Baito, pas baille tôt

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Chers fidèles, l’heure est venue de vous pavifier.

Et comble de chance, pour un billet que je vous promets depuis facile un an : sur mon expérience en tant que baito.
Et comme vous l’avez attendu l’équivalent d’une vie, vous en aurez pour votre argent car il va être inutilement LONG.

Il me semble avoir expliqué un million de fois ce qu’était un baito, mais comme y’a toujours deux trois nullos dans mon entourage qui se foutent royalement du Japon et oublient au fur et à mesure ce que je leur dis – moi qui suis pourtant passionnante – je me sens obligée d’en remettre une petite couche.
Donc un « baito » c’est un petit boulot, de type job étudiant ou job alimentaire. Ca vient du mot travail en allemand soit « arbeit », prononcé « arubaito » car les Japonais sont nuls en prononciation et contracté en « baito » parce qu’en plus de ça ils sont flemmards.
Ne parlant pas un mot d’allemand à part le tristement célèbre « arbeit macht frei », j’ai failli intituler cet article « Le baito rend libre » mais je me suis souvenue de mon billet précédent sur l’humour et me suis faite à juste titre la remarque que s’il y a encore un sujet d’humour noir qui fait grincer en France, c’est bien celui-là.
Et comme je n’ai pas encore renoncé à une carrière faite de célébrité, de Rolls Royce, de soirées branchées chez Paris Hilton, de foie gras dans mes raviolis et de caviar dans mon champagne ( ?), je préfère ne pas me mettre les médias à dos avec un titre douteux et avorter ma future carrière de Jet Setteuse.
Donc sachez qu’à l’heure qu’il est, je ne sais toujours pas comment je vais intituler ce pavé et que je suis en plein désarroi. Ma vie est décidément trop dure.

Bon, comme j’aime vous embrouiller et raconter ma vie dans le désordre, on retourne cette fois fin juin 2010.
Rappel de la situation pour les futurs Alzheimer : à l’époque j’étais étudiante et donnais des cours de français dans des cafés à une bande de sociopathes ahuris (cf. Carrière Ephèmere) pour survivre.
Seulement voilà, au bout de quelques mois et pour diverses raisons, il n’était plus envisageable de continuer à vivoter de ces petites leçons hebdomadaires.
Déjà pour la très bonne et très simple raison que j’avais envie de jouer à Kill Bill avec 80% de mes élèves et les embrocher au bout d’un katana en trophée sur mon mur, mais aussi parce que la Golden Week (première semaine de mai où se suit une série de jours fériés) avait eu sur eux le même effet qu’une raclette party en plein régime draconien ou qu’une pause assise le cul parterre en pleine montée du Mont Fuji : ils avaient été coupés dans leur élan.
Après une pause d’une semaine, même les plus assidus avaient du mal à s’y remettre et enchaînaient les annulations de dernières minutes.
Pire, au mois de juin une de mes meilleures amies d’enfance avait prévu de venir me voir deux semaines. Imaginez les conséquences qu’ont deux semaines de blanc sur leur motivation quand on voit que y’avait déjà plus personnes après cinq pauvres jours fériés en mai.

Début juillet, juste après le départ de mon amie, j’ai pris quelques jours pour moi pour enchaîner les examens de Japonais : JLPT niveau 1, STBJ et BJT (ces deux derniers étant des examens de japonais mais de « Business Japanese »). J’avais pensé vous faire un billet sur le sujet un jour mais… j’y ai renoncé car pas de quoi en écrire des tartines. Par contre s’il y a quelques brebis égarées qui ont des questions, n’hésitez pas à me contacter en privé.
Tout ce qu’on retiendra de ces examens, c’est que venant de passer deux semaines à faire la touriste et la fête avec ma copine, je n’avais pas ouvert un seul bouquin en y allant, que j’étais persuadée de tous les rater mais que finalement, par un merveilleux miracle (ou serait-ce le génie ?) je les ai eus au niveau un.
Donc au début de l’été, me voilà débarrassée. J’ai passé tous les diplômes que je voulais avoir, je n’ai quasiment plus d’élèves, je suis devenue allergique aux leçons de français et n’ai aucune motivation pour en chercher de nouveau donc il est temps de trouver un vrai baito.
Et cela au plus vite si je ne veux pas me retrouver sous un pont.

La Quête du St Baito

1- Postuler – 応募

Et là, c’est le blanc total. Où chercher ?
Si aujourd’hui je saurais conseiller n’importe qui selon le profil – en tout cas sur Tokyo – il y a deux ans je ne connaissais personne, n’avais aucune expérience et n’avais surtout aucune idée.
Pendant mon année à Osaka, j’avais fait quelques petits boulots ponctuels pour faire un peu d’argent de poche comme des corrections de rapports en français d’étudiants Japonais, un ou deux cours de soutien par-ci par-là ou encore l’enregistrement en studio de dialogues pour un manuel scolaire de Français (expérience bien sympa soit dit en passant, même si mon ami – et collègue pour l’occasion – aura retenu qu’il ne faut pas boire un coca pendant sa pause, car quand on rote dans le micro du studio ça passe aussi inaperçu qu’un sumo se faisant dorer la pillule sur la plage.

Mais le fait est qu’à l’époque je recevais trois bourses scolaires différentes donc n’avais pas forcément besoin de travailler à côté de l’université, d’autant plus que c’était les beaux jours où l’euro valait un peu plus qu’un billet de monopoly (1 euros = 165 yens à l’ époque) donc je dois bien l’avouer, cette année-là j’en ai bien profité sans en glander une.
En arrivant à Tôkyô je ne connaissais personne, je n’avais aucune connaissance française à part mon amie Claire, aucune idée de l’expérience des autres ni même où chercher.

Vaccinée contre les cours de français pour un moment, je ne vois rien d’autre que serveuse dans un restaurant/café.
Un peu à contrecœur je dois le dire, puisque je suis un concentré de Mr Bean et Pierre Richard et que j’ai la tremblote rien que de m’imaginer porter un plateau dans une salle bondée.
Mon amie Claire ayant elle-même été exploitée jusqu’à l’os pour trois sous travaillé pendant deux mois dans un restaurant français et ayant gardé un souvenir peu flatteur de son patron, c’est tout naturellement qu’elle me propose de postuler chez la concurrence dont elle me donne les coordonnées.
Je prends contact avec eux, mais malheureusement ils viennent tout juste d’embaucher un nouveau staff et ne recrutent pas pour le moment. Ils me proposent de leur envoyer mon cv quand même pour me contacter par la suite s’ils ont besoin.
J’obtempère et pars à la recherche d’autres restaurants français ou européens acceptant bien généreusement de me payer pour casser des verres et faire tomber des assiettes brulantes sur la tête des clients.
Je ne sais pas si ce n’était pas la bonne saison, la bonne période ou si je pue les deux bras gauches à dix kilomètres mais le fait est que j’ai enchaîné les refus, les « on ne recrute pas pour l’instant » et autres.

Lassée de postuler pour rien, je décide d’arpenter les rues près de l’école et de mon domicile et noter les établissements proposant une gastronomie européenne et arborant à l’entrée les mots magiques « アルバイト募集中 » (arubaito boshû-chû) soit « Nous recherchons un arubaito ».
Sauf que comme dans ma vie rien n’est rose – à part peut-être mon blog et la décoration de ma chambre, je vous l’accorde – ça ne s’est pas forcément mieux passé.

Là j’ai eu droit à un autre type d’excuses : celle de « on ne recrute pas pour l’instant » n’étant pas un joker jouable, j’ai eu la joie de goûter les plaisirs de réponses un peu plus cash comme « mais vous comprenez, vous êtes Blanche, nos clients pourraient être choqués ou mal à l’aise car ils ne sont pas habitués ».
Bien.
En attendant, c’est quand même la gastronomie du pays de la Blanche qui ravit les papilles de tes pétochards de clients, connard.

Je postule chez un boulanger près de chez moi, un peu moins frileux, mais qui refuse quand même de me mettre en caisse en un premier temps : il préfère me proposer un baito d’assistante, derrière aux fourneaux. Seulement avec des horaires de 3h du matin à 12h, même si c’est payé double, ce n’est pas compatible avec l’école donc j’abandonne.
Dommage, mon grand-père ayant été boulanger (et même – attention, minute fierté – sacré meilleur boulanger de France en 1952), j’aurais bien aimé faire ça pour suivre ses traces quelque temps.

Dans les autres refus notables dont je me souviens encore deux ans après, il y a aussi eu un café français (tenu par des Japonais) pas très loin de mon école qui proposait lui aussi un poste de baito. Quand je passe le matin et remarque l’annonce, le café est encore fermé. Je décide alors de relever le numéro de téléphone et d’appeler plus tard.
Lorsque j’appelle, on me passe le manager qui me répond cordialement jusqu’à ce que je lui dise que je suis française, flattée de me rendre compte qu’il ne s’en était pas aperçu jusque-là. L’autosatisfaction ne dure qu’une seconde puisque très vite il change complètement d’attitude, manifestement embêté. Il me demande si j’appelle selon la recommandation de quelqu’un et bêtement je lui réponds que non, que j’ai juste vu l’affiche en passant. Il saute sur l’occasion en se débarrassant de moi d’un « désolé, en fait nous venons juste d’embaucher le staff que nous recherchions, nous ne recrutons plus pour l’instant ».
Suspicieuse de ce revirement de situation, je demande à mon amie Sumaï (qui elle, étant asiatique, a trouvé deux baito en moins d’une semaine…) d’aller les voir pour demander si elle peut postuler.
Comme je m’en doutais, ils lui proposent de déposer son cv et de la rappeler plus tard.

Sumaï me propose d’essayer des sites de petites annonces comme baitoru.com ou jobsense car c’est là qu’elle a trouvé ses baito.
Le soir même je m’inscris et fais des recherches sur Tôkyô avec des mots clés comme « France », « Français », « Langues » etc.
Je tombe sur une entreprise qui organise des mariages à l’européenne avec des menus, décorations et animations qui se veulent « typiquement français ». Je me dis qu’une Française dans le décor ne devrait pas faire tache, après tout quoi de plus typiquement français qu’une Française ?
Je téléphone une nouvelle fois. Et je peux vous dire que même si je raconte ça vite fait, en vérité il m’en coûte. J’appelle, mais après 10 minutes de préparation psychologique et à coup de mal de bide et de palpitations. Déjà que je ne transpire pas la confiance en moi, après tous ces refus enchaînés je commence à franchement être négative.
Encore une fois, on est très cordial avec moi, on me demande si j’ai de l’expérience dans le service et je réponds que malheureusement non, à part du service en salle dans des foyers de personnes âgées en France.
En France ? Ah oui, au fait je suis française.
Encore une fois, je sens le ton changer. « Ah oui, en fait vous êtes française… Écoutez je ne pense pas que cela va être possible… »
– A cause du manque d’expérience ?
– Non, mais vous comprenez nous organisons des mariages coûteux et notre service doit être irréprochable et surtout très poli. Vous êtes étrangère donc vous ne savez pas manier les formules de politesse.
– Je suis actuellement une formation de japonais des affaires dont une partie des cours essentiellement portée sur le Keigo (formules de politesse), je pense être tout à fait capable de servir les clients en utilisant ces formules.
– Je ne pense pas que vous ayez le niveau. Vous ne devez pas connaître les formules comme « gozaimasu », « itashimasu » etc.
– Je les utilise avec vous en ce moment même.

Blanc au téléphone, un point pour moi.

« Oui mais vous avez un accent. Et comprenez qu’un accent, dans un établissement comme le nôtre est dérangeant pour nos clients. Nous exigeons un japonais parfait. Je suis désolée mais ce sera non. »
Et là, sur ces belles paroles, je me fais superbement raccrocher au nez.
Sympa la boite polie au service irréprochable.

Si les refus précédents m’avaient déçue sans m’atteindre réellement, j’avoue que celui-là m’a été relativement dur à encaisser.
D’autant plus dur à accepter qu’après ces quelques semaines, ma situation financière est des plus précaires.
Non seulement je n’ai plus vraiment de revenu, mais en plus j’ai des problèmes dentaires dont le devis s’élève à plus de 1000 euros. Déjà que je ne sais pas trop comment bouffer je ne vois pas comment payer 1000 euros de dentiste.
Le prêt étudiant que j’ai fait, censé couvrir mes frais de scolarité, part donc en partie remplir les fouilles de mon enfoiré de dentiste.
Je ne sors quasiment plus car les Japonais ayant une toute autre perception du concept de pauvreté, mes amis ne me proposent que des soirées à 50 euros en moyenne.

Bon, on repart de zéro, il est évident que je m’y prends comme un manche.
Au lieu de penser proximité, il convient de viser des quartiers où il y a beaucoup d’étrangers donc des établissements susceptibles de vouloir un staff bilingue ou trilingue et où les yeux king-size ne choquent pas le client. Roppongi, Ginza, Shinjuku etc.
Ensuite, ne plus cibler les établissements qui se disent français, mais les établissements ayant dans leurs critères d’embauche un mot sur le staff étranger.
Je recommence donc mes recherches sur les sites d’offres de baito, mais cette fois avec les mots-clés « 外国人OK » ou « 外国人歓迎 » (soit « Gaijin – étranger – OK », ou « Gaijin bienvenu »).
En France je n’ai jamais vu d’offre d’emploi ayant la petite astérisque « on accepte les étrangers », mais que voulez-vous, au Japon parfois on en est encore là.
S’il y a des milliers de petites annonces sur Tokyo, avec ces mots-clés tout de suite le résultat se trouve réduit à quelques dizaines.
Et dans ces quelques dizaines, 80% visent Chinois, Coréens ou anglophones natifs.
Mais quand même, on trouve.
Je repostule à plusieurs entreprises et cette fois ça s’enchaîne plutôt vite en fait.
En moins de 24h, je décroche un baito pour un magasin de vêtements. Super enthousiaste je suis ! … Jusqu’à ce que je découvre qu’on ne me propose pas un poste en magasin, mais dehors dans le cagnard pour distribuer des prospectus en hurlant des slogans sur les diverses campagnes en cours, au milieu d’une foule qui s’en tamponne le coquillard et ce, pendant 8h d’affilée.
J’hésite entre ma situation de Cosette et ma fierté.
Est-ce que j’ai envie de faire ça ? Franchement non, je pense que je vaux un chouya mieux.
D’un autre côté, je n’ai vraiment pas le choix.

Heureusement, très vite on me contacte pour un entretien dans une entreprise que j’ai décidé de renommer Matsukage pour ce billet.
C’est une entreprise qui est dans la réparation d’ordinateurs portables et d’iPhones. Ce n’est pas le rêve de ma vie, ni même très féminin, mais dans son annonce l’entreprise avait l’air demandeuse d’étrangers (et après des refus à faire pleurer SOS Racisme, ça me paraissait important), les horaires étaient libres et puis surtout, c’était une entreprise.
Je m’étais dit en postulant que travailler dans une entreprise pouvait m’apporter un peu plus sur mon CV qu’un baito de serveuse en restaurant pour ma recherche d’un véritable travail, car même si je ne cherche pas à faire carrière dans la réparation d’ordinateur ça pouvait montrer que j’étais capable de m’adapter dans une compagnie japonaise.

En un premier temps, on m’envoie un questionnaire à remplir par email (ce qu’ils appellent « entry shit » (エントリーシート) qui sert de présélection.
Quelques questions sur les motivations, sur son parcours, sur ses compétences, mais aussi des questions de personnalité du genre :
« Vous êtes dans une pièce où la fenêtre est ouverte. Un insecte volant entre dans la pièce, vous avez sur une table un spray insecticide et une tapette, que faîtes-vous ? »
Ce à quoi j’ai répondu par un truc bidon du style : « Je n’aime pas les insectes mais me refuse à les tuer. Je l’aurais donc guidé jusqu’à la fenêtre avec la tapette, puis l’aurais refermée dès qu’il serait retourné dehors ».
…Ce qui est évidemment un mensonge éhonté puisqu’en vérité il est évidement que je serais devenue hystérique et me serait enfuie en pleurant dans une danse de la panique des plus pathétiques.
Quelques jours après leur avoir renvoyé leur entry shit, je suis convoquée pour un entretien.

Le stress.
Je n’ai encore jamais passé d’entretien au Japon et malgré avoir postulé à des dizaines d’offres en quelques semaines poussée par la menace d’une banqueroute imminente, quelque part je n’étais pas trop pressée d’en avoir un.

2 – Le CV – 履歴書

Je commence par me débarrasser du plus chiant, soit l’écriture du cv. Car sachez qu’au Japon, si on peut postuler en un premier temps par Internet en envoyant une version électronique, pour l’entretien la coutume veut qu’on apporte un autre CV, écrit à la main.
Bon, profitant de notre visage pâle on peut tenter le Gaijin Smash du « je savais pas » et en apporter un imprimé qui aujourd’hui est excusé plus facilement qu’il y a quelques années, mais venir à l’ancienne avec son cv écrit à la main peut évidemment faire preuve de véritable motivation et vous apporter quelques points en plus.

Car si en France, on peut profiter de son cv pour montrer sa personnalité et ses compétences en informatique en faisant péter le design, au Japon comme d’habitude, moins on exprime qui ont est et mieux c’est.
Pas de mise en page originale, pas de couleur, pas de cv personnalisés. Donc en apporter un imprimé n’est gage que de votre flemme, puisque son apparence ne divergera pas d’un cv écrit à la main.
Bref, la version officielle étant qu’un cv à la main montre à la fois votre motivation et votre personnalité (écriture soignée signe de sérieux, bla bla), mais je crois qu’en fait c’est juste pour vous faire chier à coup d’heures perdues à écrire des dizaines de cv au lieu de regarder Dr House, de tendinite au poignet et autres arrachages de cheveux quand, à l’avant-dernière ligne de votre cv, vous ratez votre kanji et devez tout recommencer dès le début. Car il va sans dire que les ratures et le blanc sont proscrits, évidemment.

Les cv vierges s’achètent en magasin un peu partout (vous en trouverez généralement dans tous les combini), je ne me souviens plus exactement mais ça doit être entre 300 et 500 yens (soit environ 3 et 5 euros) pour les dix cv. Il existe plusieurs modèles, sensiblement différents selon le type poste pour lequel vous postulez, donc vérifiez bien que vous achetez un CV pour arubaito et pas pour un vrai poste d’employé ou autres.

On va prendre une belle photo de soi constipé en habits de pingouin au photomaton du coin et en voiture Simone.
Pour vous donner un exemple de ce que donne un CV écrit, ça donne à peu près ça niveau allure et contenu.

 

1) Nom, prénom, date de naissance, adresse, sexe, mail, etc.
2) Parcours scolaire. On écrit d’abord l’année, puis le mois, et ensuite le nom de l’établissement. Le parcours s’écrit du plus ancien au plus récent (sens inverse que nous donc) et on doit écrire deux lignes pour chaque formation. Une ligne pour l’année du début de formation et une nouvelle ligne pour préciser l’obtention du diplôme.
3) Expériences professionnelles, baito ou non.
4) Précision du type de travail qu’on souhaite faire
5) Les jours où vous êtes disponibles dans la semaine ainsi que les horaires. Enfin, sur quelle durée vous prévoyez de faire ce baito.
6) Vos permis, diplômes supplémentaires etc. (Par exemple, c’est là qu’on écrira les diplômes annexes tels que le JLPT, TOEIC, permis de conduire etc.)
7) Votre ligne de transport ainsi que le temps de trajet entre votre domicile et l’entreprise pour laquelle vous candidatez (et comme l’entreprise rembourse généralement les transports, ça lui permet aussi d’évaluer combien elle doit vous dédommager par mois), et si vous avez des personnes à charge (l’entreprise peut prévoir un petit plus sur votre salaire pour y pourvoir).
8 ) Le salaire que vous aimeriez ou autre (pas obligé d’écrire quelque chose).
Je voulais vous faire un topo plus détaillé de l’écriture du cv et les différences avec les autres mais comme ce pavé est déjà bien assez long, j’y reviendrai quand je parlerai de la recherche d’un vrai emploi. 

Voilà, vous avez des crampes au poignet et des kanji plein la tête, c’est que votre cv est prêt.
Maintenant, il faut assurer l’entretien.

3 – L’entretien – 面接

Bon pour ce qui concerne un petit boulot comme un baito, un entretien est plus ou moins pareil qu’en France je pense, beaucoup moins de pression ou d’enjeu que pour un vrai travail.
Je ne pense pas que ce soit obligatoire pour tout type de baito mais la plupart du temps il vaut quand même mieux se présenter en costume/tailleur. Pour le baito en boulangerie je m’étais juste présentée soignée, mais là pour une entreprise j’ai préféré y aller en costume (pas de jupe pour moi car tatouage… qui ne sont pas les bienvenus au Japon. Donc si vous en avez un, CACHEZ-LE espèce de petit voyou !).
J’ai mis les petits plats dans les grands, j’ai défrisé mes cheveux de moitié de couscous que je suis, me suis bien maquillée, ait enfilé mon masque de fille sérieuse et compétente.
Comme les adresses japonaises sont incompréhensibles, j’ai bien entendu googlé l’adresse et imprimé le plan pour savoir comment trouver l’entreprise depuis la gare et m’y suis rendue juste après les cours.
Je suis accueillie avec le sourire et on m’emmène dans une salle isolée, avec une table de réunion entièrement faite en lego. (… ?)
Pour un simple petit boulot, j’ai trouvé l’entretien quand même bien long et poussé.
Après 20 minutes d’entretien avec le gars des RH, le patron de la boite s’est invité dans la pièce où il m’a questionnée pendant encore presque une demi-heure, puis on m’a donné un test de personnalité à remplir en moins de 15 minutes. Le tout entièrement en japonais bien sur.
Pour les questions, j’ai eu droit du tout au tout, comme par exemple un classique « Pourquoi avoir postulé chez nous ? » auquel j’aurais bien répondu par « Pour pouvoir bouffer et faire du shopping » si j’avais été honnête ; aux questions les plus saugrenues du genre « Vos parents vous ont-ils suivi pour vivre au Japon avec vous ? ».
Mais oui bien sur, ma mère a démissionné sur le champs et mon père a arrêté son business exprès pour venir me suivre dans un petit 20m² perdu dans la jungle Tokyoïte où, ne parlant ni japonais ni anglais, ils se font profondément chier chaque jour que Dieu fait en attendant que je ramène le riz quotidien.

J’ai l’impression que l’entretien se passe plutôt bien mais bon, je ne veux pas vendre la peau du tanuki avant de l’avoir tué et reste sur mes gardes. Le poste ne requiert pas vraiment de besoin linguistique et en plus je n’ai strictement aucune expérience dans le domaine.
Pourtant, la réponse vient très rapidement et oui, je suis prise !

OUF !!! Enfin je peux respirer !

Je serai donc réparatrice d’ordinateur et d’iPhone ! C’est inattendu et pas franchement féminin mais soit !
C’est assez mal payé pendant la période d’essai (800 yens de l’heure) mais peu importe, j’ai enfin un revenu fixe et vais pouvoir sortir la tête de l’eau.

En vérité, cette période de recherche de baito m’a paru une éternité car je postulais partout tous les jours en sortant de l’école et que j’ai essuyé un nombre impressionnant de refus en un temps record.
Mais dès que j’ai compris que je ne m’adressais pas aux bonnes portes et adapté ma façon de rechercher, c’est allé plutôt vite
Au final, j’ai mis « seulement » quatre semaines à trouver. C’est à la fois long et court. Court parce que si on compare à la France, trouver un job étudiant en quatre semaines tient limite du record. Long parce qu’au Japon contrairement à la France les offres de petits boulots c’est quand même pas ça qui manque, mais aussi parce que quand on ne sait pas si on pourra manger le mois prochain chaque jour paraît une vie.

Je dirai au passage qu’en deux ans, je connais déjà un peu mieux les « bons plans » mais surtout les choses ont aussi également pas mal évolué car de nombreuses grandes enseignes comme Softbank, Apple, Uniqlo, H&M ou encore Muji se sont mises à embaucher des étrangers pour servir leurs clients étrangers dans les quartiers très fréquentés. Enseigner le français reste, je pense, la voie la plus « facile » pour trouver un gagne-pain, mais je pense aussi que petit à petit, d’autres opportunités s’offrent aux Occidentaux.

Sonia sur le terrain

1 – 1er Jour

Ayant eu la réponse positive à l’entretien quelques jours avant que le mois d’août, je décide de commencer dès le premier du mois. En plus, avec les congés d’Obon (la fête des morts) qui arrivent, je serai en vacances. Comme je n’aurai pas cours pendant deux semaines et que j’ai vraiment besoin d’argent au plus vite, je demande à travailler à temps plein pendant toute ma période de vacances.
Je commence à 8h et me rend compte que pour être à l’heure, je dois prendre le train de 7h12, donc me lever vers 6h-6h15… C’est beaucoup demander à une marmotte en vacances et évidemment, dès le premier jour je me loupe en me réveillant en sursaut à 6h55.
Sachant que j’habitais à un peu plus de dix minutes de la gare…pour le train de 7h12… je vous laisse faire le calcul.
Le visage dans le fessier, pas le temps de me laver, de me coiffer ou même de choisir mes habits, je prends le premier truc qui me tombe sous la main soit mes habits de la veille… dont j’avais complètement oublié que je les avais justement tachés (tant qu’à faire, autant y aller franchement dans le misérable). Je me prépare aux Jeux Olympiques 2012 en tapant le sprint de l’année jusqu’à la gare, histoire d’être bien en sueur pour compléter ma panoplie de crasseuse.
Il n’est pas encore 7h15 que je rêve déjà de rentrer me doucher.

J’arrive à l’heure mais mon soulagement est de courte durée : je n’ai pas ramené de chaussons…
Apparemment le manager me l’avait écrit en PS de son dernier mail mais comme je suis coquine, j’ai espièglement sauté cette ligne dans ma lecture pour me jouer un tour.
On me propose d’en prendre qui trainent (évidemment trop petits avec le talon qui dépasse piteusement, sinon c’est moins drôle) et je me dis que l’image que je donne doit être à un système solaire de celle de mon entretien la semaine passée où j’étais en costume, coiffée, maquillée…digne.

Malgré ce départ en fanfare, la journée ne se passe pas trop mal même si au final je trouve que chaque premier jour d’un nouveau boulot est relativement détestable.
On ne sait pas trop ce qu’on doit faire, si on doit attendre que quelqu’un vous assigne une tâche ou prendre des initiatives soi-même. Impression de trainer dans les pattes des autres.
Et là-dessus les Japonais, ou en tout cas cette entreprise, n’était pas du genre à venir vous prendre par la main en vous disant « on fait ça, ça et ça ». Chacun faisait ce qu’il avait à faire en vous laissant un peu de côté comme un con, jusqu’à ce que le boss vienne vous dire « bon aujourd’hui tu vas faire ça », et au lieu d’expliquer en quoi ça consiste, il vous remet un classeur pesant une tonne entre les mains : le fameux MANUEL.

Ah la la, le manuel. La bible de tout travailleur Japonais.
Le manuel répertorie toutes les situations auxquelles vous êtes susceptible de faire face et est censé y répondre, imaginez donc un peu son importance capitale !
Diable, cet ordinateur portable a l’écran cassé ? La partie A du chapitre II vous donnera tous les secrets d’un changement d’écran et des branchements nécessaires.
Diantre, ce Mac Book a besoin d’un nouveau clavier ? Le manuel ne vous prévient pas que les ingénieurs d’Apple sont les Marquis de Sade de l’informatique et que vous allez souffrir, mais il vous expliquera quand même comment démonter ce casse-tête américain qui n’a rien à envier à ses compères chinois.
Horreur, vous vous retrouvez face à une situation qui n’est pas décrite dans le manuel ? Et bien c’est que le manuel vous propose implicitement d’aller vous faire foutre.

Et encore, dans la réparation de produits high-tech, même si c’est galère à lire en Japonais quand on est française et qu’on n’y connaît rien, ça reste pratique. Mais il existe des manuels pour toutes sortes de job, comme par exemple caissier en combini.
« Si le client dit ça, répondez ça. Si le client achète ça, proposez ça ». Tout un ensemble de situations et de phrases préconçues qui vont avec, que la jeune recrue se fera un plaisir d’apprendre par cœur à l’arrivée et de vous débiter tel un robot bien programmé.
A tel point, que le jour où, d’humeur taquine, vous allez poser une question qui sort un peu de l’ordinaire à un caissier, il se retrouvera blanc comme un linge, le front trempé de sueur et la lèvre tremblante, les mots « MON DIEU, QUE FAIRE ? LE SAINT MANUEL N’AVAIT PAS PREVU CETTE QUESTION !!! » clignotant en rouge vermeil dans son petit cerveau lobotomisé.
Bref, le manuel, parfait petit guide de la perte de spontanéité et de pensée par soi-même.

Mais passons mes remarques acerbes, comme je le disais pour de la réparation ça reste utile, changer un clavier ne demande pas beaucoup d’improvisation et je doute fortement que la touche B du Mac Book ne me pose une question inopinée au cours de mon intervention.

Bref, je passe environ deux heures à feuilleter la Bible de Matsukage puis décide que quand même ça me gonfle un petit peu cette histoire de manuel, que j’y comprends pas grand-chose car c’est rempli de nom de pièces en japonais et de mots spécifiques que je dois chercher dans mon dictionnaire (et que j’ai sommeil). Au final, je me dis que ça irait plus vite si on me montrait et que je ferais mieux de demander à mes aînés quand je sais pas faire plutôt que de m’entêter et réparer n’importe comment.
Je referme la chose, et je dois dire qu’au grand désarroi du manager je ne l’ai quasiment plus jamais rouvert par la suite.
Heureusement pour moi, j’apprends vite.

L’entreprise compte une quarantaine de personnes dont bien une trentaine de baito. Soit relativement peu de staff stable.
Le boss n’avait pas menti quant à son envie de créer une ambiance internationale et conviviale : la moyenne d’âge est relativement basse (environ 25 ans) et en plus des Japonais, on compte aussi des Chinois, des Coréens, un Mongole, un Thaïlandais, un Malaisien, un Vietnamien et même un Marocain !
Heureuse de trouver quelqu’un qui parle français, je me dis qu’il pourra peut-être m’expliquer un peu comment tourne la boite sans finir avec le manuel comme livre de chevet mais je déchante assez vite puisqu’il n’est là que depuis une semaine, au Japon depuis seulement 6 mois, parle peu la langue et ne comprend pas tout de ce qui se passe autour de lui.
Ah.
Tant pis pour la formation solidaire francophone.

L’ambiance est plutôt sympa, et même si je suis une rebelle du manuel, tout le monde m’accueille gentiment et m’explique patiemment de quoi il en retourne.

La première journée passe assez vite mais je suis crevée et une petite chose m’accable particulièrement : il n’y a pas de chaises.
Dans la salle, il y a environ 6 ou 7 rangées de tables hautes où chacun travaille debout à son poste, sans bouger pendant plus de 9h d’affilée.
Il paraît que c’est pour être plus libre de ses mouvements (oui je veux bien) et rester plus éveillé que sur une chaise où on a tendance à s’endormir (bullshit).
Cette dernière raison est d’autant plus hypocrite qu’un Japonais, quand il veut dormir, être debout est bien la dernière chose qui l’en empêchera, même si il est dehors, en plein Shibuya sur un des endroits les plus fréquentés au monde.
La preuve en image :

(Oui, le dormeur fou de Tokyo, il adore se poser en plein Shibuya ou Shinjuku pour taper sa sieste…)

Donc ça a l’air con comme ça, mais rester debout sans bouger de 8h le matin jusqu’au soir, ça m’a complètement mise à plat.
Les jambes engourdies et douloureuses, je rentre en traînant la patte, ayant à peine la force de faire un crochet dans un magasin pour m’acheter pour l’occasion une paire de chaussons « spécial massage voute plantaire »…

2 – 1ère semaine

Assez rapidement, je prends mes marques au travail. Etre debout toute la journée me tue à petit feu, d’autant plus qu’ayant réellement besoin d’argent pour me sortir des abysses, je décide de faire les plus grosses journées possibles pendant que je n’ai pas école. En effet, l’entreprise n’est pas très regardante sur les horaires et les lois, et j’avoue faire un léger pied-de-nez à mes 28h de travail par semaine autorisées par mon visa étudiant.

Je m’habitue petit à petit aux habitudes japonaises, notamment celle du « chôrei » (朝礼 que l’on peut traduire par « assemblée du matin ») , terme que je n’avais jamais entendu avant de travailler à vrai dire.
Le chôrei, c’est une réunion à la première heure le matin avec tous les employés pour se saluer, faire un point, communiquer les dernières informations concernant l’entreprise, faire la gym au-dessus du toit ou que sais-je encore. Son déroulement diffère selon les entreprises et il existe aussi de nombreuses compagnies qui ont abandonné cette tradition.
A Matsukage, ils la pratiquent encore et tous les jours. Et chaque jour, un des employés doit faire le maître de cérémonie du chôrei. Il appelle les employés le matin pour la réunion, fait les salutations etc. Il répète toute une série de phrases gentiment retenues dans la Bible, verset « Chorei »

Elle consiste à se répartir les tâches ménagères avant de commencer la journée. Il existe une vingtaine de fiches numérotées décrivant chacune une tâche : passer l’aspirateur, compter les stocks de disques durs, vérifier le niveau d’encre des cartouches d’imprimante et le papier etc.
Tout le monde se tient en cercle, le maître de cérémonie vers le milieu tenant un dé en mousse multicolore dans les mains avec des petites girafes dessinées dessus.
Oui, c’est inopiné.
Après les courbettes en cercle de rigueur, le maître de cérémonie balance son dé couleur télétubbies qui déterminera qui se retrouve avec quelle tâche.
Mettons que le dé fasse 4, le maître de cérémonie compte quatre personnes sur sa gauche et commence l’attribution des tâches à partir de cette personne.
S’en suit tout un rituel où il fait des courbettes, appelle le nom de la personne qui doit s’avancer, courbettes, lui donne le numéro de sa tâche, courbettes, le remercie, courbettes, lumbago.
Jusqu’à ce que toutes les tâches soient distribuées et chacun part de son côté avec la fiche qu’il a reçu où il doit noter son prénom et cocher une à une toutes les étapes de la tâche qui lui est attribuée.
Enfin, le maître de cérémonie doit récupérer toutes les fiches complétées et vérifier le travail fait. Si une tâche est mal exécutée, c’est lui le responsable.

Et attention, pas de jaloux. Tout le monde devient maître de cérémonie du chôrei chacun son tour.
Ainsi, mon pauvre ami Marocain s’est vu contraint d’endosser ce rôle dès sa deuxième semaine (soit mon deuxième ou troisième jour) alors qu’il ne parlait que très peu japonais.
Pas d’excuses, pas de « je sais pas parler alors je ne fais pas », même pas de délai. C’est son tour, c’est son tour. Et tant pis s’il y a des silences gênés quand il ne sait plus ce qu’il faut dire exactement.
Le manager (que je vais renommer Bruce) le reprend – pas toujours gentiment – et on se ressaisit, pas de quartier.
Moi qui déteste parler en public et encore plus répéter des phrases pompeuses toutes faites apprises par cœur, j’angoisse dès le premier jour de quand viendra mon tour.

Une fois le chôrei et les tâches terminées, chacun à son poste.
Au début – comme à chaque nouveau – on m’apprend seulement à nettoyer les ordinateurs portables déjà réparés : on se doit de les rendre au client comme s’ils étaient neufs après réparation et donc leur faire un coup de jeune. Je passe donc mes journées à astiquer des portables dégueulasses et essayer de deviner ce que mon client a mangé ses cinq dernières années en passant le pistolet à air sous les touches de son clavier pour virer les miettes.
Mon pote marocain – avec qui je m’entends très bien -, ça fait deux semaines qu’il ne fait que ça, nettoyer des ordinateurs et il en a marre. Bruce semble juger que comme son niveau de japonais n’est pas suffisant pour lire le manuel, alors autant le laisser dans son coin à nettoyer des claviers à la brosse à dents. Ce qui est un peu con, car il s’y connaît en réparation et manuel ou pas, est parfaitement capable de changer un ventilo ou ajouter des barres de RAM. Mais non, on le laisse le chiffon à la main toute la journée.
Tous les ordinateurs sont nettoyés et flambants de neuf, prêts à être envoyés ?
Qu’à cela ne tienne, Bruce lui montre une série d’ordinateurs qu’il vient tout juste de nettoyer et l’assomme d’un «ben recommence».

Bruce a la cinquantaine bien sonnée. Il se teint les cheveux en marron foncé (mais on voit les racines blanches) et se les crêpe à 5 centimètres au-dessus du crâne vers l’arrière. Il arrive tous les jours sur sa grosse moto, casque à la main, habillé de son éternel jean beige et sa veste marron.
 J’ai travaillé 9 mois à Matsukage en tout, je ne l’ai JAMAIS vu habillé autrement.
Il est évident que s’il avait été français, il aurait été un grand fan de Johnny.

Et Bruce, il est juste en dessous du Big Boss, c’est lui qui gère, qui vérifie… qui gueule. Parce que pour gueuler, il s’en donne à cœur joie, on entend que lui du matin au soir.
Honnêtement, il me terrifie.
Je le trouve même parfois vicieux, comme sa façon de faire recommencer éternellement le même nettoyage pour ne pas avoir à donner d’autres tâches.
Mon pote ne tarde pas à le renommer « la Vieille Pute » – en français dans le texte – ce qui, comme je suis puérile, me fait ricaner sous cape bêtement.

Dès le deuxième jour, on pense que je peux faire autre chose que du simple nettoyage et on m’attribue le traitement des nouvelles arrivées en réparation.
Ouvrir le colis reçu (les demandes de réparation se font en majorité sur Internet donc peu de clients viennent déposer leur ordinateur directement), vérifier le matériel envoyé, l’étiqueter pour ne pas mélanger les pièces d’une commande à l’autre, brancher l’ordinateur et vérifier si la panne correspond à ce que le client déclare ne pas marcher… et remplir la fiche de nouvelle arrivée.
Fiche qui consiste à tout répertorier : nom et adresse du client, date d’arrivée, lister le matériel envoyé (ordinateur, chargeur, souris etc.), faire une série de tests et cocher ce qui marche et ne marche pas puis à la fin une case vierge où on doit rédiger un diagnostic et ce qu’il convient de faire pour la réparation.

Au début je pense mieux m’en tirer que mon compère en validant l’étape du nettoyage… mais encore une fois je déchante très vite.
Déjà, je mets 50 ans à remplir ma fiche, à force d’écrire sur ordinateur je me rends compte que je ne suis plus capable d’écrire en japonais de tête, je n’arrive plus à visualiser les kanji nettement dans ma tête et les écrire alors que je les connais très bien. Problème de société typiquement japonais soit-dit en passant, la nouvelle génération écrivant principalement sur ordinateur et téléphone aurait de plus en plus de mal à écrire à la main.
Je perds donc un temps fou à vérifier l’écriture des mots sur mon dictionnaire pour me souvenir de l’ordre des traits.
En plus je ne connais pas le vocabulaire informatique japonais, je n’ai aucune idée de comment faire mon diagnostic, ni de quelle façon je dois décrire la réparation à faire…
En un mot : HELP.
(J’empale le premier qui me dit « ben fallait lire le manuel », espèce de premier de la classe !)

Résultat, les premiers temps, je suis une véritable chieuse, appelant mes sempaï (aînés) qui ont l’air sympa en cachette pour leur demander ce que je dois faire exactement.
Je suis lente mais me pardonne – après tout je débute – et dépose à la fin de la journée la pile de mes fiches de nouvelles arrivées dans le casier de Bruce la Vieille Pute.

Le lendemain, dès la fin du chôrei, Bruce m’appelle pourtant de sa voix la moins aimable.
J’ai droit à mon premier savon.
« Nan mais qu’est-ce que c’est que ces fiches ? Il y a des ratures, c’est illisible. Tes diagnostics sont mal rédigés, pas clairs, on ne comprend rien. Oui l’écran ne marche pas, et alors ? Qu’est-ce qui ne marche pas ? Oui Windows démarre normalement, mais jusqu’où ? Jusqu’au logo ? Jusqu’au bureau ?? Il nous faut des détails ! Comment veux-tu qu’on puisse passer en réparation directement avec un torchon pareil ? Tes fiches ne servent strictement à rien et il faut tout recommencer. Tu recommences – et rapidement parce qu’on a perdu une journée là – et tu me les apportes directement pour que je vérifie. Applique-toi cette fois. ».

Déconfiture totale.
Et le manuel qui n’explique pas comment étrangler Bruce et se débarrasser du corps en toute impunité ! Raaah.
Je suis dépit et tourmente

Je recommence donc à l’aide de mes sempaï Japonais qui me dictent quasiment chaque phrase et le jargon à employer. Je compare avec leurs propres fiches, reprends leurs phrases pour les mêmes pannes.
Ce pisse-froid de Bruce en aura les poils collés au slip de mes super fiches trop parfaites !
Je m’avance fièrement (ce n’est évidemment que fanfaronnade, je suis une couille molle et j’y vais à reculons) et lui tend mes fiches, tremblotante conquérante.
Bruce lit et trouve encore quelque chose à redire, me fait récrire quelques passages. Je le trouve de mauvaise foi et suis persuadée que si c’était un ancien qui avait rendu ces fiches, il n’aurait rien dit.

Dépitée je retourne à mon poste.
Toute cette semaine-là, le vil faquin me collera aux basques en vociférant des reproches sur mes fiches.

Le soir, avant de partir, on se doit de nettoyer notre espace de travail. A chaque rangée de table, il y a environ 6 à 7 personnes qui travaillent, et chaque rangée possède sa couleur.
A la table rouge, tout le matériel est étiqueté de gommettes rouges, à la bleue de gommettes bleues et ainsi de suite.
Avant de partir, on doit donc tout nettoyer, ranger et vérifier qu’on n’a pas volé la paire de ciseau des Jaunes pour la mettre chez les Rouges (pour un peu on verrait presque Denis Brogniart venir commenter du haut de son hélico).
Et on doit aussi vider la poubelle qui est au milieu de la table.

Une fois son espace nettoyé, on met son nom sur la fiche de départ et on attend que Bruce vienne checker qu’on a bien rangé, qu’il signe et enfin on peut rentrer chez soi.
Je nettoie mon espace de travail, vais inscrire mon nom et attend – anxieuse, comme à chaque fois qu’il est à moins d’un mètre – qu’il ait fini de vérifier l’espace des autres.
Mais pendant ce temps, les gens de ma rangée continuent de travailler et rejettent des déchets dans la poubelle. Evidemment quand Bruce La Terreur arrive, la seule chose qu’il voit c’est que la poubelle n’est pas vide.
Deuxième savon que je me prends en seulement quelques jours.
Je me fais fustiger comme si j’avais volé le sac de riz d’un crève-la-faim pour mon manque de savoir-vivre, non-respect des règles et j’en passe.
Il prend la poubelle, la met à ma hauteur et la vide parterre sous mes yeux.
Il me montre les déchets tombés au sol : « Nettoie. » et s’en va.

Ce frelampier de Bruce.
Je fulmine.
Je me sens tellement humiliée, j’en ai les larmes aux yeux.

Mon copain de galère Marocain en a ras le bol lui aussi, il ne le supporte plus.
Il me dit qu’il songe à arrêter.
Moi non, quand même, je viens juste de trouver. Et abandonner au bout de quelques jours c’est pas trop mon style. Mais j’avoue que ça me fout un coup, car à part ce vieux schnock tout le monde est plutôt gentil.

A la fin de la semaine, le responsable des RH va voir mon ami pour lui dire qu’ils ont décidé de mettre fin à sa période d’essai et de le remercier.
Lassé d’être mis à l’écart à nettoyer inlassablement les mêmes ordinateurs, c’est limite soulagé qu’il quitte l’entreprise.

Je me retrouve toute seule face à mes démons Bruce.

3 – Neuf mois à Matsukage

Malgré ce départ en demi-teinte et mon incertitude quant au fait de rester longtemps chez eux, il s’avère qu’en fait ça s’est parfaitement bien passé par la suite.
Bruce a continué de me faire la misère pendant environ deux semaines où je le fuyais comme la peste en longeant les murs. Puis un jour il est venu vers moi, m’a dit que j’avais beaucoup progressé, qu’il avait vu que je m’étais accrochée et qu’il était content de moi.
Par la suite, il ne m’a plus jamais fait aucun reproche (même si je continuais de l’entendre vociférer sur d’autres) et je dois même dire que je pense qu’il m’appréciait beaucoup.
Et bizarrement… C’est devenu réciproque.
Sous Bruce La Terreur se cachait en fait Bruce au Grand Cœur…
Mon Dieu c’est tellement beau, on se croirait dans un épisode de la petite maison dans la prairie. J’entends déjà Charles Ingalls préparer son violon pour fêter cette émouvante réconciliation au coin du feu.

La période d’essai était censée durer 1 à 2 mois mais au bout d’à peine trois semaines ils ont décidé d’y mettre fin pour moi et de m’augmenter.
J’ai été de nouveau augmentée un mois et demi après donc même si la paye de départ s’avérait plutôt basse, très vite j’ai été payée normalement pour un baito.

Après un premier mois à faire le maximum d’heures pour pouvoir payer tout ce que j’avais à payer, j’ai décidé d’arrêter de travailler tous les jours pour ne plus dépasser les 28h par semaines autorisées par mon visa et me laisser du temps pour me consacrer à la recherche d’un vrai travail qui me donnerait un visa après l’école.

Petit à petit on m’a appris à faire les réparations, mettre à jour la base de données, gérer les stocks puis au bout de deux mois je suis passée dans l’équipe de réparation d’iPhone, que j’espérais intégrer depuis le début.
Dans la salle de pause, il y avait une pyramide des compétences avec plein d’aimants et le nom de chaque employé écrit dessus. C’était sympa – et encourageant – de voir son nom grimper la pyramide petit à petit.
Pendant ces neufs mois, j’ai vraiment pas eu à me plaindre, tout le monde a été gentil et même si le domaine n’avait rien à voir avec ce que je voulais faire ensuite, je n’ai jamais regretté d’avoir fait ça plutôt que serveuse ou quoi.
Déjà parce qu’à force de rédiger des diagnostics et remplir les fiches, mon japonais écrit est devenu beaucoup plus fluide et qu’aujourd’hui j’ai beaucoup moins de problèmes pour écrire de tête. Ils m’ont énormément fait progresser.
Au final je sais même dire des mots de pièces en japonais que je ne sais pas dire en français et, certes, ça ne me sert pas forcément au quotidien mais je sais bien qu’un jour je sauverai la planète d’une destruction certaine grâce à cela.

J’ai adoré l’ambiance éclectique de la boite, pas seulement au niveau des nationalités mais aussi des horizons.
La plupart faisait ça en tant que job alimentaire pour pouvoir rester libre quand ça leur chantait et s’adonner à leur passion.
Ainsi, j’avais avec moi un Japonais qui avait parcouru les USA et avait appris au pays de la country à fabriquer des guitares.
Un autre était mannequin et acteur à côté et venait travailler hors tournage/shooting. Travailler et déconner avec un tel éphèbe était un plaisir des yeux, je ne vous le cache pas (en espérant qu’il ne lise jamais ses lignes puisqu’il parle français…).
Il a finalement arrêté environ 5 mois après mon arrivée car sa carrière démarrait en Chine.
Il y avait aussi bien entendu des musiciens et je comptais dans mes amis et collègues le sempai de Girugamesh. Je suis pas spécialement fan du groupe, mais comme il savait que j’aimais le rock et le visu, il me parlait souvent d’eux entre autres et me montrait les photos de leurs soirées entre groupes.
Il y avait aussi Yoshikoshi-san, un jeune joueur de Daiko (percussion japonaise) et très connu dans son domaine. Personnage haut en couleur, toujours habillé en tenue de fête traditionnelle et chaussé de sandales de pailles tressées. Il a aujourd’hui sa propre troupe et fait des spectacles et des représentations lors des matsuri dans tout le Japon.
Un autre, professeur de guitare et guitariste lui-même dans un groupe, est devenu comme un grand frère. Il m’écoutait et me donnait plein de conseil pour ma recherche d’emploi tout en réparant nos iPhones et même quand j’ai quitté le baito, il continuait à me donner des conseils par messages.
Chacun avait sa propre vie et ses rêves en dehors de Matsukage, et on se les partageait les quelques jours par semaine où on se voyait.
Honnêtement je n’ai que de bons souvenirs des moments avec eux.

Et alors pour les dubitatifs qui se demandent « Elle se dit maladroite et pas foutue de servir un verre mais elle sait réparer un iPhone ? ».
Soyez lucides enfin.
J’ai évidemment cassé environ autant de pièces que j’en ai réparé.
Il était régulier de me voir ramper à quatre pattes entre les tables, l’œil paniqué et les frisettes hirsutes aux aguets à la recherche d’une vis, d’un boulon ou autres que j’avais fait tomber sur le sol – EVIDEMMENT GRIS – pour finalement abandonner au bout de 20 minutes et aller piocher en cachette dans la pochette à vis de secours pour tenter de trouver la même.
J’ai cassé bien deux trois cadres aussi quand je devais démonter un portable pour changer l’écran… Et contre toute attente, Bruce devenu Bruce Le Clément me gratifiait d’un chaleureux « Si tu fais des erreurs, c’est seulement la preuve que tu travailles. Ceux qui ne font rien ne cassent rien ».
Oui, certes.
En tout cas, il est bien loin le gougnafier qui me vidait ma poubelle sur les pieds.

Pareil pour les iPhone, une fois sur deux où je changeais un écran ou le panel tactile, je défonçais le bouton Home au passage… Heureusement que Big Boss n’était pas très regardant sur ses stocks de bouton Home et que mes conneries faisaient tellement rire mes compères qu’ils ont jamais rien dit. Ca les fait encore rire plus d’un an après… Je suis concentrée, toute à mon opération, puis d’un coup je lâche un « Putain » horrifié, relève mon visage déconfit et annonce sombrement « J’ai encore bousillé le bouton Home…pourtant j’ai fait attention cette fois ! », la larme à l’oeil.
Un classique.
Big Boss était malheureusement persuadé que j’étais une de ses meilleures recrues… Je me sens coupable.
Je dirai pour ma défense que c’est vraiment de la merde ces petits trucs, surtout pour les versions 3G ! Les ingénieurs d’Apple sont définitivement des suppôts de Satan, cela va sans dire.
Que ces baudets soient châtiés avec du nattô dans les narines !

Mais bon, pour certains types de réparations j’étais pas trop mauvaise et pour tout ce qui était du reste (diagnostics, rédactions, mise à jour de la base de donnée, accueil des clients etc), je faisais tout bien donc ça me rattrape.
Oui, je me cherche des excuses là, mais c’est mon blog donc je fais ce que je veux.

Franchement j’ai encore un million d’anecdotes à vous raconter qui me font rire quand j’y repense. Mes bourdes comme la fois où j’ai vexé Big Boss quand j’ai cru qu’il m’avait offert une merde au 100 yens shop du coin alors que c’était un cadeau souvenir ramené d’Italie (oui mais j’avais vu les mêmes au 100 yens shop j’y peux rien !) … Ou encore la passion pour les animaux de Big Boss qui transformait au fil de ses lubies la salle de pause en aquarium, quartier général de tortues, villa de hamster et autres…(jusqu’au jour où ils se sont barrés dans la boite et bouffé les fils)…

A Matsukage c’était pas toujours tout rose et le management pas terrible, pas mal des employés étaient exploités et privés de vie privée… mais j’ai décidé de ne pas aborder le sujet parce que finalement ça ne me concernait pas moi, qui en tant que baito était relativement libre et qui ait toujours été bien traitée.
Et pis j’aurai bien assez à dire sur ma propre expérience l’année suivante dans une autre entreprise donc restons sur du positif.
Finalement, Bruce n’était là que pour tester et pinailler pour voir si on était résistant mais pas méchant du tout.

Aujourd’hui, j’ai gardé contact avec tout ce beau monde, notamment grâce à la magie Facebook.
On s’est revu deux fois, la première fois quand j’ai arrêté au mois de février pour commencer mon vrai travail, et une autre fois quelques mois après le 11 mars pour savoir où tout le monde en était.
On parle actuellement de se revoir encore une fois incessamment sous peu, ça me ferait plaisir.

En juin de cette année, Yoshikoshi-san m’a invitée à aller voir un de ses spectacles de Daiko. Même si je savais tout ce qu’il faisait et le voyait toujours habillé en tenue traditionnelle, c’était la première fois que je le voyais sur scène.
J’ai énormément apprécié ce moment et le fait qu’il m’invite alors que ça fait un an et demi qu’on ne travaille plus ensemble.
Je trouve que c’est tellement rare de pouvoir entrer dans la vie des Japonais et créer des liens au point de pouvoir voir leur « vrai visage » et non le masque qu’ils portent au travail.
Je terminerai donc ce billet bien trop long sur une petite vidéo que j’ai prise de son spectacle. Vidéo pas très bien prise et pas au moment le plus acrobatique ou impressionnant, mais comme j’étais la seule à sortir mon téléphone, j’osais pas trop.
Et pis arrêtez d’être chiants avec vos réclamations hein ! C’est qui le chef ici ?
Regardez et en silence !

PS : Quelques liens utiles pour ceux qui seraient amenés à chercher un baito au Japon :

Sites exclusivement pour les étrangers (qui ne proposent pas que des baito mais aussi des vrais jobs) :
Gaijin Pot
Daijob

Sites japonais mais proposant aussi des baito pour les étrangers (Ciblez bien vos mots-clés) :
CCFJ (Centre Culturel Franco-Japonais)
Baitoru 
JobSense
Arubaito Ex 
Career Jet

13 thoughts on “Baito, pas baille tôt

  1. Alexiel

    Un article intéressant, avec des anecdotes amusantes (et d’autres moins)

    Je pense que ce retour d’expérience pourra être utile aux personnes cherchant un baito au Japon.

    Effectivement Bruce devait essayer de te tester. Il doit être du genre à manager comme ça : « je pousse à bout les nouvelles recrues pour voir ce qu’elles ont dans le ventre »

    En tout cas c’est toujours bien sympa de te lire (même si je commente pas toujours je lis toujours tes articles ^^)

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  2. miyabi

    J’ai touuuuut luuuu!!!
    J’en apprends encore plus sur toi <3 et tu m'impressionnes encore un peu plus! Comme une liste de défis, au fil du temps tu les rayes un par un.
    Le plus dur pour les frenchy, c'est sans doute de ne pas ouvrir sa gueule "Weshhh va niquer ta mère avec ta poubelle!" :p

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  3. Edith

    J’ai tout luuuuu aussiiiiiiiiii !!!! 😉 que dire que dire ?!! mmmmmhhh très bon article !! 20/20 mention très bien !! je kiffe à donf !! ouhouhhh et très très interessant bien entendu !! 😉

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  4. Cha'Lumeau

    Ah c’est marrant je crois que j’ai vu un spectacle de ce même monsieur le week end dernier (à moins que toutes les troupes de Daiko n’aient le même costume? C’est possible ma foi, depuis que j’habite au Japon je ne me base plus sur la logique pour raisonner…)

    C’est clair que les associations contre le racisme s’étrangleraient d’entendre les entreprises qui te répondent « ah non, on ne prend pas les étrangers ». La première fois ça fait bizarre…
    Pour ceux qui cherchent un baito il y a aussi le Tokyo Employment office à Shinjuku http://tokyo-foreigner.jsite.mhlw.go.jp/english.html, une sorte de pôle emploi sauf qu’ils cherchent vraiment un travail pour vous, il suffit de prendre RV et il y a même des équipes qui parlent anglais.
    Bon avec mon niveau pourri de japonais j’ai surtout eu droit à des annonces pour nettoyer les toilettes dans les buildings de Shinjuku à 6h du matin… J’avoue que mon ego et mes gènes de marmotte ont eu raison de moi(quoi? faire un « boulot d’immigré »?), du coup j’ai toujours pas de boulot, mais bon ça peut peut être servir à quelqu’un…?

    C’est dommage je n’ai pas d’iPhone à casser pour te l’envoyer 😉
    Vive la prose Sonyanesque

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  5. Cracotte

    j’ai tout lu aussi. Et sans mal! 🙂 Comme d’hab je me dis « oh le pavé! » et en fait je le lis d’une traite. 🙂
    Encore bien rigolé pour ce coup-ci!
    « courbettes, lui donne le numéro de sa tâche, courbettes, le remercie, courbettes, lumbago. »
    ^^

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  6. Mila

    Eh bah moi j’ai trouvé ça trop court, voilà 🙁 Non sérieux, j’ai commencé en me disant « cool, un article long! » , j’en ai pas décroché et sans m’en rendre compte j’étais arrivée à la fiiiinnnn T___T … en tous cas c’était très intéressant Mel, tu sais comment nous plonger dans tes aventures et j’ai pas mal ri en t’imaginant casser tes Iphones. Même s’il y a des parties de l’article qui sont moins drôles, notamment avec ta partie « SOS racisme » au début. Merci pour le pavé en tous cas^^

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  7. Lyly

    Merci pour cet article, vraiment merci.
    Maintenant, grâce à toi je sais à quoi m’attendre quand je viendrais l’an prochain.

    Un super article avec des vrais infos, des anecdotes drôles et moins aussi. Je ne l’ai pas trouvé long. Sinon, j’ai une question, c’est plus difficile quand on est noir ou tout le monde est logé à la même enseigne?

    Reply
  8. Gaelle

    Eh beh!
    Que d’aventures!

    Entre cet article et celui sur ton expérience de prof au Japon, je tremble en pensant à l’an prochain….
    Le Japon c’est pas si cool qu’on peut le croire quand on décide d’y vivre!
    En tous cas je trouve que tu assures autant dans tes expériences que dans tes articles!

    Vivement le prochain!! 😀

    Reply
  9. Mimi

    C’est bien dommage pour les commerçants et entreprises de t’avoir refusé, le fait d’être française (et donc de savoir traduire en français) aurait dû être un plus pour leur business…
    Mais bon, on n’est pas au point non plus en France, où on requiert des qualifications et des mois/années d’expériences pour un job d’étudiant. O.o »

    Reply
  10. Sonyan Post author

    Alexiel >> Et je te remercie de toujours venir m’accorder un peu de temps pour lire mes blabla.
    Le management à la Bruce, même si il m’angoisse complètement, je peux le comprendre et le tolérer si il ne dure pas trop longtemps et qu’au final la personne arrive et te dis aussi tes qualités. C’est ce qu’il a fait pour moi donc vraiment sans rancune, surtout que même si il m’a vraiment mis le moral dans les chaussettes les premières semaines, j’ai beaucoup progressé. Après il a toujours été gentil, il s’inquiétait quand je travaillais jusqu’à
    22h que je rentre si tard et tout 🙂

    miyabi >>Tu es bien impressionnable petite coquine <3 Et oui c'est vrai que c'est dur ne pas ouvrir sa gueule... même si à la base je suis plutôt du genre à ne rien dire, je ne sais pas ce que je supporterais en France en fait.

    Edith >>Ouiiii mon Edith, tu es adorable!! Je devrais intégrer un système de vote tiens, lol

    Chalumeau >>Y’a de grande chance que ce soit lui car normalement chaque troupe de Daiko a ses propres couleurs et cet été il était très présent dans les matsuri sur le Kanto. Je suis son actualité sur Facebook et cet été était vraiment chargé donc ça ne m’étonnerait pas !
    Merci beaucoup pour l’adresse, je ne connais pas mais je vais la rajouter à la fin de mon article !
    Vive les commentaires Chalumesque !

    Cracotte >> Oui un sacré pavé, j’en voyais plus le bout !Je me suis auto-saoulée ! Hiii !

    Mila >> Trop… trop court ???? O_o Même ma mère m’a avoué ne pas être allée au bout ! 16 pages quand même ! Merci en tous cas ça me fait plaisir. Tachons de vivre plein de choses époustouflantes cet hiver que je puisse les pavifier après <3

    Lyly >>De rien mademoiselle, je suis contente si ça a pu t’apporter quelques information é_è Si tu as des questions hésite pas à me contacter. J’ai pas la science infuse mais personnellement j’étais tellement dans le vent que j’aurais bien voulu en savoir plus.
    Sinon pour ta première question, je ne saurais quoi te répondre car j’ai l’impression qu’il y a très peu de filles noires au Japon (ou je fais pas attention ?) en tous cas je n’en ai aucune dans mon entourage. Donc je ne saurais pas te dire si c’est pire ou non, mais quoiqu’il en soit au Japon tu trouveras toujours une certaine ambivalence. Des fois on va te jeter comme une malpropre et des fois au contraire, parce que tu es étrangère on va te donner des privilèges.
    Ne te décourage jamais des mauvaises expériences car tout le monde n’est pas aussi con et profite des bonnes. 🙂

    Gaelle >> Ca va aller !! Je sais que tu veux enseigner le français en plus, c’est quand même assez facile de trouver je pense ! Et je connais pas mal d’amis qui le font, ils pourront te conseiller.
    Merci pour tous tes compliments <3

    Mimi >> Au Japon c’est assez tout ou rien en fait. Certains ont un refus catégorique alors qu’il est évident qu’on pourrait leur apporter quelque chose et d’autres comme l’entreprise qui m’a prise voulait juste des étrangers comme ça, sans raison, et sans en avoir besoin. Faut pas chercher lol
    En effet la France c’est quand même un sacré bordel, se faire refouler pour faire caissière ou vendeuse car on a pas d’expérience, c’est quand même n’importe quoi.

    Reply
  11. Danie

    Mon grand chef des Huns, comme j’aime comment tu écris! J’ai beaucoup ri en lisant ce post! et ça donne chaud au coeur à la fin, ça fait plaisir de lire une expérience positive de ce genre. ( qui plus pour Bruce le terrible qui devient Bruce le clément! )

    ce qui me fait rire c’est qu’on a les mêmes frousses niveau recherche d’emplois/baito, qu’est-ce que je me retrouves dans ce que tu dis! (y aller à reculons, etc.)

    Reply
  12. Sonyan Post author

    Danie >> Ma Danettttte !!! Tu commentais pas, je me suis dit que tu m’aimais plus !!!
    Oui dans les futurs articles il y aura son lot de négatif, donc faut pas oublier les expériences positives quand même !
    Sinon pour la recherche de boulot une fois que t’es lancé ça va mais au début c’est vraiment dur d’y aller je trouve…

    Je te coeur <3

    Reply
  13. Alice

    Mon héroïne !
    Le racisme, bon, je comprend qu’on gère quand on a besoin de thunes, mais l’humiliation, alors là je n’aurais pas tenu !
    Surtout basé sur de l’injustice !
    Tu sais quoi, ta poubelle, je l’ai en travers de la gorge è_é
    C’est sûrement ce qui fait que tu avances bien plus que moi dans la vie. Que dis-je ? Tu fuses !
    Plein de bisous ^^

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