Paris is titanium

      9 commentaires sur Paris is titanium


Je n’arrive pas à travailler. Je n’arrive pas à me concentrer.
Je suis noyée dans un océan de travail qui atteint le plafond, et je n’arrive à rien.
Pourtant, en Australie, j’ai travaillé dans des bus (avec l’envie de vomir qui va avec), dans des trains, dehors la nuit, les doigts gelés sur le clavier alors qu’il faisait 6 degrés, sur un lit de dortoir avec 7 personnes autour de moi qui faisaient la nouba… Et j’en passe et des meilleures.
On en riait avec des amis : Sonia l’employée de l’extrême, l’aventurière aux heures sups, son ordi et son wifi portable sous le bras en toutes circonstances, penchée sur son photoshop et ses fichiers excels même dans le désert centre rouge Australien.
Et là, je suis seule au chaud dans ma chambre, au calme, le cul posé dans un fauteuil de président, une connexion internet parfaite… A part un petit chien chiant chou qui, à intervalle régulier, vient squatter mes genoux pour taper sur le clavier à ma place, toutes les conditions sont réunies pour que je sois efficace.

Mais depuis 24h, je n’ai pas écrit une ligne. Je n’ai rien fait.
Hier soir, j’étais encore le nez perdu dans mon fichier excel quand j’ai reçu un message, « Tu as vu ce qui se passe au Stade de France ?! ».
Alors, j’ai allumé la télé… et c’était fini. Je ne suis jamais retournée devant mon clavier.

Je ne vais pas vous décrire ma soirée à pleurer jusqu’au milieu de la nuit, à angoisser devant les images, et faire tout mon répertoire parisien pour s’assurer que tout le monde est sain et sauf.
Vous avez, pour la plupart, sûrement vécu la même nuit.

A vrai dire, je n’ai même rien d’intelligent à dire sur le sujet.
Rien de plus que ce qui se dit déjà partout.

Mais comme les idées tournent en rond dans ma tête sans que je puisse penser à autre chose et que je me remets à pleurer indéfiniment (hyper-sensibilité, j’écris ton nom), je me dis que peut-être que si je couchais noir sur blanc tout ce qui me vient en tête, j’arrêterais de tourner en rond et broyer du noir.
Ecrire a toujours été thérapeutique. Je préfère le faire dans d’autres circonstances mais bon.
Et comme je le répète souvent, même si j’aime bien vous faire plaisir quand je peux, ce blog est avant tout un blog personnel, un défouloir, un endroit où j’écris quand je veux (quand je peux) mais surtout ce que je veux.
Là je veux me vider de tout ce qui me pollue le crâne depuis hier.

Je n’ai jamais été vraiment heureuse en France.
Evidemment comme tout le monde, j’ai mes bons souvenirs, mes amis, mes lieux de nostalgie.
Mais pour diverses raisons très personnelles, je n’y ai jamais été heureuse.
De toute façon, bien souvent les personnes qui quittent leur pays ni pour le travail, ni pour un conjoint, fuient souvent quelque chose qui les mine.
Sauf opportunité ou obligation, on ne cherche généralement pas à quitter un endroit où on se sent bien.

Moi, même sans opportunité et sans un sous, j’ai vite rêvé de partir très loin, même pour retrouver d’autres galères.
Ne m’ayant jamais été sentie à ma place dans ce pays qui m’a vue naître et qui m’a élevée, je n’ai jamais eu l’âme très patriote. L’ingratitude de l’enfant envers sa maman je suppose.
Je ne voyais pas ce que la France avait de si extraordinaire.
En toute honnêteté, je pense que chaque pays a quelque chose de merveilleux, juste à l’époque je ne voyais pas tellement ce que c’était pour la France.

Comble d’ironie, je suis partie m’installer au Japon, pays où la France est bien souvent vénérée. Quand je suis entrée dans le cercle des japonisants et que mon entourage s’est petit à petit composés de Japonais, à chaque fois qu’on me vantait les mérites de la France, je les regardais un petit peu ahurie en me demandant ce qui justifiait tant de passion.
Oui, le pain c’est bon, m’enfin bon.

Il m’a fallu partir pour comprendre et voir les bons côtés.
Après des années de Japon, j’ai appris à apprécier nos villes et leurs vieux bâtiments. Notre architecture remplie d’histoire, nos vieux appartements, nos châteaux, notre gastronomie.
Jusqu’à ce que je m’expatrie, ces paysages, ces plats, c’était l’évidence. Je n’avais pas de point de comparaison, je les avais vus toute ma vie, alors j’y étais habituée.
Mais quand on a vécu dans un environnement extrêmement différent, on redécouvre tout ça.
Après plusieurs années au Japon où, en ville, la plupart les bâtiments sont modernes, ternes, et pris dans une toile de fils électriques, retrouver nos vieux centres villes pavés et aérés m’a émerveillée.

J’ai vécu cinq ans au Japon, quelques mois en Corée du Sud et un an en Australie.
J’ai adoré ces pays, j’y ai vécu des moments extraordinaires et vu des paysages époustouflants. Mais tous, là où ils pèchent, m’ont appris ce qu’il y avait de beau en France.

Au Japon et en Corée, la pression sociale, la culture de l’entreprise, la place de la femme (et même de l’homme) dans la société gangrénée par le sexisme, le rejet de l’homosexualité…
En Australie, je me suis prise le gouffre qui sépare les Australiens « Blancs » aux Australiens Aborigènes en pleine tête et je l’ai émotionnellement mal vécu.
Toutes ces choses m’ont fait ouvrir les yeux sur notre propre ouverture d’esprit, sur nos valeurs d’égalité, de droits de l’homme.
Que France, ça rimait avec différences et avec tolérance.
Que l’émotion n’édulcore pas trop le propos pour en faire un tableau enchanté qui n’existe pas : chez nous aussi, c’est loin d’être parfait. Nous aussi on a des problèmes de sexisme, on a les abrutis de la manif pour tous, et on se traîne nos casseroles d’intégration et de racisme.
Mais après avoir vécu dans des pays où la situation peut être plus extrême, on se dit que pour certaines choses, il fait quand même bon vivre en France.

Tout n’est pas parfait. J’ai encore du mal avec le harcèlement de rue, avec le sentiment d’insécurité, avec le côté arrogant et pessimiste bien franchouillard ou encore- ne me lynchez pas – le roquefort.
Aucun pays n’est utopique, la France ne sera jamais parfaite.

Mais être loin m’a appris à comprendre et aimer certaines de nos valeurs. A savoir pourquoi ce pays pouvait en faire tant rêver d’autres.
C’est dommage que je n’ai pas eu l’occasion de l’apprendre sur place et qu’il ait fallu que je m’en aille pour ça, mais mieux vaut tard que jamais.

Mon année de folie en Australie s’est terminée, et comme vous le savez certainement, je suis rentrée en France il y a déjà quelques semaines.
C’est encore une fois un passage temporaire, une petite période de transition pour préparer la prochaine aventure. Encore une fois, je ne compte pas rester.

En arrivant, petite bouseuse provinciale que je suis, la première chose que j’ai faite a été de prendre des billets de train pour Paris.
Une semaine dans la capitale pour retrouver les amis, et pour profiter – je l’avoue – du passage parisien de Miyavi lors de sa tournée européenne.
Quoi de mieux pour se consoler d’un départ de la merveilleuse Australie que des amis et un concert de Miyou ?!

Je suis restée une semaine, et les dieux de la météo étaient avec moi.
J’ai trouvé que Paris avait changé. Je ne sais pas si c’est parce que ça faisait un an, mais j’ai trouvé que la ville avait été mieux aménagée, les gares plus agréables.
Le beau temps rendait les jardins, l’opéra et autres quartiers clés de la capitale très beaux. J’ai passé quelques heures à flâner avec mon appareil photo pour des promenades détente à profiter du charme à la française.
Pour la première fois, je me suis dit que c’était peut-être vrai que Paris était une des villes les plus belles du monde.
J’ai même pensé, que si ce sentiment n’était pas qu’une impression, je pourrais presque envisager un jour de revenir vivre ici.
Bon alors ne vous emballez pas, c’est encore pas demain la veille, j’ai un million d’autres défis à relever ailleurs d’abord.
Mais SI un jour j’étais fatiguée, SI un jour j’avais besoin d’un retour aux sources, SI un jour je décidais d’être plus près de ma famille et de mes amis, alors peut-être bien que Paris serait envisageable.
C’est un conditionnel fort lointain, mais étant donné que pour moi la France a toujours été synonyme de malaise profond et que je n’ai JAMAIS envisagé la possibilité de revenir y vivre jusqu’à maintenant, je peux vous dire que cette simple hypothèse était peut-être un petit pas pour l’homme mais un saut de l’ange pour Sonia.
Je suis sortie avec mes amis, on a fait du shopping, ils m’ont emmenée dans leurs petites adresses parisiennes, on s’est pété le bide.
C’était bien.

Arrive le vendredi, jour tant attendu. Le jour du concert.
Le jour où j’allais retrouver toutes mes copines de concert, une partie de ma dream-team de Lyon, et où, à l’ancienne, on allait profiter ensemble d’un live enflammé de Dieu ( = Miyavi, suivez un peu).
Avant le concert, on s’est posé en terrasse pour parler de nos années respectives dans un coin différent du globe.
J’ai abusé des Mojito et je suis arrivée complètement pompette – et de fort bonne humeur –  dans la salle.
Là, deux heures de concert de folie.
On se moque de Miyavi qui nous refait à chaque fois ses speech cul-cul la praline sur l’amour, la paix, et sur le fait qu’il est là pour nous unifier grâce à la musique.
Car la musique n’a pas de nationalité, n’a pas de religion, n’a pas de physique, n’a pas de langue.
Elle unit les gens.
A un concert, tu peux triper avec la personne à côté de toi que tu n’as jamais vu avant et rencontrer des gens à qui tu n’aurais peut-être jamais adressé la parole en d’autres situations.
On aime bien se moquer de son speech qu’il nous recycle tous les ans pour prôner la paix, mais en vérité, en bon bisounours, moi je suis toujours un peu fier de lui qu’il insiste à chaque fois sur ces valeurs.
Car les paroles de ses chansons vont toujours dans ce sens, et que j’ai vécu des moments de solidarité avec ses fans comme rarement dans ma vie.

J’ai retrouvé toutes mes amies de concert ce soir-là (sauf Alexiel, petite pensée au passage ), j’ai même une de mes lectrices de l’ombre qui est venue m’aborder à la fin du concert (un bisou aussi si tu me lis).
J’ai retrouvé tous les miens, et c’était une soirée parfaite.

C’était il y a à peine un mois, et c’était au Bataclan.

Il y a un mois, pour la première fois – et après des années à en critiquer sa grisaille – je suis un peu tombée amoureuse de ma capitale. J’ai profité de ses bars, de ses restaurants, de ses jolies rues.
Et un vendredi soir, j’ai vécu un concert de folie au Bataclan à célébrer l’amour et la paix.

Hier, des gens qui profitaient des mêmes choses que moi, qui étaient aux mêmes endroits et vivaient exactement les mêmes choses, se sont fait massacrer.
Pour rien. Pour quelque chose qui ne les concerne pas. Gratuitement.

Un jour, tu te retrouves devant ta télé, et tu vois des images où tu reconnais le lieu où tu t’éclatais un mois plus tôt, terni par le bruit des coups de feu et des tâches de sang.
Un nom qui m’évoquait un super souvenir et qui me mettait la patate rien que d’y repenser est synonyme de boucherie ignoble pour d’autres.

Comment est-ce que ça peut être réel ? Comment est-ce que ça peut être le même monde ?!

Ces gens, ils étaient comme nous. Ils étaient sortis pour profiter d’un moment entre amis, en famille, pour boire un verre, pour se casser le ventre en se marrant, pour kiffer leur vie sur la musique de leur artiste préféré, sauter et pogoter avec des gens qu’ils ne connaissent pas.
Et jamais, comme vous et moi jusqu’à hier, ils se sont dit qu’ils pourraient ne jamais en rentrer vivant.
Et que même s’ils s’en sortaient, ce serait traumatisés à vie par ce carnage.

La convivialité, l’amour, les rires, la musique, le sport… Ces petites choses de la vie qui nous rendent quand même heureux dans ce monde de merde, c’est ce sur quoi on a tiré hier.
On a massacré le bonheur.
On a massacré ces petits épisodes de la vie qui nous font tenir le coup quand le reste nous accable.
On a massacré une ville que je venais tout juste de redécouvrir et apprendre à apprécier.

J’ai – malheureusement – une sensibilité exacerbée qui fait que je suis gravement touchée par tout et rien.
Je pleure tous les jours, pour tout et n’importe quoi, heureux ou malheureux. Une phrase qui m’émeut, un beau paysage, une belle chanson, un témoignage quelconque.
Si je me tiens un minimum au courant de ce qui se passe dans le monde, je ne regarde plus les infos, car je finis toujours déprimée.
La Syrie, les attentats, le conflit israelo-palestinien, les tremblements de terre, tout ce que vous voulez.
Je finis toujours en larmes. Je prends conscience. Je compatis. Je suis suis malheureuse pour eux.
Et puis finalement, je suis comme vous. J’éteins ma télé, et au bout d’un moment, même si je n’oublie pas,  le quotidien reprend le dessus.
Pas par insensibilité, mais par sentiment d’impuissance et parce qu’il faut bien que la vie continue.

Là c’est plus difficile, c’est chez nous. C’est les endroits qu’on connaît, qu’on fréquente. C’est là où vont les gens proches de nous, les gens qu’on aime.
Quand je vois les culpabilisateurs qui viennent troller en disant « Oui, c’est bien beau tout ça, mais y’a des pays où ça arrive tous les jours. », ça me gonfle.
C’est vrai, et putain que c’est triste.

Mais la différence, c’est qu’hier, on a tous eu peur. On s’est tous inquiété pour quelqu’un. On était dedans.
Quand l’horreur se passe sous ta fenêtre, ça rend forcément les choses plus intenses. Ca ne veut pas dire qu’on minimise ce qui se passe ailleurs (après, le traitement des médias est un autre débat, moi je vous parle des gens comme vous et moi) mais c’est justement que ça nous frappe plus fort quand on se sent au coeur du drame.
L’amour et l’instinct de survie fait que l’homme aura toujours une réaction plus forte lorsque quand c’est quelque chose qui le touche directement.
Alors je vois pas l’intérêt de culpabiliser les gens tristes en comparant avec les horreurs qui se passent dans d’autres pays. Pleurer la blessure de son pays ne veut pas dire qu’on méprise celle des autres.
A Beyrouth les gens pleurent très certainement plus leurs morts que les nôtres, et c’est normal.
C’est humain.
Dans la douleur, il n’y a pas d’échelle du plus méritant en matière de condoléances.

Les gens sont tristes pour des raisons qui leur sont propres, respecter ça est la moindre des choses.

Personnellement, rien ne justifie que je pleure et déprime depuis 24h au point de ne pas arriver à me concentrer sur autre chose.
Je vais bien, ma famille va bien, mes amis proches vont bien.
Je n’étais même pas sur place.

C’est juste le choc de cette réalité qui vous rattrape. De cette horreur qui existe vraiment.
De cette ignominie, qui t’attend là, au coin de la rue, alors que tu vis ta vie sans faire chier personne.
Mes amies et moi qui étions au Bataclan il y a peu, mes amis parisiens qui passent par ces rues quotidiennement, mon amie d’enfance qui avait l’habitude d’aller au Petit Cambodge, une autre amie qui adore Eagles of Death Metals et qui, si elle n’était pas en train de terminer son séjour australien, avait toutes les chances d’aller les voir en concert hier…
Dans la roulette russe de la mort, ça aurait pu être n’importe qui. Un timing légèrement différent, et ça aurait pu être moi, ça aurait pu être les gens que j’aime.
Car en vérité, il faut qu’on se le dise, ça n’arrive plus qu’aux autres.
Ce ne sont que des si, et au final je suis une chanceuse, je ne suis pas touchée. Mais ces si rendent la chose tellement réelle, tellement proche.
Les gens qui sont décédés hier, qui ont été blessés ou qui ont perdu quelqu’un, c’était vous et c’était moi.
Ces Français de l’ombre tellement loin des conflits, des délires extrémistes, des Kalachnikov et autre kamikazes.

Ce monde infernal alternatif est venu bousculer notre réalité paisible, il s’est incrusté dans notre monde.

Et puis, même si on est pas touché directement, on a tous un peu l’ami d’un ami…
Personnellement, ma timeline est remplie de gens qui pleurent un disparu. Ma vie nomade a fait que j’ai rencontré beaucoup de monde dans ma vie, et que comme souvent, on garde un lien – même superficiel – via les réseaux sociaux.
Et depuis hier, je vois quelques unes de ces personnes, qui ont été touchées par cette tragédie. Des personnes qui ont partagé quelques instants de ma vie seulement, alors je n’ose pas aller leur parler pour leur dire que je suis désolée, que je compatie.
Je vois juste leurs messages défiler et j’ai mal pour eux.

Comme selon les personnes la limite entre la décence et la curiosité malsaine est placée à un niveau différent, je préfère ne rien dire et laisser ces personnes se recueillir dans un cercle privé.
Mais sachez que je pense fort à vous et vous présente toutes mes condoléances.
Et vous autres aussi, que je ne connais pas, je pense à vous.

2015 a été une belle année de merde. Elle a mal commencé et se termine mal aussi.
Charlie Hebdo, décapitations et autres faits divers sordides, et maintenant ça.
Personnellement, j’ai aussi la prise d’otage de Lindt Café à Sydney sur mon CV, qui m’avait déjà bouleversée pendant des jours.
Je n’ai pas blogué dessus car je n’avais pas envie de faire dans le sensationnalisme, mais c’était à deux rues de chez moi, j’entendais les coups de feu de l’assaut depuis ma chambre en me disant, angoissée, « Putain, je suis au chaud dans mon lit et à 200 mètres des gens sont en train de se faire tuer. ».
Je passais devant Martin Place tous les jours, et le destin étant toujours aussi ironique, avec un ami fan de chocolat on s’était promis une virée au Lindt Café incessamment sous peu pour envoyer Dukan se faire foutre.
La prise d’otage du Lindt Café était un acte isolé – bien qu’inspiré d’ISIS quand même -, mais déjà à l’époque, je m’étais dit « Putain, c’est arrivé à deux pas de ta porte. ».

En mai, c’est quand j’étais à Melbourne qu’un raid a eu lieu à quelques kilomètres, empêchant une attaque terroriste à la bombe apparemment imminente dans le centre de la ville.

A quel moment le monde est tellement parti en couille que plusieurs fois dans l’année tu te trouves confronté à ça ?
Que se trouver face au terrorisme devient un événement récurent dans ton quotidien. Que tu te sentes plus en sécurité nulle part.

C’est plus à la télé les amis. C’est là, c’est partout.
C’est la merde.

Et ça me fait peur.
Après, comme en 2011 avec Fukushima, même si j’ai peur, je ne m’arrêterai pas de vivre. Je continuerai d’aller à des concerts, à des rassemblements, je continuerai de prendre l’avion (mais avec une peur en plus que celle du simple crash…)…
Je continuerai de faire ce que j’ai envie de faire, et profiter de cette vie qui peut t’être si injustement arrachée du jour au lendemain.

Et je vous invite à faire pareil.
A ne pas gaspiller votre énergie dans la haine facile et les débats contre-productifs, mais de regarder le ciel et de respirer. D’aimer vos proches, de profiter d’eux,  de prendre le temps.
Je me sens tellement nulle et impuissante, que je ne trouve rien d’autre à vous dire que ça.
Vivez.
Et vivez dans la bienveillance.

Tomber dans les discours haineux, c’est finalement continuer dans ce cercle vicieux qui plombe notre société depuis tant d’années et ne fait qu’empirer depuis le 11 septembre. C’est donner la victoire aux connards responsables de toute cette merde.
Pleurons aujourd’hui, car il faut le temps d’encaisser ce coup de poing.
Mais demain, on se relève, on se tient par la main et on se marre.

Répondez à la mort par un hymne à la vie.

C’est un blog un peu décousu, sans but précis, qui part un peu dans tous les sens. Je l’écris pas mal pour moi, je vous l’avoue.
J’ai juste vidé le trop plein d’émotions et de réflexions qui m’envahissent depuis hier.
J’espère que les débats nauséabonds en commentaires me seront épargnés, sinon vous n’aurez rien compris à ce message.

Une énorme pensée à toi Paris, qui saigne aujourd’hui.
Ce soir, j’ai mis pour toi sous ma fenêtre ma plus belle bougie.
Une bougie achetée l’an dernier, parce qu’il était écrit « Bougie de la Forêt des Elfes» sur la boîte. Je m’étais dit que je me l’allumerais un soir où j’aurais envie de rêver un peu, de fantasmer mes mondes merveilleux et féériques.
Ce soir, ma flamme brille pour pour toutes les personnes touchées par ce drame, de près ou de loin. Je vous offre un peu de mes chimères en attendant des jours meilleurs.
Car dans mon monde, les terroristes n’existent pas.

bougieparis
**********************************************************************************************************************
You shoot us down but we won’t fall
We are titanium

(Parce que j’écoutais cette chanson en écrivant)
**********************************************************************************************************************

9 thoughts on “Paris is titanium

  1. Sana

    Merci pour cet article, Sonia, tu dis que tu l’écris pour toi mais je me reconnais tellement dedans que j’ai l’impression que tu l’as écris à ma place. Ça m’a fait pareil pour la France, je l’ai quittée pour le Japon avec l’impression de la haïr, et je l’ai redécouverte une fois que j’en étais loin, et maintenant, je l’aime. Et même si je suis toujours au Japon, même si j’ai envie de continuer à voyager une fois que j’en reviendrai, ça ne m’empêche pas d’avoir mal pour elle, cette France, pour ma famille qui habite à Paris, pour mes amis, dont un qui a été blessé au Bataclan. C’est même encore pire, parce qu’à l’autre bout du monde, on se sent horriblement impuissant à l’idée de ne pouvoir venir en aide à personne, à part des petits messages de consolation qui semblent finalement vides, et changer son avatar symboliquement sur Facebook.

    On est tous sous le choc, et même s’il y a des messages de solidarité de la part de gens civilisés aux quatre coins de la planète, on a peur des conséquences et des raccourcis faciles que les autres vont forcément prendre (aucun doute là-dessus).

    Bref, je m’égare. Merci pour ce post, on est tous pareils, aujourd’hui. Et t’as raison, un monde où on vit ça plusieurs fois par an, c’est complètement dingue, et toi, en plus, tu t’es souvent trouvée au mauvais endroit au mauvais moment.
    Courage à toi, et courage à nous tous…
    (Et on te pardonne de ne pas aimer le roquefort. Ça arrive même aux meilleurs d’entre nous…)
    Sana.

    Reply
  2. Mary

    Hey~

    Je passais par là -je suis ton blog depuis un petit moment, mais pas de manière assidue- et je suis tombée sur ton article. Je ne laisse jamais de commentaire, parce que je suis une quiche pour ça mais là… là je ne pouvais pas rester comme ça, sans rien dire.
    Avec tes mots, tu as exactement su mettre le doigt sur ce que je ressens depuis hier. Cette tristesse, cette façon de voir les choses… je ne savais pas comment l’exprimer correctement et tu l’as si bien fait.
    J’ai pleuré en te lisant (comme depuis hier soir, ceci dit) et je me sens moins seule.
    Mais comme tu le dis, il faut retourner à notre quotidien, réussir à se relever.
    Nous serons tous forts.

    (Et… merci pour ton article, tu ne peux pas savoir comment… comment ça m’a soulagée de voir que je n’étais pas seule à penser comme ça)

    (( On m’excuse pour les propos fouillis et les possible fautes, le manque de sommeil n’est pas un bon ami ~ ))

    Reply
  3. Noemi

    Comme toujours tu lis dans mes pensees. Merci de mettre des mots sur le difficilement exprimable.
    Ah la France, elle a pu nous peser, elle a pu nous dégoûter, elle nous a poussés au loin voir si on y était… Mais aujourd’hui on l’aime. On l’aime tellement. Ça me démange de prendre l’avion. Ma France assassinée.
    Ressoudons nous, rassemblons nous, que cette horreur indicible nous fasse nous retrouver…

    Reply
  4. Myriam

    Ce que tu viens d’écrire, de partager, je pense que c’est ce que tout le monde pense pour le moment au vu de l’horreur gratuite qui vient de se passer. Chacun l’aura vécu de manière différente j’en suis certaine, mais avec certainement des points communs, l’inquiétude, la tristesse, les larmes et, je l’ai ressentie, la colère envers ces personnes qui, soit disant au nom d’une religion, n’en ont rien à faire de la vie d’autrui. Je ne suis pas en France, mais en voyant les nouvelles, j’ai pleuré. De tristesse d’abord, puis de rage. J’habite Verviers, et si on regarde les actualités, on peut voir que Verviers est décrite comme un nid de terroristes. Je n’y croyais pas, jusqu’à ce début d’année, au mois de janvier.
    Nous étions, quelques amies et moi, réunies tranquillement chez moi pour notre atelier tricot, quand nous avons entendu, ressenti (murs et fenêtres qui tremblent, bibelots qui tombent des étagères) une violente explosion suivie par des tirs de mitraillettes et de fusils d’assaut.
    A même pas 100 m de l’appartement se déroulait un assaut de la police contre une cellule terroriste qui avait planifié des attentats. Je me souviens du bruit, des cris de la police et pourtant ce n’était pas un attentat. Même comme cela, la peur s’installe. La ville a vécu avec la police et l’armée à tous les coins de rue et, le calme enfin revenu, voilà que l’on recommence, la police est de nouveau présente en rue depuis ce matin. On nous informe que nous avons dans la ville 37 terroristes sous haute surveillance. La peur qui nous avait quittée, revient à nouveau. Tout ça parce que des cons, n’arrivent pas à accepter la différence. J’ai l’impression que plus ils veulent nous faire peur, plus nous devenons courageux et retrouvons une joie de vivre que nous avions un peu laissée de côté. En tout cas, j’ai décidé de vivre comme cela. Comme tu le dis, la vie continue et reprends le dessus après quelques temps. Et, surtout, du moins à mon avis, il ne faut pas leur montrer que nous avons peur. Qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent, nous résisterons par notre volonté de vivre.
    Désolée pour le long pavé.
    Gros bisous à toi.

    Reply
  5. Alexiel

    Je pense qu’on partage beaucoup tes pensées et ton hypersensibilité.
    Depuis ces attaques terroristes moi non plus je n’arrive à rien faire et pleure par intermittence. J’ai même du mal à dormir, etc…
    Merci en tout cas d’avoir eu une pensée pour moi qui n’ait pas pu revoir Miyavi (et te revoir) au Bataclan le mois dernier…
    Il n’y a pas de honte à être touchée par ce qui se passe près de nous, j’ai bien failli perdre des collègues dans ces attaques étant donné que mon boulot est proche des lieux des attaques. On s’est tous inquiété, tenté de joindre tout le monde. Même nos collègues américains essayaient d’avoir de nos nouvelles. (et dire que la semaine d’avant il y a eu une fusillade à 50 mètres de nos bureaux New-Yorkais).
    Ce monde est fou, mais il ne faut pas vivre dans la peur. Pour le moment c’est le choc et la stupéfaction qui l’emporte mais demain il faut se relever.
    La semaine prochaine avec un groupe de collègues on ira donner notre sang (avant ces attaques terroristes, en tant que donneuse de sang régulière j’avais prévu d’y aller cette semaine ou la semaine d’après, du coup j’irai en même temps que mes collègues dont pour une majorité ce sera la première fois qu’ils feront un don du sang).

    J’ai décidé qu’aujourd’hui je regarderai moins les infos qu’hier et vendredi soir… ça me met dans un état de larmes et me vide de toutes mes forces. Il faut savoir se préserver quand il le faut pour mieux se relever et faire de ce monde un monde de paix, d’amour et de joie. (oui je fais partie des culculs qui sont toujours touchées par les paroles de Miyavi et qui pleure à chacun de ses speech parce que je suis aussi culcul que lui ^^’)

    Gros bisous Sonia et j’espère te revoir à un moment ou un autre ça fait longtemps.

    Reply
  6. AyaClaire

    Merci pour ce post, pour tes mots. Comme d’autres, je ressens la même chose que ce que tu exprimes, et ça fait un peu de bien de le lire (et « un peu », c’est déjà pas mal actuellement).

    Reply
  7. Gregory Hudnall

    Je n’ai pas du mots…
    I’m not a writer, never have been. Working with a rough translation makes it all the more difficult to comment. However, I can honestly feel the emotion in this article. The history, the passion. This is simply beautiful. Inspiring. Stay strong.
    -Ryoga

    Reply
  8. M. Ouistiti

    Salut Sonyan.
    Tout comme toi, je suis chanceux car aucun de mes proches vivant à Paris n’a été touché par ce carnage.

    Ça ne m’a pas empêché de pleurer à chaude larme en serrant fort ma copine contre moi en regardant les infos : tu peux pas rester indifférent face à l’horreur (rien qu’à écrire ce billet, j’ai les larmes qui montent…et je suis au boulot : tu imagines le tableau si je me fais griller par mon chef d’équipe en train de braire devant un blog rose ???).

    Pour finir, je fais un énorme poutou-poutou à tous les lecteurs/lectrices de ce blog (ainsi qu’à son auteure) : je ne vous connais pas mais je vous aime.
    Un énorme poutous aux parisiens : vous n’êtes pas seuls à avoir mal
    Un énorme poutou à tous les êtres humains (même si j’ai conscience que ce que je dis est extrêmement cul-cul) parce que l’humain n’est pas programmé pour la violence.

    Je vous aime.

    Reply

Répondre à Laura. Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.