Fais-moi peur

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Je n’avais, jusqu’à hier soir, strictement aucune idée que j’allais vous faire un billet sur un sujet si… estival.
Mais après tout pourquoi pas. En plus l’ambiance s’y prête, il y a un orage de tous les diables dehors.
Alors aujourd’hui de quoi qu’on parle ? De fantôme, c’est la saison.

Ben si puisque je vous le dis.

Cette semaine, le devoir conjugal a voulu que je sois obligée de céder à une requête des plus dérangeantes : regarder un film d’horreur. Ça fait des mois que je repousse ce moment à plus tard, mais c’est l’été, et au Japon (et en Corée aussi), l’été c’est la saison où on se fait peur alors Mr Catastrophe tenait plus que tout à avoir sa soirée épouvante. Certains rêvent de Matsuri, de yukatas, de feux d’artifice et de plages, moi je me coltine celui qui rêve d’atrocités, on a pas toujours de la chance.
Bref, soirée film d’esprits vengeurs et de maison hantée, à deux, dans le noir et le son à fond en buvant des bières et mangeant du gras.
Une soirée super sympa se dira la majorité d’entre vous. Sauf que quand on est un peu névrosé comme moi, cette perspective est juste moins attrayante qu’un séjour pension complète à Guantanamo.

Traumatisée par quelques Stephen King lus bien trop tôt (quelle idée de lire « Ça » à dix ans…), et autres films d’horreur visionnés lors de garderies dans l’absence de ma douce maman (merci frérot, je sais qu’il n’y avait pas Gulli à l’époque mais tu avais peut-être autre chose à faire regarder à ta petite soeur de QUATRE ANS que l’intégrale des Freddy…) ; autant vous dire que la vie a fait de moi la plus grande trouillarde de tous les temps.
Cherche « pleutre » dans le dictionnaire et tu trouves ma photo.

J’ai fini par renoncer aux films d’horreur après le combo Ring / Dark Water qui m’avait déjà bien allumée (j’ai passé six mois à m’endormir avec La Petite Sirène…), puis définitivement après une dernière expérience il y a 9 ans avec Ju-On qui m’a complètement mis le mental à sac, la jauge pétoche remplie à ras bord. Ceux qui l’ont visionné avec moi hurlant et pleurant s’en souviennent encore… La légende voudrait que je fusse bien plus effrayante que le film en soi.

Et ce jour-là, j’ai donc décidé qu’il était temps d’arrêter les conneries, que c’était la dernière fois que je me mettrais dans un état pareil. Je n’étais pas faite pour les films d’horreur voilà tout. A fortiori les films d’horreur sur les esprits. A fofortiori (oui j’invente des mots, c’est ça être un artiste), les films d’horreur sur les esprits JAPONAIS.

 Culte de l’Occulte

 Vous n’avez jamais remarqué que les films d’horreur Japonais étaient particulièrement effrayants ? Je me suis retirée du monde de l’épouvante pour pouvoir dormir la nuit il y a presque dix ans, mais je crois quand même savoir qu’à part quelques navets mal dosés où on se fait royalement chier, les films d’horreur japonais sont assez épouvantables. Tout d’abord ils ont pour particularités d’être réellement oppressants, sombres, silencieux, et suggérant les monstres pour faire travailler notre imagination malade, plutôt que de nous montrer des trucs bien sanglants et grotesques comme nos subtiles amis les Américains.
Autre particularité : les films d’horreur japonais parlent généralement d’esprits vengeurs, de malédiction, de fantômes.
Pour la simple et bonne raison qu’ils font partie intégrante du folklore japonais et ses nombreux O Bake (お化け), terme qui définit des démons, des monstres, Ayumi Hamasaki et aujourd’hui généralement parlant, les esprits des morts. Parmi ces derniers, les plus populaires : les Yûrei (幽霊), esprits des morts errants, souvent motivés par la douleur, la colère, la haine et la soif de vengeance.

Le Yûrei a la cote, il a son propre genre de film d’épouvante (Yûrei eiga 幽霊映画) mettant en scène des fantômes à mouiller ton slip de trouille : le visage blafard, les cheveux noirs devant le visage et les yeux comme deux gros trous noirs. J’en ai les poils qui se hérissent rien que de vous le dire.
Preuve qu’il est temps grand temps de m’épiler.

Les Yûrei sont aussi les grandes stars de nombreux romans, nouvelles, peintures, et a même son propre jour : le 幽霊の日 (yûrei no hi, le jour des esprits) tous les 26 juillet qui est le jour de – LE JOUR DE L’ANNIVERSAIRE DU BLOG PUTAIN DE BORDEL DE MERDE !!!!!! Raaaaaah !!!!!
Je m’en rends compte à la seconde même, pendant que je vous écris ces lignes, mon blog est né le jour qui fête Sadako et autres fantômes chelou avec des cheveux plein la tête !
Je…j’aurais préféré ne jamais le savoir…
Même si à bien y réfléchir ça reste logique, pour toutes les fois où j’ai abandonné ce blog pendant des mois pour faire mon come back d’entre les morts, il mérite bien son statut de roi des revenants.

Bref, les Yûrei sont partout, même sur l’écran géant du Pachinko à côté de chez moi.

pachinko

Sympa quand on rentre chez soi le soir après le coucher du soleil et qu’on n’a rien demandé au peuple.

Ajoutez à cela que les Japonais sont aussi de très grands amateurs d’attractions de maison hantée et comptent à leur actif la plus grande maison hantée du monde, Senritsu Meikyu, située dans le parc d’attractions de Fuji Q et ne comptant pas moins de 3000m² d’horreur et un parcours de près d’un kilomètre dans un hôpital délabré. Une marche de 30 à 40 minutes selon votre témérité rythme, à longer des couloirs et autres pièces sombres au milieu des fantômes.

sen

Dans la mesure où je crise déjà dans le train fantôme en carton-pâte des foires de campagne, autant vous dire que je n’y foutrai jamais les pieds.
Mais outre ma poltronnerie à toute épreuve, cette attraction est mondialement connue et très populaire donc si vous avez envie d’un peu de frissons vous chatouillant l’échine, libre à vous.

L’été, la saison des frissons

L’an dernier je vous pondais un billet ignoble sur les démons estivaux à six pattes que sont les cafards. Mais l’été n’est pas la saison de l’horreur rien que pour ça, c’est aussi la saison préférée pour les histoires de fantômes et se foutre les miquettes entre amis.

Pourquoi ? Déjà parce que c’est la saison d’Obon, la fête des morts au mois d’août. Bon, perso j’apprécie Obon plus pour les jours de congé cadeau qui vont avec plutôt que pour faire du spiritisme mais chacun ses passions.

Enfin, c’est aussi parce que c’est là saison où les jeunes élèves partent avec leur école en camp d’été où il est de coutume de sortir avec les profs tester son courage lors de sorties dans des endroits flippants. Si vous connaissez le manga GTO, vous vous souvenez très certainement d’un épisode où tous les élèves sont en camp d’été à Okinawa et doivent entrer dans une maison réputée hantée deux par deux pour tester leur courage.

Et bien c’est tiré d’une vraie coutume.
On appelle cette coutume le kimodameshi (肝試し)souvent traduit (pas littéralement) par « Test de courage ». Parfois les écoles construisent aussi  via les cercles d’activités et loisirs des élèves une petite maison hantée de fortune dans les classes pour la fête de la culture (au mois d’octobre), nouvelle occasion pour tester son courage.
Passé l’âge de tester ses nerfs face à un camarade perruqué en Sadako et évoluant dans les draps de maman prêtés pour l’occasion, les jeunes Japonais aiment faire perdurer la tradition du kimodameshi en été avec des versions un peu plus musclées. Ils se réunissent entre amis (avec des filles qui couinent et qui ont le hurlement facile, sinon c’est pas drôle) et vont visiter en pleine nuit des cimetières ou pour les plus téméraires des Shinrei Spot (心霊スポット) soit des lieux réputés hantés ou connus pour leurs phénomènes paranormaux.
Il existe de nombreux sites répertoriant ces fameux Shinrei Spot selon les régions et classés par niveaux de flippitude, histoire de pouvoir bien choisir le lieu adéquat et avoir un kimodameshi dont le souvenir vous fera compisser sur vos chausses pendant encore de longues années.
On m’avait dit que les tunnels, notamment les tunnels de montagnes, étaient les plus terrifiants. Une amie japonaise m’a certifié avoir été victime d’un esprit alors qu’elle était en voiture avec des amis dans un tunnel réputé hanté. Le soleil estival lui avait peut-être un peu trop tapé sur la tête aussi.

Dans les lieux réputés hantés – que je ne recommande absolument pas pour un kimodameshi pour le coup – il y a aussi par exemple la tristement célèbre forêt Aokigahara Jukai, aussi joyeusement surnommée la Forêt des suicides puisque de nombreux japonais partent s’y suicider chaque année en allant se pendre à un arbre. Charmant…
Positivons : au moins ils ne paralysent pas toute la Yamanote en se jetant sous un train quand tu es pressé d’aller rejoindre tes potes au karaoke.

Une immense forêt au pied du Mont Fuji de plus de 35 km², couvrant l’emplacement d’une large coulée de lave suite à l’éruption de 864. On dit la forêt si dense qu’il est impossible de voir le ciel entre les arbres, les boussoles se dérègleraient, les GPS ou téléphones inutilisables et j’en passe. On dit aussi la forêt pleine de cavités, un pas malheureux sur une branche cachant un trou, et hop, on se retrouve six pieds sous terre sans moyens de sortir ou être secouru. Chaque année, des dizaines et dizaines de corps en décomposition et squelettes sont retrouvés dans la forêt, aussi sujette à de nombreuse rumeurs de dame blanche, apparition maléfique et j’en passe.
Avouez que ça donne envie.
D’ailleurs j’ai lu dans un article – dont le lien est en fin d’article – que quand les gardes forestiers trouvaient un mort dans la forêt, ils devaient le ramener dans leur maison de fonction sur place et dormir dans la même pièce qu’eux pour accompagner le mort et pas qu’il se transforment en Yûrei.
On aspire à un travail en phase avec la nature et on finit par dormir avec des macchabées, c’est beau la vie.
Moi qui pensais avoir tatouillé pas mal en job de merde au Japon, apparemment j’étais encore loin du pire. Rappelez-moi de ne jamais postuler pour garde forestier.

Enfin, si vous préférez les kimodameshi pantouflards, tranquille à la maison en charentaises avec un paquet de chips, vous pouvez tout aussi bien affronter vos peurs en osant regarder les vidéos maudites (呪いビデオ, noroi video) qui foisonnent sur le web.
Non mes amis, Ring n’a rien inventé, les vidéos maudites existent bel et bien et pas besoin d’une cassette vidéo mystérieuse pour s’en procurer, Youtube s’en charge.
On arrête pas le progrès.
Enfin, en été, les programmes télé proposent de nombreuses émissions de télé semi-variété semi-épouvante mettant en scène des kimodameshi d’idoles ou des reportages sur des endroits réputés hantés. Parfois ça fout vraiment les jetons, parfois ça ressemble à un vieux nuage blanc dessiné sous photoshop par un stagiaire.

Moi j’ai les foies, eux ont la Foi

En passant gentiment outre mon jeu de mots absolument moisi, entrons donc dans le vif du sujet. Pourquoi les Japonais sont-ils si friands d’histoire de fantômes, esprits vengeurs et malédictions ?
Tout simplement parce qu’ils y croient dur comme fer.
Les Japonais peuvent vous raconter avoir vu un esprit avec un naturel aussi désarmant que s’ils vous parlaient du dernier single des AKB48. Bien qu’il soit vrai qu’on ne sait pas trop quel sujet des deux est le plus effrayant, je vous l’accorde.
Le sujet des esprits est plus ou moins banalisé, sans être forcément abordé quotidiennement, il peut intervenir sans aucun tabou dans une conversation, sans que votre interlocuteur ne vous regarde les sourcils froncés avant de vous suggérer subtilement d’arrêter la fumette des poils du voisin ou les rails de farine.
Tout d’abord, et sans vous faire tout un dossier sur les rites funéraires japonais parce que 1) c’est copieux et prendrait plein de pages et 2) c’est pas très jouasse comme sujet, notons qu’une grande partie de leurs traditions funéraires consistent à accompagner le mort dans l’après-vie pour éviter qu’ils restent hanter nos pauvres vivants pétochards. En d’autres termes, moi.

Les personnes qui n’ont pas bénéficié d’un rite funéraire complet et/ou les personnes suicidées (donc motivées par la tristesse, colère, haine) sont donc toutes soupçonnées de devenir un méchant Yûrei à cause de qui on dort la lumière allumée le soir au moindre petit bruit de parquet qui craque. Et au Japon c’est souvent.

Au-delà des rites funéraires, leur croyance aux esprits se manifeste aussi dans le quotidien ; notamment pour le choix d’un appartement.

Si vous trouvez une annonce avec un logement bien sous tous rapports mais avec un prix extrêmement bas, à tous les coups c’est un appartement où il y a eu, soit un meurtre, soit un suicide. Personne ne veut d’un appartement de suicidé – âme vagabonde quasi garantie pour vous chatouiller les pieds la nuit – et les propriétaires se voient dans l’obligation de casser leurs prix en deux ou en trois.
Bien choisir un appartement sans fantôme est de tout premier ordre. Ainsi, lorsque j’ai déménagé de mon superbe appartement Charlie (dont presque 4 ans plus tard vous n’avez toujours pas vu les photos promises, je suis formidable) et que j’étais à la recherche d’un Lulu digne de la succession, un proche Japonais m’a proposé de visiter les appartements avec moi pour m’aider à choisir et ne pas me faire arnaquer.
Nous visitions un appartement relativement grand pour son prix (mais éloigné) et comme j’étais dans l’urgence, je pensais me pencher sur celui-là quand mon ami m’a formellement interdit de prendre ce logement.
Quand j’ai demandé ce qui clochait, il m’a répondu de but en blanc  « Il est hanté. Tu sais je sens les esprits, j’en ai déjà vu. Et là il n’y a aucun doute, il y en a un, j’ai senti sa présence autour de nous pendant la visite, dans la chambre. »
…AMBIANCE.

Pour commencer, j’étais bien emmerdée pour trouver quelque chose à répondre à ça, les Japonais sont traîtres et aiment bien vous prendre au dépourvu. Ensuite réel ou abus de snifage de colle, là n’est pas la question, à partir du moment où il m’avait balancé son pavé dans la mare je savais fort bien que je ne serais pas foutue de fermer l’œil dans cet appartement qui pourtant répondait à mes critères et je l’ai donc refusé…
Conclusion : évitez de ramener un Japonais qui se prend pour le mioche du 6ème sens quand vous déménagez. Le « Je vois des morts partouuuut » quand on tente de choisir son home sweet home casse un peu le délire.

Sans oublier la fois où vous regardez vos photos de vacances/soirées avec vos amis, vous remémorant les bons souvenirs, les bonnes blagues et les visages rouge cramoisi au bout d’un demi-verre de bière, quand tout à coup ceux-ci se mettent à paniquer devant la photo, en la montrant du doigt avec horreur.
Tout de suite, vous vérifiez votre propre profil : auriez-vous un bout d’algue coincé entre les dents ?
Non Narcisse, ce n’est pas votre gueule de merde qui fait criser l’assistance, ce sont quelques bulles de lumières floues sur la photo.
Au Japon : petite bulles floues sur une photo = fantôme.
Autant vous dire qu’on ne regarde plus ses albums du même œil. Bon, j’ai regardé avec scepticisme mes petites bulles blanches, mais ça ne ressemblait pas spécialement à Bruce Willis –  à part peut-être d’un point de vue capillaire – donc je n’ai tiré aucune conclusion.
Mais les Japonais étaient formels sur le sujet.

D’ailleurs, si vous essayez de poser la question autour de vous, de nombreux Japonais vous affirmeront avoir déjà réellement vu un fantôme. Pas plus tard que ce matin, j’ai décidé pour le bien de ce blog de prendre un de mes élèves comme cobaye. On travaillait sur le subjonctif donc je voulais qu’il utilise des phrases comme « je pense que », « je doute que », « il est possible que  etc…, j’ai donc décidé de lier l’utile à l’utile en le faisant parler sur un texte en français parlant d’une maison supposée hantée au Japon. Eh bien ça n’a pas loupé, il a fini par me raconter la fois où il en avait vu un esprit chez lui une fois avant d’aller se coucher quand il était petit, qu’il avait une silhouette blanche se diriger vers lui, puis qu’il était tombé et que c’était ses parents qui l’avaient retrouvé en bas des escaliers.
Traumatisé, il a toujours refusé de se joindre aux kimodameshi et autres, lui et sa famille ayant peur de s’attirer un mauvais esprit.
Lui qui a vécu en France plusieurs années m’a affirmé que si les Français ne les voyaient pas, c’était juste parce qu’ils n’y étaient pas sensibles car pas élevés avec les mêmes croyances.
Soit ça, soit le Japon a fumé le matcha et est victime d’une hallucination collective.
Même si je ne fais pas partie des plus sceptiques concernant le paranormal, je ne peux pas m’empêcher de trouver tout cela un peu insolite quand même.

Enfin, autre petite expérience du quotidien que vous trouverez dérangeante mais sûrement normale alors que les Japonais auront le don de détruire votre paix intérieure pour vous foutre les chocottes : le Kanashibari (金縛り). Vous savez, cette paralysie du sommeil, quand vous êtes couchés, conscient, mais que votre corps refuse de bouger. Vous savez que vous devez vous lever, que vous êtes réveillé, mais vous vous sentez lourd, limite en train de suffoquer et impossible de contrôler votre corps qui reste désespérément immobile. Parfois votre cerveau décide de pimenter la chose en ajoutant – malgré le fait d’être conscient – le sentiment d’une présence, un cauchemar où quelque chose serait à côté de vous.

Bien que ce phénomène – certes dérangeant – soit expliqué scientifiquement, les Japonais  qui aiment ruiner vos vies tranquilles viendront vous casser le délire en vous soutenant qu’un esprit ou un démon vous a rendu visite pendant votre sommeil.

kanashibari
Rassurant.

Pour ma part, je n’avais jamais expérimenté le Kanashibari jusqu’à il y a deux ans, où ça a commencé à devenir plus ou moins récurrent. J’ai une paralysie du sommeil plusieurs fois par an depuis 2011 et c’est franchement super-flippant comme expérience.
Si j’écoute les Japonais, j’ai un démon à la maison, si j’écoute le très crédible célèbre doctissimo, je souffre de narcolepsie, de la goutte et je vais bientôt mourir d’un cancer du poumon (doctissimo ou hypocondrie.com).
Heureusement, Wikipédia est un peu plus clément en suggérant que je suis juste très fatiguée et/ou stressée. Les seuls démons de ma vie sont donc très certainement les Japonais eux-mêmes qui me pompent l’énergie vitale au boulot et dans le métro.

Enfin, les Japonais ne rigolent pas avec leurs histoires de fantômes qui interviennent aussi très sérieusement dans les médias. Ah ben vous pensez bien mes amis !
Donc quand la maison du Premier Ministre Abe Shinzo est soupçonnée d’être hantée, il convient de faire un communiqué officiel pour démentir et rassurer la population !
J’imagine bien Jean-Pierre Pernault faire un flash info spécial au 20h pour rassurer les citoyens Français inquiets : non, Flamby ne se fait pas squatter par Casper à l’Elysée. Ouf, on a eu peur dis.

C’est quand même pas comme si le gouvernement japonais avait d’autres chats à fouetter, faire des communiqués sur les fantômes du premier ministre c’est quand même plus important que des sujets plus épineux.
Et en parlant de sujet épineux, les Japonais du Nord-Est ont eux aussi fait couler l’encre des journaux à cause de leur peur, non pas forcément des radiations, mais des fantômes de tous les morts emportés par le tsunami. Dans certains villages particulièrement touchés et comptant de nombreux disparus, on redoute les fantômes des victimes, les taxis refusent même de se rendre dans certains quartiers pour ne pas embarquer avec eux un esprit…

Qu’on y croit ou non, qu’on aime ou non faire péter le taux d’adrénaline, les faits sont là : les Japonais aiment bien raconter leurs histoires de fantômes et de maison hantée, surtout dès que vient l’été.
Et j’ai donc été victime de cette fâcheuse coutume avec un film odieux et traumatisant qui m’empêche de dormir depuis plusieurs jours… Je me suis donc dit que je n’avais pas à souffrir seule et que je devais me venger avec ce petit billet.
Et comme je tiens à retrouver le sommeil, je ne suis pas entrée dans les détails de toutes ces histoires d’épouvantes, mais je vous laisse ci-dessous une série de liens qui viendront étoffer ce que je vous raconte.

Liens :
– Articles sur les fantômes chez le Premier Ministre Abe Shinzo : Le ParisienLe Monde
– Articles sur la peur des fantômes après le tsunami de mars 2011 : Le Figaro, Nippon Connection
– Articles sur la forêt d’Aokigahara Jukai : Maison Hantée,  Tout et Rien (attention pour ce dernier lien,  l’article en soi est intéressant mais l’auteur a aussi publié quelques photos bien glauques de la forêt qui peuvent heurter la sensibilité).
– Dossier de recherches sur le Kanashibari au Japon (n’ayant rien trouvé en français sur le sujet, cette étude est en anglais mais très intéressante)
– Emissions de télé sur les histoires de fantôme diffusées pendant les vacances d’été (en japonais).
– Article insolite sur 18 lycéennes tombant malade à cause de fantômes

Voilà déjà de quoi occuper vos soirées.
Et au passage… Je sais que mon lectorat aspire à me ressembler (et je vous comprends) en rivalisant de cruauté et de fourberie.
Ainsi quand j’ai eu la mauvaise idée d’écrire sur les cafards, j’ai reçu une avalanche de commentaires, tweets et emails de gens qui me racontaient leurs histoires odieuses à six pattes qui m’ont traumatisée tout l’été. J’ai dormi la lumière allumée et avec des boules quiès pour ne pas entendre les petits bruits pendant trois mois…
Notez donc bien que je vous INTERDIS formellement de recommencer en me racontant vos histoires d’esprits, de spiritisme et d’anecdotes fantomatiques avec des Japonais. Aussi croustillant soit tout cela, vous êtes prié de le garder pour vous ou pour d’autres blogs plus téméraires.

PENSEZ A MON SOMMEIL BORDEL DE MERDE !

TOP 20 en images de WTF Coréens

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Je vous avais promis un deuxième billet en image sur mon voyage en Corée du Sud avec un top des  petits WTF ou choses qui m’ont étonnée lors de ces huit jours au pays du matin calme.
Après tout, il n’y a pas qu’au Japon qu’on peut voir des choses insolites.

Top 20 : Les militaires

Je le place bon dernier de ce top puisque si on connaît un minimum la Corée du Sud avant d’y aller, c’est quelque chose auquel on peut s’attendre. En effet, on sait à quel point la culture militaire est dominante, dont l’importance de leur fameux service militaire de presque deux ans et que le pays comporte des zones qui font partie des plus militarisées au monde. Et quand on a un voisin comme la Corée du Nord, autant être au taquet. Si un jour la guerre reprend, je doute que Gros Kimchi du Nord attaque à coup de pistolet à eau. (Quoique… ).
Ainsi, tout au long de mon voyage, j’ai pu croiser des jeunes militaires arpenter les rues avec leurs gros flingues et mitraillettes. Rassurant.
Avantage : Certains semblaient être choisis sur casting… Miam.

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Top 19 : Produit de beauté Ken
Autant que la marque Barbie séduise encore les femmes adultes, je peux comprendre, autant je me demande s’il y’a vraiment des mecs pour utiliser la marque Ken… Mais vu que les Coréens aiment s’acheter les choses en couple (voir Top 7), j’imagine qu’il y a quand même quelques acheteurs.

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TOP 18 : Le Nesquick fushia

Bonne nouvelle, la marque Nesquick existe en Corée du Sud (ainsi que Kinder, les Japonais ne connaissent vraiment pas les vrais petits bonheurs de la vie). Par contre méfiez-vous, je ne sais pas ce qu’ils foutent dedans, ils arrivent à nous pondre du cacao ROSE.

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(Oui oui, c’est sûrement un lait fraise, mais laissez-moi troller en paix, rabats joie)

TOP 17 :  Architecture insolite

Les articles sur le Japon et autres offices du tourisme nous rabâchent les oreilles avec leur Japon entre « tradition et modernité »,  je ne sais pas si c’est un slogan déposé pour vendre le pays, mais on y a droit presque à chaque fois.
Ben dans le domaine du mélange moderne/traditionnel, la Corée fait pas mal non plus, notamment avec ce genre de building ! (parc des expositions à Gyeongju)

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TOP 16 :  Barbe à Papa en verre

T’aimes bien t’enfiler une petite Barbe à Papa à la foire entre deux manèges, mais t’en as ras le croupion d’en avoir plein le nez, les joues, et que tes doigts poissent ans tes cheveux quand tu te remets la mèche en place ?
Les Coréens ont trouvé la solution en la vendant dans des verres en plastique avec une petite fourchette à l’intérieur…

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TOP 15 : Le boycottage du Japon

Encore un truc auquel on peut s’attendre – et qui était nettement moins présent que ce que je m’imaginais -, un peu de boycott des produits Japonais. Les Japonais nous ont envahis, détruits nos temples, violé nos femmes, piqués nos îles et ne le reconnaissent pas, alors vengeance, pas de sony chez nous hin hin hin !
Bon, je ne l’ai vu qu’une ou deux fois pendant mon voyage, et étant donné que depuis février que je vois des nationalistes Japonais crier « Tuons tous les Coréens » dans les quartiers coréens du Japon, ma foi, c’est déjà un peu moins choquant.

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Bon par contre, dans ces magasins-là, je préférais parler anglais bizarrement…

TOP 14 : Les coussinets de voiture

Un des premiers trucs que j’ai remarqué en arrivant, c’est que la moitié des voitures coréennes ont des autocollants en mousse bleue sur leurs portières. Parfois même en forme d’aile d’ange ou de patte de chat… Bon, c’est pour les protéger des impacts, mais apparemment aussi un peu pour crâner en disant « Ma voiture est encore toute neuve, nananèreuh, et pas toi-euh ».

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(Notez que la Corée du Sud c’est pire que le Japon, on ne risque pas de trouver un vieux tacot : tous les véhicules sont flambants de neuf, seuls les voitures qui n’ont plus leurs coussinets peuvent se faire traiter de vieillerie je suppose).

TOP 13 – Les portes d’entrées

Dans la plupart des appartements où je suis allée, la porte d’entrée ne fermait pas avec des clés ou une carte, mais avec un code d’entrée…

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Malgré la marque « SAFER », je doute que ce soit plus safe moi… M’a suffit de regarder une fois le code fait par belle-maman pour le retenir. Bon j’ai pas spécialement l’intention de la cambrioler mais bon, tout ça pour dire qu’il suffit d’un regard indiscret pour pouvoir aller chez autrui se servir du nesquick rose et autre barbe à papa en verre à son insu.

TOP 12 – Les Love Hotel

Ou « Motel ». Mais bon, ne nous leurrons pas sur le fait que tout le monde n’y va pas que pour dormir.
Bref. La particularité des quartiers love hôtel, c’est qu’ils sont généralement à côté des gares de la ville, et surtout qu’ils sont DISCRETS.
Ah bah pour le coup, on peut difficilement faire moins sobre…

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Vous ne pourrez pas vous plaindre que vous ne saviez pas dans quel genre d’endroit on vous emmène !

TOP 11 – Les  Karaoke à pièces

La Corée du Sud c’est cool parce qu’il y a aussi des Karaoke… Et quand on aime se prendre pour un chanteur tel Nikos qui tentait régulièrement de voler la vedette des académiciens en poussant ridiculement la voix plus fort qu’eux, le karaoke c’est important. Et comme je vous l’ai dit dans mon ancien post, comme ce ne sont pas forcément des chaînes, bonjour les heures de rab s’il y a peu de clients.
Mais autre trouvaille : dans les games center on trouve les « coins karaoke » ! Des dizaines de cabines libres où on peut chanter une chanson pour 200 wons ( 170 yens, ou 1.50 euros). Donc voilà, tu as envie de déstresser en sortant du boulot ou t’entraîner pour La Corée a un incroyable talent sur I Will Always Love you, pas besoin de payer pour une heure ou deux, tu rentres dans une cabine, met tes petites pièces et c’est parti ! Pas forcément rentable si on veut rester plusieurs heures, mais très sympa pour se faire une chanson ou deux en passant.

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TOP 10 – Les Eglises qui clignotent dans la nuit

Je vous l’avais déjà dit en vous parlant du Fou de Dieu de mon stage, mais le christianisme est la première religion en Corée du Sud devant le Bouddhisme. Donc on compte de nombreuses églises dans le paysage… relativement glauque la nuit. En effet, la Corée du Sud est aussi le pays de néons et les Eglises ne sont pas en reste. Chaque église se retrouve affublée d’une croix ROUGE qui brille dans la nuit…  Ce qui, au-delà de donner un côté cheap à la Maison de Dieu, fait un peu décor des contes de la crypte passé le coucher du soleil.
Ambiance.

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TOP 9 – Le Yaourt Multifonctions

Non, ce yaourt ne fera ni mixeur, ni lisseur pour cheveux. Samsung ne va pas – encore – jusque là. Dommage.
Non ces yaourts « multi fonctions », c’est pour pouvoir mieux vous délester des kilos de barbaque que vous vous bafferez par jour avec les copains. En gros : pour aller aux gogues.
Bref, méfiez-vous des yaourts que vous achetez si vous n’avez pas envie de serrer les fesses à votre super sortie du lendemain.

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TOP 8 – La Mafia Brocolis

Si vous êtes des aficionados de la Corée du Sud, y êtes déjà allé ou vous renseignez beaucoup sur le sujet, vous aurez très certainement entendu parler des « Ajumma », terme qui désigne une catégorie bien particulière de vieille dames.
Généralement sans foi ni loi, l’Ajumma règne sur la Corée avec sa bande de copines à casquette à grosse visière d’une poigne de fer. Tremble pauvre mortel si tu croises un troupeau dans la rue – l’Ajumma se déplace rarement seule – , elles n’hésiteront pas à te piétiner pour passer après t’avoir aveuglé grâce à leur look bariolé des plus discutable. Si une Ajumma te demande de te laisser ta place dans le train, dégage ; si elle veut que tu te lèves pour aller appuyer sur le bouton d’arrêt alors qu’elle a un bouton à 50cm de son visage, obtempère ; si elle veut savoir d’où tu viens, ce que tu fais dans la vie alors que tu ne lui a rien demandé, offre lui une copie de ton livret de famille. Ajumma a tous les droits.  Comme celui de traverser à son rythme une route à six voies quand le feu est vert, alors fais pas chier et ralentis.
Et attention, l’Ajumma c’est pas qu’une vieille peau casse-cou : c’est aussi tout un concept capillaire.
Je ne sais pas si  les Ajumma vénèrent tout particulièrement ce légume –certes fantastique -qu’est le brocoli mais tout semble indiquer qu’elles aspirent à lui ressembler. Coupe courte et permanentée comme un mouton de rigueur, sinon tu fais pas partie de la bande.

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Je me disais que les Ajumma auraient mérité un post,et voilà que j’en ai trouvé un très drôle sur le sujet ici, donc n’hésitez pas.

 TOP 7 – Les « Pair Look »

En Corée, on ne rigole pas avec la notion de couple. Quand on se balade avec sa moitié, autant que personne ne se fourvoie sur la nature de notre relation. Attend, on a quand même pas galéré pour se trouver une belle nana pour qu’on croit que c’est la petite sœur quand même ?
Aussi, les Coréens ont un concept bien à eux pour montrer qu’ils sont en couple et en plein rendez-vous amoureux : le pair look. Soit s’habiller pareil que sa conquête : du simple accessoire commun à toute la panoplie des pieds à la tête.  Certains magasins avaient même un rayon couple avec des vêtements homme et femme du même motif, tout un business.

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Et comme ma photo pue un peu du c*l, une galerie de photos de couples coréens ici.

TOP 6 – Les Cocktail qui ressemblent à une recharge de lessive

Non, Soupline n’a pas sorti un assouplissant au Mojito, même si vu le packaging, c’est à s’y méprendre. Dans ces sachets en plastique que tu vois là, ce sont des cocktails alcoolisés, vendus séparément de verres en plastique remplis de glaçons, le tout relativement bon marché.

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On s’y est essayé lors d’une balade nocturne au bord de la plage, étonnant mais pas mauvais.

TOP 5 – Les purificateurs d’eau à l’ancienne

La Corée, c’est un peu retour vers le futur comme ambiance. On va avoir des gadgets high-tech des plus futuristes d’un côté, et d’un autre des bricolages artisanaux qu’on croirait trafiqués par un McGyver amputé des deux bras.
Comme dans un restaurant de quartier, ce SUPERBE distributeur d’eau potable dont le purificateur d’eau… consiste à des pierres noires qui selon mes recherches s’appellent « Elvan Rock ». C’est pas très ragoutant, mais c’est une pierre qui a des propriété anti-bactérienne, anti-odeurs et qui encouragerait une bonne circulation du sang.

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Ça surprend un peu au début ces grosses pierres noires dans ton eau, mais c’est aussi ça Pékin Express.

TOP 4 – Le caddie partenaire minceur

Ce n’est un secret pour personne, les Coréens pratiquent un véritable culte du corps et de la minceur. Vive le sport, la liposuccion, les thés minceurs et… les charriots du supermarché.
En effet, ton caddie fait aussi compteur de pas et de calories dépensées lors de ton déambulage entre les rayons. De quoi déculpabiliser quand tu vas acheter ta boustifaille : tu n’as qu’à faire deux trois tours de plus du rayon fruits et légumes avant d’aller t’acheter ton paquet de chips.

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TOP 3 – Les stations d’essence déguisées en temple

Je vous l’ai dit lors de mon billet Kimchiland pour les Nuls, la Corée du Sud est un pays essentiellement routier avec des stations d’essence à peu près tous les dix mètres. Et dans la ville historique de Gyeongju,  on ne rigole pas avec le look de ces dernières : certaines stations essence sont à s’y méprendre avec un temple. J’ai bien failli payer mon ticket pour admirer une pompe à Gasoil quand je cherchais le site historique de Bulgoksa.
Maison de culte de l’automobilisme ? Je ne sais pas, mais pour que l’Unesco déclare patrimoine mondial une station Total, il n’y a qu’un pas.

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TOP 2 – Le super packaging des bouteilles de saké souvenir

Quel ne fut pas ma surprise de constater que le principal souvenir vendu à Bogyungsa (là où nous avons fait la balade dans la montagne avec les chutes d’eau) était ces SUPERBES ( ?) bouteilles de saké coréen au packaging des plus… imagé.
Alors pourquoi une zizouille comme goulot ? Parce qu’apparemment cet alcool aurait pour propriété de mettre au garde à vous le petit (ou grand hein) soldat de votre homme.

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Moi qui ai pour habitude d’acheter une bouteille d’alcool pour cadeau à mon père, bizarrement cette fois je me suis abstenue, ça aurait pu être interprété bizarrement…

TOP 1 – Le chauffeur de bus consciencieux.

Je vous le disais dans mon précédent billet sur la Corée du Sud, les Coréens entretiennent une folle passion pour l’effraction des règles. Et téléphoner au volant semble être un sport que les chauffeurs de bus et de taxi adorent pratiquer et pousser jusqu’au niveau de compétition.
En effet, certains chauffeurs consciencieux et respectueux de leur profession et de leur client, vont jusqu’à se démarquer en collant dans leur bus un panneau déclarant qu’eux, JAMAIS Ô GRAND JAMAIS, ne mettraient la vie de leurs clients en danger en téléphonant, qu’ils le jurent croix de bois croix de néons rouges qui brille dans la nuit.
On pourrait s’émouvoir de tant de professionnalisme si le rétroviseur ne dévoilait pas la triste vérité. Un mythe s’est effondré quand j’ai vu le reflet de cet employé du mois…

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Et il était resté collé au téléphone tout le trajet… C’est beau la conscience professionnelle !

Voilà pour ce petit top de petits n’importe quoi coréens qui ont marqué mon voyage, avant de repasser à d’autres articles sur le Japon. Deux dossiers sont prévus pour ce mois-ci et j’ai commencé à m’entraîner à dessiner ! D’ailleurs, le tout premier dessin en cours servira à faire le design de la newsletter ! Bon, vous attendez pas à une œuvre façon La Liberté guidant le Peuple non plus, oubliez pas que je débute. Mais je m’applique !

A tout vite !

Joyeux Tanjobi Joba

      25 commentaires sur Joyeux Tanjobi Joba

Incroyable mais vrai, ce blog fête ses cinq ans. J’avais célébré l’événement l’an dernier alors je remets ça cette année !

Tout d’abord, une petite refonte faciale, car mon blog est un peu comme Régine, il n’aime pas vieillir et se plaît à passer sous le billard pour se redonner un coup de jeune de temps à autre.
(Je pense être la seule blogueuse au monde à comparer son site à Régine…).

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Bon j’ai pas refait la bannière, parce que bon, faut pas déconner je reste quand même une flemmarde ! Et la version n’est pas tout à fait finie, je me bagarre encore avec deux trois trucs donc améliorations à venir.

Le blog reste rose et sur Alice – et je doute que ça change un jour -mais j’ai essayé de faire un rendu un chouya plus harmonieux et une navigation plus pratique.

Autre nouveauté : une newsletter !
Si si, regardez sur la droite !
Vous êtes de plus en plus nombreux à me suivre et rejoindre la fanpage Facebook – et vous n’avez pas idée d’à quel point ça me met en joie – mais Facebook est aussi un traître qui ne montre pas toujours les publications de fanpage à tout le monde… Alors pour les plus assidus qui attendent mes mises à jours comme le jour de paye, vous aurez maintenant un petit journal privé pour vous tenir au courant des nouveaux articles.

J’avais prévu une grosse surprise aussi pour ce cinquième anniversaire… Mais elle nécessite beaucoup de temps et un peu d’argent, soit les deux choses qui me font le plus défaut dans la vie. Mais je n’abandonne pas et essaie de remettre ça pour la fin de l’été au plus tard. Par contre, il faut vraiment que je passe la seconde pour la boucler en quelques semaines donc la promesse d’un blog par semaine va être un peu dure à tenir.
A vrai dire cette surprise je ne sais pas si elle vous fera plaisir, c’est plus un petit rêve que je fais pour mon plaisir personnel … Mais quoi qu’il en soit gardez l’œil ouvert !

Dans les autres projets pour cette cinquième année il y a… me mettre au dessin ! En effet, j’aimerais essayer de faire mes propres illustrations et les publier au milieu de mes pavés histoire d’aérer un peu le texte.
Je vous dis ça alors qu’à l’heure qu’il est je ne sais même pas dessiner un cercle et que je ne sais ni cleaner ni coloriser une image. Si je vous mets dans la confidence c’est pour la seule et unique bonne raison de me mettre la pression.
J’ai déjà ma petite idée de comment j’aimerais mettre en scène cela, il ne me manque plus que la technique (Google est là pour ça) et le talent (dommage que Google n’aille pas jusque là). Je vous laisse donc le soin de me foutre la pression pour que je m’y mette.

Et enfin, encore plein de blabla, de moqueries, de mauvaise foi et de rose (qui a dit « oh non » ?).

Allez comme l’an dernier, on se fait un petit récapitulatif de cette année !

Tout d’abord, le top des blogs les plus lus :

1 – Le Japon de vos rêves (5475 visites cette année, 9448 visites depuis sa publication !)

2 – Manuel du petit ami Japonais : chapitre 1 ( 4220 visites)

3 – 30 millions d’amis chelous (2671 visites)

4 – Manuel du petit ami Japonais : chapitre 2 (2583 visites)

5 – Je Baitote, tu baitotes, il… (1901 visites)

Même si les deux chapitres du Manuel du petit ami Japonais ont été les plus populaires sur les réseaux sociaux, mon apologie des cafards japonais reste indétrônable. Vous êtes vraiment maso !
Ce billet a d’ailleurs inspiré d’autres blogueuses qui m’ont gentiment citée dans leurs écrits à six pattes comme Rill in Japan (ce qui m’a permis d’apprendre qu’il existait une météo des cafards… je fais bien de ne pas avoir la télé), Branwen, ou encore le dernier blog illustré de l’excellente Praxele que je vous somme d’aller lire tout de suite tant il est drôle et bien mis en scène.
Enfin, mes statistiques qui sont de vraies petites indics m’ont susurré à l’oreille tels les oisillons dans celle de Varys que j’étais aussi citée sur ce billet court mais tout aussi drôle et merveilleusement illustré chez Joranne.

Merci vraiment à tous ceux qui me lient, partagent et commentent. Au-delà de flatter mon égo surdimensionné, ça me fait réellement plaisir et me donne la motivationde continuer à consacrer des heures sur mon clavier pour partager quelques bêtises avec vous.
Grâce à vos partages, autant dire que vous avez fait exploser le record de visites cette année avec plus de visites en un an (presque 70000 !) que pendant les quatre années précédentes, quand bien même je me suis permis de disparaître de septembre à février…
Je vous dois donc un très grand merci.

J’ai eu aussi mes tout premiers fanarts/montages !

Incroyable mais vrai, le dessin POURRI que je vous ai fait sur le chapitre 2 de la drague pour dessiner l’image cliché d’une occidentale au Japon a réussi à inspirer à Jean Pako, le personnage d’Agnès qu’il m’a fait parvenir en privé.

agnes

 

Ce chapitre 2 de la drague a aussi inspiré cet excellent montage à Amélie qui devrait faire beaucoup rire tous les fans des Inconnus et de Game of Thrones qui ont lu ce billet.

 ingrid

Et enfin très récemment, reçu ce Fanart de Noémie qui au delà de me toucher énormément était accompagné d’un blog très intéressant sur son parcours, en écho à celui que j’ai écrit pour Le Diable s’habille aussi en D, n’hésitez donc pas à cliquer pour lire son histoire.

fanart

Mais malheureusement, si j’ai beaucoup de lecteurs généreux qui me font de la pub, m’envoient des cartes postales et des cadeaux suite à l’opération carte postale du 4ème anniversaire, me font des dessins etc… on a aussi les coquins tombés là par hasard suite à une drôle recherche google…

Florilège 2013 :

« sonian au pays sushis »

C’est intéressant, non seulement cette personne invente un nouveau titre de blog mais avec son propre orthographe pour me retrouver ! Toutefois, elle a quand même réussi.

Notez qu’il y a à peu près toutes les combinaisons possibles dans vos mots clés pour me trouver : sonian, sonianne, sonyane, sonyanne, sonyian, sonyau, chesire sony… et j’en ai peut-être laissé passer dans la liste.

Bande de lecteurs ingrats ! Vous ne savez même pas écrire mon superbe pseudo, il est quand même pas difficile !

Mon préféré, 45 du top des mots clé :

sonian

 

Autres perles :

« Je fais des pipis très longs. »

…Je ne sais pas, prend un Paris Match ?

« ma fille ne décroche plus du visual kei »

Rassurez-vous ma bonne dame, on finit par s’en sortir vous savez. Ça m’a pris plus de dix ans, certes, mais me voilà sauvée.

« 1969 murakami commentaire composé »

Serais-tu en train de chercher de quoi copier coller dans ton devoir de français, jeune malandrin ?

« fond rose ridicule »

Mais je ne vous permets pas ! Raah, les gens sont d’une intolérance !

« comment retrouver ma joie de vivre malgré ma situation précaire »

Dire du mal des Japonais sur un blog fushia aide beaucoup.

« piece 1 yen ne servent à rien »

On est tous bien d’accord.

« tres vieille grand mere en bikini »

Mais… pourquoi ?

 Aussi, nous sommes manifestement beaucoup à souffrir  dans l’ombre face à l’invasion de l’ennemi : « cafard japonais », « gokiburi », « scolopendre japonais », « plusieurs cafards noirs dans la cuisine et meme dans le frigo rêve », « vous avez deja essaye de vous droguer au cafard » ( ????!!), « cafard à l’emménagement », « un cafard peut il survivre a une chute de 5 etages », « fukuoka cafard », « rêver d’écraser des cafards avec les doigts », « barusan insecticide », « cafards japon », « les cafards se balade sur mon visage », « cafards dans le dos », « nettoyer après avoir tué un gokiburi », « taches crottes cafards »…  Et j’en passe.

Franchement quand je lis ce genre de mots clés odieux qui vous mènent jusqu’ à moi, je ne saurais dire si je suis contente ou si j’ai envie de me tirer une balle.

Notez que si la moitié des mots clés concernent les cafards, l’autre moitié que je vous épargne concerne la recherche d’un petit ami Japonais. Que ce soit l’un ou l’autre, votre masochisme frise vraiment la pathologie.

 Et enfin quelques inclassables : « couille visage ronaldmc donald », «  j’aime faire caca dans la bouche de méghane traduction allemand », « crotte en forme de sapin », « je n’ai pas réussi à sortir mon zguègue pour pisser »,  « signification rêve Nelson Montfort beau », « vocifération des vestes sacrées », «j‘ai envie de faire l’amour avec une licorne est-ce grave »,… et on va s’arrêter là je crois.

Vous êtes aussi de plus en plus nombreux à m’écrire, et même si parfois je mets longtemps à répondre, je prends le temps pour tout le monde avec plaisir. Il y a certaines questions qui reviennent très souvent, notamment sur mon parcours (surement la flemme de lire tous ces pavés….) donc je ferai peut-être une page récapitulative à l’occasion. Je ferai aussi surement un FAQ spécial Japon pour tous ceux qui me demandent des infos sur les visas, la recherche du job, de stage ou de logement.

Voici quelques réponses à quelques autres questions que vous vous posez peut-être (oui, mon narcissisme est tel que je m’interviewe moi-même) :

◆Je t’ai demandé en amis sur Facebook mais tu n’as pas répondu .

Via des amis en commun, pas mal d’entre vous trouvent mon compte personnel et me demandent en amis. Ça me touche et c’est gentil de votre part de vouloir entrer en contact mais j’avoue préférer garder mon compte personnel pour les amis, famille et connaissance IRL. Je sais que vous crevez d’envie de voir cette fameuse photo de moi en train de faire du rodéo sur une amie déguisée en cheval mais que voulez-vous, dans la vie on n’a pas toujours ce qu’on veut malheureusement…

Par contre, mon compte Twitter, la Fanpage Facebook et mon email sont là pour ça donc n’hésitez pas.

◆Il y a souvent des mots sans accent dans tes billets, pourquoi ?

Comme j’ai du mal à trouver le temps d’écrire, je balade mon billet du moment sur une clé USB et à ma pause au travail etc. je continue l’écriture de mon pavé. Comme ce sont des claviers japonais, j’écris sans accent. Une fois à la maison quand je passe à la relecture et correction, je rajoute les accents des passages écrits avec un clavier japonais. Mais mes pavés sont LONGS, donc souvent entre-temps mon cerveau capitule et je laisse passer des fautes ignobles/manque d’accent. Pardon…

◆Combien de temps te prend l’écriture d’un pavé ?

Ça depend lesquels mais pour les plus longs comme PQ Flex, le Diable s’habille en D. etc. qui font plus de 20 pages, ou encore ceux avec beaucoup de photos comme Hokkaido ou la Corée du Sud, entre l’écriture, les relectures, la recherche de liens pour aller avec, la mise en page etc., je mets entre 7 et 10 h… Pour un billet moyen (13 à 14 pages), environ 6 heures.

C’est pour ça que des fois je disparais et ne poste rien et aussi pour ça que les commentaires/partages et autres sont on ne peut plus appréciés.C’est que l’air de rien ça prend un sacré temps.

◆Comment fais-tu pour te souvenir en détail d’événements que tu racontes deux à trois ans plus tard ?

J’ai tendance à me souvenir des petits détails qui me marquent sur le moment. Pour le reste, je relis tous les emails que j’ai écris à mes proches à cette époque-là et ce que je leur racontais de mes journées. Comme j’ai tendance à écrire des romans même en email, j’ai souvent plus de détails qu’il ne m’en faut pour vous récrire un article.

◆Pourquoi autant de rose et Alice quand c’est un blog sur le Japon ?

Parce qu’ à la base ce n’est pas un blog sur le Japon, mais un petit bout de mon univers que j’avais envie de mettre en ligne en parlant de tout, de rien, de ma vie, de ce qui me passe par la tête. Je n’avais même pas l’intention d’être lue puisque personne n’avait l’adresse. J’avais envie de m’y sentir chez moi donc j’ai fait un truc kitsch dans mes goûts (de merde, je vous l’accorde).
Après, évidemment comme maintenant, je vis au Japon, les blablas de ma vie traitent forcément du sujet, d’autant plus que ce pays est une source intarissable d’observations et d’expériences hors du commun…

Voila, vous savez tout maintenant !

J’espère pouvoir tenir mes promesses de surprise, de régularité et d’apprentissage du dessin (rien n’est moins sur pour ce dernier…). Et j’espère que vous serez toujours là pour lire mes conneries et rire de mes blagues pourtant souvent bien nulles.

D’ailleurs, pour ceux qui n’ont pas compris celle –pourrie- de mon titre, « Tanjobi »(誕生日) en japonais, c’est « anniversaire ».
Sur ce, j’espère bien vous pourrir la journée en vous mettant les Gipsy King dans la tête. N’hésitez pas a vous venger en la mettant dans la tête de votre entourage en retour.
(Oui, ma cruauté est sans limite)

Kimchiland pour les Nuls

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/ !\ DISCLAIMER / !\

Toi aussi tu rêves d’aller en Corée du Sud parce que tu aimes bien la bouffe épicée qui te fait repeindre tes latrines du sol au plafond, que tu es fan de K-POP ou de dramas de 25 épisodes d’une heure aux retournements improbables ou tout simplement parce que c’est moins cher que le Japon, voire juste à côté si tu y habites: ce guide du premier voyage en Corée est pour toi.

Toutefois, sache que comme j’aime bien faire mon intéressante et ne pas faire comme tout le monde (et aussi parce que le ventre à pattes qui m’accompagne avait envie de rentrer chez lui voir sa famille), je ne suis, ni allée à Séoul la capitale, ni à Busan la deuxième plus grande ville, comme la plupart des gens qui partent en Corée du Sud. Non, je suis partie me perdre dans la brousse de la côte est du pays, donc mon récit de voyage risque de différer peut-être un peu de ce qu’on peut expérimenter dans les très grandes villes et/ou lire sur les autres blogs.

Enfin, même si ça fait bien quatre ans que je dis « Cette année c’est sûr, je visite la Corée du Sud ! », ce n’est finalement que mon premier voyage, donc ce guide est écrit à travers les yeux d’une vraie Noob qui s’est fait un avis sur huit petits jours. Aussi, si tu es doctorant en sociologie coréenne, que tu y vis depuis 1950 ou encore que tu as fondé le pays, tu pardonneras le fait que je dis peut-être de la merde subjective.

◆ Bien commencer son voyage

Si ton animal totem est le chat noir, que tu es passé sous une échelle la dernière décennie ou que tu viens de casser un miroir, la première règle est de ne pas choisir ton alter ego pour partir en voyage.

Non parce que, si tu as lu mon billet sur le 14 juin tu sais de quoi je suis capable en matière de poisse, et si tu me suis sur Twitter, tu sais que je partage mon quotidien avec l’équivalent coréen de Mr Catastrophe. Donc l’idée de partir avec Pierre quand je suis Richard, était déjà une idée pas terrible, mais en plus de ça avant de partir, j’ai eu la mauvaise idée de mettre tous mes neurones en jachère pour n’en garder qu’un ou deux en veille.

Voyez, à la base, nous avions décidé de prendre un avion en soirée après le travail, mais le prix étant nettement plus avantageux en milieu d’après-midi, j’avais décidé de braver mon patron pour demander de m’absenter dès 12h.

Sauf que je ne sais pas pourquoi, mon cerveau n’a jamais voulu imprimer que finalement, nous ne prenions pas l’avion de 19h30 mais celui de 16h30.

Ainsi, quand mon Pierre Catastrophe me parlait de départ à 16h30, la tête en l’air de Richard que je suis avait décidé que le départ était toujours 19h30 et 16h30 l’heure d’arrivée à l’aéroport (la compagnie aérienne nous demandant d’arriver trois heures à l’avance).

Et j’avais beau dire des trucs un peu suspects comme « oooh, on a largement le temps d’arriver à l’aéroport pour 16h30 ou 17h ! », Pierre Catastrophe n’osait pas trop me faire remarquer que je disais de la merde, car je suis généralement le cerveau des opérations.

Pour la simple et très bonne raison qu’il cultive un art fascinant pour se tromper de sens du train, de nom de station, de lignes ou même se perdre dans un cul-de-sac et n’arrive à s’organiser que pour bouffer. Il est donc, en toute logique, généralement le maître du ravitaillement pendant que je gère tout le reste de mon côté.

Mais cette fois, même si Pierre sentait bien qu’il y avait un bug dans la matrice de Richard, il n’a pas osé le dire, se disant qu’encore une fois, c’était lui qui devait être à l’ouest ou mal comprendre, car Richard ne se trompe jamais normalement.

Ainsi, quand je sors du travail à 12h, au lieu de partir directement à l’aéroport pour y être à 13h30 et embarquer tranquillement, voilà qu’en bonne grosse abrutie, je rentre tranquillement à la maison prendre ma douche, me changer pour être présentable devant belle-maman, et PIRE, comme il n’est « que » 13h20, prendre le temps de mettre en ligne le blog avec « Le Diable s’habille en D. » avant de partir. Considérez donc que tout ce que va arriver par la suite est de VOTRE FAUTE, oui mesdames et messieurs !

Et là, après avoir posté à la va vite mon pavé, je prends le rappel de notre billet électronique fraîchement imprimé, et vois « décollage à 16h30 »… ! Mes deux neurones en veille se remettent difficilement en route comme un vieux pc sous Windows 98 avec 8mo de Ram, et là, c’est la panique.

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On est carrément pas en avance !

Pierre se décompose en comprenant que Richard était vraiment à l’ouest depuis le début et que pour un coup, il ne fallait pas lui faire confiance, qu’il n’y a PAS de solutions pour arriver en moins d’une heure à Narita depuis la maison, et qu’en gros, on est dans la merde jusqu’au cou.

Départ en fanfare en courant avec les valises sous 35° degré à 3000% d’humidité, ça valait bien le coup de rentrer tranquillou se doucher avant de partir. Je cherche tous les itinéraires possibles, mais aucun ne nous permet d’arriver avant 15h30, le plus rapide arrivant à 15h40. Je téléphone à la compagnie aérienne, pleure pour qu’on nous attende dix minutes avant de fermer le guichet, que tout ça c’est la faute des trains en retard, ces incapables (oui je ne pouvais quand même pas dire que c’était pour me pomponner et bloguer car je suis con comme un balai). On ne nous promet rien, mais que peut-être si on est sages, on nous laissera le guichet ouvert.

Puis Pierre propose qu’on demande à un taxi le temps que ça met depuis Shinjuku pour arriver à Narita plein gaz. Je doute que ce soit plus rapide que le train et me dit qu’on ferait peut-être mieux de s’en tenir au plan A avec nos dix minutes de retard et éviter les frais monstrueux d’un taxi jusque là-bas, mais je fais aussi profil bas, car c’est moi qui me plante sur l’heure du départ depuis plusieurs jours. Un des taxis nous promet monts et merveilles, soit qu’il est possible d’arriver en 40 minutes par l’autoroute. Pierre veut y croire, Richard capitule et monte dans le taxi.

Sauf qu’au bout de 50minutes, on y est toujours pas à Narita. Pierre ne connaît pas du tout Chiba donc ne s’en aperçoit pas, mais moi qui regarde les panneaux et me repère plus ou moins, les noms de villes que je vois ne me rassurent pas trop, ça me parait bien loin de Narita. Je commence à questionner le taxi qui me dit qu’on met un peu plus de temps à cause du trafic et qu’on y sera au pire dans 5 minutes. Je suis sceptique, mais comme je suis complètement accablée par ma connerie, j’ai plus envie de pleurer que de ramener ma fraise.

Seulement Pierre m’achève en annonçant au taxi « Heu, sur le panneau, ils annoncent Narita à 30km hein ? » … et là, le taxi reste incroyablement silencieux.

Il fixe sa route en silence et ne nous répond plus, même quand on lui demande comment il compte faire 30km en moins de cinq minutes.

Il nous a bien roulé dans le mochi, le fils de chacal.

Résultat, nous avons payé 260 euros de taxi (70 euros de plus qu’annoncé) pour être arrivé en 1h25 au lieu de 40min, soit à 15h50 avec vingt minutes de retard.

La compagnie nous avait attendu un quart d’heure, mais après que de toute façon, ça devenait trop tard pour enregistrer nos bagages en soute ont tout fermé. A cause de ce connard de taxi qui s’est bien foutu de nous, on a loupé notre enregistrement à cinq minutes près.

Donc voilà, on a loupé notre avion, claqué 260 euros dans l’arnaque d’un vieux con (révisez votre mythe du Japonais respectueux et honnête et descendez de votre nuage : il y a des enc*lés partout dans le monde, aucun pays n’est épargné), et tous les avions de la compagnie sont complets jusqu’au lundi.
Les compagnies japonaises nous proposent deux allers simples à 1800 euros… Autant vous dire qu’à ce prix-là je pars deux semaines à Bali.

J’ai la chance d’avoir un Pierre Catastrophe extrêmement calme, qui en cherchant en coréen sur le net a réussi à trouver un billet abordable sur Korean Air. Bon, l’aller simple coûtait le triple de notre aller-retour initial (en low cost), mais c’était ça ou rien. Alors après deux heures d’errances et de recherche d’une compagnie abordable, et bien on a remis la main au portefeuille pour un nouvel aller.

En gros, nous sommes deux pauvres misérables, on économise depuis février pour ce voyage et nos économies ont été aux trois quart flambées dans le taxi et un nouvel aller… On remerciera donc – sans trop faire les fiers- les mamans compréhensives et généreuses qui ont fait en sorte qu’on puisse profiter un minimum de notre semaine de voyage. On a abandonné toutes nos séances shopping prévues depuis des mois (mes cosmétiiiiiiques) mais au moins on a quand même bien profité.

Cette petite anecdote honteuse pour : 1) vous prouver que je peux aussi être con comme la lune, 2) vous donner un contre-exemple de tout ce qu’il ne faut pas faire pour réussir votre départ et bien commencer un voyage.

En résumé : ne mettez pas votre cerveau en vacances tout de suite, la connerie n’arrive pas toujours qu’aux autres. Hé oui.

Une fois qu’on a été dans l’avion, on a préféré ne plus penser à nos centaines d’euros partis en fumée et oublier toute cette histoire que je déterre pour vos zygomatiques avant de la ré enterrer pour toujours.

Et honnêtement, l’arrivée sur Busan de nuit était tellement époustouflante avec ses montages et ses plages illuminées (oui, même les montagnes !) qu’on préféré se dire que ça valait le coup, de loin la plus belle arrivée qu’il m’ait été donné de voir depuis un avion.

La Corée du Sud : profil

Pour tous les nullos en géographie, voici une petite carte pour vous permettre de situer ce pays petit mais costaud.

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Avec à sa gauche la Chine et sa pollution (sympa la vie à Pékin), à sa droite le Japon et sa radioactivité (sympa l’agriculture à Fukushima) et en pays frontalier l’inénarrable Corée du Nord (sympa les coupes de cheveux à Pyongyang), on peut dire que la Corée du Sud est bien entourée. Comme quoi, il y a pire que toi dans la vie et tes voisins du dessus qui font la bringue un samedi soir ou le vieux d’à côté qui fait des travaux à 7h le matin tous les dimanches (quoique…).

Autant vous dire qu’avec cette flopée de boulets comme camarades de classe, la Corée du Sud doit se montrer forte pour survivre en ce milieu hostile.

Et forte, elle le devient petit à petit en exportant avec bonheur son kimchi (légumes fermentés au piment), son cinéma avec des films d’horreur ou thrillers souvent réussis, sa KPOP avec des boysband grands et musclés et des girlsband aux jambes infinies, et enfin ses remarquables produits Samsung ou LG dont la taille des smartphones ressemblent de plus en plus à s’y méprendre avec un écran de cinéma Pathé.

Ainsi, s’il y a encore quelques dizaines d’années la Corée avait un PIB équivalent à ceux des pays les moins évolués d’Afrique (même que Wikipédia le dit), depuis la fin des années 1990-début 2000 c’est l’explosion économique et l’entrée dans le top des grandes puissances d’Asie.

Et maintenant que ça clignote de néons, qu’on découvre que les Asiatiques peuvent aussi être grands, musclés et virils, qu’on fabrique des téléphones qui font aussi grille-pain et avion de chasse, et qu’on refait le nez et les yeux pour pas cher, la Corée du Sud est à la mode et on se l’arrache.

Voilà, maintenant que tu sais tout sur la Corée du Sud et que tu check lastminute.com pour découvrir que l’aller-retour coûte vachement moins cher que celui pour le Japon, entrons dans le vif du sujet.

◆La monnaie

La monnaie coréenne est le won. Comme le nom du délectable Won Bin, donc c’est facile à retenir.

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Mais malgré son nom super classe de beau gosse élevé au grain, cette monnaie ne vaut pas grand chose et on se retrouve donc avec des billets d’une valeur inférieure à 1 euro. Peu rentable pour braquer une banque, me direz-vous.

Cours actuel : 1 euro (131 yens) = 1473 won. Et à ce prix-là, on regrette que ce soit des Won sans le Bin, parce que moi je t’en prends un bon troupeau pour ouvrir une maison close et devenir riche à millions.

…Je m’égare.

Notez que les Coréens payent beaucoup plus par carte de paiement que les Japonais, et que comme chez nous, payer avec des gros billets un produit à petit prix n’est pas très bien vu. Donc si tu as l’habitude de payer ton onigiri a 100 yens avec un billet de 10000, sache qu’en Corée c’est comme en France : ça fait chier la caissière.

◆Les Coréens

« Les Japonais, les Coréens, c’est kif-kif bourricot ! Tous des citrons ! ». Hé bien non mon bon monsieur.

Si au cours de ces dernières années au Japon j’avais déjà eu le loisir de me forger un avis comme quoi les Coréens étaient quelque peu différents de leurs voisins, un séjour sur place m’aura permis de constater que c’est juste le jour et la nuit.

Si le Japonais se complait dans le respect des règles (ou le moutonnisme aigu), la politesse de façade et l’effacement de sa personnalité, le Coréen lui, se démarque dans l’art remarquable de la gruge, du brigandisme civil et du doigt d’honneur aux réglements.

Interdit de fumer ? Tiens, et si je m’en grillais une !

Tu regardes les mouches au plafond pendant que tu fais la queue ? Tiens, et si je te passais devant ni vu ni connu.

Il n’y a pas de poubelles ? Tiens, et si j’en improvisais une sur ce trottoir.

Le feu des piétons est rouge et la route à six voies est blindée de voitures qui emmerdent royalement les limitations de vitesse ? Tiens, et si je traversais ? (j’ai vu une mamie le faire, c’était jackass 3ème génération, magique).

Non vraiment, je crois que je n’ai pas vu une seule règle respectée pendant mes huit jours de séjour, que ce soit les chauffeurs de taxi ou de bus au téléphone en conduisant et autres. C’était assez fascinant, après cinq ans de Japon où chaque comportement est millimétrés (sauf aux heures de pointes et après deux trois verres), autant vous dire que j’étais bien dépaysé.

Mais bizarrement, le pays est quand même bien entretenu (du moins de ce que j’en ai vu). Tous les jours, je voyais des gens jeter leurs poubelles n’ importe où, et tous les matins, il n’y avait plus rien du tout.

Enfin, le Coréen n’a pas le sang-froid des Nippons, au contraire, c’est un sanguin. Ca parle fort, ça t’agresse pour un pet de mouche, mais ça t’accueille à bras ouvert et veut devenir ton ami pour la vie sans te connaître. Pas ou peu de tatemae en Corée, si on veut t’aborder on t’aborde, si on veut te t’insulter parce que t’as hésité sur ton chemin et dérangé une fraction de seconde la personne derrière toi on le fait, si on veut rire fort on rit et on te pète le tympan, si on a pas envie de faire la même chose que son voisin, on le dit. Le Coréen s’affirme et s’impose. C’était peut-être d’autant plus vrai que j’étais dans le sud du pays.

Ce qui rend le tout assez vivant et dynamique. Parfois déroutant quand on s’est un peu trop japonisé, mais aussi un peu plus humain. Et ça ne veut pas dire que la politesse n’existe pas. Les manières à respecter à table et devant ses ainés sont sans fin, et malgré son côté brute de pomme, le Coréen a bon cœur.

Exemple : Une mamie monte dans un bus et bip mal sa carte de transport. Le chauffeur : « Hé mémé ! Reviens, t’as mal bipé la borne ! », et la mamie de revenir en s’excusant.

Imaginez le chauffeur Japonais appeler son honorable cliente « mémé »…

Un autre exemple, toujours dans le bus (où je dois dire que chaque trajet m’a fasciné). On est en pleine route et sans raison apparente, le chauffeur s’arrête en plein milieu de la voie et quitte son siège. Il traverse tout le bus pour aller dans la rangée du fond où dort un lycéen la bouche ouverte débordante de bave à poings fermées. Et notre chauffeur : « Réveille-toi ! Ça fait trop longtemps que tu dors dans ce bus, je suis sûr que tu as loupé ta station ! Allez réveille-toi, t’habites où ? Ben c’est bien ce que je disais, c’était deux stations plus haut ! T’aurais dû me le dire, moi je t’aurais réveillé à ta station et t’aurais pu dormir tranquille sans avoir à repartir en sens inverse ! Allez descend moi de là que je redémarre! ».

Autant vous dire qu’encore une fois, si le Japonais est de façade très poli, que vous vous endormiez dans son bus et loupiez votre station ne va pas le perturber outre mesure, c’est un peu son quotidien et après tout, chacun sa merde.

Bref, heureusement que j’avais les sous-titres de Pierre Catastrophe parce qu’en bonne touriste qui pige que dalle, j’aurais juste vu un vieux chauffeur ronchon bloquer la circulation pour s’arrêter au beau milieu de la route et foutre à la porte un pauvre lycéen endormi qui n’avait rien demandé. Et ce genre de grincheux au grand cœur n’ont pas l’air rare, plusieurs fois, j’ai eu l’impression qu’on m’engueulait en me parlant alors qu’en fait, on me disait juste de faire attention à moi ou me proposait de l’aide. Bref, avoir un Coréen sous le bras pour faire l’interprète est un plus, c’est indéniable.

Enfin, le Coréen aime son pays, bouffer à s’en éclater le bide, la vie et s’amuser. On va voir un oncle hospitalisé après une grosse blessure ? Oh non, ce serait quand même dommage de ne pas aller boire un coup alors qu’on arrive du Japon, bim bam boum ni vu ni connu je t’embrouille,vas y que je cache mes vêtements de civil sous ma blouse d’hôpital, subtilise les clés de ma voiture –conduis le bras dans le plâtre mais « ça va, c’est une automatique ! » – et m’enfuis de l’hosto quelques heures pour aller descendre une série de binouzes autour d’un barbecue. Normal.

D’ailleurs, le Coréen n’a rien à envier à son voisin Japonais, il a lui aussi un bon lever de coude et enchaîne les verres jusqu’à tard dans la nuit.

Sauf que j’en ai vu aucun rouler sous la table au bout d’une demi gorgée, donc soit le Coréen tient mieux l’alcool que ces lopettes de Poponais, soit je suis tombée sur une série de badass pendant mon séjour.

La Corée et son petit lot de WTF m’auront aussi permis de comprendre de nombreuses choses sur le comportement que je trouvais parfois irrespectueux de mon Pierre Catastrophe, comme par exemple, quand il voulait qu’on aille acheter notre alcool ou plat quelconque moins cher au supermarché avant d’aller au restaurant pour agrémenter notre repas. Le malheureux n’avait pas l’air de comprendre que ça ne se faisait absolument pas de ramener la bouffe d’un autre établissement dans un restaurant et s’y faire son petit pique-nique.

Maintenant que j’ai fait des restaus entourés de Coréens qui, ne trouvant pas un plat sur la carte, appellent le livreur pour se faire livrer le dit plat A LA TABLE MEME du restaurant, et bien plus rien ne m’étonne. Notez que ça avait l’air complètement normal et que la femme qui tenait l’établissement continuait à nous servir les bières le sourire aux lèvres pendant qu’on réglait la note du livreur.

Epique.

En gros, le Coréen m’a l’air d’un sacré lascars qui, bien que différent, est tout aussi fascinant à étudier que son voisin de droite.

◆La Bouffe

À la base, je pensais faire comme pour Hokkaido et vous faire une série de critiques Anti-Dukan666 des différentes spécialités qu’on a mangées, mais dans la mesure où on a fait QUE BOUFFER du matin au soir, ça me parait difficilement gérable. Je vous disais souvent que Pierre Catastrophe était un ventre avec des jambes et des bras. Et bien sachez que je ne connaissais pas encore l’étendue totale de ses capacités stomacales qui sont absolument remarquables. Voire effrayantes.

Et le phénomène semble national, les Sud-coréens sont des descendants de Gargantua ou je ne m’y connais pas. Je retire absolument tout ce que j’ai pu dire sur les Japonais, leur passion pour la bouffe et leur capacité à manger à n’importe quelle heure de la journée : ce sont des petits joueurs de basse cour.

En Corée du Sud, c’est même pas qu’on mange à n’importe quelle heure, c’est qu’on s’envoie un plat de bidoche pour 15 personnes tous les trois quarts d’heure.

Non vraiment… Même pas le temps de se remettre des vingt plats qu’on vient de s’envoyer que le camarade d’à côté vous annonce déjà « j’ai de nouveau faim ».

Notez, c sont des plats pour DEUX personnes :

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bouffe

Ça m’a rappelé un traumatisme vieux de déjà dix ans en Tunisie, où les lois de l’hospitalité font que votre hôte vous offre à manger à profusion quand vous venez lui rendre le visite. Donc autant vous dire que quand vous y allez pour rencontrer toute votre famille et que vous vous tapez sept couscous dans la journée, vous commencez à pleurer de la semoule et des pois chiche.

Je ne pensais pas revivre cet enfer un jour, et bien si. Et pourtant, niveau capacité de gobage, j’en ai sous le pied a priori. Je suis pas la dernière à m’armer de baguettes et autres fourchettes pour taper dans le plat.

Mais là, j’ai dû m’avouer grande perdante.

Je suppose que quand on visite la Corée entre touristes et qu’on mange ce qu’il nous plait à l’heure qu’il nous plait, on ne vit pas forcément le phénomène, mais quand on se retrouve en mode Pékin Express immergée dans la famille et les amis, sachez qu’on souffre et qu’on prend trois kilos par jour.

Outre la difficulté d’agrandir son estomac comme un terrain de foot pour réussir à avaler tous les mets présentés, la nourriture coréenne est diablement bonne.

Non vraiment, assez épicée certes, et je dois avouer qu’il y a encore pas si longtemps, je craignais franchement, mais suite à un entrainement quotidien depuis des mois sur un air de The Eyes of Tiger, j’ai relevé tous les défis piquants avec brio. Pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un coach des papilles à la maison pour apprendre à résister à la gorge en feu, rassurez-vous, les plats non épicés existent aussi.

Par contre, si vous êtes fâchés avec le ralouf, vous risquez d’être malheureux car comme en Chine, beaucoup de plats sont à base de porc.

Histoire de vous mettre un peu les crocs comme avec mon billet sur Hokkaido, voici quelques spécialités coréennes.

1) Les réputés Barbecue Coréen.

Que ce soit le Kalbi 갈비(à base de lamelle de bœuf) ou encore le Samgyeopsal 삼겹살 (à base de tranche de porc), ça envoie du lourd. La viande est tendre, gouteuse et les sauces font chanter la bouche.

Généralement servi avec du riz et de nombreux accompagnements. Dans bien des cas, on nous sert des feuilles de salade, ainsi qu’un nombre impressionnant de mini plats cuisinés. Dans une feuille de salade, on met une tranche de viande cuite et trempée dans les sauces de son choix, ainsi que les accompagnements de notre choix. Vous faites votre petit mélange, enroulez la salade autour comme un maki, et hop, dans le gosier pour l’explosion des saveurs.

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Les Coréens sont de bons vivants et manger est manifestement un moment de partage et de convivialité. Ainsi préparer un petit mélange pour un aîné, le fermer soigneusement et le lui offrir en le mettant directement dans la bouche de votre interlocuteur vous fera gagner des points de sympathie sans précédent. J’avoue que pour nous qui ne sommes pas forcément habitués à fourrer nos doigts dans la bouche de quelqu’un qu’on ne connait pas, c’est assez perturbant. Mais bon, j’ai cru comprendre que ça faisait vraiment plaisir au destinataire, alors je m’y suis collée avec les gens qu’on m’a présentés pendant ces huit jours, et je dois avouer que ça leur a fait un effet du tonnerre à chaque fois. Donc n’hésitez pas.

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2) Le Poisson Cru

Notez que les Japonais n’ont pas le monopole du poisson cru et que les Coréens aussi ont leur façon de déguster le poisson cru. Avec de la sauce piquante, et encore une fois ce système de salade où on enroule une tranche de poisson saucé et quelques légumes/condiments d’accompagnement. Très différent des sashimis nippons, mais tout aussi bons.

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3) Le Patbingsu 팥빙수

Vous adorez l’été au Japon pour vous enfiler quelques Kakikori, ces glaces pilées recouvertes de sirop que l’on retrouve un peu partout de juin à septembre ?

Vous risquez d’halluciner devant l’équivalent coréen… Ils ont carrément musclé leur version avec des coupes de glace pilée énormissimes, agrémentées de fruits, d’oreo, de haricots rouges sucrés (qui contre toute attente se marie fort bien avec l’oreo !), de fruits secs, de mochi et j’en passe.

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Si je ne devais donner qu’une mention spéciale Anti-Dukan666, en tant qu’ambassadrice du sucré, ça ne pourrait être que pour le Patbingsu ! Allez, un petit lien d’autres saveurs pour rêver…
C’est une nouvelle fois gargantuesque, mais encore une invitation à la convivialité : ce kakikori évolué se mange à la bonne franquette, à plusieurs autour de la coupe.

Les Japonais aussi ont cette culture des plats partagés, mais généralement avec chacun sa petite assiette et tout le monde la même portion. En Corée, chacun tape directement dans les plats avec sa cuillère comme bon lui semble, sans souci de parts égales et de chacun son écuelle.

J’aimerais évidemment vous présenter tout ce que j’ai pu manger et mes plats fétiches, mais en toute honnêteté, il y en avait tellement… Mais comme je risque de rebloguer sur la Corée dans le futur, on y reviendra.

◆ Tips de la vie de tous les jours

– Il y a aussi des combinis en Corée, mais ils ne fournissent pas forcément de sac en plastique (à vrai dire je crois qu’on ne m’en a pas donné une seule fois) ou même de baguettes pour vos bento. Un peu moins pratique qu’au Japon mais un peu moins de gaspillage aussi, donc au pire c’est pas plus mal.
– Contrairement au Japon qui a un réseau ferré CERTES COMPLIQUE mais fort bien desservi sur tout le pays, la Corée paie ses années de retard de toute nouvelle puissance et mis à part entre les très grandes villes, il n’y a pas de trains/métro. En tous cas pas du tout dans le sud-est où chaque trajet entre et à l’intérieur des villes s’est fait en bus. D’ailleurs les bus limousines allant d’une ville à une autre sont plutôt nombreux, ainsi de Pohang, il y a un bus pour Busan ou l’aéroport toutes les dix minutes. A contrario, le pays est incontestablement automobile, même les petites villes comptent des routes à six voies et on trouve des stations services tous les dix mètres. Vraiment.
– Autre moyen de transport très usité : les taxis. En ville, le prix de départ était de 2800 won soit environ 2,50 euros. Autant vous dire que si vous êtes à deux ou plus, ça revient encore moins cher que le bus si vous n’allez pas trop loin. D’ailleurs, ils l’ont bien compris et se posent régulièrement avec un sans gêne déconcertant devant les arrêts de bus (à la place du dit bus…) dans l’espoir qu’un client potentiel renonce à prendre le bus pour monter dans son taxi. Evitez de croiser leur regard si vous n’avez pas l’intention de monter car ils insisteront lourdement, comme un moustique dans votre oreille quand vous essayez de dormir. Par contre méfiez-vous, comme je vous l’ai dit plus haut, le Coréen est roublard ! Aussi dans des endroits très touristiques comme Gyeongju (dont je parlerai plus bas), le compteur est à zéro. Le chauffeur vous demande votre destination et vous propose un prix en fonction de la distance. Je vous suggère de ne pas dire oui du premier coup et de marchander, c’est un piège à touriste ! On s’est fait prendre 4000 won pour 100 mètres, on avait aucune idée qu’on était juste à cote de l’endroit qu’on cherchait … Bon ça bat pas les 27000 yens du taxi japonais pour l’aéroport…
– A part dans les endroits neufs comme l’aéroport de Busan (et sûrement la capitale), généralement les toilettes coréens sont à l’ancienne (beaucoup de toilettes trous-sans-cuvette-infâmes comme au Japon) et le papier toilette est EN DEHORS des toilettes, près des lavabos. Donc tu te sers et après tu rentres faire ta petite affaire.
J’ai pas compris tout de suite, râlant qu’il n’y avait jamais de PQ dans ce foutu pays, mais même quand j’ai tilté j’ai eu du mal à m’y faire. Je me suis donc retrouvée con plus d’une fois à me retrouver sans papier sur mon trône. Ça a fini par me gonfler et j’ai fait des réserves de papier et lingettes dans mon sac à main (ma vie dans ses moindres détails vous transcende, je le sais).
– Comme je le disais plus tôt, si vous sortez des très grandes villes comme Séoul ou Busan, vos trajets se feront très certainement en bus (vraiment pas cher d’ailleurs, selon les destinations il nous arrivait de payer qu’un ou deux euros pour des trajets de plus d’une heure) et il vaut mieux avoir l’acompte ou une somme proche pour payer votre ticket. Sauf qu’on a pas toujours la monnaie et que ça devient vite chiant. Aussi, les Coréens ont un système de carte de transport proche de la Suica ou Pasmo au Japon. Une carte (avec un logo « Cashbee » dessus) qu’on charge d’argent et qu’il suffit de biper une fois dans le bus, ou même au combini pour payer ses courses.
Bonus : Ces cartes de transport ne sont pas en forme de cartes standard mais en strap de la forme de notre choix (personnages Disney, nounours, objets divers) que l’on accroche à son téléphone ou au portefeuille.

cashbee

◆ Tourisme

1) Ulsan 울산
Ville portuaire de plus d’un million d’habitants, Ulsan est situé à environ 45 minutes en voiture de Busan. À vrai dire nous y avons passé nos deux premiers jours qui étaient essentiellement des retrouvailles en famille, donc même si on est sortis se balader, faire des piques niques et des restos (bouffer, bouffer, bouffer…), on a pas fait énormément de tourisme.
Juste, la ville était réellement magnifique de nuit.

IMG_3631Cliché volé ici, parce que mes photos sont nazes à côté

En dehors du centre-ville, entouré de montagnes, il était parfois difficile de choisir si on était en ville ou en pleine campagne. Des gros blocs de HLM, les uns sur les autres au milieu des rizières et des montagnes, un peu comme si on était dans une banlieue du 93 et dans le trou du cul du Jura en même temps.
(Quoi y’a pas de rizières dans le Jura ?).
Comme on dormait au 10ème étage d’un des HLM, doté de grands balcons vitrés, j’ai pu admirer mon premier lever du soleil au pays du matin calme entre les montagnes qui, niaise comme je le suis, m’a mis les larmes aux yeux.
Quand on ne voit que du béton depuis 5 ans et que son propre balcon donne sur un mur à moins d’un mètre, on devient sensible à ce genre de choses que voulez-vous.

2) Pohang 포항

Le ventre à pattes me vendait sa ville comme la campagne profonde, alors que Pohang compte quand même plus de 500 000 habitants, ce qui représente le double d’une ville comme Lille ou Bordeaux… On est quand même loin d’un village de la Creuse coréenne hein.
Et puis surtout, c’est aussi une ville au bord de la mer.
Et ce qu’il y a d’heureux, c’est que comme la Corée ne redoute pas les tsunami comme son voisin, les plages bordent la ville sans retenue, les buildings et lieux de loisirs juste au bord de la mer. De nuit, c’est très animé, les jeunes coréens jouent au beach volley, font du scooter des mers et on peut même pour 20 euros monter sur un petit bateau lumineux qui fait office de boite de nuit, enchaînant les virages et accélérations sur le son de la musique.
Pour la première fois depuis des années, je me suis vraiment sentie en vacances. D’autant que contrairement au Japon, la plage de Pohang pullulait de restaurants et de cafés en terrasse, très agréable.
Le centre de Pohang est un quartier piéton très jeune où on trouve les karaokes, boîtes de nuit, salles d’arcades, magasins de chaussures et de fringues.
Je ne sais pas pour les grandes villes, mais à Pohang pour les Karaoke, pas de chaînes comme au Japon, juste des établissements tenus par des « particuliers ». Ce qui fait que le staff est nettement moins regardant sur les prix et les règles. En effet, on a payé environ 10 euros pour trois, à la base pour 1h30 de karaoke. Mais comme il y avait peu de clients ce soir-là, on nous a laissé la salle – pour le même prix ! – 3h de plus ! Plus de 4h de karaoke à moins de 4 euros par personnes, c’est donné.
Si certains quartiers de la ville sont très animés, d’autres sont en revanche encore très pauvres et figés dans le temps. Dans ces rues avec ses petits commerçants de quartiers vendant leurs produits fait maison pour une bouchée de pain aux enfants sortant de l’école, j’ai trouvé l’empire Samsung et consort bien bien loin.
Aussi, on trouve de grands marchés et une rue spécialisée dans les restaurants de poissons… qui proposent de grands bacs devant l’établissement avec les poissons encore vivants dedans ! On peut donc choisir son poisson pendant qu’il fait encore des bulles la bouche ouverte. Un peu triste pour la bête, mais pour le coup on est sûr de manger frais.

Situé à 45min du centre en bus, on est aussi fait un après-midi balade au temple Bogyungsa, situé au milieu des montagnes et de 14 chutes d’eau.
Pour tout vous dire, on a pas fait la balade en entier car elle fait plus de 10km ( ! ) et le chemin sinueux au bord de la montagne est quand même un peu sportif. On a dû faire 3-4 km (plus le retour), donc on a pu voir sept ou huit cascades sur notre chemin quand même et deux temples.
Une belle promenade pour profiter des montagnes coréennes (le pays est principalement composé de montagnes qui font la fierté des Coréens, manifestement amoureux de randonnées et de grimpettes au sommet), d’un peu d’air pur et de calme.
Ça change de Shinjuku.

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3) Gyeongju 경주

Pohang est situé à seulement 30 minutes en bus de Gyeongju, ville historique et ancienne capitale de Corée. Si on faisait une nouvelle comparaison vulgaire avec le Japon on pourrait dire que c’est le « Kyôto » de Corée, mais comme elle en était la capitale à l’époque du royaume de Silla, soit à partir de l’année 57 avant Julien Clair Jésus Christ jusqu’en 935, elle est en fait beaucoup plus ancienne.
J’ai adoré cette ville, qui est un immense musée à elle toute seule. Tout est à voir, tout est à faire. Nous sommes loin d’avoir pu tout visiter, mais rien que ce que j’ai vu et les paysages depuis le bus ou pendant les balades vendaient du rêve.
Des vieux villages, des champs de fleurs, des énormes tumulus où sont enterrés les anciens rois de Sillas… Non vraiment, de très beaux paysages et choses à voir.
Mais j’avoue que comme c’est les vacances, on s’est quand même offert une journée à l’Aqua Park de Gyeongju, avec des attractions très sympas et très wonderlandesque, ce qui m’a permis d’admirer tout plein de beaux Coréens musclés en maillot de bain (mais chut, c’est un secret).

waterpark

Parmi nos visites, nous sommes allez voir l’étang d’Anapji qui est un MUST-SEE de nuit. Non vraiment, l’éclairage nocturne rend la visite magique et vous transformera en espèce de photographe monomaniaque : chaque angle de ce jardin est une merveille. Encore une fois je regrette de ne pas avoir d’appareil photo valable et de ne pas pouvoir rendre justice à la beauté du site avec mes pauvres photos de téléphone.

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Aussi, nous sommes allés visiter quelques trésors historiques classés au patrimoine mondial de l’Unesco comme le temple de Bulguksa. D’ailleurs, il faut le mériter, car faire de la grimpette sous un soleil tapant, ça use.
J’en ai vu une sacrée tripotée des temples dans ma vie, mais celui-là était vraiment différent des autres que j’ai pu voir. Dans ses couleurs, son architecture, ses différentes cours.

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À seulement 4km, autre trésor historique, les grottes de Seokguram.

Voila pour les sites majeurs que nous avons visité. À vrai dire il y a encore plein de petites choses que j’ai envie d’aborder sur ce voyage, mais ce post deviendrait encore trop long et décousu donc je le ferai très certainement dans d’autres petits billets. Je vous prépare notamment un petit top en images des WTF que j’ai pu voir en Corée. A priori, j’aurai certainement d’autres occasions d’y retourner. Occasion cette fois de faire aussi un détour par Busan ou Séoul.

Un bien beau voyage en tous cas, j’espère vous avoir un peu donné envie d’y aller aussi.

Le Diable s’habille aussi en D.

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Après plus de deux ans de suspense insoutenable (combien m’auront googlée pour trouver les spoilers ?), voici enfin le fin mot du premier tome de ma vie à Tokyo, ou comment j’ai enfin trouvé un travail m’offrant le sésame tant rêvé : un visa travail.

Je vous préviens, ce billet est encore long (mais moins que celui du stage, vous pouvez le faire, je crois en vous) et ça a été un peu la course contre la montre pour le terminer avant de partir pour l’aéroport. Résultat, je n’ai pas bien le temps de me relire et il y aura surement plus de fautes que d‘habitude et pas toujours d’accent faute de clavier. Mais vous me pardonnerez j’en suis sûre.

Je résume le résumé pour les petits nouveaux qui me font la joie d’agrandir mes troupes à chaque post : je suis au Japon depuis janvier 2010 dans le cadre d’une formation de « business Japanese » dans une école de langue, je vais en cours chaque matin jusqu’à 12h40, deux à trois fois par semaine je fais un baito ou je répare des iPhone de 13h à 22h, et les deux à trois jours qui restent de la semaine, je fais un stage absurde digne du plus mauvais scénario de Shyamalan (oui bon le sixième sens était sympa mais souvenez-vous LE VILLAGE, raaah), de 13h à 20-21h.
Autant vous dire qu’avec des journées de 12 à 13h de cours/boulot sans compter les transports, mes semaines sont bien remplies.
Mais tout cela suffit juste à me former, me payer à bouffer voire m’acheter de la merde à Disney Store de temps en temps.
À cote de ça, il faut aussi décrocher un CDI d’ici mars pouvant sponsoriser un visa donc interdit de chômer la demi-heure de libre que j’ai tous les trois mois !
Encore une fois, je pense m’y être mal prise, mais bon ça, c’est l’histoire de ma vie.
Mon gros défaut étant toujours de vouloir faire les choses sérieusement et correctement, mais de ne pas être assez maline. Ajoutez à cela une petite pincée de malchance et vous obtenez des mois de galère.
Ma première bêtise, je crois déjà que ça a été de n’avoir pour proche aucun Français ici depuis longtemps. Au final la seule amie que j’ai eue était ici qu’en Working Holidays et est repartie des le mois d’août, et sinon il y avait Etienne que je voyais quelques fois par semaine en stage mais il ne cherchait pas non plus a rester ici. Donc autant vous dire que je n’avais aucune personne dans la même situation a qui demander conseil ou de qui m’inspirer.
J’ai commencé à « rechercher » des Français au Japon seulement à partir de mai-juin 2011 parce qu’après le 11 mars, je me sentais un peu seule et ai ressenti le besoin de parler à d’autres expatries. Je me suis inscrite sur Twitter et cherche d’autres expatrié pour voir ou ils en étaient et comment ils vivaient la situation. Et la Twittosphère est ce qu’elle est, avec son lot de Captain Obvious horripilants, d’accrochages ridicules et de blasés de la vie (dont je fais partie), mais il y a quand même un minimum d’entraide. D’ailleurs si aujourd’hui, j’ai la chance de travailler en freelance dans la traduction et autres pour arrondir mes fins de mois depuis un an et demi, c’est parce qu’on me suivait sur Twitter et sur ce blog ; sans compter toutes les fois ou des expatriés inconnus m’ont proposé de faire tourner mon cv quand j’ai eu des moments de galère par la suite. Ça n’a pas toujours abouti sur quelque chose, mais c’est toujours des possibilités supplémentaires.
Mais avant le début de l’été 2011, pendant un an et demi, je n’ai eu strictement aucun contact français. Et c’est un peu dommage, j’aurais surement mieux ciblé mes recherches ou connu d’autres façon de chercher/me faire connaitre.
Finalement j’en vois pas mal qui, quand ils arrivent ici, trouvent leur premier job ou baito via la présentation d’un ami.

Bref, je ne parle pas forcément que de Français d’ailleurs. Ce que je veux dire c’est que travailler a se créer un réseau de connaissances est très important et c’est quelque chose que je n’ai absolument pas fait alors que « j’avais le temps ».
Je suis restée dans le cercle relativement restreint de l’école et de mes quelques amis, et je pense aujourd’hui que c’était une erreur.
Donc voila, si j’avais un premier conseil a vous donner, ce serait celui-là. Bien qu’il soit somme-toute évident, on peut comme moi se laisser entraîner par la vie quotidienne et négliger ce genre de choses et c’est dommage.
Ça ne veut pas dire que vous ne trouverez que par piston ou que vous devez gratter l’amitié a n’importe qui dans un but intéressé non plus, juste que connaitre beaucoup de monde est une façon d’augmenter les possibilités.

Donc pour cette recherche d’emploi, je me suis essentiellement laissée guider par les professeurs de mon école, qui bien qu’ils aient eu de très bons conseils, m’ont donné des conseils très japonais.
C’est-à-dire pas de candidatures spontanées et autres recherches d’annonces, mais la façon de chercher des 新卒 (shin-sotsu), soit les nouveaux diplômés.

En effet, au Japon, il existe un recrutement spécialisé de nouveaux diplômés. Chaque entreprise propose chaque année selon ses besoins un nombre de postes à pouvoir pour des jeunes diplômés sans expérience, et organise une fois par an un recrutement spécial pour cette nouvelle chair fraîche. Un système qui a ses bons et ses mauvais côtés.
Le principal bon côté étant que généralement, le nouveau diplômé japonais lambda ne connait pas le chômage. Il termine ses études début mars, il a trois semaines à un mois de vacances ou il va à l’étranger avec ses amis prendre des photos de sa bouffe ou de lui-même faisant le V de la victoire devant un monument. Puis une fois qu’il a profite une dernière fois de sa vie, il entre directement dans le monde de l’entreprise où il en chiera – ou dormira- jusqu’à ce qu’il soit assez pourvu de cheveux blancs et de rides pour avoir le droit d’avoir de nouveau une vie et remonter dans un bus touristique pour prendre des photos de la tour Eiffel.
Mais dans les mauvais côtés, on peut notamment citer le fait que les universités japonaises étant cotées, le Japonais lambda pense en général que sortir diplômé d’une université réputée suffira à lui faire trouver un bon travail. Donc ils se mettent une pression de fou furieux la dernière année du lycée pour réussir à passer les examens des bonnes universités et après ils ne glandent pas grand chose. À part un absentéisme conséquent ou un abus total, les Japonais ont peu de chance de se voir refuser leurs années de facs et comme dormir en cours est autorise… En gros, ça branle pas grand chose pendant les heures de classe (ne vous demandez plus pourquoi mon année d’échange universitaire a Osaka était si cool).
Et déjà qu’ils se tuaient pas trop à la tâche en première et deuxième année pour se reposer du stress de leur dernière année de lycée, dès la troisième année ils doivent commencer à faire les démarches de nouveaux diplômés pour trouver l’entreprise qui les emploiera a la fin de leurs quatre années de fac. Et comme ne pas trouver, c’est un peu la honte, de nouveau, ils se mettent la pression et se concentrent bien plus sur leurs séminaires et leurs entretiens que sur les cours à la fac. Et franchement, je me demande parfois s’ils sortent de l’université en ayant appris quelque chose de concret, ce que je trouve assez fantastique quand on sait qu’ils peuvent payer jusqu’à plus de 10 000 euros l’année pour leur éducation.
Ce qui explique peut-être pourquoi on m’a sorti il y a encore pas longtemps que le Brésil était en Afrique…

Le « shushoku-katsudo » (就職活動)

La période de recherche d’emploi des nouveaux diplômés s’appelle « shushoku-katsudo », parfois raccourci en « shukkatsu », parce que les Japonais aiment bien raccourcir leurs mots un peu trop long pour nous regarder chercher désespérément dans le dictionnaire, en vain.

Elle commence généralement un an et demi avant la fin des études c’est pourquoi en m’y prenant au mois de juillet et août pour avril 2011 j’étais largement en retard. Et cela pose problème dans le sens ou la plupart des entreprises a terminé le recrutement des nouveaux diplômés et ferme les candidatures. Pour postuler en dehors des « shin-sotsu », il faut avoir déjà une expérience en tant qu’employé dans le monde du travail.

Avant de vous y mettre, vous aurez besoin de votre cosplay de futur diplômé obligatoire : sac a main ou mallette noire, chaussures noires, costume noir sur chemise blanche.

Pas de coloration, pas de bijoux ou sac fantaisie, évidemment pas de tatouage visible, pas de maquillage a outrance.

Le but étant je crois de créer un groupe de clone sans âme et sans personnalité. Plus vous serez indissociable de votre voisin et mieux ce sera.

Je me souviens en 2011 d’une affiche pour un site destines à la recherche d’emploi pour les diplômés de 2013 qui avait fait polémique.

 

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Avouez que tous ces jeunes gens dans la rue, le regard vitreux, les bras tendus en avant avec la démarche traînante feraient une bonne armée de zombies pour un film d’horreur.

Il y a trois principales façons de postuler :

1) En allant directement sur le site de l’entreprise qui vous intéresse.
Vous rêvez de travailler pour Sony, Nintendo ou Géant Vert parce que vous êtes fan de légumes surgelés depuis toujours ? Tout est possible. 
Il suffit de surveiller le site de la dite entreprise de vos rêves et une fois que le bouton « 新卒20XX »(année de l’obtention de votre diplôme), vous cliquez et vous postulez.

Si le bouton « shin-sotsu » annonce l’année suivante, c’est que vous arrivez après la bataille et que vous pouvez vous fourrer votre rêve de vendre des haricots surgelés la ou je pense. Si le bouton annonce l’année précédente a votre année de diplôme alors c’est qu’ils n’ont pas encore commence le recrutement de votre année et qu’il vous reste encore un peu de répit. Une fois que le bouton est en ligne, vous devrez remplir la fameuse « entry shit » (エントリーシート)avec votre profil, votre parcours en bref, voire quelques question de personnalité.

Ensuite, vous attendez qu’on vous contacte, généralement on vous invitera à participer a la réunion de présentation de l’entreprise (説明会 setsumei-kai), muni de votre cv (écrit a la main), ou s’ensuivra un premier entretien presque surprise.

Si vous passez cette étape alors vous serez convoque à l’entretien suivant. Notez que si une entreprise standard compte environ 3 entretiens, plus l’entreprise est grande et célèbre et plus le nombre d’entretien à passer est important. Pour des grosses entreprises comme Panasonic et consort, ça peut aller jusqu’à 7 ou 8.

Paie ta déception quand tu te fais remballer avec le sourire au 7ème entretien.

Voila pourquoi on s’y prend un an et demi à l’avance…

2) En passant par des sites spécialisés de « shushoku-katsudo ».

Ce sont des sites spécialisés dans la recherche d’emploi pour les jeunes diplômes et répertorient toutes les entreprises qui sont en plein recrutement. Comme le recrutement de chaque promo dure plus d’un an, ils se chevauchent, donc ces sites existent bien souvent en plusieurs versions selon les années.

Mettons que vous vous inscrivez a jobdemerdeaujapon.com, évitez de faire vos boulets en vous inscrivant a la version 2014 du site si vous serez diplômés en 2015.

Donc toujours bien vérifier l’année de « shin-sotsu » indiquée avant de postuler quelque part : candidater pour les nouveaux diplômés de 2015 alors que vous le serez en 2014 pourrait provoquer un discontinuum espace-temps entraînant la mort de nombreux Japonais torturés par la souffrance intolérable qu’est le non-suivi à la lettre de leurs règles. Ou bien vous faire passer à côté du job de vos rêves et d’une carrière de foufou d’agrafeuse de dossiers chez Toshiba.

Avouez que ce serait dommage.

Ce genre de sites ont de pratique que l’on rempli une fois une « entry shit » type a l’inscription, et qu’après il suffit de rechercher les entreprises qui nous intéressent et seulement cliquer sur « postuler » quand le cœur nous en dit.

Après, même système qu’en postulant directement sur le site d’une entreprise, on attend le mail de convocation a la réunion de présentation et la série d’entretiens qui s’en suit.

3) Aller a des forums de rencontres entre étudiants et entreprise.

Ce sont des gros événements, souvent sur plusieurs jours, ou des centaines (milliers ?) de clones se rendent dans des salles louées pour l’occasion ou s’étendent à perte de vue des stands d’entreprises. Vu d’ensemble, ça donne à peu près ça :

 shushokukatsudo 

Les entreprises présentent en boucle leur activité et prennent le temps de discuter avec les candidats potentiels, prendre leur CV ou organiser un mini entretien.

A cette occasion le CV écrit a l’ordinateur n’est pas trop mal vu dans la mesure où ils savent qu’on risque d’en distribuer a la douzaine dans la journée, mais se démarquer avec des CV écrits a la main peut être un plus.

Ensuite, encore une fois, on attend d’être contacte par l’entreprise. L’avantage de ces forums étant, bien entendu, d’avoir l’occasion de rencontrer le personnel de l’entreprise et de leur parler personnellement avant même de postuler.

Voila, vous êtes maintenant incollable sur le shushoku, et ça vous fait bien entendu une belle jambe.

Mais peut-être pourrez-vous un jour briller en société en étalant votre culture grâce à moi.

 Mes galères

Il existe ce genre de forum pour tous les étudiants étrangers au Japon, pas autant que pour les Japonais, mais sur Tokyo il y en avait bien un par mois au moins. J’étais abonnée aux listes de diffusions qui me prévenaient à l’ avance de quand auraient lieu les prochains. Il existe quelques variantes des sites de recherches, mais je dois avouer que pour ces derniers, ils n’étaient pas forcement bien mis à jour.

Enfin, pour ce qui est de candidater directement via le site des entreprises, comme je vous l’ai dit, je m’y suis prise « seulement » neuf mois à l’avance et c’était trop tard, les trois-quarts des sites annonçaient que le recrutement était fermé.

Les étudiants asiatiques au Japon étant très nombreux, ils procèdent généralement à la manière japonaise avec les services de shushoku destinés aux étrangers. Et comme dans mon école de japonais il y avait 99% d’Asiatiques (je devais être le pour-cent restant), c’est tout naturellement que mes professeurs m’ont conseillée de procéder de la sorte.

Ce qui fut à la fois une bonne et une mauvaise chose.

Une mauvaise dans le sens ou évidemment la plupart des entreprises proposées s’adressaient à des Chinois ou des Coréens, donc que je faisais un peu tache au milieu.

Une bonne parce qu’il y avait extrêmement peu d’occidentaux, et pour peu qu’une entreprise cherche des Européens, ma présence faisait toujours mouche.

J’ai eu plusieurs occasions, mais je n’en retiendrai que deux pour ce billet qui s’annonce encore immense.

La première, pour une entreprise de recyclage de cartouche d’imprimante. (Je vous sens passionnés par l’intitulé)

Bon, ok, ça n’a pas l’air bien passionnant comme ça, mais le côté recyclage, éco, tout ça, ça parlait bien à mon profil d’écolo qui s’ignore. L’entreprise allait s’implanter en France l’année suivante et me trouver sur leur chemin dans ce forum fourmillant de Chinois leur semblait providentiel, ils avaient besoin de quelqu’un pour les aider à lancer leur filiale. Je passe un premier entretien, tout se passe bien. On m’appelle pour un deuxième, tout se passe bien. On m’appelle pour un dernier, au siège social, situé à 250 bornes de Tokyo, au milieu des rizières et des montagnes. On me précise qu’aucun transport ne va jusque là-bas et que je devrais prendre le taxi pour faire les 15-20 minutes en voiture qui séparent l’entreprise de la gare la plus proche (tout cela à mes frais bien sûr). On en profite aussi pour me dire qu’on me montrera les résidences de l’entreprise, où j’habiterai une fois la procédure d’embauche terminée.

Hein ?

En effet, la première année, je devrais quitter Tokyo pour aller vivre sur le lieu de l’usine, dans une résidence de fonction. À partir de la deuxième année, soit je resterais sur place, soit on m’enverrait dans sur un autre de leur site… mais sans savoir lequel. Ça pouvait être Tokyo, comme Osaka, comme Sapporo.

Tout de suite, ça sonne vachement moins fun quand même le recyclage de cartouches d’imprimante… Déjà qu’à la base ça ne me donnait pas spécialement de palpitations… Je viens de passer un an à construire une vie sur Tokyo, même si financièrement ça pouvait s’avérer intéressant, je n’avais pas envie de finir dans le dortoir d’une usine dans le trou du cul du Japon, surtout pour ne pas savoir où j’allais terminer ensuite. Alors bêtise ou non, j’ai préféré retirer ma candidature.

Notez toutefois que le recrutement en shin-sotsu n’embauche que des étudiants sans expériences. L’entreprise s’engage donc à former ses nouvelles recrues la première année et devoir partir six mois à un an en « étude » dans une autre ville n’est absolument pas rare. Ce n’est pas parce que vous postulez sur Tokyo que vous resterez sur Tokyo. Si l’entreprise mère est sur Fukuoka, vous avez toutes vos chances de devoir aller vous installer là-bas pour quelques mois pour votre formation. Alors je cherche peut-être des excuses, mais je trouve que ce genre d’aller-retour dans tout le pays sont quand même plus faciles à gérer pour un Japonais que pour un étranger.

Aussi, renseignez vous bien avant de postuler quelque part, si la boîte possède plusieurs bureaux dans le pays, vous n’êtes pas du tout sûr de finir dans la ville que vous vouliez.

Au même titre, même si vous pouvez exprimer vos désirs et être exaucé, ce sont eux qui décident dans quel service ils vont vous mettre. J’avais aussi passé des entretiens avec la grande entreprise Suntory. Eux, non seulement on ne choisissait ni la ville ni le service, mais en plus les étrangers ne se voyaient pas forcément placés aux services internationaux (pour que le Japonais qui parle anglais comme une vache espagnole puisse trembler à chaque nouvel e-mail langue de Shakespeare pendant que toi, tu pleures devant tes rapports de 30 pages à écrire en Japonais), et cerise sur le gâteau, ils nous ont dits qu’ils prévoyaient de nous faire changer de service tous les deux ans, pour que l’on soit polyvalent.

Ça peut avoir un aspect attractif et je suis pour la polyvalence (mon statut dans mon entreprise actuelle est même assez confus tant je fais de choses) mais… changer de job indéfiniment fait aussi de vous un éternel débutant qui a tout à apprendre de ses collègues Japonais, non ? Enfin je ne sais pas, ce système ne m’a pas bien convaincue non plus.

Donc voilà, j’ai fait ma princesse et finit par refuser les cartouches recyclables. Snif, je suis sure que vous raconter mes journées vous aurait transporté.

La deuxième expérience que je vais mentionner est une autre entreprise qui travaillait dans le milieu otaku. Ils publiaient des mangas et organisaient des événements de fans dans tout le Japon et un peu en Europe dont principalement en France. Je me souviens que j’étais particulièrement dépitée ce jour-là, car le public ciblé était essentiellement chinois, et les autres, on tournait un peu en rond comme des âmes en peine au milieu des stands.

Je lisais le catalogue des entreprises présentes en cherchant désespérément « anglais » ou – grande rêveuse – « français » dans les compétences demandées et Oh ! Miracle ! Je trouve cette entreprise avec marqué « Français natif » demandé. Je suis sans aucun doute la seule française de tout ce bourbier en costume noir à chemise blanche, j’ai donc le cœur qui bat à cent à l’heure. Sur le prospectus de l’entreprise joint au catalogue, il y a les personnages de leurs mangas devant une Tour Eiffel. Notre symbole national me fait chaud au cœur, je n’ai peut-être pas perdu ma journée.

Et manifestement… Je n’étais pas la seule à me demander si je n’avais pas perdu ma journée dans ce piège à Chinois, car le personnel de l’entreprise semble s’emmerder sévère sur leur stand. Ils avaient très certainement aussi peu d’espoir de trouver un Français ici que moi de trouver quelqu’un qui en recrute.

Et là c’est la rencontre du destin. Nous nous regardons, d’abord surpris, puis avec amour. Un halo de lumière nous enveloppe, une musique romantique flotte dans l’air… nous nous sommes trouvés.

La rencontre du destin. Mon cv est accueilli comme le Graal, le président de l’entreprise (c’est rare que le patron lui-même se déplace pour les forums) me prend en entretien direct.

Cela fait bien 6 ou 7 ans que je ne lis plus de manga, mais je ne suis pas réfractaire pour autant. J’ai conscience que ce job consisterait à être en contact permanent avec des otaku que ce soit Japonais ou étrangers (et les deux sont flippant), mais ça ne me rebute pas spécialement. Je m’en pense capable… Je suis forte. Surtout que le contenu du job me parle complètement.

Il suffisait juste de faire vivre la version française de leur site, le corriger, en faire les bannières, faire vivre les communautés de fans et organiser les événements en France. Pour ça, deux à trois retours en France par an aux frais de la Princesse notamment pour la Japan Expo et le Mang’Azur. Des événements que je n’apprécie pas forcément, mais si ça peut me donner l’occasion de rentrer chez moi plusieurs fois par an, franchement je prends. En plus, ça a une petite touche d’événementiel, soit exactement ce que je voulais faire.

Ce premier entretien se passe donc très bien et je suis vite conviée pour les suivants qui se passent tout aussi bien. Je passe leurs tests de personnalité et questionnaires, je repasse une dernière fois devant tout le monde. On commence à me demander quand je pourrais commencer, si c’était possible avant mars 2011 ou si je devais vraiment finir l’école. Bref, tout semble aller comme sur des roulettes, je suis au top de ma vie. Je pense avoir trouvé cinq mois avant l’expiration de mon visa, j’ai tout mon temps pour profiter de l’école et ne plus me prendre la tête entre le baito et mon stage débile. Même s’il y a peu de suspense pour l’issue de ces entretiens, on me dit qu’on me contactera sous quinze jours pour me donner une réponse définitive, fixer le salaire et signer. Je rentre le cœur en fête et dépose une caméra de sécurité donnant sur les allées et venues du facteur.

Un jour, deux jours, une semaine, dix jours, quinze jours… Rien. Chaque soir en rentrant, je fouille les prospectus et courriers reçus, chaque soir que nenni. Ils ont pris un service français pour l’envoyer ou quoi ?

Je ne sais pas trop quoi faire, donc dans le doute, j’attends quelques jours de plus. Rien.

Je leur téléphone donc et explique le problème. Au fur et à mesure que j’explique la situation, la personne au bout du fil me parait nerveuse, je la sens chercher, patouiller sur son bureau pour m’annoncer finalement « Mais vous avez été prise. Nous vous avons envoyé un courrier juste après votre entretien pour vous convoquer afin de fixer votre salaire et signer, mais vous n’avez jamais répondu et n’êtes jamais venue. Nous avons donc classé votre candidature et pris quelqu’un d’autre ».

QUOI ??????????????

Je suis soufflée. Je n’ai jamais rien reçu ! Et vu mon côté obsessionnel, je sais qu’il n’y a aucune erreur possible, j’ai disséqué ma boîte aux lettres tous les soirs plus que minutieusement et ils avaient ma bonne adresse puisque j’avais reçu les courriers précédents.

Et m’annoncer comme si c’était rien que du coup, ils m’ont jetée sans même essayer de me téléphoner pour vérifier, qu’ils ont pris quelqu’un d’autre alors qu’ils n’avaient personne d’autre sous la main, que… que que !! MORUE !!!

Je n’abandonne pas, je ne peux quand même pas laisser ce job filer pour une raison aussi stupide ! Elle me dit qu’elle ne peut rien faire, qu’elle va contacter la personne chargée du recrutement et que cette dernière me recontactera pour parler avec moi. Je dis d’accord et raccroche. J’attends. La soirée, le lendemain, le surlendemain. Aucun coup de fil.

Je laisse passer le week-end puis rappelle. Je demande directement à parler à la personne concernée sans préciser l’objet de mon appel et là… la personne chargée du recrutement me dit qu’on ne lui a jamais passé le message ! Qu’elle ne savait pas du tout que j’avais appelé et que je n’avais jamais reçu le courrier. Franchement, je ne comprends plus rien.

La petite dame est bien gentille, mais bon il s’est passé un mois depuis mon dernier entretien et la fin du recrutement, et oui, ils ont bien fini par embaucher un repêché de dernière minute. Le petit chanceux qui profite de ma propre malchance… Les quotas de shin-sotsu sont remplis et bon en gros, allez-vous faire foutre ma brave dame. Bien bien …

Quand j’en ai parlé, mon professeur principal a soupçonné la secrétaire chargée d’envoyer les courriers d’avoir fait une bourde. Il est très rare que la poste japonaise se trompe, ils ne m’ont jamais téléphoné ni rien pour savoir pourquoi j’avais disparu et elle n’a jamais transmis le message à la personne chargée du recrutement. C’est possible… Quoiqu’il en soit, je l’avais dans l’os et perdu trois mois d’histoire.

Conclusion : Même les rencontres du destin peuvent se terminer en eau de boudin. (règle applicable à mes chapitres sur la drague de l’homme japonais).

Evidemment je n’ai pas été assez bête pour ne chercher qu’à la japonaise. Je me suis aussi inscrite sur les sections emplois de la chambre de commerce française à Tokyo et autres, répondu à des annonces trouvées sur les sites destinés aux étrangers, et contacté quelques entreprises dont le recrutement des shin-sotsu était en retard et pas encore terminé.

Dans ce dernier cas, on m’a quand même souvent fait venir en entretien pour rien. On me fait venir pour me dire à la fin qu’ils n’ont pas besoin de francophone et cherchent un nord-américain, mais n’avaient jamais eu de Français dans leurs candidatures donc avaient été curieux de me voir en entretien…

Je t’en foutrais de la curiosité moi.

Il y a eu aussi les entreprises qui me font passer les entretiens, me demandent de rester au Japon pendant les fêtes de fin d’année parce qu’ils auraient éventuellement besoin de moi, puis finalement après m’avoir laissé sans nouvelles pendant les dites fêtes, m’annoncent que finalement ils ont trouvé un homme, qui serait plus approprié qu’une femme pour ce genre de travail (en quoi la traduction est-elle préférable pour un HOMME ?????).

Bref… Autant d’entreprises bidons dont je pourrais être soulagée d’être épargnée… mais qui me font enchaîner fausses joies et perte de temps. Et puis évidemment les échecs standards soit parce que je ne corresponds pas au profil recherché, soit parce qu’il y a meilleur que moi, soit parce que je n’ai pas convaincu. Sans parler des petites entreprises, souvent promptes a engager des étrangers en espérant se lancer sur le marché international, mais qui parfois, mal renseignées sur les procédures, restent assez frileuses sur le sujet du visa et vous laissent tomber comme une chaussette de Gilles quand vous leur annoncez que le vôtre expire bientôt.

Les mois passent, et je désespère.

3)  D.

On est en janvier, cela fait des mois que je bosse 14h par jour et enchaîne les week-ends sur des forums, séminaires et écriture de CV et rédactions pour candidature, je suis tellement stressée que je ne dors pas plus de trois heures par nuit, j’ai chopé la grippe qui m’a mise out pendant tout le break de fin d’année que j’ai passé mourante dans mon lit (tout hôpital fermé…), j’ai une tête de déterrée… C’est d’ailleurs le moment que choisi l’Asahi TV pour m’interviewer dans un énième forum, à peu près tous les gens que je connaissais ont eu l’occasion d’admirer ma tronche de cadavre au petit-déjeuner, on m’en parlait encore trois mois plus tard. Super.

Le recrutement des shin-sotsu est pour ainsi dire terminé, je ne trouve pas de petites annonces pouvant correspondre… Je suis au bout du rouleau. Mon visa expire dans deux mois et à part PQFlex et son grand n’importe quoi, je n’ai absolument aucune ouverture nulle part.

Est-ce que j’ai un mauvais profil ou c’est juste une succession de mauvais timings ?

Je perds confiance. On me dit que comme l’année scolaire/fiscale commence en avril, les départs en mars sont fréquents et donc les démissions nombreuses en février qui est une bonne période pour postuler. Je décide donc de puiser dans mes dernières ressources jusqu’à la fin du mois de février, mais que si d’ici là je n’ai toujours rien, alors je rends les armes et rentre la queue entre les jambes en France en grande perdante… J’aurai fait un prêt conséquent pour payer mes 15 mois d’école et investit toute mon énergie, pour rien.

L’idée est intolérable donc je continue à chercher. Je trouve un nouveau job pour un établissement franco-japonais qui m’irait parfaitement… mais ils sont frileux pour la sponsorisation du visa. Ils préfèrent me faire travailler en baito six mois comme période d’essai pour être sûrs que je conviens et enchaîner sur un vrai contrat. Mon visa expire bien avant, ce n’est pas possible : je suis remerciée et on est déjà au mois de février.

Je commence à me dire que c’est mort. Chaque candidature prend du temps entre les réponses des entreprises, les réponses d’après-entretiens voire deuxième entretien. Je déprime complètement.

Une amie décide de me changer les idées et d’organiser un petit repas entre filles et me présenter d’autres personnes. Étant donné que je viens de passer les huit derniers mois sans amis et sans trop sortir, j’accepte, je suis mentalement un peu au bout. Lors de cette soirée, elle me présente une de ses vieilles amies qui rentre de New York, qui est maquilleuse professionnelle. Elle maquille les artistes et les modèles avant un show ou une séance photo. Elle me dit qu’elle a déjà maquillé miyavi et me raconte un peu son métier et les anecdotes du monde du spectacle. Elle est impressionnante et passionnante. Elle me demande ce que je fais dans la vie et je lui annonce que je m’apprête à être renvoyée chez moi en charter, faute d’être capable de trouver un travail. Je lui raconte en gros ma longue série d’échec dans la recherche d’un travail, que mon seul espoir réside dans une entreprise pas très sérieuse où je fais mon stage, mais que je ne leur fais pas bien confiance.

Et là, elle m’annonce qu’avant de travailler à son compte en tant que make-up artist, elle travaillait en tant qu’employée chez D. ; une célèbre et prestigieuse marque française. Comme ça parle d’expérience au boulot, je m’abstiens d’écrire le nom de la marque, mais je ne m’échine pas non plus à trouver un surnom avec un jeu de mot bidon puisque si vous avez lu un minimum l’actualité en début 2011, vous saurez directement où c’était, donc bon.

Bref, elle me dit qu’elle n’y travaille plus, mais qu’elle y a travaillé plusieurs années comme maquilleuse avant chaque défilé de mode et autre événement de la marque, donc qu’elle était très souvent en relations avec le service des Relations Publiques de l’entreprise. La manager du service était relativement influente, avait besoin d’une francophone et surtout d’une personne supplémentaire, car elles n’étaient que quatre femmes pour couvrir tous les événements et relations médias sur tout le Japon. Comme elle n’y travaille plus elle ne peut pas me présenter elle-même, mais qu’elle peut me donner le mail de la manager pour que je lui envoie mon CV de sa part et tente une candidature spontanée. Elle me parle longuement de l’entreprise et du service, me vend du rêve toute la soirée à coup de paillettes et mascara (je suis faible).

Entrer dans une aussi grande entreprise quand je viens de me faire refouler par tout le Japon pendant 8 mois me parait un peu inespéré, mais je ne jette pas cette petite opportunité. Je récris un CV exprès, une lettre de motivation en japonais ainsi qu’un mail de présentation et envoie.

Deux jours plus tard, je reçois une réponse me disant qu’elle avait trouvé mon profil très intéressant et souhaite me rencontrer pour un entretien.

… !

Le mail précise qu’elle est très occupée à cause de la sortie imminente d’une nouvelle gamme de maquillage donc qu’elle ne peut pas me recevoir dans la journée, mais qu’elle peut me recevoir pendant sa pause déjeuner entre 12h et 13h ! Je suis flattée qu’elle m’accorde sa pause et m’empresse de confirmer.

Elle me donne rendez-vous quelques jours plus tard à midi devant la gare la plus proche de D. Comme c’est un entretien hors du cursus « shin-sotsu » qui plus est pour un job dans le monde de la mode, on me dit de ne pas y aller en costume de clone, mais d’acheter un costume élégant. Je vais donc me ruiner dans un beau costume gris clair pour l’occasion et suis à 12h tapantes devant la sortie de la gare.

Sans l’avoir jamais vu, j’aurais pu la reconnaître à dix kilomètres, de dos, la nuit et dans le brouillard. Avec son tailleur de marque blanc, son bronzage aux UV, son maquillage parfait, son sac à main qui coûte les deux bras et les deux jambes et son petit chapeau, elle sortait tout droit de l’Upper East Side. Peut-être était-elle la vraie mère d’Olivia Waldorf. Tiens, ben bonne idée, on va l’appeler Mme Waldorf, tant qu’à faire.

Je suis tendue comme un string coincé dans les fesses de Beyoncé, mais j’essaie de me montrer souriante. Elle me salue et me propose de faire l’entretien dans un restaurant, qu’il existe justement une brasserie française excellente dans le quartier. Oui, si tu veux, ça change des stands en carton des forums.

On discute de tout et de rien sur le chemin, elle semble gentille mais je sens la femme d’affaires qui gît sous les apparences. On arrive au restaurant, on s’installe et elle me dit « Alors, où travaillez-vous en ce moment ? ».

Bon, la question me prend un peu au dépourvu puisque tout était écrit dans mon CV, mais je réponds docilement en utilisant des mots pompeux et intelligents pour décrire mes tâches débiles de stagiaire à PQFlex.

« Mais… Vous êtes en stage ?

– Oui, le reste du temps je suis à l’école où je termine ma formation dans un mois et je fais un baito pour les frais de la vie quotidienne.

– Vous êtes étudiante ?

– Oui.

– Mais vous avez travaillé en France ?

– J’étais étudiante aussi, j’ai terminé mon master puis suis revenue étudier ici.

Déjà que je me sens flouée qu’elle m’ait convoquée alors qu’elle n’avait même pas lu mon CV, elle me donne le coup de grâce : « Mais il m’est impossible d’embaucher quelqu’un qui n’a aucune expérience en dehors des shin-sotsu et le recrutement pour 2011 est terminé, nous avons notre quota, tout est bouclé. Je suis désolée, mais si vous n’avez jamais travaillé, je ne peux rien faire pour vous, c’est sûr ».

Et voilà… l’entretien se termine avant même d’avoir commencé. Dans ma tête, c’est le blanc total. Et Mme Waldorf me sourit à pleine bouche avant de croquer dans son pain frais sans même s’imaginer une seule seconde qu’elle vient de briser ce que je pensais être mon ultime espoir et que le sol est en train de se dérober sous mes pieds pour m’entraîner dans un monde Infernal de sans-papiers.

Non, Mme Waldorf a faim, Mme Waldorf a envie de me parler de ses voyages en France, des beaux musées et du jardin des Tuileries. Evidemment, je respecte notre patrimoine, mais là tout de suite, les histoires d’une pelouse à 10 000km, je m’en fous. Mais j’écoute poliment, j’acquiesce et j’essaie de remplir le vide intersidéral dans ma tête qui vient d’effacer deux semaines de préparation à cet entretien pour D. Elle me raconte aussi qu’ils ont souvent besoin de parler avec la maison mère de l’entreprise pour adapter leurs événements à ceux qui ont lieu en avant-première à Paris, mais qu’après toutes ces années de carrière, elle ne parle toujours pas français. Elle me demande si je pourrais de temps à autres passer en fin de journée lui donner quelques cours.

Mme Waldorf ne manque certainement pas d’air. Mais je suis fatiguée de tout ça, de tous ces mois perdus. Ceci n’est pas un entretien et ne l’a jamais été, je suis juste une distraction de la pause de midi. Alors comme je suis fatiguée, que de toute façon je suis là et qu’on en est qu’à l’entrée, je décide de jouer le jeu tant apprécié des Japonais des faux-semblants et lui répond avec plaisir que je viendrais perdre mon peu de temps libre pour lui enseigner gracieusement comment dire « Bonjour », « Au revoir » et « Combien coûte ce sac s’il-vous-plaît ? ».

Et puis sous ses airs de femme sans problème qui se soucie absolument pas de ceux des autres, elle reste sympathique et agréable. Je décide donc de mettre ma déception de côté et prendre ce restaurant comme une simple sortie avec quelqu’un dont je fais la connaissance. Je lui parle comme à une amie de moi, de ce que j’aime, de mes envies. Elle me demande pourquoi j’ai postulé chez D. Je lui réponds en toute sincérité que c’est suite à une conversation. Je suis un minimum féminine, j’aime le maquillage et les parfums, travailler pour une marque aussi prestigieuse donne évidemment envie. Donc c’est une perche qui ne se refuse pas, d’autant plus quand on est aussi pressé par le temps pour trouver un travail. Après foutu pour foutu, je lui avoue franchement que je ne suis pas non plus une fashion addict, que je connaissais peu les produits avant d’avoir préparé l’entretien, que je n’achète jamais de marques et que la seule fois où j’ai acheté un produit D. c’était pour un cadeau de Noël pour ma maman. Donc que si l’idée était alléchante et l’expérience intéressante, travailler pour D. n’était pas le rêve de ma vie. Que moi j’avais toujours voulu travailler dans l’événementiel, le monde de la musique, l’organisation de concert, la promo d’artistes tout ça. Que je l’ai déjà fait en tant qu’amateur en France et à Osaka et que c’était ce qui me faisait rêver. Après j’ai évidemment postulé au Japon aux boites que j’ai trouvé, mais ça n’a rien donné.

Elle m’écoute attentivement puis me dis « Tu sais on a un événement à la fin de ce mois pour la présentation de notre nouvelle gamme de produits. Ce n’est pas dans le monde de la musique, mais c’est la préparation d’un événement, c’est une partie de l’événementiel. On est un peu surmenées dernièrement et on n’aura surement jamais terminé les préparations à temps. Si j’ai besoin de toi tu accepterais en tant que baito de venir nous dépanner une journée ou deux ? ».

On vient dans l’espoir d’un CDI et un visa et on repart avec un intérim d’une journée… Evidemment, je suis déçue car je commence à comprendre que c’est soit PQFlex soit le retour en France, mais j’accepte avec plaisir. Pour l’expérience, par curiosité de voir d’autres murs que ceux de PQFlex, pour avoir un blog inutilement long de plus à écrire.

Elle me convoque donc une première journée dans la même semaine. Non-contente de faire un pied de nez à PQFlex pour être payée plus du double ailleurs de l’heure, je me rends chez D. le cœur vaillant juste après les cours.

Et là, j’ai passé huit heures d’enfer.

Oh, j’ai bien été reçue, là n’est pas le problème. J’avais même un petit bureau de fortune au milieu du petit service des relations publiques, a cote de Mme Waldorf et ses sous fifres. Mais évidemment, avec un petit job d’intérim comme ca il ne fallait pas s’attendre a des taches autres qu’ingrates ou fastidieuses. Pour ma part ce fut le deuxième cas de figure. Il s’agissait de préparer les coordonnes de plus de 400 contacts pour que D. puisse envoyer les invitations à leur prochain événement présentant leur nouvelle gamme de produit. La majorité des invites étant des journalistes, j’avais un fichier excel avec des centaines et des centaines de noms, le nom du magazine ou ils travaillaient et ensuite les colonnes « service », « adresse », « numéro de téléphone », « email » etc. a remplir.

Et pour retrouver les coordonnées de tous ces braves gens, des tiroirs et des tiroirs de cartes de visites accumulées pendant des années lors de rencontres entre les employés de D. et les médias. Les cartes de visites s’entassaient par piles dans les tiroirs de divers bureaux, évidemment sans aucune logique de tri ou de rangement. Un bourbier de cartes. En notant que dans ces cartes, il y avait aussi de nombreux doublons, des cartes dont je n’avais pas besoin et au contraire des cartes manquantes. Je commence ligne par ligne mais a chaque nouveau nom dans la liste, je dois fouiller ces centaines de cartes une par une et perds un temps fou, je n’aurai jamais les 400 coordonnées retrouvées et tapées dans le fichier d’ici la fin de la journée. Je trouve quand même fantastique qu’ils aient surement religieusement des invitations a envoyer avec tous les événements qu’ils font dans l’année et n’ont pas ete fichu une seule fois de créer un répertoire ou ranger leurs cartes. Je sais que je n’arriverai jamais a tout finir et décide donc de laisser de côté le fichier excel pour l’instant et passe deux-trois heures à ranger les centaines de cartes. Par magazine : une pile Vogue, une pile Grazia, une pile Dorothée Magazine (…). Puis par service.

C’est déjà le milieu de la journée quand j’ai enfin tout trié leur fatra, et je dois avoir trois pauvres noms remplis dans mon fichier excel, il est temps de m’activer.

Mme Waldorf en profite pour aller au restaurant avec sous-fifre 1, 2 et 3 et me laisse toute seule dans le service. Et la, je carbure. Je fais les magazines et les services un par un et rempli toutes les coordonnées, sauf qu’encore une fois c’est un vrai travail de Peneloppe. Les joies des noms propres japonais étant ce qu’elles sont, je ne sais pas toujours comment lire les adresses et n’arrivent pas a taper certaines d’entre elles… Je dois aller chercher sur le net le code postal correspondant pour retrouver l’adresse. Bref, s’il y avait eu un 13eme travail d’Hercules, je pense que cela aurait ete de trouver les 400 coordonnées des invités de la prochaine party de D.

Notons que pendant mon supplice, je me suis accorde un petit détour par les toilettes. Et si j’avais remarqué que chaque employée de D. possédait toute la gamme de parfum sur son bureau et n’avait qu’a choisir lequel mettre pour aller faire sa photocopie à côté de Jean-Ryô de la compta, c’était de même pour les toilettes. En effet, pas de désodorisant et autre spray pour couvrir vos excès de chilli con carne et les problèmes intestinaux qui s’en suivent, mais les plus grandes fragrances de la marque. Ainsi, mesdames de D. couvrent l’odeur de leurs étrons avec un parfum hors de prix pour lequel vous cassez la tirelire a Noel.

A se demander si elles se parfument avec du Briz fraîcheur lavande en compensation.

 

Bref, je passe 8h d’affilée sans pauses sur ce pauvre fichier, et le boucle enfin. Il me manque une dizaine de nom faute de cartes et d’échange d’email mais le reste est niquel. Mme Waldorf semble contente, sa liste est prête et son bordel de carte est trie avec intercalaires et tout le bordel. Elle signe mon papier de travail pour valider ma journée et que D. me paye, et passe 21h, je rentre chez moi.

Je me couche en ayant les kanji de noms propres qui flottent sous les paupières.

Puis je n’ai plus de nouvelles pendant au moins deux semaines. Je me dis que c’était juste un petit épisode de ma vie, je l’ai depannee et voila. A ce moment la PQFlex ne s’est toujours pas décidé a me faire signer quoi que ce soit malgré que ça ait l’air d’avancer et ils n’ont toujours rien fait pour une demande de visa alors que le mien expire dans quatre semaines. Je m’apprête a faire mes cartons et rentrer en bonne perdante au bercail familiale. Ou de me faire seppuku au grand carrefour de Shibuya pour laver ma honte d’avoir échoué mon rêve de m’installer ici.

 Mais contre toute attente, Mme Waldorf me rappelle car elle a encore besoin de moi. J’ai même reçu des appels de sous-fifre 1 au milieu de la nuit avec un message me sommant de les rappeler au plus vite. D. semble en panique. En effet, le vendredi a lieu le fameux événement et il était prévu qu’ils envoient des le lendemain par la poste un paquet aux invites en remerciements. Seulement à cause d’un contre-temps, les paquets ne sont pas prêts et elle a absolument besoin que je vienne donner un coup de main toute la journée du lendemain. Heu… Oui, mais j’ai cours et boulot ? Le ton ne souffre aucune concession, je dois être sur place avant 11h. Je demande donc à sortir plus tôt des cours et m’invente une grippe A pour le baito et cours chez D ou j’arrive a 10h30.

Le service des relations publiques croule sous des dizaines de cartons, c’est un bordel monstre. Tout le monde est sur son 31, a 11h tout le monde décolle pour se rendre sur les lieux de la conférences de presse, on a sorti les robes improbables et les perles.

Mme Waldorf sue sous son fond de teint tout en m’expliquant ma tâche. Ils ont prévu d’envoyer le catalogue de la nouvelle saison de D. a tous les invites présents aujourd’hui ainsi que quelques cadeaux. Mais il y a eu un changement de programme et je dois… arracher des pages du catalogue ! Du propre !

Elle me montre les pages en question et ne m’explique pas la raison mais je la comprend tout de suite. En photo ou en interview apparaît le grand directeur artistique de D. Il est au cœur d’un scandale international pour avoir – complètement bourré – proféré des insultes antisémites dans un bar. La maison mère de D. a donc décidé de foutre à la porte son grand créateur sans attendre son reste…

Et des insultes antisémites c’est pas bon pour l’image, alors… on arrache le dit monsieur du catalogue.

Je m’abstiens de tout commentaire, mais je trouve la démarche pas terrible. Je devais arracher les pages seulement ou il était en photo et ou son nom était cité comme le créateur, mais aucune des autres pages montrant ses créations. En gros on s’approprie un travail mais on dit surtout pas d’où il vient.

En compensation de ce catalogue estropie, Mme Waldorf a préparé une série d’échantillons, de cartes postales et de coupons a glisser dans le catalogue. Puis je dois insérer le tout dans une grande enveloppe, puis dans une nouvelle enveloppe en plastique très fine et enfin… ECRIRE les bordereaux de la poste de CHAQUE CONTACT pour les coller sur l’enveloppe.

Je regarde tous les cartons dans le service et me dis que je ne vais pas chômer. Jusqu’à ce qu’elle m’emmène dans une réserve de D. ou m’attendent plus du triple des cartons.

Je me décompose…

« Comme on doit envoyer tout cela demain matin, tu as jusqu’à ce soir ».

Et Mme Waldorf s’en va après s’être repomponnée et monte dans son taxi. Sous-fifre 1 décide m’achever en me disant qu’il y aura surement de nombreux coups de téléphone d’invites qui ne trouvent pas la salle et autre, et que je devrai donc répondre a tout ce petit monde. Elle m’a fait un mémo de réponses selon les questions susceptibles qu’on me pose etc.

À 11h, tout le monde s’en va et me laisse avec mes dizaines de cartons a de catalogues a déchirer, de cartes postales, de coupons et autres.

Je suis quasiment toute seule dans l’open space de D. J’essaie de m’organiser pour aller le plus vite possible. Je fais un travail à la chaine… en étant le seul et unique maillon. L’air de rien, rien que déchirer les 4 pages de chaque catalogue est fastidieux, car le catalogue est gros et que les 4 pages ne se suivent pas, je dois donc les rechercher a chaque fois. Et il y a plus de 400 catalogues.

Puis refaire 400 fois les mêmes gestes. Mettre les coupons, mettre les cartes postales, mettre la lettre de remerciement, mettre dans une première enveloppe, glisser dans une deuxième enveloppe en plastique…écrire à la main les adresses… Ca, c’est le pire. Remplir tous ces bordereaux. J’en ai mal au poignet.

Je commence a maudire ce connard de créateur et sa moustache en pattes d’oie, je t’en foutrais des insultes antisémites ! Regarde un peu les sketchs de Dieudonnée ou ça l’a mené bon sang ! Pendant qu’il sifflait son whisky le regard incertain, est-ce qu’il pensait à la pauvre Française qui allait devoir arracher sa tronche du catalogue pendant toute une journée ?

Manifestement non, le monde de la mode est vraiment impitoyable.

Evidemment, le téléphone ne fait que de sonner et tout le monde n’est pas forcement bien aimable. C’est une journée importante pour tout le monde donc on y va de son petit coup de sang et tomber au téléphone sur quelqu’un qui n’a rien à voir avec D. et ne connait pas toutes les réponses et/ou noms des personnes qui y travaillent agace.

Et pendant que je m’invente des bras supplémentaires pour répondre au téléphone, écrire mes bordereaux, arracher les pages proprement et mettre dans des enveloppes, Mme Waldorf me téléphone. Elle a laisse sa robe pour la présentation au pressing et je dois aller la lui chercher dans les plus brefs délais, commander un service de livraison dans la journée et la faire livrer sur-le-champ.

…Et la je m’y vois. Je suis dans le Diable s’habille en Prada. Meryl Streep s’est fait brider les yeux et teindre en noir pour brouiller les pistes, mais c’est elle, je la reconnais. Bientôt elle va me demander de convaincre J.K. Rowling d’écrire la suite d’Harry Potter pour ses filles.

J’abandonne mon créateur alcoolo et cours donc au pressing et chercher un livreur.  Je perds plus d’une heure. Sans parler des mille et uns coups de fil pour vérifier ou j’en suis. « Tu es au pressing ? », « Tu as la robe ? », « Le livreur est passé ? », « Il arrive a quel heure ? ».

Mme Waldorf reçoit sa robe a temps et m’appelle pour me dire qu’elle est contente, je suis soulagee. Elle me dit aussi que le champagne est bon et que si j’arrive a finir a temps, j’aurai peut-être le droit de venir les rejoindre prendre une coupe.

Merci mais j’en doute. Ce job, c’est comme remplir le tonneau des Danaïdes, ça n’a pas de fin. Surtout que j’essaie de faire des tas propres mais les enveloppes en plastique glissent et toutes mes tours s’effondrent. Plus j’essaie de ranger les paquets terminés et plus tout se casse la gueule, on dirait un mauvais film catastrophe avec ces fameuses scènes à la G.I Joe (oui, on m’a forcée à regarder ces daubes) où tous les monuments célèbres s’écroulent.
Mme Waldorf n’a pas prévu assez de lettres de remerciement et de cartes, je dois trouver des gens dans l’open space capables de m’en procurer d’autres. Et le téléphone qui n’arrête pas… Je dois répondre aux quatre téléphones de Mme Waldorf et ses 3 sous-fifres et souvent ils sonnent en même temps. Je reçois alors des appels énervés de sous fifre 1 sur mon téléphone personnel me demandant pourquoi je ne réponds pas et ignore les appels de l’entreprise, qu’elle m’a pourtant dis de répondre… !
Je suis lessivée.

Les heures passent, je n’en vois toujours pas le bout, je me trompe en écrivant certains bordereaux de la poste sous la fatigue, doit recommencer, perds du temps. A 23h, il n’y a quasiment plus personne chez D. Je suis toute seule dans un coin de l’open space a faire mes paquets. Au moins le téléphone ne sonne plus toutes les deux minutes, mais entre tous les appels, le pressing et autre j’ai perdu beaucoup de temps et n’ai pas fini mes  paquet, il reste un ou deux cartons a faire.
 A 23h30, j’ai un appel de Mme Waldorf depuis la fête post conférence de presse : « Mais tu es toujours au travail ? ». Je lui avoue piteusement que je n’ai pas fini.
Et me dit de rentrer chez moi avant qu’il n’y ait plus de train, que les sous-fifres viendront tôt demain matin pour terminer et tout envoyer.

Je suis mi-soulagée, mi-déçue car il reste une cinquantaine de paquet a faire. A trois elles n’en n’auront surement pas pour longtemps mais j’ai quand même failli a ma tache, je n’ai pas termine.
En plus comme avec les enveloppes plastiques les piles glissent et ne tiennent pas, c’est un bordel sans nom. Ca depasse des cartons et tombe de tous les cotes.

Comme plus personne n’est la, je laisse ma feuille de travail a signer sur le bureau de Mme Waldorf et apres pres de 14h de travail sans pause et sans manger, je rentre chez moi.

Oubli ou non, Mme Waldorf n’a jamais signe mon papier et je n’ai jamais été payée pour ces 14h de travail. J’ai attendu vainement mon virement mais rien. Comme j’avais laisse le travail inachevé je n’ai pas osé réclamer (oui je suis bête, aujourd’hui je le ferais).

Par contre, une semaine apres je recevais un email pour le moins inattendu.
« Travailler avec nous est tres stressant et difficile. Mais tu t’es bien débrouillé. Tu es sérieuse et travailleuse, tu as un profil  intéressant et je trouvais dommage que tu n’aies toujours pas trouve de travail. J’ai eu envie de faire quelque chose pour toi et comme tu disais vouloir travailler dans événementiel, j’ai parle de toi et montre ton cv au directeur de l’entreprise qui organise tous nos show. Il a été très intéressé et aimerait travailler avec toi. Voici ses coordonnées, contacte-le au plus vite, il aimerait te rencontrer ».

Je suis estomaquée devant mon email.
Vraiment ? Et je trouverais maintenant, si facilement, comme ça, juste avant de partir et dans le domaine que je voulais ?
Je suis surprise, touchée et reconnaissante. J’ai galère mais pas pour rien.

J’ai donc contacte ce monsieur.
Comme je vous raconte tout cela deux ans plus tard,  et que vous savez que je suis restée au Japon et ai travaillé dans événementiel, il n’y a pas de suspense. Je l’ai rencontré et il m’a embauchée.
Un miracle empoisonné vu tout ce qui m’est arrivé par la suite, mais un miracle quand même.

Comme quoi, dans la vie faut pas abandonner.
Quand on abandonne pas, les rêves se réalisent. Même si on comprend parfois après coup qu’on doit le payer bien bien cher.
Mais ça, c’est une autre histoire…

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