Salut, TCA bien ?

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Avant que vous n’avanciez plus loin dans cette lecture, je me dois de vous prévenir : vous n’allez pas rire.

Je sais que beaucoup de mes lecteurs réguliers viennent ici pour se fendre la poire aux dépens de ces pauvres Japonais (sans cœur que vous êtes), mais ça m’arrive, parfois, d’écrire des trucs pas drôles.
Donc comme ça me tient à cœur de faire cet article et qu’il y a trop de vécu pour que ça puisse être réellement poilant, aujourd’hui on va peut-être pas se pisser dessus. Désolée pour les zygomatiques en berne. En plus, ce post sera long… Mais il est important pour moi donc je serai reconnaissante à tous ceux et celles qui pendront la peine de le lire jusqu’à la fin quand même.
Mais bon, c’est pas comme si vous aviez payé une place à 30 boules pour un spectacle de Florence Foresti, donc j’ai le droit de vous laisser sur votre faim de temps en temps.

Justement, la « faim », le thème d’aujourd’hui.
A dire vrai, ça fait déjà un an que je me tâte presque quotidiennement à l’écrire, ce foutu billet. Et si je le fais, est-ce que le je traite comme un dossier sur le Japon qui ne me concerne pas, est-ce que je le tourne en dérision sans rentrer dans les détails ou est-ce que je vous balance tout dans la gueule… ?
Au risque de le regretter et me terrer dans ma honte quelques mois après avoir balancé mon pavé dans la mare, j’ai opté pour la dernière option. Déjà parce que ce billet est important pour la compréhension de certains billets qui suivront.
Mais aussi parce qu’il semblerait que je commence à être lue par pas mal de gens immunisés au rose donc si ça pouvait servir à quelqu’un qui est concerné (et j’en connais déjà une bonne poignée qui l’est…), si je pouvais vous remuer dans vos culottes et dans vos crânes l’espace de cinq minutes, alors c’est l’occasion et je serais lâche de pas le faire.
Assumons qui nous sommes.

Je ne suis pas toujours aussi forte que mes expériences racontées jusqu’ici peuvent vous le faire croire.
Au Japon, j’ai résisté aux horaires de 80h par semaine, aux jobs de merde, aux différences de coutumes,  aux typhons, aux tremblements de terre, à la menace nucléaire et tout plein d’autres choses comme l’odeur des salarymen dans le train et les moustiques (ne sous-estimez jamais les moustiques nippons).

Mais au Japon,  j’ai aussi perdu une immense bataille.
Je suis devenue anorexique et boulimique vomitive.

Historique personnel

Ce serait un raccourci grotesque et erroné de dire que c’est  à cause de la vie au Japon que je suis devenue malade, même si à mon humble avis, ça y a largement contribué.
Mais je pense aussi que j’ai toujours été prédisposée aux TCA (troubles du comportement alimentaires). Du moins qu’avec mon parcours, ça me pendait un peu au pif.
Pour une raison dont je ne suis pas sûre de me souvenir (sur-nutrition ? traitement médical ? tendance familiale au surpoids ? les trois ?), j’ai été obèse dès l’âge de quatre ans. Sur les photos de classe de maternelle, la grosse dondon au double menton graisseux et doigts boudinés, c’était déjà moi. Et en plus, j’avais une coupe de merde : bouclés, court devant et long derrière la tête. La rockeuse de diamant de Catherine Lara version loose ultime.
Dommage que ma mère n’ait pas été visionnaire à propos des tags Facebook, elle aurait peut-être empêché les massacres capillaires de ma grand-mère chez sa coiffeuse préférée « La Gilette » (ça ne s’invente pas).

L’ijime étant une notion malheureusement universelle, il va de soi que j’ai eu une de ces enfances où on se fait régulièrement insulter, que mon deuxième prénom était la « grosse patate pourrie » et que depuis que les crevures de mon quartier m’avaient attachée à leur vélo pour me faire courir en gueulant « sue et maigris grosse vache ! », je prenais grand soin de rester chez moi le mercredi après-midi à faire des dessins de Sailor Moon plutôt que de tenter l’aventure d’aller jouer dehors. Ça se finissait toujours mal.
Rassurez-vous, je n’étais pas une enfant martyre pour autant, je faisais des caprices de chiasse de compétition au rayon Barbie comme tout le monde.
Pardon maman, cette cuisine de Barbie était vraiment indispensable à ma survie et me paraissait à l’époque plus importante que tes fins de mois.

A 9 ans, je suis envoyée dans le sud de la France dans un établissement appelé Les Oiseaux qui soigne les enfants obèses (et enfants à problèmes, ma voisine de dortoir était maigre comme un coucou mais s’était fait poignarder par sa mère…Joyeux.). J’en ressors quelques mois plus tard avec presque dix kilos de moins ce qui est énorme pour un enfant de moins de dix ans.

Je suis restée assez mince quelques années puis à l’adolescence… la nature a fait son travail et j’ai retrouvé mon cul, mes hanches et mon bide. A à peine 12 ans, je venais déjà de passer de longues années à faire des régimes, surveiller tout ce que je mangeais, monter sur la balance chaque semaine pour marquer dans un cahier mon poids et justifier chaque prise de poids même pour 200 pauvres grammes de merde en jurant que « non », je n’avais pas triché. Peu de monde devait se rendre compte de l’ampleur du truc, mais ça régissait vraiment toute ma vie d’enfant et je subissais de nombreuses pressions de personnes dans mon entourage très certainement bienveillantes mais franchement pas pédagogues ni compréhensives…
Alors après quelques années, j’ai commencé à en avoir ras-le-cul de la dictature du régime.
D’autant que j’étais trop jeune pour comprendre que ma prise de poids était aussi due à ma croissance, plutôt qu’à une reprise de graisse et chaque prise de poids inexpliquée me mettait au bout du rouleau.
Incapable de relativiser, je prenais cela comme un échec, et au bout de quelques années, j’ai fini par tout envoyer valser.

Foutez-moi la paix avec vos régimes à la con, j’en ai ras le cul. Mes copines ne se prenaient pas la tête, elles, pour s’enfiler une demi-baguette couverte de Nutella, flinguer les paquets de smarties à la chaîne devant Le Miel et les Abeilles et dépenser tout leur argent de poche en paquets de bonbons monstrueux. Pourquoi moi je me gênerais et culpabiliserais à chaque fois puisque de toute façon les chiffres enflent quand même ?
J’ai donc fait comprendre subtilement aux adultes entourant le suivi de mon alimentation qu’il était temps qu’ils aillent tous se faire foutre car j’en avais ras la minette.

Et comme je n’avais plus de balance, plus de compte à rendre sur des chiffres et que je pouvais enfin manger sans me poser de questions, eh bien c’est ce que j’ai fais : manger.
C’est venu petit à petit, de légèrement enrobée passant à un bon surpoids, pour à la fin du collège, être de nouveau obèse.
Avec tous les complexes et le mal-être qui vont avec.

Mais psychologiquement, il m’était impossible de refaire un régime ou de le tenir. Tout de suite je repensais aux cahiers tenus, à la pesée obligatoire hebdomadaire, à ce mot culpabilisant qui sous-entendait que j’avais peut-être pris deux morceaux de pain plutôt qu’un : « tricher ».
Même plus de quinze ans plus tard, ce mot me fout les nerfs.
Dès que je me remettais au régime, j’avais de nouveau l’impression d’être épiée, de devoir rendre des comptes.

J’ai continué à grossir bien gentiment, ayant une aversion pour le sport assez monumentale (ça me rappelait immanquablement les moqueries en EPS à l’école), de plus en plus complexée et m’enfermant dans des hobbies de plus en plus sédentaires : les livres, les films, la geekerie.

Je me suis passionnée un temps pour la danse, mais trop complexée, j’ai fini par arrêter. Impression d’être la risée de tout le monde. Après tout, qu’est-ce que foutrait cette grosse barrique d’huile pataude dans un groupe de danseurs souples et gracieux.
J’ai arrêté. De toute façon j’avais envie de mourir à chaque fois qu’on me regardait, peu pratique pour danser me direz-vous.

Je ne sais plus à quel âge j’ai passé le stade symbolique des 100 kilos mais je pense que ce devait être autour des 19-20 ans.
Et même si j’avais tendance à passer mon stress et mon mal-être en grignotant, je ne pense pas que j’étais malade. Je grignotais en continue dans la journée mais ce n’était pas des crises de boulimie.  Ou alors de la boulimie douce, juste de temps en temps quand j’étais déprimée mais bon, même gourmande, je ne pensais pas à la bouffe 24h/24, c’était inconscient.
Je pense qu’il est important de faire la petite différence entre la boulimie et l’obésité. Après je ne suis pas médecin, donc peut-être que des spécialistes ou d’autres personnes concernées qui tomberont sur ce billet ne seront pas d’accord avec moi.
Ce n’est que mon humble avis, l’auto-analyse de quelqu’un qui essaie de se comprendre, déterminer pourquoi on est  tombé si bas pour pouvoir essayer de se relever.
Je disais donc, à l’époque, je n’étais pas une vraie boulimique.
C’est assez honteux à dire, mais j’avais une mauvaise hygiène de vie, voilà tout. J’ai mis plusieurs années avant de me l’admettre et ne plus me chercher d’excuses mais c’était le cas. Certains sont malheureusement obèses à cause d’une maladie, mais pas moi. C’était juste de ma faute.
Je restais toujours à la maison à regarder un film ou dévorer un roman, et le reste du temps, j’étais posée devant mon ordi à faire des sites et des montages à la con. Le tout en descendant coca sur coca, grignotant du chocolat, me nourrissant de pâtes et pizzas à profusion parce que han la la, les légumes c’est pas bon.
Pauvre fille.

A 20 ans, les choses se sont compliquées puisque je suis tombée malade des intestins. Pendant deux ans j’ai enchaîné les crises, où la crise la plus violente j’ai perdu 15 kilos en moins de trois semaines.
Pour calmer les crises, on me foutait donc sous cortisone qui – chaque personne ayant déjà pris cette merde le saura – a pour propriété de faire gonfler comme un ballon. Je reprenais donc à chaque fois tout ce que j’avais perdu avec bonus en quelques semaines.
Après deux ans de yoyo entre les crises et la cortisone, je dépasse les 110 kilos.

J’ai 22 ans, je sors d’un traitement de plus de trois mois à forte de dose de cortisone, j’ai le visage boursouflé à s’y méprendre avec un ballon de foot… et c’est l’année de mon échange universitaire au Japon à Osaka.
Si j’étais déjà un gros caisson en France, autant vous dire qu’au Japon, j’étais juste hors norme. Ce qui avait le don de me complexer énormément, je ne vous le cache pas.
Impossible de trouver des vêtements où je rentrais ne serait-ce qu’un bras, très souvent à l’étroit sur les sièges, détonnant complètement sur les photos de groupes au milieu de mes grignettes de copines nippones.
J’ai vécu au cours de cette année-là un nombre assez considérable de mésaventures et d’humiliations dont je vous ai déjà plus ou moins parlé dans cet article donc je ne vais pas revenir là-dessus, sauf peut-être pour vous raconter un des événements qui a provoqué mes premiers comportements à risque.

Pendant les vacances scolaires de printemps, j’ai participé à une soirée spéciale dans un bar. J’ai passé une excellente soirée, à discuter avec plein de monde, boire, rigoler, faire connaissance avec des gens, échanger avec des Japonais.
Je suis rentrée au petit matin, et l’après-midi au réveil, encore toute enchantée de ma super soirée, je me connecte sur la communauté de ce bar pour suivre les conversations sur le sujet. Je vois qu’il existe un topic parlant de la soirée d’hier et espère y retrouver des gens avec qui j’avais discuté la veille.
Mais en haut du topic, une phrase assassine.
「昨日楽しかった!クソデカイ外人がいたんだけど!こんなデブすごいわ!」
« C’était cool hier ! Mais y’avait une étrangère énorme ! Incroyable une grosse pareille ! ».

De ce commentaire, s’ensuivait une conversation peu élogieuse sur ma morphologie. Le topic servait bien plus à se foutre de ma gueule qu’à parler de la soirée en question, tout le monde s’en donnant à cœur joie. Alors qu’on avait passé la soirée à me cirer les pompes à me dire que j’étais mignonne et jolie et que j’avais de la chance d’être Française…
Evidemment, comme j’étais absolument la seule étrangère de la soirée (la salle étant relativement petite), le doute n’était pas permis sur la cible des quolibets.
Autant vous dire que ma soirée cool et enchanteresse avait tout à coup un arrière-goût amèrement dégueulasse. C’était pas la première fois qu’on se foutait de ma gueule, j’ai donné pendant des années, mais je ne sais pas pourquoi, ce jour-là ça m’a fait plus mal que les autres fois. Peut-être parce que les commentaires étaient impitoyablement méchants et moqueurs alors qu’on m’avait encensée à la japonaise toute la soirée avec le sourire.
Ma réaction fut sans appel : je n’ai rien mangé en 8 jours sauf un yaourt. J’ai bu un peu d’eau mais c’est tout.
Au bout des huit jours, mes dents étaient jaunes, mes gencives flasques et avaient perdu de leur couleur, ma bouche pâteuse et blanchâtre. Je n’avais plus de force et ai passé presque toute la semaine à dormir.
Et puis quand j’ai vu les changements dans ma bouche, que je perdais mes cheveux et que la rentrée approchait, je me suis dit qu’il fallait que j’arrête ça et me remette de cette histoire minable. Je me suis donc remise à manger. Un peu.

Cette semaine chaotique de mon séjour à Osaka, personne ne le sait ou presque. Déjà parce que je savais que c’était bête de ma part, mais aussi parce qu’à l’époque, toute à mon amour démesuré, j’étais très soucieuse de l’image que je pouvais donner du Japon et n’avais pas envie d’aborder les expériences réellement négatives.
Bon depuis, j’en ai un peu rien à foutre et balance le très bon comme l’inacceptable. A l’époque je n’avais pas envie de parler des points négatifs de mon séjour car je n’y étais qu’un an et avais envie de ne garder que le meilleur.

Après ce chaotique épisode, la rentrée d’avril a eu lieu et me disant que c’était et l’occasion de me faire des amis et celle de perdre du poids, je me suis inscrite dans un club de sports de la fac. Et au Japon, les clubs sportifs universitaires ne rigolent pas du tout, c’est limite s’ils ne se préparent pas pour les jeux olympiques. Je me suis donc retrouvée, moi sédentaire confirmée depuis plus de vingt ans, avec dix heures de sport par jour avec des enragés.
Je détestais cela, j’étais la plus nulle et le capitaine devait me faire un programme spécial car j’étais la seule dondon du groupe et faisais office de véritable boulet, mais je suis restée jusqu’à la fin.
Ma « punition » pour être ce que j’étais.
Et je l’avoue aujourd’hui, jusqu’à la fin de l’année, je me suis nourris d’un seul et unique onigiri par jour, tous les jours où je n’avais rien de prévu avec des amis.
J’ai perdu 15 kilos entre avril et août 2007, où je suis rentrée en France.
Même si j’étais toujours bien au-dessus de 90 kilos, tout le monde trouvait cette transformation absolument géniale : le Japon m’avait affinée et embellie dites donc !
J’ai donc attribué à tout le monde mon sourire le plus hypocrite en disant que je m’étais mise au sport, ce qui m’avait fait fondre. Ce qui était en partie vrai, mais tout en passant sous silence que je carburais à 300-400 calories par jour maximum, les jours où je n’avais pas à sortir avec des amis.

En rentrant en France, j’ai complètement arrêté ce comportement. Je ne ressentais plus cette pression, ce besoin de maigrir à tout prix. Je n’étais pas belle et loin d’être « bonne », mais je ne me sentais plus inhumaine.
J’ai  repris ma vie d’avant… maison-université, sédentarisation et malbouffe. Accompagnée d’une énorme déprime sur de longs mois pour avoir retrouvé une vie morne et solitaire en France après un an de sorties et activités en tout genre au Japon.
En un an, j’ai repris 20 kilos.

Je l’ai extrêmement mal vécu et c’est pas peu dire. Mais tomber aussi bas (ou aussi haut en poids…) m’a mis la claque dont j’avais besoin. Pour la première fois de ma vie, j’ai admis que si j’étais comme ça, c’était essentiellement de ma faute. Je n’étais pas malade, et le fait d’avoir un corps sujet au surpoids ne faisait pas tout. Je n’avais pas une bonne hygiène de vie, je ne devais mon reflet dans le miroir qu’à moi-même.
C’est dur d’arrêter de se voiler la face, vous savez.
Mais se rendre compte et admettre honnêtement ses travers est le premier pas pour s’en sortir.

En plus je comptais retourner vivre au Japon en 2010 et dans ma tête, j’étais formelle : je ne retournerais pas au Japon obèse. Plus jamais je ne voulais vivre les différentes humiliations que j’avais vécues, (et, comme raconté dans le lien plus haut, venais de revivre quelques semaines plus tôt avec ma Japonaise francophile complètement conne et sa photo de merde).
Je faisais plus de 115 kilos et j’avais un an et demi devant moi pour changer.

J’ai pris la solution de facilité et très à la mode en 2008 : le régime Dukon.
Et j’ai perdu quasi la moitié de mon poids en 11 mois.
Bon, sans cracher dans la soupe, je n’oserais pas vraiment recommander ce régime avec du recul. Déjà parce que même en surveillant, j’ai fini avec de nombreuses carences, des étourdissements réguliers (qui cinq ans après sont toujours là), et à cause des protéines j’ai fais une crise d’acide urique sur la fin et n’ai pas pu marcher pendant plusieurs semaines.

Mais j’étais mince. Pour la première fois de ma vie, j’avais un petit cul mignon qui rentrait fastoche dans du 38. Et quand on plafonne à plus de 100 kilos depuis la fin de l’adolescence, c’est pas rien.
La consécration.
Après 25 ans de complexes, je me trouvais bonne. A moi les fringues sexy et les photos en duck face !

Contrairement à la plupart des gens qui ont fait ce régime, j’ai plutôt bien géré l’après. Je me suis stabilisée à un poids pendant plusieurs mois et suis partie au Japon début 2010 avec ce nouveau corps dans lequel je me sentais bien. Je ne ressentais pas le besoin de maigrir plus, je ne me sentais plus mal dans ma peau et avais tellement envie de me maintenir à ce poids de forme que je maintenais une alimentation variée et un minimum équilibrée.
Et vu que pour la première fois de ma vie je m’étais réellement prise en main, que j’avais réussi quelque chose d’énorme en perdant plus de 45 kilos en moins d’un an et changer complètement de physique, que je faisais enfin partie de la norme et faisais mon shopping comme tout le monde, je dois avouer que jamais je n’aurais pensé qu’on m’emmerde sur mon poids et ma silhouette par la suite.

Mais ça, c’était sous estimer les Japonais.

 Perte de contrôle

Lorsque je suis arrivée au Japon en janvier 2010, ça faisait déjà 5 mois que j’avais arrêté mon régime et stabilisé au même poids. Je ne souffrais pas tellement à ce moment-là des effets yoyo, ni de reprises de poids incontrôlables.

J’étais plutôt bien dans mes pompes, pensant que les mésaventures du moi obèse d’Osaka seraient loin derrière moi et que je n’aurais plus jamais à vivre d’humiliations liées à mon poids.
Mais j’avais tort.
Juste ce n’était plus du même acabit. A Osaka, on a été obligé d’arrêter un manège à cause de moi parce que mon format n’était pas conforme aux normes de sécurité et autres humiliations sans nom… mais je dois avouer qu’à part dans mon dos, comme lorsque j’ai découvert ce qu’on disait de moi sur Internet, on ne m’avait jamais fait de réflexion sur mon poids.
Les Japonais n’abordent pas franchement les problèmes visibles, ils les taisent. Donc un grand machin de 115kg, c’était trop hors normes pour se permettre de faire une quelconque réflexion. On n’aurait jamais osé.
On préférait donc plutôt me passer de la pommade à me conter combien j’étais mignonne et charmante, même si on en pensait peut-être pas moins.

C’est donc, contre toute attente, quand je suis revenue dans une taille 38 que j’ai commencé à m’en prendre plein la tête : mon cas n’était plus désespéré, donc plus tabou.
A l’école, au baito, ou avec des amis, je me prenais très régulièrement des réflexions par la gent masculine du genre « Tu manges du chocolat ? Tu ferais plutôt mieux de faire un régime, attention le ventre. »,  « Sonia, tu as du bide et du cul, tu devrais faire plus de sport »,  « Dommage que tu ne sois pas aussi mince qu’une Japonaise… Mais bon on peut rien y faire, les étrangères sont grosses c’est comme ça. » et j’en passe.

Merci pour l’estime de soi. Au Japon, les hommes ne sont pas tendres et aiment vous rappeler que vous n’avez pas le corps de Kate Moss. On se permet sans complexe des réflexions sur votre tour de taille, de fesse, sur ce que vous mangez, etc. Et ce, devant tout le monde.
Tout le monde ne se permet pas ce genre de choses évidemment, mais ça revient régulièrement.
Les filles, elles, ne font  pas trop ce genre de remarques mais savent quand même vous mettre mal à l’aise avec des: « Tu finis ton assiette ? Oh non, moi je ne peux pas, je n’ai pas un si gros estomac… ».

Même si j’essaie de ne pas tout prendre au pied de la lettre, assez vite, les complexes reviennent, et avec mon IMC à 21, je me sens énorme.

Je suis à nouveau grosse dans ma tête.
Je ne pense pas à maigrir pour autant mais ressens le besoin de surveiller mon poids, pour ne surtout pas redevenir comme avant.
Je me procure donc une balance et le rituel de la pesée recommence.

Avec les différentes sorties, mon poids balance mais toujours de deux-trois kilos et je reviens toujours à mon poids de forme. Tout va plutôt bien, même si je me rends compte que malgré mes efforts, je suis généralement considérée comme toujours en surpoids ici.

En septembre 2010, je tombe amoureuse d’un Japonais rencontré pendant l’été. Je fréquente la personne quelque temps, ça se passe bien. Jusqu’à ce que l’intéressé me dise «Je t’aime bien et tu me plais… mais moi j’aime les filles maigres donc ton corps, je peux pas. Si tu maigris un peu, peut-être que ça irait mais là tu es trop grosse, ça me bloque. ».
Je me prends la réflexion comme un gros coup de massue dans la gueule. Après avoir passé un an à perdre la moitié de moi-même, je ne pensais vraiment pas rebouffer de ce genre d’excuse un jour.
Si aujourd’hui j’aurais le caractère assez fort pour suggérer à cette personne d’aller se faire sodomiser par une poutre en bois vermoulue du 50cm de diamètre, il y a trois ans j’étais encore douce et désespérée.
J’ai donc refais un régime à base de viande et poisson en force et me suis mise à courir tous les jours pour reperdre 6 kilos en un temps-record. J’arrive au poids le plus bas que j’avais jamais atteint dans ma vie d’adulte.
Je revois l’intéressé, fière de mes efforts et de mon nouveau tour de taille en moins.
Mais le verdict est sans appel : « Ça ne suffit pas… il te reste du gras sur le ventre et les cuisses et je peux pas. Je veux que quand on me voit avec ma copine, on soit envieux. Franchement, avec toi j’aurais honte de me promener dans la rue. Vu où t’en es, t’as encore bien 10-15 kilos en trop.».
Lorsque je lui fais remarquer que si je perdais encore 15 kilos, j’avoisinerais les 45 kilos pour 1m75 (et un IMC de 15…), ça ne semble pas le perturber. Oui, et alors, tu serais maigre au moins non ?

Bon. Trop c’est trop, je veux bien être un peu conne mais il ne faut pas abuser non plus. Il était bien sympa au début mais j’ai cerné le connard maintenant, je décide de ne plus le revoir.

Quelques mois plus tard, au début de l’année 2011, je rencontre un autre garçon (je ne m’en rendrai pas compte tout de suite, mais c’est le jaloux psychopathe dont je vous parlais dans le chapitre 1 de la drague). Je le rencontre via une communauté d’anciens obèses. Javoue qu’après mon Pro-ANA de l’été et les commentaires que je me prends régulièrement depuis un an par la gent masculine je suis un peu traumatisée, et j’avais besoin de parler avec d’autres Japonais(e) dans mon cas, pour savoir comment ils vivaient la chose.
Forcément avec ce garçon, je me sens complètement décomplexée puisqu’il a lui-même perdu 50 kilos, il connaît donc aussi bien que moi toutes les souffrances et difficultés liées à l’obésité et au régime à long terme.
Il se montre extrêmement compréhensif et pour la première fois je suis rassurée, je ne me sens plus grosse et je crois avoir trouvé une personne apte à m’accepter comme je suis sans me rabaisser.

Sauf que non. Car au bout de quelques semaines, je me rends compte qu’il souffre de gros troubles du comportement alimentaire, à commencer par de la boulimie.
Très régulièrement, il sort au milieu de la nuit pour acheter un immense sac de bouffe, rempli de tout et n’importe quoi, qu’il dévore en moins de dix minutes. J’avoue en rester pantoise.
Il prend rapidement du poids tandis que j’arrive à maintenir le mien tant bien que mal, ce qui ne semble pas lui plaire.
Il vit mal le fait que j’arrive à stabiliser mon poids depuis plus d’un an alors que lui enchaîne les yoyos violents. Pour reperdre le poids pris après ses crises de boulimie, il ne se nourrit que d’eau pendant des jours.
Puis il recommence.
Lorsque je me rends compte de ce qu’il fait, j’essaie de lui faire comprendre que c’est mauvais et qu’il ne pourra pas s’en sortir, qu’il faut qu’il rééquilibre son alimentation, mais évidemment il dédramatise la chose, ne m’écoute pas.
Pire, il commence à m’acheter des quantités industrielles de bouffe pour que je mange avec lui, parce qu’après tout « je suis mince maintenant, je peux me permettre ! ».  Il semble ne pas vouloir grossir tout seul. Sans avaler tout ce qui passe, je commence à reprendre quelques mauvaises habitudes de grignotage la nuit et de surconsommation de junkfood caloriques quand je suis avec lui. Mon rythme est cassé.
Lorsque pour une longue liste de raisons, je décide de mettre fin à la relation, j’ai repris 7 kilos.

Et Mars 2011 n’arrange rien non plus. Je reviendrai en détail sur 2011 plus tard, mais entre le tremblement de terre, la pénurie de bouffe dans les combini qui pousse à l’achat compulsif quand on en trouve, la solitude, la peur… Je passe mes nerfs sur la nourriture seule dans mon lit.
Puis j’entre dans le monde du travail, dans l’événementiel.
Chanteuses, actrices et mannequins à la taille 32 font mon quotidien. Evidemment, il convient de bien présenter, aussi les remarques que je me prenais depuis que j’étais arrivée au Japon passent au stade supérieur.
Comparaisons régulières entre ma taille boudinée et celle filiforme des mannequins, réflexions désobligeantes, accueil le matin des collègues avec des « Sonia, tu as encore grossi ? Faut faire un régime-là ! ». Quand des clients nous offrent à manger, j’encaisse parfois du « Bon Sonia, toi, pas besoin de t’en donner, tu dois te mettre au régime non ? ».

J’ai repris du poids et déjà que je le vis mal, ces réflexions quotidiennes et cet environnement me rendent malade. Alors que j’ai encore un IMC tout à fait normal et qu’objectivement, je ne suis absolument pas grosse, je me sens de nouveau obèse. Mais pas que dans la tête cette fois, même physiquement.
Je suis prête à tout pour maigrir et avoir enfin la paix. Qu’on me laisse tranquille, qu’on arrête de m’emmerder et me faire des remarques. Que je respire.

J’enchaîne les régimes surprotéinés très stricts. Le Japon pullule de sachets étranges, compléments alimentaires et pilules en tous genre. J’essaie tout.
Si Dukan n’était déjà pas génial point de vue santé, cette fois je suis désespérée et me nourris essentiellement de blancs de poulet, de thon en boîte dégraissé et de sachets protéinés dégueulasses.
Je perds une dizaine de kilos en moins d’un mois, je suis soulagée.

Frustrée par autant de restrictions, ajouté au fait non-négligeable qu’on me laisse rarement prendre ma pause midi avant 16 ou 17h, je suis prise de fringales absolument incontrôlables.
Sans me rendre compte, j’adopte le même genre de comportement que mon ex-copain en partant parfois m’acheter des sacs de nourritures que je dévore en peu de temps. Je me sens mal après, lourde et coupable. Mais sur le moment, j’ai besoin de m’apaiser en dévorant des tonnes de bouffe.
Le début de la boulimie.

Evidemment, après m’être nourrie exclusivement de sachets protéinés pendant des semaines, la boulimie ne pardonne pas. Moi qui avais réussi à stabiliser mon poids pendant presque deux ans, cette fois-ci c’est foutu.
J’ai tout foutu en l’air et l’effet yoyo m’arrive dans la gueule comme une baffe de papa qu’on a pas vu venir. Je reprends tout ce que je viens de perdre avec bonus en peu de temps.

C’est pas grave, je l’ai déjà fait plein de fois, je peux le refaire.
Je rachète des sachets et des compléments alimentaires. Quand les fins de mois sont dures, je me contente d’un yaourt ou d’un onirigi.
Je passe de plus en plus de temps dans les supermarchés, je regarde le nombre de calories d’absolument tous les aliments.
Au-dessus de 150 kcal, je repose.
Je suis obsédée par le nombre de calories que j’ingurgite. Pas plus de 700 par jour.
Le corps s’habitue, au bout de quelque temps, on ne maigrit plus.
Bon alors 500 calories par jour, faisable, tranquille.
Mince, j’ai du mal à maigrir comme ça aussi, mais pourquoi ? Bon, alors un seul repas par jour à 300, ça devrait passer.
Le début de l’anorexie.

Je tiens deux, trois, quatre semaines maximum. Je reperds ma dizaine de kilos, puis je craque.
Et revient la boulimie incontrôlable.
Il faut que je mange, tout, n’importe quoi, maintenant. Dans des quantités industrielles, j’en ai plein la bouche, c’est limite si je peux mâcher tant je fourre tout en même temps.
Ça me détend, me soulage.
Et après je me sens mal. Lourde. Grosse. Grasse.
Je me dégoûte.
Pourquoi j’ai fais ça ?

Bon demain, j’arrête. Je remange normalement, c’est quand même pas bien difficile.
Mais le lendemain, on me retraite comme de la merde au boulot, on m’empêche de prendre ma pause midi jusqu’en fin de journée, je suis stressée, énervée, je n’ai rien mangé depuis tôt le matin… Je sens l’envie de bouffer revenir. Et je cède.

Encore une fois je regrossis. Chaque fois un peu plus.
Je continue de couper mes séances de boulimies par des séances de régimes très strictes qu’on peut franchement appeler anorexie. L’engrenage de ce cycle infernal s’est complètement refermé sur moi et je n’ai plus aucun contrôle.
Ma vie change, ma vie sociale est petit à petit influencée.
Car les invitations à manger d’amis commencent à m’angoisser. Je sais que s’ils me coupent « mon élan », si je remange normalement une fois… C’est ouvrir la boite de Pandore. Le barrage va céder, je n’arriverai plus à me retenir de manger et je me gaverai jusqu’à la nausée. Je mangerai pendant la soirée, puis rachèterai un repas en rentrant chez moi, puis ressortirai pendant la nuit acheter du sucre… et répéterai ce manège jusqu’à ce que je ne rentre plus dans aucun vêtement et sois obligée de retourner à mes yaourts dégraissés et mes sachets de poudre quelques semaines.
J’ai envie de pleurer à chaque fois qu’on me dit, « il faut absolument qu’on se fasse une bouffe ! », ça me terrorise. Car je sais que je perdrai le contrôle. Et à Tokyo, il y a beau y avoir un million de choses à faire, les gens ne vous invitent toujours que pour boire ou manger.

En été, ça fait déjà bientôt six mois que je suis entrée dans mon cycle sans fin d’anorexie-boulimie et mon corps en fait les frais. Je suis capable de prendre 7 kilos en seulement une semaine, la moindre prise de nourriture normale se paye très cher sur la balance, sur laquelle je monte environ 10 fois par jour.
A force d’enchaîner les régimes de protéines en poudre et rien d’autre, j’ai de plus en plus de problèmes de transit.
Je n’arrive plus à aller aux toilettes, j’ai mal au ventre. Il est gonflé et tout dur, on dirait que j’ai grossi alors que je ne mange qu’un repas par jour depuis des semaines.
Dépitée, je vais à la pharmacie demander des laxatifs.
Je prends une dose, me vide, me rend compte que la balance affiche un kilo de moins.
Comme j’ai perdu mon cerveau depuis longtemps, je suis contente de ce résultat.
Le début des laxatifs.

A la fin de 2011, je n’ai que mon poids en tête. Je monte sur la balance tout le temps. Au réveil, après être allée aux toilettes, après avoir déjeuné, les cheveux mouillés, les cheveux secs et j’en passe.
Les chiffres m’angoissent. Quand je ne travaille pas, il m’arrive de jeûner jusqu’au soir pour que le chiffre soit un peu plus bas quand je monte sur la balance.
Je refuse 90% des sorties avec d’autres personnes.
Je prends des laxatifs tous les soirs. Au début une simple dose, puis double parce que ça ne fait plus effet, puis plus.
Je calcule l’heure pour que ça ne me dérange pas en journée au travail. Je me réveille chaque nuit entre 2h et 4h pour me vider, je ne fais aucune nuit entière.
Je bousille mon sommeil en même temps que le reste.

Malgré mes yoyos, j’arrive à maintenir mon poids à un IMC normal, mais ça reste de plus en plus dur, et je suis de plus en plus à la limite du surpoids.
Après presque un an célibataire, je retente le jeu de l’amour avec l’Autochtone, un petit gars que je connaissais depuis quelques mois et semblait posé et sympa… mais comme d’habitude, je me plante et une fois la relation officialisé (traduction : la période de séduction terminée), il a revêtu son costume de Super Connard, comme les autres.
Si la crevure était relativement gentille à deux, en public il se plaisait à m’humilier grâce à des piques assassines devant ses amis.
Par exemple lorsque, pour faire connaissance, un de ces amis me demande si j’aime le sport, l’être « aimé » répond très élégamment : « Attend, t’as vu son corps ? Ça répondrait à ta question, vu comme elle est foutue, c’est clair qu’elle en a jamais fait de sa vie, ha ha ha ».
Élégante façon de parler de sa moitié.

Ayant compris depuis deux ans que les blagues sur le poids des femmes n’étaient pas rares au Japon, je le prends en privé pour lui souligner que c’est le seul sujet sur lequel il ferait mieux de ne pas trop me charrier car j’y suis assez susceptible.
Manifestement le message ne passe pas puisque le soir de Noël – soirée romantique par excellence au Japon… -,le rabouin a, après de nouvelles piques, insisté pour me faire monter sur la balance devant son meilleur ami pour « rigoler » et voir la différence avec le poids des Japonaises.
Gentleman.

Inutile de vous préciser que la relation n’a pas duré, et qu’après cette énième déception, j’ai renoncé à ma vie amoureuse. Le célibat est morne, mais se passe de commentaire désobligeant et c’est déjà ça.

Enfin, pas besoin d’un petit ami pour vous humilier en public.
Début 2012, je rentre dans une nouvelle entreprise après une année d’enfer dans l’événementiel. Je suis contente de repartir de zéro, où les employés ne seront peut-être pas psychopathes et où je pourrai peut-être retrouver une hygiène de vie. Car je perds petit à petit du terrain et affiche, lorsque je suis au plus bas, maintenant 10 kilos de plus que mon poids de croisière, j’oscille donc entre normalité et surpoids.

La première semaine de travail se passe bien ; à la fin de la deuxième, on organise ma soirée d’intégration (la tradition dans les entreprises japonaises).
L’angoisse des repas en société est toujours d’actualité, et je dois déjà me battre contre moi-même pour aborder cette soirée de beuverie avec confiance.
Je suis assise au milieu de la rangée puisque la soirée est en mon honneur, entourée de tous mes nouveaux collègues et mon nouveau patron. Tout le monde est plutôt sympathique.
Mais au milieu de la soirée, tout tourne mal.
Le collègue assis à côté de moi -qui a un peu abusé de la bière pression et du saké chaud- a un sacré coup dans le nez. Il m’appelle d’une voix tonitruante de mec bourré, une voix assez forte pour que tout le monde tourne la tête de notre côté et me balance devant tout le restaurant : « Hé Sonia ! Pourquoi t’es foutue comme ça. Non mais c’est vrai quoi ! T’as un beau visage, tu pourrais être mignonne, mais c’est quoi ce corps ? Pourquoi t’es grosse ? En plus tu as le visage fin, alors que tout soit gras à partir du cou, ça gâche vraiment tout ! Tout ce qui est en dessous du menton : à jeter ! C’est vraiment du gâchis, tu devrais faire un régime ! ».


Je repense à mon passé d’obèse, je repense aux efforts que j’ai fait pour m’en sortir, que j’avais réussi. Je pense aussi au fait qu’à cause de ce genre de commentaire que je me prends depuis deux ans -ALORS QUE J’ETAIS NORMALE BORDEL DE MERDE- que j’ai commencé à faire n’importe quoi. J’ai eu du mal à m’en rendre compte, mais c’est vrai. Depuis un an j’ai tout foutu en l’air, je suis devenue malade. Et je ne m’en sors pas, et je ne sais pas quoi faire.
Alors surtout, qu’il la ferme ce sac à merde. Car 3 grammes dans le sang qui lui font dire de la merde ou pas, il sait pas qui je suis, il sait pas ce que je vis, il sait pas qu’à cause de ces phrases, je passerai les trois prochaines semaines soit à ne rien manger, soit à m’empiffrer, mais que quoiqu’il en soit, la plaquette de laxatifs y passera pour vider ce corps au maximum, jusqu’à l’épuisement pour me punir d’être qu’une grosse vache.

Tout le monde a un petit air gêné, mais on est au Japon. Alors on sourit timidement, et surtout personne ne lui intime de se taire, on fait comme si ce que j’étais en train d’encaisser est parfaitement normal.
Le problème est qu’il ne s’arrête pas.  Il continue à m’humilier devant tout le monde de sa voix pâteuse d’homme ivre.
Je finis par lui demander de s’arrêter, que j’ai bien compris le message mais que j’aimerais bien passer à autre chose maintenant. Il n’a rien à me dire sur le sujet, il ne me connaît même pas.
Mais il continue : « Pourquoi tu le reconnais pas ? Pourquoi tu fais pas un effort pour maigrir ? C’est quand même pas dur d’arrêter de manger et et de faire du sport ! T’habites pas trop loin, pourquoi tu viens en train ? Faut que tu viennes en vélo et comme ça tu maigriras et tu seras plus grosse comme ça ! Car là, un beau visage comme ça sur un corps gras, c’est dégoutant (kimochi warui dans le texte) ».

C’est trop.
Je fonds en larmes devant tout le monde, c’est incontrôlable. Je n’arrive plus à m’arrêter de pleurer. Vous savez ces gros sanglots bruyants et pathétiques qui vous déforment le visage, pas ceux dont les larmes roulent discrètement sur les joues.
Et le pire… c’est que tout le monde m’a regardé avec étonnement.
Je me fais allumer depuis 15 minutes devant tout le personnel de ma nouvelle entreprise par un homme que je ne connais pas, c’est normal. Mais que je craque, ça c’est étonnant.
Une collègue veut dédramatiser : « Il ne faut pas pleurer pour ça ! Moi aussi on me dit souvent que je devrais maigrir et que je mange trop, mais j’ai jamais pleuré ! ».

Oui mais j’en ai rien à foutre connasse que tu dises amen à tout ce que des pauvres machos au QI négatif te balancent en public. Je suis ni sourde, ni soumise, ni mis ma fierté dans ma poche. Et puis surtout, j’ai très certainement beaucoup plus de problèmes avec la bouffe depuis un an que toi en toute une vie, donc ta gueule.
Dans ma tête, je l’incendie. En vrai, je ne dis rien.
Ce n’est pas lui qui a ruiné la soirée en m’insultant, mais manifestement moi en mettant tout le monde mal à l’aise avec mes larmes.
En voyant l’effet de sa longue tirade, mon collègue est choqué et s’excuse. Il me disait ça « pour mon bien. » Il se met à genoux devant moi, le front au sol en répétant avec théâtralité qu’il est désolé, qu’il ne voulait pas me faire mal.
J’ai envie de shooter dans sa tête.
Mais je souris, et m’excuse d’avoir perdu mon sang-froid.
C’était puéril de ma part de le prendre à cœur, bien entendu.

J’attends la fin de la soirée avec impatience, désolée de ce nouveau départ professionnel.
Par la suite, le collègue en question s’est révélé plutôt sympathique (à jeun) et ne m’a plus jamais fait de commentaires sur mon poids directement. Mais lui, comme quelques autres arrivés par la suite et n’étant pas au courant de mon inoubliable soirée d’intégration, feront souvent le compte des bonbons ou autre que je mange en travaillant, comptant les papiers dans la poubelle pour me faire remarquer que j’abuse un peu trop du sucre.
Par contre, personne ne semble remarquer que je ne « mange » qu’un verre de lait à midi pendant des semaines alors que par la suite, j’ai de la bouffe plein le bureau.

Je continue mes yoyos, mes cycles destructeurs, les laxatifs que j’accompagne parfois encore en plus de thé facilitant le transit vendus en pharmacie.
Et bien sûr, je continue de grossir sur la continuité.

En mai, trop de choses s’enchaînent. Un retour en France, un mariage, trois anniversaires, des sorties pendant la golden week… Toute cette vie sociale et ces sorties m’angoissent, l’impression de ne faire que manger du soir au matin et je le vis mal. Je ne tiens plus les régimes à 400 calories, j’y arrive une semaine pour enchaîner sur un mois de boulimie.
Ça et une série de sorties inévitables, je me sens pleine, énorme, prête à exploser.
Alors un soir, après une soirée anniversaire où je me dégoûte d’en d’avoir tant dans le ventre, je franchis le pas et mets mes doigts profondément dans ma bouche.
Et je vide tout.
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien, jusqu’à ce que je me sente épuisée et tombe comme une mouche pour m’endormir d’un sommeil de plomb.
Le lendemain… je n’ai pas grossi malgré ma sortie.
Je suis soulagée et contente.
Le début de la boulimie vomitive.

Je sais que c’était bête et qu’il ne faut pas que je recommence. Mais… pour la première fois depuis un an et demi, j’ai mangé sans prendre un gramme, sans avoir à en payer le triple de ce que ça vaut, sans avoir à m’arrêter de manger des jours pour effacer cette soirée.
Je décide de me faire plaisir une fois, rien qu’une fois.
Alors je vais au supermarché, j’achète tout ce que j’ai envie de manger. Un sac entier.
Je rentre, je mange tout, et je vomis tout.
Voilà, je me suis fait « plaisir », je ne recommencerai plus.

Mensonges.
Je recommence dès le lendemain, après une énième crise de boulimie.
Puis le surlendemain. Et en moins de deux semaines, je suis passée vraie boulimique vomitive, tous les jours.
Et je suis incapable de m’arrêter, la perte de contrôle est encore plus rapide et irréversible que tous mes autres travers.
Vomir devient la parade à chaque sortie au restaurant. Je recommence à accepter de sortir avec les gens, mais rien ne reste dans le ventre.
Désolée à toi qui lis ses lignes et es sorti avec moi entre le printemps 2012 et 2013 : quand j’allais aux toilettes, c’était pas pour pisser un bol. Quand je revenais des chiottes avec le nez et les yeux qui coulent, c’était pas les allergies.

Je ne sais pas lequel est le pire, mais les vomissements ont remplacé l’anorexie. Cette fois, je gère mes crises de boulimie à coup de laxatif et de doigts dans la bouche. Evidemment, je prends bien soin de prendre les petits médicaments après m’être déjà vidée, sinon ils risqueraient de ne pas faire effet ! Ce serait ballot !
J’ai bien compris que ça ne faisait pas maigrir, mais je ressens ce besoin de tout vider, je ne supporte pas l’idée de la nourriture en moi.

A la fin de l’été 2012, je suis en dépression profonde. Ça y est, j’ai pris conscience. Je suis vraiment malade.
Et je n’arrive pas à m’en sortir.
Je me déçois. Car je pensais être quelqu’un de posé et pas trop con. Je n’ai jamais eu d’addiction spéciale, jamais fait de grosses conneries, jamais « mal tourné » si tant est qu’avoir été fan des Worlds Apart ne soit pas considéré comme de la petite délinquance.
Et il a fallu que j’arrive à 26-27 ans pour en arriver là.
Pourtant je sais… je sais que les laxatifs ne font pas maigrir, que je perds de l’eau et des selles mais en aucun cas de la graisse. Je sais que c’est dangereux, autant que vomir.
Je sais que ne pas assez manger ne fait pas maigrir, juste le corps s’habitue et fait des stocks pour la prochaine famine, et c’est pour ça que je prends 2 à 3 kg par repas normal.
Je sais tout ça.
Mais quand je monte sur la balance où qu’un aliment passe le seuil de mes lèvres, tout disparaît. Je n’ai plus aucune raison, plus aucun recul. Tout est compulsif, désespéré, incontrôlé.

Et en septembre 2012, j’en suis là.
J’ai pris quinze kilos, je ne rentre plus dans mes vêtements, je prends double à triple de dose de laxatifs tous les jours, je vomis deux à trois fois par jour en me jurant à chaque fois que c’est la dernière fois pour recommencer dès que j’avale quelque chose.

Ma vie est régie par mes vomissements. Je passe parfois jusqu’à une heure à tourner dans les rayons à la recherche de ce que je vais manger. J’ai envie de manger, d’engloutir n’importe quoi, mais une fois que je suis devant la nourriture, elle m’écoeure et je n’ai envie de rien.
Car je sais quel goût elle aura quand elle repassera par ma bouche en sens inverse, sa consistance, sa couleur, la douleur. Et parce que c’est à cause d’elle que j’en suis là.
Je choisis les aliments non plus pour le plaisir qu’ils me procurent mais en fonction de la difficulté à vomir : « non, ça, ça fait trop mal…, ça ouais, ça passe tout seul ». Je peux dépenser jusqu’à 30 à 40 euros de bouffe, je rentre, j’engloutis, je vomis.
Et après, je suis fatiguée et lasse. Je me déteste. J’ai envie de pleurer.
Je me promets encore que c’est la dernière fois, c’est quand même pas si terrible d’arrêter non ?

Mais je n’arrête pas, ça empiète ma vie de partout. Il m’arrive de le faire au travail quand je suis stressée, plusieurs fois dans la même soirée avec des amis. Je ne profite de rien, j’angoisse à chaque nouveau plat sur la table mais garde le sourire et lance les blagouzes qui détendent. Faudrait pas que je manque à ma réputation de rigolote quand même.
Chaque jour je perds un peu plus d’estime de moi-même, je suis une merde.

Si vous êtes déjà allés au Japon, vous aurez certainement remarqué qu’ici, l’eau des cuvettes des toilettes est remplie presque jusqu’au bord de la cuvette.
A se demander si ce n’est pas pour prévenir le vice qui est le mien, puisqu’à chaque fois que je fais mon affaire, le tout gicle dans l’eau pour me rebondir dessus.
Ça me rebondit sur le visage, les vêtements, les chaussures. Je dois tout nettoyer avant de ressortir avec le sourire. Marion Cotillard peut aller se rhabiller, l’Oscar de la meilleure actrice, c’est pour moi.

Je sais, c’est dégueulasse, vous n’avez pas envie de lire ça. Je ne suis pas obligée de tout vous dire dans ces moindres détails.
Mais putain si, je le suis.
Pour toi là, qui peut-être me lit et qui complexe de ton corps. Qui serait prête à tout pour maigrir et a déjà commencé à avoir des comportements dangereux comme une petite pilule par-ci par-là. Et je SAIS, pour vous avoir déjà écouté, que y’en a qui me lisent.
Je veux que tu sois dégoûtée en lisant ça, je veux que tu te dises « je ferai jamais ça pour un kilo perdu», je veux que tu te dises que les remarques des autres ne valent pas de tomber aussi bas.
Et surtout, je veux que tu te dises que ça peut arriver à n’importe qui, même toi. La perte de contrôle ne prévient pas.
Même moi qui suis généralement considérée comme une fille posée, réfléchie et mûre, j’ai chié dans la colle.
Et j’ai rien vu venir.

Donc si je décide de me mettre à poil pour raconter ça, c’est pas pour édulcorer les détails. C’est pour-si j’en ai le pouvoir-  que ça serve à quelque chose comme mettre une baffe à celles qui se pourrissent la vie pour une taille de vêtement. A la longue, on peut déraper et personne n’est à l’abri.

En septembre-octobre 2012, mes dents ont jauni comme quelqu’un qui fumerait comme un pompier depuis 20 ans alors que je ne fume pas, mes gencives pissent le sang pour rien, c’est un remake de Dracula à chaque fois que je me lave les dents.
Je perds mes cheveux, certaines dents commencent à se déchausser.
Putain, c’est ça mon rêve japonais ?

J’ai la visite médicale annuelle imposée par l’entreprise. Les résultats sont envoyés directement à mon patron (le Japon et les joies d’une société patriarcale). D’ailleurs, comme j’avais peur de cette visite médicale et de la réaction du Big Boss, une semaine avant je me suis nourrie que de protéines pour perdre un maximum avant le Jour J. Sympa ce petit système d’intrusion de l’entreprise dans ta vie et les comportements à risques qui en découlent.
Evidemment, les résultats sont mauvais et on note une prise de poids considérable en un an, mon patron me demande de surveiller mon alimentation et perdre un peu de poids.
HA HA HA HA.

Cette fois, j’ai réellement envie de m’en sortir. J’essaie, mais évidemment je n’y arrive pas.
Alors je tente d’en parler à quelques amis… Pas de réaction.
Au final – désolée encore pour les personnes concernées qui lisent – le peu de personnes à qui j’en ai parlé ne m’ont jamais apporté aucun soutien.
Dans la plupart des cas, aucune réaction sur le moment, ou alors un « courage ! tu vas y arriver ! », et après, on ne m’en parle plus jamais. On ne m’a jamais demandé si j’étais toujours malade, si je m’en sortais, si ça allait. Soit j’en parle et on me répond par demi-syllabe (ou mieux, un smiley… j’adore la communication du 21ème siècle), soit je n’en parle pas et on fait comme si je n’avais jamais rien dit.
Comme si ça n’avait jamais existé. On peut dire des Japonais, les Français sont aussi très doués pour faire l’autruche quand on leur parle d’un truc qui les dérange.

Ce n’est pas un reproche, ces personnes ne sont pas médecins spécialisés dans les TCA et n’ont sûrement aucune idée de l’attitude à adopter. Qu’est-ce qu’elles auraient pu faire pour moi au juste ? Rien, certainement. Je ne peux pas leur en vouloir de ne pas savoir gérer un problème de cette envergure et fermer les yeux sur ma détresse.
Moi-même, je ne suis pas sûre que j’aurais pu être une bonne amie dans ce cas de figure, allez savoir, je ne suis pas plus médecin qu’elles.

Mais cette indifférence m’enfonce un peu plus. J’ai l’impression d’être intéressante que si je suis le moulin à blagues ou que je peux rendre service pour telle ou telle chose, mais sinon, je peux patauger dans ma merde, tant que je ne demande rien à personne, ce n’est pas bien grave.
Je me sens insignifiante, abandonnée, moche, grosse, sale.

Mais allez savoir pourquoi dans la vie, il se passe de drôle de choses.
Fin 2012, j’ai perdu ma joie de vivre, j’ai grossi, d’énièmes déceptions humaines annexes de mes problèmes de bouffe achèvent de me faire me rendre misanthrope, je suis au plus bas… et alors que je suis comme un chien abandonné sur la route, un petit bout de Corée tout migon, me ramasse et me prend sous son aile.

Quand je suis au top de l’anti-séduction, on s’intéresse à moi. Je suppose que c’est de là que vient le très exaspérant adage « C’est quand on s’y attend le moins… ».
L’animal est drôle et divertissant, je me rends compte qu’il vaut le coup d’être fréquenté lors de notre première soirée à deux, où j’ai tellement ri et me suis tellement amusée, qu’en rentrant chez moi j’ai passé la soirée à me remémorer ses conneries et sourire.
C’est qu’une fois dans mon lit, à moitié endormie, que je me suis rendue compte que j’avais mangé sans me poser de questions, oublié de passer par le combini pour acheter à manger, manger, vomir et prendre mes poisons pour me vider une deuxième fois pendant la nuit.
Première fois depuis une éternité… même pas que je m’étais retenue : je n’y avais juste pas pensé.
Comme si ça n’avait jamais existé.

Alors quand la relation s’est concrétisé un peu plus tard, j’ai préféré être honnête et dire que j’étais malade, que je voulais m’en sortir mais que ce n’étais pas évident.
Avoir quelqu’un dans ma vie ne pouvait qu’être une motivation pour reprendre une vie saine, je ne veux pas imposer ça à quelqu’un au quotidien.

Alors j’ai arrêté. Tout. Du jour au lendemain.
Bizarrement, quand je fais les choses pour quelqu’un d’autre que pour moi, je suis nettement plus forte.

C’est beau l’amour, vous direz-vous. Il suffisait qu’elle rencontre le prince charmant pour que la vie reprenne son cours, quel magnifique happy end !

Non.
On ne sort pas indemne de presque deux ans de TCA violents et quotidien comme les miens, même avec toute la volonté du monde.
Arrêter les laxatifs et les vomis a un prix.
Le mien a été d’une prise de 20 kilos supplémentaire en moins de trois mois. Tout ça pour ça : je flirtais de nouveau avec l’obésité.
Déjà parce qu’à force d’anorexie et de vomis, mon corps a largement baissé sa consommation de calories par jour. Si une femme adulte normale doit avoir une consommation de 1500 à 2000 calories par jour selon son activité, mon corps grossissait pour une consommation supérieure à 700.
Ensuite, un an et demi de grosses doses de laxatifs quotidiennes ne pardonnent pas. Impossible d’aller aux toilettes, je n’y allais qu’une fois tous les huit ou neufs jours et au prix d’immenses souffrances et ballonnements.
Là où j’ai une chance inestimable, c’est qu’on s’est beaucoup investi pour que je ne replonge pas en cherchant tous les aliments facilitant le transit, et en établissant tout mon programme alimentaire, quitte à se lever tôt pour me cuisiner des repas sains et riches en fibres à emporter au travail.
Pour que j’arrive à aller aux chiottes comme Mr et Mme tout le monde, ça a pris cinq mois.

Ensuite, comme je ne me fais pas traiter médicalement (compliqué ici, nous y reviendrons plus bas), j’essaie de trouver tous les comportements palliatifs qui m’empêcheront de faire une crise de boulimie et de vomir.
Notamment du sport, beaucoup de sport. Il paraît que c’est une forme de TCA aussi d’ailleurs… mais bon.
Au début un peu de temps en temps, car vous l’aurez compris, j’avais pas ça dans le sang. Et puis de plus en plus au fil des mois. Aujourd’hui je me lève 5 à 6 jours par semaine à 6h pour faire un peu de musculation et courir 10 kilomètres avant d’aller au travail.
1) Pour me déstresser et me sentir plus zen
2) Pour reperdre petit à petit les 25 kilos que j’ai toujours en trop.
3) Pour renforcer ma masse musculaire. Plus on a de muscle, plus le corps consomme de calories. Alors j’essaie de renverser la vapeur pour pouvoir manger des repas normaux sans grossir en augmentant un maximum mes dépenses d’énergie.

J’ai reperdu un peu, quelques petits kilos, mais c’est très lent car pour l’instant je me contente de faire du sport mais de ne pas faire de régime alimentaire précis. Je ne veux pas me refrustrer, j’ai besoin de temps. Je ne suis pas encore prête à me limiter ou à penser régime, alors je mange ce que je veux, quand je veux, juste je ne mange plus après 19- 20h pour ne pas me coucher le ventre lourd et ressentir l’envie de tout vider. Je me contente de courir pour déculpabiliser.
Je ne vomis plus quotidiennement, il m’arrive même d’avoir des périodes fastes où je ne le fais pas du tout pendant plusieurs mois. Mais je rechute parfois en cédant au stress, j’avoue.
Comparé aux trois fois par jour d’il y a un an, les erreurs occasionnelles d’aujourd’hui sont une belle victoire mais le chemin est encore très long pour que ça ne me démange pas après chaque repas copieux ou baisse de moral.
Je remange normalement sans grossir, à force de faire beaucoup de sport, j’arrive à 1800-2000 calories par jour sans exploser la balance.
Je ne me pèse plus 40 fois par jour, mais il a fallu la mettre sous clés quelques mois avant que je m’en détache.
Je n’ai pas repris un seul laxatif depuis presque un an.
J’emmerde profondément tous les connards qui me font une réflexion sur mon poids, qui en font en général sur le corps des filles (rondes ou maigres), des abrutis d’expats qui se foutent de la gueule des étrangères qui « cherchent à s’habiller comme les Japonaises alors qu’elles n’en ont pas le corps ».
Je sais, c’est personnel. Mais sachez-le, je vous exècre.

Le seul combat sur lequel je n’ai absolument pas avancé est que je n’accepte toujours pas mon reflet dans le miroir et me dégoûte toujours autant. Alors je ne me regarde plus, sinon tout l’équilibre que je tente de construire menace de s’écrouler.

Je me sens toujours sur le fil, prête à basculer d’un côté ou de l’autre. Et je me demande toujours si j’arriverai à avoir un rapport normal à la nourriture un jour. Je suis assez fataliste en me disant que non. Même si aujourd’hui ça va mieux et qu’il y a des progrès notables, il y aura toujours un risque.
J’essaie d’assumer toutes les conséquences de ce que je me suis infligée –m’inflige encore parfois-, les cheveux abîmés, les dents abîmées, la mâchoire disloquée, la fatigue, et je redoute d’autres conséquences au long terme comme mon foie que j’ai très certainement empoisonné bien comme il faut.
J’espère ne pas payer trop cher le prix de mes conneries dans quelques années.

Aujourd’hui, j’essaie de changer de mentalité. Ne plus penser en termes de poids mais en termes de santé.
Je ne cherche plus le Graal de la taille 36, mais celui de l’esprit sain dans un corps sain.
Je tente parfois aussi des séances de yoga pour canaliser mes angoisses. Vu ma souplesse de baobab, je pourrais finir à un million de vue sur Youtube tant c’est cocasse, mais ça a le mérite de me détendre.
J’ai encore du chemin à faire, et tant que je ne serai pas suivie par un vrai médecin, je continuerai  de devoir me battre comme une lionne pour sortir de la toute seule.

Finalement cette partie sur moi est bien plus longue que ce que je pensais. Mais désolée, elle était nécessaire. Parce que, même si les TCA existent évidemment partout et que la France n’est pas en reste, vous n’avez aucune idée du nombre de Françaises (et autres étrangères ?) qui pètent un boulon ici à cause de la pression morale concernant leur poids.
La plupart penseront « mais non, il n’y en a pas tant que ça ! », mais n’oubliez pas à quel point j’ai été bonne comédienne longtemps.
Depuis que j’assume plus ou moins ouvertement (bon à partir d’aujourd’hui, plus qu’ouvertement) mes problèmes alimentaires, de nombreuses personnes viennent se confier à moi.
Je l’ai constaté à mes dépens, les personnes pas concernées ne réagissent pas ou peu à ce genre de problème et ne manifestent pas vraiment de soutien. On va donc naturellement rechercher des personnes souffrant des mêmes soucis pour se confier. Et depuis que je ne cherche plus à me cacher, on vient à moi.
Mais là où ça me choque, c’est quand j’apprends que des connaissances de longue dates qui avaient toujours été bien dans leur peau en France, ont commencé à prendre des laxatifs ici pour « maigrir » et ne peuvent plus s’en passer pour se « rassurer ». Des personnes qui ne sont pas du tout en surpoids.
J’en connais au moins deux.
Dire que je ne savais même pas que prendre des laxatifs était une forme de TCA et que j’ai développé ça « au hasard » sans savoir que ça se faisait… je suis loin d’être la seule en fait.
Les anorexiques et boulimiques, je ne les compte même pas. Et je sais qu’elles me lisent. Ainsi que d’autres, « juste » complexées.

Donc comme je pense être allée plus loin que la plupart d’entre vous dans les régimes boiteux et comportements à risques, ce billet est pour vous.
Pour vous montrer à quel point c’est triste, vain, misérable et juste destructeur.
Et puis surtout… que ça ne vous fera pas maigrir, hein. Au contraire.
Ça vous fera juste réduire votre espérance de vie, votre santé et votre chance de mettre au monde des petits chiards en bonne santé.
Ne croyez pas qu’on peut se nourrir d’un œuf dur par jour, se gaver de laxatifs ou qu’on peut se faire vomir quotidiennement sans aucune séquelle.
On paie toujours nos travers dans la vie. J’ai payé une partie des frais tout au long de cette année et je ne suis pas certaine d’en avoir fini.
Et franchement, je suis bien placée pour vous le dire, un tour de taille ne mérite pas une telle souffrance physique et mentale. Je le répète, la descente aux enfers ne prévient pas, et vous ne savez pas jusqu’où peut vous mener un régime boiteux.
En espérant que le message ne soit pas complètement vain et parle au moins à une ou deux personnes.

Passons cette – très – longue partie « témoignage », et passons à la partie dossier.

La société japonaise, propice au développement des TCA ?

Les fans invétérés du Japon n’aimeront pas ce titre. Mais ils n’y connaissent sûrement rien.
D’abord entendons-nous bien : le Japon N’est PAS responsable de mes comportements à risque. C’est moi, et seulement moi, qui ai perdu mon combat contre moi-même et suis tombée si bas. D’autant que j’avais des antécédents facilitant la susceptibilité. Tout le monde n’est pas aussi sensible que moi sur le sujet.
Mais l’environnement ici, pousse quand même au vice. Je reste persuadée que je n’aurais jamais été jusque-là en France.

D’abord comme vous l’aurez sûrement remarqué, ici se prendre des réflexions dans la gueule sur son poids, notamment quand on est une femme, c’est récurrent. Ou alors j’ai vraiment pas de chance, mais je doute être la seule.
Pas besoin de faire une taille 46 pour se faire tailler en pièces.

L’Occident aussi bien sûr, entretient le culte de la minceur. Même si les choses tendent à se bousculer légèrement pour montrer des silhouettes bien en chair dans certaines publicités, la majorité revient quand même à l’encensement du ventre plat.
Mais au Japon… le phénomène est poussé à son extrême, à un niveau assez malsain.

Revenons par exemple aux magazines féminins. On vous propose des pilules plus que douteuses pour perdre jusqu’à 20 kilos en un mois, mais surtout on vous vend ça :

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Ici, on vous propose le plus naturellement du monde, de peser en dessous de 40 kilos. Par exemple, la demoiselle photoshopée à gauche est censée faire 37 kilos.
Oui je sais, les otakus du Japon me diront « oui, mais les Japonaises sont plus petites, donc c’est normal ».
Non, sombre abruti, ce n’est pas normal. 37 kilos c’est le poids d’un enfant de 11 ou 12 ans, pas d’une femme adulte. Les Japonaises ne font pas toutes 1m40, faut arrêter d’être con au bout d’un moment.
Je n’ai rien contre les personnes qui pèsent pas lourd (ou le contraire, on s’en fout !), mais il faut relativiser, on ne peut pas conseiller à tout le monde de faire ce poids. Ce n’est absolument pas une question d’esthétique mais une question de santé.

Ci-dessous, on vous propose de se créer un corps pour « se sentir en confiance pour porter des bikinis et faire l’amour ! », le dossier ne parle pas forcément de régime mais aussi d’épilation etc. Mais regardez le mannequin choisi…

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Tout est fait pour nous conditionner à penser que ce genre de corps doit être la norme, jusqu’aux très appréciés purikura.

Lors de mon premier voyage au Japon il y a dix ans, les purikura c’était des petites photos sympas qu’on décorait avec des petits mots et des petits lapins rigolos.
Il y a quatre ans, quand je suis revenue, plus moyen d’avoir un visage normal sur un purikura : ils vous déforment les yeux pour qu’ils fassent la moitié du visage et que vous puissiez avoir de grands yeux de Roswell  biches. Supayr.
Mais depuis peu, les purikura servent aussi à vous allonger et affiner les jambes pour vous faire des super photos souvenirs, dignes d’un poster Pro-ANA.

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Conclusion : les purikura, c’était mieux avant.
Maintenant, on ne peut même plus se prendre en photo tranquillement sans se souvenir qu’il convient de se montrer aussi maigre que possible. Ce serait dommage de se montrer tel qu’on est quand même.Bref, même un simple purikura est devenu un reflet de plus de cette société moisie et de cette façon de penser gerbante.

Ce sont des petites choses : des pubs, des purikuras, des icônes… Mais le problème, c’est qu’à force, on tend à penser que la norme c’est ça. Et les filles arrêtent de bouffer, et les mecs se permettent d’être odieux.
On nous fait complexer sur une multitude de petites choses via des publicités et dossier divers. Ici,  par exemple, on vous propose une méthode pour maigrir (parce que la version de gauche est grosse ?), parce qu’un jean est mieux porté lorsqu’il y a un écart entre les deux cuisses.

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Au Japon, la minceur se calcule aux genoux cagneux et à l’os des hanches qui ressort. J’avais d’ailleurs vu dans un reportage un jour, que c’était pour ça que les lolitas avaient la cote au Japon : elles ont encore les os des hanches qui ressortent, ce critère de beauté et de minceur.
L’Indice de Masse Corporel, on peut se le foutre au derche, il ne semble pas faire partie du paysage.

Le Japon, c’est aussi la foire aux régimes à la con. Oui en France aussi, certes. Mais ici, on a quand même son pesant d’or en régimes foireux et limites niveau santé.
Les pharmacies pullulent de rayons régimes (et croyez-moi, je les connais par cœur) vendant tout et n’importe quoi. Des repas en sachet à 20 calories seulement, aux pilules capteurs de graisses qu’on ne sait pas trop ce qu’il y a dedans concrètement, aux trucs dans lesquels ont doit s’enrouler pour comprimer notre corps et perdre en taille.

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Bon, ce n’est pas tant la pratique qui me dérange, il y a pire comme méthode pour perdre des centimètres. Ce qui me gêne surtout, c’est que dans cette pub, la demoiselle insiste sur le fait qu’elle veuille maigrir… alors qu’elle est déjà très maigre !

Une entreprise de régime par patch (pour réduire la faim etc.) s’est même emballée dans ses pubs au point de présenter un « résultat » tellement photoshopé qu’il n’en est même plus humain. A part une envie de vomir, ça ne m’inspire vraiment pas grand chose.
Mais qu’est-ce qui se passe dans la tête de ces marketeux ?

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Je ne parle pas de ces fameux magazines dont je vous ai parlé la dernière fois, dans lesquels j’ai trouvé des dossiers minceurs où on donnait tous les conseils possibles pour arriver à arrêter de manger.
Le top conseil de ce dossier pour arrêter de manger et lutter contre la faim ?
Dormir.
Sans commentaire.

Tout est fait pour se sentir gros et mal dans sa peau. Et on vous encourage à faire n’importe quoi comme si c’était normal dans l’indifférence générale.

Au delà des régimes de merde, il y a toute une mentalité et des codes hommes femmes derrière la nourriture.

Par exemple, on m’a dit à plusieurs reprises que manger peu était une forme de « féminité ». Eh oui, pour certaines personnes ici, finir votre assiette remettrait en question votre féminité. Ah, la jeune demoiselle frêle à l’appétit d’oiseau, l’image même de la grâce de la femme !
Vous n’avez pas idée du nombre de filles/femmes ici qui laissent la une partie de leur assiette, a fortiori lorsqu’il y a des hommes à table.
D’ailleurs, ça gêne souvent ces derniers au final. On m’a dit plus d’une fois qu’il était plus agréable d’avoir à table des filles qui mangent plutôt que des filles qui font les précieuses (alors qu’elles crèvent surement la dalle…) et se retrouver à manger seul.
Ainsi, on saluera souvent le fait de manger avec appétit… mais comme ici rien n’a de logique, pour ne pas hésiter derrière à vous proposer de faire un régime ou faire attention.
Une fois – avant que je ne tombe dans mes travers- on m’a demandé de but en blanc de manger  lorsque j’étais accompagnée mais que je m’abstienne et sois au régime le reste du temps. Comme ça je reste mince, mais ma compagnie reste agréable.
Ou l’art d’être une petite poupée qui mange sur commande, bien entendu.

On note aussi d’autres codes culturels. Comme le fait que la viande serait plutôt pour les hommes et le poisson pour les femmes. Rien de bien méchant mais qui font parfois naître des complexes absurdes comme celui d’aimer un steak.
Lors du lunch mensuel obligatoire avec mes collègues, je remarque parfois que certaines n’osent pas prendre un plat « masculin » soit avec beaucoup de viande. C’est seulement quand j’en commande un sans complexe (j’en ai déjà bien trop pour ajouter celui-là) que parfois une de mes collègues change d’avis pour annoncer avec un sourire gêné : « bon, alors finalement moi aussi ».
Rien de dramatique en soi, mais ce sont des petites choses que je trouve tristes.

Il faut être mince, il faut être féminine en se montrant délicate avec la nourriture, mais il faut savoir aussi enchaîner les beuveries entre amis et entre collègues, les nomikai étant un peu le pilier de la vie sociale au Japon.
Sans oublier que les Japonais sont de fins gourmets, adorent manger et qu’ici, aller manger au restaurant, ce n’est pas une fois de temps en temps comme chez nous, mais quotidien.
Ajoutez à cela une vie speed (notamment dans les grandes villes) où le travail occupe la majeure partie de la journée. On part tôt, on rentre tard, on mange sur le pouce au bureau. Tout est fait pour ne pas avoir le temps, pour se rabattre sur les plats tout préparés, la junk food, la mauvaise hygiène de vie. C’est valable dans chaque grande ville du monde, mais intensifié ici.
Combien, une fois entré dans la vie active, ne prennent plus la peine de rien cuisiner et se contentent de petits restos et bento de combini acheté sur le chemin du retour à la maison.
Je le sais, j’ai fais pareil.

C’est tellement tentant. On vous le sert tout chaud, on a la fausse impression que c’est pas cher (car on compare à la France, mais au quotidien ce n’est pas avantageux), tout est prêt, on vous donne même les couverts.
Mais vous êtes vous déjà penchés sur les étiquettes des bentos tout prêts ?
La plupart frisent les 1000 calories. Du riz, de la mayonnaise, et A CHAQUE FOIS, des aliments frits. Que ce soit des katsu, des karaage ou des tempura, il y a des éléments frits dans chaque repas préparé.
Je ris doucement quand j’entends ceux qui débarquent s’extasier sur ces repas nettement plus équilibrés qu’un Mc Do et sur la bouffe japonaise tellement saine.
Car je doute qu’ils se nourrissent exclusivement de soupe miso, de wakame et de konjac.

Peu de temps pour bien cuisiner, de la malbouffe partout déguisée en plat équilibré, des nomikai à n’en plus finir… mais on se doit de rester mince.
Tomber dans les travers des petites pilules, sachets de poudre et compléments alimentaires est un jeu d’enfant quand on essaie de combiner les deux (et beaucoup essaient).
Et quand on est pris d’une envie de se gaver, les combinis ouverts 24h/24 ainsi que la multitude de chaînes proposant bouffe et boissons à volonté sont là pour répondre à nos désirs de gavage. Tu as honte de recommencer dès le lendemain ? Pas de problèmes, des combinis y’en a tous les dix mètres, il suffit de changer et faire un roulement, personne ne saura tout ce que tu es capable d’engloutir en une soirée.
L’air de rien, être boulimique au Japon est encore plus difficile à maîtriser qu’ailleurs. Ta crise peut venir un dimanche à 2h du matin, tu trouveras toujours tout ce qu’il faut d’ouvert pour te vendre ta dose de gras et de sucre. Et comme la plupart des produits vendus sont en édition limité, on a toujours de nouvelles choses à se mettre sous la dent, à acheter en stock avant que ça ne disparaisse des rayons et j’en passe.
Toutes ces choses de la vie quotidienne qui se transforment en enfer quand on est malade.

Enfin, pour se pencher un peu plus sur le cas des étrangères expatriées au Japon, sans forcément développer des troubles du comportements alimentaires, un large pourcentage développent de gros complexes sur leur corps au bout de quelques mois.
Pourquoi ?
Bon, déjà y’a qu’à regarder dans la rue. La plupart des nanas font la moitié de nous-même. On se sent assez vite hors norme.
Et si en France on faisait son shopping sans problème, au Japon on peine à s’habiller même pour une petite taille 38 ou 40.
Des hanches un peu larges ? Adieu le beau jean. Une paire de sein au delà du bonnet B ? Va reposer cette robe tout de suite.
Tu es venue au Japon parce que tu adores la mode ? Tu adoreras surement aussi  la Tour 109 dont la dizaine d’étages ne propose quasiment que des vêtements entre le 32 et un petit 38.
Pour espérer trouver un 42 ou un 44 (voire un 46 mais au delà faut quand même pas déconner), on peut toutefois se tourner vers des chaines étrangères comme H&M, mais si tu rêvais de vêtements visu ou gyaru made in Japan, arme-toi de patience pendant ton shopping, ici le public visé se doit d’être filiforme et petit.
Et tant pis pour les quelques japonaises grandes ou enrobées, elles avaient pas qu’à !
Quelques enseignes japonaises comme UNIQLO font dernièrement l’effort d’ouvrir éventail de leurs tailles pour aller jusqu’au XXXL.
Mais sur la publicité ça donne quoi ?
Deux japonaises frêles pour les tailles XS et M et une étrangère nettement en surpoids pour la taille XXXL (et pas de tailles entre ?).

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Le message est d’une finesse… Je vous laisse méditer dessus.

Bref, une société qui favorise une hygiène de vie discutable mais qui cautionne en même temps les corps filiformes et les régimes en tout genre, le tout avec quelques piques supplémentaire pour toi l’étrangère qui a un format king size comparée à la norme locale.

Si tu es déjà bien ronde et complexée, outre le problème des vêtements, tu ne vivras peut-être pas forcément mal ton embonpoint ici. Comme je l’ai dit plus haut, à Osaka mon surpoids étant tellement énorme qu’il en devenait un problème, donc un tabou. Donc, on ne m’a jamais trop embêtée.
Par contre, si tu vis ici au long terme et que tes rondeurs n’atteignent pas encore le seuil du tabou, prépare-toi a encaisser si tu es susceptible sur le sujet.
(Apres tout, certains ne se formalisent pas pour si peu non plus).
Faut pas renoncer à la vie au Japon pour autant, mais savoir se blinder le mental.

Et les malades dans tout ça ?

Bon, j’ai parlé beaucoup de moi, j’ai parlé du Japon… et les malades de TCA au Japon alors ?
Je ne saurais vous faire un dossier complet (sinon on est encore la pour 50 pages) mais je peux aborder un minimum le sujet.
Il y a un an, lorsque je touchais le fond, que j’étais désespérée et que j’ai compris que mes amis ne me donneraient pas l’épaule que j’avais besoin pour pleurer ma misère, j’ai essayé de chercher des personnes dans le même cas que moi, ne serait-ce que pour me renseigner au niveau des traitements et suivis psychologiques possibles au Japon.
J’ai été effarée par ce que j’ai trouvé. Le Japon, ou l’art de me faire perdre toujours un peu plus foi en l’humanité.
Lorsque j’ai fais des recherches en français, je suis tombée sur des forums et communautés de malades et proches de malades cherchant des solutions, racontant leur parcours pour s’en sortir, ou demandant de l’aide.
Lorsque j’ai fais la même chose en japonais avec les mêmes mots clés (traduits) pour essayer de trouver des témoignages qui m’aideraient à trouver un traitement adéquat sur place, je suis tombée sur des communautés plus malsaines les unes que les autres.
Suivies par des milliers et milliers de jeunes filles, les conversations n’avaient en aucun cas pour but de s’en sortir ou de guérir.
Non, on racontait avec fierté ses exploits (tant de vomis dans la journée, moins de 200 calories depuis deux jours et j’en passe) et on S’ENCOURAGEAIT en tenant un journal, chacune se soutenant les unes les autres dans leur connerie.

Je suis passée sur mixi, un forum sur la boulimie vomitive. Aucun topic d’entraide ou de proposition de traitement. Non, à la place, des topics pour apprendre à bien vomir, la liste des aliments faciles à rendre, ceux qui font mal, et j’en passe.
Le tout, sans aucun modérateur.

Ça a touché le fond (et j’avoue en avoir pleuré tant j’étais choquée) avec un topic de photos, où chaque participante devait mettre la photo de la main avec laquelle elle se faisait vomir, afin d’y exposer en trophée la cicatrice laissée par les dents lors des vomissements.
Et chacune légendait sa photo avec le nombre d’années que ça avait pris, le nombre de vomis par jour et j’en passe. Certaines postaient leur main en disant « je n’ai commencé il n’y a que quelques mois donc ça se voit peu, mais ça va venir ! Gambaru ! »…
Les bras m’en sont tombent.

Quand bien même elles soient dans un délire d’autodestruction complètement aveugle, comment est-ce que les administrateurs peuvent laisser vivre des communautés aussi malsaines ?

Facebook est peut-être la lie d’Internet, mais il me semble pas que de telles activités resteraient ouvertes au public sans censure ni suppression de page.
Ce jour-là, j’ai explosé de colère et envoyé un mail explosif à l’équipe de mixi ou j’ai déversé toute ma haine et frustration dans un argumentaire bien senti.
Le topic de photos glauques a été effacé après cela, mais pas les communautés qui existent toujours et sont toujours actives…

Au début de l’été, quand j’ai décidé de ne pas me dégonfler et écrire cet article, pour la première fois depuis des mois, je suis allée voir si ces communautés existaient toujours.
Evidemment oui.

Parmi elles, ma « préférée ». Une communauté suivie par plus de 5200 personnes et active en toute impunité depuis 2006. Le titre de la communauté annonce la couleur (ainsi que sa photo de profil) : « Maigrir de façon malsaine»…

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La description de la communauté est toute aussi éloquente (« les régimes sains c’est chiant »), mais je l’epargne aux non-japonisants pour passer directement au contenu.
Le topic le plus populaire, actif depuis 2007 s’intitule sobrement « Allez, arrêtons de manger ! ».

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Le premier post écrit pour lancer le topic propose de s’arrêter de manger pour ne boire que de l’eau. Et sur des pages et des pages, on a des commentaires suivant cette invitation.
« A partir de lundi, j’arrête encore de manger, je vais faire de mon mieux (*^o^*) ». La suivante répond qu’elle aussi elle s’y met, la deuxième qu’elle ne s’autorisera que des pilules de compléments alimentaires et a boire.
Parfait. Pas besoin de vous en dire plus, c’est ça sur 450 messages.

Dans un autre topic, les membres doivent se présenter et donner leurs objectifs de régime.

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Non : « 1m54, 45 kilos… Je suis enooormeee ».
Chiruko : « 1m58 pour 42 kilos. On m’a fait grossir pour soigner mon anorexie, et après être tombée en boulimie j’ai dépassé les 40 kilos. Je veux retourner a l’époque ou j’étais la plus maigre ! ».

Sur qu’a 42 kilos pour presque 1m60 elle doit friser le mètre cube.

La plupart des membres pèsent entre 45 et 30 kilos, et toutes veulent maigrir plus, a n’importe quel prix mais surtout pas celui de l’équilibre. Aucune ne dit a l’autre qu’elle n’a pas besoin de maigrir plus, je ne sais même pas si elles s’écoutent entre elles a part pour s’encourager dans leur dangereux délire.
Les communautés de boulimiques vomitives existent aussi toujours également, avec leurs topics pour apprendre a vomir et autres horreurs.
Par contre, je m’abstiens de traduire quoi que ce soit. J’ai pas envie de faire circuler malgré moi ce genre de conseils et donner l’envie à quelqu’un de tester.

Vu la mentalité générale, impossible d’essayer de parler de sa maladie avec les personnes concernées sur le net. Elles sont complètement déconnectée de la réalité, ne semblent avoir aucune envie de s’en sortir et se tirent les unes les autres vers le fond.
Le tout dans indifférence générale des administrateurs de mixi et autres forums japonais. Et certainement le silence de celles qui veulent vraiment s’en sortir.

Sur Twitter ? La même. Quelques bonnes âmes qui font la morale mais une majorité de tweets alarmants sur des régimes qui consistent tout simplement à ne plus manger du tout.

Bref, je n’ai pas besoin de vous traduire tout le web, magazines et retranscription de conversations. Je pense que vous m’avez compris et les japonisants peuvent chercher eux-mêmes.

Les TCA, ou une des nombreuses face cachée de l’iceberg Japon.
Encore une fois, pas que j’accuse en oubliant de regarder l’Occident ; l’Europe et l’Amérique sont loin d’être épargnés.
Mais à part des personnes vivant au Japon, on parle généralement de troubles du comportement alimentaire seulement en Occident, ces belles femmes asiatiques étant menues naturellement.
Même s’il est vrai que nous n’avons pas les mêmes carrures en général, le fait est que les maladies mentales liées à la nourriture se développent de plus en plus au Japon.
Dans un mémoire sur les troubles du comportement alimentaire au Japon (dont je vous laisse le lien plus bas), on apprend qu’au début des années 2000, 50% des jeunes étudiantes (entre 18 et 22 ans donc) avaient déjà fait un régime, 40% avaient déjà eu recours à des régimes à base de pilules et de boissons et que 18% avaient un IMC d’anorexiques.
Sachant qu’en dix ans, la situation n’a cessé de se détériorer. Dans le même mémoire, on apprend qu’en 1999, plus de 10% de femmes japonaise ayant un IMC normal avaient répondu prendre des laxatifs dans le but de maigrir et plus de 3% des diurétiques (et je vous le répète, ça ne fait pas maigrir…).

Et pour celles qui ont conscience d’être malade et veulent s’en sortir, qu’est-ce qui se passe ?
En Occident, nous avons des maladies mentales sur la nourriture, c’est connu, on ne s’en cache pas. On conséquence, même si je n’ai pas testé le système donc ne saurais dire s’il est efficace, on peut quand même se vanter d’avoir une palette de centres spécialisée, de médecins et psychologues dont la spécialité est les troubles alimentaires.
La journaliste Georgia Hania a fait un dossier poussé sur les TCA au Japon, et lève le voile sur l’insuffisance des médecins et les difficultés des malades cherchant a se faire soigner.
Sur 80 écoles de médecines au Japon, seulement trois professeurs spécialisés dans les troubles du comportement alimentaire.
Les listes d’attente sont longues, les établissements non spécialisés collectionnant les échecs sont nombreux, les établissements reconnus proposent des rendez-vous pour dans six mois a un an..
Peu de spécialistes, peu de docteurs juges compétents dans le domaine. Quand on a un docteur renomme et dont les méthodes ont fait leur preuve comme le Dr. Yamaoka, la liste d’attente pour un rendez-vous peut aller jusqu’a sept ans (sources dans les liens plus bas).
Les spécialistes se dédoublent et partent en déplacement dans les établissements en échec pour apporter leur aide et sont donc moins disponibles pour leurs propres patients.
Il y a quelques associations, mais peu de budget, des projets d’ouverture de nouveaux établissements mais toujours pas de spécialistes.
Si on abandonne les traitements spécialisés faute d’attente ou de suivi compétent pour faire une thérapie chez un psychologue, la séance peut aller jusqu’à 100 euros de l’heure.

Bref.
Je ne connais certainement pas toutes les solutions possibles, mais autant dire que dans la plupart des cas on se retrouve bien souvent tout seul avec ses démons.

Ce billet est déjà bien long, et ce sujet mériterait un propre mémoire pour pouvoir être abouti.
Je vous laisse donc avec une série de dossiers, d’études et d’articles de journaux sur le sujet.
Par contre, la francophonie n’étant pas tellement alerte sur le sujet, toutes les sources sont en anglais.
L’occasion pour vous de bosser un peu la langue de Shakespeare, bande de feignasses !

LIENS
PDF d’un mémoire de recherches sur l’émergence des TCA au Japon
PDF d’un dossier sur l’image du corps et les troubles du comportement alimentaire chez les adolescents Japonais
Reportage de Georgia Hanias sur l’anorexie au Japon
Blog sur les TCA au Japon
Article de journal
Article de journal
Article sur l’obésité devenue illégale au Japon

Merci d’avoir tout lu, en espérant – même si c’est surement présomptueux – qu’il aura fait réfléchir quelques personnes, et ouvert les yeux a d’autres mal dans leur peau.
L’important c’est surtout la sante, même si ça sonne barbant. J’espère non plus ne pas trouver des commentaires faisant l’apologie des rondes avec des propos virulents contre les maigres comme on en voit parfois, vous seriez passé à côté du sujet.
Ce billet n’est pas pour raconter mes malheurs mais une mise en garde, n’est pas engagé spécialement pour la cause ronde en particulier mais pour le respect du corps et des différentes silhouettes en général.
On est comme on est.

Allez, merci aux braves qui ont lu jusqu’ici et à tout vite, pour un billet beaucoup plus joyeux !

194 thoughts on “Salut, TCA bien ?

  1. Lilly

    J’ai souvent lu ton blog en anonyme, mais pour le coup ce post m’a donné envie de commenter.
    J’ai commencé à avoir des problèmes avec mon poids alors que j’avais seulement 13 ans. J’en ai 17 aujourd’hui. J’ai jamais été grosse, mais à l’époque, (et encore aujourd’hui), c’était un « effet secondaire » dû au fait que j’étais dépressive.
    J’ai toujours réussi plus ou moins bien à me raisonner (« Non tu n’es pas grosse, arrête de te dire ce genre de choses »…), malgré tout, il y a 3 mois, avec le bac à passer, des soucis personnels, j’ai perdu l’emprise que j’avais sur moi même et ai commencé à manger plus, et à me faire vomir régulièrement. J’ai perdu 5kg et suis donc descendue à 39kg en 2 semaines.

    Mais la vie continue; j’ai eu le bac, et ai déménagé au Japon il y a deux mois.
    Eh bien en deux mois j’ai eu le temps d’expérimenter ce que tu décris dans ton article. Depuis mon arrivée, j’ai naturellement pris quelques kilos, parce-que j’en avais besoin. Et même si dans ma tête il y a toujours le conflit « t’en as besoin » et « j’ai peur de devenir grosse », je me raisonne et garde de bonnes habitudes alimentaires..
    Mais les japonais ne me facilitent pas la tâche. Dans le train, j’ai déjà entendu des « t’as vu la grosse étrangère là? Elle est dégueu » qui font pas plaisir du tout. J’ai reperdu les kilos que j’ai pris depuis mon arrivée. Rien que pour ça. Je fais 40kg actuellement et pourtant hier encore je me suis fait traitée de grosse.
    Et je te comprends tellement. On a beau être normale, le jugement des autres, lorsqu’on doute de soit, a tellement d’importance qu’il peut déformer notre propre vision de nous même. Je suis normale. Mais j’ai besoin de me le répéter pour pas l’oublier. Parce-que ce que j’entends parfois pourrait me faire croire que je suis difforme.

    Les gens ne réalisent pas combien quelques petits mots peuvent avoir de l’influence sur les autres. On parle, on critique, sans se rendre compte et sans jamais se demander ce que l’autre ressent.

    Et pourtant ce qu’on dit peut détruire quelqu’un sans jamais pourtant qu’on le réalise.

    J’ai l’impression que mon calvaire ne fait que commencer ici, avec ma rentrée qui approche à grands pas. Mais je baisserai pas les bras. Quant à toi, tu n’as aucune honte à avoir de ton post. C’est courageux d’avoir tout balancé ici, d’autant plus que ça a du remuer pas mal de souvenirs d’écrire tout ça.

    Je te souhaite bien du courage pour la suite, parce-que ce genre d’expérience, on s’en remet jamais vraiment.
    Mais je doute pas que tu t’en sortira. Merci en tout cas pour ce post toujours instructif!

    Reply
  2. Myriam

    J’ai pleuré en te lisant. J’étais loin de me douté de ton parcours et de ta douleur. Dommage que je ne l’ai pas su, je t’aurais épaulée, car je connais ce combat. Lorsque l’on s’est rencontrée, j’ai eu l’image d’une femme épanouie, bien dans sa peau, loin de la Sonia vivant un calvaire. Dire que j’avais peur de ta réaction en me rencontrant, vu que je ne suis pas du genre fil de fer ou alors genre cables pour bâteaux, alors que tu avais peut-être aussi cette peur. J’étais soulagée quand j’ai vu que vous faisiez abstraction de mes kilos. Je suis horrifiée de voir à quel point l’humain peut être cruel vis à vis d’autrui, de voir à quel point l’image prend le dessus sur la personnalité. Que, dans le fond, peu importe que tu sois une personne intéressante, le fait que tu aies quelques kilos de trop fera qu’aux yeux de certaine tu seras une nullité, une feignasse, une irresponsable, et j’en passe et des meilleures. Heureusement tu as trouvé Mr Catastrophe, qui au-delà de l’apparence à vu qui tu étais réellement, a vu la fille géniale qui était derrière les kilos, qui a su faire abstraction de l’image pour aimer la personne et qui surtout à compris tes angoisses, tes combats, tes phobies et a su et sait t’aider à les surmonter, à les exiler petit à petit de ta vie.. Garde le bien au chaud. Je trouve que l’Europe est déjà bien atteinte par cette image de femme squelettique, anorexique ne donnant pas une image de santé contrairement à ce que l’on veut nous faire croire. Mais là, au Japon, ça frôle les camps de concentration. Ce sont des squelettes recouverts de peau, ce n’est même pas beau. Je n’ose imaginer leur état mental, leur santé. Pour moi, diffuser ces images, ces reportages et des photos de ce genre est un crime, une incitation au suicide, car si ces femmes, filles suivent ce style de conseils, c’est la mort assurée. A mon avis en tout cas, ou alors, les japonaises ont une santé de fer pour supporter autant de privations. Tout ce que je souhaite, c’est que ton parcours, ton vécu, puisse apporter un peu de réflexion à certaines personnes qui souhaitent perdre du poids. Qu’elles comprennent que rien ne vaut une alimentation équilibrée, que c’est plus long, mais que c’est efficace. Si la pilule miracle existait réellement, son inventeur serait multi-milliardaire. Malheureusement tout ce qui maigris avec ces régimes à la con, ce n’est que le portefeuille. Ils nous détruisent petit à petit,réduisent notre santé à néant, nous font perdre de plus en plus confiance en nous et en l’humain. Heureusement, qu’il y a ces personnes qui nous aiment telles que nous sommes. Je suis aussi passée par les laxatifs en y ajoutant les diurétiques. Comme quoi on est stupide à n’importe quel âge. Mais bon, les kilos de cortisone, bein ils résistent à ces saloperies. Maintenant, rééquilibrage alimentaire au programme et moins 8 kgs sur la balance. Un petit pas, je sais. Heureusement je suis soutenue comme tu l’es par ton Chéri. Et puis, mes bourrelets, le mien s’en fous. Si tout le monde pouvait réagir comme ces deux personnes, ce serait magnifique. Bon je vais arrêter, je pourrais écrire un commentaire aussi long que ton post. Désolée.
    Gros bisous et courage dans ce dur combat.

    Reply
  3. Mu

    j’ai pleure moi aussi en lisant ce poste.
    Mais avant tout, je voudrais m’excuser. M’excuser de pas avoir su trouver les mots, de pas avoir su t’aider, et de pas avoir vu a quel point tu allais mal. J’etais bien trop preoccupee a regarder mon propre poid sur la balance (et a faire fasse aux autres problemes que tu connais) pour reflechir a une solution. Alors, je te presente mes excuses. Vraiment.
    J’ai pas ete un amie a la hauteur.
    Comme je te disais hier, depuis ma fausse couche, je ne me prends plus la tete avec ce que je mange. j’ai grossis, je le sais, mais meme si dans ma tete il y a cette petite voix qui me dit qu’il faut que je me reprenne, je n’ai pas envie de encore me faire du mal pour tout ca. C’est bcp trop vain.
    Tu as eu un courage extraordinaire pour parler de tout ca avec autant de franchise, franchement respect.
    Je t’aime cherie, ne l’oublie pas

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  4. Clara

    Tout d’abord, je tiens à te dire que tu aurais eu vraiment tort de ne pas franchir le cap en écrivant ce billet, tant pour toi que pour les autres.
    Je vis aussi au Japon et je ne vais pas rentrer dans les détails car tu l’as déjà si bien fait, mais tout ça pour te dire que je comprend quand tu parles de la pression quotidienne du poids, pour l’avoir vue et entendue de mes propres yeux/oreilles.
    Lorsque je rentrais au Japon après un séjour en France avec mon mari et ma belle soeur, la première chose que certaines personnes leur disaient en guise de bonjour c’est « oh, bah tu as grossis dis donc! », et je te rassure cela n’épargne pas les hommes non plus!
    Il est même arrivé à mon mari d’en envoyer chier plus d’un après ce type de réflexion (on va dire que si d’ADN il est 100% japonais, il a passé une bonne partie de ces 10 dernières années à l’étranger donc il ouvre sa bouche) et au final ils se retrouvaient tous cons comme s’ils ne réalisaient même pas que ce qu’ils disaient pouvait être blessant…je crois qu’au final c’est une habitude! J’ai vu pas mal de fois les publicités dont tu parles, et j’hallucinais à chaque fois, mais pour l’oublier 5mn plus tard, je ne pensais pas que c’était à ce point là…
    Sache que même si on ne se connaît pas, ton histoire m’a touchée et je t’envoies tout mon soutien en pensées!
    Aussi, je tenais à te dire que j’apprécies beaucoup ton dernier paragraphe, car étant maigre de nature même en mangeant à ma faim voir plus, ces dernières années il m’arrive régulièrement de me faire traiter de « trop maigre » voir « d’anorexique » ce qui ne fait jamais plaisir et quand on sait ce qu’il y a derrière la vraie anorexie. Vive les corps tels qu’ils soient, et au final une belle âme c’est ce qu’on devrait toujours retenir d’une personne! Courage!

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  5. Sarah S

    Merci pour ce témoignage magnifique et courageux, mais surtout nécessaire.
    A la fac je voyais une fille très intelligente, drôle, pleine de charme et de fantaisie, et je n’aurais jamais imaginé que tu pouvais souffrir autant…
    Tu sembles sur la bonne voie pour sortir de ta dépression, même si le chemin peut être long, tu as la maturité pour t’en sortir.

    Au Japon j’avais remarqué que les filles semblaient anormalement obsédées par la minceur, que les calories étaient affichées partout. A l’époque je faisais 65 kilos pour 1m66 et je rentrais dans un 36-38. Pas trop de soucis pour m’habiller à part les manches des vestes et des pulls, toujours trop courtes. Ah, et les soutifs, laisse tomber, je les choisissais sur internet et ma mère me les envoyait :p
    Les filles que je voyais tous les jours, c’était celles de mon club de Kendô. 12h par semaine, même pendant les vacances. Elle n’étaient pas particulièrement maigres, elles étaient minces, mais « baraquées » quand même! Les judôka qui partagaient notre vestiaire se pesaient tous les jours, mais bon dans ce sport il y a des catégories de poids pour les compétitions, donc je pense que c’est normal de surveiller que son poids ne bouge pas, ni dans un sens ni dans l’autre… Et la pareil, des filles ni rondes, ni maigres, mais bien charpentées.
    En fait je ne me rappelle pas avoir vu de fille outrageusement maigres, comme dans les magazines. Peut-être que les gens sont plus vraiment plus cools à la campagne?
    En revanche la maigreur de beaucoup de Parisiennes me choque quotidiennement. Et me fait beaucoup de mal.

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  6. Zillya

    Je viens aussi de pleurer longuement en lisant ce post… C’est horrible de se sentir obligé d’en arriver là même plus pour soi mais pour les autres. Mais en même temps avec ce genre de remarques quotidiennes, ne pas devenir dingue est quasi mission impossible.
    Je trouve ça très courageux d’avoir écrit ce post en te mettant à nu plus vulnérable que jamais. Mais je te remercie également à titre personnel…
    Je suis terriblement complexé et je l’avoue, l’occasion que j’aurais pu avoir d’aller au Japon pour mes études pendant 1 an, je l’ai laissé passer parce que je ne voulais pas me prendre ce genre de remarques sur mon poids. J’y vais en tant que touriste mais y vivre, je sais que je n’en aurais pas la force. Je pense que je mettrais tout bonnement fin à mes jours…
    Et même si en lisant ça je me dis que leur façon de te rabaisser comme ils l’ont fait est aussi une façon de se valoriser, de la pure méchanceté (ou de la stupidité) je sais que là bas la maigreur est la norme.
    (Enfin bon après avoir vu le reportage « l’Empire des Sans » je me dis que c’est bien la peine de vouloir avoir des femmes maigres pour même pas s’occuper d’elles, mbrefl)

    Mais ils sont tellement tellement contradictoires ! Te demander de manger pour ne pas mettre mal à l’aise et de maigrir à côté…. en fait ils sont tellement mal dans leur peaux qu’ils se sentent obligés de rabaisser les autres c’est ça ?! finalement je me sens révoltée et dégoutée par la mentalité de ce pays. ça fait une dizaine d’année que je m’intéresse au japon, mais depuis quelques semaines, ils me fascinent de moins en moins et me débecte tout simplement… Les femmes se rendent malade et se complexent pour répondre aux gouts de putain de macho !! O_o
    Et ton dernier paragraphe vient tout simplement de me faire perdre le peu de foi en eux qu’il me restait…
    Mais franchement, comment ça se fait qu’elles ne prennent pas de poids après ces « régimes » dingues ?! Elles ne mangent plus jamais ?? Elle continuent à vivre en carburant à 200kcal quotidienne ?! Nan mais c’est juste une hallucination totale !!

    Encore merci pour ce long billet mais qui vraiment m’a éclaircit sur beaucoup de choses… J’espère que tu vas t’en sortir pour de bon un jour, sans trop de séquelles et que tu pourras remanger normalement, sans tomber dans les extrêmes.
    Et c’est peut être stupide ce que je vais dire, mais que tu aies été capable d’en parler de cette façon est une preuve de force je trouve. Courage !!

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  7. Noemi

    Merci, Sonyan, pour cet article absolument vital. Chapeau bas pour le témoignage, déjà, et espérons qu’en effet cela aide à nous garder de tomber dans des comportements et des pensées complètement destructeurs.
    Comment ne pas être épouvantée par les standards de maigreur qui pullulent partout dans ce beau pays, par le marketing du déglingage de métabolisme, par le sexisme ambiant entretenu par les hommes comme par les femmes sur le sujet… Bonjour les dégâts. Je m’aperçois que j’ai énormément de chance d’avoir pu, jusqu’ici en tout cas, passer entre les mailles et ne pas me prendre de réflexions dévastatrices pour la jeune femme doucement dodue en dessous de la taille, et ex-boulotte de l’adolescence, que je suis… Car nombre de mes copines m’ont rapporté des expériences d’humiliation comparables à la fac, au boulot ou de la part de leurs soi-disant amis ou amoureux. « On m’a dit de faire un régime », « il m’a sorti que je devrais faire un effort pour perdre quelques kilos », etc… ce n’est pas un mythe, ce n’est pas un manque de chance, ce n’est même pas QUE du bizutage (certes dégueulasse de manque de tact) des rondes, car les meufs en questions sont tout à fait minces!! Mais ça fait partie du poids écrasant du standardisme extrême de cette société. Une fois qu’on a établi des critères esthétiques de maigreur absolue, alors non seulement tout le monde doit rentrer dans le rang, mais en plus chacun se sent autoriser à faire remarquer à autrui qu’il ne colle pas audit standard et de pointer avec application ce qu’ils estiment en être la raison. Se faire sa propre opinion de la beauté d’une personne ? Et dans la foulée reconnaître à autrui le droit d’être lui-même, tout simplement ? Ah, bah non alors, si on a pris la peine d’établir des standards draconiens, irréalisables sinon dans la douleur, le sang et les larmes, c’est pas pour rien, dis. Et même : plus ce sera destructeur, mieux ça vaudra. Il y a tout de même chez nos amis les Nippons une tendance persistance à adorer se faire morfler, qui cohabite avec l’hédonisme de la source chaude et du sur-confort moderne, bien sûr, ceci n’empêche pas cela. Mais quand on fait du sport, au Japon, en effet, hé bien on en fait jusqu’à en baver des ronds de chapeau ; et si le prof peut infliger des petites punitions humiliantes au dernier arrivé à la course, mieux ce sera. Et quand on surveille son poids, ce n’est pas en augmentant tranquillement la part de légumes quotidienne, mais en s’astreignant à l’ascèse la plus totale et aux traitements chimiques. Et quand on travaille, on se met au bout du bout. Et on est tellement fiers de raconter à quel point on se fait souffrir. Après 4 ans de vie à Tokyo, je n’en reviens toujours pas lorsque ma collègue me raconte sa dernière leçon de tennis où son psychopathe de prof lui a encore foutu la honte avec zèle; elle tire une perverse satisfaction d’aller se faire torturer pour une fortune toutes les semaines. Et c’est régulièrement le même WTF avec tout le monde, ici.
    J’ai une sacrée chance, disais-je, parce que je bénéficie d’un chiffon rouge fort efficace dans ce pays : la blondeur. Je suis blonde aux yeux bleus, et sans déconner, je suis intimement persuadée cette caractéristique m’a servi de repousse-connerie sur le poids, que j’ai certes tout à fait correct selon l’IMC, mais qui m’a officialisée meilleure cliente de H&M Japan ever. Je suis une vitrine suédoise à moi toute seule. Malgré ça, probablement aveuglés par mon casque d’or, les gens m’ont foutu la paix. De fait, mes ex copains japonais n’ont jamais tenté la moindre suggestion de régime ou quoi (ils avaient d’autres vices de fabrication mais passons), ni mes amis gaijin (plutôt du genre à se marrer sur les poitrines menues des nippones que sur les hanches généreuses des western girls), ni mes collègues. Sauf une fois, en contemplant une ancienne photo de moi plus potelée qu’aujourd’hui et en s’exclamant sur mon changement de silhouette ; j’explique alors fièrement que j’ai perdu 9 kilos depuis que je suis salariée et que j’ai les moyens de m’acheter des fruits et légumes. La collègue d’en déduire : whaou, mais alors, à l’époque, je devais faire… oh la la… plus de 60 kilos ???… C’est à dire, réponds-je : je fais TOUJOURS plus de 60 kilos. That awkward moment.
    Mais à part ceci, qui n’était pas une attaque, aucun commentaire désobligeant. Veinarde que je suis… car il n’en aurait pas fallu beaucoup pour me déstabiliser grandement. Tu as bien raison de dire qu’il y a plus de filles fragiles du complexe, et sur le point de flancher, qu’on s’imagine. Je suis pétrie, comme tant d’autres, de mauvais souvenirs d’enfance et d’adolescente au dessus de la courbe de poids, et des piques assassines qui ont aiguillé cette époque. J’ai des phases de découragement devant le miroir, comme tant de nanas sur Terre. Je me compare, me trouve nulle, me trouve moche épisodiquement. Et si j’avais eu moins de chance, si mes blonds cheveux n’avaient pas tant détourné l’attention des êtres sans pitié aux alentours… ce post aurait pu être mon histoire.
    Alors merci de nous rappeler que la seule issue là dedans, outre la vie la plus saine et équilibrée possible, c’est avant tout de se forger le caractère pour passer au dessus de la pression des CONS, fussent-ils nombreux; fussent-ils la majorité !! et de s’entourer si possible de gens aimants, clairvoyants, motivés, qui vous rappellent ou sont les bons rails…

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  8. anonyme

    C’est mon premier commentaire sur ton blog que je suis maintenant depuis un petit mois.

    Je trouve cela très courageux et bien de se dévoiler ainsi.
    J’ai été au Japon moi même pour des vacances et avec mon mètre 75 et mes 80 kilos autant te dire que je ne passais pas inaperçus ^^ » (je suis une fille)
    Déjà en vacances c’était parfois dure alors au quotidien…

    C’est en tout cas vraiment bien de mettre le point là dessus car l’on a tendance à croire que toutes les japonaises sont minces de nature (oui mais non)
    Je suis par contre choquée de l’attitude des hommes, tu avais déjà pas mal cassé le mythe du jap’ dans tes précédents articles mais là on touche le fond du mauvais gentleman x)

    Enfin bref, même si cet article n’était pas des plus drôle je te soutiens et espère que tu arrivera à décrocher définitivement de cette maladie !

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  9. Sayu_8

    Pas de commentaires…

    D’abord Sonia bravo pour ce post, je ne peux que dire de continuer comme ça. Et d’avoir aborder ce sujet n’est pas facile.

    Continue dans tes efforts et n’hésite pas à demander de l’aide, même aux français qui sont loin.

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  10. Emilie

    Bonjour,
    Je suis tombee par hasard sur ton article..
    Merci pour ce partage. Comme toi, j’ai vecu au Japon (5 ans) et me suis sentie obese malgre un IMC dans la norme.
    Comme toi, j’ai developpe des TCA pendant plusieurs annees. Je sais au combien ca detruit le corps et l’esprit.
    Mais ton histoire est un wake up call pour toutes celles qui doutent et se disent: pourquoi pas un petit jeûne, histoire de rentrer dans ma robe.
    Je continuerai a te lire.
    Merci encore

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  11. Létincelle

    Voila… bah je vais être un peu moins polie que les autres personnes des précédents commentaires mais il faut un sacré paquet de couilles pour écrire un truc pareil sur son blog… se mettre à nu, communiquer sur ses erreurs… Je trouve la démarche tout à fait pertinente et intelligente… après tout on ne progresse réellement que lorsqu’on est capable de pointer ses soucis.
    Je t’avouerai que malgré le fait que j’ai eu que quelques épisodes TCA, je fesais moi même une 100aine de kilos, mais j’ai fait la paix avec mon corps depuis un petit temps et c’est ce que j’ai fait de mieux pour lui… Pour vivre plus longtemps, pour mieux dormir la nuit et puis aussi (après des études poussées en bio) parce que la génétique, on ne peut pas lutter contre hein… même ma soeur qui est beauuuucouppp plus mince que moi fait une taille 40 et elle est superbe… Donc bon voilà la génétique…. Ensuite je suis une extra fan de Japon, j’adore le choc de culture, les mangas, les fringues bizarres, les ikébanas, les temples, les rites et par dessus tout la bouffe jap !!! Ironie hein 😉 mais ce que je lis la, m’afflige mais ne m’étonne guère… Les femmes labas, finissent par être esclaves de leurs corps, puis une fois qu’elles plaisent, il ne se passe plus rien, pas de mariage, pas de bébé, pas de familles… Pas étonnant quand on voit la façon dont on peut se faire traiter… Bref, on ne va pas refaire le monde hein, même si je me poserai bien à une table avec toi et un thé violette (lait et sucre siouplait) pour en papotter davantage… Je te souhaite que tu te batisses une jolie maison autour de toi, que tu vives longtemps avec quelqu’un qui t’aime avant tout pour ce que tu es à l’intérieur parce que le vernis extérieur s’effrite vite à la première difficulté… et enfin (et c’est la partie la plus importante) parce que tu le mérites, tu mérites une vie meilleure merde !!! regardes toi dans le miroir…. enfin… l’image te plait pas ? Ok mais tu mérites le bucher pour avoir un poids normal ou du surpoids ? je ne crois pas… Tu penses que l’autre est meilleur que toi… encore moins… Tu es la seule à savoir au fond de toi, qui tu es, tes racines profondes et ce que tu vaux, et ca personne, hein, même pas un nippon maigrichon ne devrait avoir à te dire comment te comporter… Il devrait tous séjourner en Angleterre pour apprendre les bonnes manières… Bref… Si le coeur t’en dis, j’ai laissé mon mail dans l’adresse de contact hein, pas de pitié ou je ne sais pas quoi… juste j’aime les filles couillus, j’aime les gens qui ont de la conversation et j’aime les blessures (aussi douloureuses soient elles, que ce soient les miennes ou les tiennes) car dans le fond ça te donne une niak et du caractère à revendre… Bon vent à toi et bizoux surtout <3

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  12. Danie

    Il y aurait tellement à dire sur ce sujet que je ne sais pas trop par où commencer. Tout d’abord, je pense que tu as bien fait d’écrire ce post. Je pense que certain(e)s liront et je pense que ça pourra les aider car justement tu es honnêtes, tu témoignes et on te suit depuis suffisamment longtemps pour avoir confiance en ce que tu dis.

    Ensuite,j’avais envie de m’excuser si par le passé, surtout quand j’étais au Japon, je n’ai pas aidé que ce soit en proposant de manger ensemble ou par un autre moyen. C’est un peu trop tard à présent mais si un jour tu as envie de parler de ça ou d’autres choses, je suis toujours disponibles. Seulement, je ne pense pas pouvoir trouver la bonne phrase qui arrangera tout malheureusement. C’est le genre de sujet qui m’est un peu délicat après avoir vécue une partie de mon enfance à tenter d’aider une amie en anorexie morbide. Je sais rarement quoi dire dans ces cas là surtout car je n’ai pas trop de problème de poids et j’ai donc toujours cette impression que de toute manière, je ne peux pas comprendre ou qu’on ne chercheras pas à m’écouter car je ne comprends. Bref, ce n’est pas un sujet facile mais même si je ne te l’ai pas dit assez souvent, je suis de toute coeur avec toi et ça ne me dérangerait pas de passer des soirées à te parler si tu en as envie.

    Ensuite, j’ai surtout envie d’hocher la tête en lisant ton post car oui, je suis d’accord avec tout ce que tu dis de A à Z. Je me rappelle que même moi avec ma taille 36-38, je me suis sentie mal les premier mois en arrivant au Japon. Et sérieusement, c’est grave. Je n’ai jamais fait de régime, jamais eu aucun problème avec mon poids, j’ai toujours eu une alimentation plutôt équilibrée etc…Et après le Japon, même si je ne pense pas avoir de réels problèmes par rapport à ça, je me pèse beauuuucoup plus qu’avant, et par moment, je me regarde dans le miroir en me disant « est-ce que je n’ai pas grossis? » Alors en suite, j’arrive à relativiser car j’ai eu la chance de n’avoir jamais beaucoup grossit mais pour qu’une « petite » taille puisse arriver à se sentir mal avec son poids montre bien les difficultés que ça doit être pour les tailles moyennes ou plus. (Je me rappelle encore de mon choc de voir que je rentrais pas dans du S qui est un peu ma taille plus que normal en France.) Bref, j’ai pas mal de petites anedoctes comme ça mais elles sont bien plus insignifiantes que ce que tu as pu vivre et à ce compte là autant que je fasse aussi un post. (il serait aussi intéressant que j’en fasse un sur comment devenir alcolique au Japon.)

    Les filles, elles, ne font pas trop ce genre de remarques mais savent quand même vous mettre mal à l’aise avec des: « Tu finis ton assiette ? Oh non, moi je ne peux pas, je n’ai pas un si gros estomac… ». <— Cette remarque je l'ai entendu tant de fois..Et tant de fois, je ne savais pas quoi répondre. J'ai pas vécu vraiment de remarques négatifs des garçons que je fréquentais mais cette ode à la minceur des filles, c'était en permanence. Et je pense qu'il y a une réelle obsession de la minceur chez les japonaises. Je me rappelle de ces filles qui me palpaient la cuisse en hurlant "hosoiiiiii ! urayamashiiiii" alors qu'elles devaient approximativement le même poids que moi…

    "L’important c’est surtout la sante, même si ça sonne barbant. J’espère non plus ne pas trouver des commentaires faisant l’apologie des rondes avec des propos virulents contre les maigres comme on en voit parfois, vous seriez passé à côté du sujet."<— Ah, et merci d'avoir penser à ça. Je sais que c'est bête et dans une société où les rondes sont vraiment perçus comme le diable par rapport à la minceur, c'est un peu "hypocrite" de ma part de le dire mais merci quand même. Quand j'étais au Japon et en revenant du Japon (étrangement en France, donc), j'ai pas mal ressentit ce phénomème au point que ça me touche réellement et me rende triste. Avec des "De toute façons les hommes préfèrent avoir quelque chose à s'aggriper que de sos"… bien sûr car maigre ou grosse, ton corps n'est qu'un objet pour le mâle. Bref, encore un sujet sur lequel je pourrais parler des heures mais faudrait qu'on arrête de se jeter des piques. On a toutes des complexes et bizarrement tirer sur les autres ne nous fait pas plus accepter les notres.

    Pour finir, je suis contente que t'ais trouvé ton petit morceau de Corée. Il m'a l'air peut-être un peu mister catastrophe mais ça a l'air aussi d'un chouette type. J'espère le rencontrer un de ces quatre. En attendant, bisou, je le redis mais tu as bien fait d'écrire ce post, c'est sans doute un des plus importants sur ton blog.

    (et désolé pour ce pavé de commentaire, pourtant, j'ai beaucoup taillé dans ce que je voulais dire. XD)

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  13. Kitty

    On peut faire 37 kilos et être petite, je fais 1m53 ! c’est mon cas ET JE SUIS NORMAL, JE NE M’ AFFAME PAS, je ne suis pas du tout asiatique non plus ! J’ ai toujours été comme ça , tout dépend de la morphologie de chacun. Je cite : » Non, sombre abruti, ce n’est pas normal. 37 kilos c’est le poids d’un enfant de 11 ou 12 ans, pas d’une femme adulte  » .Je suis désolé mais les filles petites et filiformes existent et ne sont pas forcément anorexique ou en mauvaise santé, ras le bol qu’ on soit stigmatisé nous aussi ! Je sais très bien que les filles comme moi sont une minorité..mais voilà, le problème c’est que quand on parle de la minceur c’est toujours pour définir un TCA,
    on parle des rondes aussi,
    mais les filles mince et petite de nature..personne n’ en parle jamais, ça fait 24 ans qu’ on me moisie la vie avec des remarques comme ça, en primaire on pensait que j’ avais un problème parce que par rapport aux autres j’ avais un petit appétit et j’ étais plus mince, même après que le médecin est confirmé que je n’ avais pas de problème on ne m’ a jamais laissé tranquille, au collège on me demandait si mes parents me nourrissaient, on disait que mes jambes ressemblaient à des baguette, que les hommes préfèrent les filles à formes, on m’ a même dit que j’ avais un corps de gamine de 12 ans.Franchement au bout d’ un moment c’est vraiment fatiguant d’ entendre toujours la même chose quoi…Justement moi je me demande bien pourquoi vous voulez toute faire ce poids là…parce que quand vous le faites vraiment, on vous tape dessus de tout les cotés, que ce soit par les anciennes anorexiques, par la société, et même dans les reportages de relooking qui vous conseilles clairement de cacher votre poitrine ou même votre petit bassin par un T-shirt long, qui mettra en valeur vos épaules.Parce qu’ encore une fois : quand on a de toute petite formes il vaut mieux faire croire qu’ on en a de vrais en les dissimulant, tout ça parce qu’ il parait  » que les hommes préfèrent les formes  » ben oui sinon ça fait  » gamine  » ( parait il ).Quand vas t ‘on comprendre que tout les corps sont différents et que le problème n’est pas d’ être mince ou ronde, mais de mettre sa santé en danger.
    Sinon pour conclure je voudrais tout de même te féliciter de t’ en être sortie, parce que je me doute bien que ça ne doit pas être chose facile.
    Bravo à toi, et tu as eu un grand courage pour faire part de tout ça =), j’ espère réellement que ça en aidera certaines à avancer.
    Encore une fois bravo à toi <3

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  14. Sarah S

    @Kitty Bien sûr tu peux tout à fait faire 1m53 pour 37 kilos et être en bonne santé, si c’est ta constitution qui veut ça. Il ne faut surtout pas chercher à lutter contre, tu es comme tu es. Pour moi ça ne s’appelle pas être maigre, mais être fluet(te), et ce n’est pas un défaut!

    Mais il ne faut pas se leurrer: les Japonaises que l’on voit dans ces magazines et sur ces forums de pro-Ana se torturent leur organisme pour en arriver-là. Pour ce qui est des pro-Ana, on est clairement dans la pathologie mentale.

    Je tiens à ajouter que cette idée super répandue comme quoi, « les Japonaises sont toutes petites » c’est un peu moisi quand même. Certes les Japonaises sont plus petites en moyenne que les Françaises, mais pas tant que ça!
    Les populations évoluent, et comme chez nous, la taille moyenne augmente, car les enfants sont mieux soignés, mieux nourris, etc. Et donc rien ne peut justifier cette obsession infâme de la maigreur et des régimes barbares.

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  15. Claire

    T_T Je suis tellement désolée d’apprendre que ce que j’ai vu n’étais encore qu’un début en 2010 et que tout à empiré par la suite… je suis vraiment heureuse de savoir que tu as décidé vraiment fermement de remonter la pente et t’imagine pas à quel point je pense fort à toi et prie très fort que tout aille en progressant par la suite. Je me sens fort impuissante (puis tu réponds pas à mes mééééééééél XD) mais j’ai vraiment bon espoir quand je vois ça ! Je t’ai longtemps dit que le vent allait tourner et même si ça a pris du temps je pense que c’est ce qui se passe, tu as fait des efforts dont je me suis toujours demandé si j’étais capable, et je ne pense pas, tu as surmonté des choses pour lesquelles je ne savais même pas quoi te dire pour te remonter le moral tant je me disais que je serais abattue à ta place. Pourtant tu as fait un sans faute dans la vie à toujours chercher le mieux à endurer des choses pour le futur, parce t’as toujours poursuivit un but jusque dans ton alimentation. Mais tout ces déboires ne changent rien au fait que t’es superbe et que non seulement t’es super drôle mais t’as la morale droite, tu poursuit tes buts envers et contre tout et c’est le genre de qualité que je respecte par dessus tout donc malgré tout ce qu’on a pu s’engueuler j’ai surtout l’impression qu’à aucun moment j’aurais pu faire mieux que toi donc tu peux être fière de ces blessures, et ces pertes de contrôle qui sont le revers d’une très belle médaille.

    Pour ce qui est du Japon je pense que la prochaine fois qu’une japonaise me dit qu’elle se trouve grosse je risque de me mettre à pleurer. Pas parce je le suis plus qu’elle mais parce que je les plaint sincèrement de ne pas avoir eu droit aux même discours que nous en France (bien qu’on soit toujours très déficient par rapport au problème mais là le poste est carrément vacant). Mon ancienne coloc japonaise était boulimique, elle a finit par me l’avouer et se confier à moi et j’ai dit que je l’aiderais contre ça. Mais j’ai pas pu. Parce qu’elle me mentait, vidait mon porte-feuille sous forme de nourriture, je ne pouvais plus l’alimenter. Je n’ai même pas eu besoin de mettre de hola et de l’engueuler elle a fuit la première, elle se rendait bien compte qu’elle me volait et me mentait alors que j’avais vraiment déployé beaucoup d’énergie à l’aider. Pourtant elle m’a foutu dans la merde en s’en allant aussi. Mais contrairement à d’autres gens qui m’ont fait d’autres coup tordus je ne lui en veut plus du tout. Elle vomissait chaque morceau de salade avalé du coup physiquement elle était plus proche de l’anorexique… Elle n’avait plus ses règles depuis 1 an, aucune force physique, et peut avant de partir alors qu’elle ne me parlait pratiquement plus (elle a pas apprécié que je lui dise que coucher avec l’ex de sa copine fraîchement larguée c’était pas très très sympa XD) elle a recommencé à m’appeler « ma coloc chérie » pour que je l’aide à trouver un dentiste alors qu’elle se tordait de douleur. Je n’ai su qu’après que les règles et les dents c’était pour ça et actuellement je sais qu’elle n’a pas fini de souffrir et que ce qu’elle m’a fait vivre ainsi qu’à son amie même si c’était vraiment pas cool, pour moi c’est complètement fini alors que pour elle pas du tout.
    J’ai récemment rencontré une japonaise très mince et très fière de sa capacité à manger énormément et, je n’en ai parlé à personne mais j’ai de gros doute… Elle m’a fait beaucoup pensé à mon ancienne coloc (en plus sympa quand même) et si elle a ce genre de problème j’espère que je saurais le voir et l’aider >< je me suis pas mal renseignée sur le sujet entre temps et surtout, je vis pas avec elle donc y'a moins de risque pour qu'elle vienne me pomper financièrement XD

    (un jours je ferais un commentaire plus long que ton article !)

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  16. khaly

    C’est un post qui laisse un peu hébété, je crois. Au vu de sa taille et des sentiments qui y sont intégrés, je suis sûre qu’il a été utile (même si pas facile) à écrire et qu’il le sera à lire pour d’autres. D’ailleurs je vois que les commentaires précédents sont longs aussi, et je suis partie pour faire pareil..!
    Le poids, je pense que c’est un sujet tabou. Les remarques des amis, connaissances, famille etc vont dans ce sens, pas toujours élogieuses (même si elles veulent l’être d’ailleurs) ; mais lorsqu’on aborde de vrais problèmes liés plus personne ne comprend. Pas besoin d’un poids minimum ou maximum pour prendre des commentaires sur sa manière de manger d’ailleurs. Pour « défendre » ceux à qui tu en as parlé mais qui n’ont pas su/pu t’aider, c’est vraiment un sujet délicat pour tout le monde. Moi je suis dans les normes, et j’ai évidemment eu à faire avec des amis qui étaient plus « lourdes » (mais en fait, surtout plus grandes!) que moi, et qui se plaignaient de leurs kilos en trop. Me risquer à réagir là-dessus -la réaction classique, genre « tu es très bien comme ça »- m’a souvent valu un sec « non mais, facile à dire pour toi qui est mince sans rien faire ». Je dis pas que c’est vraiment méchant ou très blessant mais… on ne nous laissera pas réagir facilement dans ces histoires là (je ne parle évidemment pas des TCA là, juste du rapport à l’image que l’on donne et tout ça).
    Bref, je crois que mon commentaire est très confus.

    J’ai commencé à lire ton blog il y a un ou deux mois (je lis tout dans l’ordre inverse, du coup tu me traites constamment d’Alzheimer. tu le sais ça ? =p), et maintenant j’ai l’impression que tu n’es pas une étrangère pour moi ^^ Ton texte me touche, et en temps que future psychologue (enfin, j’espère) que je suis, j’aimerais me renseigner sur comment aider à ce genre de troubles. C’est vraiment bien que tu te sois rendue compte de ce que tu faisais et que tu aies dit stop toi-même (avec de l’aide)! D’ailleurs, en parler doit te soulager après toutes ces péripéties…

    Enfin, pour le Japon… je ne pensais pas que les tailles en magasins et les standards étaient si petits! ^^ Non, plus sérieusement, ils nous ont encore caché un truc pas beau à voir. En regardant les affiches j’ai l’impression qu’on encourage des comportements tels que l’anorexie. D’ailleurs, ça me fait penser qu’à l’époque où les pro-ana ont fait parler d’elles, certains de leurs forums avaient été fermés car elles s’encourageaient entre elles à poursuivre et pousser leurs pratiques plus loin, je suppose dans la même optique que ce que tu racontes sur le forum japonais. Le plus triste dans cette idée c’est que si l’une en vient à essayer de s’en sortir, elle ne pourra pas tendre la main aux autres pour qu’elles l’aident et se retrouvera à nouveau « seule » et en manque de soutien…dur de ne pas retomber.

    Bon, j’arrête là, c’est vraaaaiment foullis ce que j’écris, mais ce sont mes réactions sur le moment. En tout cas, article très intéressant à lire même si on préfère te savoir sourire …! ^^

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  17. Claire

    Ah puis j’oubliais ! (encore plus looooooooong) j’ai découvert aussi avec Yasu certaines pressions qu’on les mecs aussi. Genre le poids eux aussi, Yasu est persuadé de devoir maigrir alors qu’il est absolument parfait et le nombre de fois ou j’ai du lui dire d’arrêter de penser ça, tout ce qui est calvitie en Asie ils sont tous méga complexés là dessus, c’est limite si j’ai pas l’impression qu’il va en pleurer des fois ! Et l’autre fois pour déconner il regardait des site qui parlent de faire grandir la b*** et… la VACHE mais ils ont aucune retenue ! « La taille du pénis est la valeur d’un homme » avec une magnifique photo d’un pouce de femme vers le bas à la place du pénis d’un mec et des discours du genre « un pénis de moins de 18cm ne procure aucun plaisir à une femme c’est un minimum absolu » blablabla…. SERIOUSLY ????? un vagin fait 8cm de profondeur mec !
    Les publicitaires et entreprises n’ont aucun putain de respect envers personne c’est vraiment des chiens quoi ! Non mais ils osent s’étonner du taux de suicide ?? Parce que non seulement ils fichent la pression sur le physique mais la pression morale est plus importante que nul part ailleurs je trouve aussi… il faut une révolutioooooooon T_T

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  18. Crazykimii

    Sonia, tout d’abord bravo.
    Bravo pour le courage que tu as eu en écrivant ce post. Reconnaître ses faiblesses, exposer ses blessures, il n’y a rien de plus difficile sur cette terre.
    Je vis également au Japon et bien que j’ai déjà remarqué à quel point les pubs mensongères photoshopées à mort montraient une image BEAUCOUP TROP maigre de la femme,que trouver une taille au dessus du 36 était un parcours du combattant, j’avoue ne pas encore avoir remarqué que le problème était aussi profond. Excuses mon inexpérience, cela ne fait que 10 mois que je vis au Pays du Soleil Levant.
    Ce qui m’a le plus choquée, ce sont les commentaires que tu as pu recevoir de la part des japonais. Surtout que d’après tes propos, ton poids était parfaitement normal. Pour ma part,je bois beaucoup de bière, je mange comme une porcasse, même devant une population masculine, et personne ne m’a jamais rien reproché. Ou peut-être le font-ils dans mon dos, qui sait? (tes articles vont finir par me rendre parano !)
    Je ne suis qu’une débutante au Japon, mais lire ton article m’a vraiment bouleversée. J’espère vraiment que tu t’accroches, et que tu as trouvé les bonnes personnes pour te soutenir!

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  19. Alexiel

    Ma petite Sonia.
    Je savais que tu avais des problèmes avec l’alimentation mais je ne savais pas à quel point.
    Je suis heureuse qu’enfin tu puisses en parler et de voir que tu t’en sors petit à petit. Et merci à Mr. Catastrophe d’être à tes côtés. Je ne le connais pas mais il a l’air de quelqu’un de bien et c’est tout ce qu’on peut te souhaiter.

    On n’est pas très proche, donc forcément tu ne m’en a jamais parlé de tout ces soucis. Mais j’avoue que je crois que je n’aurai pas su quoi te dire comme tes amis. J’ai une amie qui a été anorexique, elle finissait par peser tout ses aliments, elle était obsédée par les calories alors qu’elle était déjà pas bien grosse. Elle était devenue tellement maigre qu’on aurait dit un squelette ambulant. Je n’ai pas su trouver les mots quand je l’ai revue pour la première fois dans cet état. J’ai pas non plus voulu la plomber en lui parlant sans arrêt de ça. Je lui ai juste glissé d’aller voir un psychologue spécialisé qui travailleraient avec un diététicien par exemple.
    Après cette première fois où je l’ai vue comme ça j’ai pleuré en rentrant chez moi. Je me sentais impuissante. (des amis m’avaient pourtant prévenue à l’avance mais ça m’a fait un choc de la voir comme ça, j’avais peur pour sa santé et je ne savais pas quoi faire)

    Mais pour toi, au Japon comme tu le dis, les spécialistes ça ne court pas les rues, du coup tes amis devaient vraiment pas savoir quoi dire qui puisse aider.

    Durant une bonne partie de ton billet j’avais l’impression de me lire. L’enfance de la petite fille obèse je l’ai vécu et même mal vécue aussi. J’ai eu le droit mot pour mot à la même insulte à l’école maternelle et primaire : « grosse patate pourrie » et tout autre insulte blessante à cet âge fragile qui ont fait que de moi une petite fille très isolée et timide, du coup ils s’en donnaient encore plus à cœur joie.
    J’ai une jolie photo d’école de moi avec des bleus sur la joue lorsque j’avais un truc comme 4 ou 5 ans, apparemment une gamine m’aurait mordue. Bah oui les joues bien dodue ça donne envie de mordre. J’avais toujours des cons qui voulaient taper la grosse. Bizarrement je n’ai aucun souvenir de l’école maternelle à part ceux des insultes et les coups qu’on me donnait.

    Ça s’est calmé en primaire même si je continuais de gonfler au point que ma mère m’emmena voir une diététicienne vers l’âge de 9 ans pour entamer un régime, le premier d’une longue série.
    Je n’étais pas tout à fait obèse mais j’étais en extrême surpoids. Arrivée au collège j’ai demandé à ma mère de m’inscrire à la cantine en 6e. J’ai fait cette demande pour manger comme je veux pour perdre du poids pendant que j’étais en pleine croissance.
    A savoir que j’y mangeais pas grand chose et le matin je ne mangeais quasiment rien, profitant du fait d’être la première à me lever chez mes parents durant cette année-là.

    Bref cool j’ai grandis tout en me nourrissant le moins possible pour atteindre un IMC à peu près normal (21).
    Dans ma famille je suis connue également pour ne pas savoir ce que je veux. Mais ça c’est dû à ma culpabilité par rapport à la bouffe. Déjà toute petite on me demande « tu reveux un bout de gâteau ? ». Je disais non même si j’en mourrai d’envie tout ça parce que je ne voulais pas grossir, parce que je me sentais coupable d’être grosse, etc… Mais 10 minutes plus tard je revenais demander du gâteau pour m’empiffrer avec encore plus de culpabilité.
    Encore aujourd’hui j’ai ce comportement de refuser la nourriture et après de revenir sur cette décision. Je refuse car je sais que j’ai assez mangé même si ma gourmandise me titille mais aussi par politesse, je veux en laisser aux autres.
    Je reviens de moins en moins sur mes refus, car je sais que si je cède je vais me sentir lourde et coupable.

    Bref… J’ai aussi des problèmes avec l’alimentation mais pas au point de développer des TCA. Vers la fin du collège/début du lycée j’avais commencé à reperdre pas mal de poids, c’était une période où je me nourrissais d’un yaourt nature allégé par jour et où je buvais beaucoup d’eau pour ne plus sentir la faim. J’ai fait ça durant un été. Tout ça pour atteindre un poids que j’estimais idéal (en revérifiant ça m’avait donné un IMC de 18).

    Je dois l’avouer aujourd’hui encore je rêve de retourner à ce poids… ce fameux 50kg tout rond qui me permet en plus de continuer à faire des dons du sang.
    D’ailleurs lors d’un dernier don du sang ils ont remarqué mon yoyo dans le poids un coup j’étais à 51kg et la fois suivante à 58 /o/ Et après on me pose des questions sur mon alimentation durant l’entretien avec le médecin ^^ »

    Je me suis retrouvée aussi dans ton aversion pour le sport. J’étais tellement nulle en EPS et mes complexes m’enfermaient dans ma nullité : se taper 1/20 sur les barres asymétriques, 2/20 sur les barres parallèles et 5/20 sur la poutre c’était génial… J’étais la seule à ne pas arriver à porter son propre poids sur les barres asymétriques pour monter sur l’autre barre, les profs devaient toujours me pousser les fesses, tout le monde gloussait, etc… J’en pleurais en cours… La gym était vraiment le pire sport pour moi qui était grosse et pas souple.
    Moi la bonne élève, toute ma scolarité je l’ai passée que ce soit au collège ou au lycée avec une moyenne en EPS jonglant entre 4 et 9. J’avais certains prof d’EPS sympa qui me donnaient quelques points « parce que j’avais essayé ». Genre ils ont pitié de cette pauvre infirme rondouillarde.

    Je me disais « je suis grosse donc le sport c’est pas pour moi, on se fout trop de ma gueule ».

    Ma mère m’a forcé à faire de la danse vers l’âge de 10 ans (parce que ma petite soeur voulait en faire). J’ai tenu 2 ans… 2 ans de honte. Bah oui une grosse qui danse et qui n’a aucun sens du rythme et aucune souplesse on la cache bien au fond lors des spectacles (où je n’avais pas envie d’être là pour montrer ma graisse). Et bien sûr lorsque beaucoup plus grande je me suis retrouvée à avoir quelques amis à inviter chez moi ma mère remontre toutes les vidéos de la grosse qui danse de manière lourdaude et maladroite. Tout le monde rit mais moi ça ne me fait pas rire car je me sens aujourd’hui encore comme cette petite fille trop grosse pour pouvoir porter autre chose que des caleçons ou fuseaux moches qui tu grossissent 3 fois plus. (je n’ai pu porter des jeans que lorsqu’ils ont inventé le jean en matière extensible)

    Bref je pense que t’as dû en vivre des trucs comme ça et bien pire encore j’imagine…
    Quand je te lis, je me dis que moi aussi j’aurai pu dépasser la limite à un moment donné de ma vie et que peut-être un jour je la passerai sans m’en rendre compte (mais j’en doute), car comme je l’ai dit je me sens encore comme la petite fille en extrême surpoids. Je n’ose toujours pas regarder mon reflet et mon ventre flasque.

    Mon visage n’est pas trop gros mais c’est tout le reste de mon corps qui est difforme. On en parle avec ma sœur qui vit chez moi à présent. « On est difforme ». On a toutes eut des problème de poids, ma sœur suit d’ailleurs le régime qu’une diététicienne lui a prescrit. Ma sœur a beaucoup grossi et je pense que c’est en partie à cause de ma mère qui arrête pas de lui dire qu’elle est grosse. Elle l’a fait avec moi aussi. De temps en temps elle me dit encore « A ton âge j’étais plus mince que toi ! » >__<
    Maintenant que j'ai plus de gueule je lui ai déjà répondu : "Oui mais là c'est plus le cas, t'es plus grosse que moi !" Et bien sûr après elle part en mode Causette en disant que c'est parce qu'elle est plus vieille et qu'elle a eu 3 enfants (et donc sous entendu que c'est de notre faute)

    Il y a vraiment des parents qui sont vraiment pas là pour t'aider ^^''

    Pour cette rentrée j'ai décidé de me mettre au sport après plus de 10 ans sans vraiment en faire. Je me suis inscrite au yoga le samedi matin même si je suis aussi souple qu'un manche à balai. Je veux réconcilier mon corps et mon esprit. D'autant plus que je vais pratiquer le Kundalini Yoga (un yoga avec des phases dynamiques mais aussi des phases très méditatives, on chante aussi des mantras)
    Je vais à la piscine avec une collègue un midi par semaine et normalement le dimanche matin faut qu'on y aille avec ma soeur aussi.

    Je vais essayer de me mettre en plus à l'Haidong Gumdo (c'est du sabre coréen, c'est un peu le kendo coréen. Le kendo est le seul sport que j'ai pratiqué avec plaisir pendant 1 an et demi durant mes années collèges, j’assistais aux 3 cours dans la semaine). J'ai pas trouvé de dojo de kendo proche de chez moi et dont l'esprit me satisfaisait (je ne voulais pas un kendo axé compétition), du coup je vais me tourner vers l'Haidong gumdo mais j'ai peur que ça me demande beaucoup plus de souplesse ^^'' Heureusement le yoga va m'aider j'espère.

    Ça va être dure de faire toutes ces activités pour mon corps tout ramolli et mon manque d'entrainement. Je suis très vite essoufflée au moindre effort parce que ça fait des années que mon corps ne fout rien. Par exemple une seule longueur d'une piscine de 25m j'en peux déjà plus ^^'' Mais le yoga fait travailler la respiration aussi. Vive le yoga ! ^o^/

    Au fait tu sais que ton billet tombe à pic ?
    Parce qu'il y a 2 jours je me suis pesée. Ça faisait des mois que je ne l'avais pas fait. Je suis devenue livide en découvrant à quel point j'avais grossi. Je le savais pourtant. Je ne rentre plus dans mes pantalons… Pourtant je me rassurais, j'ai des collègues qui arrêtaient pas de me dire qu'ils avaient l'impression que j'avais minci…
    Et tu sais quoi… J'ai repensé à ma période 1 yaourt par jour… J'étais prête à recommencer ça. Alors que depuis quelques temps j'essaye de vivre sainement. Je suis végétarienne depuis 3 ans et demi par conviction et végétalienne depuis 1 an par conviction mais aussi parce que lors de ma phase végétarienne j'ai compensé avec le fromage ce qui m'a fait grossir énormément. (et éthiquement c'est très con et un non sens de remplacer la viande par le fromage, l'industrie laitière est même pire en terme de souffrance tout en étant un désastre écologique comme la viande)

    Je pense que toutes les personnes qui ont été un jour (et surtout durant l'enfance) grosses auront toujours un rapport particulier avec la nourriture et leur corps. Toutes les personnes ayant soufferts de TCA (boulimie, anorexie, etc…) auront aussi cette relation ambigüe avec la nourriture.
    Il faut en être conscient et savoir où est la limite et essayer au mieux de vivre en harmonie avec son corps.
    Je dis ça mais je hais toujours autant mon corps et ce que je suis donc bon il y a du boulot /o/ D'ailleurs c'est peut-être parce que je suis dans un tel dégout de mon corps que je suis célibataire et future vieille fille aux chats.

    Bref ton billet, dans un sens il tombe bien et m'a remis les idées en place. J'étais en train de me dire qu'il fallait que je mange un repas par jour en buvant beaucoup d'eau et de thé.
    Si j'avais été vivre au Japon comme toi, je pense que j'aurai certainement fait les mêmes conneries car avec mon IMC 21,7 (ouai je viens de vérifier, c'est presque 22. C'est horrible avec ce poids et cet IMC je me sens tellement grosse et immonde !), les japonais n'auraient pas été très tendres aussi.

    Allez Fighting ! Je sais que t'es sur la bonne pente et avec Mr Catastrophe à tes côtés ça va aller.

    Bisous !

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    1. Alexiel

      OMG c’te pavé 3615MYLIFE ! (t’es pas obligée de lire car au final on s’en fout xD)
      Je suis désolée j’ai écrit ça de manière décousue au boulot /o/

      Du coup je ne suis pas revenue sur le fond de l’article. Mais sérieusement ce que la société fait subir aux femmes au Japon et ailleurs prouve qu’on est vraiment dans une société machiste et patriarcale. (la féministe se réveille) Les femmes se retrouvent obsédés par le poids et la nourriture dès le plus jeune âge et ça va pas en s’arrange car la publicité et les médias véhiculent également ces idées et les amplifient. (les média ne sont que le reflet de la société mais moi j’aimerai bien qu’ils la remettent en cause)

      Ca m’énerve… Et le pire c’est qu’on sait même pas sûr qui taper exactement, car la société ce n’est pas une personne précise.

      Sinon la pub Uniqlo est d’une finesse sans égal…
      Et de manière générale les photos photoshopée des filles qui ressemblent à des squelettes c’est moche visuellement. Je comprend pas pourquoi il faudrait ressembler à ça, c’est immonde. Et la fameuse mode de l’écart entre les cuisses dont on entend parler depuis quelques années c’est juste moche.

      Et j’avoue ton article m’a donné envie de chialer avec les larmes au bord des yeux (mais au bureau ça le fait pas de faire la fontaine)

      Des bisous ! <3
      Et Mr. Catastrophe, prend bien soin de notre Sonia hein !

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      1. Lledelwin

        Squelette, t’es encore gentille. Tu reste dans la catégorie « humain ». Yen a une, c’est l’extraterrestre de Roosevelt !

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  20. JodieDreams

    Salut.

    Pour être honnête, je n’ai pas tout lu. Mais si je savais déjà une chose avant de te lire c’est que jamais je n’irais vivre au japon. Justement à cause de leur dicta de la minceur. Je fais 1m78 et 118 kg. Et je m’aime et je me trouve même sexy et jolie. Je trouve que tu as été très courageuse d’écrire tout cela et j’espère sincèrement que ton histoire aidera d’autres filles à s’accepter (et s’aimer) telle qu’elles sont. Je me permets de te donner donner 2 liens vers mon blog. Ils parlent des rondeurs.

    http://sweetie-cute.skyrock.com/3186071897-Special-ronde-Big-Girl-You-are-beautiful.html
    http://sweetie-cute.skyrock.com/3132426258-La-beaute-Les-rondeurs.html

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  21. Edith

    Je n’ai pas de mots pour décrire ce que je ressens là tout de suite à la lecture de ce post…j’ai eu les mêmes soucis que toi et ai encore des problèmes de poids que je n’arrive pas à enlever faute de motivation…j’ai également fait Dukon (comme tu le dis si bien) et effectivement 10 kg en 6 semaines mais mal au ventre, gueule qui pue, trop faim, trop de privation bref trop de tout !! ton post est courageux et je suis comme d’habitude de tout coeur avec toi et triste que tu n’en ai pas parlé avant !! mais tu n’étais certainement pas à l’époque prête à partager ce lourd secret…alors la seule chose que je peux te dire et que sincèrement je n’ai pas de souvenirs de toi comme de la fille obèse que tu décris au lycée mais comme la fille passionnée que j’adorais écouter parler du Japon !! c’est comme ça que je me rappelle de toi à cette époque !! 😉 je t’embrasse bien fort Sonita !!

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  22. Cha'Lumeau

    Bon.

    Sans mauvais jeu de mots, il m’a fallu un temps pour « digérer » ton article…

    Tu es encore plus forte et courageuse que tout ce que je pouvais imaginer, réussir à se restreindre à ce point (300 calories par jour!), tomber si bas pour se relever ensuite malgré les séquelles, et transformer l’essai en se livrant à poil toute nue comme ça à une foule d’inconnus mais aussi à une foule de gens qui te connaissent et qui ignoraient ce pan de ta vie, nom d’une pipe en bois si ça ne demande pas une force de caractère titanesque ça??

    Ca doit être difficile de concevoir la nourriture comme son ennemi alors que c’est précisément elle qui nous tient en vie, d’avoir peur de manger alors que c’est un moment de jouissance pour les autres, de se sentir puni et exclu alors qu’on a rien fait de mal…
    J’espère que tu arriveras à faire la paix avec la nourriture, tu as déjà fait un grand chemin, et étant donné la ténacité dont tu fais preuve j’ai de bon espoirs pour toi !

    Cha’peau bas

    PS : Savais tu que la plupart des personnes qui développent des TCA sont des personnes plus intelligentes que la moyenne? C’est pas pour te lancer des fleurs mais c’est toujours bon à prendre quand même 😉

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  23. Cecil

    Je réagis avant la fin, je pense que la partie « s’habiller comme une japonaise alors qu’on a pas le corps » tu la tires de ma conversation brève avec Kles sur Twitter. On parlait quand même de la mode gyaru (j’ai souligné par la suite ou avant que le oneegyaru passait pour tout le monde), je veux dire des mini jupes quand on est trop grosse, moi je trouve que ça passe pas (j’ai vu une japonaise d’ailleurs énorme avec une mini jupe et des chaussettes hautes une fois et ses chaussettes lui faisait un bourrelet c’était assez sale (cela dit les chaussettes hautes font des bourrelets sur des filles minces aussi car certaines ont un élastique trop serré, ça met bien la pression aussi ça x))) bref je sais pas comment Kles le disait mais bon je pense que t’es d’accord sur le fait qu’il faut s’habiller selon la morphologie de son corps… Perso j’ai des hanches de ouf, Ben je fais en sorte qu’on les voient pas, je pense que c’est pareil pour tout le monde. Et aussi j’ai parlé des filles super grandes en Lizlisa et que ça marchait pas non plus… C’était pas seulement qu’une histoire de poids quoi (enfin pas de mon côté en tout cas). Au final si ça peut te rassurer je ne suis pas un standard de bodyyy ici non plus et mon copain est fasciné/dégouté par ma cellulite et me fait souvent des « blagues » du genre : « non mais toi si tu perdais 3kg ça serait bon »… Le pauvre j’ai déjà essaye se lui expliquer que si je perdais 3kg ça ne se verrait pas mais que veux tu !
    Je n’ai pas connu tout ce que tu as connu, même si j’ai fait des régimes complètement cons depuis que j’ai 12 ans et jusqu’à cette année. Et si ça peut éventuellement « t’aider » sache que le fait de se priver d’un aliment te fera ne penser qu’à ça, j’ai remarqué qu’en le basant sur ma raison ça marche mieux. Exemple : HAAA J’AI TROP ENVIE DE BOUFFEE DU CHOCOLAT ! > non mais j’ai finis mon repas j’en mangerai demain ! Et il arrive que le lendemain j’oublie complètement que je voulais manger du chocolat. C’est un exemple pourri mais bon. J’ai aussi remarqué que je me sens mieux dans mon corps en mangeant moins de féculents (concrètement pas le soir, il y a des exceptions mais bon). Je pense qu’une perte de poids saine se fait sur du long-terme. J’ai entendu quelque part que manger mal a l’adolescence/croissance pourri tellement le corps qu’après ça il faudra faire attention toute sa vie…. Bienvenue dans l’antre des gens condamnés x) je comprenais pas pourquoi ma mère faisait toujours gaffe …. Bref mon commentaire se fait long, tout ça pour te dire désolée si tu t’es sentie blessée par notre petite conversation avec Kles, c’est juste qu’on aime bien waruguchier (je pense que tu connais cette part de moi x)), on ne visait même pas quelqu’un en particulier, c’est juste qu’il y a trop de cas dans les « gyaru étrangères » alors on se tape un peu des barres x). Bref je vais finir de lire ton article 🙂

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    1. Uriah

       » je veux dire des mini jupes quand on est trop grosse, moi je trouve que ça passe pas  »

      ton avis est aussi con que les comportements dénoncés dans cet article.
      Tu pourrais simplifier et retirer le mot mini jupe : « quand on est trop grosse, je trouve que ça passe pas »
      Je suis souvent sortie avec des filles rondes parce que j’aimais leur personnalité, et les commentaires de mes amis ou de ma famille m’ont toujours profondément excédé. Réduire une personne à la taille de son cul, c’est un des trucs les moins intelligents qu’on peut faire je trouve. Et comme dit ici, ce comportement était encore plus prononcé avec mes ami(e)s japonais(es) qui ne se privaient d’aucune remarque alors que ma copine était assise à côté de moi au restaurant par exemple.
      Il faut croire que c’est culturel…
      J’ai fini par développer un argumentaire simple à base de  » c’est dommage pour toi si tu ne vois pas la personne qui habite ce corps, je pensais que les japonais s’intéressaient plus à l’âme qu’à l’enveloppe. Moi en tous cas je l’aime et je me fiche de son tour de taille autant que de l’avis des autres. »
      En général c’était dit avec assez de conviction pour clouer le bec.

      Pour en revenir à l’article, merci pour ce témoignage qui a du demander beaucoup de courage. Je crois sincèrement que l’un des buts « cachés » de la vie est de s’affranchir définitivement de l’avis que les autres peuvent avoir sur ton apparence et tes motivations. J’ai l’impression que le fait d’écrire ça est un pas dans la bonne direction.

      Bonne continuation, sincèrement. Heureux que tu aies trouvé un garçon moins bête qui t’aime pour ce que tu es.
      Uriah.

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  24. celine

    Punaise, cet article m’a sonné…. Du coup, mon com sera court, j’ai l’impression que tout ce que je peux dire sera futile…Je n’avais pas imaginé que tu avais traversé tant d’épreuves. Tu as bien fait d’en parler.
    Ca m’a coupé un peu l’envie de vivre au Japon. Je savais qu’ils étaient intolérants sur le physique, mais à ce point. Déjà qu’en France c’est coton. Comme j’ai un comportement limite avec la bouffe, pas sure que ce soit approprié à ma santé mentale de vivre au Japon. Purée je fais un 38 je suis GROSSE? Au secours.
    En tout cas, meme si je fais pas un long com, sache que tu m’as beaucoup touchée et je trouve que tu as fait preuve d’une grande force. J’espère que tu ne considereras plus la nourriture comme une ennemie (fait ce que je dis pas ce que je fais). La vie est trop courte bordel (n’oublie pas, bientot 30 ans, chère conscrite), on (je) l’oublie souvent. Il faut essayer d’en faire quelque chose de beau (et d’accessoirement emmerder royalement ceux qui pourrissent notre espace).
    Merci pour cet article Sonia.
    Petite touche d’humour moisi : mon mari dit qu’uniqlo prend des modeles occidentaux pour le XXL car les japonais gros sont moches alors que les blancs c’est pas horrible. No comment.

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  25. Nausicaa

    Témoignage poignant c’est clair. C’est marrant là bas je n’ai jamais ressentie cette pression, pourtant je suis grande et je fais une taille 38 ^^ (c’est parce que Nagoya c’est trop cool, les gens sont ptet moins cons, qui sait?). J’aurais eu des réflexions, je me vois bien leur dire « et toi t’as une dentition de caribou mais j’te dis rien et pourtant j’t’aime quand même » mais ça après c’est mon caractère. Toujours est il qu’il n’y a pas besoin de se sentir grosse pour avoir des TAC, t’as bien raison. J’ai eu une connerie à l’estomac, qui m’a fait vivre un enfer : nausée et vomissements tous les jours. Même maintenant que je suis guérie je mange en fonction de « ce qui a des risques de me rendre malade ». Des aliments interdits etc. et la douleur. Bon courage pour ce combat de vie. Merde à tous ces connards de japs, qui critiquent alors que sérieux, leurs gonzesses ont pas de seins et pas de cul. Les seins c’est la vie !! Un bon boule aussi ! sérieux je pense pas que quelqu’un ait envie de ressembler à un tronc. J’étais bien contente de mon physique de sablier quand j’étais aux sentos avec les nippones toutes droites et fadasses. Le problème ne vient pas du poids, le problème c’est que les gens voudront toujours te rabaisser. Parce que, si t’es moins bien qu’eux, ça les conforte dans leur médiocrité.

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  26. Usagi-chan

    J’ai eu le lien de cet article un peu par hasard, facebook me l’a mis sur ma page d’accueil sans que je sache vraiment pourquoi… Je n’ai lu qu’un seul article sur ton blog il y a plusieurs mois, et je crois bien que j’avais eu le lien sur un autre blog. Bref, ma vie on s’en fout, tout ça pour dire que j’ai cliqué et lu. Et je dois dire que chacun de tes mots m’ont touchée, et certains violemment remuée alors que je n’ai pas spécialement de problèmes avec la nourriture ou mon poids (même si je ne dirais pas non à quelques kilos en moins). Je ne peux même pas imaginer ce que tu as enduré et le courage qu’il a dû te falloir pour, et d’une remonter la pente, et de deux écrire cet article. Te mettre ainsi à nu et te prendre en exemple pour montrer les dégâts que les TCA font tous les jours, je trouve que c’est vraiment courageux. Je me répète, mais je ne vois pas d’autre mot qui conviendrait mieux. Alors déjà, je te souhaite de tout coeur de t’en sortir complètement. Même si je ne te connais pas, et que c’est très facile à dire par écrans interposés.

    Ensuite, je suis très choquée par tout ce que tu racontes sur ce qui ce passe au Japon, mais paradoxalement, pas si étonnée (faut dire aussi que la vision que j’ai de cette culture me vient avant tout des dramas et manga, qui en offrent une version « quelque-peu-très-légèrement » déformée, alors…).

    Enfin voilà, ce que je voulais surtout faire en commentant ici, c’est saluer le courage et la force de caractère dont tu fais preuve, bien que ces faibles mots ne rendent pas justice à ce que tu as vécu et vis peut-être encore, te dire que j’ai été extrêmement touchée par ce que tu as livré, et même si mes « problèmes » se situent sur un plan totalement différent des tiens, je crois que je comprends un peu ces mots : »C’est dur d’arrêter de se voiler la face, vous savez.
    Mais se rendre compte et admettre honnêtement ses travers est le premier pas pour s’en sortir. » Et ils m’ont donné une petite claque quand même… Pour ça, merci. Pour le reste, bravo, et pour la suite, courage !

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  27. Celinehu

    Merci pour ce texte à la fois touchant, percutant, documenté, généreux. On a beaucoup parlé des troubles alimentaires en France mais je ne me souviens pas avoir vu un témoignage aussi complet qui explique très bien comment l’environnement peut tout faire basculer. Ton témoignage éclaire certaines de mes expériences d’une autre lumière – Je pense à une amie japonaise fan de nourriture française, qui vivait en France et faisait un régime draconnien (=ne rien manger) chaque fois avant de retourner au Japon, je trouvais cela étrange et pensais qu’elle avait un complexe, était-elle tout simplement dans la norme ?? Ayant baigné comme tous les Français dans le mythe du modèle du régime alimentaire japonais tellement sain (et pris comme exemple par tant de nutritionnistes), je tombe des nues. Cette description du système TCA s’ajoute aux infos que tu nous avais révélées sur l’absence d’éducation sexuelle (prévention MST, etc). J’aimerais bien comprendre pourquoi et comment un pays développé comme le Japon peut arriver à une telle situation sur ces 2 sujets de santé pas franchement anecdotiques. Encore merci et bon courage pour la suite.

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  28. Feten

    Mon Dieu… on a pas le droit de faire pleurer les gens comme ça à 2h du matin!!!!
    Quand on s’est rencontrée j’ai vu une femme tellement épanouie que je n’aurais jamais imaginé tout ça… surtout que moi aussi je suis passée par l’anorexie (d’où ma lenteur pour finir le repas d’ailleurs. Mais mon anorexie était bien perverse et j’ai du m’en sortir seule car les medecins français me disaient que ma maladie n’existait pas! oui je pensais que j’allais m’étouffer en avalant la nourriture et je voulais qu’ils m’expliquent comment on arrivait a respirer en mangeant..; oui n’importe quoi mais en attendant je suis passée de 80kilos à 55 en très peu de temps mais passons). Tu vois, là tu as vraiment enfoncée Angelina Jolie, je suis super heureuse d’avoir eu l’immense honneur de te voir! J’osais pas te demander et bien je suis contente d’avoir osé finalement!
    Par contre, j’avoue qu’on se sent vite hors norme ici… Et j’avoue que ici j’ai envie de maigrir et j’y pense tout le temps même si heureusement quand j’ai faim j’oublie d’y penser :p)
    bon, tout ça pour dire que tu continue de m’impressionner parce que pour s’en sortir seule, c’est vraiment dure, je l’ai vécu et parfois sans raison, encore aujourd’hui je bloque devant mon assiette… chapeau, tu es vraiment la meilleure! et franchement, vraiment objectivement, je t’ai trouvé magnifique en vrai (mais je ne le dis qu’au 2eme rendez vous, si j’avais su je te l’aurais dit la 1ere fois)!
    Et M. catastrophe a un vrai fan club maintenant!
    Bref, je t’aime encore plus à chaque article et comme tu as pu le voir avec les com précedent, t’as pas besoin de nous faire rire pour nous faire lire!!!!

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  29. Ka

    J’ai tout lu, je me retrouve dans certains passages mais ça fait trop d’années dans les TCA pour penser à un happy end surtout que c’est souvent se relever pour mieux chuter, alors j’ai découvert par ton long et complet article ce que je pensais un peu du Japon et je comprends les regards là-bas, déjà que je l’ai mal vécu moi-même de me montrer.
    Crois-moi tu serais surprise de voir certaines communautés qui subsistent en France et qui s’encourage à perdre toujours plus, même si le niveau japonais reste vraiment très préoccupant (les forums).
    Je découvre ton blog par ce triste article, triste dans le sens où une personne sujette ou souffrant de TCA n’aurait pu rester indemne après tant de commentaires au Japon.

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  30. Mika

    Tu as une façon bien a toi de te mettre à nue par tes écrits pour nous faire ressentir un maximum de choses!
    Je ne peux qu’être admiratif envers toi et merci pour cet article dont j’ai dévoré chaque ligne!

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  31. Amandine

    Le Japon est un pays dangeureux pour le poids, j’en ai fait les frais différement : arrivée à Tokyo j’ai perdu 15 kilos, le goût à rien, je vivais sur le rythme français à Tokyo. Quand j ‘ai pris un rythme japonais j’ai repris 20 kilos. Et depuis c’est compliqué. Mais j’ai eu la chance d’être entourée en France ce qui aurait été compliqué si j’étais restée plus longtemps au Japon.
    Je te remercie pour ce post (ça devient une habitude de te remercier ! Ne t’y habitue pas trop!). Se mettre à nu devant des inconnus ou des gens qu’on connait, c’est difficile. Mais ton expérience peut faire réfléchir. Tu peux être fière de toi, de ton parcours, de ton bout de Corée.
    Je t’embrasse

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  32. chibichu

    Cela va faire 1 mois voir plus, que j’ai prit le courage de commencer à lire ton blog à partir du début, j’ai donc vu l’évolution de ton blog et apprit à te connaitre de se que tu retranscris sur ton blog.
    J’ai trouvé comme tout le monde que tu faisais preuve de courage. En effet, pour perdre 42kg et surtout tenir 1 an complet en étant au régime et en s’y tenant, c’est pas chose facile.

    J’ai également été grosse, comme toi, un jour, quand j’ai atteint mon poids maximum (qui était moins que toi, c’était au alentour de 78kg) j’ai décidé de faire un régime, en plus avec mon métier, coiffeuse, le paraitre est important et faut dire que mes collègues étaient toutes fines. J’ai donc entreprit un régime que j’avais déjà testé au lycée, le régime weight watcher(j’avais déjà perdu 10kg mais jeune j’avais pas réussi à me stabiliser), et je devais aller au Japon en été, donc bien sûr, sachant qu’elles sont toutes fines, je voulais pas faire trop tache!!
    En 3 mois j’ai perdu 15 kg, j’étais bien, quand je perdais plus on me disait que je faisais trop maigre du visage, même si j’avais encore du bide (l’horreur à perdre cette chose)!! Et voilà, depuis, je suis au même poids, enfin plus ou moins, j’ai vécu plus d’un an au Japon, mais je n’ai pas entendu toutes les réflexions qu’on a pu te dire. Mais de toute façon, on me les aurait dit, j’aurais répondu rien qu’avec le regard parce que j’ai pas la même maitrise du japonais que toi. Mais je comprends qu’il est été difficile de répondre à un nouveau collègue de travail. Je comprends pas comment ils peuvent en venir à harceler les gens comme ça, parce que pendant un bon moment, il ne t’a pas lâché avec ça!!! Ils doivent tellement se sentir oppresser qui finissent par se décharger sur les autres, s’en prendre compte des sentiments.
    Et depuis que je lis ton blog, ton courage m’a aidé à reprendre un régime pour perdre les petits kilos que j’ai prit en revenant en France, parce que même avec le jogging que je fais, j’arrivais pas à bouger, maintenant je fais vraiment plus attention à mon alimentation, quand je vais flancher je pense à toi, que toi tu as réussi pendant 1 an, que je peux le faire aussi. Après dukon, j’ai jamais été adepte, mais tout autre, c’est vraiment weight watcher que je veux faire, parce que je peux vraiment manger de tout, pas de carence alimentaire, pas les problème que tu as pu rencontrer. Je remercie encore la cliente qui m’a donné ses photocopies du régime. Là j’ai déjà perdu 2 kg, j’y vais doucement mais surement!!

    Mais tu as du courage, car tu prends des décisions, et tu ne flanches pas. Tu as décidé de maigrir, tu l’as fait, tu as enfin décidé de t’en sortir, tu le fais, même si ça ne se fait pas en un jour, tu as de la persévérance.
    Et puis tu as un sens de l’humour énorme. J’espère avoir l’occasion de te rencontrer un jour (j’ai l’intention de revenir au Japon l’année prochaine) et pouvoir délirer avec toi.

    Pour tes amis s’en réaction, c’est vrai qu’on ne sait pas forcément réagir à des problèmes importants, même si des fois, juste un soutient est déjà bien utile. Comme Mr Catastrophe, il a rien fait de spécial à part te soutenir, te faire rire et te faire sentir bien. Des fois les solutions aux problèmes peuvent être si simple!!!

    En tout cas, continue dans la voie de la guérison. Ganbatte.
    Et continue à nous faire des articles toujours aussi intéressant et enrichissant. Lire les expériences d’une étrangère au japon est très intéressant et confirme bien pourquoi je ne serais jamais prête à vivre à vie au japon, même si j’adore le japon.

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  33. Praxele

    J’attendais cet article avec impatience, car le sujet TCAs/Japon m’intéresse en général.
    Je ne vais pas te pondre un pavé et te raconter ma life (je vais essayer). Comme beaucoup d’autres, j’ai depuis des années une relation conflictuelle avec la nourriture et parce qu’à certains moments, ton article faisait miroir à certaines périodes de mon existence, de part leur violence (envers le corps, envers l’esprit), j’ai versé ma petite larme.

    Par rapport au fringues du Shibuya 109, à une époque où je rentrais allègrement dans du 36, j’ai réussi à acheter un short, là-bas, une fois (la seule). Il était estampillé « L ». 8DDD
    En dessous, je ne rentrais pas dedans.
    Et la publicité Uniqlo est d’une finesse…

    Pour finir, je ne sais pas si je te l’ai déjà demandé, avec ma mémoire de piaf… Mais est-ce que tu as déjà lu le manga « In the clothes named fat », de Moyoko Anno ? Ce n’est pas un manga qui apporte forcément des solutions, mais qui aborde le sujet de la boulimie et de l’anorexie, du cercle vicieux des TCAs et de l’image de la femme japonaise aux yeux des hommes/des collègues, toussa. Je le mentionne car c’est l’un des rares manga abordant le sujet (il y en a sans doute d’autres et si jamais les gens qui passent ici en connaissent, faites-moi signe !).

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  34. Claire (... une autre)

    J’admire ton courage de t’exposer ainsi avec tant de force dans ton message de prévention.
    Je te lis depuis… quelques mois:j’adore ta façon t’écrire et chaque annonce de nouvelle publi je me dis « chouette! », d’une manière une peu superficielle, comme ça..( moi je te vois belle vocation a écrire, faut passer aux livres^^) .
    Là, pour le coup c’était pas un moment de détente mais ça m’a permis de prendre conscience que je te dois un merci, parce que ce que j’ai vu globalement, c’est une belle personne, quelque soit le genre de corps qui était le tien lors de chaque date de parution.
    Alors je fais un petit coucou, avec tout mon soutien anonyme dans ta bataille. Claire.

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  35. Lledelwin (@Lledelwin)

    Bien bien bien…
    Alors, vu les commentaires laissés, je me dis que je ne suis pas la seule à m’être sentie bien mal en te lisant (ce qui a entrainé une jolie décompensation en mode hyperphage à une jolie crise de panique, pouf-pouf.)

    Je vais tâcher de ne pas sombrer dans le 3615 MYLIFE mais… J’ai flirté avec les TCA à une époque où franchement on n’aurait pas vraiment pu me qualifier de bibendum Chamallow, même avec beaucoup de mauvaise foi (ça n’a pas empêcher ma mère de me faire remarquer, lors d’un essayage de fringue, qu’il fallait que je me surveille un peu parce que je choppais un peu de gras sur le haut des cuisses. Surprenant, incroyable, du jamais vu chez une jeune fille de 18 ans), j’ai sérieusement sombré dans la bonne grosse dépression des familles (les médocs sont mes amis, il faut les aimer aussi), dans les scarif, j’ai fréquenté des forum de boulimique-anorexiques (où l’on se faisait spammer par une quelconque assistante de Delar*e cherchant des témoins à faire popper) et qui m’ont beaucoup apporté… Et aujourd’hui, avec 10 ans de plus et 30 kilo de mieux (ainsi qu’un IMC qui me dit que je ne suis définitivement plus la gracieuse libellule que je ne voulais pas admettre être mais en même temps beaucoup plus de je-m’en-foutisme concernant mon physique) je m’en sors, je vais mieux, je flirte à la limite (haute) du surpoids mais d’un autre coté, comme je suis très musclée sous les bourrelets et que je porte des caisses de bouquins quand les brindilles top-biche-minces poussent des cris d’effrois en craignant me voir me briser le dos, ça compense.

    Bref, ton post m’a parlé. Beaucoup. Putain de beaucoup.
    – Dans ta situation, je me demande si je n’aurais pas fini aux urgences après avoir tenter de me récurer les intérieurs à la soude caustique. Ou étalées sous 3 km de Shikasen. Ou peut-être en prison pour accès de rage homicide (Mais PERSONNE vient me faire la morale sur ce que je devrais faire ou pas, et surtout pas quelqu’un qui ne me connais ni d’Eve ni d’Adam)
    – Soudain je pense à tous ces personnages féminins de Manga qui parlent si souvent de régime. Ces discussions d’ado de fiction soupirant après les quelques kilos qu’il leur faudrait perdre. Tous ces passages que j’ai cru (voulu croire) caustique et remettant en cause l(o) pression sociale sur le poids, parce que franchement, une fille super bien gaulée qui parle de régime, c’est… c’est dafuckesque !
    – Je pense aussi à ces Ménagères-de-moins-de-50-ans japonaises, avec des permanentes improbables, en survetement et avec une silhouette trapue de femme « normale » -> ça y est, elles ont assez donné, elles ont des momes et ont renoncé à leur carrière, qu’on les fasse plus chier avec l’injonction du 36, c’est ça ?
    – Je repense à l’amie Japonaise d’un pote, de passage à Bruxelles, qui était aussi surprise que vaguement envieuse de nos merveilleux hommes occidentaux qui… sont capables de cuisiner (et parfois même : de bien cuisiner) et de s’occuper de leur intérieur. Mais franchement, j’étais loin de m’imaginer un niveau de… c’est même plus de la goujaterie, c’est le cran au-dessus, et surtout tellement institutionnalisé. « T’es pas assez maigre pour que j’ose t’afficher avec moi en rue » -> mais va jouer dans le mixer, connard ! « tu devrais faire un régime, mais seulement en privé, pour ne pas me foutre mal à l’aise quand on sors au resto » -> C’est ça, et le jour où je ferai ça, je te ferai aussi parvenir mes tarifs, tu comprendras pourquoi tu ne te louais pas les services d’une geisha pour la soirée, trouduc. Et la boite qui t’enjoint de faire un petit régime quand ils reçoivent ton bilan de santé -> GG mecs. Apparement la visite médicale est aussi foireuse là-bas qu’ici (ma mère a eut un élève culturiste a qui on a conseillé de faire un régime pcq il était trop gros. Mais par contre on a pas remarqué / rien dit à propos de sa consommation de produit qui font régulièrement descendre des cyclistes du podium du tour de france).

    Enfin, c’est un peu délicat à dire et j’ai peur d’être maladroite, mais y a une de tes photo en portrait, t’es en bleu, cadré à la taille et franchement en surpoid, mais t’as un visage de madone du Cinquecento, toute en courbes douces et très beau.

    PS : ah au fait, si tu ne perds pas de poids tout en faisant du sport, c’est limite un très bon signe : tu te fais forcément du muscle en pratiquant du sport, et si tu ne change pas de poids, c’est que tu échange de la graisse contre du muscle. Bon, ensuite on peut avoir de mauvaises surprise : moi par exemple, j’ai gagné une taille de tour de poitrine et de la carrure, ce qui fait que j’ai du mal à rentrer dans mes chemisiers, tout en ayant perdu au moins 4 kilos depuis mon grand « Bon, à nous deux la vie saine ! »

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    1. Lledelwin (@Lledelwin)

      Oh et sinon j’étais tombé il y a qqu temps sur le résumé d’une thèse entre biologie et anthropologie assez audacieuse qui présentait la plus faible stature des femmes par rapport aux hommes non comme un dimorphisme sexuel normal (parce que niveau évolutif pur et dur, c’était même contreproductif d’avoir des femmes plus petits que leurs compagnons étant donné qu’il valait mieux que le bassin soit le plus large possible pour un accouchement le plus facile possible vu que l’ouverture du bassin chez l’humain avait sérieusement réduit du fait de la bipédie) mais comme une conséquence d’une longue sélection et d’une sous-nutrition systématique des femmes par rapport aux hommes. Non seulement celles-ci mangent moins mais surtout elles mangent beaucoup moins de viande que les hommes, parce que la viande, c’est la Force, c’est la Virilité, madame ! Bon, j’avais trouvé ça intéressant mais n’ayant pas le bagage en sciences dures, je ne saurais valider son postulat…

      … Mais ta description du Japon, en revanche, c’est limite un addendum à la thèse sur le mode « vous voyez ? Non mais vous voyez ? Alors, j’avais pas raison ? » : injonction au régime permanent, intériorisation du manque d’appétit comme signe de féminité, interdit sur les plats de viande pour les femmes, imposition de la maigreur comme critère de baisabilité (pardon) ou contrôle (freak) du régime alimentaire et du poids de sa partenaire par le mâle de passage, société ultra-patriarcale où comme par hasard on intime aux femmes d’être de petites choses ultra-minces, limite à s’envoler au moindre coup de vent, donc forcément avec une musculature qui risque pas d’impressionner le moins sportifs des mâles sédentaires (parce qu’ont peut pas caser beaucoup de muscle sur une carcasse de 1m60 qui ne pèse que 35 kilo). Moi j’imagine pas Tomoe Gozen avec la stature d’une de ces donzelles de pub pour régime amaigrissant.

      Ce n’est pas seulement l’absence de graisse que l’on encense, c’est l’absence de chair, de muscles voir d’os dans certains photoshopage les plus immondes.

      Bref.

      Courage à toi, Sonyam. Mais quand on arrive à mettre les mots comme tu parviens à le faire, c’est – je pense – qu’on est pas trop en mauvaise voie.

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  36. Jeannot

    Salut , je suis pas une fille ni malade ni rien , mais je suis ton blog depuis quelques temps , et j’ai jamais encore poste , et … ben en lisant ton blog je me suis mis a te trouver sympathique … 😐 ( c’est d’autant plus marrant que tu te decris des fois comme perfides et mechante , alors que bon c’est pas trop ce que ton blog evoque 🙂 et du coup ca m’a foutu un coup de savoir que tu avais subi tout ca … je crois que le pire c’est quand tu te demandes pourquoi tu te fais subir tout ca , parsque le pire , c’est que tu as la sensibilite et l’intelligence pour t’en rendre compte . Et du coup c’est d’autant plus douloureux a lire … parsque tu es marrante et intelligente et surtout que tu veux et merites de t’en sortir , je sais que tu vas tout faire pour recuperer les annees de vie que toutes ces betises t’ont fait perdre … ah oui et j’espere que le meilleur et a venir pour toi … parsque 1m75 pour 45 kg , c’est pas un signe d’une vie epanouie , c’est juste le signe que tu te rapproches de la tombe et qu’aucun mec sain d’esprit ne souhaite ca … alors qu’il y a forcement des gens qui t’apprecie la dehors , perso j’apprecie ton blog deja … restes en bonne sante d’ici a ce que tu les rencontre 😉

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  37. Ellana

    Bonjour ou bonsoir (je ne sais pas quand tu liras mon commentaire donc je prends des précautions).

    J’ai souvent lu ton blog en anonyme (grâce aux liés laissés sur fb par Milady ^^) mais je t’avoue que je n’avais jamais osé jusqu’à présent. Les articles que j’ai pu lire de toi, montrent un grand humour et je t’avoue que certains me font encore rire maintenant dès à présent.

    Mais je ne savais pas, que derrière tout ça, se cachait une personne qui avait souffert. On ne se connait pas certes, mais ce que j’ai pu lire de toi, laissait penser une personne malgré les adversités vécues.

    Sur le sujet de ton article, je me permets de réagir car il m’a indigné, choqué et fait pleurer en même temps et déçue.
    Indignée, choquée et déçue par la société japonaise qui fait la promotion d’un rythme de vie malsain, encourageant à se tuer à petit feu pour plaire à une société rigide. Déçue, car pour moi les japonais étaient une représentation du zen, du fait de se sentir bien dans son corps. Mais tout cela n’est simple illusion et mes sentiments envers ce pays ne cessent de changer et pas dans le bon sens (rassure toi, ce n’est pas à cause de toi mais plein d’autres choses).
    J’ai rencontré des japonaises et il est vrai qu’elles avaient des corps de gamines de 11-12 ans.

    Tu m’as fait pleurer, je suis de nature sensible, je pleure devant la détresse, tristesse de quelqu’un et j’ai senti de la détresse venant de ton article.

    Mais surtout ton article est pour moi un message d’espoir: je suis en surpoids (ou à la limite) pas moquée par mon poids ouvertement mais je savais qu’au fond ls gens se moquaient de moi, notamment quand j’étais attirée par des garçons. J’étais et je suis toujours complexée par mon poids (1m65 pour 70-72 kg). Je n’ai jamais fais du 38 et j’espère y arriver un jour. Ton article me fait prendre conscience que mon rythme de vie n’est pas sain, que les grignotages, le chocolat et tout ça c’est pas bon. Je vais essayer de me changer et faire du sport afin de prendre un rythme sain (le sport … ça va être difficile. Que conseilles-tu pour une flemmarde, détestant le sport et aimant rester à la maison ?)

    Je te remercie pour ton article instructif, et je te souhaite surtout de trouver la paix avec toi.
    Cordialement.

    PS : j’essaierais à partir de maintenant de commenter
    PS bis : la recherche que tu as faite pour ton article est impressionnante, je vais m’inspirer de ta volonté afin d’écrire mon mémoire (un long truc que je dois faire pour valider ma 3ème année) … Bref, à bientôt 🙂

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  38. Sunak'

    Je suis ton blog depuis quelques temps et je voulais te remercier pour ce post. J’ai été triste et atéré de lire ses lignes , d’y lire ton combat et d’ y decouvrir encore une facette de ce japon qui peut être dur et cassant.
    Je me suis tout à fait retrouvé dans ce message ayant toujours été en léger surpoids un peu de complexe mais pas non plus le truc enorme , je me suis mise à detester mon corps quand je me suis mise à m’interesser à la mode japonaise et à me demander pourquoi je ne rentrerai jamais dans tel ou tel robe, jupe , manteau etc et à subir les attaques anonymes qui traitaient les filles en surpoids sur les groupes de mode gyaru ou lolita ( parce que deja les japonaises c’est bien mais les etrangères qui recopient le même mode de critiques assassinent sur le poids c’est mieux et tout ça anonymement ) .Il m’a fallut un moment et le décès d’une amie qui s’est fait operer en partie pour porter ces robes pour que je realise que porter quelque chose tailler pour une fille qui fait du 32 ne m’irait jamais et que me pourrir la santé n’y changerai rien .
    Bref je voulais te dire que tu as eu du courage de t’en sortir malgré le peu de moyen de soutien mis en place pour sortir de la spirale des TCA et que Mr Catastrophe est vraiment un homme bien pour t’avoir epauler comme ça =) Bonne chance pour ton combat quotidien ! Merci de nous faire rire ( à part ici ) par tes articles bourés d’humour !

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  39. Pimms

    Coucou Sonia. Je tiens à souligner ton talent de narratrice et ton humour. Pas particulièrement pour ce post, mais de manière générale. Ta retranscription de ton expérience de vie japonaise est unique, ta façon de voir et de traiter tes sujets aussi. Pour ce qui est de ton article sur les TAC, je l’ai lu du point de vue de ma propre expérience de femme française ayant vécu au Japon entre mes 20 et 30 ans, normalement complexée par son poids pourtant normal, ayant un rapport un peu chelou avec la bouffe, mais rien de grave comparé à des TCA. Je dois dire que si je me mets la pression par rapport à mon poids, je me le mets toute seule, car ici, au Japon, je n’ai jamais, je dis bien, jamais, reçu la moindre allusion ou commentaire sur mon poids ( ah, si une fois, en cours de danse, par la prof, mais bon, elle a remplacé la bouffe par les clopes comme moyen d’alimentation depuis la fin des années 90, chacun sa merde). Je suis un peu ronde (=normale), mais tout le monde, hommes, femmes, tout âge confondus, ne m’ont toujours fait que des commentaires positifs sur mon physique. On ne m’a jamais dit que j’étais grosse. Si on m’a emmerdé avec mon poids, alors c’est en France. Mais au Japon, les rares commentaires faisant allusion à mon poids, notamment venant de la part de la gente masculine, se limitaient à: sexy, j’adore ton corps/ les maigres c’est moche, y’a rien à toucher/ tu as un vrai corps de femme/ t’as de la chance toi, moi je suis trop maigre…bref. Et ça vaut aussi, pour mes autres copines « normales ». Bon, ce type de commentaire est potentiellement discutable, rapport au sexisme tout ça tout ça, mais, tout ça pour dire qu’en fin de compte, c’est que ce qui m’étonne, ces nos 2 retours d’expérience radicalement différents par rapport à ce sujet délicat du poids/ de la perception de son physique dans le rapport à l’autre au Japon. Alors soit j’ai de la chance et je ne suis entourée que de gens bienveillants et qui ont d’autres chats à fouetter que de se préoccuper de leurs poids et de celui des autres, ce qui me semble être a priori le cas, soit je me voile la face depuis toutes ces années, et je dis merci quand on me dit que j’ai mangé trop de carambars (ah mais ça n’existe pas au japon, heureusement pour moi d’ailleurs) car je ne comprends pas aussi bien le japonais que je le crois, mais je ne pense pas. Tout ça pour dire, encore une fois, que malgré la pression des médias japonais ( et leurs niveau de stupidité rarement égalé) et leur obsession du corps de la femme maigre, il y a un tas de gens au japon, japonais et étrangers, qui en ont rien à foutre de toutes ces conneries, et qui vivent, gros, pas gros, beaux, moches, petits, avec/sans acnés, leurs vies et interagissent en société comme ils le peuvent et l’entendent, sans se soucier constamment de leur physique ou de celui des autres, la vie est déjà assez compliquée comme ça! Enfin, par contre, 100% d’accord avec toi pour le shopping, à part H et M et uniclo (mais j’aime pas), pas facile de s’habiller au Japon, même à partir du 38, hallucinant! trouver un jean dans lequel tout rentre: l’enfer. Ma solution: les fripes (tu sens un peu bizarre, mais tas l’air cool) et porter des robes ou jupes. Enfin, pour conclure sur le thème de ton post, les TCA, je te conseillerais, si tu en a les moyens (financiers, ou si tu peux trouver des aides si tu as le temps de chercher…), de rentrer quelques temps en France pour te faire soigner ou suivre par un vrai spécialiste. Si y’a un point sur lequel, la France assure grave (même si c’est pas parfait, il y a des abus…bref c un autre sujet), c’est le médical. Donc si on a les moyens de se faire soigner, autant le faire. Surtout si ça peut sauver/améliorer/réparer des vies. ENfin, au Japon ( et en Corée aussi), comme l’indique le post précédent, il y a pleins de mangas /dramas à la fois cruels/drôles/émouvants sur les personnes en surpoids ( je pense à Rebound par exemple). Pas du tout réaliste le plus souvent, mais justement, cela permet de s’évader du monde réel, et ça fait du bien.

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  40. Cake

    (ouh lala le dernier commentaire qui s’est envoyé en douce à cause d’une fausse manip, pardooon !)

    Ah. Je fais partie de ces personnes qui ont pleuré. J’ai cette boule au ventre qui me met mal à l’aise et qui me rend également profondément triste. On se connait pas, mais je suis du genre un peu câline. Donc j’ai envie de te faire un gros câlin.

    J’ai connu ça, pendant 3 ans ; et même maintenant, l’angoisse de trop manger est là. L’angoisse de prendre du poids est là.

    « Perdre 3 kilos sans raison ? Aucun soucis. Prendre 500g parce qu’on a décidé de sortir entre potes ? Fin du monde. » C’est toujours de rigueur.

    Je vais pas trop étaler ma vie, mais au plus profond du gouffre, je pesais 38 kilos et je mesurais (et mesure toujours) 1m68. Pour calmer la faim, j’avalais des boulettes de coton imbibées d’eau. C’était totalement con, débile, et absolument extrême, mais je me disais qu’au moins, ces boulettes de coton, c’était du zéro calorie. Parfait. Pour moi, il fallait toujours perdre plus. Prendre du poids était devenu tabou. Impossible. Un échec.

    J’étais au point ou mettre quelque chose dans la bouche devenait impossible.

    Quand on me l’a diagnostiquée, je me maudissais pour ne pas avoir été assez discrète. Je minimisais la chose. Je voulais que mes « rituels minceur » n’étaient connus que par moi, mais bon. Maintenant, je leur en suis reconnaissante. Ils m’ont aidé, tiré de ce cercle infernal. Ils m’ont foutu un peu une tarte dans la gueule, en mode « réveille toi gamine, tes conneries finissent maintenant ». C’était dur, très dur, mais j’ai pu guérir. Entre gros guillemets.

    Oh bien sûr, j’ai eu quelques moment où mes sentiments d’ex anorexique collait à ma peau. Une crise de larme quand on a voulu que je mange un petite frite au McDo. Une crise de panique en remarquant, le soir, que j’avais consommé plus de 700 calories. Un sentiment de soulagement quand j’ai vu que mon IMC était toujours bloqué dans la catégorie d’un bleu glauque, martelé de « MAIGREUR ». Une certaine fierté quand je perds (n’importe quoi, même 200g). Cette horreur quand je prends 600g.

    J’ai même eu quelques disputes avec mon homme à ce sujet là.

    Bref. Tout ça pour dire, que même si on a eu des histoires différentes, qui ne se comparent pas, je me suis reconnue dans ton texte. Je me sens mieux maintenant, mais ça m’a quand même bouleversée. On n’oublie pas cette solitude même après avoir vu un médecin, même avoir été reconnue comme « guérie », et je l’ai tellement ressentie dans ce texte… Ca m’a fendu le coeur.

    J’espère que tu vas trèèèès bien maintenant. Que tu t’es épanouie, que tu te sens bien.
    « On est comme on est », comme tu le dis.

    (il est 2h33 en france, pardon pour d’éventuelles fautes/bizarreries
    et pour la fausse manip
    je suis encore un peu débile)

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  41. aNaisu

    Je pense que tu auras littéralement sauvé des vies avec ton post aujourd’hui, tu peux vraiment être fière de toi. Que ce soit pour avoir eu le courage d’écrire ton post mais aussi avoir tendu la main vers d’autres filles, femmes qui sont dans la même situation que toi et ont eu besoin de ton témoignage pour prendre conscience de leur situation ou savoir la partager.

    Bravo pour ton parcours, la bataille que tu as mené, le courage dont tu as du faire preuve pour arriver là où tu es aujourd’hui. La guerre n’est pas terminée mais je suis persuadée que tu gagnes du terrain un peu plus chaque jour. Une guerre laisse toujours des séquelles mais le courage et l’amour (aussi mielleux cela puisse-t-il paraître) t’aideront à trouver la voie qu’il te faut.

    Bon courage pour la suite.
    Et merci pour cet article qui me laisse littéralement sur le cul 😉
    A.

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  42. catawoman

    Je me retrouve totalement dans ton recit à ceci pres. Je l’ai vecu en france et non pas au japon. Je n’ai pas utilisé de laxatif. Aujourd’hui encore il m’arrive de refaire des crises de boulimie, d’hyperphagie, et de me prendre 5 kilos dans ma tronche. J’ai beau etre mariée, heureuse, y’a toujours quelque chose qui me fait reperdre pied ( mes 85 kilos par exemple). C’est difficile dans notre société de ne pas faire un 34-38 sans se sentir mal.

    plein de bonheur pour ton futur en tout cas, et j’espere que tu ne revivras jamais cela

    Reply
  43. A.Abalou

    Bonjour ,

    On ne se connait pas et je découvre ton blog par cet article.
    Je n’ai vécu rien de ce que tu décrit là. mais ton histoire me rappel une anecdote que j’ai vécu en indonésie (comme au japon les femmes sont toutes petite et très fine). La-bas une amie faisait du 36 et arrivée tout juste à se trouver de vêtements autant dire que moi je visai les magasins europpéens (vive les outlets indonésiens !).
    Je fais 1m60 et pendant monenfance et mon adolescence j’étais très sportive, du coup je manger comme un ogre des trucs bien gras et j’avais la forme (52kg à lépoque tout baigné pour moi). Et puis je suis parti faire des études, et la prépa en internat avec un cantine pourri c’est pas terrible, j’ai pris 15 kg en 3 ans et j’étais horrifié, sauf qu’en sortant de là même avec toute la bonne volonté du monde pas moyen de faire du sport, au bout de 5 min de marche j’étais au bord de l’évanouissement. C’est que 3 ans à se nourrir de sucre, de pain et de yaourt et à dormir moins de 5h par nuit ben ça aide pas ..
    Du coup en sortant de là l’école la liberté, le sommeil !!! J’ai découvert le plaisir de dormir, moi qui était une petite dormeuse je me mettais à dormir pendant 12h de suite (énorme pour moi).
    Bref tout cela pour cadrer mon anecdote qui est bien longue à venir. Donc je pars en stage en indonésie avec mes 69Kg ( j’en avais repris deux à l’école…).

    Et non personne ne m’a fait de remarque (même si ne pas pouvoir s’habiller et voir les femmes toutes maigrelette c’est assez oppressant..). Mais à force de me nourrir de riz et de plats pimenté alors que je ne supporte pas quand « ça pique » ben forcément j’ai réduit les calories avalées.. j’ai perdu 5 kg le premier mois, je ne m’en rendait pas forcément compte, j’étais vraiment pas obsédé par mon poids. Et un jour une amie indonésienne avec qui je me promenai m’a félicité d’avoir maigri, et ce ne fut pas la seule.
    J’ai alors réalisé comme c’était important pour elles d’être maigre. ça ma presque choqué parce que si elle me félicité ainsi c’est qu’elle était persuadé que moi aussi maigrir. Bon certes je me savais pas au top mais j’étais loin d’être obèse .. Et en france non on ne m’a jamais rien dit …
    Je sais que cette histoire n’a pas grand chose à voir avec la tienne mais, ta franchise donne envie de se confier, et oui j’ai fini par me sentir trop grosse, par avoir l’impression de pas pouvoir bouger mon gros cul. Mais je sais que je suis pas hors norme alors je n’en dis rien. Je voulais juste l’exprimé une fois rien qu’une seule. Peu importe si quelqu’un le lit, ou ne me répond pas. parfois écrire suffit.
    Merci pour ce message qui permet de relativiser, courage pour la suite, continue ton combat, une vie normale est accessible à tous.

    Pardon si ce commentaire est truffé de fautes. Je suis au boulot et je dois le terminer vite avant de me faire allumer !
    Encore une fois merci sonyan..

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  44. Mari-chan

    Je suis une de tes (nombreuses?) lectrices anonymes. Je lis ton blog depuis quelques mois et j’apprécie toujours le détail que tu apportes à tes articles. Tu prends le temps de développer chaque point, de ne rien oublier sur un sujet, cette approche encyclopédique est super enrichissante et agréable à lire. Ton article a, je trouve, remis plein de choses en place dans mon esprit sur ce sujet que je connais peu.
    Je trouve qu’il est très difficile de s’en sortir tout seul : je souffre d’autre chose – les TOC et anxiété sociale – et même si j’ai un copain qui me soutient, ce n’est pas suffisant. Je trouve important d’avoir une personne neutre, à qui tu peux tout dire (et qui ne te juge pas mais te propose des solutions). Pour ma part, j’ai mis 8 ans avant de pouvoir en parler à mes amis. Je vois depuis un an une psychologue cognitive (qui va s’intéresser à la façon de penser face au problème et pourvoir changer les habitudes ; c’est un travail sur le concret, le quotidien). Je vois également une kinésiologue (qui parle plus à l’inconscient, c’est un peu plus spécial). Les deux me font énormément avancer. Je ne sais pas quels types de spécialistes tu peux avoir au Japon. L’important est de trouver la personne et la spécialité qui te convient. Existe-t-il des nutritionnistes et diététiciennes au Japon ? Sont-elle vraiment aidantes (et pas avec des pilules ou régimes bizarres) ?
    A défaut de pouvoir voir un psychologue, il y a quelques livres qui peuvent aider comme tous les livres de Christophe André (Méditer pour ne plus déprimer, par exemple, il y a un CD qui reprend la partie méditative des cours de yoga que l’on peut faire chez soi du coup) ou les livres de Jon Kabat-Zinn (sur le stress et la pleine conscience). Je ne sais pas si tu as accès à des livres en anglais ou français émis par des psychologues ou abordant le sujet mais selon moi, c’est une forme de soutien.
    C’est clair que le sport c’est vital pour le stress, j’ai découvert la danse africaine récemment, qui permet de bien se défouler, sans se préoccuper de son physique ni de chorégraphie compliquée. Mais vu que tu es au Japon, peut-être qu’un sport de combat sera plus facile d’accès (ou le Taï-Chi?). Et cela peut-être rigolo de pratiquer en couple…?
    J’admire le chemin que tu as parcourus seule pour remonter la pente et des solutions que tu as déjà mise en place. Sans soutien extérieur (et même amoureuse), moi j’en ai été incapable (avec toujours l’idée stupide que je pourrais arrêter du jour au lendemain si je le voulais alors que chaque jour je m’enfonçais un peu plus sans m’en rendre compte).
    Je te souhaite plein de bonheur !!!

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  45. Maron

    Pour commencer, un simple mot : お疲れ様でした. Pour tout. Tu as dû vraiment en baver jusqu’à maintenant, donc franchement, on ne peut que saluer la bravoure qu’a dû demander la rédaction de cet article.

    Si je peux me permettre cette allégorie, je suis pour ma part en quelque sorte de l’autre côté du miroir. « Trop » mince. Kitty a déjà parlé de ce problème, et je pense qu’il n’est pas inutile d’insister dessus, car il est complètement ignoré par 99% des gens.
    Quand tu es maigre, tu vis depuis l’âge de 8 ans avec des surnoms du type « croque-mort », « squelette », etc… Moi-même je m’en prenais pas mal dans la tronche quand j’étais petit. Même si sur le coup je n’en étais pas forcément conscient, j’ai vraiment eu un complexe à l’époque du collège, si bien que je ne voulais plus aller à la piscine. Ça peut paraître étonnant, mais oui, on se foutait bien de ma gueule à chaque fois que j’étais en caleçon dans les vestiaires (ah oui, je suis un gars, donc le caleçon c’est normal en fait).
    J’ai eu la chance d’être plutôt apprécié, et dans un lycée pas trop bordélique, et le lycée m’a permis de prendre du muscle, ce qui a un peu arrangé les choses. Grâce à ça, mon complexe n’est qu’un vieux souvenir, et puis l’avantage quand tu es maigre (dieu que je déteste ce mot), c’est qu’au moins les vêtements t’évitent de te taper des réflexions à longueur de temps.

    Pourquoi je raconte tout ça? Parce que je me tape exactement les mêmes réflexions que toi, simplement en sens inverse : je suis le seul responsable de cet état, je suis malade, je devrais manger plus, je devrais me muscler, etc…
    Tout le monde part du principe que je suis trop mince parce que je l’ai souhaité, que je fais exprès de ne pas beaucoup manger.
    Comme toi, j’ai une certaine expérience du Japon. Et comme toi, je me bouffe souvent des réflexions qui ne me font pas plaisir. Car oui, ça ne me fait pas plaisir quand on me dit ちょっとまた痩せた?病気なの?ちゃんと食べた方がいいよ??
    Sauf que voilà. Si certains prennent 10 kilos parce qu’ils mangent comme une personne normale, d’autres doivent manger n’importe quoi et n’importe quand pour ne pas maigrir. Oui, je fais partie de ceux qui culpabilisent lorsqu’ils manquent un repas, parce qu’ils savent qu’ils vont inévitablement maigrir.
    Et comme toi, je constate que les Japonais n’ont absolument aucun tact (C’est marrant, les Japonais ont une expression qu’on a pas en français, 空気を読む, mais ils ne savent pas l’appliquer). Ils te balancent des réflexions sur ton poids comme si ça ne posait aucun problème, comme si les complexes ça n’existait pas. Cela dit, tu as dû voir des émissions de TV japonaises à la pelle toi aussi : les personnes en surpoids y sont parce qu’elles sont en surpoids, c’est leur marque de fabrique. Elles sont là pour se faire charrier sur leur poids.

    Bon, je suis tout à fait conscient que ma situation est bien plus simple à vivre que celle du surpoids. Déjà, ça se camoufle mieux. Ensuite, c’est socialement plus apprécié. Et puis je suis pas non plus un cas extrême. Simplement voilà, je tenais à souligner que même de l’autre côté du miroir, ben on douillait aussi pas mal, et qu’être incapable de prendre du poids (j’ai essayé le régime coca à la place de l’eau, 6 repas par jour), ben même si c’était cool point de vue hygiène alimentaire (j’avoue que je peux me faire plaisir, et ça c’est chouette), ben ça a pour résultat que je me blesse plus facilement que la moyenne, et c’est pas génial génial quand tu aimes bien faire du sport.

    Donc voilà, le monde est pas toujours chouette, les Japonais sont souvent assez cons concernant ce point, et j’ai fait le tour de ce que j’avais à dire, donc courage pour la suite, et sache que si on ne participe pas à la même bataille, on mène la même guerre, et je comprends parfaitement tout ce que tu as pu ressentir.

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  46. Aurélie

    « Je disais donc, à l’époque, je n’étais pas une vraie boulimique.
    C’est assez honteux à dire, mais j’avais une mauvaise hygiène de vie, voilà tout. »
    Non, ça s’appelle de l’hyperphagie. C’est AUSSI une forme de TCA plutot méconnue que les gens prennent en règle générale pour de la gourmandise un peu poussée, ou du grignotage.
    Juste pour l’info 😉

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  47. Lin

    Bonjour ! (ou bonsoir)
    Je tiens à dire que j’ai beaucoup aimé ton histoire et que je partage ton point de vue sur « Il faut s’aimer telle que l’on est ».

    Personnellement, j’ai une amie qui va souvent au Japon et je remarque qu’elle a beaucoup maigri depuis son voyage là-bas…
    J’ai aussi appris qu’après cela, elle se trouvait trop « grosse » (alors qu’à la base elle était normale et que là, elle a déjà perdu beaucoup de poids) ….
    J’ai commencé à me demander si son voyage au Japon n’en était pas la cause vu que les Japonaises sont souvent très mince et qu’elle a du se sentir complexée alors qu’il n’y avait AUCUNES raisons….
    Après avoir lu ton article, j’ai mes doutes qui commencent à se confirmer…

    Je trouve que ton histoire, c’est une expérience qu’il faut faire lire aux gens pour les faire réfléchir, et aussi, ton courage est admirable pour avoir su écrire quelque chose d’aussi sensible.
    Merci pour ton travail !

    Reply
  48. Virginie

    Bonjour Sonia,
    Merci pour ce témoignage très vrai, et très sincère.
    Personnellement, ça me choque bien sûr, même si je sais que tout ça existe.

    En lisant tes lignes, je me suis juste dit: ‘Mais.. c’est le culte de la mort là-bas. Pas de la beauté, mais bien de la mort. ‘ La bêtise humaine est grande…

    En tous cas, je te souhaite de continuer à être forte, comme tu l’as fait, et de vivre le plus de choses positives dans ta vie. Vis surtout 😉

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