… et qui passent leurs heures de stages à créer des faux comptes Facebook pour s’ajouter en amis ?
Est-ce que tout le monde est complètement con ou est-ce le contact à ce projet mené n’importe comment qui rend débile ?

Si j’avoue être impressionnée par autant de stupidité Dracul-cul lui, ne se remet pas d’un tel affront à son autorité. Le Fou de Dieu essaie de tempérer en cherchant une excuse mais se fait malmener comme un malpropre. Il s’excuse, baisse le nez et ne dit plus rien.
Dracul-cul s’enflamme. Nous sommes des abrutis, nous n’avons aucune capacités, nous ne méritons pas une entreprise telle que PQFlex, notre stupidité l’effare et il ne veut plus de nous dans son équipe et j’en passe.
Honnêtement, comme c’était il y a déjà trois ans je ne me souviens plus de son speech en détail, mais ce que je me souviens c’est qu’il nous a littéralement incendiés et insultés. Et si au début je trouvais ça cocasse, il allait de plus en plus loin dans ses paroles et petit à petit j’ai commencé à trouver ça inacceptable.
Je ne sais pas combien de temps on s’est laissé pourrir, mais un moment. Et foi de Dracul-cul la Praline, on allait le lui payer. Et voila que non seulement il recommence ses conneries de nous faire faire plusieurs centaines d’amis en quelque jour quoiqu’il nous en coute, mais en plus il exige que nous écrivions une rédaction de plusieurs pages et que nous lui rendions dans les plus brefs délais pour expliquer pourquoi nous avons fait ça et exprimer notre remord. Si nous ne rendions pas notre prose pleine de remords et regrets hypocrites, il nous virait sur le champ.

Ouais mais non.
J’ai pas envie.
Je vois pas pourquoi j’écrirais une lettre de contrition pour expliquer le pourquoi d’un truc que non seulement je n’ai pas fait, mais qu’en plus je ne savais même pas que les autres le faisaient.
Moi qui suis d’un naturel à tout me laisser couler sur le dos même quand intérieurement je bouillonne, je sais pas, ce jour-là j’en ai vraiment eu ma claque de la dictature roumaine. Et je ne sais pas pourquoi car je suis rarement téméraire dans le monde scolaire/du travail, mais j’ai levé la main.
Il me regarde comme un insecte écrasé sous sa chaussure vernie et me donne la parole.
« Et pour ceux qui n’ont rien à écrire ? Si vous espionnez les amis qu’on a ajouté cette semaine, vous devez bien savoir qui a ajouté des faux comptes et qui a ajouté des vraies personnes non ? Personnellement je n’ai rien fait donc je pourrais difficilement écrire pourquoi sur plusieurs pages et encore plus difficilement exprimer mes regrets puisque pour ma part, j’ai fais comme vous aviez dit».

cartmandracucu

Je sens qu’il me déteste et qu’il a envie d’écraser ma face de petite impertinente contre un mur, de m’empaler sur un gros pieu et m’exhiber devant les remparts de PQFlex pour nous rappeler sa légende.
Toutefois malgré des yeux qui lancent sur moi les pires incantations maléfiques des diseuses de bonne aventure de Bucarest, il reste calme et m’adresse son sourire le plus contrit, cachant difficilement son envie de génocide de stagiaire.
« Vous avez des frères et sœurs ? »
Je ne vois pas trop le rapport mais lui réponds que j’ai un grand frère et une grande sœur.
« Eh bien votre grand frère par exemple, vous l’aimez n’est-ce pas ?
– Oui bien sur.
– Imaginons que votre grand frère fasse une bêtise. Je ne sais pas, disons qu’il se drogue. Et bien vous lui diriez d’arrêter non ? Vous lui diriez d’arrêter, que c’est mal et qu’il doit revenir dans le droit chemin. C’est pareil avec la Team AISHITERU qui est une famille. Si un membre prend le mauvais chemin, votre devoir est de le remettre sur la bonne voie et lui dire ce qu’il convient de faire. Car vous êtes un groupe. Donc vous êtes aussi coupable que les autres.
– Ce serait effectivement le cas si nous étions un groupe, j’en conviens. Mais nous ne le sommes pas. Il n’y a aucun esprit d’équipe dans AISHITERU. Chacun travaille de son côté et vole les idées des autres, l’ambiance n’est pas amicale. Nous ne sommes tellement pas unis qu’on a beau travailler les uns à côté des autres, on ne m’a jamais parlé de cette idée de faux compte et je ne le savais même pas. Donc non, je ne vois pas pourquoi je serais coupable. »

Après, je ne me souviens plus très bien comment la discussion a dérivé  mais elle a  mal tourné. Il a levé la voix, m’a manqué de respect et la boule de colère a grossit bien gentiment dans mon bas ventre. J’ai fini par lui dire un truc du genre que je n’allais quand même pas m’excuser parce qu’il était incapable de manager une équipe correctement et que si ça partait dans tous les sens comme ça, c’était que le problème venait peut-être aussi du leader.
Il a fini par me menacer comme quoi de toute façon c’était lui le chef, qu’il n’avait pas besoin de d’une idiote incapable comme moi et qu’il pouvait mettre fin à mon stage comme il le voulait. Il me dit aussi que si je n’étais pas contente, je pouvais rentrer chez moi car il n’avait plus envie de voir ma tête pour aujourd’hui.
Et là j’explose.
Je lui hurlé que non seulement je me casse, mais qu’en plus il ne me reverra plus. Que j’arrête ce stage débile perte de temps et que c’est pas lui qui va me dire ce que je dois faire puisque de toute façon je ne reconnais pas un incapable pareil comme mon supérieur.
Et sur ces belles paroles, je claque la porte violemment. Comme dans les films.
Première et dernière fois que j’ai fais ça, je ne m’explique toujours pas cette perte de sang-froid soudaine. Mais je ne le regrette pas.

Derrière la baie vitrée, je me rends compte que tout l’open space a profité de cet échange des plus animés et qu’une bonne centaine de paires d’yeux me regarde à la dérobée.
Là mon caractère réservé de poule mouillée revient au galop et je me mets à pleurer de rage comme une couillonne. Bonjour crédibilité.
Mais je me démonte pas, malgré les murmures presque discrets dans les rangées de bureaux, je fonce vers Yamada la tête haute et la morve au nez et lui annonce que j’arrête ce stage, maintenant.
Mon pauvre Yamada panique, il rassemble ses papiers et me demande de l’attendre devant une des salles de meeting pour parler.
Je prends mes affaires et vais l’attendre. Dracul-cul et l’équipe d’AISHITERU sortent de la salle d’à côté, on s’ignore mutuellement.
Quand Yamada arrive, contre toute attente mon brave Etienne l’interpelle et me montre son meilleur soutien : « Moi aussi je veux arrêter le stage !».
Les gouttes de sueurs doublent sur le front de notre Yamada tout déboussolé par cette débandade de démission en deux jours.
Il me prend en premier pour un entretien privé, et au point où on en est, je lui déballe tout. L’absurdité de ce stage et l’attitude exécrable de Dracul-cul, ses pressions, ses menaces de fin de stage, le fait qu’il mette toutes nos idées et propositions à la poubelle sans écouter, ses tâches absurdes comme les 200 amis facebook en une semaine etc.
Ce n’est presque pas une surprise, mais les employés Japonais de PQFlex ne sont au courant de rien et n’ont jamais rien demandé de tel à la Roumanie qui mène son bateau visiblement seule.
Là où je suis étonnée, c’est qu’il m’apprend que le véritable souci est que Dracul-cul est trop jeune (j’apprends au passage qu’il est même plus jeune que moi)… et qu’il n’est qu’un simple stagiaire, comme nous. Juste il a été le premier stagiaire embauché et est là depuis longtemps, c’est pourquoi ils lui ont donné toute leur confiance pour diriger notre groupe. Mais en gros… il n’a pas plus de pouvoir que nous et est même plus jeune que certains d’entre nous…
Je savais qu’il avait un statut spécial dans l’entreprise puisque il était encore en doctorat à Waseda (encore Waseda décidément…) mais je n’avais pas compris qu’il n’était qu’un simple stagiaire comme nous dans les faits.
« Il est jeune, il n’a jamais dirigé et il doit rendre compte aux supérieurs de l’avancée du projet… Et lui qui était seul pour mener ce projet international, tout d’un coup arrive une dizaine de jeunes étudiants étrangers prometteurs. Ce n’est pas un mauvais garçon dans le fond mais je pense qu’il a voulu asseoir son autorité… On aurait du le cadrer un peu plus, c’est en partie de notre faute. Merci de t’être exprimée, ça va nous permettre d’améliorer le management de ce projet. Mais tu pourrais le pardonner et rester non ? Je ferai en sorte que ce genre de choses n’arrivent plus et que le travail fourni par tout le monde soit apprécié à sa juste valeur. »

Je réfléchis… mais non.
Maintenant que c’est allé jusque-là, que j’ai fais ma princesse à coup de claquage de porte, que pour un coup j’ai assumé ce que j’avais à dire et remis à sa place un connard qui abuse… Non, je vais pas dire pardon et revenir comme si de rien n’était. Si je fais ça, j’ai perdu.
Yamada tente d’insister mais je reste ferme alors il abandonne.
Etienne a droit à son petit entretien aussi et appuie mes arguments.

Je vous épargne le passage où notre Bro’ coréen fou de Dieu nous invite à aller boire un verre pour décompresser puis une fois rentré à la maison manifestement pompette, pollue ma messagerie de déclarations d’amour enflammées.

Ma vie reprend son cours, je refais mon baito à plein temps et me concentre sur la recherche d’un travail pour avril 2011. On est déjà à la fin de l’année 2010, la plupart des entreprises ont terminé le recrutement et il ne me reste que trois mois alors que les sélections sont relativement longues. En d’autres termes, c’est la merde.
Quelques jours plus tard je reçois un email de Yamada qui s’excuse une nouvelle fois et me demande si je suis sure de ne pas vouloir revenir. Je suis touchée, voire flattée qu’on insiste mais je continue de refuser.

Quelques semaines plus tard, je vais à un nouveau séminaire de rencontres entre étudiants et entreprises avec mon amie allemande que j’ai mentionné rapidement dans le billet du manuel de la drague. Et voila que parmi les stands je retrouve celui de PQFlex tenu par Yamada et son collègue. Au début gênée de les retrouver là, il m’accueille avec son plus chaleureux sourire et me demande des nouvelles. Il présente au passage l’entreprise à mon amie qui est très intéressée et le projet AISHITERU. Il me propose d’en dire plus, et bonne âme j’accepte de jouer les commerciales bénévoles pour expliquer le concept assez attractif sans mentionner la sombre existence d’un échappé de Twilight 4 (oui seulement le 4, car c’est le plus mauvais).

Il s’avère que l’équipe d’AISHITERU s’apprête à faire une petite fête à PQFlex pour la promotion de le l’application. Yamada m’invite lourdement à venir, que ce sera l’occasion pour mon amie allemande d’en savoir plus si elle veut postuler. Mon amie est très enthousiaste et me regarde avec des yeux de chat potté.
Le piège se referme contre moi, et je me sens obligée d’accepter.

Le jour de la dite fête, tout le monde vient me parler, me demander des nouvelles, des nanas que je n’ai jamais vues et à qui je n’ai jamais parlé viennent me dire à quel point je leur ai manquées et combien l’équipe d’AISHITERU est vide sans moi (c’est tellement sincère…). Certains Japonais téméraires me glissent au passage à l’oreille que c’était super classe de ma part de remettre Dracul-cul à sa place car eux non plus ne l’aiment pas trop.
Et là coup de théâtre… Dracul-cul en personne fend la foule et me présente devant tout le monde ses excuses. Qu’il a cédé à la pression, qu’il a dépassé les bornes.
Conciliante, j’accepte les excuses en ajoutant que j’ai eu moi même une attitude déplacée et emportée. Sincère ou pas, vu son caractère ça doit lui coûter des excuses en public !

Il s’excuse une nouvelle fois, et me demande si maintenant que le problème est réglé entre nous, on ne pourrait pas tout effacer et que je revienne travailler dans l’équipe. Fourbe, il me tend la main.
Dans ma tête ça va à 100 à l’heure.
Si je reviens, c’est un peu la foire au retournement de veste, tout ça pour peut-être continuer à devoir chercher l’amitié sur Facebook et répondre pendant 8h d’affilée à des questions qui tournent en rond. Si je ne reviens pas, je passe pour une tête de con à refuser la paix devant tout le monde… et surtout je suis assez mal engagée niveau visa, garder PQFlex sous le coude quelques temps pourrait être une sortie de secours si je ne trouve rien d’autre.
Cédant à ma trouille de ne pas trouver de travail pouvant sponsoriser un visa, j’accepte de revenir.
Et dès le lundi, me voila de nouveau dans les bureaux de PQFlex.

En quelques semaines, les choses ont pas mal changé niveau organisation. Il semble évident que j’ai foutu un sacré coup de pied dans le château de cartes de Dracul-cul qui ne supervise plus que de loin le projet.
Maintenant quasiment tout passe par Yamada qui propose un meeting hebdomadaire.
Chaque semaine ils font un ranking des stagiaires en nous remettant des prix pour celui qui a proposé les meilleures idées, celui qui met en ligne les topics les plus intéressants sur l’application etc. Bref, c’est un peu devenu l’école des fans.
Ainsi je gagne un stylo et un carnet PQFlex avec le logo en petit cœur dessus. C’est con mais je les garde toujours précieusement même trois ans après.
Dans les faits, le groupe n’est toujours pas uni (mais le fou de Dieu y croit plus que jamais, nous sommes tous ses Bro devant l’Eternel).
La Salsicha qui avait passé des semaines à cirer les pompes de Dracul-cul pour être vu à la bonne se retrouve sous Yamada comme un tourne-casaque, ayant perdu tous ses avantages. Et comme pour une raison des plus obscures Yamada semble m’apprécier et écouter mon avis, l’Allemagne se met à vouloir copiner avec la France après des mois d’ignorance totale.

saucisse

Il me parle énormément et même si je le trouve un peu hypocrite sur certains points, mon empathie sans fond fait que je m’attendris un peu sur son cas et le prend en sympathie.
En fait cette pauvre Salsicha n’est pas étudiant ou quoi, il est venu en visa touriste avec l’espoir immense de réussir à trouver un travail et choper un visa pour rester au Japon. Déjà que c’est galère de trouver en visa étudiant ou working holidays, mais alors en visa touriste !
Comme il est interdit de travailler avec un visa touriste, cela fait presque trois mois qu’il travaille bénévolement à temps plein à PQFlex pour des clopinettes et vit de ses économies.
Plus que ça, il offre même ses midis et parfois ses soirées pour faire des classes d’anglais à titre gratuit afin de former les employés incapables d’orthographier correctement « Hello » (Halo…).
Autant dire qu’il se fait exploiter jusqu’à l’os pour pas un rond et qu’en plus il en redemande.

Il a commencé les démarches pour se faire définitivement embaucher depuis déjà bientôt deux mois et passé trois entretiens avec Yamada et d’autres Japonais des ressources humaines. Tous le disent compétents  donc oui pourquoi pas, mais rien n’avance.
Le fait est qu’ils semblent ne pas savoir comment ça se passe pour les demandes de visa, le font patienter à coup de « on va se renseigner pour les démarches » mais ne font strictement rien.
Le visa touriste de la Salsicha arrive à expiration et personne ne semble s’en soucier. Dracul-cul a appuyé sa demande et fait des pieds et des mains pour que ça bouge, mais les RH restent incroyablement peu pressées.
Ce que j’entends ne me rassure pas, une deuxième stagiaire ayant fait la demande aussi semble se faire mener en bateau n’obtenant aucune réponse concrète non plus.
Mais nous sommes déjà en décembre, mon propre visa expire bientôt aussi donc qui ne tente rien n’a rien, je fais ma demande aussi. On me propose un premier entretien après les fêtes de fin d’années.
De son côté, le visa de la Salsicha expire dans l’indifférence générale et il rentre en Allemagne officiellement « pour les Fêtes », officieusement parce qu’il n’a plus le choix.

Cette histoire me turlupine.
A la rentrée, incroyable mais vrai, l’infatigable Salsicha a repris un billet d’avion et est revenu une nouvelle fois en visa touriste. Sauf qu’il n’a plus d’argent et ne peut se permettre de retravailler 3 mois à titre gratuit.
Au bout d’un mois, la situation n’a pas bougé, on ne lui dit toujours pas ni oui ni non… écœuré et l’impression d’avoir été roulé dans la farine pendant quatre mois, il quitte le stage et rentre définitivement en Allemagne, plein de rancœur.
Non seulement je suis dégoûtée pour lui, mais en plus ma foi en cette grande entreprise déjà pas bien forte s’effrite complètement. S’ils ne comptaient pas l’engager, ils auraient au moins pu respecter sa situation et dire clairement non plutôt que de continuer à faire miroiter un oui.
Il est évident qu’ils se sont foutus de sa gueule et faisaient traîner en longueur pour continuer à le faire travailler gratuitement. Même chose pour l’autre stagiaire qu’on faisait attendre et qui a finit par trouver un autre emploi ailleurs et laisser tomber.
Dans la course au CDI, il ne reste plus que moi. Lucy Liu a trouvé ailleurs mais reste jusqu’à la fin de l’année scolaire pour se faire des sous, le fou de Dieu et compagnie ont encore de la marge avant la fin de leur visa et n’ont encore rien entrepris.

Mon cas semble se passer autrement. Même si l’histoire de la paperasse pour le visa ne pointe jamais le bout de son nez, les entretiens se passent bien, on aborde le salaire (pas mauvais), les clauses du contrat tout ça. Et puis surtout, on décide d’arrêter de me faire travailler avec la team d’AISHITERU. On me demande de poster encore quelques traductions de ci de là pour le contenu francophone, mais on me change de service pour me mettre aux PR, relations publiques, dirigé par Tochigi, un Japonais de la cinquantaine éternellement angoissé mais bien sympathique.
On me dit que si mon intégration dans le service se passe bien, alors je serai officiellement embauchée. On me donne mon propre ordinateur, on me créé ma carte de visite où il n’est pas écrit stagiaire mais le nom du service, on me créé mon adresse professionnelle PQFlex, mon compte sur le serveur etc…
Je positive en me disant que j’ai l’air un peu mieux partie dans mes démarches pour rester que la pauvre Salsicha.

Mais même si Tochigi est adorable, encore une fois mon enthousiasme est de courte de durée. Il m’explique en résumé que son service a pour mission de gérer les relations avec les medias etc. et faire en sorte qu’on parle de nous dans la presse.
Il m’annonce donc que j’aurai la même mission pour AISHITERU et que mon travail consiste à faire en sorte que les médias étrangers parlent de l’application pour la faire connaitre aux utilisateurs.
Il me demande donc de chercher les coordonnées de grands quotidiens étrangers genre Le Monde ayant des bureaux sur Tokyo, de leur téléphoner et leur expliquer le projet pour leur demander un entretien et un article sur le sujet.
Je veux bien mais je ne suis pas tout à fait convaincue que le New York Times et compagnie s’emballent pour une application inachevée et sans design avec 10 pauvres utilisateurs/stagiaires qui spamment les topics en rond depuis 4 mois. Que l’application soit au moins terminée me parait un minimum pour demander à de grands journaux d’en parler…
Tochigi lui même n’est pas convaincu mais bon, qui ne tente rien n’a rien et il a bien raison. Pendant plusieurs jours j’appelle donc des dizaines et dizaines de journaux du monde entier. Les trois quarts m’envoient balader joliment, quelques gentils sont plus diplomates en me proposent d’envoyer une présentation détaillée par email.
Je créé un dossier complet sur le concept et son système et l’envoie aux quelques adresses mail que j’ai pu obtenir. Aucune réponse.
Me voila désœuvrée, j’ai fais absolument tout le répertoire de l’annuaire qu’il m’a donné.  Plutôt que de ne contacter que des journaux célèbres comme demandé, je prends quelques libertés en me disant que je pourrais peut-être créer un petit buzz en contactant des webzines étrangers actifs et aux nombreux visiteurs. Je vous laisser imaginer mes tâtonnements pour trouver la page « Contacts » des webzines suédois et norvégiens…  Je reçois quelques réponses positives et certains webzines acceptent d’écrire un billet sur l’application. Toujours une petite victoire de canard dans ce monde de brute mais pas de quoi sauter au plafond. Et me voila de nouveau désœuvrée.

Et Tochigi lui-même est désemparé car il ne sait pas trop quoi me donner comme mission ensuite. Il regarde la longue liste des journaux et magazine que j’ai contacté et me demande pourquoi je n’ai contacté aucun journal chinois.
L’application étant disponible uniquement sur Facebook qui est officiellement interdit en Chine, je m’étais dit que ce n’était pas forcément une bonne idée de leur proposer un service sur un support rendu inaccessible par le gouvernement…  Donc quitte à leur proposer un jour, il valait mieux attendre que l’application soit indépendante.
Mais Tochigi s’entête, il a une connaissance qui travaille pour un grand quotidien chinois, il est persuadé de nous obtenir un rendez-vous.
Je ne suis pas convaincue mais qu’à cela ne tienne, j’appelle son contact chinois avec qui j’obtiens le rendez vous.

Je m’y rend  avec Tochigi, et avais préparé une présentation power point des plus soignées pour l’occasion, avec des captures d’écran et des exemples de topics fournis qui mettaient bien en valeur l’application.

Je fais ma présentation, première réaction du journaliste : « Oh c’est très intéressant je suis sûr que les Chinois aimeraient beaucoup. Mais c’est Facebook, c’est un peu délicat…. »
Ben tiens.
Et voila pas que mon éternel angoissé de Tochigi panique et sort son ordinateur et son wifi portable pour montrer l’application en live afin de démontrer que nous avons déjà des utilisateurs chinois.
Grave erreur que je me dis, dernièrement personne ne participe assidûment et l’application compte comme utilisateur chinois que Lucy Liu qui est une de nos internes…

Evidemment le journaliste le remarque rapidement, il demande alors à voir tous les posts en chinois… Et là bien entendu, toujours la même utilisatrice. HA HA HA.

Tochigi devient rouge et ventile, « Si si on a eu d’autres utilisateurs ! Attendez ! ».
La situation est de plus en plus pathétique.  L’application aurait vraiment du succès auprès des Chinois, pas besoin de chercher des mois d’archives pour en trouver un… Surtout que pendant la recherche désespérée d’un deuxième utilisateur chinois, il était flagrant que les utilisateurs étaient toujours les mêmes, dont moi. Le journaliste fronce les sourcils, Tochigi s’enfonce, « oui ce sont nos stagiaires qui… ».
Ben oui, vas y, dis le que 90% des participants sont des gens payés pour…
Bref.

Alors qu’il avait trouvé le projet sympa au début, le journaliste finit par perdre complètement l’intérêt.
Son verdict : les Chinois en Chine n’utilisent pas facebook en général car c’est interdit, les Chinois vivant au Japon parlent tous couramment japonais et n’ont pas besoin d’un service qui propose de poser des questions aux Japonais via un système de traduction.

Journaliste 1 – PQFlex 0

Tochigi reçoit un appel important et doit sortir de la salle où je me retrouve seule avec le journaliste qui en profite pour me mettre dans la confidence : PQFlex a sorti une version de son site initial de Q&A en Chine qui est un véritable fiasco. Et n’ayant que peu de soutien de la part de l’entreprise, voire même des baisses de salaire, quasiment tous les employés de PQFlex qui étaient sur ce projet ont démissionné.
Ce qui me rappelle amèrement l’expérience AISHITERU qui patauge, ne reçoit  que peu soutien des supérieurs pour amélioration et reste un projet inachevé qui amuse depuis des mois des stagiaires désespérés. Alors que leurs services japonais marchent plutôt bien eux…  Ca en dit aussi long sur leur politique d’entreprise vis à vis des projets internationaux. Ils veulent créer des services à l’étrangers pour se globaliser et être dans le vent, pour être « in » mais sont en fait complètement incapables, ne savent pas gérer un personnel étranger et n’investissent que dans des stagiaires faux utilisateurs au lieu de développer leur réseau social qui reste inachevé.
S’ils savent mener leur barque au Japon, ils sont tétanisés face au marché étranger et n’ont aucune idée de comment s’y prendre.

Et ca fait peur. 

Je perds un peu de ma naïveté et le voile se lève légèrement sur l’obscur monde du travail. Derrière cette tour et ses services de sécurités, ces grands bureaux fourmillant de gens en costumes inspirant la productivité il y a… du vent. Du n’importe quoi. De l’incompétence. Et beaucoup de raccrochages aux branches.
Tochigi est adorable mais complètement perdu.
Je repense à l’expérience de la Salsicha et me demande si on va me faire le même plan.
Et qu’est-ce qui se passera s’ils abandonnent AISHITERU qui semble bien engagé sur la route de l’échec ?

Quelques temps plus tard vient Dracul-cul en mode drapeau blanc. Il me dit qu’il veut être mon ami (ben voyons). Il me dit qu’il est au courant de ma demande pour passer CDI et de me méfier. Que les RH ne savent pas ce qu’ils font et que les histoires de visa les rendent frileux, qu’ils ont fait le coup à la Salsicha, l’autre stagiaire et d’autres encore avant. Que s’il était moi et qu’il avait l’occasion d’aller voir ailleurs, alors il irait dans une autre entreprise car c’était une bande d’incapables et que leur projet d’aller à l’étranger allait droit dans le mur, qu’il en était lui-même conscient. Qu’il me le disait pour mon bien, qu’il avait été désagréable car il s’était investit très fort pendant deux ans sur ce projet qui est aussi le sujet de son mémoire et avait cédé a la pression. Mais qu’il ne nous voulait pas de mal et s’inquiétait pour nous. Donc que si mon visa expirait bientôt et que j’avais l’occasion d’aller ailleurs, je ferais mieux de laisser tomber PQFlex.

En toute honnêteté, même à ce moment là, j’ai pensé qu’il  était en partie sincère, mais aussi qu’il me le rappelait dans l’espoir que je m’en aille.
Consciente qu’il ait tenté un petit lavage de cerveau discret, il a quand même mis le doigt sur tout ce qui me faisait peur aussi.
Il s’était encore écoulé un mois et demi, je n’avais plus que six semaines avant la fin de mon visa et toujours pas de réponse officielle si oui ou non ils me gardaient.

Par un miracle (ou un vilain tour du destin) il s’avère que j’ai eu une opportunité inespérée ailleurs un mois avant la fin de mon visa et PQFlex ne m’avait toujours pas donné la réponse officielle ni entamé les démarches pour le visa.
Le salaire proposé était bien plus bas, les conditions moins bonnes mais c’était dans le domaine que je voulais et ils étaient prêts à me prendre et faire ma paperasse pour le visa travail tout de suite.
Alors j’ai dit oui.

J’ai annoncé à mon pauvre Yamada lors d’un nouvel entretien privé que mon choix s’était finalement posé sur une autre entreprise et je pense sincèrement que je l’ai déçu. Manifestement on arrivait dans la phase finale de mon intégration définitive dans la boite.
D’un autre cote, on était déjà en mars, j’avais commencé les démarches mi-décembre et mon visa expirait le 3 avril, j’étais bien obligée de prendre une décision.
J’aimais bien Yamada alors je me suis sentie coupable, limite malhonnête, mais d’un autre côté je ne croyais plus en ce projet, qui aurait pourtant pu être très intéressant développé et managé autrement.
Il m’a étrangement demandé si j’avais eu une conversation récente avec Dracul-cul qui m’aurait découragée. Je me suis dit que j’avais déjà bien assez semé la zizanie comme ça et répondu que non et qu’il s’était montré très correct depuis mon retour.

Avant mon départ définitif, Tochigi a obtenu pour le webzine musical de PQFlex une interview avec Penicillin. Comme il savait que j’aimais le visual kei, il m’a emmenée avec lui pour que je puisse les rencontrer et baver devant Hakuei en live. Une journée inoubliable et une attention cadeau que je n’ai jamais oublié.
A PQFlex, l’entreprise mettait à disposition un grand tableau avec des cartes « AISHITERU » ornées d’un petit coeur. Sur les cartes, les employés y écrivaient un mot de reconnaissance destiné à un autre employé pour un service rendu ou autres. Je ne l’avais jamais fait avant mais mon dernier geste avant de passer une dernière fois la porte de cette entreprise a été d’écrire une carte AISHITERU pour Tochigi et la planter au beau milieu du tableau en remerciement.

Trois ans plus tard AISHITERU existe toujours, mais plus sous facebook. Le design et les fonctions ont été redéveloppés mais elle n’a toujours aucun succès. Les posteurs sont invariablement les mêmes utilisateurs et il m’est évident que ce sont les stagiaires actuels.
Les entretiens Koh Lanta à coup de caméras et de journalistes pour recruter leurs stagiaires sont aussi bien loin, ils prennent maintenant n’importe qui et le turn-over de stagiaires est impressionnant. J’en veux pour preuve, ils ont pris un dindonneau au QI négatif que je leur ai présenté l’été dernier sans même avoir demandé  son cv.
Le dit Dindonneau m’avait d’ailleurs avoué que le Président, face à son échec, pensait revoir le principe même de AISHITERU pour en faire une plateforme non pas de Q&A mondial, mais un forum oà les contributeurs posteraient pour dire AISHITERU à quelqu’un… Concept qui aussi noblement bisounours soit-il me semble voué lui aussi à l’échec et m’avait provoqué un fou rire nerveux.
Les gens ont déjà bien du mal à se dire je t’aime, je doute qu’ils utilisent un site japonais inconnu pour ça.
Depuis je ne sais pas trop ce que devient le projet, mais quand par curiosité je vais voir, il semble rester au statut quo et dans ces moments-là je me dis que j’ai bien fait de partir. Même s’il m’est arrivé dans mon entreprise suivante de me dire que j’aurais du mettre un peu d’eau dans mon vin et rester… Mais ce sont d’autres aventures pour un autre billet.
J’ai gardé contact avec Yamada, Tochigi, Etienne, Machu Pichu et quelques autres via Facebook.
Enfin, d’après témoignages il semblerait que notre pauvre Dracul-cul n’ait quasiment plus jamais été en contact avec les groupes de stagiaires suite à notre célèbre altercation.

Je remercie tous les braves qui ont lu ce long billet en entier sur ces six mois presque mouvementés de stage au Japon.
Positivons, au moins on ne m’a jamais demandé de faire des photocopies.

 

37 thoughts on “Vis ma vie : stagiaire au Japon

  1. Claire

    Oui ces photos existent XDDD (et pis encore sur mon disque dur)

    c’est vrai que le principe était pas mal je l’avais utilisée quelques fois mais après j’avais complètement zappé. Faut dire que même si c’est pas mal c’est pas le truc que tu vas utiliser quotidiennement pendant longtemps, je sais pas si c’est parce que c’est moche ou quoi mais tu te réveilles pas régulièrement en pensant à pauser une question à l’international XD mais en plus j’y ai repensé récemment et j’ai même cherché sur facebook si elle y était pas encore.

    et Sonia : as tu dessiné cette saucisse ? XD

    Reply
  2. Claire

    (j’y crois pas qu’il ai été foutre mon nom entier automatiquement le fourbe de site !)

    Reply
  3. Alexiel

    Aaaah ! Je me souviens de ton stage et de cette application moche ! Mon oeil de graphiste a eu mal.
    J’avais même fait partie de ces pauvres âmes qui ont bien voulu participer un peu pour t’aider (ça a pas été plus loin que 3 ou 4 questions pour ma part)

    Je suis bien contente d’avoir enfin lu le récit de ton stage mouvementé.

    Ça a pas dû être facile tout ce stress concernant ton visa et la période où Dracul-cul vous envoyait chier. J’aurai trop eu envie de pleurer si on m’envoyait chier durant une présentation où j’y aurai mis du mien comme tu l’a fait.

    Je sais pas si j’aurai eu le courage comme toi de dire ses quatre vérités à l’autre Roumain quand tu as démissionné la première fois. Je suis du genre à fermer ma gueule, mais je pense que ça a été libérateur pour toi, même si tu as pleuré. Mais t’inquiète moi aussi quand je me m’énerve il m’arrive souvent de pleurer de colère, ça m’est déjà arrivé à la poste quand je me suis engueulée avec un con dans la file d’attente. ^^ »

    En tout cas Tochigi a été super sympa pour l’invitation pour voir Penicillin ! Chanceuse ! >_<

    Et sinon j'ai bien l'impression que de manière les sociétés japonaises ont du mal à se développer à l'étranger et à s'adresser à un public international (le côté insulaire des japonais surement).
    On le voit également au niveau de la j-music, en France et de manière générale en occident les japonais sont frileux d'exporter leurs groupes (alors qu'il y a de la demande chez nous), on préfère bien souvent nous envoyer des groupes visu inconnu (en fin de carrière ou qui vient de se lancer)

    Reply
  4. Alexiel

    de manière générale*
    (j’avais oublié un mot dans mon dernier paragraphe en plus des multiples fautes parce que j’écris vite sans me relire)

    Reply
  5. Zillya

    J’ai tout lu \o/ (oui je m’auto félicite car habituellement je ne lis pas de si long textes sur mon ordi, ça me tue les yeux, mais prise dans ton aventure, j’en ai même laissé refroidir mon café !!)

    Bref, ton périple comme stagiaire n’est pas très encourageant pour ceux qui cherchent un travail au Japon. Tu parles de cette entreprise au début comme d’une grosse structure mais quand on voit ce qui s’y passe, tout à coup, elle perd toute crédibilité !!

    Dans un autre registre, je suis bluffé par ton talent d’écriture. Tu sais remarquablement bien tenir ton auditoire en haleine, c’est un plaisir que de te lire. Je l’ai déjà dis sur un autre commentaire mais tu devrais faire de tes aventures au Japon un scénario pour un film ou une série. Ou un roman. Amélie Nothomb peut aller se rhabiller. XD

    Reply
  6. Tam

    Et bien ! Quelle maaagnifique expérience !
    J’imagine la frustration de se sentir exploitée à rien faire (?) et de voir l’expiration de ton visa se rapprocher à toute vitesse…

    L’expérience suivante n’a pas l’air de tout repos non plus… mais au moins tu n’avais plus le soucis du visa (si ?)

    Reply
  7. Zillya

    Aaah zut j’ai oublié, j’ai une question : ou as-tu acheté ce fameux pyjama Cheshire cat ??????? *o*

    Reply
  8. Sibylle

    Punaise en regardant l’heure je crois bien que j’ai passé plus d’1 heure sur ton article XD (oui je fais des pauses réflexions :p)
    Tu as du mettre 3h pour l’écrire! lol Mais je n’ai pas vu le temps passé, merci à toi : )

    Preuve que moi en tout cas j’aime tes articles racontage de vie et que j’attend ton article sur ton boulot suivant avec impatience (depuis l’été dernier hein, je me découvre patiente :D)

    Sinon ce doit être dans l’air parce que j’imagine que tu ne regardes pas les redif’ sur gulli, mais après des années d’oublie de Sully et ton tomahawk/hachette je suis en pleine intégrale de Docteur Quinn (qui est en passe de rentrée dans mon top 3 héroïne avec Bunny et Buffy, même si la coquine ne respecte pas la règle des B!)
    Donc voilou ça m’a fait sourire que tu la cites 🙂

    J’ai aussi beaucoup ris pendant cet article et j’ai même failli tombé de mon lit avec le coup de la dissert! C’t ouf de Draculito o.O (que j’ai cru sincère quand il parlait de ton visa, la vipère!)
    Tu tombes quand même souvent sur des bonnes brochettes de crégnos..
    Du coup je me remet en question: Sonia attire les fous du cervelet, j’adore le blog de Sonia alors….. O.o
    (bouh la vilaine XD)

    Reply
  9. Danie

    Je ne savais pas que ça avait été autant le bordel. Ah sonia, ta vie est pire qu’un drama parfois !

    Mais je me rappelle de cette apli et d’avoir essayé de participer à un moment avant de tourner en rond et d’abandonner =)

    Reply
  10. Gaelle

    Eh beh que d’aventures!
    Le parcours du combattant ce stage!!

    Tu as été très forte de ne pas sombrer dans la folie XD
    Pire que la maison qui rend fou : Le projet Love qui rend fou!

    Reply
  11. miyabi

    La suite! La suite!

    Pour promouvoir l’application il suffisait de pondre un tel article sur ton blog, maintenant on a tous envie d’aller y faire un tour!

    Je pourrais te lire infiniment! <3

    Reply
  12. Joranne

    Whouaou…

    Je crois que cet article est le plus WTF de tous ceux de ton blog (oui, oui, j’ai tout lu).
    C’est juste hallucinant ! Ce qui m’a le plus achevé c’est le « cas » de l’allemand.

    J’ai adoré ! La suite ! La site !

    Reply
  13. Amandine

    J’ai beaucoup ri mais cela m’a conforté mon opinion des stages au Japon. Plusieurs potes en ont fait et c’est encore plus l’arnaque au Japon car c’est un statut vraiment batard. Après tu peux avoir parfois de la chance…

    Reply
  14. Maud

    Je ne le dirais jamais assez mais je suis amoureuse de ton style d’écriture et de ton humour !

    Tiens, il me semble me souvenir de cette application ! Mais vraiment, c’est floue !

    (Oh l’image d’Edward Cullen, hahaha !)

    Rha, c’est dingue mais c’est digne d’un livre ou d’un film et je te dis bravo pour ton altercation et ta sortie de Princesse-qui-claque-les-portes parce que c’est vraiment classe de savoir dire stop et de démontrer que c’est nous qui avons raison !

    Reply
  15. Jeannot le Lapin

    je ne me suis mis que recemment a ton blog , mais c’est … pas mal … tu t’exprimes bien en francais et en plus tu parles japonais … ca fait bizarre quand tant de gens en france on deja du mal a parler francais … tes aventures sont faites des petits trucs qui apprennent la vie … j’aime … STP continue …

    PS : tu es une fille avec de l’humour , c’est quand meme super rare … en plus tu as tendance a inspirer la sympathie … super super rare …

    Reply
  16. Mimi

    Super l’article de presse et les médias…sans vous les avoir préalablement notifiés.:D

    Reply
  17. Otak

    Si j’en ai le courage, je pense que je ferais un énorme post plus tard, mais la il est tard, et je suis trop atterre par ce que je viens de lire.

    Je voulais dire que j’ai suivis des études en commerce et management, je n’en pouvais plus de lire autant d’incompétence et de manque de respect, j’ai plusieurs fois réellement pété un câble dans caboche, parce que la ou j’ai moi même travaillé, ça n’arriverais jamais (spéciale dédicace avec la présentation qui a continué sans le chef de proj ! WTF ?!)

    Pour le passage ou vous ne savez pas ce qui vous est arrivé pour vous rebeller contre lui, c’est très simple, c’était un magnifique burnout totalement légitimé par le manque de respect dont faisais preuve ce « supérieur » qui ne savais lui même pas ou il allait et comptait sur le fait que les autres fassent ce sale boulot à sa place.

    Le passage avec la journaliste me laisse également rêveur… Quand on va présenté des projets a l’étranger (ou ailleurs) on s’assure bien d’avoir tout les éléments en main pour pas se faire piéger dés la première question (ce qui est arrivé immédiatement).

    J’imagine que la boite et très diversifié, sinon je ne sais pas par quel sorte de miracle elle n’a pas encore coulé !

    Vous avez vécu un vrais stage de l’enfer, je ne vous souhaite sincèrement plus jamais ça et espère que votre travail actuel est bien plus valorisant et épanouissant 🙂

    Reply
  18. Gadz

    Hello ! (ou Halo a priori…)
    Je m’insurge tout d’abord, je fais partie de ces étrangers qui sont arrivés sur ton site par hasard il y a peu, et franchement, j’aime tous tes posts, même ceux sur tes racontages de vie. Notamment parce que tu racontes vraiment, vraiment bien, mais de plus, une vie telle que la tienne (au Japon toussa toussa) ce n’est pas banal !
    J’admire ton courage et ta persévérance, et je dois avouer que tu es un peu mon idole franco-nippone (sisi !).

    J’attends avec plaisir tes nouvelles histoires,
    A bientôt !

    Gaëlle.

    Reply
  19. cracotte

    Alors moi je suis temoin, elle a bien en sa possession un pyjama à rayures roses ^^ et des photos de rodeos 😀
    Ton application, en bonne soeur que je suis, je lavais testée aussi. Quelqu’un avait demandé quel était notre groupe de rock préféré, javais répondu scorpions, personne ne connaissait et tu faisais toutes les traductions. 😀
    Pour ce qui est de l’article à venir sur le job qui t’a offert ton visa, non non, j’en connais les grandes lignes et j’ai déjà peur a l’idée de ce que je vais y lire… l’expérience chez PQflex va nous paraître un rêve éveillé…

    Reply
  20. bobinette

    Par la sainte culotte de Nikos ( Aliagas ?), ma fille, j’avais oublié plein de passages dont je me suis rappelé en lisant ce récit, par contre si je t’ai déjà vu dans ce pyjama, je n’ai jamais vu la photo dont tu parles, coquine !!

    Reply
  21. Celinehu

    Quelle belle tranche de poilade ! J’ai passé un bon moment (bon est à double sens : good & long) à lire ton texte non seulement hilarant mais aussi bourré de détails intéressants et instructifs. J’espère que ton job actuel te donne davantage de satisfaction. Je suis preneuse de tes futurs récits épiques dans le monde du travail nippon.

    Reply
  22. Sibylle

    PS : tu es une fille avec de l’humour , c’est quand meme super rare … en plus tu as tendance a inspirer la sympathie … super super rare …

    Je n’arrive pas à savoir si c’est une blague? XD
    Ou la personne qui a écrit ça est très mal entourée? o.O

    Reply
  23. Sonyan Post author

    Claire >>> Ce qui est en fichier caché sur nos disques durs, doit rester sur nos disques durs…
    C’est vrai que ce n’est pas vraiment le genre de service que tu vas utiliser tous les jours, mais je pense qu’en sorte de forum divisé par thème, ça aurait été beaucoup plus intéressant. Pouvoir partager ses passions musiques, créations etc. avec des gens du monde entier et connaître de nouvelles techniques/infos etc, tout partager sans problème de langue aurait été super intéressant je pense. Quitte à abandonner l’idée du Q&A, un réseau social divisé en plusieurs communauté par thème aurait pu etre sympa.
    Avec des moyens et une conduite intelligente, ça aurait pu être sympa…
    Et non malheureusement, je n’ai pas dessiné cette saucisse. J’ai googlé jusqu’à trouver la Saucisse parfaite de la destinée pour la Salsicha ! Mais je pense de plus en plus à essayer d’illustrer moi-même le blog, d’où l’histoire de la tablette graphique sur FB.
    J’ai corrigé ton commentaire pour plus qu’on puisse voir ton nom de famille.

    Alexiel >>> Et oui, je me souviens que tu avais essayé ! Je ne sais si on peut parler de courage pour avoir envoyé chier l’autre abruti, je dois avouer que ça a été tellement soudain et spontanné que je n’ai pas vraiment réfléchi, ça a été une sorte d’explosion.
    Penicillin c’était vraiment sympa de m’avoir emmenée les interviewer avec lui car concrètement il n’avait pas vraiment besoin de moi. C’est un très bon souvenir.

    Zillya >>> J’avoue que j’ai abusé sur ce billet, il est vraiment immense ! Et encore, j’ai fini par couper des passages car je n’en voyais plus le bout !
    En effet ce stage n’est pas très encourageant et en toute honnêteté, la suite de mon parcours en 2011 est pire. Après il y a aussi des facteurs chances et timing, d’autres n’ont jamais galéré le tiers de moi.Je pense que les gens qui lisent mon blog peuvent être avertis mais il ne faut pas qu’ils se découragent, le Japon n’est pas toujours rose bonbon mais le parcours de chacun est différent.
    Et vraiment, merci pour tout ces compliments, ça me touche vraiment beaucoup !
    Le pyjama de cheshire je l’ai acheté au Don Quijotte, une chaîne de magasin style Foire Fouille où on trouve de tout et n’importe quoi. Ils font plein de pyjama de personnages différents pour 35 euros environ.

    Tam >>> Contre toute attente, ce stage était une expérience des plus glorieuses comparé à la suite… Du coup j’ai beaucoup relativisé ensuite, en me disant que PQFlex c’était cool finalement.
    Ca promet… *trailer*

    Sybille >>> TROIS HEURES ???? SI SEULEMENT !!!!! Ce post m’a pris entre 7 et 10h !!! Le temps d’écrire, surtout que des fois j’écris pendant mes pauses donc sur un clavier japonais ce qui promet une relecture où je dois remettre tous les accents un par un, les nombreuses relectures – qui laissent toujours passer des fautes quand même v_v – la mise en page, les liens, les photos… Non l’air de rien, un billet de ce genre delongueur me prend vraiment énormément de temps !
    En effet, tu es bien patiente ! Je pense – j’espère – que tu ne seras pas déçue, tu auras le dénouement cet été !
    Dracul-cul, sa dissert de contrition il pouvait se la carrer bien au fond du dracul-cul justement. Moi qui aime tant raconter ma vie sur des pages, c’est marrant de lui avoir explosé à la face pour un texte à écrire ! hé hé
    Sinon oui, j’attire les cas sociaux, n’hésite pas à tirer ton portrait psychologique à l’hôpital le plus proche…

    Danie >>> Tu vois je cache bien mon jeu des fois, sous mes statuts enjoués se cachaient un bordel sans nom ! Ha ha.

    Gaelle >>> Y’a beaucoup de stages galère en France, mais au Japon ce système n’est pas encore très développé, les offres sont rares et les abus sont monnaie courante si on ne fait pas attention.
    Sinon pour le fait de ne pas avoir sombré dans la folie, c’est juste que je l’étais déjà d’origine 🙂

    @shootjapan >>> Tu es bien courageux !! J’espère que tu as fait de beaux rêves de Roumains despotiques.

    miyabi >>> J’avoue, du coup après j’ai eu pas mal de questions pour savoir c’était quelle entreprise etc. Ha ha ha !
    Et ceux qui l’avaient testé pour moi à l’époque sont retourné dessus faire un tour… xD

    Joranne >>> Pourtant du WTF y’en a quand même du veux tu en voilà sur ce blog ! Et en effet en y repensant le cas de la Salsicha est vraiment effarant, il a été abusé de façon splendide, du grand niveau…
    Merci beaucoup !

    Amandine >>> C’est comme pour tout, s’il y a du très mauvais, il peut y avoir aussi des coups de chances avec de belles aventures qui apportent réellement un plus.
    Mais le statut de stagiaire au Japon est encore un peu abstrait, bien souvent ça se résume à de la main d’oeuvre étudiante gratuite bouche-trou. Encore j’ai eu de la chance, car là c’était payé presque aussi bien qu’un baito (800 yens de l’heure), toutes les autres personnes que je connais qui ont fait un stage le faisaient gratuitement.

    Maud >>> Tu peux me le dire autant que tu veux, je ne m’en lasse pas ! hé hé
    Le monde du travail au Japon (et même surement ailleurs mais je connais principalement le japonais) est une source inépuisable d’indignation et de récits abracadabran.
    Non vraiment, j’ai pas fini d’écrire sur le sujet !

    Jeannot le Lapin >>> Bienvenue à toi! Pour le français, écrire ce blog est aussi une façon de l’entretenir. A toujours être à l’étranger, je perds de plus en plus et multiplie les fautes d’inattentions, même si ce n’est pas parfait, ici je me force à garder un niveau de langue acceptable.
    En tous cas merci beaucoup, je compte bien continuer à écrire !
    Par contre… des filles qui ont de l’humour, y’en a plein quand même ! Je lis beaucoup de blogs féminin à mourir de rire 🙂

    Mimi >>> C’est dans la lignée de la conduite générale du truc… ha ha

    Otak >>> A vrai dire, que ce soit cette expérience ou les suivantes, j’ai tellement peu vu de boite productives et constructives que je commençais à me demander si le monde du travail n’était pas qu’un vaste mythe nébuleux cachés sous quelques mots en « ing » pour faire intelligent.
    Tu me rassures en me disant que chez toi ce n’est pas le cas, ouf !
    Honnêtement je n’ai pas la science infuse, j’ai fais un cursus à 95% littéraire et linguistique, mes connaissances en management ou stratégie marketing sont composées à 10% de connaissances et 90% d’intuition. Et même une noob du business comme moi aurait pu éviter ce fiasco avec le journaliste chinois, alors que c’était eux qui étaient censés me former, ça fait un peu peur quand même.
    Sinon oui la boite est très diversifiée et propose une dizaine de services internet dont quelques uns leader dans leur branche… sinon elle aurait coulé depuis longtemps, en effet.
    Merci beaucoup pour ce commentaire !

    Gadz >>> En fait je me suis juste basée sur les statistiques de partages et de réactions sur les réseaux sociaux pour dire que la tendance allait sur les articles à la con, mais je suis heureuse qu’on me prouve le contraire 😀
    Merci beaucoup pour ce beau commentaire, il me fait vraiment plaisir aussi !

    cracotte >>> Ouii, je me souviens de ta question sur le rock ! Je m’en souviens d’autant plus que quelqu’un dans l’équipe avait passé ta question au traducteur automatique et « rock band » était devenu « la bande de la pierre » ce qui m’avait fait pleurer de rire… Que de souvenir !
    Le seul qui t’avait répondu (pour dire qu’il connaissait pas) était justement Tochigi, il était au taquet sur tout ce qui parlait musique rock, pour ça qu’il m’aimait bien je crois.

    Bobinette >>> Nikos Aliagas, le seul et l’unique grecque autobronzant chantant plus fort que les élèves de la Star Ac ! <3 Pour la photo... ne te sens pas obligée de chercher tu sais. Et si tu la trouves, n'oublie pas que je t'aime maman, le reste ne compte pas. Si si.

    Célinehu >>> Pinaise, si tu aimes ce qui est long, tu as été servie alors ! Parfois quand je publie une tartine pareille je me demande qui va lire ! Sans me focaliser uniquement là-dessus, les posts sur le monde du travail nippon divers et variés (j’ai fais beaucoup de jobs…) devraient être nombreux, vous serez servis !

    Sybille >>> Le mystère reste entier, ha ha

    Reply
  24. Alice

    Wahou, il existe vraiment des boulots à la con !
    Des pétages de câble comme ça, envers un soit-disant supérieur, moi ça m’arrive tout le temps.
    Mais toi tu sembles savoir le faire à bon escient…
    T’es vraiment la meilleure !
    Bises ma poulette

    Reply
  25. Rob

    Les histoires comme ça n’arrivent qu’aux autres, enfin c’est ce qu’on se dit toujours XD
    Comment fais-tu pour rester si zen face à ceux qui t’ont fait autant de crasses? Ils ne méritent vraiment pas ça. Un jour, ta gentillesse te perdra, haha.
    Je viens finir ton article… euh ton roman (il est un peu plus de 6h du mat >_<)

    Reply
  26. Sonyan Post author

    Alice >> Pour ce qui est des boulots à la con, je crois que le Japon peut candidater pour les championnats du monde, j’aurais pu faire pire comme porteuse de pancarte ou nettoyeuse d’escalier à la brosse à dent, comme j’en croise parfois…
    Sinon il m’arrive quand même encore trop souvent de continuer de me faire marcher sur les pieds.

    Rob >> Avant quand je lisais les histoires incroyables de gens a Japon, j’étais toujours sur le cul. Maintenant plus rien ne m’étonne, ha ha
    Et merci d’avoir lu jusqu’au bout, j’ai fais fort sur celui là !

    Reply
  27. Miyu S.

    Finalement, quand on fait un stage en France, on n’est pas trop mal traités.

    Merci pour cet article ! On sent toute ta rancoeur contre l’entreprise mais à aucun moment tu n’es injuste. Ca sonne complètement mature et juste (et désolée pour la rime pauvre).

    Je découvre seulement le blog et c’est un plaisir de te lire. J’ai lu plus haut « Amélie Nothomb peut aller se rhabiller ». Je plussoie dix mille fois. N’arrête pas d’écrire surtout, aussi sadique que ça puisse paraître quand elles sont aussi dures, c’est génial de pouvoir lire tes aventures.

    Reply
  28. Zéphirah

    C’est dingue… j’ai l’impression de lire le scénario d’un film, un peu à la stupeur et tremblement… ça m’a vraiment fait halluciner, je ne sais pas comment tu as fais pour tenir dans une ambiance pareille… te faire traiter de cette façon, travailler pour rien ou ne pas avancer malgré tes efforts, bref l’impression d’être dans la quatrième dimension quoi ^^ Moi qui me plaint de certaines de mes expériences en France… ce n’était probablement rien à côté de ce que tu as vécu :/

    Bref, j’espère que ça ne se passe pas partout comme ça au Japon, car j’avais effectivement déjà lu qu’au Japon, on travail beaucoup (en heures) mais pour pas grand chose… pour peu de résultats, etc… j’avais trouvé ça horrible, moi qui aime faire les choses bien mais rapidement, ne pas passer ma vie au boulot à avoir l’impression de stagner…

    Enfin voilà, j’apprends beaucoup de choses grâce à ton blog, mais j’admets que parfois quand je te lis… ça me fait vraiment peeeeeur ! XD

    Reply
  29. Hazel

    J’ai TOUT lu ! (amaziing ).
    Et je dois dire que c’est remarquable.
    Nous ne nous connaissons ni d’Eve ni d’Adam, je suis tombée par pur hasard sur ton site, et c’est l’éclate totale.

    Tu as une facilité d’écriture déconcertante et il est vraiment très agréable de te lire !
    Ton humour me fait aussi bien ricaner devant mon écran !

    Je te tire mon chapeau pour conter tes histoires aussi bien ! ( et pour avoir tenu aussi longtemps à PQflex! ahaha ).
    Ton sarcasme me rappelle Nothomb ( en espérant que tu ne sois pas de celles qui prendraient ça pour une insulte ! ).

    Je vais m’atteler à lire la suite petit à petit! Et suis très impressionnée rien qu’à l’idée de ton niveau de japonais !

    ( Je sais que ce message peut paraître étrange, mais ayant tenu moi même un blog pendant longtemps, je connais la joie que procure les lecteurs anonymes qui se manifestent !)

    =D

    Hazel

    Reply
  30. Sonyan Post author

    Miyu S >> Je pense qu’en France les stages où on te donne que des tâches de merde genre photocopies etc. ne sont malheureusement pas rare. Après comme c’est une pratique beaucoup plus répandue qu’au Japon et donc beaucoup plus régulé, je pense que des cas comme la Salsicha a la situation fumeuse qui termine à faire des allers retour en visa touriste, en travaillant gratuitement et sans savoir où il va n’arriverait peut-être pas.
    Et merci beaucoup pour ce beau commentaire.

    Zéphira >> En fait ça me fait « sourire » quand on me plaint pour cette expérience en stage, car la suivante était tellement cent fois PIRE, que du coup même si j’ai conscience que c’était n’importe quoi, je ne garde pas un mauvais souvenir traumatisé de ce stage…
    Et en effet, les Japonais ne comptent pas leurs heures mais question productivité c’est quand même loin d’être ça. Le monde du travail me rend un peu marteau ici, mais certains s’en accomode.
    J’ai conscience que je fais peur et ce n’est pas tellement mon but. Il faut juste ce dire que le Japon comme je l’ai vécu existe, mais qu’il existe aussi un Japon beaucoup plus agréable selon les expériences et situations de chacun.
    Pour ça qu’avant d’y aller, autant lire beaucoup d’avis pour se préparer, mais attendre d’être sur place pour se faire sa propre opinion 🙂

    Hazel >> Bravo à toi jeune demoiselle pour avoir tout lu ! Moi personnellement ça m’impressionne toujours tant c’est long.
    Je fais partie de ces gens qui, malgré certains romans ratés, adore la plume grinçante de Melle Nothomb, donc je le prends comme un très grand compliment, merci.
    Pour le niveau de japonais… je suis juste restée bien longtemps sur les bancs de l’école.
    Et merci beaucoup pour ce commentaire, effectivement quand on passe des heures sur un article, voir un petit commentaire met du baume au coeur.

    Reply
  31. Tifenn

    Je viens de découvrir ton blog par hasard, et j’adore suivre tes aventures !!

    Il m’a fallu 30min pour lire cet article quand même ! Je me demandais bien où était la fin.

    Le Japon me fascine mais vaut mieux rester en touriste si on ne veut pas être deçue j’ai l’impression…. (cafard, aucune vacances, exploitations…!!!)

    Je vais continuer à lire la suite des aventures et j’ai hâte de voir ce qui peut être encore pire que ça !

    Tifenn

    Reply
    1. Sonyan Post author

      Oui cet article est de loin le plus long de tous ! Je suis impressionnee a chaque fois que quelqu’un prend la peine d’aller au bout.
      Le Japon est absolument genial en vacances, donne d’excellent souvenir en working holidays ou en echange universitaire qui est de loin la methode la plus agreable pour partir !
      Quand on entre dans le monde du travail c’est plus delicat, ca depend vraiment de ce que tu fais, avec qui et dans quelles conditions…

      Reply
  32. M. Ouistiti

    Au risque de passer pour un sadique fini, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce billet.

    Non pas par rapport à vos mésaventures mais parce qu’il est remarquablement bien écrit.

    Amicalement

    Reply
    1. Sonyan Post author

      L’homme est ainsi, il se repait du malheur des autres ! Pis faut dire qu’un blog pour dire « tout va bien, rien a signaler ! » serait un peu plus fastidieux a lire sur 25 pages…

      Reply
  33. dudidou

    Haha, je crois être une utilisatrice de cette fameuse application. Doki Doki post box, l’application à pour but de poser une question et quelqu’un dans le monde entier y répondra, seul bémol elle est uniquement en japonais et pas mal de personne louche y squatte… tout ce remue ménage pour cette idée toute simple, eh bah dit donc ça rigole pas au Japon…

    Reply
    1. Sonyan Post author

      Je ne connais pas l’application Doki Doki post box, donc soit le concept a été repris, soit ils ont changé le nom… Mais le fait que c’est squatté par des gens louches n’a pas changé par contre, ha ha

      Reply

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.